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Une nouvelle loi indonésienne sur les associations provoque la contestation

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[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Le Parlement indonésien s'apprête à approuver un projet de loi visant à modifier la réglementation des organisations de masse, mais les groupes de défense des droits humains et des spécialistes ont mis en garde contre ses dispositions répressives.

La dernière version du projet exige que les organisations de masse adhèrent à la Constitution du pays de 1945 et aux principes du Pancasila, une philosophie officielle monothéiste.

Pour leur part, les associations locales craignent que le projet de loi ne donne de larges pouvoirs au gouvernement, qui pourraient être utilisés par des autorités corrompues pour saper l'indépendance des organisations de la société civile, en particulier celles qui critiquent les politiques gouvernementales.

Groups like the Red Cross will be affected by Indonesia's new Bill on Mass Organizations. Photo by Jefri Tarigan, Copyright @Demotix (5/8/2012)

Des organisations comme la Croix Rouge seront touchées par le projet de loi indonésien sur les organisations de masse. Photo de Jefri Tarigan, Copyright @Demotix (5/8/2012)

Le projet visant à remplacer la loi de 1985 sur les organisations de masse a effectivement été initialement soutenue par de nombreuses personnes qui voulaient que le gouvernement réglemente les associations telles que les défenseurs de l'Islam (FPI) utilisant souvent des méthodes violentes pour promouvoir ses buts.

Les législateurs indonésiens ont rapidement rejeté l'avis des experts de l'ONU et ont laissé entendre que le Parlement pourrait approuver cette mesure controversée le mois prochain.

Pollyandra soutient les législateurs dans leur position critique des conclusions des experts des Nations Unies:

Pour une fois, je partage la position du gouvernement pour rejeter l'avertissement / jugement des “experts”. Bien que j'apprécie les valeurs des notions occidentales de droits humains et de démocratie, introduire des idéologies étrangères dans une société n'a jamais fonctionné et leur effet ne dure pas. Le changement doit être progressif et venir de l'intérieur.

Amir Effendi Siregar, un membre de la Coalition indépendante pour la démocratisation de la radiodiffusion, met en garde contre l'impact négatif de la réglementation sur les groupes de médias :

Ce règlement est dangereux pour les organisations de médias, de presse et de journalisme. Comment les journalistes peuvent-ils ne pas traiter des idéologies qui sont contre la Pancasila et la Constitution de 1945, dans leurs publications ?

Dans un système démocratique, les médias et les journalistes professionnels ont l'obligation de donner des informations complètes sous différents angles.

Maina Kiai, Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de réunion pacifique et d'association, exhorte l'Indonésie à adopter des lois qui ne violent pas les principes de “pluralisme, de tolérance et d'ouverture d'esprit” :

Dans une société démocratique l'Etat doit veiller à ce qu'il n'y ait aucune restriction des droits à la liberté d'association, d'expression et de religion en accord avec l'objectif poursuivi sans porter atteinte aux principes de pluralisme, de tolérance et d'ouverture d'esprit.

Les associations devraient être libres de déterminer leurs statuts, leurs structures et leurs activités ainsi que de prendre des décisions sans ingérence de l'Etat.

L'expert de l'ONU a également réagi à la proposition de suspendre les organisations, sans même une ordonnance du tribunal :

Permettez-moi de souligner que la suspension des associations ne doit être décidée que par un tribunal impartial et indépendant en cas de danger clair et imminent résultant d'une violation flagrante des lois nationales, en conformité avec les dispositions internationales en matière de droits humains.

Colson a baptisé le projet de loi de ‘legal dragon’ (monstre juridique) en création :

Un comité spécial de la Chambre des représentants est en train de créer un monstre juridique. Il va frapper les organisations civiles. Elles seront interdites si les autorités les étiquettent comme une menace pour “l'unité et la sécurité de la République unitaire d'Indonésie”. Des critères qui sont extrêmement vagues et sujets à l'arbitraire.

Ce monstre juridique naissant va sérieusement restreindre les libertés fondamentales d'association et de réunion et la liberté de pensée et d'expression en Indonésie. Par exemple, il pourrait sérieusement empêcher les organisations de la société civile de révéler, de dénoncer, sans parler des accusations de pratiques criminelles, dont le trafic humain ou la corruption. En outre l'administration de ces organisations sera sous la surveillance et le contrôle permanents du gouvernement.

Quel serait l'impact d'une application stricte de la philosophie Pancasila? Colson pense que plusieurs ONG mondiales pourraient être interdites dans le pays :

Avec une interprétation stricte [de la loi], la Croix-Rouge et CARE seraient hors limites.  Tout comme Oxfam et Save the Children. Sans parler de l'Association humaniste suédoise ou l'une de ses organisations sœurs. Les syndicats créés sur la base d'une philosophie sociale-démocrate seront également interdits.

La Commission nationale indonésienne des droits de l'homme est également opposée à plusieurs dispositions du projet de loi. Pendant ce temps, une coalition d'organisations locales a publié le 18 février dernier une déclaration conjointe intitulée “L'Etat tente à nouveau de brider la liberté d'association et d'organisation”. La coalition recommande ce qui suit :

1. Abroger la loi No. 8 de1995 sur les organisations civiles et rétablir la réglementation de la création et l'administration au niveau juridique approprié et pertinent, à savoir une loi sur les associations pour les organisations à adhérents et une loi sur les fondations pour les organisations non-associatives.

2. Mettre fin à la délibération et à la promulgation du projet de loi sur les organisations de masse et accorder la priorité à la délibération du projet de loi sur les associations, qui a été inclue dans le programme de la législation nationale (Prolegnas) pour la période 2010-2014. Le projet de loi sur les associations a une base juridique plus solide, mais on lui a accordé une moindre priorité qu'au projet de loi sur les organisations de masse, qui est malavisé et manque de clarté.

Mais Pahala Nainggolan, directeur exécutif de Yayasan Bina Edukasi Integrasi, apprécie la disposition prévoyant un contrôle administratif des documents financiers des organisations :

L'enregistrement par le gouvernement des organisations sans but lucratif n'est pas un moyen de les contrôler. Chaque organisation doit s'inscrire pour être aidée avec ses mesures de reddition de comptes dans le long terme. Ensuite, le ministère de l'Intérieur peut établir une base de données et un site Web contenant les rapports financiers et de gestion de toutes les organisations enregistrées.

Cela peut conduire à de meilleurs mécanismes pour l'application des règlements. Les associations qui ne soumettent pas leurs rapports peuvent être rayées de la liste. La société peut obtenir des garanties sur la légitimité d'une organisation en accédant au site Web et les autorités peuvent fournir des garanties de transparence et de sérieux pour chaque organisation y figurant.


Le nouvel avion de combat furtif iranien s'élance dans un ciel fictif

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Ce billet fait partie de notre dossier Relations internationales & sécurité.

Qaher-313

Un Qaher-313 iranien vole sur fond de ciel modifié avec Photoshop.

Des blogueurs ont révélé début février qu'une photo officielle montrant récemment l'avion de chasse furtif iranien en vol, le Qaher-313, est en réalité une image truquée avec Photoshop. Malgré les affirmations du gouvernement iranien que l'avion est en train de patrouiller dans le ciel, des blogueurs vigilants ont découvert que l'image avait été prise lors d'une cérémonie d'inauguration à Téhéran et superposée à un arrière-plan différent.

Tandis que de nombreux Iraniens (dont probablement des militaires) ont utilisé Facebook pour promouvoir avec enthousiasme le Qaher-313, beaucoup de blogueurs ont vu dans cette image l'occasion de se moquer du régime de Téhéran. Leurs moqueries trouvent de la substance dans les allégations que la photographie d'un singe que l'Iran aurait envoyé dans l'espace est aussi truquée.

Après que le scandale du singe a éclaté, Freedomseeker a écrit que les organes de presse iraniens commençaient à faire état de la production réussie d'un très moderne avion de combat du Ministère de la Défense. Le blogueur trouvait ‘bizarre’ que l'avion soit dévoilé dans un stade couvert alors que d'habitude les avions sont plutôt montrés en plein vol. Freedomseeker a aussi remarqué que les dimensions étaient plus petites que pour d'autres avions comparables, soufflant cette conclusion :

Nous ne pouvons croire les affirmations de la République islamique avant d'avoir vu cet avion de combat en vol, car le gouvernement a la très mauvaise réputation de faire des photos truquées et de présenter des modèles au lieu de l'objet véritable.

Certains blogueurs rappelaient qu'il y a des préoccupations bien plus importantes pour le pays que de construire un nouvel avion de combat.

Xcalibur a publié une photo de l'avion et en a estimé les coûts, disant :

Les gens veulent du pain, pas des avions de chasse. Si seulement nous pouvions nourrir les affamés avec des missiles et des balles !

666Sabz a publié plusieurs photos et comparé le Qaher-313 à des modèles étrangers, notant que le cockpit du Qaher est très petit.

Tweatter a écrit qu'après le retour glorieux du singe cosmonaute, la République islamique cherche désormais un singe idiot pour devenir le pilote du Qaher-313.

Le Qaher-313 a pareillement fourni aux blogueurs et sceptiques de nouvelles occasions de se moquer de la puissance militaire auto-proclamée du régime iranien. En effet, la vidéo suivante démontre que la raillerie dépasse la supposée cinquième génération d'avions de combat de Téhéran.

ISN logoCe billet et ses traductions en espagnol, arabbe et français ont été commandés par le Réseau Sécurité Internationale (ISN)) dans le cadre d'un partenariat pour mettre en avant la voix des citoyens sur les questions de relations internationales et de sécurité à travers le monde. Ce billet a d'abord été publié sur le blog de l'ISN, voir les sujets similaires ici.

Le ‘Prisonnier X’ d'Israël : la presse inutilement bâillonnée pour raison de sécurité nationale

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Cet article fait partie de notre dossier Relations Internationales & Sécurité.

Graffiti of newspaper reader in Tel Aviv, Israel

Lecture du journal, street-art à Tel Aviv, Israël. Photo par Helga Tawil Souri sur flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

(Les liens renvoient à des pages en anglais ou hébreu)

Après la diffusion par la chaîne australienne ABC de révélations sur le ‘Prisonnier X’ le 12 février, les médias israéliens ont aussitôt enquêté sur les affirmations choquantes que Ben Zygier, un citoyen israélien né australien ayant travaillé pour Mossad a été secrètement détenu dans une prison de haute sécurité pendant des mois avant son présumé suicide en 2010. Cependant, les articles sur le scandale ont été retirés peu après leur apparition. Les services du Premier ministre ont convoqué une réunion d'urgence des rédacteurs en chef de tous les principaux organes de presse israéliens pour demander leur collaboration afin de taire l'affaire. Pendant une journée entière, les médias israéliens se sont vus interdire d'évoquer l'affaire, quand bien même elle faisait la une dans le monde entier et que les Israéliens ont diffusé l'information sur les médias sociaux et les blogs. Ce n'est qu'après que trois députés de gauche de la Knesset eurent utilisé leur immunité parlementaire pour parler du sujet que des titres peu intelligibles apparurent et un tribunal israélien a levé l'injonction de silence.

Le gouvernement israélien a justifié par la menace potentielle pour la sécurité nationale sa décision de censurer le scandale du ‘Prisonnier X'. Cependant, de nombreux blogueurs israéliens sont loin d'être convaincus que la sécurité nationale était la raison principale du retrait du sujet.

Noam Shiezaf a argumenté dans le Magazine +972 :

Il était assez clair, dès hier matin, que les services du Premier ministre (qui est en charge du Mossad) et le Département de la Défense (responsable de la censure militaire) se sont engagés dans une bataille perdue d'avance. Une fois un article publié là-bas dans les médias internationaux, il était impossible de l'empêcher de circuler sans adopter des méthodes chinoises de censure d'Internet. De plus, tout l'argumentaire était fallacieux : il n'y a rien de “secret” à propos de quelque chose que le monde entier connaît, alors pourquoi les Israéliens devraient-ils être les seuls qui soient interdits d'accès à l'information ? Quoi qu'il en soit, un tel comportement révèle la profonde motivation derrière la plupart des actes de censure : il s'agit moins de protéger la sécurité de l'Etat que de protéger les individus et les institutions de l'examen du public.

Gal Mor, le rédacteur en chef de Holes in the Net a également contesté l'affirmation selon laquelle la censure a été utilisée pour protéger la sécurité nationale :

Comme dans les scandales précédents (Motke Kedar, qui a également été surnommé ‘Prisonnier X', Marcus Klinberg, l’affaire Lavon, le bus 300) on nous a dit que l'exposition de l'affaire met en danger la sécurité nationale au point de mettre en péril son existence … Lorsque chacune de ces affaires secrètes a été révélée, ça n'a pas été la fin du monde et on a découvert que dans le pire des cas, il s'agissait d'un incident diplomatique et d'une honte pour un service de renseignement et l'exposer a grandement contribué à la démocratie israélienne et à des inspections internes des services. Et même s'il y avait une justification pour ce silence, nous vivons dans un village planétaire dans lequel Facebook, Twitter et les blogs sont à un clic.

Les tentatives visant à empêcher la diffusion de l'histoire du ‘Prisonnier X’ après les révélations télévisées montrent que les autorités israéliennes ne se sont pas encore adaptées à l'ère des nouveaux médias. Dans un pays où près de la moitié de la population a un compte Facebook, vouloir bâillonner une information facilement disponible en ligne ne fait qu'aviver la curiosité.

ISN logoCet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog d'ISN, voir des articles similaires ici.

Rio de Janeiro: Une colline sacrifiée aux Jeux du Stade

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Cet article d'Andrea Dip, fait partie d'une édition spéciale #CopaPública de l'agence Pública, et a été publié le 10 avril 2012 sous le titre RJ: As Casas Vão Cair (Rio de Janeiro: Les maisons vont s'effondrer)

Sur le “morro” (la colline) de la Providence à Rio de Janeiro, la construction d'un téléphérique pour les touristes venant voir la Coupe du monde est un motif d'expulsion des habitants. Les maisons démolies sont indemnisées par une allocation sociale de 400 réais mais un grand nombre de familles ne trouvent pas à se reloger.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La maison de Neusimar, travailleuse indépendante qui demeure avec sa  famille de 7 personnes sur le Morro de la Providence à Rio de Janeiro, est marquée du signe SMH (Service municipal du logement). Ceci veut dire qu'elle va être détruite. Toutes les maisons et immeubles voisins ont déjà été démolis. Les habitants ont déjà accepté l'allocation de 400 réais offerte par la Mairie de Rio.

Ce morro va accueillir le projet Porto Maravilha (port des merveilles), avec un téléphérique et un plan incliné pour les touristes qui viendront pour la coupe du monde en 2014 et pour les Olympiades de 2016 comme Pública l'a montré précédemment. Les habitants se sont donc vu infliger des déménagements forcés.

Neusimar résiste parce qu'elle ne veut pas quitter la maison ou sa mère est née, où elle  a grandi avec toute sa famille, pour aller vers un avenir incertain.

"Meus avós e meus pais brincaram aqui". Foto: Agência Pública

“Mes parents et mes grands parents ont joué ici”. Photo: Agência Pública

 

 

Où allons-nous trouver une maison à louer pour 400 réais? Qui va vouloir me louer une maison ? Je suis sans travail, ma mère est malade, nous sommes une grande famille. Nous ne restons pas par entêtement, mais nous ne voulons pas partir pour nous retrouver comme ces gens que l'on voit traîner dans la rue parce qu'il ne trouvent rien à louer.

Elle raconte que leur situation devient chaque jour plus compliquée.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

Tout est par terre autour de ma maison, les murs sont ébranlés, nous risquons même maintenant des effondrements.

Des histoires comme celle-là, on en raconte beaucoup sur la vidéo Morro de la Providence du collectif #Entre Sem Bater (entrez sans frapper), formé d'élèves de l'école populaire de Communication critique ( Espocc) : un projet de “l'observatoire des favellas” qui offre aux jeunes et aux adultes habitants de ces espaces populaires de Rio de Janeiro, un accès à des langues différentes, à des concepts et des techniques du domaine de la communication. Ce mini-documentaire était envisagé à l'origine comme un travail de fin d'études. Mais le collectif a grandi et les participants ont continué à faire des recherches, à se documenter sur les “déménagements” du Morro de la Providence et d'autres endroits.

Foto: Agência Pública

Photo: Agência Pública

La vidéo montre en plus des “déménagements”, les préparatifs de la démolition de la salle de jeux du morro. On y faisait des championnats de football et les répétitions de l'école de samba de la communauté. Leo Lima est photographe et membre de “Entre sem bâter”, il raconte que peu de temps après la fin du film la salle a été abattue pour laisser place au chantier de construction de la tour du téléphérique.

Le blog #CopaPública est une expérience de journalisme citoyen qui montre  comment la population brésilienne locale est affectée par les préparatifs de la coupe de 2014 et comment elle s'organise pour ne pas être mise à l'écart.

#Wikimodernisme: Le modernisme catalan, des amphis au Web

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Casa_Batlló

Partie supérieure de la Casa Batlló à Barcelone, dessinée par Antoni Gaudí entre 1904 et 1906. Publié avec l’accord de son auteur, Bernard Gagnon, sous licence Wikimedia Commons

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages web en catalan.]

Les étudiants en histoire de l'art de Barcelone ont troqué les devoirs traditionnels contre un partage avec le monde de leurs connaissances du Modernisme catalan.

Si vous avez déjà visité Barcelone, il est certain que vous avez en tête des détails de l’architecture curviligne et colorée des superbes maisons dessinées par Antoni Gaudí [FR]. Cet artiste est l’un des principaux représentants du Modernisme catalan [FR|. Derrière cette esthétique organique et enchanteresse, se cache un mouvement révolutionnaire en termes politiques et culturels qui cherchait à transformer la société catalane de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Ce courant éclectique s’est nourri de mouvements semblables de toute l’Europe, tel que l’Art nouveau français, tout en conservant une identité nationale qui le rend unique.

Après avoir remarqué que les articles en catalan consacrés au Modernisme sur Wikipédia ne présentaient pas la qualité que ce mouvement mérite, les remarquables contributeurs catalans du site ont lancé un projet Wikipédia passionnant sous le nom de Viquimodernisme. Celui-ci a trois objectifs : développer la présence du Modernisme catalan sur Wikipédia, rendre accessible sur le Web les connaissances universitaires et mettre en pratique de nouveaux modèles d’éducation ouverte.

Façade de la Casa Macaya, de Josep Puig i Cadafalch, 1901. Photo de Mutari partagée sous licence Wikimedia Commons

Durant le premier trimestre 2012-2013, une centaine d’étudiants en histoire de l’art de l’Université de Barcelone ont rédigé des articles de qualité sur l’encyclopédie en ligne au lieu de rendre des travaux académiques traditionnels, sous la supervision de six professeurs et chercheurs du GRACMON, le groupe de recherche en histoire de l’art et en design contemporain de l’université. À ce jour, plus d’une centaines d’articles en lien avec le Modernisme catalan ont été créés et édités dans le cadre de ce projet.

Collaboration parfaite

La proposition est venue d’Àlex Hinojo (@Kippelboy), membre de #glamwiki, un groupe international de contributeurs de Wikipédia qui vise à renforcer les liens entre le secteur culturel et le site de partage de connaissances. En plus d’être l’un des contributeurs catalans les plus actifs, Àlex Hinojo est le créateur de @CatalanMuseums, qui apporte des informations en anglais sur divers musées de Barcelone et de Catalogne en général.

Esther Solé (@EstherSole), diplômée en histoire de l’art, contributrice de Wikipédia et coordinatrice du projet Viquimodernisme, explique dans un article publié sur l’encyclopédie en ligne comment ce projet inédit est né et a rapidement réussi à dissiper la méfiance du monde académique envers Wikipédia :

Bien vite, les doutes ont laissé place à la curiosité, puis à l’enthousiasme. […] Sachant que les pages Wikipédia figurent généralement parmi les premiers résultats des principaux moteurs de recherche et souvent le premier, voire l’unique, et que les citoyens consultent habituellement ce site en cas de doutes ou par curiosité, il est judicieux d’opter pour que les connaissances et les données présentées sur cette encyclopédie en ligne soient correctes et de qualité.

Nous avons demandé à l’initiateur du projet son opinion sur la méfiance rencontrée par ces idées dans le monde académique :

Elle est souvent liée à la méconnaissance d’un sujet. Voilà pourquoi nous mettons en place ce type de projets, pour rapprocher des secteurs différents. L’une des remarques que j’entends régulièrement de la part des professeurs est : « Je n’avais pas idée du niveau de contrôle réalisé par les bénévoles, ni de toutes les procédures de filtrage en termes de qualité que possède Wikipédia. Les Wikipédistes sont encore plus pointilleux que les professeurs. »

Vers une éducation libre

Les projets Wikipédia de GLAM visent à ce que les professionnels d’une institution culturelle s’engagent à partager leurs connaissances gratuitement. Dans le cas de Viquimodernisme, Esther Solé et Àlex Hinojo se sont chargés de présenter aux professeurs du GRACMON, les plus grands connaisseurs du Modernisme catalan, le fonctionnement de l’environnement de travail collaboratif de la communauté des Wikipédistes. Esther Solé indique dans son article :

Au lieu de réaliser des travaux traditionnels, des présentations qui finissent au fond d’un tiroir, les étudiants rédigent et éditent des articles Wikipédia. […] Les participants se sont vus plongés dans le monde du langage encyclopédique, où la syntaxe, à savoir le code wiki, est étrange, où la communauté d’éditeurs participe activement au projet en intervenant dans un travail qui n’est donc plus exclusivement celui de l’étudiant, qui est libre et à disposition de tous grâce aux licences libres.

Viquimodernisme_enquesta_1Q_Q13

Sondage réalisé en janvier 2013 par les coordinateurs de Viquimodernisme traduisant l’enthousiasme des étudiants qui y participent. Partagé par ESM, publié sous licence Wikimedia Commons

Les articles en catalan ont été améliorés, mais des articles ont également été édités en espagnol, en français et en anglais. Les coordinateurs ont réalisé un sondage pour évaluer le succès du projet à la fin de ce premier trimestre. Les résultats de ce sondage sont disponibles en ligne. Àlex Hinojo indique que « les étudiants apprécient que leurs travaux soient “publiés” sur Wikipédia et utiles à tous ».

Les projets wiki de GLAM visant à rapprocher l’art et le Web

Viquimodernisme s’inscrit dans les projets Wiki de GLAM (Galeries, Libraries, Archives and Museums), une initiative [EN] internationale née lorsque le responsable du British Museum, étonné du grand nombre d’entrées concernant le musée sur Wikipédia, a engagé un collaborateur pour les réviser et les détailler. Un concept qui s’est ensuite exporté dans d’autres pays et d’autres établissements.

Ayant constaté l’intérêt suscité parmi les institutions académiques, les coordinateurs espèrent que le projet servira de référence pour des expériences futures. Il est prévu que les résultats finaux soient présentés dans le cadre du Congrès international d’Art Nouveau CoupdeFouet, qui se tiendra à Barcelone en juin 2013.

Billet rédigé avec Violeta Camarasa.

Le premier site d'information collaboratif du Myanmar

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Au Myanmar, un groupe de jeunes programmeurs a lancé le tout premier site collaboratif d'informations du pays baptisé “Buzz in Myanmar“. Avec le slogan “Informations pour tout le monde, par tout le monde” il offre aux internautes la possibilité de proposer des informations locales et les y encourage.

Le Mexique est-il à nouveau “dans le jeu”?

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Dans sa dernière tribune, le célèbre éditorialiste du New York Times Thomas Friedman affirme que le Mexique “deviendra la puissance économique la plus dominante de ce 21e siècle.” Twitter a immédiatement réagi à son article, et le journaliste David Agren a créé un flux de ces réactions positives et négatives apparues sur le site de micro-blogging.

Quand la police égyptienne tire des gaz lacrymogènes made in USA


Solidarité avec le Sud-Ouest de Madagascar après le passage meurtrier du cyclone Haruna

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Le cyclone Haruna a fait au total 23 morts, 16 disparus, 84 bléssés et près de 22 000 sinistrés, en une semaine à Madagascar, selon le Bureau national de gestion des risques et des catastrophes (BNGRC). Malgré les images de détresse et des messages de besoins urgents des agences humanitaires, la solidarité pour la région a du mal à atteindre la région. Certains accusent la capitale Antananarivo d'indifférence; mais de nombreuses associations et agences se sont organisés dans tout Madagascar et à l'étranger pour venir en aide à la région.

Des dégâts importants

Accompagnés de fortes pluies, les vents ont atteint de 150 à 180 km/h, avec des rafales jusqu'à 200 km/h détruisant de nombre des bâtiments et provoquant des inondations dans de nombreuses maisons.

 

Inondations après le cyclone Haruna dans la ville de Tulèar - photo de Jan Marc Besse su facebook

Inondations après le cyclone Haruna dans la ville de Tulèar – photo de Jan Marc Besse su facebook

Andriamihaja Guénolé, habitant à Tuléar, raconte les tragédies personnelles des habitants de la région:

J’ai entendu dire que des parents, dans l’espoir de sauver leurs 3 enfants, les ont enfermés dans un placard. Ce dernier a été emporté par les eaux, on n’a plus aucune nouvelle, on ne sait pas si les enfants sont en vie. Une autre mère pas trop chanceuse, est tombée dans un puits avec son bébé dans les bras. Ni l’enfant, ni sa mère n’ont pu être sauvés. Mais on oublie souvent que si une telle catastrophe s’est produit après le passage de la forte tempête tropicale Haruna, c’est parce que des malins s’amusent à voler les gabions  qui longent la digue. Cependant, l’heure n’est pas au moment de désigner des coupables. Il est maintenant impératif de venir en aide aux sinistrés et rebâtir Tuléar.

 

En termes de dégats matériels, Le BNGRC fait état de :

  • 9 965 sans abris
  • 1 120 cases détruites
  • 6 351 ha champs de cultures inondés

Nianja Ranovelo publie sut le site du bureau des photos qui montrent l’impact des inondations:

 

Inondations à Tuléar - Domaine public via The Nation

Inondations à Tuléar – Domaine public via The Nation

Le secrétaire exécutif du Bureau, Raymond Randriatahina, affirme aussi que:

La ville de Morombe (dans la même région que Tuléar) a été détruite à 70%

 

Sur facebook, Noeliniayna Randrianarisoa ajoute que:

Chez nous à Ambovombe, onze morts, et 02 portés disparus

Voici une video de la Route d'Ambohitsabo, à Tuléar, publiée par Djedaw sur YouTube, qui illustre le niveau des inondations dans la ville:


et une autre vidéo de TVPlusReplay :

Solidarité avec la région 

De nombreux messages de solidarité ont été publiés sur de différents forums et pages facebook, certains demandant comment ils peuvent aider les sinistrés.

Lalah à Antananarivo écrit à son ami à Tuléar:

De tout cœur avec les gens de Tuléar et une pensée spéciale pour toi mon cher ami Andriamihaja Guénolé

Lomelle à Mahajanga, ajoute:

Juste en voyant les photos d'après, on a le sang glacé. On est de tout coeur avec vous et j'espère que tu vas bien

 

Des associations se sont organisés pour venir en aide. Par exemple, Vatofototra propose une collecte de dons pour les sinistrés.  La Jeune chambre internationale (JCI) de Tuléar et Axius ont eux organisé une distribution de vivres et de produits de première nécessité.

Des agences spécialisés se sont aussi vite déployées. Ainsi, la Plateforme d’Intervention régionale de l’océan Indien de la Croix-Rouge française (PIROI) a été activée et acheminera depuis La Réunion 35 tonnes de matériel humanitaire.

Action contre la Faim publie aussi un rapport de leurs actions dans la région suite au cyclone :

Un avion de 15 tonnes affrété par ACF et parti hier de Lyon arrive aujourd'hui à Madagascar pour apporter en urgence sur le terrain du matériel permettant d'assurer aux populations sinistrées un accès à l'eau potable : plus de 20 réservoirs, station de traitement de l'eau, pompes

 

Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) a lui aussi commencé à fournir une assistance alimentaire d'urgence auprès de 7800 personnes déplacées :

Le PAM distribue environ 40000 paquets de biscuits énergétiques nutritifs ainsi que 23 tonnes de riz, légumineuses et huile enrichie en vitamine A à Toliara

Burundi: Une marche de soutien au journaliste Ruvakuki réprimée

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Depuis que le mardi 8 janvier 2013, la justice burundaise a condamné en appel le journaliste et correspondant du service en swahili de Radio France Internationale (RFI) Hassan Ruvakuki, les professionnels des médias manifestent chaque mardi devant le palais de justice. Cependant, le 19 février 2013, une répression violente contre les manifestants éclate dans Bujumbura.

Le blog africanaute.com publie un billet relatant les évènements:

La police a dispersé ce mardi 19 février 2013, à Bujumbura une marche des journalistes pour demander la libération du correspondant local de la Radio France Internationale (RFI, section Swahili), Hassan Ruvakuki.

Dans la débandade généralisée, certains manifestants ont été blessés, tandis que d'autres ont été victime de malaise lié à l'inhalation de gaz lacrymogène.

Des manifestations de soutien à M. Ruvakuki se sont multipliées ces derniers temps dans les rues de Bujumbura, mais c'est la première fois que la police fait recours à la violence contre le manifestants.

 

Rémy Harerimana remarque sur le blog echos-grandslacs.info que le 19 février 2013:

Aujourd’hui certains des représentants des organisations de la société civile burundaise se sont joints aux journalistes dans ces manifestations. Nous devons être solidaires a indiqué Faustin Ndikumana, président de la PARCEM, une organisation de la société civile.

 

Mais comment en est-on arrivé là ?

Le site categorynet.com rappelle comment le calvaire de Hassan Ruvakuki a commencé:

Hassan Ruvakuki est accusé de complicité avec un groupe rebelle pour s'être rendu en Tanzanie, en novembre 2011, afin de couvrir la naissance d'un mouvement d'insurrection. Le journaliste, emprisonné depuis le 28 novembre 2011, avait été condamné en première instance à la prison à perpétuité pour “terrorisme”.

Après une requalification des charges en “participation à une association formée dans le but d'attenter aux personnes et propriétés” et plusieurs ajournements d'audience, la Cour d'appel avait commué la sentence en trois ans de prison ferme.

Sourd aux protestations internationales, le ministère de la Justice a utilisé le prétexte d'un pourvoi en cassation par le ministère public pour s'opposer à la libération conditionnelle du journaliste. Le pourvoi n'a cependant pas été notifié à l'avocat de Hassan Ruvakuki.

 

Un billet de Marie Umukunzi publié sur le blog jambonews.ne critique les conditions de déroulement du procès:

Le procès a été entaché par de nombreuses violations telles que la détention du journaliste dans le camp militaire de Cankuzo, un séjour au commissariat de police dépassant la durée légale prévue par la loi, le refus au journaliste d’une assistance juridique lors du passage devant le juge qui a prononcé la mise en détention.

L’avocat du journaliste, maître  Onésime Kabayabaya a mis en évidence l’ingérence du pouvoir politique dans cette affaire judiciaire. Sur les ondes de RFI, il déclare que le premier vice président burundais aurait accusé le journaliste d’être coupable d’actes de térrorisme lors d’une rencontre avec le corps diplomatique.  De plus, le Président burundais Pierre Nkurunziza défendait sur les ondes de la BBC la condamnation du journaliste.

Le site burunditransparence.org avait publié à l'issue du premier procès en juin dernier un billet remarquant que:

Ce Mercredi 20 Juin 2012 à CANKUZO, le Tribunal de Grande Instance de cette entité administrative a condamné le journaliste Hassan RUVAKUKI de la radio BONESHA FM de Bujumbura et de la RFI pour une peine à perpétuité. Seize (16) de ses coaccusés ont été également condamnés de la même peine, au moment où neuf (9) autres ont été condamnés pour une peine de quinze (15) ans.

La raison de cette condamnation d'Hassan RUVAKUKI n'est autre que de s'être entretenu avec le chef des rebelles ou insurgés des FRD-ABANYAGIHUGU. Chose pourtant très normale pour tout homme engagé dans le journalisme. Partout au monde, les journalistes de grandes chaines de radios et de télévisions comme CNN, FRANCE 24, TV5, ALDJAZIRA, RFI, BBC, etc.. ne s'abstiennent pas d'engager des interview avec les rebelles, les insurgés et voir même des terroristes et aucun pouvoir ne les a collé les identités de ces derniers.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/01/Road_between_Bujumbura_and_Congo_border_-_Flickr_-_Dave_Proffer_%284%29.jpg/320px-Road_between_Bujumbura_and_Congo_border_-_Flickr_-_Dave_Proffer_%284%29.jpg

A la frontière entre Le Burundi et la République démocratique du Congo. L'emprisonnement des journalistes ne peut pas empêcher les nouvelles de se répandre. Photo de l'utilisateur de Flickr par Dave Proffer via wikimedia.org/wikipedia/commons

Depuis son accession à l'indépendance, en 1962, le Burundi ancienne colonie belge, a vécu entre violences et guerres civiles séparées par de rares moments de répit. L'arrivée au pouvoir de Pierre Nkurunziza, ancien professeur de sport et ex-chef rebelle, à la tête du Burundi avait soulevé des espoirs d'une paix durable, ayant été personnellement lui-même blessé lorsqu'il était dans la guérilla de 1993 à 2003. Élu en 2005 chef du gouvernement par l'Assemblée nationale et le Sénat, issus des accords, signés sous l'égide de Nelson Mandela à Arusha le 29 août 2000. En 2010, il a été réélu, au suffrage universel, président avec plus de 91 % des voix, l'opposition ayant boycotté les élections.

Le site fr.rsf.org/report-burundi dénonce dans BURUNDI BAROMÈTRE DE LA LIBERTÉ DE LA PRESSE 2013:

Élu à la tête du pays en 2005, le président Pierre Nkurunziza a beau claironner son attachement à la liberté de la presse, rien n’y fait. Les journalistes du Burundi sont entrés, depuis son accession au pouvoir, dans une période de menaces et d’incertitudes. Certains ont été incarcérés. Plusieurs autres ont quitté le pays, de peur de tomber à leur tour dans le piège tendu par les services de sécurité aux hommes et femmes de médias qu’ils considèrent comme des “perturbateurs”.

Une conférence s'est tenue à Genève les 29 et 30 octobre 2012, réunissant le gouvernement du Burundi et de pays étrangers, des partenaires au développement et des organisations de la société civile nationale et internationale, dans le cadre du deuxième Cadre stratégique de croissance et de lutte contre la pauvreté (CSLP II) couvrant la période 2012-2016. Elle devait permettre de discuter de la paix et de la bonne gouvernance.

Avant cette conférence, tout en saluant des avancées positives sur le plan des mesures prises par le gouvernement en matière des libertés civiles et  la réconciliation nationale, l'ONG Human Rights Watch avait publié ses recommandations aux participants dans un article intitulé Burundi: Recommandations en matière de protection des droits humains pour la conférence de Genève   

Les organisations de la société civile et les médias sont généralement en mesure de s’exprimer librement et d’enquêter lorsque des violations des droits humains sont commises, et de les dénoncer. Mais en même temps, ces libertés fondamentales sont menacées. Des militants et des journalistes burundais subissent des tentatives répétées d’intimidation, des actes de harcèlement et des menaces de la part de responsables du gouvernement ou des services de renseignement. Plusieurs projets de loi présentés en 2012 à l’Assemblée nationale, dont une version révisée de la loi sur la presse et une loi sur les réunions publiques, contiennent de sévères restrictions aux libertés d’expression et de rassemblement.

Selon un billet publié par le site arib.info, ce 26 février 2013, les travailleurs du secteur de l'information portant des T-shirts à l'effigie de Hassan Ruvakuki, se sont encore regroupés place de l'Indépendance, en plein centre-ville de Bujumbura, pour entamer une marche silencieuse vers le Palais de justice.

Ce soutien à Hassan Ruvakuki dépasse les frontières du Burundi. Plus de 2650 travailleurs de médias, de groupes de presse et des sympathisants de plusieurs pays d'Afrique ont signé une pétition pour exiger sa libération.

Les dirigeants burundais doivent comprendre, comme ceux d'autres pays africains, que le non respect des textes législatifs dans la gestion du pouvoir finit toujours par engendrer la violence et l'instabilité politique.

Le Portugal conteste l'austérité sur un air de la révolution des oeillets

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Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.

Des milliers de Portugais, exaspérés par les mesures d'austérité imposées par leur gouvernement, se promettent de remplir à nouveau les rues du pays, le 2 mars 2013.

L'appel à manifester prend de l'ampleur sur les sites de réseaux sociaux, comme pour les mobilisations de masse des 15 septembre 2012 [en anglais] et 12 mars 2011 qui avaient contribué à la chute du dernier gouvernement [en anglais]. Bon nombre de rassemblements s'organisent en ce moment sur Facebook [en portugais], où les messages de mécontentement prolifèrent.

Le blog Que Se Lixe a Troika (Que la Troïka se fasse f…) [en portugais] collecte les appels à participer au mouvement, comme celui-ci [en portugais] de José João Louro :

Não é tempo para recriminações. Muitos deixaram-se enganar. Agora é um tempo de mobilização contra a apatia e contra a aceitação do sofrimento colectivo. É um tempo de abandonar as televisões e as telenovelas e ir para a rua protestar. É um tempo de participar em todas as manifestações de protesto, sejam convocadas pelos sindicatos ou por pessoas anónimas. Não é tempo de ver quem está ou quem não está, é tempo de estarmos todos.

Ce n'est pas le temps des récriminations. Beaucoup se laissent duper. C'est maintenant un temps de mobilisation contre l'apathie et contre l'acceptation de la souffrance collective. C'est le temps d'abandonner les téléviseurs et les feuilletons et d'aller protester dans la rue. C'est le temps de participer à toutes les manifestations de protestation, qu'elles soient convoquées par les syndicats ou des individus anonymes. Ce n'est pas le temps de voir qui y va ou pas, c'est le temps d'y aller tous.
Poster shared on the page of the event Screw The Troika. The People are In Charge!

Affiche partagée sur la page de l'événement “Que la troïka se fasse f… C'est le peuple qui commande !”

Décision exceptionnelle, la plus grande fédération syndicale du pays, la Confédération Générale des Travailleurs Portugais, a confirmé par son secrétaire général Arménio Carlos que les syndicalistes seront aussi dans la rue “avec ceux qui réclament de nouvelles politiques et un changement de gouvernement”, comme on le voit dans cette vidéo [en portugais], diffusée par les responsables du blog Aventar. Un pas d'autant plus remarquable qu'il n'y a jamais eu de participation officielle de la confédération syndicale à une manifestation qui n'aurait pas été organisée par elle-même ou un de ses syndicats affiliés.

Les politiques cunspués par un chant

Négligée par les médias classiques, la contestation s'est fait connaître de l'opinion par une série d'actions visant à empêcher les ministres de parler lors de certaines de leurs apparitions publiques.

Dans ce but, les manifestants ont redonné vie à une chanson historique, composée et interprétée par Zeca Afonso, qui avait été utilisée comme le deuxième signal de la révolution qui a emporté la dictature portugaise dans la nuit du 25 avril 1974. La chanson, Grândola, Vila Morena, est devenue le symbole de la révolution et de la démocratie au Portugal.

C'est au Parlement qu'a eu lieu la première de ces actions, lorsqu'un groupe de citoyens a interrompu le discours du Premier Ministre Pedro Passos Coelho, lors du débat de la quinzaine du 15 février 2013, ignorant les injonctions du président de l'assemblée de sortir ou se taire [en portugais] :

L'opération a été louangée [en espagnol] sur Twitter par le journaliste Jesus Maraña, ancien directeur du journal espagnol Público et actuel directeur du journal en ligne infoLibre, qui l'a qualifiée de “magnifique forme de protestation”.

Ensuite, le Ministre adjoint des Relations avec le Parlement Miguel Relvas [en anglais], dont le parcours est des plus controversé [en anglais], a été interrompu deux fois : la première, à Vila Nova de Gaia pendant un discours [en portugais] devant le Clube dos Pensadores (Club des Penseurs), où il a essayé de contre-attaquer, et la deuxième, à Lisbonne lors d'une conférence sur l'avenir du journalisme organisée par la télévision TVI. Et là, les contestataires ne se sont pas contentés de chanter Grândola, Vila Morena, ils ont aussi scandé des slogans forçant le ministre à s'en aller sans avoir pu parler, comme le montre cette vidéo [en portugais] :

Nombre de politiciens, ex-politiciens, et commentateurs ont qualifié ces actions d'anti-démocratiques. Le premier a été Luís Montenegro, le chef de file du parti Social-Démocrate qui mène la coalition au pouvoir, déclarant au journal Público [en portugais] que :

Não há democracia se os representantes legítimos do povo, por estes eleitos directa ou indirectamente, forem impedidos de expressar o seu pensamento.

Il n'y a pas de démocratie si les représentants légitimes du peuple, élus par lui directement ou indirectement, sont empêchés d'exprimer leurs opinions.

Puis c'est l'ex-ministre socialiste Augusto Santos Silva, qui a appelé ces comportements “anti-démocratiques” et “inacceptables” dans un entretien [en portugais] avec la chaîne TVI24. Le rédacteur en chef de TVI lui-même, José Alberto Carvalho, a dit [en portugais] :

Liberdade de expressão é a liberdade para as pessoas se manifestarem, para protestarem, contestarem, criticarem. A liberdade de expressão termina no momento em que, por excesso dessa liberdade de expressão, impedimos os outros de se manifestarem eles próprios.

La liberté d'expression est la liberté pour les personnes de manifester, protester, contester, critiquer. La liberté d'expression s'arrête au moment où, par excès de liberté d'expression, nous empêchons les autres de se faire entendre.

Dépourvus de l'espace privilégié dont jouissent dans les médias les personnalités mentionnées plus haut, les citoyens ordinaires et anonymes n'ont pas renoncé à leurs méthodes de protestation et à leur tactique pour faire taire les ministres.

Poster disseminated on Facebook and Twitter, announcing the presence of the Minister of Internal Administration, in Guarda.

Affiche répandue sur Facebook et Twitter, annonçant la présence du Ministre de l'Administration Intérieure Miguel Macedo à Guarda.

Les sites de réseaux sociaux continuent à être utilisés pour appeler aux actions et publier où de nombreux membres du gouvernement seront présents. Le dernier week-end de février 2013, le ministre de l'administration intérieure à Guarda et celui de l'économie à São João da Madeira ont été accueillis par le chant révolutionnaire, malgré une présence policière renforcée.

Le chant a déjà traversé la frontière avec l'Espagne pour devenir un symbole de la protestation ibérique.

Coïncidence, le compositeur de la chanson, Zeca Afonso, est mort il y a 26 ans, le 23 février 1989. Pour commémorer la date, Grândola Vila Morena a été chanté sur le Largo do Carmo à Lisbonne, là où la révolution de 1974 avait atteint son apogée.

Sur YouTube, Lara Sardinha, une décoratrice d'intérieure de 34 ans au chômage, a réalisé un hommage vidéo à la chanson et l'a dédié à “n meilleur Portugal” [portugais et anglais] :

Surveiller les discours dangereux au Kenya

Le problème foncier au Kenya

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Chrenyan discute du problème foncier, qui est devenu un enjeu électoral au Kenya: “C'est une injustice historique que la famille Kenyatta possède (dit-on) plus d'un demi-million d'hectares de terres, partout dans le pays (y compris des milliers d'hectares dans la province côtière). La justification selon laquelle ces terres ont été achetées n'est pas une raison valable, parce que le plus important ici n'est pas le fait que le terrain ait été acheté.”

USA et Corée du Sud : Une démonstration de force, et après ?

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Ce billet fait partie de notre dossier Relations Internationales et sécurité.

US troops rendering honors to the Republic of Korea Navy destroyer

Les troupes américaines saluent le destroyer sud-coréen Photo: US Navy sur flickr (CC BY-NC-ND 2.0)

[Les liens renvoient vers des pages en anglais, sauf mention contraire] Le troisième essai nucléaire nord-coréen a fourni l’opportunité idéale aux Etats-Unis et à la Corée du Sud pour répondre avec leur propre démonstration de force militaire. Deux jours après l’essai, la Corée du Sud a présenté un missile de croisière, qui, affirme Séoul, pourrait atteindre sa cible n’importe où dans le Nord. Ce mois-ci, c’était aussi la première fois depuis presque vingt ans qu’un sous-marin nucléaire américain équipé de missiles Tomahawk entrait dans les eaux sud-coréennes.

Ainsi, le cycle sans fin de la provocation nord-coréenne, des manoeuvres militaires conjointes et de la guerre des mots continue. Il est encore difficile de trouver une bonne analyse des prochaines étapes qui devront être empruntées pour sortir de l’impasse dans la péninsule.

Le célèbre blogeur sud-coréen ImPeter, par exemple, a déconseillé [en coréen] les attaques préventives contre les installations nucléaires du Nord, une stratégie que le Ministère de la Défense a récemment appelée la « chaîne de frappe ». Séoul a plutôt besoin de développer un meilleur plan de secours, au lieu de compter simplement sur le parapluie nucléaire fourni par les Etats-Unis. ImPeter affirme aussi que même si les systèmes anti-missiles s’améliorent, il y a toujours une marge d’erreur significative qui pourrait avoir des conséquences fatales :

Il y a simplement trop de facteurs incontrôlables dans une guerre qui ne peuvent être prévus même en prenant en compte attentivement toutes les données que l’on pourrait agréger. Si nos prévisions sont incorrectes, les conséquences pourrait être catastrophiques [..]. Quand la Corée du Nord allait de l'avant avec ses essais nucléaires, tous les médias ont répété que la Corée du Sud pourrait lancer des frappes préventives [sur les armes nucléaires nord-coréennes]. Mais ils n’ont jamais mentionné la possibilité que ces frappes pourraient échouer et avoir des conséquences bien plus sérieuses : peut-être une guerre totale.

En effet, mettent aussi en garde les commentateurs, quelle que soit la pression des USA et de leurs alliés sur Pyongyang, le Nord a assez d'artillerie (en-dehors des armes nucléaires) pour frapper et causer des dommages considérables à Séoul.

Miguki, dans Asia Pundits, examine la possibilité d'une guerre sur la péninsule coréenne :

Maintenant, pour moi, la plus grande question est de savoir pourquoi le monde veut-il que le Nord commence une guerre ? Ma seule explication, c'est que dès qu'ils auront quelques armes nucléaires et qu'ils seront rassurés d'avoir la possibilité de frapper les Etats-Unis avec, ils pourraient y trouver leur ultime sécurité. C'est ce qui m'inquiète vraiment. Que le Nord ne soit plus proche d'être un “acteur rationnel” et qu'une fois qu'ils seront capables d'atteindre les Etats-Unis avec une frappe nucléaire, ils pourraient attaquer le Sud en pensant qu'ils peuvent réellement faire la réunification à leurs conditions.
J'imagine quelque chose de ce genre : la Chine en a finalement assez du Nord, arrête de leur fournir une aide alimentaire puis le Nord devenant fou, se déchaîne de rage. (Un autre scénario que j'ai entendu est que le Nord ferait un barrage d'artillerie sur Séoul, puis s'arrêterait, sentant qu'ils ont atteint leur objectif.)

Sur la base de ces sombres prédictions, la dénucléarisation de la Corée du Nord, un sujet majeur pendant des décennies, semble maintenant une perspective vague et lointaine. En effet, le président sud-coréen Lee Myung-bak aurait abandonné l'espoir de la dénucléarisation, une opinion partagée dans la communauté internationale. Dans un article pour le Royal United Services Institute, Edward Schwarck et Andrea Berger ont fait valoir:

La différence cette fois-ci,cependant, c'est que le programme nucléaire du Nord n'est plus négociable. Ces dernières années,l'engagement avait une motivation nucléaire. Mais le changement de discours de Pyongyang sur la dénucléarisation suggère que ça pourrait ne plus être une approche possible pour l'Occident et ses alliés. Pyongyang a délibérément emprunté la rhétorique de l'Occident pour mettre en évidence un double standard que les pays détenteurs de l'arme nucléaire pourront difficilement contester. La logique mise en avant par lrégime nord-coréen est partagée par Washington, Londres et Paris : un pays du club nucléaire cherchant à garantir la sécurité de ses citoyens doit conserver une dissuasion crédible aussi longtemps que d'autres continuent de posséder des armes nucléaires.

James Acton de la Fondation Carnegie pour la paix internationale a proposé une approche plus subtile afin de déplacer la priorité de la dénucléarisation vers la non-prolifération.

Alors que périodiquement corrompre Pyongyang pour suspendre les essais nucléaires et militaires pouvait ralentir le programme, le régime nord-coréen semble avoir conclu que les armes nucléaire sont tout simplement trop importantes pour sa propre survie pour y renoncer.
Les États-Unis ne devraient pas abandonner officiellement la politique de dénucléarisation ou publiquement «accepter» la Corée du Nord en tant que légitime possesseur de l'arme nucléaire. Toutefois, il faut concentrer ses efforts sur d'autres objectifs réalisables : la dissuasion et la non-prolifération. Les plans des Etats-Unis et de leurs aliés pour dissuader la Corée du Nord sont relativement avancés.
En revanche, alors que le défi de la prolifération découlant de la Corée du Nord n'a pas été complètement ignoré, il n'a attiré ni l'attention ni l'énergie qu'il mérite.

Acton conseille aux Etats-Unis de consulter les pays concernés, en particulier la Chine, pour ralentir le rythme du développement nucléaire nord-coréen et d'avoir plus de dialogue.

Le programme nucléaire controversé nord-coréen fera des vagues dans les milieux politiques, militaires et diplomatiques dans un avenir déjà prévisible. Mais le temps est compté pour la Corée du Sud et les Etats-Unis afin de faire face à la Corée du Nord avec les bonnes cartes en main.

ISN logoCet article et ses traductions en espagnol, arabe et en français ont été commandés par le Réseau International de Sécurité (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné à faire entendre les points de vue des citoyens sur les relations internationales et les questions de sécurité dans le monde. Ce article a été publié sur le blog d'ISN, voir des articles similaires ici.

Le Harlem Shake s'empare de Trinidad et Tobago

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La dernière folie de mème Internet, le Harlem Shake, dans lequel les gens dansent sur cette musique a maintenant envahi Trinidad et Tobago - située de l'autre côté du monde d'où est parti le mème dans le Queensland en Australie.

A ne pas confondre avec la danse originale du Harlem Shake, la version mème inclut essentiellement un personnage principal dansant seul durant un moment et qui est ensuite rejoint par le reste de la troupe se rapprochant dans des mouvements de danse exubérants. Comme pour tout mème vidéo, il est facile à reproduire puisqu'il implique seulement un angle de prise de vue et un jump-cut, presque tout le monde peut le faire et certains l'on fait d'ailleurs partout dans le pays. La tendance est devenue si populaire que même les médias traditionnels locaux en parlent.

Le blog mekmilaugh, qui a compilé une playlist  de certaines vidéos a noté que :

 Même en cette fin de Carnaval, les Trinidadiens ont trouvé le temps de rentrer dans le phénomène internet généré par le Harlem Shake de Baauer où les gens à travers le monde ont réalisé de petites vidéos dingues sur la musique.”

Voici un échantillons de certaines videos……… version trinidadienne Harlem Shake !

Une de Synergy TV :

….. une autre issue du site web social et de divertissement triniscene.com qui s'est mis en quatre, sans oublier les confettis………

….et une autre issue de Macoya Gardens - ‘l'édition de la rue” :

 Sandwich Media a publié celle-ci qui a vraiment un air de Carnaval. Ils l'ont baptisée : édition “front de mer”, puisqu'elle a été filmée devant l'hotel Hyatt Regency qui offre une vue sur le Golfe de Paria :

Même les vagabonds qui peuplent les rues de la capitale Port of Spain semblaient s'inviter au phénomène.

Finalement l'approche la plus artistique vient de jtography dont l'animation image par image est à la fois habile et divertissante :

 La vignette utilisée pour ce billet provient de wayneandwax, utilisée sous licence  Creative Commons Générique Non commercial-Sharealike 2.0. Visitez le compte de wayneandwax sur flickr.

L'opposition demande que la Zambie sorte du Commonwealth

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Ce billet fait partie de notre dossier central en anglais  Relations internationales et sécurité

President Sata when he was an opposition leader

Le Président Sata, victime du” Public Order Act” ( Loi de sécurité publique) alors qu'il était leader de l'opposition en Zambie . Photo avec l'autorisation de “Zambian watchdog”.

Les partis d'opposition zambiens ont demandé que la Zambie sorte du Commonwealth, du fait d'une détérioration du climat politique dans leur pays. Ils accusent le parti au pouvoir Front Patriotique, du gouvernement de Michael Sata de recourir à la Loi de sécurité publique (Public Order Act) pour restreindre gravement l'activité des partis d'opposition. Ceci ne manque pas de sel, car Michael Sata, le président actuel, a été victime de cette loi alors qu'il était leader de l'opposition. Depuis son arrivée au pouvoir, celui-ci a déclaré qu'il était maintenant tombé amoureux de cette loi.

Deux leaders de l'opposition, Nevers Mumba du mouvement pour un multipartisme démocratique (MMD) et Hakainde Hichilema du Parti Unifié pour le Développement National (UPDN) sont actuellement devant la justice pour plusieurs délits politiques visés par ladite Loi de Sécurité Publique. Mumba et Hichilema ont assisté au récent congrès des leaders de l'opposition zambienne en Afrique du Sud : Hichilema a déclaré lors d'une conférence de presse que la Coalition pour la défense des droits démocratiques (CDDR) qu'ils ont constituée a fait une demande d'exclusion de la Zambie du Commonwealth.

Si vous considérez objectivement l'ensemble des abus commis par ce gouvernement non seulement contre les partis de l'opposition mais aussi contre la société civile et les concurents commerciaux de ses amis, il est bien difficile de ne pas conclure que nous sommes sur le chemin d'un retour à la politique du parti unique.

Lors de cette même conférence, Mumba a expliqué pourquoi la CDDR devait faire une déclaration internationale sur ce problème.

Si on respectait les droits de l'homme en Zambie nous ne serions pas là ….. Nous sommes ici aujourd'hui parce que ce qui se passe dans ce pays ressemble fort à ce qui s'est passé dans l'Ouganda sous Idi Amin Dada. Nous refusons de perdre les bénéfices de l'indépendance et nous sommes ici pour le dire à la communauté internationale.

Le Président Sata a publiquement annoncé que les leaders de l'opposition avaient demandé asile en Afrique du Sud, déclaration que le président sud-africain Jacob Zumba a rejetée après le retour de Mumba et Hichilema en Zambie. Encore plus gênante pour le gouvernement, la déclaration de Kennedy Sakeni, porte-parole du gouvernement et ministre de l'information disant que l'ancien président Rupiah Banda était aussi présent lors de la conférence de presse. le bureau de l'ancien président a aussitôt démenti cette déclaration.

Un parti d'opposition, le Parti pour la Restauration Nationale, a toutefois critiqué le fait que la CDDR ait organisé son congrès sur une terre étrangère. Aquino Mutale, représentant du parti de la “Ligue des jeunes”, a déclaré :

A aucun moment un parti politique d'opposition ne s'est vu refuser le droit d'organiser, à son siège, une conférence de presse. Pas même le docteur Nevers Mumba depuis son domicile de Kabulonga ! Nous demandons aujourd'hui : pourquoi ce choix de l'Afrique du Sud ?……Si ce qu'ils demandent au Commonwealth est accordé, qui en subira les conséquences ? N'est-ce pas ce même peuple pour lequel il disent parler ? N'est-ce pas le citoyen ordinaire de Zambie qui lutte pour sa survie?

Ray Panji Mwanza écrit sur la page Facebook du Zambian Eye ( l'Oeil de Zambie)

C'est quand même drôle : on se plaint des conséquences au lieu de viser la cause…. cette conférence de presse et toutes ces doléances sont simplement les fruits de la gouvernance à l'ancienne de Sata…. si on ne veut pas que notre nation finisse comme un autre Zimbabwe, il ne faut pas condamner Nevers et ses amis, mais la dictature anachronique du Front patriotique !

ISN logoCe billet et ses traductions en espagnol, arabe et français, sont une commande du Réseau de Sécurité Internationale (ISN) dans le cadre d'un partenariat destiné aux citoyens de donner leur point de vue sur les questions de relations internationales et de sécurité. Ce billet a été d'abord publié sur le blog ISN, vous pouvez retrouver des articles similaires ici.

Arrestation de “La Maestra”, la puissante dirigeante syndicale mexicaine

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Elba Esther Gordillo Morales, présidente du Syndicat National des Travailleurs de l'Éducation (“SNTE”) et personnage polémique de la scène politique mexicaine a été arrêtée ce mardi 26 février 2013 pour blanchiment d'argent.

Pendant plus de 20 ans, Elba Gordilla, alias “La Maestra” ["la Professeur"], a dirigé la SNTE, sans doute la plus grande organisation syndicale d'Amérique latine. “La Maestra” a également fondé Nueva Alianza, parti politique minoritaire qui, lors des élections de l'an dernier, a présenté Gabriel Quadri de la Torre comme candidat à la présidence de la République.

Elba Gordillo est accusée du délit fédéral “d'opérations avec des fonds d'origine illicite”, plus connu en français sous le nom de “blanchiment d'argent”, puni d'une amende et de 5 à 15 ans de prison. Son arrestation, ordonnée par l'autorité judiciaire, a eu lieu dans l'État de Mexico alors qu'Elba Gordillo débarquait à l'aéroport dans un avion privé en provenance des États-Unis.

Elba Esther Gordillo, imagen de Wikimedia Commons bajo licencia Creative Commons  (CC-BY-NC-ND)

Elba Esther Gordillo, image de Wikimedia Commons sous licence Creative Commons (CC-BY-NC-ND)

Le délit mentionné ci-dessus est considéré comme grave par la loi pénale mexicaine. Ceci signifie principalement que l'inculpée ne pourra pas obtenir de liberté conditionnelle sous caution pendant toute la durée du procès. Il n'est pas écarté que d'autres délits lui soient imputés par la commission, notamment celui de fraude fiscale, ou qu'elle fasse l'objet d'une enquête et soit jugée comme membre de la délinquance organisée, ce qui impliquerait des peines plus sévères.

Après son arrestation, Elba Gordillo a été internée au Centre de Détention Santa Martha Acatitla [espagnol] du District Fédéral.

L’évènement a suscité de nombreuses réactions au Mexique, que ce soit pour se réjouir ou pour exprimer un certain scepticisme.

Le journaliste Carlos Puig [espagnol] a ainsi décrit le pouvoir possédé par “La Maestra” depuis son arrivée à la tête du SNTE :

En 24 años la señora Gordillo creció, acumuló dinero y poder. Entendió que su fuerza dependía en buena manera de lo que consiguiera para sus agremiados y fue generosa: privilegios, cuidados, salarios, plazas. Allá adentro la adoraban. La hicieron lideresa para siempre y para todo. Se enfrentó a su partido con furia y cuando se hartó formó otro. Se aprovechó de los bisoños panistas y logró posiciones en el gobierno y una intervención directa en la elaboración de la política educativa.

Empezó a lucir sus riquezas, era público que vivía por temporadas en la zona más lujosa de San Diego; presumió sus gustos caros, la afición por los vuelos privados. Desestimó los sondeos que le decían que era un personaje poco querido. Que las encuestas la ponían en los últimos lugares de popularidad asociada con corrupción, cinismo.

Como había visto a Salinas, vio a Zedillo utilizar la fuerza del gobierno y la utilización de la PGR para borrar adversarios políticos pero no aprendió.

Ella se creyó inmune. Creyó que seguía tratando con panistas, tal vez. Y estiró y estiró la liga hasta que la rompió.

En 24 ans, l'importance de Madame Gordillo s'est accru, alors qu'elle amassait argent et pouvoir. Elle a compris que sa force dépendait essentiellement de ce qu'elle pourrait obtenir pour ses affiliés et elle a su être généreuse : privilèges, petites attentions, salaires, postes. Là-bas, ils l'adoraient. Ils en firent leur chef pour tout et pour toujours. Elle a violemment affronté son parti et quand elle s'est lassée, elle en a créé un autre. Elle a profité du peu d'expérience du PAN [Parti d'Action Nationale au pouvoir de 2000 à 2012] pour obtenir des postes au gouvernement et un rôle direct dans l'élaboration de la politique éducative.

Elle a commencé à faire étalage de ses richesses, il était de notoriété publique qu'elle passait une grande partie de l'année dans le quartier le plus luxueux de San Diego ; elle affichait ses goûts de luxe, sa passion pour les avions privés. Elle a ignoré les sondages révélant qu'elle était peu appréciée. Dans les enquêtes de popularité, elle figurait dans les dernières places, associée à la corruption, au cynisme.

Tout comme elle avait été témoin des actions de Salinas, elle a vu Zedillo utiliser la force du gouvernement et la PGR [ministère de la justice] pour éliminer ses adversaires politiques, sans en tirer de leçon.

Elle se croyait à l'abri. Peut-être a-t-elle cru qu'elle avait toujours affaire au PAN. Et elle a tiré sur la corde jusqu'à ce que celle-ci se rompe.

Quant au journaliste Carlos Loret de Mola, un des principaux détracteurs d'Elba Gordillo, il en dresse le portrait suivant :

La persona que más daño le ha hecho a la educación en México, la dirigente sindical que robó dinero de los maestros para enriquecerse, la mujer que quitó dinero de las aulas de los niños para beneficiarse personalmente, está tras las rejas.  Le llamarán “El Quinazo” del presidente Enrique Peña Nieto.

La personne qui a fait le plus de mal à l'éducation au Mexique, la dirigeante syndicale qui a volé l'argent des professeurs pour s'enrichir, la femme qui a privé les salles de classe des enfants d'argent pour son profit personnel est derrière les barreaux. On s'en souviendra comme du “Quinazo” du président Enrique Peña Nieto.

Pour comprendre cette déclaration, rappelons que le “Quinazo” fait référence à un épisode du début du sextennat du président Carlos Salinas de Gortari, en 1989, lorsque ce dernier fit arrêter un autre dirigeant syndical, Joaquín Hernández Galicia, surnommé “la Quina”.

Celui qui fut par deux fois candidat à la présidence de la République (et opposant véhément du régime actuel), Andrés Manuel López Obrador (@lopezobrador_), a décrit en ces termes l'arrestation de Mme Gordillo :

@lopezobrador: En busca de legitimidad el corrupto de EPN [Enrique Peña Nieto] recurre al quinazo contra su exsocia. Es afianzar el salinismo como política. Son otros tiempos.

Cherchant à asseoir sa légitimité, EPN [Enrique Peña Nieto] le corrompu a recours au quinazo contre son ex-acolyte. Il renforce le salinisme comme politique. Us d'un autre temps.

L'utilisatrice Claudia Flores Glz (@taller2006) abondait dans son sens :

@taller2006: Al final lo de la maestra #Elba es sólo un ajuste de cuentas, como se acostumbra en México.

Au final, cette histoire avec la maestra #Elba, c'est juste un règlement de comptes, comme toujours au Mexique.

L'universitaire Ciro Murayama a profité de l'occasion pour se moquer d'un des principaux journalistes du pays qui se trouvait alors à l'étranger, à la recherche d'un possible scoop à Rome :

@ciromurayama: López Dóriga, con su olfato periodístico, nos informa desde Roma lo que ocurrió en Toluca.

López Dóriga, avec son flair de journaliste, nous informe en direct de Rome des nouvelles de Toluca.

L'utilisateur Esteban Salinas (@probusmex) a rappelé l'objet central de ce type de délits : l'argent.

@probusmex: Bueno al fin detuvieron a Gordillo, espero que no pase lo que pasa siempre y se pierdan mágicamente esos miles de millones. Que los regrese!

Ils ont fini par arrêter Gordillo mais j’espère que, contrairement à ce qui se passe d'habitude, ces milliards ne vont pas disparaître comme par magie. Qu'ils soient restitués !

L'utilisateur surnommé Engaña Bobos (@luigif49) faisait remarquer que d'autres dirigeants syndicaux devraient partager le même destin que “La Maestra” :

@luigif49: Que bueno que Elba Esther Gordillo pague por ser tan RATA, pero ¿cuando caé Romero Deschamps, Martín Esparza y tantos igual de ladrones?.

Qu'Elba Esther Gordillo paie pour être une telle voleuse, voila une bonne nouvelle ! Mais à quand le tour de Romero Deschamps, Martín Esparza et tous ces autres profiteurs ?

Fernando Iglesias (@ELFERKING) en a profité pour exprimer sa joie suite à l'arrestation d'Elba Gordillo :

@ELFERKING: Detenciones como la de Elba Esther Gordillo me dan esperanza y me hace muy feliz, gente abusiva y ratera como ella y Deschamps deben pagar

Des arrestations comme celle d'Elba Esther Gordillo me remplissent d'espoir et de joie. Ces voleurs comme elle et Deschamps doivent payer pour leurs abus.

Le Dr. Miguel Carbonell (@MiguelCarbonell), chercheur et meneur d'opinion dans le domaine juridique au Mexique, notait :

@MiguelCarbonell: Al ser un proceso por delincuencia organizada los plazos se duplican. El juez tiene 6 días para dictar auto de formal prisión.

Comme il s'agit d'un procès pour délinquance organisée, les délais sont deux fois plus longs. Le juge dispose de 6 jours pour délivrer un mandat d'arrêt dans les formes.

Carbonell s'est également exprimé au sujet du centre pénitencier dans lequel Elba Gordillo a été placée :

@MiguelCarbonell: En el penal de Santa Martha Acatitla no se duerme con tanto comodidad como en San Diego, California. Ni modo. #Gordillo

Une chose est sûre : on ne dort pas aussi bien dans la prison de santa Martha Acatitla qu'à San Diego, Californie. #Gordillo

La nouvelle de l'arrestation d'une personne comme Elba Gordillo est un signe fort dans la société mexicaine, qui a subi pendant des décennies les pires outrages de la classe politiques et des pouvoirs de fait tels que le SNTE et autres syndicats. Les réactions vont certainement se poursuivre dans les prochains jours, mais le procès de “La Maestra” ne fait que commencer.

Entretien avec Maxime Kononenko, blogueur russe « non opposant »

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(Billet d'origine publié en russe le 10 décembre 2012)

Note de l'auteur : Dans le cadre d'une enquête pour un article approfondi, j'ai eu récemment un entretien par mails avec Maxime Kononenko (@kononenkome), pour en savoir plus sur ce qu'il pense de ses activités de blogueur «non opposant» et des mouvements sociaux sur la Toile. Maxime Kononenko est connu comme l'un des «pionniers» du Net russophone, comme journaliste, éditorialiste, programmateur et animateur télé, entre autres. Il se dit «libéral», bien que ses positions politiques le placent loin de l'opposition.

Un grand merci à Maxime Vitalievitch pour le temps qu'il m'a consacré et ses réponses ! (Merci aussi à Andreï Tselikov, qui a relu l'ébauche en russe de mes questions.) J'espère que le lecteur prendra autant de plaisir que moi à cette interview.

Maxime Kononenko. Photo issue de son fonds personnel, reproduite avec son autorisation.

Kevin Rotrok : Bonjour Maxime Vitalievitch, je voudrais savoir si l'on peut prouver que les blogueurs russes non issus de l'opposition représentent un mouvement social. Les spécialistes et les journalistes partent habituellement du postulat que les blogueurs n'appartenant pas à l'opposition russe en sont un, même s'ils forment en fait un groupe disparate et peu puissant. Je cherche à savoir quelles conclusions on peut tirer de la partie opposée : ces blogueurs qui ne sont pas dans l'opposition.

L'une des contributions les plus connues sur cette question nous vient du politologue américain Charles Tilly. Il écrit que les mouvements sociaux doivent réunir les facteurs suivants :

  1. une campagne : un effort public collectif soutenu et organisé pour construire des revendications dirigées vers les autorités ;
  2. une forme : le recours à plusieurs des formes suivantes de l'activité politique : création d'associations et organismes spécialisés, de rencontres, d'actions solennelles, de manifestations, meetings, création et diffusion de pétitions et de déclarations vers et à travers les mass medias et les débats ;
  3. une “démonstration de WUNC” : présenter les caractères suivants, de “notabilité” (worthiness), unité (unity), nombre (numbers) et engagement (commitments) de la part des participants eux-mêmes et/ou de ceux qu'ils représentent.

Kevin Rotrok A votre avis, la définition de Charle Tilly convient-elle pour caractériser votre travail de blogueur ? A moins qu'elle ne corresponde qu'en partie à vos activités ? Ou même que les facteurs de Tilly n'aient aucun rapport avec votre façon de bloguer ?

(Je souligne que je pars du principe que l'idée de Tilly ne coïncide pas tout à fait à la réalité de ce que font de nombreux blogueurs. Le WUNC et autres paramètres traditionnels datent un peu, d'avant le phénomène du blogging, qui de toute façon n'investit pas la rue avec banderoles et slogans, mais la sphère virtuelle.)

Deuxième question
Même si vous pensez que les termes de cette définition dans leur ensemble ne caractérisent pas votre façon de bloguer, j'aimerais savoir si certaines parties de sa théorie peuvent s'appliquer dans votre cas.

Troisième question
Enfin, indépendamment des réponses précédentes, je voudrais savoir comment vous percevez globalement le sujet principal de mon travail. Peut-on classifier des groupements de blogueurs comme mouvements sociaux ? Est-ce possible d'un point de vue scientifique, ou bien toute cette initiative se réduit-elle inévitablement à un petit jeu politisé ?

Maxime Kononenko : J'espère que vous comprenez bien une chose de base et d'importance sur la Russie : il y a vingt ans, nous vivions en Union soviétique. C'était une société plutôt particulière, totalement indigente sur le plan de la vie quotidienne, mais malgré tout relativement égalitaire. C'est-à-dire que tout le monde vivait mal mais, pour autant qu'elle concernait tout le monde, cette vie quotidienne indigente ne dérangeait personne en particulier.

Ensuite, de la manière la plus subite (en quelques semaines de l'hiver 1992) tout a changé de façon radicale. Et la société s'est brusquement divisée entre ceux qui ont su s'adapter à de nouvelles conditions antisociales (une minorité) et ceux qui ont continué à vivre comme avant (une écrasante majorité) ; ceux qui ont continué à vivre comme avant enviant beaucoup ceux qui se sont adaptés. Ils enviaient leurs voitures, la métamorphose de leur mode de vie, leurs voyages à l'étranger. Cette envie engendra la colossale tension sociale des années 90, époque où presque tous les revenus se sont trouvés répartis exclusivement au profit de ceux qui s'étaient adaptés (en particulier ces individus que l'on a appelés les «oligarques»).

C'est là que Poutine entre en scène. Et que les prix du pétrole augmentent. Poutine nationalise les entreprises des oligarques. Et dans les entreprises d'Etat, bien sûr, l'Etat prend des parts plus importantes. De plusieurs fois plus importantes que pour ceux entre qui sont répartis les profits. L'appareil bureaucratique est lui aussi multiplié. Tout cela, ajouté à une corruption totale, augmente encore le nombre de gens qui ne retirent qu'une minuscule parcelle du gâteau pétrolier. Et c'est alors que la situation sociale, paradoxalement, a commencé à s'égaliser. L'argent s'est mis peu à peu à arriver dans les régions. Les gens se sont mis à croire aux lendemains (ce qui était impossible sous Eltsine), se sont mis à faire des projets, à élever des enfants, à prendre des crédits, à acheter des voitures, des appartements et à faire construire des maisons. Et depuis lors c'est encore à cela que reste occupée l'écrasante majorité de la population russe : combler le besoin d'obtenir ce dont les gens étaient privés sous le pouvoir soviétique et Eltsine.

A Moscou ces dernières années s'est formée une couche sociale pour laquelle, en gros, le problème de la consommation est résolu. Ce sont, premièrement des gens de l'époque soviétique qui s'en sont sortis dans ces nouvelles conditions. Et deuxièmement, des gens qui n'ont pas souvenir du pouvoir soviétique, mais ont grandi dans le Moscou capitaliste et savent traiter avec. Ce sont ces deux catégories qui forment la base du mouvement actuel qui manifeste dans la rue. Et c'est justement cela qui explique que ce mouvement existe à Moscou et pas en province – la province en est encore à consommer. Une fois rassasiée, la province pourra se laisser gagner par le mouvement de contestation. Mais c'est bien le diable s'il dépasse un pour cent de la population (c'est mon estimation).

Il découle de tout cela que la formule de Charles Tilly ne s'applique pas trop à notre réalité russe. Les revendications collectives envers le pouvoir sont portées chez nous par des collectifs plutôt réduits. Et ces revendications sont presque toujours très utilitaires. La Russie a toujours eu du mal avec le concept d'unité ; après l'effondrement d'une société soviétique relativement unitaire, il n'y a pas eu formation d'une nouvelle société, les gens vivent isolément.

Toutes les études de «la blogosphère opposante» risquent donc de tourner à l'étude d'une communauté assez étroite de gens qui sont liés les uns aux autres par des intérêts communs. Du genre «blogosphère des pêcheurs à la ligne» ou «blogosphère des étudiants de telle ou telle université».

Même chose pour la «blogosphère pro-Kremlin». Pour généraliser, c'est une communauté de gens qui se connaissent du fait qu'ils habitent la même ville (Moscou a beau être une mégalopole, le public des cafés et clubs plus ou moins intellectuels du centre-ville représente tout au plus un gros millier de personnes). De plus, il va de soi que «blogueurs opposants» et «blogueurs pro-Kremlin» se connaissent entre eux et ont bien souvent fait leurs études ou travaillé ensemble. Et que leur façon de «s'opposer» entre eux sur Internet tient en grande partie du jeu.

D'ailleurs, autour de ce noyau de gens qui se connaissent entre eux en gravitent naturellement d'autres, qui font de l'idéologie. Des adeptes, pour ainsi dire. Il y en a d'un côté comme de l'autre, et le noyau de la blogosphère (du côté de l'opposition comme du côté pro-Kremlin) traite ces satellites d'humeur idéologique de façon assez condescendante. Comme des enfants.

Mais il n'y a pas de conflit de supersystèmes.

De sorte que votre hypothèse d'un «jeu politisé» est assez vraie. Pour l'instant, la blogosphère russe n'a pas donné naissance à des mouvements politiques. A des organisations carititatives, oui. A des associations de bénévoles, aussi. Et dans une moindre mesure à des mouvements écologiques. Depuis 2005, un immense chemin a été accompli dans cette direction. Mais pour ce qui est des mouvements politiques, ça ne marche pas. Ils ne sortent pas du cadre des “toussovkas” (groupes de discussion informels typiquement russes) à l'ancienne telles qu'elles se sont formées dans la première décennie du pouvoir de Poutine. De plus, notez bien qu'à la tête de cette «opposition», on trouve surtout des gens qui soutenaient le pouvoir dans ces mêmes années 2000. Et qui ont par la suite, par déception ou lassitude, basculé de l'autre côté. Ceux qui (comme moi) sont restés, loin de constituer une force unie, sont au contraire isolés. pas. C'est une sorte d'exercice intellectuel, si on peut dire, de trouver des arguments pour justifier l'action du Poutine actuel, dans le sens où c'est considérablement plus compliqué qu'il y a ne serait-ce que cinq ou six ans.

Mais globalement, la société russe et la blogosphère qui en dérive sont totalement apolitiques.

Kevin Rotrok : En 2008, Floriana Fossato, John Lloyd et Alexandre Verkhovski ont publié un ouvrage intitulé « Une Toile qui ne tient pas ses promesses » [en anglais]. Leur conclusion est que le gouvernement russe fait ingérence de façon significative dans l'Internet russe et entraîne dans sa lutte contre l'opposition blogueurs pro-Kremlin et «trolls» pour «produire des mécanismes minutieusement éprouvés à des fins de propagande et de manipulation».

Qu'en pensez-vous ? Flossato et les autres disent-ils vrai ? Leur idée (et pas seulement la leur), c'est qu'il existe sur la Toile russe un mouvement populaire naturellement prédisposé à l'opposition. Un mouvement attaqué par quelques «trolls» télécommandés par le Kremlin. Cette interprétation correspond-elle à une réalité ?

Par exemple, il me semble qu'il existe deux possibilités : ou bien (1) il n'y a pas d'humeur populaire et tous les blogueurs politiques jouent simplement la même musique, que quelqu'un commande d'en haut, ou bien (2) les acteurs « pro-Kremlin »/« non-opposants » s'expriment honnêtement, sans manipulation d'en haut. Quel est votre avis à ce sujet ?

Maxime Kononenko : Le monde est multiforme. Il existe sans aucun doute des leaders de l'opinion publique dont la loyauté s'achète. Mais «l'opposition» aussi est investie de la même manière. De plus, cela concerne uniquement les leaders, et ils sont aussi peu nombreux d'un côté que de l'autre. Et s'il suivent parfois des consignes venues d'en haut, c'est en tout cas plus que rare. En général ils ne vont pas contre leur conscience, qu'ils soient d'un bord ou de l'autre. Et quand ils écrivent quelque chose, c'est qu'ils le pensent.

Mais il existe aussi d'autres catégories d'opposants, d'un côté comme de l'autre.

Première catégorie, les combattants engagés. Ceux que vous appelez les “trolls”. Leur combat est comparable à des bagarres de supporters : aussi insensé que passionné. On trouve de ces fans des deux côtés, aussi bien chez Poutine que chez Navalny. Et ce sont justement eux, ces fans, qui produisent l'écrasante majorité des discussions polémiques sur LiveJournal. Ils n'ont aucun besoin d'être dirigés, ils mettent très bien en scène d'eux-mêmes des sujets passionnants (par exemple l'histoire de la hipster enceinte de la place Bolotnaïa).

Deuxième catégorie, les trolls engagés. A la différence des combattants engagés, les trolls engagés vont “troller” tout le monde et n'importe qui. Sur le LiveJournal de Navalny, ils vont “troller” ses admirateurs les plus enthousiastes. Sur celui de Maxime Sokolov, ils vont “troller” les admirateurs de Maxime Solokov. Mais bon, ça n'est qu'une partie de la culture de la Toile. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a plusieurs sortes d'anonymous. Il y a ceux qui sont contre le gouvernement en général, et puis ceux qui sont contre un autre gouvernement donné (le gouvernement géorgien, par exemple).

Troisième catégorie, ceux qui recherchent des fonds. Là encore, il y en a des deux côtés. Pour autant qu'ils sont financés l'un comme l'autre, on y trouve des enthousiastes qui tentent de vendre aux deux côtés des botnets prêts à l'emploi. Ou même simplement leur blog comme support publicitaire.

Quant au mouvement populaire d'opposition, il existe bel et bien. J'ai parlé de sa nature tout à l'heure. Mais de la même façon qu'existe un mouvement populaire patriotique, et bien plus puissant que ce mouvement d'opposition, même s'il est moins séduisant sur le plan médiatique. Croyez-moi, il y a bien plus sur la Toile de gens en colère contre les voyages des leaders de l'opposition chez les congressistes américains que de gens qui sont certes remontés contre Poutine et son système obsolescent, mais n'iraient pas s'en plaindre à des politiciens étrangers.

Kevin Rotrok :  Ce que vous dites des liens incestueux au sein des « communautés virtuelles » me paraît très intéressant. Si toute la blogosphère joue à la « toussovka », cela signifie-t-il que la majorité des blogueurs voient leur propre activité comme un jeu ? Vous pointez un genre d'«exercice intellectuel» ; ce type d'exercice est-il pour vous de l'ordre du jeu ? Au-delà de son personnage de contradicteur plein d'éloquence, Maxime Kononenko critique-t-il les opposants parce qu'il se sentirait investi d'une sorte de mission ?

Maxime Kononenko : C'est une bonne question. Je ne sais pas pour les autres (les relations avec le contexte actuel sont très complexes, si vous prenez par exemple Marat Helman, Gleb Pavlovski, Marina Litvinovitch, Stas Belkovski), je parle pour moi. Je suis quelqu'un de très libéral. Dans ma jeunesse, mon libéralisme était absolu, mais à mesure que j'ai mûri et suis devenu responsable d'une famille, de mes enfants et parents, mon libéralisme s'est pour ainsi dire coupé du bruyant et vaste monde. Je reste un libéral, mais je ne veux pas d'intersection entre mon monde et celui des idéologues de la révolution qui jettent des pavés sur la police et, d'une façon générale, vont manifester. Mais comme je reste tout de même un libéral, je ne peux pas me permettre de dire : envoyons donc tous ces gens-là en Sibérie. Non. Je me battrai contre ces gens avec les méthodes mêmes qui correspondent à ma structure interne libérale : je les démasquerai et dénoncerai leurs fautes (par exemple l'expérience d'avocat de Navalny). C'est à la fois un jeu et un exercice intellectuel, mais aussi une position politique.

Malheureusement, il y a peu de gens comme moi. Mais il y a d'autres incarnations de la même chose. Prenons Navalny. C'est un homme politique. Son image actuelle : «champion de la lutte anticorruption dans toute la Russie», son quatrième projet politique public. Il y a d'abord eu Yabloko, puis Da-Debaty [Oui ! les Débats], puis le mouvement le Peuple. Trois échecs, même si Da-Debaty a été très populaire et Navalny propulsé à la télé. Et il a pris son rôle d'animateur télé très au sérieux ! Parce qu'il capitalisait dessus et, je le répète, c'est un politicien par nature. Mais les révélations qu'il a faites ont fini par payer. Et lui par acquérir un véritable poids politique.

Maintenant dites-moi : que représentaient Yabloko, Da-Debaty et le mouvement le Peuple pour Navalny ? Un jeu ? Un exercice intellectuel ? Un essai ? Et faut-il prendre au sérieux sa lutte anticorruption alors qu'il a préféré oublier ses trois avatars précédents ? Je ne sais pas.

Et puis n'oubliez pas que tout le monde ou presque se connaît, d'un bord comme de l'autre. Ils ont travaillé ensemble, ont participé à des projets politiques, se sont séparés, ont monté d'autres projets, ont divergé. Rien que sur mes relations avec Marina Litvinovitch, il y aurait de quoi écrire un scénario !

Sans comptez que tous (littéralement, c'est-à-dire chacun) ont des motivations totalement différentes. Nemtsov veut se venger de Poutine parce qu'il n'est pas devenu président. Kasparov travaille ouvertement pour le Département d'Etat [américain]. Kachine hait le régime pour avoir été passé à tabac. Chacun a ses raisons. Et pareil pour ceux qui sont de l'autre bord.

Kevin Rotrok : Une dernière question : pourquoi la blogosphère russe ne donne-t-elle pas naissance à des mouvements politiques, alors qu'elle accouche de mouvements écologiques, d'organisations caritatives ou bénévoles ? Peut-être que vous avez raison et que la société civile russe est encore trop soviétique pour passer à l'activisme, mais pourquoi y a-t-il tout de même des parties de cette société qui se réveillent ? Et pourquoi précisément celles-là ?

Maxime Kononenko : Parce que dans les mouvements bénévoles et les organisations caritatives, en général, il n'y a rien à répartir. Or la question clé pour n'importe quel mouvement politique est la suivante : «Qui est le numéro un ?» Voilà exactement la raison de l'indigence de toutes les coalitions politiques dans la Russie des 10 dernières années. Ils sont incapables de se mettre d'accord sur un numéro un. Mais ces gens-là, qui sont incapables de se mettre d'accord, sont des gens du passé. Ces mêmes Nemtsov, Limonov, Kasparov.

La relève qui se profile est une génération née après l'URSS, celle des jeunes qui ont vingt ans aujourd'hui. Ils voient la vie un peu autrement et peuvent arriver à un accord. De sorte que des mouvements politiques sur la Toile, il y en aura, évidemment. Laissez-leur le temps.

Chine: Quand la police convoque les blogueurs “pour une tasse de thé”

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La civilisation du thé est une grande tradition en Chine. C'est une forme d'art, un composant essentiel des réunions sociales. Et pourtant depuis environ cinq ans, les internautes chinois utilisent la formule : “Prendre une tasse de thé pour bavarder” ou bien : “Prendre un thé obligatoire” pour se référer aux interrogatoires des services de sécurité intérieure de la police. Ces “collations” sont devenues tellement  fréquentes que les internautes les considèrent comme leur quotidien habituel.

Green tea by mckaysavage (CC BY 2.0)

Thé vert , par mckaysavage (CC BY 2.0)

On peut inviter une personne à prendre le thé pour bien des raisons : les leaders d'opinion sur Internet, les gens qui écrivent ou qui hébergent une plate-forme sur le net pour les dissidents politiques, ceux qui partagent des informations sensibles provenant de sources non officielles, ceux qui signent des pétitions en ligne: tous sont fréquemment obligés de venir prendre le thé avec la police. La police convoque fréquemment les leaders d'opinion pour s'assurer du fait qu'ils se sont comportés de manière responsable dans le rôle de référent sur Internet.

Habituellement la police provoque ces “thés” par appels téléphoniques ou en passant directement sur le lieu de travail appelé en Chine “danwei” (單位 (abrégé de 工作单位 : gong zuo danwei : unité de travail). Ainsi, pour un étudiant ce sera la cellule du Parti Communiste Chinois de son université.

La police peut exploiter ces rencontres pour identifier des sources d'information, intimider les internautes, ou s'en servir dans le cadre d'une investigation sur un crime réel ou potentiel.

Identification de sources d'information.

Pendant cette séance de thé on peut demander aux internautes qu'il identifient précisément les sources des informations politiques et idéologiques qu'ils ont diffusées. En cas de refus de collaborer avec la police et donc de révéler leurs sources, ils peuvent se voir accuser de diffamation ou d'incitation au désordre public. Dans certains cas la police propose des incitations matérielles ou économiques aux internautes qui acceptent de devenir des indicateurs.

Intimidation des internautes

Ces conversations autour d'un thé peuvent aussi être un avertissement aux internautes, le signe qu'ils sont sur une liste de surveillance et qu'ils ont intérêt à faire attention à ce qu'il publient sur le net.

Début 2013, une polémique [en anglais] entre les éditeurs de presse et les censeurs du gouvernement à propos du quotidien très influent Southern Weekly [chinois] (L'hebdomadaire du Sud) a conduit beaucoup de leaders d'opinions d'internet, incluant l'ancien directeur de Google Kai-fu Lee [en anglais], la célèbre actrice taiwanaise Annie Yi Nengjing et le promoteur immobilier Ren Zhiqiang, à déclarer publiquement leur soutien à la liberté éditoriale de ce journal.

On leur a demandé, à tous les trois, de venir prendre un thé avec la police. Kai-fu Lee raconte [chinois] sur son microblog : “le thé a été très amer” et “à partir de maintenant je ne peux parler que du Nord, de l'Est ou de l'Ouest et seulement au sujet des jours de la semaine.” Une référence tacite au dominical Southern Weekly (Hebdomadaire du sud paraissant le dimanche).

Annie Yi Nengjing [anglais] a refusé de coopérer. Depuis, son contrat avec la chaine de télévision Dragon TV où elle animait le programme ”China's Got Talent” [La Chine a du talent] a été résillé.

Investigation pour un délit “potentiel”

La police peut interroger un internaute en tant que témoin d'un crime ou comme suspect et tout ce qu'il dit sera enregistré. La police a convoqué pour une tasse de thé [chinois] @borderline_citizen_weibo (@邊民微博) en septembre 2012 après un article qui commentait le massacre du Mékong [en anglais] en 2011, au cours duquel des assaillants non identifiés ont assassiné l'équipage de deux cargos qui navigaient sur le fleuve. En se basant sur les premiers témoignages des principaux suspects et sur ses sources d'information personnelles, cet internaute avait écrit qu'il était persuadé que dans le passé le principal suspect, le parrain birman de la drogue Naw Kham [anglais] avait  conclu des accords secrets avec les militaires chinois et le personnel de la sécurité publique. Pendant l'interrogatoire, la police a évidemment exigé  de @borderline_citizen_weibo qu'il révèle ses sources sous peine de se voir mis en accusation pour incitation au désordre public.

 Stratégies à adopter pour “aller prendre un thé”.

Pour aider d'autres internautes à se préparer avant un rendez-vous avec la police pour prendre le thé ensemble, le leader d'opinion Wu Gan(@超級低俗屠夫)propose [chinois] quelques conseils :

1. Ne pas s'énerver, ne pas avoir peur.

2. Parler seulement de soi. Faire tout son possible pour ne pas donner d'informations concernant d'autres personnes.

3. Dire à la police que l'on croit en ce qu'on a fait et qu'on est prêt à en subir les conséquences.

4. Ne pas répondre de manière personnelle.

5. Ne pas les critiquer ou les humilier pendant ou après le thé.

6. Ne pas leur faire confiance, ne pas s'imaginer que l'on sera capable de les persuader de passer de son côté.

7. Si on ne veut pas coopérer avec eux, envisager de signer l’attestation de garantie. Ce document témoigne de la promesse d'un citoyen de suivre les instruction policières, ceci peut aller jusqu'à s'engager à ne plus écrire sur certains thèmes ou à ne plus aborder des sujets politiques sur internet. En théorie ce document n'est pas contraignant, on n'est pas obligé de faire tout ce qu'on a signé, mais…

8. Si on veut minimiser les risques il faut éviter de s'impliquer dans les problèmes locaux. Il faut s'intéresser à ce qui se passe dans d'autres provinces car elles sont hors de leur juridiction. La police de sécurité interne a une compétence strictement provinciale. Les procédures habituelles pour mener à bien des opérations dépassant les frontières de la province doivent passer par l'unité de la police locale (échelon hiérarchique supérieur) ce qui demande beaucoup de travail administratif….

9. On pourra essayer de faire pression sur les amis, la famille ou les supérieurs hiérarchiques. Il est donc important d'avoir une bonne communication avec son cercle social pour qu'il adhère à sa cause.

Le problème de la misogynie au Bangladesh

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Dibarah, de retour au Bangladesh après avoir étudié 3 ans à l’étranger, partage son expérience. Elle critique la misogynie et le harcèlement sexuel public auxquels les femmes font face au quotidien. Elle ne veut tomber dans le pessimisme et décide donc d’essayer d’améliorer la situation « en tentant de résister à la misogynie ». [lien en anglais]

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