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Photos : Léviter à Singapour

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Jayden Tan et Jeff Cheong ‘lévitent’ à Singapour et enseignent à des étudiants les secrets de la photo de lévitation.  Leur projet artistique commence à attirer l'attention à Singapour et la créativité de leur démarche a été remarquée par les amateurs de photos.

Nous prenons la photographie de lévitation au sérieux. Tout est réalisé sans câbles,  ce n'est qu'une question de transpiration et de passion. Pas de Photoshop, pas de retouches. Nous nous contentons de corriger les couleurs des photos pour créer une certaine ambiance :-)

levitation marinaJayden et Jeff nous ont donné l'autorisation de partager leurs merveilleuses photos avec les lecteurs de Global Voices. Voici ci-dessous un interview d'eux conduit par e-mails.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour lancer ce projet ? Quand l'avez-vous commencé ?

Natsumi Hayashi a rendu la photo de lévitation célèbre avec ses clichés défiant la gravité. Et depuis beaucoup de personnes en Asie et dans le monde entier ont été saisis par cette passion et ont partagé des photos chouettes d'eux mêmes “flottant” dans leurs activités quotidiennes. Nous avons ouvert notre page Facebook en juillet de l'an dernier.

Quelles ont été les réactions ? 

Plusieurs groupes à Singapour se consacrent à la photo de lévitation. Nous sommes tous liés par la même passion et on a été vraiment ravis de voir que les journaux locaux ont consacré des articles en première page à ces groupes qui partagent ce même intérêt.

levitation changiQuelles sont vos photos préférées de ce projet?

Nous aimons celles du dernier livre publié à Noël l'an dernier. Nous avons collaboré avec des danseurs, des blogueurs qui bloguent sur la gastronomie et certains de nos amis. C'était une séance de prises de vues épique avec tellement de personnes. Le thème était Noël sous les tropiques et nous pensons avoir capturé la magie de Noël.

Une autre qui nous plait beaucoup est celle réalisée à l'aéroport de Changi à Singapour. Nous avons eu la chance d'obtenir la permission de faire les photos dans la zone de transit.  L'aéroport est un cadre magnifique et propose des arrière-plans très intéressants, comme le Jardin aux libellules, l'installation artistique de la sculpture kinesthésique de pluie et une piscine sur le toit d'un immeuble.

levitation treesQuels sont vos projets cette année pour le Projet Lévitation ? 

Nous continuerons à photographier des histoires créatives en images et essayerons de faire mieux que pour le livre précédent.

Dernièrement, nous avons eu l'opportunité de partager notre travail avec de jeunes étudiants. Et c'est un côté très agréable de l'aventure d'avoir des compétences drôles à partager.

La photographie de lévitation demande beaucoup de travail pour arriver à capturer le cliché parfait.

Cela enseigne la persévérance, la ténacité et la recherche de la perfection et nous partageons ces leçons lors de rencontres informelles. La session se termine par des essais, pour qu'ils aient un idée de ce travail.

Mais quand ils voient le résultat, la fierté et l'émerveillement arrivent et cela donne à ces gosses un sens de grande réussite de voir qu'ils ont été capables de capturer l'impossible.

levitation street

levitation 2013

levitation skyfall

levitation sota

levitation butterfly


Bangladesh : toutes les routes mènent à Shahbag

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A Shahbag, place centrale de Dhaka, la capitale de Bangladesh, la jeunesse prend la relève et proteste pour le 4ème jour consécutif. Des milliers de manifestants continuent d'occuper la place pour réclamer la peine capitale contre le dirigeant de la Jamaat-e-Islami du Bangladesh, Abdul Quader Mollah, pour crimes de guerre commis lors de la guerre de l'Indépendance en 1971, et contre les autres criminels de guerre actuellement en cours de jugement. Des milliers de personnes de tous les horizons sociaux se sont déjà réunies.

Cela faisait 42 ans que ce jugement était attendu contre des inculpés dont nombreux sont aujourd'hui des politiciens du parti islamiste Jamaat-e-Islami. Les manifestants soutiennent qu'ils ne reculeront pas tant que justice n'aura pas été faite.

Ce vendredi, jour chômé, les organisateurs de la manifestation prévoyaient un grand rassemblement populaire et le début du rassemblement des étudiants et des jeunes pour 15h. Lors de cette grande protestation, un réseau de blogueurs et d'activistes sur Facebook et des dirigeants d'organisations culturelles et étudiantes avaient prévu de s'adresser aux manifestants, alors qu'aucun dirigeant politique n'en avait l'autorisation. De plus, il avait été demandé de ne pas venir avec des bannières de partis politiques et associés. Les organisateurs avaient aussi invité tous les enseignants d'écoles, de lycées et d'universités à venir rejoindre la manifestation.

De jeunes activistes dont Shourov Hassan, Mahmudul Amin et Fahim Mahmud ont diffusé en direct le rassemblement par l'intermédiaire de ce lien.

Matir Manush a écrit sur Facebook :

একটি মোবাইল ফোন দিয়ে লাইভ স্ট্রীমিং হচ্ছে। ছবির জন্যে কৃতজ্ঞতা - মাটির মানুষ।

Un suivi en direct avec un téléphone mobile. Image Matir Manush.

Voici donc l'oeil digital, par lequel plus de 2 500 personnes ont observé le mouvement de Shahbag dans le pays et à l'étranger…

Dès l'annonce du jugement contre Abdul Quader Mollah mardi après-midi, la révolte a commencé sur la place Shabag. Ci-dessous, quelques photographies des manifestations (utilisées avec autorisation) :

শাহবাগে জনসমুদ্র: ছবি অনিন্দ কবির অভিক

শাহবাগে মশাল মিছিল। ছবি শিশির চৌধুরী

Une manifestation aux torches à Shahbag. Photographie de Sharat Chowdhury

স্লোগান - ফাঁসি চাই। ছবি আব্দুল আলীম খান

Slogan – “Nous demandons la condamnation à mort”. Photographie d'Abdul Aleem Khan

প্রতিবাদে শাহবাগে অবস্থান। ছবি শিশির চৌধুরী

Un sit-in de protestation à Shahbag. Photographie de Sharat Chowdhury

সিলেটে প্রতিবাদ। ছবি জামিল চৌধুরী

Manifestation à Sylhet. Photographie de Jamil Chowdhury

মোমবাতি জ্বালিয়ে প্রতিবাদ। ছবি শিশির চৌধুরী

Manifestation à la lueur de bougies. Photographie de Sharat Chowdhury

Quelques commentaires sur Twitter :

@Prithvi_Shams:  Des personnes de toutes origines sociales ont rejoint ce mouvement. Riches – pauvres – enfants – adultes – combattants pour l'Indépendance – athlètes. C'est ça le .

@tahmima : Après quatre décennies où le peuple n'a pas obtenu justice. Et les violeurs et les assassins sont devenus des ministres. Nous disons ‘assez!’    #71

Vous pouvez suivre ce mouvement en utilisant les hashtags #Shahbagh et #Shahbag.

Philippines: Le rapport 2012 de Human Rights Watch

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La situation des droits de l'homme aux Philippines s'est globalement améliorée en 2012 avec moins d'exécutions extrajudiciaires et le vote de lois historiques en faveur des droits. Mais le gouvernement est loin d'avoir réglé la question de l'impunité concernant les violations les plus graves. Leurs auteurs doivent faire l'objet de poursuites : aux autorités de transformer leurs paroles en actes.

Human Rights Watch a publié son rapport 2012 [en anglais] sur la situation des droits de l'homme aux Philippines.

Le premier groupe féminin de rock du Cachemire jette l'éponge sous le coup d'une fatwa

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Après le silence, ce qui peut le mieux exprimer l'inexprimable, c'est la musique – Aldous Huxley

(Les liens renvoient à des pages en anglais) Le premier groupe de rock 100% féminin du Cachemire, cette région de l'Inde déchirée par la guerre, a jeté l'éponge après qu'un clerc musulman local a émis un décret qualifiant la conduite des jeunes filles de contraire à l'Islam.

Le groupe éphémère, qui s'était donné le nom de Pragaash, signifiant “de l'obscurité à la lumière”, était l'objet d'insulte en et hors ligne depuis sa création en décembre 2012 après avoir remporté le prix de la meilleure performance à la ‘Battle of the Bands', un concours dans la capitale régionale Srinagar.

Les médias indiens se sont jetés sur l'affaire, mais ce n'est pas la liberté d'expression ou les droits civiques qui intéressent réellement la presse, a écrit Mohamad Junaid dans un article pour le magazine politique Tehelka :

Pragaash The Band -

Le groupe musical Pragaash

Certes, c'est tragique que des commentaires isolés et offensants contre le groupe musical sur les médias sociaux par quelques jeunes anonymes — qui ont enflé en polémique après que le très impopulaire ‘Grand Mufti’ du Cachemire est intervenu pour émettre une fatwa contre la musique et les femmes qui montent sur scène— aient désormais compromis l'avenir musical de ces adolescentes. Les chaînes de télévision se sont emparées de l'affaire pour dépeindre la société cachemirie soit comme une menace à la laïcité indienne soit comme misogyne. La plupart des Cachemiris n'ont pas accès aux médias sociaux. La généralisation à gros traits, qui va de pair avec les clichés contre les sociétés musulmanes, les dessine tous comme uniformément extrémistes.

On trouve quantité de pages Facebook dédiés à défendre en ligne à Pragaash, et un soutien en choeur à ses membres Aneeqa Khalid, Noma Nazir, et Farah Deeba a émergé des discussions en ligne sur cette injustice. Entre temps, la police a arrêté quelques-uns des auteurs d'insultes en ligne.

Sur Twitter, barkha dutt (@BDUTT) a commenté l'impopularité du religieux :

Le fait est que la fatwa du Mufti est contraire aux traditions même du Cachemire. La résistance contre lui vient à juste titre des Cachemiris eux-mêmes #pragaash

Karsh Kale (@karshkalemusic) tweete sur la puissance de la guitare :

ils ont peur qu'une fille avec une guitare puisse être plus forte qu'un homme avec un fusil….et ils ont raison….#fatwa

Cover of a Facebook page supporting pragaash

Titre d'une page Facebook de soutien à pragaash

La page Facebook officielle du groupe a été mise à jour pour la dernière fois le 3 février pour annoncer en notes séparées le renoncement de ses membres Noma et Farah, ce qui a déclenché des milliers de commentaires.

Debashis Das a imploré les jeunes filles de ne pas abandonner :

N'abandonnez pas je vous en prie…Toute l'Inde est devenue intolérante de la liberté d'expression….c'est seulement si on est un politicien ou qu'on a de la force musculaire qu'on sera soutenu quoi qu'on fasse…je pense que la LIBERTÉ DE PAROLE est EN JEU…alors je vous en supplie n'ABANDONNEZ pas….

Saba Danawala leur a adressé un message de soutien :

Je voudrais vraiment trouver ici plus de voix de femmes musulmanes, sincèrement – et si je peux comprendre que les filles abandonnent, s'il vous plaît, revenez quand vous en aurez la force. Les femmes musulmanes  dans le monde et en Asie du Sud ont besoin de femmes comme vous – pas seulement des femmes qui se conforment à l'ordre existant.

Pelin Ariner a professé son admiration pour le groupe :

Je suis une musulmane turque et je vous admire d'avoir fait un groupe musical féminin. Même dans le monde occidental c'est quelque chose de rare. Vous êtes formidables et vous ne sacrifiez RIEN de votre valeur et de votre beauté en voulant jouer de la musique et vous exprimer. Ne laissez pas tous ceux qui sont vieux jeu vous dicter ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire.

Manoj a exploré sur son compte Google PLus les motifs de la contre-offensive religieuse contre Pragaash :

പൗരോഹിത്യത്തിന്റെ ഉത്പന്നമായ മതമൗലികവാദം പൊതുവേ എല്ലാ കലകള്ക്കും എതിരാണ്. അതിന് കലകളില് ഉള്ളടങ്ങിക്കിടക്കുന്ന സ്വാതന്ത്ര്യദാഹം പൊറുപ്പിക്കാനാവില്ല. അവയില് പുലര്ന്നുപോരുന്ന പാരമ്പര്യനിഷേധം അനുവദിക്കാനാവില്ല. അവയില്നിന്ന് പുറപ്പെട്ടുവരുന്ന ആനന്ദം അംഗീകരിക്കാനാവില്ല. രാജാവിന്റെയും പുരോഹിതന്റെയും പുരുഷന്റെയും എന്നുവേണ്ട, ആരുടെയും അധികാരത്തെ വെല്ലുവിളിക്കുന്ന ഏതോ ഒരംശം ഓരോ കലയിലും കുടിപാര്ക്കുന്നുണ്ട്.

Le fanatisme religieux est toujours contre toute forme d'art. Ils ne peuvent pas tolérer la liberté que l'art s'arroge. Ils ne peuvent pas tolérer la rébellion de l'art. Ils ne peuvent pas tolérer non plus la simple joie qui en émane. L'art défie le machisme qui existe dans les empires, l'Etat, les hommes et les prêtres – toutes les formes de pouvoir.

Sahar Lotfi, qui fait partie d'un groupe musical iranien entièrement féminin, compatit avec Pragaash, et a déclaré à des journalistes qu'elle veut voir les jeunes filles se produire à nouveau. Son groupe est actuellement en tournée en Inde :

“Nous sommes vraiment désolés de ce qui arrive (au groupe musical des filles du Cachemire Pragaash). Nous sommes très heureux de jouer en Inde, mais pourquoi pas elles ?

 

Image de vignette utilisée avec la permission de la page Facebook officieuse de Pragaash.

Chuchoter ou crier : en Allemagne le sexisme est toujours là

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[Tous les liens conduisent à des pages en allemand]

Un cri : #Aufschrei (‘assez !') a retenti le 25 janvier dans la blogosphère allemande. Il a été provoqué par un article de l'hebdomadaire Stern, où la journaliste Laura Himmelreich racontait une rencontre avec l'homme politique FDP Rainer Brüderle, pendant laquelle il avait fait des remarques sur ses seins et s'était approché d'elle de façon inappropriée. La mésaventure de Mme Himmelreich n'est pourtant qu'un exemple de sexisme ordinaire.

Les utilisatrices de Twitter se sont alors mises à raconter, sous le mot-clic #aufschrei (‘assez !'), leur vécu du sexisme quotidien, du harcèlement ou même des abus. Echantillon :

@terrorzicke: Der Prof, der mir auf der Erasmus-Party zuraunte “I want to see you naked!” #aufschrei #England

@terrorzicke: Le prof qui m'a murmuré à la réception Erasmus : “Je veux vous voir nue !” #aufschrei #Angleterre

@Ine_12e: Ich näh die Dammnaht enger als vorher, da wird ihr Mann sich sicher drüber freuen. Arzt nach Geburt #aufschrei

@Ine_12e: Je recouds la suture périnéale plus serrée qu'avant, ça fera sûrement plaisir à votre mari. Le médecin après l'accouchement #aufschrei

Aufschrei

Street Art à Karlsruhe. Photo sur Flickr de theodoritsis (CC BY-ND 2.0)

@KatiKuersch: Der Vorgesetzte, der mir sagte, ich müsse nur mal flachgelegt werden, dann ginge es mir psychisch sicher besser. #aufschrei

@KatiKuersch: Le supérieur hiérarchique qui m'a dit qu'il fallait juste qu'on me couche une fois sur le dos pour que je me sente mieux dans la tête. #aufschrei

@marthadear: der vater einer schulfreundin, der auf ihrer geburtstagsfeier all ihren freundinnen poklappse gab. ich habe mich immer versteckt. #aufschrei

@marthadear: le père d'une amie d'école qui le jour de sa fête d'anniversaire a donné des claques sur les fesses à toutes ses copines. Je n'ai pas cessé de me cacher. #aufschrei

@Wendelherz: Wie ich anfangs das Gefühl hatte, gar nix beisteuern zu können, und dann nach und nach alles hochkommt und ich kotzen möchte. #aufschrei

@Wendelherz: Avais le sentiment, au début, que je ne pouvais rien ajouter du tout, et ensuite peu à peu tout remonte et j'ai envie de vomir. #aufschrei

hanhaiwen: Und all die Leute die auf solche Vorfälle jemals mit einem verständnislosen „ja und?“ reagiert haben. #aufschrei

hanhaiwen: Et tous ceux qui ont répondu un jour à ce genre de cas par un “Et alors ?” d'incompréhension #aufschrei

@sincerelyjurs: Und immer wieder das Gefühl, sexistische Situationen nicht als solche benennen zu dürfen, um nicht als Spaßbremse dazustehen. #aufschrei

@sincerelyjurs: Et toujours à nouveau cette sensation de ne pas pouvoir nommer les situations sexistes comme telles, pour ne pas avoir l'air de manquer d'humour. #aufschrei

MmeCoquelicot: Es geht nicht darum, dass ich mich nicht wehren KANN. Es geht darum, dass ich es nicht ständig müssen sollte. #aufschrei

MmeCoquelicot: Il ne s'agit pas que je ne puisse pas me défendre. Il s'agit que je n'y sois pas constamment obligée. #aufschrei

Le sexisme n'est pas un problème, pensent beaucoup d'Allemands. C”est faux, montrent les tweets sous le mot-clic #aufschrei. Ils éclairent à quel point le phénomène reste quotidien. Journelle twitte :

Was ich an #aufschrei mag,ist,dass dieser “Minisexismus” in der Masse mal sein ganzes hässliches Gesicht zeigt und nicht runtergespielt wird.

Ce qui me plaît avec #aufschrei (assez) c'est que ce “minisexisme” dans la masse montre une fois son visage détestable et ne soit pas minimisé.

Antje Schrupp écrit sur l'intérêt de parler du sexisme et aborde l'origine de ce débat :

Auch viele Männer, die sich selbst gegenüber Frauen völlig korrekt verhalten, dachten bis vorgestern: Das ist zwar nicht schön, aber doch keine Nachricht – und suchten deshalb nach “Nebengründen”, die diese Veröffentlichung erklären könnten.

Es braucht aber keine weiteren Gründe, um so eine Story zu veröffentlichen, denn es gibt inzwischen massenweise Frauen und auch Männer, die das durchaus für eine Nachricht halten. Die sexuelle Belästigung keineswegs für eine Lappalie halten, auch dann nicht, wenn sie sich auf “niedrigem Niveau” abspielt.

Beaucoup d'hommes aussi, qui se comportent eux-mêmes de façon tout à fait correcte avec le femmes, se disaient jusqu'à hier : certes ce n'est pas bien, mais ça ne fait pas une information. Et pour cette raison, ils cherchaient des “raisons accessoires” pour expliquer ce déballage.
Pas besoin pourtant de raisons supplémentaires pour publier une telle affaire, car il y a en même temps des quantités de femmes et même d'hommes qui tiennent cela tout à fait pour une information. Le harcèlement sexuel n'est aucunement une bagatelle, pas même quand il s'effectue à “niveau modéré”.

Hélas comme souvent dans ce genre de débats, les ignorants ont aussi pris la parole. Voici une voix plus gentille que d'autres, parmi ceux qui critiquent la campagne ou se croient drôles :

@robby_eberlein: #aufschrei Wie langweilig und trostlos muss der Alltag sein wenn man sich über solchen Nonsens dermassen aufregen kann…..

@robby_eberlein: #aufschrei Comme le quotidien doit être ennuyeux et désespérant quand on peut s'énerver à ce point contre une telle bêtise…

Meike Lobo critique dans son blog, entre autres, l'imprécision des concepts de sexisme, maltraitance ou violence sexuelle :

Die Vermischung dieser Schlagworte überdramatisiert das Eine und — weitaus schlimmer — bagatellisiert das Andere. Die Grundhaltung mag bei allem eine ähnliche sein, nämlich die Objektifizierung des Gegenübers, aber das ist nach meinem Empfinden auch alles.
Kindesmissbrauch und Vergewaltigung sind schwerste Verbrechen und allein schon dadurch ganz klar zu trennen von Sexismus, der zwar oft unangenehm, schmierig und geschmacklos, aber eben kein Verbrechen ist. Solche schlimmen Verbrechen für die Lösung eines sozialen Problems zu missbrauchen, empfinde ich als Ohrfeige ins Gesicht aller Opfer sexueller Gewalt (sie selbst mögen das freilich anders empfinden).

Mélanger ces mots-clés exagère la dramatisation pour l'un, et beaucoup plus grave, transforme l'autre en bagatelle. L'idée de base pourrait être la même dans les trois, c'est-à-dire la chosification de l'autre, mais dans mon sentiment ce n'est aussi rien de plus.
L'abus sexuel des enfants et le viol sont des crimes graves et de ce simple fait se distinguent très nettement du sexisme, qui, bien que souvent désagréable, graveleux et de mauvais goût, n'a rien d'un crime. Se servir abusivement de crimes aussi graves pour résoudre un problème de société, c'est à mon sens une gifle à toutes les victimes de violence sexuelle (qui peuvent bien sûr le ressentir différemment).

Des hommes sensés

Quelques hommes se sont montrés réceptifs et ont promis de réagir à l'avenir avec plus de sensibilité sur ce thème.

John twitte :

@einbequemesbrot: Schon krass, dass es heute noch so zugeht. Werde in Zukunft aufmerksamer sein. #Aufschrei

@einbequemesbrot: Quelle grossièreté que ça se passe encore comme ça aujourd'hui. Ferai plus attention à l'avenir. #Aufschrei

Alf Frommer rapporte dans son blog siegstyle.de un examen de conscience inspiré par la discussion :

Es steckt eben in jedem ein Brüderle. Eine Zoten-König oder ein Blicke-Belästiger. Ich sollte mein Verhalten überprüfen, auch wenn ich von mir selbst niemals annehmen würde, ich wäre ein Sexist. Aber vielleicht ist das gerade die Gefahr: ich halte mich für einen modernen Mann, der Frauen ernst nimmt und für die Gleichberechtigung und die Frauen-Quote eintritt. Trotzdem bin ich in einigen Dingen nicht besser als ein Ol’ Dirty Brüderle oder ein Franz-Josef Wagner, der eine Bildungsministerin zunächst mal nach dem Äußeren bewertet.

Daher bin ich froh über die Diskussion – weil ich darin in erster Linie eine Aufforderung sehe, mich selbst zu überprüfen.

Un Brüderle [le politicien FDP] est tapi en chacun. Un spécialiste de la blague grivoise ou un vicelard. Je devrais passer au crible mon comportement, même si je ne me considérerais jamais comme sexiste. Mais c'est peut-être justement cela le danger : je me considère un homme moderne, qui prend les femmes au sérieux et soutient l'égalité des droits et les quotas féminins. Pourtant dans quelques domaines je ne vaux pas mieux que ce vieux cochon de Brüderle ou que Franz-Josef Wagner [un éditorialiste de tabloïd] qui juge une ministre de la Culture d'abord à son apparence.
Voilà pourquoi je me réjouis de cette discussion : parce que j'y vois en premier lieu une invitation à m'examiner moi-même.

Le 25 janvier, le débat sur Twitter a atteint la presse, avec Handelsblatt (le quotidien allemand des affaires) et le Spiegel (un hebdomadaire d'information allemand). Puis les autres médias ont suivi. Le journal télévisé du soir de la chaîne publique en a parlé et dans le débat politique du dimanche soir, sexistes et féministes ont disputé de définitions et de l'existence ou non d'un problème de sexisme.

Le débat sur le sexisme paraît prendre des proportions d'autant plus grandes, qu'il est révélateur de phénomènes qu'on croyait surmontés de longue date. Les Allemands croient avoir laissé depuis longtemps derrière eux, avec leur société moderne, des réalités comme le sexisme et les clichés sur les rôles masculins et féminins. Que les récits sur Twitter viennent à contredire ces convictions, et c'est un débat violent qui en résulte, chauffé à blanc, émotionnel et jusqu'à présent sans guère d'égards.

Les mots-clics de Twitter se sont internationalisés depuis : #outcry et #assez.

Les 10 meilleurs blogs africains de cuisine

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MyWeku a fait une liste des 10 meilleurs blogs africains consacrés à la cuisine et à la gastronomie pour  2013 : “Il semble y avoir des millions de blogs consacrés à la nourriture sur le web, mais seulement une poignée s'intéressent à la cuisine en Afrique. Mais même comme ça, cela a été difficile de choisir nos dix préférés pour cette année (2013).”

Bangladesh : le mouvement Shahbag en 140 caractères

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Au Bangladesh, à l'heure où le mouvement #Shahbag  [du nom de l'avenue depuis laquelle le mouvement de contestation a pris forme, voir Toutes les routes mènent à Shahbag - en français] prend de l'ampleur, de plus en plus de Bangladais recourent aux réseaux sociaux comme Twitter et Facebook pour organiser leur mouvement. Shopan Awalin livre sur son blog une analyse approfondie [en deux parties] des usages du mot-clé #Shahbag (ou #Shahbagh) sur Twitter à propos des gens, de ce dont ils parlent et ce qu'ils partagent.

Slovaquie : Le Premier Ministre veut les Jeux Olympiques d'hiver 2022, les Slovaques sont partagés

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Tandis que la Norvège [en anglais, en] et la Suisse [en] ont l'intention d'organiser un référendum avant de soumettre leur candidature pour les Jeux Olympiques d'hiver 2022, le devenir de la candidature conjointe de la Slovaquie et de la Pologne semble déjà avoir été arrêté, comme le laissent entendre les déclarations [en] du premier ministre slovaque Robert Fico.

Les dépenses engagées par la Slovaquie pour accueillir les Jeux olympiques étaient initialement estimées autour de 200 millions d'euros, mais par la suite, le ministre des Finances a parlé [en slovaque, sk] de 300 millions d'euros, tandis que d'autres évaluations atteignent presque 500 millions d'euros. Quelques ONG slovaques, parmi lesquelles l'Alliance Fair-Play, et des partis de l'opposition ont demandé la publication d'une analyse des coûts précise et d'une liste des fonds de financement.

L'économiste Richard Ďurana pense que “l’organisation des jeux olympiques est très coûteuse et serait une simple promotion de l’identité nationale à court terme, que seuls des pays riches et irresponsables sont en mesure de financer”.

Imrich Body, membre du groupe extra-parlementaire 99 Percent-Civic Voice [en] (“Voix Civiles à 99 pour cent”), voit dans les Jeux l'énième tentative de “nourrir le gorille” [en], faisant référence au scandale de corruption [en] qui a touché la Slovaquie il y a un an.

Le blogueur Matej Bórik émet les questions suivantes à l'intention du premier ministre :

Comment pouvons-nous nous assurer que nous n'assisterons pas au phénomène des hausses de prix qui s'est produit à Londres, Athènes, Sochi, Vancouver et d'autres grandes villes ? Quelles mesures seront prises si cela se produit ? Avez-vous suffisamment d'économies sur votre compte personnel ?

Samo Marec commente ainsi ce sujet :

Nous avons déjà concouru aux Jeux olympiques – par deux fois […]. Je pourrais être le seul à penser ainsi, mais je crois vraiment que le seul objectif de la candidature aux Jeux est de transférer de nouveau de l'argent public au privé. Comparé à ceux qui ont imaginé cette candidature, Jaromír Ruda [célèbre pour l'échec des Jeux dédiés aux malentendants] [en] paraît être un sordide amateur.

Au contraire, Karol Šebo se montre optimiste :

La Pologne, et non la Slovaquie, occupera un rôle majeur pour convaincre le Comité Olympique International. La Pologne est le pays organisateur d'une édition très réussie du Championnat de football européen ; la Pologne est forte d'un lobby composé de nombreuses organisations dans le monde entier. Sans parler de l'image de Cracovie dans l'imaginaire collectif international. Pour tout cela, je crois que la candidature commune peut gagner, et chaque réussite donne à la Slovaquie la possibilité d'augmenter sa propre visibilité, chose qui ne se produit pas très souvent.

Voici l'opinion de Tomáš Bosák :

Postuler pour accueillir les Jeux aujourd'hui, alors que nous sommes en train de nous serrer la ceinture [à cause des mesures imposées par l'austérité] ? A quoi nous servent les Jeux ? […] Je me demande souvent d'où les divers gouvernements tirent les fonds pour cette parade.

Je me rappelle bien le feuilleton auquel nous avons assisté quand a été construit le petit palais des glaces de Bratislava [it] et comment cela devenait de plus en plus coûteux. Mais désormais, construire un nouvel équipement ne serait pas suffisant. Je ne sais pas, tout ce dont je me souviens ce sont les préparatifs des festivités pour le premier mai. Aucun calcul chiffré, ni document, mais peu importe de toute façon, parce que les gens se divertiront. Et nous aurons l’opportunité de nous faire remarquer.

Enfin, Mikuláš Huba, écologiste récemment élu au parlement, écrit sur son blog :

Il existe une menace réelle pour l'environnement car les monts Tatras ne sont pas les Alpes.

Il n'y a pas d'argent pour les médecins et les enseignants mais il y en a pour les autorités, les politiciens et les sponsors ?

La candidature aux Jeux est une décision trop sérieuse, qui ne peut ni ne doit être prise par une seule personne en un seul jour ; cela requiert un débat long et nourri, pas uniquement au parlement, mais aussi dans la société, comme dans le cas de la Norvège.

Le premier ministre a déclaré ouvertement son sérieux par rapport à la consolidation des finances publiques mais il a aussi fait comprendre quelles sont ses priorités.


Chine : qui est ce mystérieux blogueur fan du Président Xi Jinping ?

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Un blogueur mystérieux a suscité la curiosité quant à son identité, suite à la publication de chroniques d’une incroyable sincérité sur les allées et venues du président chinois Xi Jinping, sur le célèbre site de micro-blogging  Sina Weibo .

Le fan de Xi, qui compte 480 000 abonnés, chiffre qui ne cesse de croître  poste des photos du président et publie presque en direct chacun de ses faits et gestes, le tout en faisant preuve d’une connaissance incroyable de l’itinéraire du dirigeant.

Cet expert de l’internet, dans une sorte de tentative de contournement de la censure sévère exercée sur Weibo, fait référence au président en utilisant des surnoms comme Boss Xi ou Xi Dada, qui, en dialecte du Shaanxi, signifient respectivement « Grand Xi » et « Oncle Xi » :

@学习粉丝团 习总上午去了菜市场和养老院,从煤炭局后的养老远出来, 车队顺天水路经过了金城宾馆,貌似回家吃饭去了

Boss Xi s’est rendu au marché puis dans une maison de retraite, il a ensuite quitté l’établissement pour se rendre au Bureau du Charbon, le cortège automobile est par la suite passé par le Jingcheng Hotel. On dirait qu’il se prépare à rentrer chez lui pour manger.

A screenshot of the homepage of Xi's fan called "Study Xi Fans Club"

Capture d'écran de la page d'accueil du site du fan de Xi, intitulé XuesiFensiTuan

La censure est chose commune sur Weibo, équivalent chinois de Twitter. Une recherche sur un dirigeant n’aboutit généralement à rien d’autre que sur des titres succincts paru dans la presse. Ainsi, il est impossible de se renseigner sur un fait d’actualité récent concernant Wen Jiabao, le Premier ministre sortant qui a, il y a peu de temps, fait l’objet d’examens approfondis suite à la publication d’un long article [en] par le New York Times concernant l’énorme fortune amassée par sa famille.

Il est ainsi rare que les commentaires personnels sur un membre du gouvernement d’une telle importance gagnent en ampleur au point d’être « tweetés », puis « retweetés » encore et encore.

Et dans un pays où le gouvernement place l’information concernant ses dirigeants sous un contrôle strict, il est d’autant plus remarquable que ce mystérieux utilisateur de Weibo ait pu être capable de relayer quasi-instantanément les diverses localisations de Xi, bien même avant la chaine nationale CCTV :

@央视新闻:神马情况?@学习粉丝团 比我们快,比我们近!

@CCTVNews: Que se passe-t-il? @XuexiFensiTuan est plus rapidement sur les lieux où est [ Xi] que nous!

 

Beaucoup s’interrogent sur la véritable identité de l’utilisateur. Son profil nous apprend qu’il/elle est diplômé(e) de l’université de Xidian, située dans une province du Nord-Ouest, le Shaanxi, d’où est originaire le président Xi. Voici le message que l’on peut lire en haut de la page Weibo [chinois, zh] « Ceci est une communauté où nous aimons exprimer notre soutien et notre appréciation pour Xi. A tous ceux qui ne cessent d’aimer Xi, bienvenue dans notre groupe. »

Afin d’apaiser la curiosité des médias et des internautes, l’utilisateur a, dans un  billet publié le 5 janvier [zh], nié être membre du Parti Communiste Chinois et a rejeté les allégations le disant particulièrement proche de Xi. L’utilisateur a ajouté que les photos de Xi provenaient de diverses sources en ligne ou qu'elles avaient été fournies par des fans locaux de Xi.

Le mot de la fin de l’utilisateur : “Merci à tous, les choses changent et demain sera meilleur.”

Le premier billet a été publié quelques jours après la clôture du 18ème Congrès National du Parti Communiste de Chine, fin 2012, lors duquel Xi a été nommé à la tête du Parti. Il peut se lire comme un message de bienvenue : « C’est la communauté où nous soutenons Boss Xi, vous êtes invités à rejoindre la grande famille des fans de Xi »

Le rédacteur en chef d’un journal chinois affirme que le mystère qui entoure l’utilisateur de Weibo est une preuve plutôt positive de l’intérêt que porte la population à la vie des membres éminents du Parti, qui ne cesse de croître.

@我是朝日:解开“学习粉丝团”身份谜底的人们,这时候一定不反对网络实名认证。至少对这个账号的实名不会反对。其实这个一口一个“习大大”的博主,人们探究她的真实身份,表面上看是网民对这个博主的好奇,其实是对中央最高领导层政治生活面貌的好奇。

Ceux qui veulent résoudre le mystère de Xuexi Fensi Tuan ne s’opposeront peut-être pas au fait qu’il faille être enregistré sous son vrai nom. Au moins, nous pouvons être sûr qu’ils ne s’opposeront pas au fait que l’utilisateur de ce compte doive s’enregistrer sous son vrai nom. En apparence, les gens sont curieux envers l’utilisateur qui écrit sur Xi Dada (en référence à Xi), mais en réalité, cette curiosité concerne plutôt la vie politique des principaux dirigeants.

Une parodie des ‘Misérables’… par l'Armée de l'air de Corée du Sud

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Une parodie en vidéo des “Misérables”, tournée par des soldats de l'Armée de l'air sud-coréenne, est devenue virale en une semaine, avec plus de 2,8 millions de visionnages. Dans la vidéo, on peut voir des soldats en corvée de déblaiement de neige sous les ordres d'un gradé irascible, qui empêche l'un des appelés de voir sa fiancée venue lui rendre visite : un cauchemar assez fréquent pour les hommes coréens, qui doivent faire deux ans de service militaire.

Panique et terreur vont de pair en Guinée-Bissau

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[Liens en portugais, sauf mention contraire] L’attention du monde est actuellement tournée vers le Mali, mais ailleurs en Afrique de l'Ouest, des citoyens de la Guinée-Bissau luttent aussi pour attirer l’attention régionale et internationale sur l’aggravation de la situation des droits de l’homme dans leur pays.

La Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a publié un important rapport [pdf] sur la situation des droits de l’homme aujourd’hui, un sérieux avertissement pour ceux qui pensent que le silence signifie que tout va bien dans le pays :

[...] a Guiné-Bissau tornou-se num país isolado de um mundo cada vez mais globalizado, país onde o pânico e o terror caminham de braços dados. A população vive entrincheirada no seu próprio receio de um amanhecer de novas violências, de fugas sem destino, agravadas pelo facto de de se aperceber que a comunidade internacional não consegue unir-se, para garantir os interesses e aspirações.

[...] La Guinée-Bissau est devenue un pays isolé dans un monde de plus en plus globalisé, un pays où la panique et la terreur marchent main dans la main. La population vit enracinée dans sa propre crainte de réveiller de nouvelles violences, situation aggravée par le fait que la communauté internationale ne parvienne pas se rassembler pour assurer ses intérêts et ses aspirations.

Comme Global Voices l’avait écrit, un coup d’état a déstabilisé le pays en avril [en français] suivi d’une période de transition toujours en cours négociée par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) qui a été marquée par des intrigues et la répression de certaines voix politiques [en français].

Certaines des plus grandes organisations des droits de l’homme sont restées silencieuses sur la Guinée-Bissau pendant des mois, et notamment Human Rights Watch qui n’a pas inclus le pays dans son rapport en 2012, donnant d'autant plus d'importance à ce rapport de la Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau.

Guinean Human Rights League Report on Human Rights. Click the image to download the pdf file.

La Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a publié un rapport sur les Droits de l'Homme. Cliquer sur l'image pour télécharger le PDF

La Ligue écrit au sujet de ce rapport :

…este trabalho difícil, sobretudo por se realizar num contexto de ameaças de toda a orden, só foi possível graças aos esforços dos membros e estruturas a todos os níveis desta or- ganização, assim como às pessoas singulares, radicalmente comprometidos com as causas nobres de direitos humanos e paz

…ce travail difficile, notamment parce qu’il a été mené dans un contexte de menaces en tout genre, n’a été possible que grâce aux efforts des membres et des structures à tous les niveaux de l’organisation, ainsi que des personnes, entièrement dévouées aux nobles causes des droits de l’Homme et de la paix.

Le rapport documente des violations des droits économiques et sociaux, ainsi que des droits des femmes et des enfants, mais les sections les plus pertinentes sont celles qui examinent l’impunité, le système judiciaire et les forces armées. Commençant avec le coup d’Etat d’avril, la Ligue écrit :

[...] os direitos e liberdades fundamentais nomeadamente, a liberdade de expressão, de manifestação e de reunião, foram e continuam a ser ilegalmente restringidas pelo Estado-Maior, detentor do poder real no país, em nome da garantia de uma paz e estabilidade inexistentes, numa clara violação da constituição da república e dos instrumentos jurídicos interna- cionais dos direitos humanos. A sociedade guineense vive hoje, independentemente da sua vontade, num clima de insegura e amargurada impotência e refém de uma classe política e castrense dividida, imprevisível e violenta.

[...] Les droits et libertés fondamentaux, à savoir la liberté d'expression, de manifestation et de réunion, ont été et continuent d'être illégalement restreints par l’appareil militaire, détenteur du pouvoir réel dans le pays, dans le but de garantir une paix et une stabilité inexistantes, en violation flagrante de la Constitution de la République et des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. La société guinéenne vit aujourd'hui, contre son gré, dans un climat d'insécurité et d'impuissance amère et est otage d'une classe politique divisée, imprévisible et violente.

A quelle violences fait-on référence ici ? En octobre, après des violences sur une base aérienne et des allégations de complot, le chef présumé de l’opération a été kidnappé (voir l’article de Global Voices, en français) et sauvagement battu [avertissement : images violentes]. Ensuite, des témoignages sont apparus faisant état de l’assassinat de jeunes à Bolama, balayés par la répression militaire. En novembre, la Ligue des Droits de l'Homme de Guinée-Bissau a dénoncé l’enlèvement d’un homme ayant de nombreuses relations dont “le corps sans vie a été retrouvé plusieurs jours plus tard dans la morgue d’un des principaux hôpitaux du pays”. Le blogueur Pasmal a écrit en novembre :

Perante a inércia dos países democráticos e com a conivência activa da CEDEAO, que pinta este país como se a barbárie não tivesse assentado praça na Guiné-Bissau e tudo estivesse a correr da melhor forma, prossegue todos os dias a MATANÇA de pessoas em Bissau.

Já não são só por razões de perseguição política, embora esses casos sejam os mais numerosos, mas os militares e alguns civis ligados ao (des)governo, que fazem questão de estar presentes e participar não só nos espancamentos como nos assassinatos, aproveitam para ajustes de contas de ódios pessoais antigos e recalcados.

Face a l’inertie des démocraties et avec la connivence active d’ECOWAS, qui dépeint ce pays comme si la barbarie ne s’était jamais installée en Guinée-Bissau et comme si tout allait pour le mieux, le MASSACRE quotidien du peuple en Bissau se poursuit.

Désormais non seulement à des fins de répression politique – même si ce sont les cas les plus nombreux – mais des militaires et quelques civils, proches du (non)gouvernement, insistent pour être présents et participer non seulement aux passages à tabac, mais aux meurtres eux-mêmes, profitant de la la situation pour régler des comptes personnels nés de haines de longue date.

Espoirs pour l’avenir

Le Conseil de sécurité a entendu hier de ses propres hauts diplomates qu'il régnait une “atmosphère générale de peur” dans le pays, où l'envoyé de l'ONU et lauréat du prix Nobel de la paix José Ramos Horta doit séjourner dans les prochains jours.

Le blog Ação Cidadã cite le héros de la libération Amílcar Cabra dans son manifeste :

a luta do nosso povo é contra tudo quanto seja contrário à sua liberdade e independência, mas também contra tudo que seja contrário ao progresso e à sua felicidade

La lutte de notre peuple est contre tout ce qui est contraire à la liberté et l’indépendance, mais aussi contre tout ce qui va à l’encontre du progrès et du bonheur de la population.

Les derniers mois ont vu naître des initiatives citoyennes, comme Movicidadão qui est une alliance de particuliers et de groupes qui favorisent l'enregistrement et la délivrance de documents d'état civil aux nombreux citoyens qui n'en ont pas. Ação Cidadã montre également comment les jeunes se réapproprient l’espace public dans le village de Buba en nommant les rues et les places publiques avec des noms comme “L’allée des Voix Actives” et “Patio de la Justice”.

Pendant ce temps, des poètes et des artistes guinéens ont organisé une semaine d’activités culturelles au Portugal pour montrer au monde que “la Guinée-Bissau a bien plus que des militaires”.

Le sud du Brésil rend hommage aux 250 jeunes victimes de l'incendie d'une boite de nuit

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Le 27 janvier passé, un dimanche, l'état du Rio Grande du Sud au Brésil était témoin d'une des plus grandes tragédie de son histoire. Au boate Kiss, sur la commune de Santa Maria, plus de 230 jeunes furent victimes d'un incendie provoqué par le contact d'un calicot avec des projecteurs éclairant la scène. En cette fin de semaine, les gaúchos (nom donné aux habitants du Rio Grande du sud) ont rendu hommage aux morts de cet accident. Par solidarité avec la douleur des habitants de Santa Marta, des citoyens de plusieurs villes de l'état ont organisé des manifestations les 2 et 3 février.

 

Manifestantes trouxeram mensagens de apoio. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Manifestants brandissant des messages de soutien. (Photo : Cassiana Machado Martins)

A Santa Maria, un défilé avait déjà été organisé devant la boite de nuit une semaine avant. Le 29 janvier, la blogueuse Pequena Lou décrivait sur son blog Menina Louca, le défilé de la place Saldanha Marinho jusqu'au gymnase transformé en chapelle ardente.

Sur la place, une marée humaine, on parlait peu. On entendait des ” e aï! ” ( aïe aîe ..quel malheur) qui entraînaient la même réponse sur le même ton…On voyait plus d'étreintes et de regards éplorés que de conversations, des bannières,  des affiches. Des vagues d'applaudissement s'écoulaient, on ne sait pourquoi, pour qui ? On a lâché des ballons blancs, mais ils retombaient et éclataient. On a entendu murmurer des “Notre Père” et aussi, plus d'une fois, l'hymne Gaucho chanté avec ferveur :

“Mostremos valor constância          Gardons courage

Nesta ímpia e injusta guerra           En cette guerre impie et injuste

    Sirvam nossas façanhas
De modelo a toda Terra                 Que nos actes soient des modèles

                                                Pour la terre entière

 

Funeral das vítimas do incêndio no cemitério de Santa Rita em Santa Maria. Foto: Vinicius Costa, LLPhoto&Press copyright Demotix (27/01/2013)

Les funérailles des victimes de l'incendie au cimetière de Sainte Rita à Santa  Maria. Photo: Vinicius Costa, LLPhoto&Press copyright Demotix (27/01/2013)

La masse blanche s'est mise en mouvement, on a remarqué sur le trajet le peu de personnes aux fenêtres, j'ai eu vraiment l'impression que la ville tout entière était dans la rue vêtue de blanc. la masse blanche a cheminé jusqu'au gymnase. A l'intérieur on entendait des cris et des mains frappées. La foule a répondu et puis s'est dispersée. Tout le monde ne pouvait entrer dans le bâtiment et il ne convenait pas de troubler les survivants par notre présence.

Na Redenção, em Porto Alegre, participantes vestiram branco, levaram balões e empunharam cartazes. (Foto: Cassiana Machado Martins)

“Não era pra levar velas, mas era pra vestir branco”. (Foto: Cassiana Machado Martins)

De nouveau, le 3 février, une veille silencieuse s'organisa à proximité du Boate Kiss. Selon le journal Zero Hora, “Les rassemblements ont commencé à augmenter après la fin de la messe en hommage aux morts célébrée dans la basilique de la Medianeira et réunissant près de 4000 personnes.

La traditionnelle procession des “Navegantes” ( les marins)  le 2 février, jour férié, a commémoré cette tragédie, comme l'annonce la fraternité “Navegantes”(@navegantespoa), le 29 janvier sur son profil Twitter :

Le 2 février prochain, nous unirons nos prières, à Santa Maria, lors de la procession des “Navegantes”

Dans la capitale Porto Alegre, une marche a été organisée le dimanche 3 février via un évènement Facebook. Elle s'est achevée face au “Arco da Redenção” (l'arche de la rédemption) . L’objectif était de focaliser des énergies et des pensées positives vers les victimes et leurs familles  Près de 5000 personnes étaient là, rassemblées.

Elle ne cessera pas d'être présente, cette foule superbe unie en souvenir des jeunes qui ont perdu la vie à Santa Maria. Ils continueront ensemble et individuellement.

Porto-Alegrenses trouxeram mensagens de conforto para Santa Maria. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Les habitants de Porto Alegre porteurs de messages de réconfort pour Santa Maria. (Photo: Cassiana Machado Martins)

D'autres villes ont également organisé des rassemblements le samedi comme le rappelle sur Twittter un étudiant journaliste Ivan Sgarabotto (@IvanSgarabotto) le 3 février :

Des dizaines de personne se sont réunies à Caxias do Sul pour une marche en hommage aux victimes de Santa Maria :papodegringo.blogspot.com.br/2013/02/dezena…

Balões representaram as vítimas. (Foto: Cassiana Machado Martins)

Les ballons représentant les victimes. (Photo : Cassiana Machado Martins)

Bolivie : Taux alarmant de violences à l’encontre des femmes

Le Brésil sans fard

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Presentation of the website "Brazil without make-up, an honest guide to my beautiful country."

Présentation du site Brésil sans fard, un guide honnête de mon beau pays. ‘“Réalités merveilleuses d'une ville merveilleuse : Un éboueur gagne dans les 360 dollars US par mois”

L'activiste @Rafucko, défenseur des droits des LGBT, a publié sur YouTube une vidéo présentant le site web Brazil without make-up [Le Brésil sans fard]. Une initiative qui vise à faire tomber les stéréotypes sur le pays tout en critiquant le gouvernement de la ville et de l’État de Rio de Janeiro pour les mensonges proférés en lien avec la préparation de la coupe du monde de football 2014.

(more…)

La démission du pape, un exemple transposable à la Russie ?

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Si chaque nation voit les événements mondiaux à travers son propre prisme, pour les internautes russes c'est à travers celui de la politique intérieure. On ne s'étonnera donc pas que l'information de la démission du pape Benoît XVI ait été interprétée sous cet angle par les blogueurs russes. Ni que la plupart de ces interprétations aient pris la forme de plaisanteries : après tout, même les Russes croyants ne se sentent pas personnellement concernés. Faute d'intérêt pour les répercussions de la décision du pape pour la foi catholique ou sa signification à la lumière des scandales toujours plus visibles de prêtres pédophiles,  RuNet s'est régalé de son passe-temps favori, l'humour.

Le blogueur et journaliste Ivan Davydov voit le côté social [en russe] :

В России из каждой третьей семьи папа ушел. И ничего, не шумит никто в прессе.

En Russie dans une famille sur trois papa est parti [en russe, le même mot "papa" désigne le père et le pape]. Et rien ni personne ne fait de bruit dans la presse.

Le mauvais garçon pro-Kremlin de RuNet Politrash fait allusion [en russe] aux tensions montantes dans le Caucase du Nord :

Бенедикт XVI: “Руководство футбольного клуба “Анжи” сделало мне предложение, от которого я не мог отказаться”.

Benoît XVI : “La direction du club de football “Anzhi” m'a fait une proposition que je n'ai pu refuser”.

Le FC Anzhi se trouve à Makhachkala, capitale de la République du Daghestan, et est la propriété du milliardaire russe Suleyman Kerimov, qui déverse depuis 2011 des flots d'argent pour rafler les bons joueurs de clubs européens comme le FC Milan.

While Benedict XVI is retiring, President Putin still has some juice left. Pope Benedict in Poland, October 17, 2010. © Kancelaria Prezydenta RP. GNU Licence. Vladimir Putin in Tuva, August 13, 2007. © www.kremlin.ru

Pendant que Benoît XVI prend sa retraite, le Président Poutine a encore de la sève. Le pape Benoît XVI en Pologne, 17 octobre 2010. © Kancelaria Prezydenta RP. Licence GNU. Vladimir Poutine à Touva, 13 août 2007. © www.kremlin.ru CC 3.0

Mais c'est au parallèle transparent avec Vladimir Poutine que se sont attachés la plupart des blogueurs. Il existe une symétrie dans l'autoritarisme entre celui-ci et le pape. Tous deux dirigent des organisations définies par des “verticales du pouvoir”, même si c'est à un autre dirigeant russe [en anglais] à qui on attribue la célèbre question “Le Pape ? Combien de divisions ?”

Xénia Sobtchak a résumé le sentiment général dans un tweet [en russe] qui fait allusion à la constitutionnalité incertaine du troisième mandat de Poutine :

Даже папа ушел.Сам.В теократическом гос-ве Ватикан принцип сменяемости власти работает лучше чем в стране “суверенной демократии”…

Même le pape est parti. De lui-même. Dans l'Etat théocratique du Vatican le principe d'amovibilité du pouvoir fonctionne mieux que dans le pays de la “démocratie souveraine” …

Le faux compte Twitter du président de Rosneft Igor Setchine suggère [en russe] que le pape pourrait avoir des motifs cachés :

Папа Римский Бенедикт XVI весело троллит Путина

Le pape de Rome Benoît XVI  trolle gaiement Poutine

A cette “suggestion” supposée de Benoît à Vladimir de tirer sa révérence, le faux compte de Twitter du Ministère russe des Affaires étrangères a répliqué [en russe] par une citation imaginaire du chargé de presse de Poutine :

“Не дождетесь!” – кратко прокомментировал Дмитрий Песков последние новости из Ватикана.

“Vous pouvez toujours attendre !” a sèchement commenté Dmitri Peskov sur la dernière nouvelle du Vatican.

Le blogueur anonyme KermlinRussia n'a pu laisser passer l'occasion, et a mystérieusement tweeté [en russe] :

П. отрекся от престола.

P. a abdiqué.

Si cette impertinente annonce a été retweetée 146 fois, elle a été battue par les 254 retweets de l'utilisateur @fuckdaoutlaws, qui a réussi dans un seul et même tweet [en russe] à moquer la polyvalence du ministre actuel de la Défense Sergueï Choïgou (il a aussi été gouverneur de région et a dirigé le ministère para-militaire des Situations d'Urgence), tout en exprimant le doute sur la future direction de la Russie (Choïgou, qui prise le culte de la personnalité, notamment parmi ses anciennes troupes du MChS, est souvent cité comme un possible successeur de Poutine) :

временно исполняющим обязанности Папы Римского назначен Сергей Шойгу

Sergueï Choigu a été provisoirement nommé aux fonctions de pape


Le Brésil au rythme du carnaval : les percussions africaines retentissent dans l'Etat de Salvador

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[Les liens renvoient vers des pages en portugais, sauf mention contraire.]

Plus grande fête populaire au monde, le carnaval brésilien attire des millions de touristes pendant ces jours de folie [les Brésiliens désignent précisément cette période de quatre jours intenses - du 9 au 12 février - du nom de "folia"]. A Salvador de Bahia, l'ampleur de la fête est telle qu'elle se répartit sur trois parcours principaux de la ville : le circuit Batatinha appelé aussi circuit Pelourinho [4 km de parcours, du nom de ce centre historique de Salvador], le circuit Barra-Ondina [4,5 km, du nom des quartiers traversés, appelé aussi "circuito Dodô"] et le circuit Osmar dit aussi Campo Grande-Avenida [6km, du nom des avenues qui bordent ce circuit].

Avec près d'un demi-million de touristes attendus, le thème du carnaval du circuit Pelourinho retenu pour cette édition 2013 est celui des “Carnavais Negros” (“Les carnavals noirs”). Le fameux quartier de Pelourinho, la place Municipale et la place de Sé sont les principaux axes où se tiennent les scènes de ce carnaval. D'année en année, ce carnaval situé au centre historique de Salvador se révèle de plus en plus beau, joyeux et bien organisé.

Le carnaval traditionnel de Pelourinho va réunir une grande variété d'animations musicales aux styles très différents, allant de la samba au reggae, aux percussions ou encore à la guitare de Bahia (thème du carnaval de Salvador en 2013), soit autant de rythmes marqués par l'influence de la matrice africaine.

Les participants s'amusent au carnaval du circuit Pelourinho

Les participants (appelés “foliões” littéralement les “foufous”) s'amusent au carnaval du circuit Pelourinho et dansent en suivant les défilés, à la tête desquels jouent les groupes de percussion (“blocos”), ou devant les scènes où se tiennent les concerts.
Photo de Carlos Alcantar du site El Cabong. Reproduite avec sa permission.

Considéré comme le centre de diffusion de la culture bahiannaise, le Pelourinho est le siège de plusieurs “blocos” de Salvador, ces groupes de percussion afro-brésilienne, tels que les célèbres Ilê Ayê, Filhos de Ghandy ["Les Fils de Gandhi"] et Olodum. Préserver la culture afro-brésilienne fait partie intégrante du carnaval bahianais, dont l'histoire charrie la trace des “cultures noires” [sur Global Voices en français] et de la lutte d'un peuple confiné aux marges de la société. La foule est en extase et, baignés de sons aux cadences rythmées, joyeuses, chaudes et de la musique s'emparant des rues de Pelourinho, il vient aux touristes l'envie de prendre racine à Bahia, terre du compositeur Dorival Caymmi et de l'écrivain Jorge Amado [en français].

Fondé en 1974, le groupe Ilê Aiyê [en français] représente la principale attraction parmi les groupes afro-brésiliens. Visant à valoriser la culture noire, ce groupe de percussion n'accepte pas de Blancs parmi ses membres et a impulsé ce qui fut nommé par convention la “réafricanisation” du carnaval de Salvador, à mesure qu'il apporta des éléments issus de la culture africaine, tels que l’ataque [en français, comme les autres instruments], le timbal, le repinique, et d'autres instruments de percussion dont les timbres rappellent ceux de l'Afrique.

Regardez le clip de Ilê Ayê en partenariat avec Criolo, rappeur de São Paulo. Il s'agit d’une initiative du groupe pétrolier Petrobas qui entend, à travers le projet Que Bloco é Esse?,  ”rapprocher la musique et l'univers des blocos [groupes de percussion] afro-brésiliens de Savador du monde de la musique pop brésilienne”. La rencontre s'est tenue dans le quartier de Liberdade (Liberté) à Salvador :

Salvador est bien le seul endroit au monde où un gigantesque cortège de candomblé [en français, religion afro-brésilienne] est suivi par près de dix mille personnes défilant dans les rues. On trouve à sa tête le groupe Afoxé [de carnaval de rue] Filhos de Gandhy ["les Fils de Ghandi"], fondé en 1949 par 33 dockers [du port de Bahia] qui assistèrent à un film sur la vie du leader indien et décidèrent de fonder un groupe éponyme en son hommage. Le fait d'échanger des colliers contre des baisers durant le carnaval est devenu de plus en plus célèbre, et sans doute davantage encore que l'objectif initial d'une telle manifestation : prendre part au cortège d'un candomblé désacralisé, jouant des agogos [en français] et des atabaques en l'honneur des orixás [divinités] au beau milieu du peuple réuni, avec une pointe de rappel à la culture de paix prônée par le Mahatma Gandhi.

Image issue de la page Facebook Filhos de Gandy. Reproduite avec leur permission.

Image de la page Facebook Filhos de Gandy. Reproduite avec leur permission.

Reposant sur les instruments de percussion, le caractère africain de la musique du groupe Olodum [en français] recourent à des rythmes aussi variés que le ijexá, la samba, l'alujá, le reggae et le forró par exemple. Sous l'influence du samba-reggae, la fusion de ces différents rythmes a donné lieu à la musique de Olodum qui, grâce à leur créativité dans la combinaison de ces éléments, ont influencé de nombreux groupes et artistes, brésiliens (dont plusieurs groupes de percussion du carnaval de Bahia) ou internationaux, tels que immy Cliff, Michael Jackson, Paul Simon, Leci Brandão, Zig Marley et bien d'autres encore. La vidéo suivante présente le meilleur de la musique d'Olodum :

Près de 130 groupes ont participé à l'animation du carnaval du circuit Pelourinho. Le blog Salvador de Estefano Diaz a publié un article consacré aux répétitions du groupe Muzenza le 30 janvier 2013. Alors que le groupe procédait aux répétitions dans les rues dans lesquels il prévoyait de défiler, le son de leurs tambours a éveillé la curiosité des touristes et des Bahianais. “Le son est parfait, c'est très beau !” a résumé en quelques mots l'une des quatre touristes française qui suivait le cortège.

Pelourinho est un terreau culturel très fécond. Cet espace représente une référence pour nous [du groupe] Muzenza, et faire nos répétitions ici est toujours un moment particulier”, témoigne Jorge dos Santos, président de Muzenza. “Nous n'avons pas de répertoire défini, nous choisissons selon le retour du public et nous jouons de grands succès comme ‘Guerrilheiros da Jamaica (Mama África)’, ‘A Terra Tremeu’, ‘Brilho e Beleza’, “conclut Jorge.

A l'instar du I Encontro das Culturas Negras ["Première rencontre des cultures noires"], le thème des “Carnavals noirs” repris cette année par le carnaval de Pelourinho s'inscrit dans les événements de la décennie consacrée aux Afrodescendants à Salvador, choisie par l'O.N.U. à la suite de la “Rencontre Ibéro-américaine de l'année internationale des Afrodescendants” (Afro XXI) qui s'est tenue en 2011 et lors de laquelle furent organisés des débats sur le racisme et la situation sociale, économique et politique de la population noire dans le monde contemporain.

Lors de la rencontre de l'Afro XXI, la capitale bahianaise a reçu le titre symbolique de “Capitale ibéro-américaine des afro-descendants “. Pour la directrice du CCPI [Centre des cultures populaires et identitaires] Arany Santana, “le thème du carnaval de Pelourinho est en harmonie avec l'agenda des Nations Unies, avec la réalité de Salvador et avec les politiques culturelles que le Secult [ministère de la culture] soutient, comme celles du Carnaval Ouro Negro. Que ces actions jouissent d'une visibilité accrue pendant le carnaval est aussi juste que cohérent, reconnaissant ainsi une composante de la construction de l'identité de Salvador, seconde ville au monde d'Afro-descendants” souligne Arany.

Pérou : Le lac Titicaca est pollué

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[Billet d'origine publié le 8 octobre 2012 -Tous les liens sont en espagnol sauf mention contraire]

Une ancienne légende raconte qu'à l'aube des temps, Manco Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil inca Inti, sortirent des eaux du lac Titicaca pour fonder la ville de Cuzco et l’empire Inca. Aujourd'hui, la pollution du lac Titicaca est telle qu'on ne peut guère imaginer quelle créature pourrait en sortir. [liens précédents en français]

Ce sujet a donné lieu à de nombreuses discussions, sans toutefois que beaucoup d'importance lui soit accordée.

Situé entre le Pérou et la Bolivie, le lac Titicaca est le lac navigable le plus élevé du monde (3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer). Les deux pays sont responsables de sa préservation à travers l'Autorité binationale autonome du système hydrologique du lac Titicaca qui gère également la rivière Desaguadero, le lac Poopó et le lac salé de Coipasa. Cet organisme supervise le Projet spécial du lac Titicaca (Pérou) et l'Unité d'exploitation bolivienne.

Il y a deux ans, l'émission Enlace Nacional (Lien national) diffusait un reportage sur l'état du lac Titicaca près de la ville de Puno :

Le 2 février 2012, Journée mondiale des zones humides, les organisations Global Nature Fund (Allemagne) et Living Lake (États-Unis) ont proclamé le lac Titicaca « Lac menacé de l'année 2012 ». Selon Alberto Rivera Lescano, directeur du Centre pour le développement social et environnemental (CEDAS – Centro de Desarrollo Ambiental y Social), les facteurs responsables de cette situation sont « les exploitations minières légales et illégales, la mauvaise gestion des déchets et les eaux usées provenant de la ville de Puno ». Pourtant, on trouve le taux de pollution le plus élevé « dans la baie de Cohana en Bolivie ».

Sur son site Internet, la radio Pachamama approfondit la question et rapporte les propos de l'écologiste Moisés Duran :

“Más de un millón de litros de agua contaminada por segundo, que ingresan al lago Titicaca, provienen en su mayoría de la minería, industria y hospitales” [...] Asimismo, cuestionó el trabajo del Proyecto Especial Lago Titicaca (PELT), porque no existe voluntad política para elaborar proyectos y descontaminar el lago.

Chaque seconde, plus d'un million de litres d'eau contaminée se déversent dans le lac Titicaca. Cette eau provient principalement des exploitations minières, des usines et des hôpitaux. [...] L'écologiste remet aussi en question les actions menées dans le cadre du Projet spécial du lac Titicaca (PELT – Proyecto Especial Lago Titicaca) car il n'existe aucune volonté politique de prendre des mesures visant à décontaminer le lac.

Lago Titicaca. En primer plano la "lenteja".

Lac Titicaca. « Lentilles d'eau » au premier plan. Photo Waiting for a voyage (En attendant de partir) du membre Flickr auntjojo, reproduction sous licence Creative Commons Attribution – Pas de Modification 2.0 Générique (CC BY-ND 2.0).

Pour sa part, le site Internet Verde y Gris (Vert et Gris) publie un article sur la présence toujours plus importante de « lentilles d'eau » dans le lac :

en la bahía interior de Puno (Perú) existe la presencia de Lemna (Lemna es un género de plantas acuáticas de libre flotación de la familia de las lentejas de agua Araceae). Cubren toda la superficie del agua debido a los altos niveles de contaminación por fosfatos y nitratos. Esta planta se reproduce de forma muy rápida, lo cual complica mas su erradicación. La existencia de esta planta está produciendo la muerte de muchos peces y otros organismos del lago, ya que al cubrir la superficie impide la oxigenación correcta del agua y también produce un desagradable olor.

Dans la baie intérieure de Puno (Pérou), on note la présence de lemna (la lemna est une espèce de plantes aquatiques flottantes de la famille des Araceae). En raison de la très forte contamination par les phosphates et les nitrates, ces plantes recouvrent toute la surface de l'eau. Elles se développent très rapidement, ce qui rend leur éradication difficile. En recouvrant la surface de l'eau, elles empêchent toute oxygénation de l'eau et entraînent ainsi la mort de nombreux poissons et d'autres organismes vivant dans le lac. De plus, elles dégagent une odeur nauséabonde.

Mais une étude, menée par l'Université nationale agronomique La Molina, démontre qu'étant donné « la capacité de cet organisme à se développer dans des milieux difficiles, […] la gestion [de la lemna] serait une solution pour enrayer le processus d'eutrophisation du lac ». L'eutrophisation est le processus selon lequel une étendue d'eau développe, par excès de substances nutritives, une biomasse, pouvant alors entraîner un manque d'oxygène dans l'eau puis un assèchement.

Le PELT a récemment annoncé le lancement de travaux visant à combattre la pollution minière. Ces travaux devraient débuter « à Crucero, dans le district de Puno, qui est traversé par le fleuve Ramis, un des principaux affluents du lac Titicaca, où des taux élevés de pollution ont été relevés ». Côté bolivien, on a également déclaré qu'il « était prévu de construire des égouts sanitaires et pluviaux dans les villes de Copacabana et Gauqui ainsi qu'un centre d'enfouissement des déchets à Desaguadero afin d'empêcher qu'ils ne se déversent dans le lac Titicaca ».

Le Centre Pulitzer a réalisé une vidéo intitulée Lake Titicaca : At Risk From Upstream Urban Pollution [en anglais] (Le lac Titicaca menacé par la pollution urbaine en amont) sur l'état de la contamination du lac en Bolivie.

En 2009, la Réserve nationale du Lac Titicaca a réalisé une vidéo sur la pollution minière au Pérou.
Ce sujet soulève également la controverse. Au mois de juin, des irrégularités dans la gestion des fonds par l'Autorité binationale autonome du lac Titicaca ont été révélées. L’inefficacité de ses actions est également montrée du doigt. D'autre part, le maire de Puno, Luis Butron Castillo, a été soupçonné d'avoir « commis un crime environnemental en autorisant le déversement de 80 bactéries exotiques dans les eaux du lac Titicaca ».

Les habitants de cette région ne se contentent pas de lancer des accusations. Ils protestent et utilisent tous les moyens disponibles pour attirer l'attention sur cette situation. Au mois de juillet dernier, à Puno, un groupe d'écologistes a protesté sur les rives du lac Titicaca. En septembre, le groupe ATitiQaqa « sumáq káwsay-suma jakaña » a proposé de former une chaîne humaine autour du lac pour entrer dans le Guiness des records, espérant ainsi sensibiliser le monde entier et aboutir à l’élaboration de lois rigoureuses interdisant le déversement de produits polluants dans le lac.

À cette occasion, l'auteur a pu discuter avec Fanny, représentante de l'association « Juntos por el Titiqaqa » (Ensemble pour le lac Titicaca) qui a organisé des marches en faveur d'une revalorisation écologique du lac. Voici ce qu'elle lui a expliqué :


La préservation future du lac Titicaca est incertaine mais tant qu'il y aura des gens pour s'en préoccuper, il y aura de l'espoir. Toutefois, comme le suggère le réalisateur bolivien Roberto Calasich dans son dernier film La Sirena del Lago (La sirène du lac), une sirène devra peut-être émerger des eaux du lac Titicaca pour témoigner de la pollution qui la tue.

Billet d'origine publié sur le blog personnel [en espagnol] de Juan Arellano.
Sous-titres en anglais de Hernan Botero

One Billion Rising : Les danses des femmes

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Aujourd'hui 14 février a lieu un mouvement féministe médiatique de grande ampleur, One Billion Rising [en], très suivi sur Twitter grâce au hashtag #1BillionRising. Le site de cette campagne en appelle aux femmes du monde entier :

Pour le 15ème anniversaire du V-Day [Journée contre la violence], le 14 février 2013, nous invitons un milliard de femmes et ceux qui les aiment à marcher, danser, se lever et demander la fin de cette violence. One Billion Rising va émouvoir la terre, activant femmes et hommes à travers chaque pays. V-Day veut que le monde voit notre force collective, notre nombre, notre solidarité à travers les frontières.

 

Affiche de la journée One Billion Rising Franc

Affiche de la journée One Billion Rising France

One Billion Rising, projet profondément humaniste, s’est fixé pour but de secouer le monde vers une nouvelle conscience [shake the world into a new consciousness], par l’expression corporelle et quasi-rituelle de la marche et la danse,  pour réintroduire dans la conscience humaine la force et l’intégrité féminine radicale.

Une nouvelle conscience de la violence

Dans son livre J'ai tué Schéhérazade : Confessions d'une femme arabe en colère, (Actes Sud 2010, p. 57) contant son parcours de femme militante, Joumana Haddad écrit :

Un ami m'a demandé un jour : “Quel est ton endroit préféré dans le monde ?”…”Ma tête.”

Voici une réponse toute simple qui peut paraître trop facile à bon nombre mais qui décrit pourtant un combat encore non résolu.

En Egypte par exemple, les femmes ne se laissent pas faire [fr], et encore aujourd'hui – deux ans après le soulèvement populaire contre le régime politique – des marches ont lieu à Tahrir contre les harcèlements [en] dont elles sont victimes. Selon le témoignage de Laurie Penny sur son blog [en], depuis la place Tahrir :

‘Nous les jeunes allons libérer l'Egypte’ – marche contre le harcèlement sexuel, 6 février 2013

En Inde, si des manifestations ont régulièrement lieu pour dénoncer la normalisation des agressions quotidiennes, c'est le viol collectif à Delhi en décembre 2012 qui a enflammé les foules et attiré l'attention des médias.
En France, l'opinion se passionne pour les Femen, ce groupe d'activistes ukrainiennes qui manifestent torse nu à travers toute l'Europe aussi bien dans le cadre du mariage pour tous que dans celui des lois concernant la prostitution.
Sur Twitter, les opinions divergent. Les anonymes ne sont pas unanimes mais l'information circule : les marches sont rapportées en direct, on témoigne, on s'insurge, on questionne et on transmet son ressenti et son expérience personnelle. Cette violence s'inscrit dans un rapport agressif au corps et survit bien après, comme en témoigne Mona Eltahawy dans une interview :

J'ai été battue et agressée sexuellement, alors quand je parle de misogynie et de haine des femmes, je l'ai expérimentée personnellement sur mon corps. C'est le point central de ma rage.

Les violences quotidiennes faites aux femmes [fr] ne sont pas restreintes à une seule catégorie : elles touchent toutes les femmes, toutes les couches socioprofessionnelles, toutes les cultures ; des femmes aborigènes du Bangladesh [fr] jusqu'aux communautés numériques, comme l'écrit Asher Wolf sur son blog [en] :

L'inégalité ne fait pas irruption de nulle part. Et les femmes ne se retirent pas seulement des communautés de hackers à cause de cette rhétorique fatiguée “les maths et le hacking sont des affaires de garçons.” Non, les femmes restent en dehors des hacker-spaces, des conférences et des projets technologiques à cause des expériences continuelles de misogynie, d'abus, de menaces, de rabaissements, de harcèlement, de viol.

Les voix portent si loin que les médias décrivent un phénomène visuel, un mouvement radical et mentionnent une révolution en marche.

 ”Les femmes ne savent toujours pas prendre leur espace”

Pourtant, les femmes réunies dans le cadre de la performance artistique Silver Action, le 3 février 2013, par Suzanne Lacy au Tate Modern en Angleterre [en], ne semblent pas de cet avis. Lors de cette performance, des centaines de femmes britanniques, âgées de plus de 60 ans, ont transmis leurs ressentis par le biais d’une performance orale relayée sur Twitter par des auditrices/eurs invité/e/s, et ont témoigné de leur rôle actif au sein des manifestations féministes des années 50 à 80, dévoilant des avancées en matière de droits mais également des similitudes entre hier et aujourd'hui.

Sur Twitter, les auditrices rapportent les propos, par exemple de @leepster [en]:

“Mon fils a des amitiés avec des femmes, qui ne sont pas sexuelles. Avant c'était inconcevable” #Silveraction me fait réaliser ce que je prenais pour acquis.

@ahaworthbooth [en] :

“Les hommes ont changé, et nous devons continuer à les encourager à poser les mêmes questions que nous posons” – à propos du pouvoir et du statu quo #SilverAction

@JulieTomlin [en] :

“Les femmes jeunes ont des téléphones portables mais elles ont l'air d'être aussi ignorantes que nous l'étions…”

@JoannaSawkins [en] :

Les femmes ne savaient toujours pas prendre leur propre espace. Ce fait est effrayant #silveraction

La question de la transmission intergénérationnelle militante s'est également posée car si les femmes ont au fil des années obtenu plus de libertés, le problème fondamental auquel elles se trouvent encore aujourd'hui confrontées demeure le même : quelle place doivent-elles occuper ?

Cette question n'est pas anodine puisque les termes d'espace et d'occupation sont au cœur des expressions populaires actuelles, comme en témoigne la branche féministe du mouvement Occupy [en].

 

Se réapproprier son corps

Illustration de Chili Con Cacahuete, utilisée avec autorisation.

Illustration de Chili Con Cacahuete, utilisée avec autorisation.

Prendre possession de son espace, pour une femme, c'est en premier lieu se réapproprier son propre corps (avortement, prostitution [fr] et sexualité, par exemple). Exister en tant qu'être humain, c'est d'abord pouvoir être présente en tant que moi, pour reprendre le mot de Joumana Haddad. En France, l’homme contrôle sa terre, ses meubles, ses enfants et sa femme jusqu’en 1793, année qui voit proclamer l’égalité de cette dernière dans le mariage. Jusqu'en 1793, le corps de la femme est donc un objet appartenant juridiquement à l'homme, tel un meuble. Après 1793, si l'égalité dans le mariage lui reconnaît une première valeur, son statut d'être humain à part entière n'en demeure pas moins conditionné par son rattachement à l'homme. Les mentalités n’évoluant que très lentement, dans le Code Civil de 1802, la femme est encore une « incapable civile ». Incapacité qui ne sera supprimée qu’en 1938.
Ce corps de femme comme objet appartenant à l'homme n'est pas restreint à la seule société française. Martine Costes Peplinski [fr], sexologue, aime à commencer ses conférences avec une référence à un conte populaire :

Schérazade, voilà des années que je raconte cette histoire pour introduire mes exposés sur la violence conjugale : comment les femmes ont dû – faute de pouvoir civil, civique et économique – développer ce savoir-faire conjugal que les hommes ont longtemps nommé : « le pouvoir sur l’oreiller ». Utiliser les quelques heures partagées pour obtenir par mille habiletés et stratagèmes ce que le droit vous refuse.

 

Dans les Mille et Une Nuits, Schéhérazade se porte volontaire pour faire cesser le massacre perpétré par le roi de Perse, Shâhriar qui, persuadé de l’infidélité de toutes les femmes, épouse chaque jour une vierge qu’il tue au matin de la nuit de noces. Schéhérazade, pendant mille et une nuits, lui raconte un conte qui le tient en haleine, repoussant son exécution.
Il est question pour cette femme de conserver l'intégrité de son corps, c’est-à-dire le contrôle sur sa vie. Si l’on peut aujourd’hui taxer ce roi de tyran et de fou, le texte n’en relate pas moins le recours, de la part de Schéhérazade, à une imagination quotidienne qui reste la même que celle à laquelle doit encore aujourd'hui faire appel chaque femme prisonnière d'une relation abusive. Il peut s’agir de mécanismes d'évitement de tous genres, de la soumission à l’indignation ou la rage, pour reprendre le terme de Mona Eltahawy.

Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi, rappelle Martine Costes Peplinski (dans son livre Nature, culture, guerre et prostitution, 2002) en s'appuyant sur des données archéologiques et ethnologiques. L'homme, raconte-t-elle, a pris conscience de son rôle fécondateur et par là même de la gravité de sa paternité au cours du Néolithique : s’il peut être certain que la femme est la mère de l'enfant qu'elle porte, comment l'homme peut-il être sûr de sa propre paternité ? Si ce n’est en possédant ce corps.

R-évolution globale

Aussi la lutte contre les violences faites aux femmes s’inscrit-elle depuis toujours sur deux axes : celui d’une réappropriation corporelle et spatiale, et celui d’une r-évolution humaine globale. Parce que les hommes ne sont pas les seuls à procéder à ces violences, mais également parce que – par transfert – les femmes ne sont pas les seules à les subir.

C'est le point de vue de Joumana Haddad dans son article de blog intitulé Boys against men [en]:

Ce dont nous avons besoin maintenant, en parallèle à la révolution féminine, ce n'est pas moins qu'une révolution masculine : une révolution radicale, structurelle, non-violente, non-sloganistique, ce qui pourra promouvoir une relation plus mature et accomplie entre les deux sexes. Et ce faisant, messieurs, souvenez-vous simplement de ceci : le machisme ce n'est pas les hommes contre les femmes. Ce sont les garçons contre les hommes.

One Billion Rising en Allemagne et Suisse

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Screenshot aus dem Kurzfilm "One Billion Rising" von Eve Ensler

Capture d'écran du court-métrage d'Eve Ensler “One Billion Rising”

Une femme sur trois sera victime pendant sa vie de viol ou de mauvais traitements. Sur une population mondiale de 7 milliards, cela fait plus d'un milliard de femmes et filles confrontées chaque jour à la violence ou qui l'éprouvent directement dans leur chair. Plus de 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n'est pas considérée comme un crime. Selon une déclaration de presse [en anglais] en rapport avec la Campagne “UNIS pour mettre fin à la violence contre les femmes” (UNiTE to End Violence against Women) du Secrétaire Général de l'ONU Ban Ki-Moon, jusqu'à 70% des femmes subissent des violences sous une forme ou une autre. On lit aussi dans cette déclaration que la probabilité qu'une femme entre 15 et 44 ans soit violée ou en butte à la violence conjugale, dépasse celle de contracter le cancer ou le paludisme, d'avoir un accident de la circulation ou d'être une victime de guerre.

Das Logo von One Billion Rising auf Deutsch

Le logo allemand de One Billion Rising

L'organisation V-Day, qui devant ces chiffres horrifiants n'a plus voulu rester spectatrice passive, a aussitôt initié la campagne internationale One Billion Rising (Un Milliard se lèvent). Cette mobilisation rapidement croissante demande la fin des violences contre les filles et les femmes, ainsi que l'égalité des chances et des droits, et veut instaurer un signal commun, pour sensibiliser le plus possible d'individus à cette problématique.

C'est ainsi que le 14 février, un milliard d'êtres humains sont appelés, à travers le monde, à se lever et participer, ensemble, à des rassemblements. Sur toute la planète, des hommes et des femmes vont faire grève, danser sur les places publiques et manifester leur solidarité par d'autres activités ciblées.

One Billion Rising est une campagne qui nous concerne tous. Une semaine à l'avance, plus de 13.000 actions différentes ont été prévues dans 190 pays et ces nombres ont crû de jour en jour.

La blogueuse suisse Nathalie Sassine-Hauptmann écrit dans le magazine en ligne Clack à propos de cette “vague féministe” :

Les manifestations féministes remportent actuellement un grand succès – du moins dans les médias. Après ≠Aufschrei c'est le tour d'Aufstand ‘(se lever'). Actions locales et résonance mondiale caractérisent «One Billion Rising» : pour protester contre les violence aux femmes, ce sont 190 pays qui participeront, le «day to rise», 14 février 2013, à une gigantesque flashmob. Personne n'en est plus surpris qu'Eve Ensler, initiatrice et auteure des «Monologues du vagin». «Cela dépasse les classes, les mouvements sociaux et les religions. C'est comme un immense tsunami féministe», a-t-elle déclaré au «Guardian» britannique.

Les actions locales vont de la première flashmob de l'histoire de la Somalie à Mogadishu aux marches de protestation sur l'île écossaise de Bute en passant par les manifestations de masse en Inde et un événement de danse géant au Bangladesh [en anglais].

Karte mit allen geplanten Veranstaltungen in Deutschland

Carte des événements prévus en Allemagne

Rien qu'en Allemagne plus de 120 événements sont prévus : démonstrations de danse, chaînes humaines, représentations théâtrales, colloques anti-violences, etc…. En Suisse, l’Organisation féministe pour la paix (cfd) et PeaceWomen Across the Globe (PWAG) ont créé une plate-forme commune, sur laquelle les organisatrices et organisateurs de Suisse peuvent faire réseau et échanger idées et projets. Y sont en outre constamment publiés les manifestations qui auront lieu en Suisse. Jusqu'à présent, des flashmobs de danse ont été prévues à Bâle, Berne, Zürich, Genève, WorbThun, Lugano, Bienne, Lausanne et Gümligen. Le mouvement est incroyablement dynamique, car les gens se lient via les médias sociaux et tiennent à apporter avec beaucoup d'engagement et de créativité leur contribution personnelle à ce mouvement planétaire.

Karte mit allen bisher geplanten Veranstaltungen in der Schweiz

Carte des événements prévus en Suisse

 

 

Sur la chaîne Youtube V-Day on trouvait séjà, il y a une semaine, 138 contributions vidéo de femmes et d'hommes du monde entier expliquant pourquoi elles et ils descendront dans les rues le 14 février. La blogueuse Helga Hansen de Braunschweig, qui écrit pour le blog Mädchenmannschaft (‘équipe de filles'), a elle aussi enregistré sa déclaration vidéo :

Sharon Adler, distinguée par le prix féminin de Berlin 2012 et fondatrice du magazine en ligne AVIVA-Berlin, a aussi participé à l'opération vidéo :

Sur le blog Die Münchnerin (‘La Munichoise') on trouve d'autres déclarations d'hommes et de femmes d'Allemagne.

La blogueuse Luziehfair écrit sur Ausrufern :

J'ai eu l'occasion, ces derniers temps, de participer entre autres à des discussions sur les “non-mots” de l'année, et le débat actuel sur le sexisme prend, dans les médias (probablement aussi dans les bistrots, mais je ne les fréquente plus) les formes les plus saugrenues, alors qu'en même temps des tragédies comme celle en Inde se déroulent dans le monde entier. Mais à présent je voudrais être constructive :

„Une femme sur trois sur cette planète sera battue ou violée durant sa vie. Cela fait un milliard de femmes, à qui on fait violence … un inconcevable calvaire. Le 14 février 2013, le Jour J invite un milliard de femmes à sortir de chez elles, à danser et se lever pour réclamer la fin de cette violence. [...] Nous montrons au monde notre force et notre solidarité mondiale au-delà de toutes les frontières. [...]“

Tel est le mot d'ordre de la campagne One Billion Rising et je trouve qu'il vaut d'être entendu. Il doit être entendu.

Luziehfair ajoute un lien vers la bande-annonce du célèbre clip d'Eve Enslers (Attention : message d'avertissement) :

Le Frauenblog (‘blog féminin') réfléchit à la suite :

Et c'est là que se pose la question de la suite. Cela fait-il sens de mettre en branle ces développements pour ensuite clore l'opération ? Il est assurément souhaitable de pouvoir proposer ici une continuité. Chaque événement ne peut pourtant pas être installé dans la durée, nous n'avons simplement pas assez de moyens et de forces en réserve pour cela. Et pourtant : un tel „événement“ ne surgit pas du néant, il est inclus dans des structures déjà présentes, qui existeront encore demain et continueront leur travail habituel. Si en liaison avec One Billion Rising […] il se trouvait des femmes qui se rallient à ce mouvement, que ce soit en groupe régional du V-Day ou en renfort des groupes féminins locaux déjà existants, un magnifique succès s'ajouterait à notre déclaration publique :„Nous sommes ici, nous sommes partout, nous sommes fortes, nous faisons du bruit, nous ne nous laisserons plus réduire au silence“.

Journée mondiale de la radio au Pérou

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Le site web péruvien, Servicios en Comunicación Intercultural (Servindi) proposait hier 15 idées pour célébrer la Journée mondiale de la radio, agendée au 13 février depuis 2011.

Cette journée est dédiée à la radio comme moyen de communication, pour améliorer la coopération internationale entre les organisations en charge de la diffusion, pour encourager les chaînes de radio principales et communautaires à promouvoir l’accès à l’information et la liberté d’expression sur les ondes.

[Lien en espagnol.]

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