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La nouvelle cible des Anonymous Brésil : le pasteur évangéliste Marco Feliciano

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Les Anonymous Brésil ont publié un dossier [en portugais] sur le pasteur évangéliste et député Marco Feliciano, récemment élu président de la Commission des droits de l'Homme et des minorités de la Chambre des députés, malgré l'indignation des électeurs et des défenseurs des droits de l'homme, en raison de ses nombreux commentaires racistes et sexistes. Le dossier contient des informations sur les affaires judiciaires impliquant le pasteur évangéliste Marco Feliciano et des “fonctionnaires fantômes” de son bureau au Congrès national.


Sénégal: Introduction des langues wolof et pulaar dans l'enseignement

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A propos de l’introduction de l'enseignement des langues nationales (wolof/pulaar) en lecture et mathématiques au Sénégal, le blog senenews.com informe que:

”Depuis 4 ans, l’ARED expérimente l’introduction des langues nationales (LN) notamment le wolof et le pulaar dans le cycle élémentaire, à travers des heures libres des classes dont principalement les après-midis. Après évaluation, nous avons décidé de les introduire dans les horaires officiels. Cela a conduit en 2012 à l’ouverture de 14 classes test. Cette année, l’innovation est étendue à 114 classes réunissant 6000 élèves dans les régions de Dakar, Kaolack et Saint-Loui”

Un militant anti-corruption russe en appelle aux lecteurs de son blog

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Alexey Navalny, chef de file officieux de la contestation, s’est défendu le 27 mars sur son blog contre ce qu’il estime être des accusations de corruption injustifiées. Navalny est actuellement suspecté de détournement de fonds dans deux enquêtes différentes. L’une d’entre elles, l’affaire dite KroyLes, concerne l’utilisation supposée d’une société fictive afin de dérober l’équivalent de plusieurs millions de roubles de matériaux d’une scierie de la région de Kirov.

(more…)

VIDEO : Une centrale thermique ukrainienne en feu hypothèque l'avenir de la ville voisine

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[Billet d'origine publié le 30 mars 2013]

[Les liens renvoient à des pages en russe sauf mention contraire] Une personne au moins a été tuée et cinq autres blessées le 29 mars dans le grave incendie [en anglais] de la centrale thermique Vuhlehirska à Svitlodarsk, une petite ville de l’Oblast de Donetsk en Ukraine.

Douze heures après, l'incendie faisait toujours rage, les quatre unités de production électrique de l'usine détruites, les 12.000 habitants de la ville privés de chauffage, d'eau chaude et d'électricité. Les patients alités de l'hôpital local ont été évacués dans la ville voisine de Debaltsevo, selon l'utilisateur de LJ basé à Donetsk pauluskp (Pavel Kolesnik, en russe), qui a re-publié à ce sujet vidéos et photos et transmis des informations sur son blog.

Kolesnik/pauluskp a publié cette vidéo des cinq premières minutes de l'incendie, filmée par le personnel de l'usine au moment “où les flammes ne paraissaient pas encore trop dangereuses” :

Un peu plus tard, le tableau avait bien changé :

Image 1

[NdT : la vidéo a été rendue privée ; ceci est une capture d'écran]

Et voici à quoi ressemblait l'incendie depuis une zone habitée à 40 km de l'usine (vidéo de l'utilisateur de YouTube Anton Zabolotny, re-publiée par Kolesnik/pauluskp) :

D'après les informations officielles, le feu s'est déclaré vers 15 heures. Commentant le billet de pauluskp, en revanche, l'utilisateur de LJ hannaukr écrit que l'incendie a éclaté en réalité vers midi, mais que le personnel de la centrale a essayé ensuite pendant trois heures d'éteindre le feu par ses propres moyens avant de finalement appeler les pompiers.

L'utilisateur de LJ user kotya1975 précise :

[...] Comme ancien pompier, je conviens que les chances auraient été beaucoup meilleures si les professionnels avaient été impliqués immédiatement. Hélas, la centrale est définitivement condamnée, et l'important est de ne pas laisser le feu se propager aux bâtiments avoisinants. [...]

Kolesnik/pauluskp écrit que l'avenir de la ville de Svitlodarsk, où se trouve la centrale thermique endommagée, est ce qui inquiète le plus aujourd'hui :

Il est peu probable que la centrale puisse être reconstruite. [La région du Donbass] pourrait compter une ville fantôme à l'agonie de plus [...].

La ville d'Ukrainsk a connu un sort similaire. Ni la [mine de charbon dont dépendait l'économie de la ville], ni la ville elle-même ne se sont remises de [l'accident catastrophique de 2002] à la mine de charbon. [...]

Kolesnik/pauluskp donne un lien vers son propre photo-reportage sur Ukrainsk, par la suite repris et traduit en anglais par le blog English Russia.

Exploration de nouvelles pistes pour réduire la pauvreté

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Les blogueurs de Global Voices ont été chargés d'animer un blog en direct à l’occasion du Forum mondial 2013 de l'OCDE sur le développement qui aura lieu à Paris les 4 et 5 avril 2013. En amont de cet événement, notre équipe soumet des contributions sur des questions de développement qui peuvent servir chaque semaine de sujets de discussion en ligne sur leur site web dédié (#OECDgfd).

Cloth for sale in at market in Ghana

Tissu vendu sur Makola Market à Accra, au Ghana. Photo de Caroline Beaumont partagée par Transaid sur flickr (CC BY-NC 2.0)

(Billet initialement publié le 27 mars sur Global Voices en anglais. Les liens renvoient vers des pages en anglais)

La quête de solutions pour réduire la pauvreté est en marche avec l’approche de l’échéance 2015 pour la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) lancés par l’ONU. De nombreuses organisations explorent de nouvelles pistes de réponses, avec l’espoir de trouver des idées neuves. Parmi les objectifs dont a convenu la communauté internationale, il y a plus d’une décennie, figuraient la réduction de moitié du nombre de personnes souffrant de la faim ainsi que la création d'emplois productifs pour les citoyens les plus pauvres du monde. La majorité de ces objectifs sont loin d’être atteints dans la plupart des pays, mais des progrès ont été réalisés, par exemple en Afrique sub-Saharienne où la proportion de personnes vivant avec moins 1,25 dollars par jour est passée de 58% à 51% entre 1990 et 2005 [pdf].

Échange d'idées sur Internet

Le Forum mondial sur le développement annuel de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) se tiendra à Paris les 4 et 5 avril 2013. Cette année, l’OCDE se penche sur des approches plus inclusives pour répondre à la question de la pauvreté en organisant un pré-forum ouvert où il est possible de discuter en ligne avec des spécialistes de l’OCDE. Tous les sujets de conversation principaux figurant à l’ordre du jour seront présentés afin que chacun puisse y contribuer.

Une autre approche intéressante sur les échanges d’idées en ligne est celle de l’association Concerned African Scholars, qui regroupe des universitaires et des étudiants africains. Parmi les nombreuses questions abordées, l’impact des centaines de milliards de dollars qui sortent d’Afrique illicitement sur la lenteur de la réduction de la pauvreté. L’auteur, Janvier D. Nkurunziza, suggère qu’une des solutions pour vaincre la pauvreté serait de « rapatrier les ressources qui sont actuellement détenues à l’étranger et dont le continent ne profite pas ».

Si l’Afrique n’avait pas perdu autant de ressources en transferts financiers illicites, il est probable que la pauvreté en aurait été réduite. La logique est que le maintien de ces ressources en Afrique aurait conduit à des taux d’investissement plus élevés, ce qui aurait permis aux Etats africains d’investir dans des secteurs favorables à la productivité tels que les infrastructures, la création d’emploi, la hausse des salaires, avec pour conséquence des niveaux de pauvreté plus bas.

À l’occasion d’une  conférence TED (Technology, Entertainment, Design) organisée à Oulan-Bator en Mongolie sur le thème « Médias sociaux et réduction de la pauvreté » en septembre 2012, Robert Reid, le Directeur de pays résident du Millenium Challenge Corporation en Mongolie, a souligné qu’il est nécessaire que le public participe largement à des projets de réduction de la pauvreté, en insistant sur l’importance de l’engagement du secteur privé pour le développement durable. « Il est important que l’engagement du secteur privé soit pris en compte au début des discussions sur la réduction de la pauvreté, » dit-il.

Cette approche multipartenaire est aussi un principe clé du mouvement « données ouvertes », qui intègre progressivement la sphère du développement.

Le Uganda Open Development Partnership Platform (« Plate-forme ouverte de partenariat pour le développement en Ouganda »), une organisation de la société civile, est une illustration de ce que les données ouvertes peuvent apporter au débat sur la réduction de la pauvreté.

On parle de développement ouvert quand les organisations utilisent les technologies de l’information, parmi d’autres systèmes de partage, pour fournir et partager des informations. Le développement ouvert favorise la transparence et la responsabilité en ce qui concerne les ressources qui sont disponibles pour être investies dans le développement, la manière dont ces ressources sont investies et les résultats qu’elles obtiennent. Au final, tous les acteurs sont impliqués dans cette chaîne de partage de l’information ; les détenteurs et les utilisateurs de données peuvent tirer parti de cet écosystème et de se renforcer mutuellement.

Corée du Nord et Corée du Sud en « état de guerre »

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[Liens en anglais sauf mention contraire] La Corée du Nord a une longue histoire de rhétorique belliqueuse et de menaces envers la Corée du Sud et ses alliés. Cependant, la dernière agression du Nord a été d'une rare intensité et l'escalade des tensions en Asie de l'Est a été aussi rapide que dangereuse au cours des dernières semaines.

Après que le Nord a rompu l'armistice avec la Corée du Sud au début du mois de mars 2013, cette dernière a mené des exercices militaires conjoints avec les États-Unis en guise de démonstration de force. Le 28 mars, des bombardiers furtifs B-2 américains ont survolé la péninsule coréenne et le dirigeant du Nord Kim Jong-un, pour qui c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, a ordonné la mise en état d'alerte des missiles le 29 mars. Le lendemain, Kim a aussi annoncé  que le Nord était en « état de guerre » avec la Corée du Sud et a juré de fermer le complexe industriel de Kaesong, une entreprise commune intercoréenne. Le 31 mars, les États-Unis ont envoyé des avions de chasse furtifs F-22 en Corée du Sud pour un nouvel exercice militaire.

Image of the U.S.-South Korea Annual Military Drill, Uploaded by Flickr user

Image de l'exercice militaire annuel conjoint entre les Etats-Unis et la Corée du Sud, mise en ligne par U.S Army Korea sur Flickr (Image d'archive historique)

Même pour les Coréens du Sud, habitués à toutes sortes de signaux hostiles provenant du Nord, les développements récents étaient effrayants. Certains utilisateurs d'internet ont essayé de se rassurer en citant l'ancien adage « Chien qui aboie ne mord pas » devenu une des métaphores les plus utilisées sur Twitter et sur la blogosphère. Cependant, celle-ci a été utilisée de façons différentes.

@idk209: 누군가 그러든데, 예전엔 한미가 대규모 훈련을 하면 북한도 맞대응 훈련을 했는데, 이젠 그것도 힘에 부치니 입으로 짖어대는 거라고.. 대게 맹렬하게 짖는 개들은 겁에 질려서 짖는 것이고, 그렇게 짖는 개가 무는 경우는 별로 없다…

@idk209 : Certaines personnes ont affirmé que le Nord, qui en général répond aux exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud en organisant ensuite ses propres exercices militaires, se trouve maintenant dans une situation dans laquelle le pays n'a pas l'énergie requise et essaye donc d'aboyer fort. Les chiens, lorsqu'ils sont effrayés, aboient horriblement fort, mais mordent rarement.

@tobeto01: 북한의 전쟁 운운에 대하여..”짖는개는 물지 않는단”다. 하지만 그개가 미친개라면? 물리면 광견병 걸린다.

@tobeto01 : Concernant la rhétorique guerrière de la Corée du Nord, on dit « Chien qui aboie ne mord pas ». Et si le chien est un chien fou ? Les victimes attraperont la rage (en référence aux conséquences) quand ils seront mordus par un chien fou.

@nezerac: 안 짖는 개가 더 무섭다. 북한이 떠들면 떠들수록 개털이라는 말 하지만 우린 최악의 상황을 가정해서 대비를 해야 한다. 일일히 대꾸할 필요없다[...]

@nezerac : Les chiens qui aboient très peu sont bien sûr plus effrayants. Et pour la Corée du Nord, plus elle aboie, plus elle se rend ridicule. Mais nous devons quand même nous préparer au scénario du pire. Mais pas besoin de répondre à chacun de ses aboiements.

Mais il y a eu, bien sûr, les habituels indifférents qui ont tellement entendu de nouvelles inquiétantes sur la Corée du Nord qu'ils y sont devenus insensibles. Le tweet suivant montre la façon dont les Coréens du Sud prennent ces nouvelles, la comparant à celle dont les citoyens japonais, qui vivent dans un pays où les séismes sont habituels, réagissent aux informations sur ces séismes.

@kor_heinrich: 일본 : 강도 5도의 지진 발생 외신: 헐!! 야단났네! 일본국민 : 별거아님 자주있는 일임 한국: 북한, 서울 불바다 만들겠다! 외신 : 헐 야단났네! 한국국민: 별거아님 자주있는일임

@kor_heinrich : [Japon] Quand un séisme de magnitude 5 frappe le Japon, les médias internationaux disent : Oh ! Quelle horreur !! Le citoyen japonais dit : C'est pas grand-chose. Ça arrive bien plus que vous ne le pensez. [Corée du Sud] Quand la Corée du Nord prétend qu'elle va transformer Séoul en une « mer de feu », les médias internationaux disent : Oh ! Quelle horreur !! Le citoyen coréen dit : C'est pas grand-chose. Ça arrive bien plus que vous ne le pensez.

Si le complexe industriel de Kaesong, qui apporte 2 milliards de dollars par an au Nord par le biais du commerce, est fermé, des articles locaux prédisent que cela affectera les moyens de subsistance de 300.000 Coréens du Nord [coréen]. Certains discutent des conséquences différentes qu'aurait la crise pour l'élite au pouvoir et les citoyens ordinaires de Corée du Nord.

hssi84: 북한 지도층은 너무 권력의 물을 많이 먹어서 절대 권력을 놓치려 안할거란 사실이죠. 그런 사실로 봤을때는 망할 수도 있는 전쟁따위는 버릴겁니다. 권력은 쉽게 버릴수도 게임처럼 질러보기식으로 던질 수 없는거자나요

hssi84 : Les dirigeants nord-coréens, qui ont trop pris goût au pouvoir, ne le céderont jamais. Il est peu probable qu'ils se risquent à faire une guerre qu'ils perdront. Le pouvoir n'est pas juste un jeu de hasard avec lequel ils peuvent s'amuser ou une chose qu'ils peuvent se permettre de perdre.

@ourholykorea: [...] 평화 시가 전쟁 시보다 나을 바가 없기 때문이다. 6.25때 죽은 사람보다 90년대 배급중단으로 굶어죽은 사람 숫자가 더 많았던 게 현실이다.

@ourholykorea : (pour les Nord-Coréens) Une situation de paix n'est pas préférable à la guerre. Le fait qu'il ait eu plus de Nord-Coréens morts dans les années 90 quand la distribution de nourriture s'est arrêtée que de morts pendant la guerre de Corée est une triste réalité.

Pour l'instant, les tensions et les conflits ont augmenté sans aucun signe d'affaiblissement. De plus, certaines prévisions prétendent que Kim Jong-un puisse en fait appuyer sur la détente afin de ne pas perdre la face [coréen]. Un certain nombre d'internautes ont fait entendre leurs inquiétudes, indiquant que la réponse à l'hostilité par une hostilité plus grande pourrait ne pas être un choix judicieux, sachant ce que la Corée du Sud pourrait perdre en cas de guerre réelle.

@toplkw: ”북한 도발시 1차 세계대전 수준 사상자 발생” http://www.viewsnnews.com/article/view.jsp?seq=98067 적대관계와 냉전적사고로가면 우리안보가 튼튼해지나 이 수구들아.

@toplkw: Si la Corée du Nord en venait vraiment à des provocations (militaires), le nombre de victimes pourrait atteindre celui de la Première Guerre mondiale : lien vers un article local [coréen]. Écoutez, vous les conservateurs : Il est peu probable que la réponse à leur hostilité par l'hostilité (pourra un jour résoudre le problème) et une mentalité de guerre froide ne renforcera pas comme par magie notre sécurité nationale.

@welovehani:미 스텔스 전투기가 한반도에 떠서 안전해지면 좋았겠지만. 북한의 반응은 정전협정 파기 선언. 도발은 북이 먼저 했기에 비난받아 마땅하지만. 도발에 똑같이 도발하는 대응 방식에 미국에서마저도 우려의 목소리가 나오고 있다.

@welovehani : Cela aurait été une bonne chose si les avions furtifs américains qui ont survolé la péninsule coréenne travaillaient à la protection de notre sécurité. Cependant (après leurs manœuvres), la Corée du Nord a décidé d'annoncer la fin de la trêve. Je ne défends pas le Nord, en fait je l'accuse d'avoir été le premier à avoir eu recours aux provocations. Mais même aux États-Unis, certaines personnes ont commencé à faire savoir leurs inquiétudes quant à la façon dont leur pays gère cette situation. C'est à dire : la réponse à la provocation par une provocation similaire.

Les investissements étrangers à Timor-Est tournent le dos à la population locale

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Olavio Quintas, un citoyen de l'extrémité est de Timor, a exprimé sa frustation à l'égard du “développement” dans son pays sur la station de radio Liberdade Díli. Il a déclaré que « les Timorais sont devenus spectateurs des investissements étrangers » et a regretté l’absence d’emplois pour les jeunes, car les entrepreneurs et le gouvernement ne veulent pas confier les tâches les plus élémentaires aux Timorais.

Les hackers dans la cité arabe : En Algérie, très bas débit et girl power

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Sabine est journaliste, Ophelia photographe et vidéaste : toutes deux ont émergé de la pépinière du site OWNI (l'un des partenaires de Global Voices) et font un reportage sur “Les hackers dans la cité arabe” sur la technologie, les applications, les start-ups, les hack labs et les makers spaces, qui s'inventent au Maghreb et au Moyen Orient actuellement. Aujourd'hui, dans le deuxième article de cette mini-série, des extraits de leur post sur les jeunes informaticiens algériens, rencontrés à l'Ecole Supérieure d'Informatique d'Alger (texte Sabine Blanc, photos Ophélia Noor, extraits sélectionnés et édités par Claire Ulrich).

 

 

 Yazid : Une start-up en 54 heures ?

Yazid a 20 ans, une voix timide, et de grosses envies de monter sa start-up. Il a d’ailleurs déjà un projet en cours de développement avec quatre étudiants en dernière année : une plate-forme de mise en relation entre des personnes proposant des services et des clients potentiels. Il explique sa frénésie entrepreneuriale :

Internet est un terrain vierge, j’ai 5 à 10 ans pour monter ma start-up.

Pour illustrer son propos, et les difficultés attendues, il nous indique le prix que payent ses parents chaque mois pour une connexion Internet à 256 kb : 12 euros. En France, une connexion standard triple play monte à 10 mb pour 30 euros/mois. L’Algérie est dans les tréfonds du classement concernant le débit : 176e sur 176 l’année dernière. Du coup, dans son logement d’étudiant à Alger, il utilise en douce la connexion d'un voisin.

  Un mur du local du Club scientifique de l’ESI à Alger. Photo Ophelia Noor, reproduite avec autorisation

 

Au détour de l'exposé de son projet, nous découvrons une autre spécificité de l’Internet algérien : le e-commerce n’existe pas. Pour se rémunérer, ils tablent sur un système de compte utilisateur alimenté par un mandat-poste, avec un système de points : pour avoir un contact, il faut acheter des points. Inutile de dire que cet archaïsme subit des coups de boutoir :

Il y a une grosse pression des chefs d’entreprise pour déréguler.

 

En attendant la dérégulation, il compte entre autres sur l’aide du cyberparc étatique, dont le nom fleure bon les années 80-90. Installé dans la ville nouvelle de Sidi-Abdellah à 30 km d’Alger, il témoigne de l’intérêt que porte le gouvernement aux TIC. Le lieu accueille aussi des événements, comme les Algeria 2.0. La première édition a eu lieu l’année dernière et sera renouvelée en avril prochain. Dans ce cadre, un « start-up week-end » avait été organisé, et le sera encore ce printemps. Parmi les sponsors, les poids lourds habituels : Google et Microsoft.

Mais quand on entend nos jeunes parler des obstacles administratifs à la création d’une entreprise, on se demande si le pitch « créer une start-up en 54 heures » n’est pas une plaisanterie d’un gouvernement schizophrène. On verra si sa promesse de faciliter la vie des entrepreneurs restera à l’état de vœux pieux de début d’année.

 

Yasmine Bouchène : “C'est le girl power !”

Du haut de ses 22 ans, Yasmine Bouchène a déjà lancé deux webzines, Jam Mag, sur « la culture geek et les nouvelles technologies » et Vinyculture, un « webzine culturel ». Et maintenant, elle souhaite monter sa structure dans le marketing et la comm’. Chez elle, l’ironie désabusée est un sport quotidien, une hygiène de vie.

 

Yasmine Bouchène, Alger, décembre 2012, photo Ophelia Noor reproduite avec autorisation

 L’état actuel du numérique algérien la désespère et elle transpire déjà à l’idée d’entamer les démarches pour sa future boîte :

e-Algeria 2013, un programme de numérisation du pays lancé voilà cinq ans, a été un échec. Le dossier de la 3G, c’est 5 ans d’effet d’annonce. Et le web n’existe pas dans la nomenclature administrative !

Quelques jours après, elle fera un court article sur l’arrivée de la 3G en Somalie, taclant le gouvernement algérien à la première ligne :

En proie à une guerre civile depuis dix ans, la Somalie n’a pour autant pas ignoré le développement de son secteur économique, à commencer par les télécommunications, secteur qui compte des millions d’abonnés.

 

Une participante à l'atelier JerryCan à l'ESI d'Alger

Une participante à un atelier JerryCan à l'ESI d'Alger. Photo Ophelia Noor, reproduite avec autorisation

L’État algérien semble reprendre la main sur le développement du secteur via le fournisseur d'accès national Algeria Telecom (AT), en mode bras de fer. Il n’en a pas toujours été ainsi. Le pays a aussi son Free, Eepad. Le premier et seul fournisseur d’accès privé en Algérie s’est lancé sur le marché en 1999, à l’ouverture du secteur à la concurrence. En 2003, il a commencé à proposer de l’ADSL. Puis sa Freebox, l’Assilabox.
En mai 2009, AT déconnecte son rival, laissant sur le carreau 36 000 abonnés. En cause, une dette de 4 milliards de dinars que le FAI privé n’aurait pas payée à temps. Certains y ont vu une façon de rétablir le monopole public, via une entrée dans le capital d’AT. Son PDG a finalement annoncé le retour de l’entreprise voilà un an, après 27 mois d’absence.

Yasmine nous invite à prendre avec précaution les chiffres sur le nombre d’abonnés à Internet avancés par le gouvernement algérien. « Il faut se référer aux chiffres de l’IUT » (l’Union internationale des Télécom). Soit 14% d'Algériens qui utilisaient Internet en 2011.

Le moral remonte un peu quand on évoque la situation des femmes. Devant notre étonnement de voir autant de filles à l’ESI, elle rigole :

C’est le girl power, on s’amuse bien ! Les années 90 nous ont beaucoup aidées : les féministes sont montées au combat et un socle d’idées est resté. La ministre de la Culture Khalida Toumi est une féministe, en poste depuis dix ans.

 

Récemment, note-t-elle, du lest a été lâché : « ils n’ont pas le choix ». Il y a par exemple la démission du ministre de l’Éducation Boubekeur Benbouzid en septembre, après 19 ans au gouvernement, dont dix à l’Éducation. Une opération #BenBouzidDégage avait été lancée sur Twitter et Yasmine veut croire qu’elle a pesé.
L’ouverture de l’audiovisuel est apparemment en route, se réjouit-elle, avec un texte annoncé pour la mi-2013. [...] Yasmine revient  aussi sur les difficultés rencontrées pour organiser des réunions. Après la levée de l’état d’urgence, la loi n° 91-19 de 1991 régissant l’exercice du droit à la liberté de réunion pacifique s’est de nouveau appliquée. Un cadre très strict, comme le déplorait Franck La Rue, rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, dans un rapport de mission publié en juin dernier. Mais elle précise :

La vraie censure, c’est la lenteur de la connexion Internet. Il y a eu des tentatives de censure lors des émeutes : ils n’avaient pas grand chose à censurer. Le gars qui est à 512 ko… Mais ça montrait qu’ils avaient peur.

 

Extrait de l'article original publié le 28 janvier 2013 par  sur le blog “Les hackers dans la cité arabe”. Lire aussi le précédent post de cette mini-série.


Le leader tchétchène aimerait-il soudain Novaïa Gazeta ?

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Le 1er avril 2013, date du vingtième anniversaire de la création de Novaïa Gazeta, journal russe critiquant le gouvernement et connu pour son journalisme d’investigation, le chef de la République de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov (anciennement Président), s’est connecté à son Instagram, comme il en a l’habitude ces temps-ci, afin d’exprimer publiquement son respect pour cette publication et ses journalistes, bien qu’il soit « parfois en désaccord avec eux ». Certains blogueurs en sont restés abasourdis ; après tout, la majorité des utilisateurs de RuNet pensent que Kadyrov (premier ministre de Tchétchénie à l’époque) est responsable, au moins partiellement, de l’assassinat en 2006 d’Anna Politkovskaya, reporter à Novaïa Gazeta. [liens en russe et anglais]

Сегодня исполнилось 20 лет "Новой газете", которая по сей день является одним из немногих островков настоящей журналистики. И хотя я часто не согласен с мнением некоторых журналистов, тем не менее я высоко ценю Ваше желание докопаться до истины и дать возможность Вашим читателям узнать ее. Надеюсь, что и я смогу Вам помочь в этом нелегком деле. Всегда готов ответить на Ваши вопросы и донести до Ваших читателей максимально объективную точку зрения о Чечне.

Un bidonville fantôme dévoilé par un photographe russe

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Un photoblogueur de Voronej, en Russie centrale, non loin de la frontière ukrainienne, a pris une série de photographies saisissantes [russe] (dont un panorama animé) d’un petit « bidonville » oublié qui se dissimule au cœur d’une zone urbaine par ailleurs moderne et populeuse. Le « bidonville », qui se compose principalement de bâtiments à l’abandon, ressemble au décor d’un film sur la Seconde Guerre mondiale, ce qui n’est pas sans ironie dans une ville qui a été reconstruite après de lourdes destructions subies pendant la guerre.

Le racisme dans le football costaricain

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Sur Carepicha Blog [espagnol], José Medrano dénonce le racisme au cours des matchs de football et dans la société en général.

Je pense que les insultes racistes devraient être sanctionnées par une lourde amende ou par des travaux d’intérêt général ainsi que par l’obligation de suivre des cours sur l’histoire et l’éthique, sur tout ce qui enseigne à quel point la discrimination a été préjudiciable à l’humanité.

Une grève nationale ébranle la Présidente du Malawi

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[Sauf mention contraire, tous les liens renvoient vers des pages en anglais]

La Présidente du Malawi fait front face aux appels à démissionner après que des centaines de milliers de fonctionnaires qui demandaient une revalorisation salariale ont fait grève deux semaines durant, immobilisant l'aéroport international du pays et paralysant hôpitaux et écoles.

Les travailleurs du secteur public demandaient une augmentation de 65% de leurs salaires afin de répondre à la hausse du coût de la vie déclenchée par les dures réformes économiques de la Présidente Joyce Banda, y compris une dévaluation de la monnaie locale, le kwacha. Pendant la grève nationale les écoles sont restées fermées et les centres de santé ont fonctionné en service minimum tandis que médecins, infirmières, professeurs et autres fonctionnaires débrayaient.

Le ministre des finances du pays avait annoncé auparavant qu'il était impossible d'accéder à la demande des grévistes, qui multiplierait presque par trois le budget public consacré aux salaires, de 97 milliards de kwacha [environ 275 millions de dollars américains] à 276 milliards de kwacha [environ 785 millions de dollars américains]. Mais les officiels ont cédé aux demandes des travailleurs et ont consenti une augmentation de 61% des salaires le 21 février 2013.

L'épreuve de force n'a pas aidé Mme Banda, dont le renouvellement du mandat dépendra des élections de l'année prochaine. La première femme à présider le pays, qui a hérité d'une économie chancelante de son prédécesseur Bingu wa Mutharika, s'est progressivement attiré la colère de ses compatriotes par la mise en place d'un budget d'austérité ainsi que d'autres réformes économiques douloureuses, en partie destinées à satisfaire la communauté internationale dont l'aide financière représente environ 40% du budget du Malawi.

Les remarques du Ministre malawite de la Planification Economique et du Développement Goodall Gondwe accusant ses concitoyens d'être paresseux, publiées à la veille de la grève, ont porté un coup supplémentaire au gouvernement de Mme Banda.

Joyce Banda  speaking at the DFID conference in 2010. Photo shared on Flickr by DFID under Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0) .

Joyce Banda s'exprime à la conférence du Département britannique du développement (DFID) en 2010. Photo sur Flickr du DFID sous licence Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.0) .

Alick Ponje, blogeur, écrit que Banda a rompu le contrat de confiance avec l'opinion publique :

La vérité c'est que nous sommes dirigés par une Présidente qui ne nous a pas suffisamment donné l'opportunité de nous exprimer. Elle se voit obligée de deviner ce que nous souhaitons et d'agir sur cette base même si ses divinations échouent. C'est plutôt dangereux. C'est un procès que nous intente notre propre Présidente et notre parole est muselée par l'immense pouvoir qu'elle exerce soudainement.

A ses débuts réellement glorieux, [Joyce Banda] nous a abusés en faisant croire qu'elle serait une Présidente à l'écoute et qui serait toujours à notre service. Elle le devait pour bien commencer, avec tout le soutien mérité.

Mais le blogeur Pearson Nkhoma défend l'idée que demander la démission de Banda ou sa destitution ne résoudrait pas le problème car le parlement continuerait d'être peuplé de députés ayant soutenu l'ancien Président Mutharika, responsable des tourments économiques actuels du Malawi :

On cherche à faire le tableau d'une [Joyce Banda] ayant misérablement échoué. Il se peut en effet qu'elle ait échoué, mais nous sommes le peuple qui a applaudi les “accomplissements” de Bingu wa Mutharika quand d'autres se plaignaient nuit et jour, disant que Bingu manquait à ses obligations; que Bingu envoyait le pays aux oubliettes d'où il serait peut-être impossible de le tirer. [Banda] a maintenant du mal à sortir le pays des enfers de la destruction. Nous, qui demandons la tête de [Banda], sommes en grande partie responsables de ce désastre.

Pointant du doigt la nette fracture entre la classe dirigeante et le reste du pays, le blogeur Alick Nyasulu écrit dans un billet  publié dans le journal The Nation que le gouvernement ne remplit pas le contrat social qui le lie au peuple malawite :

L'esprit d'entreprendre anime profondément toute personne normalement constituée qui n'abuse pas du privilège de contrôler l'argent du contribuable. Je pense que personne ne devrait faire de sermon sur le succès simplement parce qu'il a occupé une position propice à l'accumulation de richesses indues au prix de la confiance publique. Si nous n'empêchons pas que des élus et leurs adjoints pillent les fonds publics, et rien n'est moins sûr dans le contexte actuel,  toutes les discussions concernant l'augmentation du niveau de vie ne sont que des platitudes apprises à l'école coloniale et qui collent à la peau de monsieur tout-le-monde. Nous ne sommes pas paresseux mais nous méritons mieux.

Ecrivant qu'aucune classe de la société malawite du haut en bas n'accomplit ce qui est attendu d'elle, le blogeur Watipaso Mkandawire a demandé aux fonctionnaires d'accroître leur productivité maintenant qu'ils ont obtenu une revalorisation de salaire. Peut-être cela encouragera-t-il l'administration Banda à honorer les promesses faites au peuple concernant le plan de redressement économique du pays, mais probablement pas écrit-il :

Bien sûr la réalité est que tout ceci est évidemment psychologique. L'économie du Malawi est en mauvaise posture et il règne un “chaos organisé” parmi ceux qui essayent de mettre en place le Plan de Redressement Economique. Ils ont un contrat avec les Malawites, mais ils ne prévoient pas d'honorer ce contrat simplement parce que ce n'est pas dans leur nature et qu'ils s'en moquent.

Iran: Décès du “doyen” des blogueurs

Espagne : Le président madrilène prône la censure des photos

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[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

Le président de la communauté urbaine de Madrid, Ignacio González (Parti Populaire) a défendu, sur les ondes de Radio de Libertad Digital, l’établissement de « certaines limites » concernant la publication d’images compromettantes dans les médias, car il considère « qu’il faut soigner l’image des personnes et des institutions ».

Quelques jours plutôt, El País publiait des photos datant d’une vingtaine d’années, sur lesquelles le président du gouvernement de la Galice, Alberto Núñez Feijóo (Parti Populaire), se tenait aux côtés du célèbre contrebandier Marcial Dorado, actuellement derrière les barreaux. El Confidencial a publié des déclarations de l’intéressé suite au scandale provoqué par ces clichés :

J’ai toujours affirmé qu’il n’y a rien derrière ces photos, qu’il s’agit de simples photos, et que je suis disposé à continuer à donner des explications et à répondre à toutes les questions qui me seront adressées. De fait, mercredi prochain, je vais comparaître au Parlement.

Voilà à quel type « d’images compromettantes » se référait le président de la communauté de Madrid, lorsqu’il proposait de censurer les médias, dans le but de ne pas porter atteinte à l’image des institutions gouvernementales.

Sur le Web, les réactions ne se sont pas fait attendre : le sujet s’est placé parmi les plus discutés sur Twitter en à peine quelques minutes.

@ROMARIOIDEG : Ignacio González oublie quelque chose appelé Démocratie. Qui implique la liberté de la presse.

@tOnnijimenez : Ignacio González, et la liberté d’expression dans tout ça ?

@LaMariMala : Ignacio González dit que la liberté de la presse ne le botte pas. Il appelle « limites » ce que les autres nomment CENSURE.  #marcaespaña

@CristianMas86 : Ignacio González est plutôt pour mettre des limites à la presse qui dénonce la corruption qu’aux corrompus. Très #MarcaEspaña tout cela.

Cette affaire vient s’ajouter à la longue liste d’attaques contre la liberté de la presse en Espagne, qui ne vit pas ses plus beaux jours.

*Photo de couverture du parti populaire de Madrid, publiée sous licence CC BY-3.0.

Une blogueuse cubaine interdite d’entrée aux Etats-Unis

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La cubaine Elaine Díaz Rodríguez, blogueuse, professeur et rédactrice pour Global Voices, s’est vu refuser, mercredi 3 avril 2013, un visa d’entrée aux États-Unis [pt], l’empêchant de participer à la conférence internationale de l’International Congress of Latin-American Studies [en]. Le journaliste brésilien Alex Haubrich explique la frustration de l’intéressée et critique les critères appliqués par le gouvernement étasunien.

 


Le retour des journaux privés au Myanmar fait des jaloux en Chine

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[Sauf mention contraire, tous les liens de cet article sont en chinois.]

Après plus de cinquante ans d'absence, le retour des journaux privés [fr] en Birmanie (Myanmar) est source de jalousie et frustration pour les citoyens chinois, qui se demandent si leur pays suivra un jour cet exemple en relâchant son strict contrôle des médias.

Les quatre nouveaux quotidiens indépendants du Myanmar ont vu leurs stocks épuisés peu après leur arrivée dans les kiosques le 1er avril 2013. Le journal chinois Beijing Times a écrit un article sur le sujet, lançant un débat animé dans les autres médias chinois ainsi que sur les plateformes de médias sociaux.

Craig McIntosh, rédacteur en chef du China Daily, a commenté [en] sur le site de microblogging Sina Weibo :

Un grand jour pour la Birmanie. Une presse libre, impartiale et juste peut jouer un rôle important pour la protection des droits de l'homme ainsi que d'autres libertés.

A screenshot of the report about the Myammar's private newspaper China's Guangxi TV (from youku)

Capture d'écran d'un reportage sur les journaux privés de Birmanie diffusé sur la chaine chinois Guangxi TV (vu sur youku)

Un autre journaliste du “Guilin Ribao Laona” a posté :

私人报纸一小步,国家民主一大步……

Un petit pas pour les journaux privés, un grand pas pour la démocratie du pays.

La plupart des commentaires était cependant un peu amers, regrettant l'importante censure des médias à l'œuvre en Chine. “Xianshi Wangtian” s'exprime ainsi :

向缅甸人民祝贺,我国宪法规定中国公民也有自办报刊的权利,不知什么时候中国公民能依法自办报刊,这也是中国梦,何时成真?

Félicitations au peuple birman. Notre constitution donne le droit aux chinois d'avoir une presse indépendante, mais quand les chinois pourront-ils avoir leurs droits tels qu'ils sont décrits par la loi ? C'est ça aussi le Rêve Chinois, quand se réalisera-t-il ?

Un utilisateur au nom de “ShanghaiJuice” répond :

Ça ne va jamais arriver en Chine.

 

Pendant qu'un autre note d'un ton sarcastique :

缅甸也快成民主国家了,我国的朋友越来越少了。

On dirait que la Birmanie se dirige vers la démocratie, et que la Chine va avoir de moins en moins d'amis.

Un autre commentateur, “Liushi Buhuo” se fait l’écho de ce sentiment : 

搞了几十年还不如缅甸越南,再过两年可能连古巴都不如,只能跟朝鲜比高下。

Après une dizaine d'années de réforme et d'ouverture, nous arrivons quand même à nous faire dépasser par le Myanmar et le Vietnam. Peur-être que dans deux ans, même Cuba sera plus avancé que nous, et il ne restera plus que la Corée du Nord.

“Hujin Wenyu”, suggeste à son tour :

既如此,可到缅甸去,办一份中文报纸,如何?

Puisque c'est comme ça, pourquoi pas lancer un journal chinois au Myanmar ?

Un utilisateur garde cependant un peu d'espoir, écrivant :

Peut-être que c'est aussi le futur de la Chine ? Mais difficile de savoir combien d'années ou de décennies à attendre avant que ça arrive.

En Bolivie, les femmes des peuples indigènes partent perdantes

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Marisol représente une communauté indigène de Cochabamba, en Bolivie, et comme beaucoup de femmes indigènes a émigré vers la ville à la recherche de conditions de vie meilleures. C'est l'une des femmes qui interviennent dans une série d'interview filmées par Periodismo Humano [es] sur les femmes dans la société bolivienne. “Être une femme et être indigène, ici, c'est la pire des choses qui puisse vous arriver,” dit-elle.

Les femmes interviewées, de tous horizons, racontent des histoires qui montrent qu'avoir deux chromosomes X en Bolivie est un handicap. Les femmes sont moins éduquées, moins payées et bien que la participation des femmes en politique augmente, les femmes qui ont des responsabilités en Bolivie luttent toujours pour faire entendre leurs voix.

Mario Munera Rodríguez, la journaliste qui a écrit et produit la série écrit [es] :

El dibujo social en el que se enclava la mujer boliviana viene dado por el contraste de, por un lado lo que allá definen como agringados o personas que desean imitar los estilos de vida (a ojos de) capitalistas y por el otro el de aquellas y aquellos que tienen raíces y se niegan a dejarlas atras.

Le schéma social dans lequel les femmes boliviennes sont bloquées est du au contraste entre, d'un côté, ceux appelés agringagos ou ceux qui veulent imiter (d'après eux) le mode de vie capitaliste, et de l'autre côté, ceux qui ont des racines et qui refusent de les laisser derrière eux.


La seconde vidéo [es] parle des filles et de leur accès à l'éducation. Dans cette vidéo, Munera déclare :

Según el INE [Instituto Nacional de Estadistica] 2001 en Bolivia, la tasa de analfabetismo de mujeres es de 19,35 por ciento, mientras la tasa de analfabetismo masculinos es del 6,94 por ciento. En el campo el analfabetismo femenino es del 37,91 por ciento, en contraposición al masculino que es de un 14,42 por ciento.

La educación de la mujer es muy importante. La escolaridad alcanzada por las mujeres influye directamente en las condiciones de salud, nutrición y supervivencia de los hijos. Asimismo, incide en la mortalidad materna.

Selon l'INE (National Institute of Statistics) en 2001 en Bolivie, le taux d'illettrisme pour les femmes est de 19,35% alors que celui des hommes est de 6,94%. Dans les zones rurales, le taux de femmes analphabètes et de 37,91% contre 14,42% pour les hommes.

Éduquer les femmes est très important. La scolarisation des femmes influence directement la santé, la nutrition et le taux de survie des enfants. Il affecte aussi la mortalité maternelle.

Sonia, une sociologue interviewée dans la vidéo dit que “l'éducation en Bolivie est très sexiste. En réalité, les filles sont ignorées.”


Dans la troisième vidéo, Munera explore la participation des femmes en politique [es]. L'article qui accompagne la vidéo comporte les citations suivantes :

“Muchas han tenido que usar la violencia para hacerse respetar, para ponerles el límite al hombre”

“Beaucoup ont utilisé la violence pour être respecté, pour créer des frontières avec les hommes.”

“Los hombres piensan que las mujeres son para que se recreen incluso en estas circunstancias, de compañeras en la política”

“Les hommes pensent que les femmes sont là pour les divertir, même dans ces circonstances, en tant que collègue en politique”.

“Se busca a las mujeres para alistarlas dentro de los partidos políticos postulantes al gobierno y tratan de cumplir con el 30% de participación de las mujeres, pero nominalmente”

“Ils cherchent des femmes comme candidates politiques pour des postes au gouvernement et ils essayent d'atteindre un taux de, peut-être, 30 % pour les femmes, mais seulement nominativement.”

“Todavía los hombres toman las decisiones y las mujeres tienen sólo que levantar la mano”

“Les hommes prennent toujours les décisions et les femmes doivent seulement lever leurs mains”.

“El gobierno han cooptado a muchos de los intelectuales y pensadores de izquierda que nos decían sobre por dónde debíamos ir”

“Le gouvernement a coopté beaucoup d'intellectuels et de penseurs de gauche qui nous disaient où nous devions aller”

“Quienes hemos estado cuestionando la política del gobierno, no de manera destructiva y quienes no somos de derechas, hemos sido las organizaciones de mujeres”

“Ceux qui ont mis en question la politique du gouvernement, de façon constructive, et sans être de droite, sont les organisations de femmes.”



Enfin, dans la quatrième et dernière vidéo [es], Munera souligne que ” les violences sexuelles et les violences faites aux femmes représentent 70% des attaques enregistrées dans le pays.” Dans une série d'interviews, un coordinateur, un sociologue et un psychologue explique le contexte dans lequel les femmes victimes de violence sexuelle vivent en Bolivie.

La vidéo se termine par une série de photos en noir et blanc, mais précise avant :”Aucun homme n'a souhaité participer à la réalisation de ce documentaire.”

Azucena Ramos, Jaime Fraire, Libanez, Maggie S, et Molly Allison-Baker ont traduit les vidéos de ce post.
Cet article a été publié en espagnol en mars 2012.

En temps de récession internationale, le développement durable c'est d'abord sur place

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Les blogueurs de Global Voices ont été chargés d'animer un blog en direct à l’occasion du Forum mondial 2013 de l'OCDE sur le développement qui aura lieu à Paris les 4 et 5 avril 2013. En amont de cet événement, notre équipe soumet des contributions sur des questions de développement qui peuvent servir chaque semaine de sujets de discussion en ligne sur leur site web dédié (#OECDgfd).

 

Thatched roof Mali
Préparation d'un nouveau toit de chaume au Mali. Photo Jean-Marc Desfilhes sur flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

(Les liens renvoient vers des pages en anglais sauf mention contraire)

Alors que les économies occidentales sont aux prises avec la hausse de la dette et du chômage, leur approche du développement et de la coopération avec les pays à faible revenus et les marchés émergents marque un tournant. Il se précise que le développement durable ne doit pas se fonder sur la richesse ou la redistribution externes, mais au contraire être généré sur place.

Investissements étrangers et transferts de fonds sont identifiés depuis longtemps comme une source essentielle de revenus pour les populations pauvres dans des pays comme le Mali ou le Cap Vert. Des villages entiers ont été construits au Mali par exemple avec les transferts de fonds, principalement des migrants en France. Ce qui n'est pas autant synonyme pour ces pays d'aide à un développement durable.

Pour la plupart des pays d'Afrique, la capacité, positive, à attirer les capitaux est souvent contre-balancée, en négatif, par des politiques fiscales avantageuses pour les investisseurs étrangers, qui privent ces pays de revenus publics pour édifier leurs économies. Cette tendance semblait encore à la hausse à travers le monde en 2007 d'après un rapport de l'OCDE “Incidences fiscales sur les investissements étrangers directs”.

Un rapport de Matthew Martin et Nils Bhinda de Development Finance International montre qu'en Tanzanie, par exemple, les entrées de capitaux privés en provenance de multinationales minières ont accru le volume des ventes d'or et de diamants. Mais les bénéfices sociaux attendus n'ont pas suivi, tels qu'un accroissement des ressources de l'Etat ou l'investissement public dans l'infrastructure sociale. En fait, diverses exemptions d'impôts et avantages fiscaux ont finalement coûté à la Tanzanie 140 millions de dollars de 2005 à 2008.

Transferts de fonds : de l'argent à quel coût ?

Un nombre croissant de ménages pauvres à travers le monde subsiste sur les transferts de fonds, selon la Banque Mondiale. Mais la question demeure : ces flux apparemment prospères de migrants et d'argent peuvent-ils assurer un développement durable et réduire la pauvreté dans les pays les plus touchés ?

Les transferts de fonds de l'étranger se sont élevés au Mali à 3,7% du PIB pour l'exercice 2005-2006, et selon certaines estimations ils ont notablement réduit le nombre des pauvres au Mali et fait baisser les inégalités. Le Cap Vert est un autre pays qui semble avoir profité de l'émigration, car c'est le pays qui a le plus haut ratio de transferts de fonds par habitant de toute l'Afrique. Avec un taux de 8% du PIB, il est même parvenu à créer des institutions bancaires pour les pauvres dans tout l'archipel grâce aux envois de fonds des migrants au Portugal, au Brésil et aux USA.

De tels chiffres ont conduit de nombreuses institutions du développement à vouloir élaborer des politiques de développement axées sur les flux de transferts de fonds, en essayant de convertir ces recettes de “subsistance” en capital pour les infrastructures. Des mises en garde sont cependant nécessaires.

Malgré l'accroissement des flux de transferts de fonds, il faut garder à l'esprit que la notion même de transfert de fonds résulte d'un effet majeur de la pauvreté mondiale : la migration économique. Ceux qui choisissent de quitter leur pays sont souvent exposés à des risques et dangers pendant leur passage (traversée illégale de frontières, trafiquants d'êtres humains, isolement social et culturel).

Qui plus est, les envois de fonds des migrants dépendent étroitement de la croissance économique des pays d'accueil. Quand le chômage y augmente, cela affecte fréquemment le type de travail à la portée de la plupart des migrants, ce qui augmente la menace de précarité pour eux comme pour leurs familles restées au pays.

Et enfin, la nature “de particulier à particulier” des transferts de fonds est à parts égales une bénédiction et une malédiction. Comme l'écrivait Hein de Haas dans un article pour Third World Quarterly en 2005 :

L'abondamment célébré micro-niveau auquel se font les transferts de fonds fait leur force, mais également leur principale faiblesse, car cela implique aussi que les migrants comme individus ne sont généralement pas capables de surmonter les contraintes globales du développement.

Du fait du manque d'incitations à une valeur ajoutée de production locale, il s'avère que les transferts basés sur de la valeur créée à l'étranger ne peuvent jamais être l'unique fondement d'une stratégie de développement durable pour les pays à bas revenus.

Les bonnes pratiques pour un développement durable

Il existe des mesures à prendre pour appuyer l'investissement étranger direct et les transferts de fonds en vue d'un monde plus durable.

D'abord, la transparence et la responsabilité. Concernant les investissements étrangers, les gouvernements devraient fournir des projections appropriées des bénéfices pour les finances publiques, sans lesquels les projets ne devraient pas être autorisés. Les politiques financières devraient encourager un système permanent de garde-fous pour les flux tant privés que publics avec une obligation de transparence pour la source des recettes et leur utilisation future. La transparence, sous la forme de publication périodique et obligatoire vers la société civile [fr] devrait être imposée.

Les pays à bas revenus recourent souvent à l'instauration de zones franches industrielles [fr] pour stimuler l'industrialisation et créer des emplois dans des endroits stratégiques dotés de ressources minières. La création de telles zones a souvent mené à l'instabilité économique et sociale à travers une course permanente à la diminution des coûts, la mobilité géographique et la production de basse qualité. Si donc un gouvernement opte pour la création d'une zone franche, il devrait également prévoir une conversion rapide de la main d'oeuvre et de la capacité de production pour qu'elles évoluent selon les marchés.

Un concept d'autant plus important qu'il n'y a eu jusqu'à présent aucun effort concerté pour intégrer les produits locaux des pays à bas revenus et les services au commerce mondial. Les échanges inter-régionaux devraient rester l'objectif principal car ils offrent la proximité géographique et réduisent la vulnérabilité aux caprices des multinationales hautement mobiles.

En ce qui concerne les migrations et les transferts de fonds, un désavantage des inégalités mondiales est la propension des étudiants qualifiés des pays à bas revenus à rester dans les pays riches pour y accomplir leur carrière, un phénomène aussi appelé la “fuite des cerveaux” [fr]. Alors que la récession prélève son tribut sur l'emploi dans les pays occidentaux, un effet “fuite inverse des cerveaux” a fait son apparition pour le Nigeria, le Ghana, le Maroc et d'autres pays qui ont des salaires et des conditions de travail compétitifs.

La bonne voie pour les décideurs serait serait d'adopter un principe simple pour garantir le développement durable : la création de richesse par la valeur ajoutée et la redistribution doit commencer au pays. Des politiques basées sur des incitations à court terme, des inégalités sociales ou l'injection de richesses externes peuvent stimuler temporairement la croissance, mais on peut douter qu'elles appuient la réduction de la pauvreté sur la durée.

Un “ultime” entretien avec l'oligarque russe Boris Berezovsky

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Pavel Pryanikov, du blog ttolk.ru (Blog Tolkovatelya, le blog de l'exégète) a publié [en russe] un “dernier entretien” de plus avec feu l'oligarque russe Boris Berezovsky [GV, en anglais]. Selon Pryanikov, la conversation portait sur un livre consacré aux réfugiés politiques russes en Angleterre, et s'est déroulé deux jours avant le 23 mars 2013, date du suicide présumé de Berezovsky par pendaison. A la différence de l'entretien avec Berezovsky publié par l'édition russe de Forbes [en russe], où l'homme d'affaires en exil apparaît effectivement déprimé et mélancolique pour ne pas dire suicidaire, l'homme qui a conversé avec le correspondant de Pryanikov paraît bien plus optimiste, et évoque ses projets d'avenir et la politique russe. RuNet Echo a traduit quelques-unes de ses déclarations, qu'on trouvera ci-après.

Berezovsky being interviewed by Sky News, in his better days. YouTube screenshot, April 4, 2013.

Berezovsky interviewé par Sky News, dans des jours meilleurs. Capture d'écran de YouTube, 4 avril 2013.

Interrogé sur ce qu'il ferait différemment s'il en avait la possibilité, il répond :

На самом деле время подведения итогов ещё не наступило. А вот через 20 лет я вам на этот вопрос отвечу. [...] Наслаждение в моей жизни только одно: думать о будущем. В будущем я надеюсь жить где-нибудь за городом, под Москвой, где прошло моё детство.

En vérité le temps du bilan n'est pas encore venu. Mais je répondrai à cette question dans 20 ans. [...] Il n'y a qu'un plaisir dans ma vie : penser à l'avenir. Dans le futur j'espère vivre quelque part à la campagne, en-dehors de Moscou, où s'est passée mon enfance.

A propos de la différence entre Juifs et Russes (Berezovsky est juif mais dit ne pas s'identifier comme tel) :

В чём сила евреев по сравнению с русскими? В интуиции. Это не расчёт. Вот я плохой аналитик, плохо считаю, плохо играю в шахматы. Но каким-то таинственным образом чувствую, что произойдет через некоторое время. Если в логических терминах сформулировать это различие, то русские – это индуктивный способ мышления, а евреи – дедуктивный способ.

Qu'est-ce qui fait la force des Juifs par comparaison avec les Russes ? L'intuition. Pas le calcul. Ainsi, je suis un piètre analyste, je suis mauvais en calcul, je joue mal aux échecs. Mais de façon assez mystérieuse je sens ce qui va arriver prochainement. Pour formuler cette différence en termes de logique, les Russes pensent par induction, et les Juifs, par déduction.

Sur les qualités germaniques supposées de Poutine :

Путин в первую очередь русский. Например, он умеет дружить и ненавидеть, причём одного и того же человека – типично русская черта.

Poutine est en premier lieu Russe. Par exemple, il peut être ami et ennemi, et cela envers un seul et même individu  – un trait typiquement russe.

Concernant les hommes politiques occidentaux et leur soutien au pouvoir de Poutine :

Я в огромной степени разочаровался в западных политиках за 10 лет, я разочарован их безволием, их глупостью. Они не видят того, что у них под носом, они абсолютно не понимают, как устроен современный мир.

En 10 ans j'ai été énormément déçu par les hommes politiques de l'Ouest, par leur manque de volonté, leur stupidité. Ils ne voient pas ce qui est devant leur nez, ils ne comprennent absolument pas comment fonctionne le monde actuel.

Sur la facilité qu'il y aurait à viser Poutine à travers ses élites qui ont comptes bancaires, familles et propriétés immobilières à l'Ouest :

Как на них воздействовать? Очень просто: визы аннулировать. И не нужно даже для 2-5 тысяч человек, а для 200 человек. И второе: тотальная проверка и блокирование счетов. Всё, больше ничего не нужно! Они сами вынесут Путина ногами вперёд.

Comment peser sur eux ? Très simple : en annulant leurs visas. Ce n'est même pas nécessaire pour 2 à 5 milliers de personnes, 200 suffisent. Et deuxièmement : le contrôle total et le blocage des comptes. C'est tout, il n'en faut pas plus ! Ils sortiront, d'eux-mêmes, Poutine les pieds devant.

Et l'opposition russe ?

Одна из самых больших проблем, которая сегодня существует в оппозиционном движении – это отсутствие внятной идеологии.

Un des plus grands problèmes existant aujourd'hui dans le mouvement d'opposition est l'absence d'idéologie intelligible.

Deux jours plus tard, Berezovsky était trouvé mort. S'il est désormais établi qu'il était cliniquement dépressif, cet entretien ne manquera pas d'alimenter la controverse sur sa mort, et confortera ceux qui pensent qu'il n'a pu se suicider.

Le Nigéria honore Chinua Achebe comme un pionnier de la littérature africaine

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L’écrivain nigérian Albert Chínụ̀álụmọ̀gụ̀ Àchèbé, mieux connu sous le nom de Chinua Achebe et dont l’œuvre célébrée internationalement a donné une voix aux Africains en détruisant le carcan du colonialisme, est décédé le 22 mars 2013. Il était âgé de 82 ans.

Le roman phare d’Achebe, Le Monde s'effondre (Things Fall Apart), fut l'un des premiers romans africains écrits en anglais à avoir remporté un succès mondial. Ce roman, qui a été publié en 1958, a été traduit en plus de 50 langues.

Preuve de l'impact profond de son œuvre, la mort d'Achebe est pleurée [en anglais, comme les liens suivants] dans le monde entier.

Deux écrivains contemporains d'Achebe, Wole Soyinka et J.P. Clark, déplorent la perte de leur « frère » sur le site africain de divertissement Bella Naija :

Chinua Achebe (1930-2013)

Chinua Achebe (1930-2013). Image publiée via Creative Commons (CC BY-SA 3.0) par Stuart C. Shapiro

Pour nous, la perte de Chinua Achebe est avant tout intensément personnelle. Nous avons perdu un frère, un collègue, un précurseur et un vaillant combattant. Parmi le « quatuor des pionniers » de la littérature nigériane contemporaine, deux voix se sont éteintes : la première, celle du poète Christopher Okigbo, et maintenant, celle du romancier Chinua Achebe.

Il est parfois difficile pour qui n'appartient pas à ce cercle intime de comprendre cette sensation de vide, mais nous trouvons réconfort grâce à la jeune génération d'écrivains qui ont pris le relais, ceux qui nous ont déjà assuré avec créativité qu'il n'y aura pas de rupture dans la transmission de la vocation littéraire. Il nous faut insister sur ce point alors que nous traversons une période critique de l'histoire nigériane, où les forces obscures semblent jeter une ombre sur cette mise en lumière de l'existence qu'est la littérature.

Pour le critique littéraire du New York Times Dwight Garner, Achebe mérite le qualificatif de père de la littérature africaine moderne.

M. Achebe a été un mentor et un modèle pour une génération d'écrivains africains. Il est d'ailleurs souvent décrit comme le père de la littérature africaine moderne. Mais à l'instar de nombreux romanciers qui connaissent le succès grâce à l'un de leurs premiers livres, M. Achebe a bien souvent été uniquement défini par son roman Le Monde s'effondre.

Cela fait plus de 50 ans que le roman pionnier et fondateur de M. Achebe a été publié ; il ne semble plus incarner, du moins pour un lectorat occidental, l'ensemble de la littérature africaine. Son talent et son succès ont donné naissance sur tout le continent à une pléiade d'œuvres postcoloniales. Parmi les jeunes écrivains nigérians talentueux qui déclarent avoir été influencés par Achebe figurent Chimamanda Ngozi Adichie, Adaobi Tricia Nwaubani et Lola Shoneyin.

L'auteure Chimamanda Ngozi Adichie [fr] a écrit un émouvant éloge funèbre en langue Igbo [fr] sur le blog Farafina Books :

Ife mee. Nnukwu ife mee. Chinua Achebe anabago. Onye edemede nke di egwu, onye nnukwu uche, onye obi oma. Keduzi onye anyi ga-eji eme onu? Keduzi onye anyi ga-eji jee mba? Keduzi onye ga-akwado anyi? Ebenebe egbu o! Anya mmili julu m anya. Chinua Achebe, naba no ndokwa. O ga-adili gi mma. Naba na ndokwa.

Un arbre est tombé. Un arbre majestueux est tombé ! Chinua Achebe a disparu. L'inimitable façonneur de mots, l'homme sage, l'homme bon. Désormais de qui allons-nous nous vanter ? Qui sera notre rempart ? Tant de Grands sont tombés ! Mes yeux sont inondés de larmes. Chinua Achebe que ton âme repose en paix. Tout ira bien pour toi. Repose en paix.

Ainsi que le déplore Remi Raji, président de l’Association des Ecrivains Nigérians sur le site web de l'organisation, les écrivains nigérians ont perdu un frère et un guide.

L'aigle de l'Iroko, le maître-artiste, l’admirable virtuose de la langue anglaise a quitté le monde charnel. Il est parti alors que renaît un discours sur le destin de notre nation nigériane. Et ce jour-là fut symbolique. En commémoration de la Journée mondiale de la poésie de l'UNESCO, les cieux de la littérature nigériane et africaine se sont effondrés. Un jour sombre en effet, une réalité dévastatrice, la fin d'un immense chapitre de l'histoire de la littérature africaine. Adieu Chinua Achebe, adieu irremplaçable fils de l'Afrique.

Le poète et essayiste Niyi Osundare a célébré ce digne fils de l'Afrique sur le site d'information Citizens Platform :

Mais si la simple force et portée des récits d'Achebe ont donné une voix à l'Afrique, la courageuse vérité de ses interventions critiques a remis en cause tant de mythes et de mensonges délibérés à propos du continent le plus mal représenté et le plus impunément exploité au monde.

Achebe savait, et il voulait que l’on sache, que les Africains resteraient de simples personnages d'histoires racontées par d'autres, jusqu'à ce qu'ils commencent à raconter leur propre histoire à leur façon, sans se fermer au reste du monde. Achebe a remis en question la philosophie de la fiction en la qualifiant d'aimable objet d'art, et en proposant des œuvres qui mettaient la condition humaine au premier plan et qui expliquaient au monde dubitatif que l'Empereur déshabillé était, en effet, nu ! Il a plaidé en faveur de la nécessité urgente d'un « art appliqué » et nous a donné le courage de regarder en face le Formalisme et de demander à voir son passeport. Oui, Achebe a déclaré à un monde au service de la théorie de l'art pour l'art qu'il est en effet possible d'être à la fois un romancier talentueux et un maître.

Richard Dowen a écrit sur le site web African Arguments qu'Achebe a de nombreux points communs avec Nelson Mandela :

Une conversation avec Chinua Achebe était un échange profond, lent et courtois. Il était extrêmement poli, et écoutait et réfléchissait toujours avant de répondre. Pendant les dernières années de sa vie, il parlait même plus lentement et plus doucement, savourant les paradoxes de la vie et de l'histoire. Il s'exprimait avec des phrases longues, claires et simples, qui se terminaient souvent sur un paradoxe triste et profond. Puis ces yeux extraordinaires pétillaient, son visage habituellement très solennel s'illuminait d'un large sourire et il se mettait à rire doucement.

Il avait cet air de Nelson Mandela. Tous deux pouvaient dégager une grande impression de sérieux et de solennité, pour ensuite afficher un large sourire. Cela s’est produit quand ils se sont rencontrés en Afrique du Sud, d'après ce que m'a dit sa fille Nwando. Tout d'abord les deux hommes se sont simplement regardés, et puis ont éclaté de rire comme s'ils reconnaissaient une fraternité partagée. Comme ils avaient tous les deux un penchant pour les traditions africaines, ils ont longuement conversé. Mandela avait lu Le Monde s'effondre quand il était en prison sur Robben Island et a déclaré au sujet d'Achebe : « C'est un écrivain dont la compagnie fait tomber les murs de la prison ».

L'Université du Nigéria, où Achebe a travaillé en tant que professeur, a décrété une période de deuil. Selon le vice-chancelier de l'université, Achebe a non seulement donné une voix à l'Afrique mais également à la civilisation humaine :

Le Professeur Achebe était l'un des géants du monde universitaire, et sa présence à la faculté était semblable à un rayon de lumière qui attirait le monde vers l'Université du Nigéria. Il a enseigné dans le Département d'anglais et a également mené des recherches à l'Institut des études africaines.

Après que le roman marquant « Le Monde s'effondre » a donné une voix à la littérature africaine et à son peuple, Achebe a continué son travail de pionnier avec la fondation d’Okike, une revue de littérature africaine de premier plan qui a lancé la carrière de nombreux écrivains brillants. Son travail de recherche sur les cultures des Igbos et de nombreux autres groupes à l'Institut des études africaines a contribué à consolider davantage la réputation de l'Université du Nigéria en tant que centre d'apprentissage libéral dans le respect de la tradition. À travers son travail, Achebe a donné à la langue, à la culture et au peuple du territoire Igbo une universalité qui en a fait un des principaux groupes ethniques de la civilisation humaine.

 La famille d'Achebe n'a pas fait part des décisions prises quant à ses obsèques.

Des hommages à Achebe provenant du monde entier ne cessent d'être publiés sur Twitter. Ici à Global Voices, nous adressons une ode à l'une des plus grandes étoiles de la littérature Africaine [écrite par l'auteur de ce billet]
Ije oma, Albert Chínụ̀álụmọ̀gụ̀ Àchèbé
Bulu anya anyi n'ala mmuo
Ka anyi bulu anya gi n'ala ndi di ndu
Okeosisi ada
Umu nnunu eju ofia
Kachifo Ogbuefi Achebe
Bon voyage, Albert Chinualumogu Achebe
Soyez nos yeux dans le monde des morts
Nous serons vos yeux dans le monde des vivants
Un grand Iroko est tombé
Les oiseaux se sont dispersés dans la forêt
Bonne nuit, Ogbuefi Achebe
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