Quantcast
Channel: Global Voices en Français
Viewing all 7147 articles
Browse latest View live

Le Président Ahmadinejad rend hommage à Hugo Chavez : “Il reviendra avec Jésus”

$
0
0

[Liens en anglais ou farsi] Le président Ahmadinejad, dans son message officiel de condoléances après la mort du président vénézuelien Hugo Chavez, publié sur son site officiel, compare le président Chavez a un “martyr pour la cause du peuple vénézuélien” dont la mort aurait des causes peut-être douteuses. Ahmadinejad ajoute : « Je ne doute pas que Chavez reviendra avec Jésus-Christ et tous les justes ». Il faisait référence à l'Imam caché, que certains musulmans considèrent comme le futur sauveur de l'humanité. Ahmadinejad a été critiqué pour ce message à la fois sur le Net et par Ahmad  Khatami, figure emblématique des conservateurs du régime Iranien.

Damavandieh a écrit [farsi, fa] :

De jeunes Iraniens ont été tués : un tremblement de terre a frappé la province d’Azerbaïdjan, ceux qui oeuvraient pour ce pays sont morts, mais le pays n'a pas décrété de deuil national, alors que les Iraniens étaient en deuil. Aujourd'hui, Chavez est mort et voilà que le gouvernement annonce une journée de deuil national. Dès l'annonce de sa mort, les Iraniens se sont envoyés des SMS où ils se moquaient de lui….

Ahmadinejad presents Chavez as a Shi'ite Saint. Mana Neyestani in Roozonline

Ahmadinejad faisant de Chavez un saint chiite.Caricature de Mana Neyestani sur  Roozonline (publiée avec autorisation)

Azadi cite les déclarations des médias iraniens il y a un mois au sujet d'un contact entre Ahmadinejad et le vice-président du Vénézuela. Le président iranien promettait [fa] de prier Dieu pour la santé de Chavez. Le blogueur ajoute ironiquement que, heureusement, Ahmadinejad avait recours à la même prière pour Ali Khamenei (le leader religieux de la République islamique d'Iran).

Azarmehr a cité une partie du message d'Ahmadinejad après la mort de Chavez et publié également plusieurs photos montrant le défunt président vénézuélien aux côtés de Saddam Hussein, ex dictateur de l'Irak et ennemi juré de Mohammad Khatami, l'ancien président réformiste de l'Iran.

Challenger a publié [fa] des photos de Chavez dansant avec deux danseuses sexy, en se posant la question de savoir si ces deux dernières reviendraient aussi avec le Christ et l'Imam caché.

Tweatter écrit qu'il espère que Chavez n'attendra pas trop longtemps avant de revenir.

Le blog 1376 exécutions dit [fa] :

Si un jour l'Iran et l'Italie devaient développer des liens étroits, le gouvernement iranien dirait-il également, en parlant de l'ancien premier ministre Silvio Berlusconi, ce coureur de jupons, qu'il “reviendra avec le Christ”?


Recommandations de blogs cambodgiens

Hackathon à la Maison-Blanche

Numérisation de la bibliothèque nationale du Vietnam

Bradley Manning a fourni des documents à Wikileaks pour susciter un débat sur la guerre

$
0
0

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

La semaine dernière, Bradley Manning, soldat de l'armée étasunienne dont il a dénoncé les opérations, était appelé à la barre dans un procès militaire, pour expliquer, avec ses propres mots, pourquoi il a transmis des milliers de documents sensibles de l'armée américaine à Wikileaks. La journaliste Alexa O'Brien a rédigé un transcript, non officiel, du témoignage. Bradley Manning a expliqué qu’il avait agi ainsi car les activités militaires des États-Unis en Irak et en Afghanistan l’inquiétaient.

Bradley Manning mural. Photo by mulch.thief. (CC BY-NC-SA 2.0)

Graffiti de Bradley Manning. Photo de mulch.thief. (CC BY-NC-SA 2.0)

Lors de l’audition, les avocats de Bradley Manning ont plaidé coupable pour dix des accusations retenues contre lui, y compris plusieurs charges mineures relatives à l’accès à l’information. Pour ces dix accusations, Bradley Manning risque 20 ans de prison.

Malgré le plaidoyer de défense et le témoignage du soldat, le gouvernement des États-Unis maintient les 22 accusations originales. La plus sérieuse étant d’avoir « aidé l’ennemi », une accusation qui pourrait lui valoir la prison à vie voire la peine maximale, même si le procureur a déclaré ne pas vouloir demander la peine de mort.

Lors de son témoignage devant la cour, Bradley Manning a avoué avoir divulgué des documents à Wikileaks et expliqué pourquoi. Il a décrit son dégoût et sa préoccupation face aux opérations militaires de son pays, qu’il a pu observer depuis son poste d’analyste dans l’armée. Se référant à une vidéo, désormais connue sous le nom de Collateral Murder, où nous pouvons voir des soldats admettant des tirs sur deux journalistes de l'agence Reuters et un certain nombre de civils non armés, il a expliqué à la cour :

Le côté le plus alarmant de la vidéo, à mon avis, est l’apparente soif de sang [des soldats américains]. Ils déshumanisent les individus contre lesquels ils se battent, ne valorisent pas les vies humaines car ils désignent des personnes par les termes « bâtards morts » et se félicitent de leur capacité à en tuer en grand nombre. À un moment, il y a une personne au sol, qui essaye de ramper pour se mettre à l’abri. Elle est grièvement blessée. Au lieu d’appeler des secours médicaux, un membre d’une équipe aérienne demande à la personne de prendre une arme pour avoir une raison de faire feu. On dirait des enfants torturant des fourmis avec une loupe.

Bradley Manning décrit aussi ce qu’il espérait accomplir en fournissant des documents concernant les guerres en Irak et en Afghanistan, connus comme les Iraq War Logs et les Afghan War Diary sur Wikileaks :

Je pensais que si le grand public, et notamment les citoyens des États-Unis, avait accès à ces informations… cela pouvait lancer un débat national sur le rôle de l’armée et sur notre politique étrangère en général, ainsi que sur les guerres en Irak et en Afghanistan. Je croyais aussi que l’analyse détaillée des données sur le long terme réalisée par différents secteur de la société pouvait permettre à celle-ci de réévaluer le besoin, voire l’envie, de s’engager dans des opérations de lutte contre le terrorisme ou contre l’insurrection en ignorant les dynamiques complexes de la population vivant au quotidien dans les régions concernées.

Il déclare avoir ressenti un soulagement après avoir transmis ces informations à Wikileaks :

Avant que les informations ne soient publiées par WLO, je me suis senti soulagé qu’elles soient en leur possession. J’avais le sentiment d’avoir accompli quelque chose qui me permettait d‘avoir la conscience tranquille, en fonction de ce que j’avais vu et lu et que je savais qui se produisait quotidiennement en Irak et en Afghanistan.

Nominé trois fois pour le prix Nobel de la paix, Bradley Manning a passé presque trois ans en prison dans l’attente du début de son procès. Il est apparu devant le tribunal militaire à plusieurs reprises pour des audiences préliminaires visant à déterminer les éléments clés de l’affaire et la forme de son procès. Ces audiences ont spécifié ce sur quoi les personnes appelées à la barre pouvaient témoigner, quelles preuves pouvaient être présentées et les arguments qui seraient considérés par la cour.

Un élément crucial dans son dossier est de déterminer si la sécurité nationale des États-Unis a été menacée par la publication des documents fournis par l’accusé à Wikileaks. Après une bataille juridique de plusieurs mois, la défense du soldat Manning a pu obtenir des rapports de recherches menées par le gouvernement sur cette question. Toutefois, le juge chargé de l’affaire a ensuite décidé que les menaces potentielles à la sécurité nationale ne seraient pas considérées comme un facteur déterminant pour établir la culpabilité de Bradley Manning.

Malheureusement, les autorités ont largement restreint l’accès du public à ces audiences. Les autorités militaires refusent de fournir des transcriptions officielles des audiences et la couverture directe de celles-ci (via Twitter ou blog, par exemple) est interdite. Cela est particulièrement gênant car ces procédures, à l’instar des procès militaires en général, sont supposées être accessibles au public.

Aussi bien le contenu de cette affaire que sa nature, où certaines procédures judiciaires se sont déroulées à huis clos, soulèvent d’importantes questions concernant l’accès à l’information ainsi que la transparence et l’obligation de rendre des comptes du gouvernement des États-Unis. Ces questions et le rôle émergent des entités en lignes, telles que WikiLeaks, qui offrent un accès libre à des documents gouvernementaux sont des thèmes auxquels la communauté de Global Voices Advocacy accorde une importance particulière.

Le procès de Bradley Manning devrait débuter le 3 juin 2013. Des organisations du monde entier prévoient d’organiser des événements de soutien le 1 juin 2013. Pour en savoir plus, consultez le site web www.bradleymanning.org.

Panama : la loi sur la stérilisation condamnée par l'Église catholique

$
0
0

[Sauf mention contraire, les liens de ce billet renvoient vers des pages en espagnol.]

L'Assemblée nationale du Panama a approuvé le 28 février dernier une loi qui permet aux femmes de plus de 23 ans ayant deux enfants ou plus de choisir de se faire stériliser gratuitement.

La chaîne d'informations panaméenne TVN noticias explique sur son site internet :

En tanto el proyecto de ley 196 dispone que la esterilización femenina se hará ante una petición voluntaria de la mujer al médico tratante, por recomendación médica, en estado de emancipación, que tenga uno o más hijos, prueba de no embarazo certificada por una institución pública o por solicitud médica, de tutor o de la persona legalmente responsable de la mujer que tenga una enfermedad mental debidamente acreditada.

Le projet de loi 196 dispose que la stérilisation féminine se fera sur demande de la femme majeure et capable ayant déjà eu un ou plusieurs enfants à son médecin traitant, sur recommandation médicale. Elle devra présenter une preuve qu'elle n'est pas enceinte certifiée par un établissement public. La stérilisation pourra également se faire sur demande du médecin, du tuteur ou de la personne légalement responsable de la femme atteinte d'une maladie mentale reconnue.

L'Église catholique a réagi à cette loi en la personne de l'archevêque métropolitain José Domingo Ulloa qui a qualifié la mesure de “néfaste”. L'archevêque a également déclaré que cette loi menace le Panama d'un vieillissement de sa population, à l'image de beaucoup de nations européennes ayant pris des mesures similaires.

Les réactions de l'opinion publique panaméenne sont variées. Il y a d'un côté ceux qui pensent que la stérilisation est une décision individuelle de la femme et que l'Église n'a pas son mot à dire sur ce type de lois, tandis que d'autres expriment leur indignation face à cette loi “anti-vie”.

Ernesto Alvarado trouve que 23 ans c'est bien jeune, et ces femmes pourraient par la suite se repentir de leur décision. Dans Hora Cero, il écrit :

El Peligro que percibo es lo referente a la edad de la persona. En España 1 de cada 100 personas que se ha practicado la esterilización con fines anticonceptivos, busca su des esterilización, por las siguientes razones: cambio de pareja, muerte de los hijos, mejora situación médica o social o razones psicológicas.

Pour moi, le danger provient de l'âge de la personne. En Espagne, une personne sur mille ayant subi une stérilisation cherche à revenir sur l'opération pour des raisons diverses : nouveau partenaire, mort des enfants, meilleure situation sociale ou de santé ou encore raisons psychologiques.

 Catedral Metropolitana de la Ciudad de Panamá


Cathédrale Métropolitaine de la ville de Panama, photo Javier Volcan sur Flickr sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Pour Yohel Amat (@te_interesa), l'Église catholique ferait mieux de résoudre ses problèmes internes avant de donner son opinion sur la stérilisation :

@te_interesa: ¿Q hacen voceros católicos hablando en contra d la esterilización femenina voluntaria, cuando tienen “el rancho ardiendo”? #WTF #Panama

Pourquoi donc les porte-paroles catholiques viennent s'opposer à la stérilisation féminine volontaire alors que chez eux c'est le bazar ? #WTF #Panama

Pour Alfonso Grimaldo (@AlfonsoAGP) chacun est responsable des décisions qu'il considère correctes concernant son corps :

@AlfonsoAGP: Your body, your choice. Always. (Tu cuerpo, tu elección, siempre.) Ninguno de nosotros aceptaría que nos dijeran como vivir nuestras vidas.

Ton corps, ton choix. Toujours. Aucun d'entre nous n'accepterait que l'on nous dise comment vivre notre vie.

Xavier (@tortugaconqueso) demande à l'Église de ne pas imposer ses vues :

@tortugaconqueso: Mantengan sus visiones retrógradas de lo que debería ser la sociedad dentro de sus templos y lejos de la asamblea, por favor.

Gardez votre vision rétrograde de ce que devrait être la société à l'intérieur de vos églises et loin de l'assemblée, SVP.

Les avis sont partagés et il y aussi des chrétiens en faveur de la nouvelle loi, ce qui rend la réaction officielle de l'Église catholique plus confuse, comme le souligne Ana Loarraine J. (@analorrainej) :

@analorrainej: Yo no se uds pero yo veo hasta religiosos a favor de la ley, no entiendo la posición de Ulloa.

Je ne sais pas vous mais moi j'ai même vu des religieux en faveur de la loi. Je ne comprends pas la position de Ulloa.

La loi n'a pas encore reçu la signature présidentielle mais il semble que la voix de l'Église catholique sera écoutée : le Président de l'Assemblée nationale a promis de discuter de certains changements avec le Président Ricardo Martinelli, selon le journal La Critica :

Gálvez indicó que conversaría con el presidente Ricardo Martinelli para ver de qué manera se modificaban algunos temas que son de la objeción de la Iglesia católica.

Gálvez a déclaré qu'il parlerait au Président Ricardo Martinelli pour voir comment peuvent être changés quelques-uns des thèmes contre lesquels l'Église Catholique a émis des objections.

La paille et la poutre ? Un écrivain défie le Kremlin

$
0
0

A part les vidéos de chatons, rien de tel pour allécher l'internaute russe ordinaire qu'une polémique pimentée, sur la politique ou la littérature, ou mieux, combinant les deux. Et c'est précisément ce qui a surgi la semaine dernière, lorsque Mikhaïl Chichkine (aucun rapport avec le peintre), l'écrivain russe primé et installé en Suisse, a ranimé la riche tradition littéraire russe de cingler depuis l'étranger le pouvoir. Chichkine a publiquement refusé [en russe] de prendre part à la délégation officielle russe à la BookEpo (Foire du Livre) de New York, au motif qu'il ne voulait pas représenter un régime “corrompu et criminel”. Beaucoup ont applaudi la décision, mais certains blogueurs et auteurs russes se sont attachés à traquer ses arrières-pensées.

Mikhail Shishkin. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0

Mikhaïl Chichkine. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0

De Tolstoï à Soljénitsine, les écrivains russes ont toujours eu un rôle dans la sphère publique, et par extension, la politque. D'habitude, cet engagement était philosophique, idéologique, de l'ordre du commentaire et de la critique. Plus récemment, des écrivains comme Dmitri Bykov, Boris Akounine et Lioudmila Oulitskaïa ont pris un rôle plus direct en participant activement [GV] au mouvement d'opposition avec leur candidature au Conseil de Coordination de l'Opposition. (Sans parler d'Edouard Limonov, dont la carrière littéraire a cédé la priorité à son engagement radical, ou de son ancien poulain nazbol Zakhar Prilépine, qui a été activiste avant de devenir écrivain.)

Chichkine, par ailleurs, s'est installé en Suisse il y a plus de dix ans, et n'avait jamais critiqué la Russie ni Poutine avant la semaine dernière. De fait, outre collectionner de nombreux prix littéraires (dont certains également à financement public), il  s'avère avoir assisté [en russe] à BookExpo l'an dernier sans scrupules particuliers. Certains [en russe] disent que le pays de résidence de Chichkine et le fait qu'il ne “risque pas de laisser des plumes” rendent hypocrite [en russe] sa critique de la Russie :

Я не вижу особой разницы между депутатом Желязняком, проповедующим лапотный патриотизм сразу после отправки детей в Швейцарию, и Шишкиным, пишущим обличительные письма из той же Швейцарии, где он живет уже больше 15-ти лет.

Je ne vois pas la moindre différence entre le député Jeliazniak, qui prêche un patriotisme théâtral juste après avoir expédié ses enfants en Suisse, et Chichkine, qui écrit des lettres dénonciatrices depuis la même Suisse, où il vit depuis plus de 15 ans.

Là où certains blogueurs voient de l'hypocrise, d'autres subodorent une astucieuse manoeuvre de communication (une interprétation corroborée par le fait que Chichkine va apparemment participer à une conférence à Edimbourg ce mois-ci [en russe] financée par le Ministère de la Presse, que Chichkine a appelé le “ministère de la propagande” dans sa déclaration). Dans un billet sur Facebook le poète Igor Karaulov a imaginé [en russe] la conversation de Chichkine avec son éditeur :

Я представляю себе, как Михаил Павлович входит в кабинет [...]: «Вот, Реджинальд, хотел с вами посоветоваться: как, с точки зрения динамики продаж, было бы лучше назвать режим: воровским, преступным или кровавым?» А издатель пробегает глазами строчки, пыхтит губами, поправляет очки на своей оксфордской переносице и изрекает: «Для начала мы обойдемся «воровским».»

J'imagine Mikhaïl Pavlovitch entrer dans le bureau [...] : “Voilà, Reginald, je voulais votre avis : qu'est-ce qui est mieux pour stimuler les ventes : traiter le régime de voleur, criminel, ou sanglant ?” L'éditeur parcourt le document des yeux, souffle entre les lèvres, rajuste ses lunettes sur la racine de son nez oxfordien et profère : “Pour commencer on va s'en tenir à “voleur”.”

Un autre écrivain, Evgeny Popov, est allé plus loin et a directement attribué [en russe] les propos de Chichkine au fait qu'il a pu récemment se trouver des éditeurs britiannique et américain.

Boris Akounine, prolifique auteur de romans policiers et critique sans fard du pouvoir, a défendu [en russe] Chichkine de telles accusations :

Зная Мишу Шишкина и его нелюбовь ко всякой публичности, очень хорошо понимаю, как тяжело ему было совершить этот поступок.

Connaissant Micha Chichkine et sa détestation de toute publicité, je comprends très bien combien il lui a été difficile d'accomplir cet acte.

Quelles que soient les motivations supposées de Chichkine, son style littéraire l'exposait à une autre attaque. Bien qu'acclamé par la critique, Chichkine n'échappe pas à la polémique : il a déjà été accusé de plagiat, une affaire qui n'a pas tardé à refaire surface. La première accusation est apparue en 2006, lorsqu'un confrère écrivain releva des similitudes [en russe] entre le livre primé de Chichkine Le cheveu de Vénus et les mémoires de l'écrivaine Vera Panova. Une petite enquête littéraire fit apparaître clairement que Chichkine avait réécrit des passages du livre de Panova pour substituer le journal d'un de ses personnages.

 Shishkin in a Pine Forest: A Postmodern Interpretation. Fragment. Based on Morning in a Pine Forest, by painter Ivan Shishkin (no relation to Mikhail). Wikimedia Commons. Public domain. and Mikhail Shishkin. © EFrolkina. Wikimedia Commons. CC 3.0. Remix by author. [Note: although most know Morning as a classic Shishkin painting, ironically he did not actually paint the bears himself.]


Chichkine dans un bois de pins : une interprétation postmoderne. Fragment. Basé sur on Matin dans un bois de pins, du peintre Ivan Chichkine (aucune parenté avec Mikhaïl), Wikimedia Commons, domaine public, et Mikhaïl Chichkine, © EFrolkina, Wikimedia Commons, CC 3.0. Remix de l'auteur. [Note : si Matin est largement connu comme un célèbre tableau de Chichkine, paradoxalement il n'a pas peint lui-même les oursons.]

Bien que Chichkine ne cite personne dans ses livres, il reconnaît bien [en russe] faire un large usage des “citations sans guillemets” dans Le cheveu de Vénus et ses autres textes — une technique post-moderne qui, prétend-il, lui permet de faire du neuf avec des oeuvres antérieures. Dans une lettre explicative il a écrit [en russe] :

из старых слов получится принципиально новая книга, совсем о другом, потому что это мой выбор, моя картина моего мира

avec de vieux mots on obtient un livre essentiellement neuf, sur tout à fait autre chose, parce que c'est mon choix, ma vision de mon univers

Et Chichkine de poursuivre :

Я делаю литературу следующего измерения.

Je fais la littérature de la prochaine dimension.

Que l'on approuve les choix artistiques de Chichkine ou que l'on juge qu'il pousse trop loin le post-modernisme (il arrive qu'un lecteur insuffisamment cultivé, à qui échappent les “citations” de Chichkine, croie qu'il est l'auteur de ses livres dans leur intégralité), sa technique l'expose à des critiques comme celle-ci [en russe], du blogueur nationaliste radical Iouri Belyaev :

литературный ВОР отказывается представлять Россию, называя ее “воровским государством”.

un VOLEUR littéraire refuse de représenter la Russie, et l'appelle “Etat voleur”.

Une remarque similaire [en russe] a été celle du journaliste Oleg Lurie. Même un peu spécieux, l'argument a une certaine logique. Après tout, Poutine et consorts peuvent justifier au moins quelques-unes de leurs décisions contestées, sans être pour autant susceptibles de citer James Joyce à cet effet.

La sortie de Chichkine était-elle sincère, ou un coup de pub réussi ? Est-il un plagiaire ou un écrivain très subtil ? Il n'y a pas de réponse définitive, mais ces contradictions semblent refléter le discours russe contemporain en général, et sa composante politique en particulier. On ne peut que se perdre en conjectures, comme le critique littéraire Lev Pirogov [en russe] :

А меня звали. Я, дурак, отказался и никому не сказал. [...] И даже, блин, не выступил с заявлением.

On m'a aussi invité [à BookExpo]. Et moi, pauvre idiot, j'ai refusé et n'ai rien dit à personne. [...] Et purée, je n'ai même pas sorti de déclaration.

La Belle et la Bête ? La victoire d'une Miss “ethnique” met en furie les nationalistes russes

$
0
0

(Billet d'origine publié le 8 mars 2013)

Elmira Abdrazakova, 18 ans, ne pensait pas gagner le concours de Miss Russie le 2 mars dernier. Sinon, elle se serait assurée auparavant que son profil sur le réseau social russe VKontakte reste privé. Elle a été contrainte de le supprimer complètement quelques jours plus tard. Ayant grandi dans la petite ville sibérienne de Mejdouretchensk (située dans l'Oblast de Kemerovo, une région minière prochede Novosibirsk),  Elmira Abdrazakova n'était pas préparée au vitriol provoqué par sa victoire à un concours de Miss. Des blogueurs nationalistes russes ont inondé sa page web de propos racistes.

Bien que son compte ait été supprimé, de nombreux messages virulents sont toujours en circulation sur le web. Quand le célèbre blogueur russe Rustem Adagamov a annoncé [en russe]  la victoire de Elmira Abdrazakova sur son blog, avec quelques photos, la nouvelle a provoqué des commentaires comme [en russe] : “Existe-t-il toujours des filles russes dans la Fédération de Russie ?”, sous-entendant non seulement que des femmes comme Elmira Abdrazakova ne sont pas vraiment russes mais que les “étrangers” sont en quelque sorte en train de prendre le dessus (la société russe n'a certainement pas échappé aux tensions inter-ethniques. En effet, il existe une campagne en ligne [en russe] dont le but est de lutter contre de tels “immigrants”). Un idéologue nationaliste, membre du Conseil de coordination de l'opposition, Konstantin Krylov, se plaint du “changement de visage” de la Russie. Il a publié une photo d'une vieille dame asiatique pour représenter ce “visage” et continue dans un style faussement ironique :

Нам её таперича любить положено. Ну так и дочу её, значит, положено любить. И весь прочий выводок. Всех народцев-золоторотцев, в земле россиянской просиявших.

De nos jours, nous devons l'aimer. Et sa fille, aussi, nous devons l'aimer. Et le reste de la famille. Tous les “gueux resplendissants de la campagne russe” [en russe].

Le nom Abdrazakova et ses cheveux sombres sont typiquement tatars, mais en réalité, c'est une Chore (personnes d'origine turque natives de Sibérie). Les Tatars,  la plus importante minorité ethnique de Russie, de l'éponyme République de Tatarstan, et les Shors, beaucoup moins nombreux, font partie de “l'expérience” russe d'une cohabitation pacifique depuis des centaines d'années. Néanmoins,  pour la nouvelle génération de nationalistes russes, ils suscitent des soupçons et de l'animosité. Selon ces nationalistes, ils ont l'air “différent” même si un étranger aurait du mal à distinguer un Tatar d'un groupe de Russes, et leur religion musulmane est un rappel des problèmes dans le Caucase du Nord. Enfin, les Tatars sont les derniers rappels du “joug tatar”, l'occupation historique de la Russie médiévale par les Mongols qui a pris fin il y a environ 700 ans.

An artist's depiction of how Russian nationalists may view Elmira Abdrazakova. Image remixed using Vereschagin's "A Bukharian Soldier", CC 2.0 Wikimedia Commons.

Voilà comment les nationalistes imaginent Elmira Abdrazakova. Photomontage de l'auteur en utilisant l'oeuvre de Verechaguine, “Un soldat boukharien” sous licence  CC 2.0 Wikimedia Commons.

Ces opinions sont évidentes dans la façon dont la publication ouvertement nationaliste Spoutnik & Pogrom a réagi à la victoire de Abdrazakova. Egor Prosvirnin, un idéologue de S&P, a poussé les choses encore plus loin, en exploitant la rumeur selon laquelle la jeune femme aurait eu recours à la chirurgie esthétique pour ses lèvres (une rumeur depuis démentie [en russe] par les proches d'Elmira et les photos de son enfance), l'appelant “une noiraude explosée de botox” [en russe] et “une Tatarva (terme péjoratif) de province aux lèvres gonflées” [en russe]. Cependant, l’argument principal était celui d'un complot beaucoup plus sinistre :

[...] нам начали прививать толерантность через эталонный образ женской красоты [...] меняя наше представление о том, как должна выглядеть “мисс Россия”

[...] ils ont commencé à nous inculquer la tolérance à travers un modèle étalon de la beauté féminine [...] en changeant notre conception de l'apparence que “Miss Russie” doit avoir

La supposée foi musulmane de Abdrazakova a aussi montré le bout de son nez. Les lecteurs de S&P ont laissé des commentaires du genre Miss Pakistan et Azerbaïdjan 2013” [en russe] et “Pourquoi ne portait-elle pas la burqa ou au moins le hidjab?” [en russe]

En fait, les Chors sont en grande partie des russes othodoxes (comme Abdrazakova qui enfant, allait au catéchisme), et n'ont que des liens ténus avec les Tatars. Cependant ceux qui s'empressent de défendre Abdrazakova au nom de la “véritable ethnicité” tendent à nuire à leur propre cause : les afffirmations selon lesquelles ” elle peut bien gagner parce que ce n'est pas vraiment une Tartare” ne font pas une bonne défense. Ceci est particulièrement dangereux en Russie, où les gens écrivent [en russe] sans ironie des choses comme “parmi les 3 finalistes, Abdrazakova est celle qui est le plus proche du type ethnique européen”, et sont surpris que leurs propos entraînent un débat raciste sur les ethnicités russes les plus proches dy type européen, avec de nombreuses mentions sur les Ariens et la génétique. Le blogueur Alexander Nemirovsky, historien, explique [russe] pourquoi pour certains les Chors peuvent être une alternative attrayante des Tatars :

Шорцы – православные + сибирские аборигены. А татары – этнические мусульмане и не “хорошие индейцы отдаленной земли Сибирской”. Кроме того, шорцы не ассоциируются с властью, бизнесом и т.д., и их вообще мало кто видел, а татары – ассоциируются, и их как “чужих” себе представляют много лучше [...]

Les Chors sont orthodoxes et des autochtones sibériens. Les Tatars en revanche sont des Musulmans et pas des “bons Indiens de la lointaine Sibérie.” De plus les Chors ne sont pas associés au pouvoir, à l'argent etc… et ils sont généralement peu connus, alors que les Tatares sont associés à ça, et sont beaucoup plus faciles à “rendre autre” [...]

D'une façon générale,  cette affaire est un rappel du débordement d'hostilités nationalistes de l'été dernier [en russe], lorsque des lutteurs originaires du Caucase du Nord ont gagné des médailles d'or pour La Russie. Rien ne peut énerver plus les nationalistes que le fait que des minorités “indignes” profitent de quelque succès.

Pendant ce temps, une blogueuse a écrit une défense solide pour Abdrazakova. Anastasiya Karimova, journaliste de Kommersant et célèbre pour avoir apporté des oranges [en russe] au quartier-général du FSB à la Loubianka en 2005, parle ouvertement du racisme ordinaire dont elle a été victime à cause de ses origines tatares, finissant sur une note passionnée [en russe] :

Я очень хорошо вижу разницу между национализмом и нацизмом. У меня не вызывают ужаса националисты, я даже разделяла в своё время многие предложение ДПНИ по изменению миграционной политики. Мерзкое цепляние к фамилиям и к чертам лица – это переход через черту, разделяющую два разных понятия. На Эльмиру Абдразакову вылились и продолжают выливаться потоки ксенофобского дерьма, но она может утешаться хотя бы тем, что её победа в очередной раз вскрыла старый гнойник [...] Держись, Эльмира!

Je vois très bien la différence entre le nationalisme et le nazisme. J'ai très peur des nationalistes, à une époque j'ai même soutenu les propositions de nombreux membres du DPNI (” Mouvement contre l’immigration illégale”) pour changer la politique d'immigration. La fascination écoeurante pour les noms et les traits du visage se trouve à la frontière de deux notions complètement différentes. Des fleuves de saleté xénophobe ont été déversés sur Elmira Abdrazakova mais elle peut se consoler en sachant que sa victoire a encore une fois crevé un vieil abcès [...]. Sois forte Elmira!


Les Sud-Coréens pourfendent leurs politiciens “faucons-poulets”

$
0
0

(Les liens renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire)

Les Sud-Coréens fustigent l'escalade de rhétorique belliqueuse utilisée par des politiciens au pouvoir, qui eux-mêmes avaient échappé au service militaire, maintenant que la Corée du Nord a abrogé l'armistice entre les deux Corées [français].

Le terme “chicken hawk” (littéralement ‘faucon poulet'), désignant une personne en faveur de la guerre mais qui a elle-même esquivé ses obligations militaires, fait aujourd'hui partie du vocabulaire standard des internautes Sud-Coréens alors que s'intensifient les critiques contre l'hypocrisie d'une classe politique qui se borne à préconiser une action militaire extrême [coréen] contre la Corée du Nord.

Un service militaire de deux ans est obligatoire en Corée du Sud pour tous les hommes aptes au service, mais d'innombrables politiciens se sont arrangés pour l'éviter. Le parti conservateur Saenuri actuellement au pouvoir, qui compte de nombreux bellicistes, est décrit comme présentant un taux d'esquive du service militaire trois fois supérieur [coréen] à celui des autres partis, et neuf candidats parmi les 17 de la nouvelle administration font face à des accusations [coréen] d'échappatoire illégale du service militaire.

Les internautes en Corée du Sud ont retweeté plus de 255 fois ce tweet discutant des “faucons poulets” du pays :

@odoomark: '치킨호크(chicken hawk)'라는 말이 있습니다. 자신은 전쟁이 무서워 징집을 기피하면서 남들에겐 국가와 자유수호를 위해 전쟁터에 나가라며 등을 떠민 정치인들을 일컫는 말입니다. 비겁한 사람일수록 두려움을 감추기 위해 용기를 과장하는 법입니다.

@odoomark: Le mot “faucon poulet” désigne les politiciens qui, alors qu'ils craignent la guerre, se font eux-mêmes dispenser du service militaire mais poussent les autres à entrer en guerre pour accomplir leur devoir de protéger la nation et la liberté. Les couards se vantent toujours d'être courageux pour cacher leur peur.

La dispense du service militaire est une épidémie dans la société sud-coréenne, augmentant rapidement surtout dans les classes supérieures [coréen] qui feignent des blessures ou des maladies et fabriquent de faux documents médicaux pour corroborer leur excuse, ou qui obtiennent une autre nationalité et restent à l'étranger jusqu'à leur 37 ans où ils en sont exemptés. Il était aisé de trouver des tweets furieux à leur encontre.

A member of the United Nations Command Security Battalion/Joint Security Area (UNCSB/JSA), Scout Platoon, returns from a patrol of the Demilitarized Zone (DMZ). Upload by Flickr user expertinfantry (CC BY 2.0)

Un membre du Bataillon de Sécurité sous le Commandement des Nations Unies/Zone de Sécurité Conjointe (UNCSB/JSA), section d'éclaireurs, de retour d'une patrouille dans la zone démilitarisée (DMZ) entre la Corée du Sud et la Corée du Nord. Mis en ligne par l'utilisateur de Flickr @expertinfantry (CC BY 2.0)

 @junniya 군미필자들이 나라와 국민들을 전쟁으로 내몰고 있는 형국[...]

@junniya: Les déserteurs du service militaire sont en train de conduire le pays et le peuple vers la guerre.

@jollymankr: 소위 치킨 호크라는 자들, 전쟁을 모르니까 더 전쟁광이 되는 건 아닌가 하는 생각도 드네요. 말하자면 피는 고사하고 최소한 군대라도 가서 땀도 흘려 본적이 없는 자들이니, 피는 그냥 남들이 흘려주는 거라 생각 하는 거 아닐지.

@jollymankr: Ceux qu'on appelle les “faucons poulets”, je pense que ces gens sont devenus des maniaques de la guerre parce qu'ils ne savent pas vraiment à quel point la guerre peut être (horrible). Ils n'ont jamais versé le sang, ni une goutte de sueur durant le service militaire obligatoire. Ils doivent penser que verser le sang est l'affaire des autres.

@chsk92a: 군대도 안간 것들이 전쟁 불사를 외치고 있네. 만일 무슨 일 벌어지면 여기 있는 인물들을 최전방으로 보내야해.

@chsk92a: Ces dispensés du service militaire soutiennent haut et fort qu'ils ne craignent pas et n'ont jamais essayé de fuir une guerre. Si quelque chose survient réellement, nous devrions envoyer ces gens-là au front.

@LawyerHanWoong: 치킨호크인 이 자들은 그 정체를 숨기기 위해 빨갱이 종북을 입에 달고 사는 경향이 뚜렷합니다!

@LawyerHanWoong: Ces gens appellent toujours les autres les “Pro-Corée du Nord, communistes rouges” parce qu'ils pensent pouvoir cacher le fait qu'ils sont des faucons poulets en agissant ainsi.

Les internautes ont souligné le parallèle du contexte d'utilisation du terme “faucon poulet” aux Etats-Unis et en Corée du Sud :

@peterya: '치킨호크'. 과거, 전쟁불사를 외치면서도 정작 징집을 기피한 미국 공화당내 매파의원들을 일컫는 말이다. 2013년 대한민국. 씽크로율 100%

@peterya: Dans le passé, “faucon poulet” faisait référence aux politiciens bellicistes du Parti Républicain aux Etats-Unis qui s'étaient dispensés du service militaire alors qu'ils soutenaient haut et fort que la guerre ne pouvait pas être évitée/ ne devait pas être crainte — 100% identique à la situation que nous avons en l'an 2013.

@mettayoon: 조지 부시의 ‘테러와의 전쟁’ 때, 미 행정부의 중심축인 이른바 ‘네오콘'들은 알고 보니 모두 ‘치킨 호크'였다고 합니다. [...]지금 새누리의 강경론자들은 어떤가요?

@mettayoon: Pendant la Guerre contre le Terrorisme de George Bush, des néo-conservateurs qui ont pris un rôle de tête dans l'administration se sont révélés être des “faucons poulets”. Qu'en est-il des politiciens bellicistes du parti Saenuri au pouvoir?

Argentine : Quelques propositions pour vivre mieux

$
0
0

Hernán Haines, auteur du blog El espacio de Hernán Haines, offre à ses lecteurs quelques propositions pour mieux vivre en Argentine, en réponse aux «habituelles demandes que je reçois concernant mes propositions, vous trouverez ci-après une liste, non exhaustive bien sûr ». Il propose ainsi une liste de 45 points et soutient que pour qu’ « elles aient l’effet escompté, [ces mesures] doivent être appliquées par des personnes idoines, responsables, honnêtes et dotées de discernement. »

Débat sur la réforme de l’écriture kazakh

$
0
0

Tandis que certains analystes restent sceptiques quant à la réforme de la Latinisation du Kazakhstan, des blogueurs émettent [en russe] des propositions pragmatiques afin de mener à bien cette réforme et analysent [en russe] l’expérience d’anciennes républiques soviétiques passées des caractères cyrilliques aux caractères latins. Mais les commentaires laissés sur ces blogs montrent que cette réforme est très controversée et, même parmi les partisans du changement, peu s’accordent sur la marche à suivre. Un lecteur note [en russe] :

Il semblerait que cette réforme sera plus difficile et prendra plus de temps que ce que beaucoup d’entre nous avions anticipé….

Twitter, réveille-toi : les Nigérians tweetent en Yoruba

$
0
0

[Liens en anglais et en yoruba, sauf mention contraire]

Le 1er mars 2013, Twitter s'est soudain mis à parler en Yoruba au Nigéria, l'une des trois langues nationales principales parlées dans ce pays : les Nigerians ont tweeté en Yoruba à l'occasion d'une journée spéciale pour célébrer cette langue sur ce réseau social et pour convaincre Twitter de la proposer dans la liste des traductions prévues de l'interface.

Le Nigeria, connu comme un grand pays de 160 millions d'habitants, parle officiellement anglais mais compte plus de 500 langues et dialectes [fr] locaux, le Yoruba [fr] étant l'une des plus parlées. Il est également parlé sur le pourtour côtier de l'Afrique de l'Ouest, au Bénin et au Togo, ainsi qu'à Cuba et au Brésil.

Les utilisateurs de Twitter ont tweeté en Yoruba sous les mots clics #tweetYoruba et #twitterYoruba. L'un des organisateurs de cette campagne, Kola Tubosun (@baroka), a expliqué ses motivations sur son blog :

La Journée Tweeter en Yoruba, le 1er mars 2013 s'inscrit dans une tradition annuelle*, d'habitude moins énergique, pour persuader Twitter de reconnaître la beauté et l'importance de l'usage des langues maternelles à l'ère de la modernité. Il se peut que l'occasion ne se représente pas de sitôt sur les moyens de communication en ligne, pour n'importe laquelle de ces langues locales parlées par un nombre limité de locuteurs (pour le Yoruba, plus de 30 millions), mais aussi longtemps que ces moyens de communication existent, il y aura toujours de nouvelles façons de transmettre une culture et une manière particulière de voir le monde.

La Journée Tweeter en Yoruba a été lancée l'an dernier et a attiré assez d'attention pour qu'un collaborateur de Twitter contacte Kola Tubosun, écrit-il. Cependant, à part cette brève réaction de Twitter, il n'a pas été recontacté depuis :

Cette initiative a commencé l'an dernier pour forcer Twitter à inclure le Yoruba dans la liste des langues dans lesquelles l'interface est traduite. Un certain résultat a été atteint, sous forme d'une réaction d'un responsable d'un bureau de Twitter, qui a confirmé que le message avait bien été reçu, mais qu'il faudrait attendre encore un peu pour proposer cette langue, pour des raisons logistiques.

#TweetInYoruba Day 20013 (Credit: ktravula.com)

Journée #TweetInYoruba  2013 (Crédit illustration : ktravula.com)

Voici certains tweets de la Journée #TweetInYoruba, traduits par nos soins :

@DAINJURER: Oloore re ko ni fi obituary da e mo! Fi adura yi ranse si eniyan mewa ti o feranju. #tweetinyoruba

@DAINJURER: Celui qui est destiné à vous sauver ne fera pas votre connaissance par votre faire-part de décès [ndr, s'il vous comprend].  Envoyez ce tweet à dix personnes que vous aimez.

@renoomokri: Bi iwo ko tile gba wipe ohun kan wa ti o le se lati gbe Naijiria ga, saa gbagbo wipe Naijiria, orile-ede títóbi ni. #tweetYoruba

@renoomokri : Un tweet pour tous les Nigerians : même si vous croyez que vous ne pouvez rien faire pour rendre le Nigeria formidable, au moins, croyez que le Nigeria peut être formidable.  #tweetYoruba

@baroka: Puisque le matin se lève dans d'autres parties du monde, ibi ni emi a ti duro na. Eyin ara Amerika, e maa ba iyoku lo. E ti yege na #tweetYoruba

@baroka:… Je m'arrêterai là. Les Américains devraient poursuivre pour ce qui reste à faire. Vous réussirez. #tweetYoruba

@seunonigbinde: Oluwaseun : Merci, Seigneur. Olayide: la richesse est venue.  Temitope : la mienne est la joie. OniGBINde : le joueur de tambour royal est arrivé  #tweetYoruba

@bumight: Ewo ti e ni ede gèésì ti mo fi n twiiti yii? #tweetYoruba

@bumight: Pourquoi est-ce que je tweete en anglais ? #tweetYoruba

@molarawood: O dabii pe awon ara Amerika fe ki Kadinali (cardinal) won yi, Timothy Dolan, di Poopu lehin Benedikti. Sugbon emi o ro bee. #tweetYoruba

@molarawood : il semble que les Américains souhaitent que leur cardinal, Timothy Dolan, devienne pape pour succéder à Benoît. Mais je ne crois pas que ce soit possible. #tweetYoruba

La plus grande partie de ce qui est écrit sur le continent africain l'est sur les réseaux sociaux de nos jours, a déclaré le critique littéraire nigérian Ikhide Ikheloa (@ikhide) dans un entretien récent publié sur un blog consacré à la littérature, Brittle Paper. Sachant que la langue et la littérature sont des composantes fondamentales de l'identité d'une nation, posez le roman que vous lisez et loguez vous sur Twitter et Facebook pour vous faire une idée exacte du monde, dit-il :

Il est intéressant et irritant pour moi de voir que quand on parle de littérature, on le fait toujours à propos de livres, uniquement. Il est peut être désormais dépassé de considérer les livres comme seuls déterminants des normes culturelles du monde actuel. J'irai plus loin et dirai qu'au XXIème siècle, le livre est un misérable baromètre des écrits africains. Il vous faudra vous diriger vers deux des plus importants romans africains : Twitter et Facebook, sans oublier les blogs et les sites, pour trouver de vraiment bonnes lectures sur ces questions…L'une des raisons pour lesquelles je ne lis plus autant de livres ces temps-ci est que je ne ne me lasse pas de lire ce qui est écrit sur Twitter, Facebook et les blogs. Je suis fasciné…

*Référence à la Journée internationale des langues maternelles, le 21 février 

Une ‘évolution de la pensée’ en Afghanistan

$
0
0

Ahmad Shuja, un blogueur afghan et commentateur politique basé aux États-Unis, partage ses observations concernant les différences entre ce qu’était l’Afghanistan sous le régime taliban et ce qu’il est maintenant :

Les Afghans ainsi que certains observateurs étrangers affirment que l’Afghanistan est aujourd’hui un pays très différent de ce qu’il était sous le régime taliban. Peu de ces observateurs peuvent expliquer exactement et de façon concrète ce qui a vraiment changé. Ils peuvent seulement mentionner le nombre d’élèves dans les écoles, la prolifération des chaînes de télévision et l’amélioration des réseaux routiers… C’est l’évolution de la pensée et des attentes qui ont fait de l’Afghanistan un endroit si différent de ce qu’il était il y a à peine 10 ans.

Afrique: Les 10 présidents les plus accros aux médias sociaux

$
0
0

Dapa Arnaud présente la liste des 10 présidents africains les présents et actifs sur les réseaux sociaux. Le premier sur la liste est Paul Kagame du Rwanda:

En fonction depuis le 4 juin 2003, le président de la République du Rwanda se présente comme le président le plus actif sur la toile. En effet, selon l’Agence Ecofin, le président rwandais Paul Kagame, est très interactif sur son compte twitter, @PaulKagame. Son site web personnel, The Journey Continues, Dukomeze Imihigo, est l’un des sites  les plus visités de son pays. Facebook, Google+, Flickr ou encore YouTube n’échappent pas au président Paul Kagame.

Bénin: L'école fragilisée par la corruption

$
0
0

Babylas Serge de SOUZA décrit les conditions déplorables des écoles au Bénin sur son blog personnel:

 

Suspension de la fourniture de l’énergie électrique et de l’eau potable, compteurs d’électricité et d’eau sous scellés, salles de classes closes, suite à un endettement excessif des écoles publiques auprès de leurs fournisseurs. C’est la situation que vivent les écoles primaires publiques dans les communes d’Abomey-Calavi et de Sô-Ava. A cause du non paiement des subventions à trois mois des vacances scolaires. Ce qui jette un discrédit sur l’éducation nationale.


Parallèle entre guerres de religion et guerres des droits d’auteur

$
0
0

Rick Falkvinge, le fondateur du Parti pirate, fait une nouvelle interprétation des guerres de religion qui ont dévasté l’Europe occidentale aux XVIème et XVIIème siècles. Il fait un parallèle avec la lutte actuelle pour le contrôle de l’information par le biais de législations autoritaires portant sur les droits d’auteur et la liberté d’expression :

Les guerres de religion n’ont jamais vraiment porté sur la religion en tant que telle. Leur but était de savoir qui avait le pouvoir d’interprétation, qui contrôlait la connaissance et la culture accessibles aux masses. C’était une guerre entre gardiens de l’information.

Caracas Chronicles : Du blog au livre

$
0
0

Blogging the Revolution: Caracas Chronicles and the Hugo Chávez Era [Bloguer sur la Révolution : Chroniques de Caracas et l’ére Hugo Chávez] réunit le meilleur de notre travail des dix dernières années : 150 billets qui résistent à l'épreuve du temps.

Francisco Toro et Juan Cristobal Nagel du blog Caracas Chronicles [Chroniques de Caracas] ont publié un livre qui promet de réunir “l'essentiel des informations nécessaires pour une compréhension fine et nuancée du Vénézuela de l’ère Chávez”. Ce livre est disponible au format électronique comme au format papier.

L'assassinat de Parveen Rehman prive le plus grand bidonville du Pakistan de son ange gardien

$
0
0

(Les liens renvoient vers des pages en anglais)

Parveen Rehman, une travailleuse sociale de premier plan au Pakistan, a été abattue par des tireurs non identifiés au milieu d'une escalade de violence ethnique, religieuse et criminelle dans la métropole de Karachi. Parveen Rehman, 56 ans, a été tuée le 13 mars 2013 aux portes d'Orangi, où elle dirigeait le Orangi Pilot Project (OPP), une des ONG les plus efficaces du Pakistan, au service des déshérités.

Orangi, considéré comme le plus grand bidonville d'Asie, abrite près d'un million d'habitants à Karachi. Architecte diplômée, Parveen travaillait aussi inlassablement à documenter chaque parcelle du bidonville tentaculaire et de la ville, pour préserver les terrains de la mafia du foncier bien connue de Karachi, dont elle recevait des menaces de mort depuis des années.

Parveen Rahman. Image from Twitter courtesy Alexpressed

“Parveen Rehman dans son bureau d'Orangi. Elle a changé la vie d'un demi-million de personnes. Orangi a perdu sa mère.” Image sur Twitter de @Alexpressed

Sur son blog Alexressed Journal d'un Pakistanais préoccupé, Ale Natiq écrit :

La plupart la connaissent comme la directrice du Orangi Pilot Project mais elle était plus qu'une simple directrice d'ONG. Elle et son organisation ont laissé des empreintes sur une grande partie de Karachi et ont influé sur des milliers de vies. On peut dire sans exagérer qu'elle a influé d'une façon ou d'une autre sur les vies d'un demi-million de personnes ou la moitié de la population d'Orangi. Les taudis de Karachi et les katchi abadis ont perdu une figure maternelle.

Parmi d'autres événements marquants, l'OPP est renommé pour avoir initié un des programmes d'assainissement d'initiative locale les plus efficaces du monde. Depuis ses débuts en 1980, il a aidé 2 millions de personnes à améliorer leur assainissement en installant le tout-à-l'égout et des toilettes d'intérieur dans tout le Pakistan.

Steve Inskeep, animateur de l'édition matinale de la NPR et auteur de Instant City Life and Death in Karachi (Vie et mort instantanée à Karachi), qui présente un entretien avec Parveen, se souvient sur Twitter :

 @NPRInskeep: Les étrangers étaient un peu nerveux rien qu'à se rendre à Orangi, l'immense zone de Karachi infestée par les gangs où Rahman travaillait avec entrain tous les jours.

Violence de Karachi

Le même jour que Parveen, sept autres personnes ont été tuées dans divers faits de violence dans la ville. Les utilisateurs de Twitter du Pakistan ont éprouvé un extrême sentiment de perte et de chagrin. Le Directeur pour le Pakistan de Human Rights Watch Ali Dayan Hasan a tweeté le 14 mars 2013 :

@AliDayan (Ali Dayan Hasan): Lentement mais sûrement, les meilleurs et tout ce qu'il y a de bon dans notre pays se font cibler et tuer.#ParveenRehman #Pakistan

Un sentiment auquel d'autres ont fait écho, tels les journalistes Beena Sarwar, Mohammad Hanif et l'éditorialiste Cyril Almeida :

@beenasarwar (beena sarwar): #ParveenRehman RT @mohammedhanif: voilà le plus triste. Et nous qui pensions avoir vu trop de tristesse. Cela n'arrive même plus à soulever la colère.

@cyalm (cyril almeida): Une pensée égoïste ce soir : suis malade à l'dée du nombre croissant de gens dans mon répertoire téléphonique qui ont été fauchés. Trop de mort.

@BhopalHouse (Faiza S Khan): Je me rends compte, je sais depuis quelque temps qu'il n'y a pas de fond où le Pakistan ne s'enfoncera pas. Reconnaissant de me sentir encore le coeur brisé. Bientôt ça aussi sera fini.

@AmSayeed (Amima Sayeed): la propagande négative contre les ONG a conduit à ça : #ParveenRehman tuée par balles. La haine aveugle qui ne voit pas leur apport !!

Tribute to social worker Parveen Rehman killed by terrorist in Karachi, Image by Ayuib. Copyright Demoyix (14/3/2013)

Hommage à Parveen Rehman, la travailleuse sociale tuée par des terroristes à Karachi, photo Ayuib. Copyright Demotix (14/3/2013)

Parveen luttait contre la mafia du foncier de Karachi

Avant de rejoindre l'OPP en 1982, Parveen travaillait comme architecte. Elle continuait depuis à enseigner dans différentes écoles d'architecture pour former des architectes socialement responsables dans le pays. Parveen a passé des années à faire des relevés de terrains sur les franges de la métropole de Karachi en constante expansion. Selon ses étudiants et collègues elles recevait des menaces de mort de la mafia impliquée dans l'accaparement de terrains urbains précieux :

Mme Rehman compilait avec ardeur les archives de terrains de valeur, situés aux franges de la ville sous forme de villages mais en voie d'engloutissement rapide dans ses étendues à cause de la demande toujours croissante de milliers de familles migrant chaque année à Karachi depuis tout le pays. Elle disait publiquement que quelque 1.500 goths (villages) avaient été fusionnés à la ville depuis 15 ans. Les accapareurs de terrains les divisaient en parcelles et gagnaient des milliards avec leur vente.

Le journaliste Fahad Desmukh a tweeté son entretien audio avec Parveen Rehman, où elle évoque les menaces de la mafia du foncier à Karachi : 

@desmukh (Fahad Desmukh): Parveen Rehman: “Nous avons dit : Tout ce que vous pouvez faire c'est nous tuer. Que pouvez-vous faire d'autre ? Nous n'avons pas peur de vous” #LandMafia

L'artiste pakistanaise SesapZai écrit sur son blog :

J'ai presque l'impression que les gens au Pakistan ne veulent pas se développer ; le développement est un monstre qui rôde et devient une énorme menace dès que quelqu'un essaie de le faire avancer. Et plutôt que de soutenir et encourager ces courageux humanitaires, comme Parveen Rehman, qui ont consacré et mis en jeu leur vie pour aider les plus pauvres de la région à vivre de meilleures vies, on les assassine. Et avec eux, tous les espoirs et rêves d'un avenir meilleur, plus auto-suffisant économiquement, s'évanouissent également.

Hugo Chávez et le Pérou

$
0
0

[Les citations proviennent de pages en espagnol]

Tout le monde le sait maintenant, Hugo Chávez, président du Venezuela, est mort le 5 mars, néanmoins, peu de gens  peut-être connaissent l'histoire des relations entre Chavez et le Pérou. Cette histoire a commencé en 1974, lorsque Hugo Chavez est arrivé au Pérou au titre de cadet au sein de la délégation militaire du Venezuela, pour commémorer les 150 ans de la bataille d'Ayacucho. C'est probablement de ce moment que date son admiration pour le général  Juan Velasco Alvarado, alors président du pays, à la tête d'un gouvernement révolutionnaire des forces armées.

Par la suite, en 1992, le Président Fujimori donna asile aux 93 militaires vénézuéliens, partisans de Chávez, qui tentèrent sans succès un coup d'Etat contre Carlos Andrés Pérez.

Le deuxième fait marquant de cette relation s'est produit pendant l'année 2000, alors que des rumeurs circulaient sur la protection accordée par le régime de Chavez, alors président du Venezuela, à Vladimiro Montesinos, réfugié politique après avoir été  conseiller du président du Pérou Alberto Fujimori.

La campagne électorale présidentielle au Pérou en 2006 a vu intervenir Hugo Chávez dans l'arène politique de ce pays par son appui plus qu'évident au candidat Ollanta Humala. Pourtant Humala n'a pas gagné cette élection et lors de sa candidature aux élections de 2011 qu'il a gagnées, il a évité de faire référence à ses relations avec Chávez. Néanmoins c'est depuis 2006 que fonctionnent au Pérou des Maisons de l'aube, une organisation à but humanitaire accusée à plusieurs reprises d'être en réalité l'instrument d'une ingérence, d'une infiltration du “chavisme” dans le pays.

Un autre fait qui alimente les spéculations fut l’apparition au Pérou de boites de conserves de poisson portant des portraits de Humala et de Chávez soit-disant dans le cadre d'une aide aux sinistrés du tremblement de terre de Pisco en 2007. L'aide de Chávez aux sinistrés ne s'arrête pas là. Dans le cadre d'un projet immobilier baptisé « Simón Bolívar » il offrit 100 maisons aux habitants de la ville à moitié détruite de Chincha. Ceux-ci ne manquèrent pas de souligner le contraste entre ce geste et le peu de soutien obtenu du gouvernement alors présidé par Alan García.

Hugo Chávez junto a Ollanta Humala en el palacio de Miraflores, en Venezuela. Foto compartida por el usuario de Flickr chavezcandanga, bajo licencia Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Hugo Chávez et Ollanta Humala dans le palais de Miraflores, au Venezuela. Photo partagée par l'utilisateur de Flickr chavezcandanga, sous licence Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

On peut ainsi comprendre que le président vénézuélien ait provoqué par ses initiatives politiques au Pérou des réactions plus importantes qu'ailleurs. Dans ce pays, la majeure partie de la classe politique à l'exception de la gauche n'a pas sympathisé avec lui, il n'était pas bien vu non plus dans la presse avec les mêmes exceptions à gauche. Pourtant les réaction dans les blogs à l'annonce de sa mort ont été assez modérées.

Par exemple Jorge Enrique Seoane Morla, de Metro Press & Photo, s'interroge sur le futur des pays qui recevaient une aide du Venezuela sous le régime, et déclare:

A tort ou à raison, il a prétendu être le fédérateur de l'Amérique Latine autour de lui au sein d'une “Révolution Bolivarienne” en laquelle les intellectuels et les historiens du Pérou ne croient pas. Ils pensent que l'action de Simón Bolívar a été néfaste au intérêts de leur pays (……) Heureusement, le Pérou de Ollanta Humana (et de Nadine son épouse) a pris ses distances avec le Venezuela et l'infiltration par les “maisons de l'aube” : nous sommes libres!

Le blogeur Luis Vigil a republié il y a quelques temps un article d'un historien, Antonio Zapata, portant sur la relation entre Chávez et Fujimori :

Il y a des médias qui ne veulent pas s'en souvenir mais Humala n'est pas l'allié principal d'Hugo Chávez dans notre histoire politique, c'était plutôt Fujimori. Un régime autoritaire a créé des liens fraternels entre le Pérou des années 1990 et le Venezuela de la République socialiste et bolivarienne.

Juan Acevedo, caricaturiste péruvien bien connu, fait une petite analyse du phénomène Chávez sur son profil Facebook, il  termine ainsi :

Quand  Chávez est arrivé, il m'est apparu bien intentionné et imprudent. C'était d'abord un soldat qui se battait et en  faisait beaucoup ( …..)  Chávez comme Fidel Castro, Velasco et d'autres, sont tous les mêmes , ils croient qu'ils pourront changer l'histoire, ils entrent totalement dans ce rôle, il font évidemment des erreurs, et des grosses, mais ils vont jusqu'au bout. D'autres ne font que s'adapter comme ceux qui se prétendent réformistes. Espérons que nous ne cesserons jamais de croire que nous pourrons changer ce qui est injuste, ce qui est mauvais, ce qui est faux….

Le professeur et journaliste Hugo Neira se souvient du Venezuela qu'il a connu autrefois et cite ses propres articles :

Je n'ai jamais aimé ce que j'ai vu : l'extrême décomposition sociale d'un des pays non seulement les plus riches du continent mais aussi bénéficiaire d'une rente pétrolière enviable. J'ai vu cette dégradation de la vie sociale au Venezuela au milieu de la splendeur de ses classes moyennes. Ils étaient aveugles à la pauvreté sur les collines, au désarroi des miséreux face aux nantis qui ne méritaient pas leur fortune. Il est arrivé ce qui est arrivé: Chávez s'est imposé: “Il est venu, l'homme des savanes, il n'est plus seul, il est là pour longtemps, il a à peine 50 ans, il va redistribuer les dividendes de la rente pétrolières vers le bas, vers le peuple. La méthode ne convient peut-être pas à tout le monde, mais c'est ce qui arrive aux pays qui vivent de rentes, le Venezuela aujourd'hui, l'Argentine hier, quand l'égoïsme de la société laisse se créer une masse énorme d'exclus.

Neira continue :

Je n'aimais pas Chávez, je n'aimais pas non plus le Venezuela d'avant Chávez, c'est aussi simple que cela (….) Chávez a été plébiscité pour corriger une démocratie corrompue mais il a inventé la “démocratie directe” , en fait tout ce qui devenait direct a cessé de l'être. Il n'aimait pas les mots “compromis ou médiation”, en fait ce qui manquait au Venezuela et ce qui est l'essence de toute véritable politique. Chávez est un politique de l'anti politique comme le sera Fujimori. On l'a appelé pour soigner la peste, il a apporté le choléra. Et pourtant personne n'a complètement raison, ni l'opposition ni les chavistes, chacun porte sa part de la réalité souffrante du Vénézuela.

Par-delà toute opinion politique, le Pérou a accueilli avec respect l'annonce de la mort de Hugo Chávez. Le Congrès de la république a demandé une minute de silence à sa mémoire, alors que beaucoup considéraient qu'il avait été un dictateur. Autour de l'ambassade du Venezuela à Lima, des sympathisants se sont regroupés pour manifester leur chagrin et lui rendre un dernier hommage. Le gouvernement, pour sa part a décrété trois jours de deuil national, et le Président Humala a pris la tête d'une délégation qui s'est rendue à Caracas pour les funérailles du président Chávez. D'autre part le maire provincial de Chincha  a fait part de la décision d'ériger un buste en l'honneur du président vénézuelien.

Billet original publié sur le blog Globalizado de Juan Arellano.

Des blogueurs hongrois attaquent en justice le syndicat étudiant

$
0
0

Les étudiants de la faculté de droit de l'Université ELTE en Hongrie assignent le syndicat étudiant pour avoir refusé de donner suite à une demande, allant ainsi à l’encontre de la liberté de l'information (FOIA). Les étudiants ont voulu connaître les bénéficiaires de bonus alloués par le syndicat pour un budget mensuel moyen de 2.500€. Ils ont indiqué sur leur blog ÁJK HÖK Figyelő (Le moniteur de l'union des étudiants de la Faculté de droit) [hu] que le comité à la tête du syndicat décidait unilatéralement de l'octroi des bonus. L'initiative des blogueurs du droit a remporté le soutien de l'Autorité Nationale Hongroise pour la Protection des données et la Liberté de l'Information, la première audience [hu] a attiré un public de 30 personnes.

Viewing all 7147 articles
Browse latest View live




Latest Images