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Des idées pour le nouveau stade de Maracanã, à Rio de Janeiro

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Le Comité populaire de Rio de Janeiro pour la Coupe et les Olympiades a ouvert le site Guichet public populaire du Maracanã [en portugais] qui propose à tout un chacun de formuler ses idées sur la gestion du complexe sportif du Maracanã, à Rio de Janeiro, dans l'optique de la Coupe du Monde de 2014. La gestion du stade doit être déléguée à un organisme privé pour 35 ans, selon un accord officiel qui débute à la date du 11 avril.

À la découverte du “pays le plus dangereux au monde”

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Chaque jour je me réveille tremblante de peur, avec l'espoir d'être encore là – au Honduras - le lendemain. Je vis cloîtrée chez moi, derrière des portes fermées à double tour et ne m'aventure que rarement dans la rue. [...]

Si c'est ce que vous voulez entendre, voila pour vous.
Mais la réalité est bien différente.

La blogueuse Carin Steen affirme que “le pays le plus dangereux au monde” n'est en réalité pas si dangereux que ça pour les touristes.

De quoi les artistes mozambicains ont-ils besoin ?

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La série de rencontres “Terrasse ouverte” du mois d'avril 2013 est consacrée aux  [en portugais] de la province nord de Cabo Delgado, au Mozambique. Cette initiative a lieu chaque mois et rassemble des personnes d'horizons différents pour débattre de questions de société. En décembre 2012, Global Voices avait publié un article sur une session de Terrasse ouverte consacrée à la transparence dans les grands projets d'exploitation minière au Mozambique.

Un live blog sur la catastrophe de Savar au Bangladesh

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Le bilan des victimes de l'effondrement d'une usine de confection de prêt-à-porter à Savar, au Bangladesh, est maintenant de 290. Un live blog [en bengali] a été ouvert par la plateforme de blogs Muktaangon pour relayer des informations données sur les médias sociaux sur les opérations de sauvetage menées pour retrouver les ouvriers prisonniers sous les décombres de l'immeuble.

La mission suicide de Wikipédia contre la censure russe

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(Billet d'origine en anglais publié le 9 avril 2013)

Fumer du cannabis est une affaire dangereuse partout dans le monde. En Russie, le simple fait d'écrire à ce sujet sur Internet suffit à s'attirer les foudres de la police nationale anti-drogue, comme l'a apprisn à ses dépens la version russe de Wikipédia le 5 avril 2013. C'est ce jour-là que les officiels ont pour la première fois informé Wikimedia Russie, le chapitre local de la Wikimedia Foundation, que le gouvernement avait placé son article [russe, comme tous les liens sauf mention contraire] “Fumer du Cannabis” sur la liste des noires des sites illégaux.

Les problèmes de l'“Encyclopédie gratuite” se sont aggravés lorsque Vladimir Pikov, le porte-parole de l'Agence chargée de la gestion de la liste noire (Roskomnadzor), a révélé lors d'un entretien sur une radio nationale que 15 articles de Wikipédia faisaient partie des URL interdites en Russie. “[Wikipédia] est présent sur la liste depuis longtemps,” a plus tard déclaré Pikov  à Interfax.ru, ajoutant, “Pourquoi les gens ne s'en rendent-ils compte que maintenant, je ne le sais pas.”

La responsabilité de la confusion semble revenir au gouvernement, il semblerait que les responsables n'aient pas informé Wikimedia Russie avant le début d'avril que certains articles étaient sur la liste noire. (Pikov affirme que les tentatives du Roskomnadzor de contacter un administrateur de Wikimedia avait jusque là échoué.) Pour empirer la situation, les documents qui ont finalement été transmis à Wikimedia comportent de nombreuses lacunes chronologiques. Selon le vrai “registre”, l'article “Cannabis” avait déjà été mis sur liste noire à la mi-décembre 2012. Les documents envoyés le 5 avril montrent cependant que la police anti-drogue n'aurait pris sa décision que le 26 mars 2013.

Il apparaît que depuis l'année dernière, il y aurait eu au moins 7 décisions des autorités et de la police visant à ajouter l'article “Cannabis” de Wikipédia sur la liste noire de l'Internet russe. Dans un billet de blog publié le 8 avril, Wikimedia Russie révèle un total de dix articles de Wikipedia (et non quinze, comme l'avait annocé Pikov à la radio RSN) sont actuellement interdits en Russie. Ces pages de l'encyclopédie traitent de drogues (fumer du cannabis, LSD, etc.) et de suicide (immolation, “méthodes de suicide,” etc), incluant les verions russe et anglaise de ces articles. Ces pages ont été sélectionnées par les agents de trois agences différentes: Roskomnadzor, FSKN (la police anti-drogue), et Rospotrebnadzor (le régulateur des droits des consommateurs).

Le compte Twitter de Wikipédia Russie a annoncé la découverte en saluant au passage d'autres victimes de la liste noire fédérale :

Вот оно наконец и случилось: нас внесли в чёрный список (дважды?) за статью «Курение каннабиса». Привет @ru_pirateparty и @lurkmore_ru.

C'est finalement arrivé: ils nous ont mis sur liste noire (deux fois?) pour l'article “Fumer du Cannabis.” Salut à @ru_pirateparty et @lurkmore_ru.

Depuis que la nouvelle est tombée, les membres du Wikipédia russe ont fébrilement corrigé et peaufiné l'article “Cannabis”, mais pas dans le but exprès de concilier son contenu avec les lois sur la censure d'Internet en Russie. L'article “Cannabis” a presque six ans (il a été créé en décembre 2006), et il a subi plus de cinq cents modifications depuis. En effet, la dernière vague de révisions consistait dans le respect de normes très strictes de d'objectivité et de citation propres à Wikipédia. Sur plusieurs murs de discussion, les éditeurs ont exprimé leurs opinions sur les décisions des responsables russes d'interdire plusieurs de leurs articles. Alors que certains utilisateurs ont exprimé la crainte que les articles en question soient mal rédigés, les commentateurs sont sans surprise majoritairement opposés à la suppression ou la modification du contenu du site pour éviter la liste noire.

L'éditeur Dmitry Rozhkov écrit clairement :

Пусть закрывают, чё. Реакция на блокировку Википедии уже известна. Сами себя заблокируют.

Laissez-les fermer [le site]. La réaction au blocage de Wikipédia est déjà connue. Ils se bloquent eux-mêmes.

Un autre utilisateur nommé Tucha (“nuage d'orage”) affirme :

Пусть закрывают. Это может быть забавно, такая классная реклама для одной статьи.

Laissez-les le fermer. Cela peut être amusant, une telle publicité pour un seul article.

Ceci fait bien sûr référence à l'effet Streisand, “le phénomène par lequel une tentative de cacher ou de supprimer un élément d'information a pour conséquence involontaire de faire connaître l'information plus largement”. Un effet produit au cours du week-end, l'article «Cannabis» du Wikipedia russe a vu son nombre de visites augmenter de 13.000%, passant de 431 vues le jeudi 4 avril à 56000 le lendemain. La semaine suivante, l'article “Cannabis” a attiré plus de 125.000 visites, juste un peu moins que le nombre de visites du site Odnoklassniki (un réseau social russe) et Margaret Thatcher (qui est décédée le 8 avril).

Dans un nouveau billet sur ru.wikinews.org, le directeur exécutif de Wikimedia Russie, Stanislav Kozlovsky, s'est plaint que la liste noire de l'Internet russe menace absurdement un large éventail de contenus en ligne :

Даже название статьи «Курение каннабиса» можно подвести под его формулировку, так как законом запрещено упоминать о способах употребления наркотиков. [...] По самоубийствам аналогично: фразы «Есенин повесился», «Маяковскийзастрелился», «Ромео и Джульетта отравились» — уже повод для блокировки сайта, так как всё это способы совершения самоубийств.

Même le nom de l'article, “Fumer du cannabis,” pourrait être mis en cause par les règles [de la liste noire], car le fait même de mentionner les moyens de consommer lee drogues est interdit. [...] C'est la même chose pour le suicide : les expressions “Essénine s'est pendu”, “Maïakovski s'est tiré une balle” et “Roméo et Juliette se sont empoisonnés” sont également des pretextes pour bloquer le site, car ils concernent tous des moyens de se suicider.

Jimmy Wales, founder of Wikipedia, 12 July 2008, photo by Joi Ito, CC 2.0.

Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia, 12 juillet 2008, photo par Joi Ito, CC 2.0.

Le 9 avril, le fondateur de Wikipédia Jimmy Wales a répondu à Ain92, un membre de Wikipedia résidant en Russie, qui a notifié Wales sur sa page de collaborateur que «deux articles de Wikipédia en anglais étaient interdits (sur la liste noire) par Roskomnadzor [sic].” La réponse de Wales se veut provocatrice [anglais] :

Pour moi, voir certains articles du site bloqués reste toujours préférable que de collaborer avec les censeurs. Il est important de comprendre que la crainte du blocage de l'ensemble du site est basée sur le fait que certains fournisseurs de services Internet (les plus petits, sans doute) peuvent manquer de ressources techniques suffisantes pour bloquer des pages individuelles, les obligeant à bloquer l'ensemble du site pour se conformer à la loi. Croyez-moi, si les FAI bloquent l'ensemble du site, tandis que les autres FAI ne bloquent que des pages spécifiques, ceux qui bloquent tout Wikipedia vont perdre des clients très rapidement. Nous ne sommes pas faibles, nous sommes très puissants. Répondre aux demandes des politiciens faibles et lâches – le genre qui craignent la propagation de la connaissance – n'est pas la mentalité de Wikipedia.

Wales ne sera, cependant, pas le seul à décider comment le contenu lié à la drogue et au suicide se développera sur Wikipédia en réponse aux autorités russes. Cet honneur revient aux rédacteurs bénévoles de Wikipedia, responsables en premier ressort des articles. Cela dit, tout porte à croire que ni les fonctionnaires ni les contributeurs russes de Wikipédia ne sont susceptibles de bouger. Cela signifie que “Fumer du cannabis” et les autres articles subversifs sont probablement sur ​​la liste noire pour y rester.

 

Un hashtag en arabe dans les Top tendances Monde de Twitter

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Arabic hash tags finally trending worldwide  on Twitter

Un hashtag en arabe enfin placé dans la liste des Top Tendances Monde.

Le Koweïtien Hamad Al Sabah a tweeté :

@hmalsabah: Twitter autorise enfin les hashtags en arabe à se placer dans les Top Tendances Monde  #كلام_مصري_مترجم pic.twitter.com/tb84Nkrk94

Les internautes utilisent le hashtag qui s'est placé dans les Top tendances monde, et qui signifie “expressions égyptiennes traduites”, pour traduire en anglais des expressions et idiomes d'arabe égyptien.

L'art contemporain en Indonésie

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Adrian Vickers présente le dernier numéro du magazine en ligne Inside Indonesia‘ qui propose un dossier sur l'art contemporain indonésien [en anglais].

Alors que la politique domine l'inspiration de l'art indonésien, le monde de l'art contemporain dans le pays traverse un conflit, entre engagement social de l'art et forces commerciales.

Venezuela : après le chaos post électoral, un début de réconciliation ?

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[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

Entre la confusion et les affrontements [en français] qui se sont installés tant dans les rues que sur internet à la suite de l' élection [présidentielle] du 14 avril 2013, de nombreux débats se sont également engagés sur les médias citoyens.

Alors que beaucoup de blogueurs discutaient des perspectives envisageables sous le mandat de Nicolás Maduro [le nouveau président, élu avec 1,5 point d'écart sur son challenger], certains ont fait part de leurs interrogations concernant la perte [en français] d'un nombre significatif d'électeurs [déclarés, d'après les sondages, favorables au candidat Maduro, dauphin d'Hugo Charvez, donné largement vainqueur] sur une période de campagne électorale si courte [soit à peine plus d'un mois entre la mort d'Hugo Chavez le 5 mars 2013 et l'élection du 14 avril 2013]. Dans leurs commentaires, les blogueurs évoquent les erreurs et les stratégies à mener, et des mains semblent tendues vers les partisans de l'autre bord afin de permettre d'instaurer un dialogue.

Si ces témoignages ont surtout été diffusés sur le portail vénézuélien Aporrea, qui comprend un espace de soutien au chavisme, ils ont aussi été partagés par des blogueurs et des utilisateurs de Facebook apparentés à l'opposition.

Photographie issue de ClubVenezuela et largement diffusée sur Facebook.

Photo issue de ClubVenezuela et largement diffusée sur Facebook. A gauche : “Elle est chaviste et je l'aime !” A droite : “Il est ‘majunche’ et je l'aime” ['Majunche' : terme dépréciatif vénézuélien  équivalent à 'bon à rien' et repris massivement par les partisans de Maduro pour désigner leurs adversaires après que leur candidat ait qualifié à plusieurs reprises Capriles de "majunche".]

La réflexion soumise par Juan Gómez Muñoz, soulignant la nécessité d'établir un dialogue, en est un exemple révélateur :

L'autre sujet posé sur la table est la “réconciliation” et l'heure est sans doute venue de nous réconcilier parce qu'avant toute chose NOUS NE SOMMES PLUS LA MAJORITE, et ce que à quoi je renvoie est la réconciliation avec une grande partie des 7 millions de Vénézueliens et plus qui ont voté pour [Henrique] Capriles. Se réconcilier avec nos compatriotes qui ne sont ni des oligarques (en tout cas pas l'immense majorité d'entre-eux) ni des apatrides. Non seulement nous avons été incapables de promouvoir auprès d'eux notre projet et de susciter leur enthousiasme, mais nous avons même fait fuir de nos propres rangs certains de ceux qui nous suivaient ! [...]

Dans le même ordre idée et sur la base d'une analyse de quelques chiffres, Nicmer Evans livre son commentaire, publié aussi sur le portail Aporrea :

Tout ce jeu de chiffres se résume à ceci : des sommes n'ont pas été prises en compte. Auxquelles s'ajoute une campagne électorale remplie d'éléments qui n'ont pas contribué à satisfaire les attentes du capital politique hérité du 7 octobre [2012, élections portant Hugo Chavez à un quatrième mandat présidentiel], en l'absence de contenus clés qui auraient permis de convaincre de nouvelles franges de la société de rejoindre le processus révolutionnaire, mais il y a eu surtout l'abandon des propres foyers du chavisme, en particulier les noyaux fidèles, critiques et engagés…
Entre les élections du 7 octobre 2012 et celles du 14 avril 2013, les partis du processus révolutionnaire ont perdu 615.626 voix, tandis que l'alternative politique antichaviste a gagné près de 711.337 voix en à peine six mois [...]

Dans une même posture autocritique, Adriana González (@Adri021) répond quant à elle aux déclarations d'Henrique Capriles, accusant les responsables directs des violences commises contre des militants du chavisme lors des affrontements [du 16 avril 2013] d'être des “agents infiltrés” :

@Adri021: Parler d’ “agents infiltrés” dans les manifestations de l'opposition, c'est dire une grosse généralité. Il y a certes des radicaux dans leurs rangs, mais quand même bien peu…

Héctor Palacios a aussi diffusé sur son compte Facebook une réponse aux nombreux appels lancés par les Vénézueliens de l'étranger afin de recueillir des signatures pour une pétition réclamant un recomptage des voix depuis un site web hébergé par la Maison Blanche [aux Etats-Unis] :

Je ne vais sûrement pas signer une pétition pour recompter les voix sur un site hébergé par la Maison Blanche. Un peu de bon sens avec l'autre moitié du pays s.v.p.

Suivant la même démarche, Héctor Palacios a publié sur son blog un billet [du 3 octobre 2007 et mis à jour en avril 2013] intitulé “10 conseils pour débattre” dont le second point a retenu notre attention :

2. Écouter. Bien que cela semble aller de soi, ce n'est pas si facile. Car il ne s'agit pas d'écouter pour attaquer en retour plus facilement, mais d'écouter parce qu'il se peut bien que l'on ait tort sur tel ou tel sujet. Le plus difficile est d'écouter vraiment l'autre, entre les lignes, et s'il le faut entre les cris. Il s'agit d'écouter pour nouer un lien, s'enquérir de l'état d'autrui et de ses raisons propres de se sentir ainsi. Cela se révèle d'autant plus important si nous sommes rivaux sur l'un de ces champs de bataille quotidiens. Si l'un ne prête pas vraiment l'oreille, il se voit alors condamné à ne rien apprendre et ne rien changer en lui-même..

Du côté du chavisme encore une fois, une vidéo a été mise en ligne sur le compte YouTube Rio Agua de Vida dans laquelle un partisan d'Hugo Chavez demande à Nicolás Maduro un recomptage des voix afin de reconsidérer sincèrement les résultats ou pour confirmer l'actuelle majorité issue de l'élection. Largement partagée et promue sur les réseaux sociaux, cette vidéo s'appuie sur la véracité d'un témoignage, comme l'attestent les informations personnelles fournies à la fin.

Enfin, sur le portail ProDavinci, Luis García Mora revient sur l'urgence de la situation socio-économique, relevant selon lui de l'héritage des années Chavez, mais qui s'impose comme un dénominateur commun inéluctable à tous les Vénézueliens :

Nous sommes tous plongés dans l'héritage de Chavez : une bombe d'ingouvernabilité, une bombe économique et une bombe sociale. Il n'y a plus de temps à perdre.


Brésil : sur le Rio Madeira, des Amazoniens en colère

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Le reportage Vies en transit, de Ana Aranha, sur l'impact des grands chantiers du Rio Madeira en Amazonie dans l'état de Rondônia au Brésil, fait partie d'un dossier spécial, #AmazôniaPública, de Publica, l'Agence Publique de journalisme, et sera publié sur Global Voices Online sous forme d'une série de cinq articles.

 

Les plaintes pour promesses non tenues sont nombreuses chez les habitants des rives du Rio Madeira qui ont quitté leur commune de Velha Mutum (Vieux Mutum)  pour aller vivre à Nova Mutum-Parana, cité construite par l'entreprise brésilienne Energia Sustentável pour héberger d'abord les ingénieurs puis les ouvriers du complexe hyodroélectrique de Jirau.

Sônia Cabral Costa, ex-habitante de velha Mutum, aujourd'hui propriétaire d'une boutique de vêtements, se pose des questions :

Ils ont promis qu'il y aurait ici des collèges, des industries, des milliers d'emplois…où sont-ils ?

Rien de cela n'a été fait. Certains ont une bonne rente de situation et continuent à croire en ce que l'entreprise a promis.

Cette année, le neveu de Sônia achève l'école primaire. L'année prochaine, il sera obligé de faire 30 km tous les jours pour étudier à Jaci Paraná. Il y avait dans les promesses de l'entreprise la construction d'une école primaire et d'un collège. En réalité, les deux écoles ont été construites mais le problème est que l'une d'entre elles a été transférée au secteur privé : à la porte du Collège Einstein, une pancarte avec le logo de l'usine rappelle que le bâtiment a été construit avec des fonds de la Banque nationale de développement économique et social (BNDS). Ne peuvent y être admis que les élèves dont les parents peuvent payer des mensualités de 240 Reais ou 200 Reais si on est enfant de “Camargueiro”, nom donné par les habitants aux employés de l'entreprise Camargo Corrêa qui pilote les chantiers des centrales  hydroélectriques.

Alors que le collège privé a 20 élèves par classe, l'école publique en a plus de 40 et fonctionne aussi la nuit pour répondre à la demande. Neida Rodrigues dos Santos, sous directeur de l'école municipale, raconte:

L'année dernière, plus de 230 élèves n'ont pas été inscrits par manque de place. Les parents sont venus pleurer à ma porte mais on ne savait pas où les mettre.

Escola construída para comunidade de ribeirinhos que foi repassada para grupo particular Foto: Marcelo Min

École construite pour la communauté des riverains puis transférée au privé Photo:Marcelo Min

 

“Ce devait être municipal mais on avait besoin d'une école pour les enfants des ingénieurs et la Jirau s'est tournée vers le privé, je ne vois pas où est le problème” déclare  Pedro Bébert, responsable de la gestion des fonds de compensation sociale gérés par la mairie.

S'ils payent les enseignants, la mairie n'a pas intérêt à gérer cette école”

 

Ces problèmes d'infrastructures sont également courants dans les autres sites créés par Jirau et Santo Antônio pour héberger la population rurale qui devait être déplacée. Une plainte fréquente concerne l'odeur d'égout dans les maisons : les  travaux d'assainissement ont été faits à des endroits trop proches des zones inondables. Du fait de l'expansion de la retenue d'eau, la nappe phréatique remonte et provoque un débordement des égouts et des fosses septiques. Enfin, tous insistent sur la grande difficulté qu'ils rencontrent pour cultiver quelque chose. Ces riverains ont été expulsés des rives du fleuve naturellement fertilisées par les crues et  installés sur des terres achetées à des “fazendeiros” où certains élevaient du bétail.

Le projet initial tablait sur un déplacement de 2 849 personnes, 1 087 dans la zone inondée par Jirau et 1 762 dans celle inondée par Santo Antônio. Selon le Mouvement des sinistrés par les barrages, il y aurait aujourd'hui 4 325 personnes déplacées où indirectement sinistrées par la montée des eaux.

Le projet Amazônia Pública a mobilisé trois équipes de reporters de l'Agence publique de reportage et de journalisme d'Investigation qui ont travaillé sur trois régions amazoniennes entre juillet et octobre 2012. Tous ces reportages ont pour but de chercher à comprendre la complexité des grands projets actuellement en cours en Amazonie, leurs multiples négociations et articulations politiques, d'entendre les différents acteurs (gouvernement, entreprises, société civile) pour analyser le contexte dans lequel ils se développent. La ligne générale de ces reportages s'oriente toujours, comme le travail de l'Agence, vers l’intérêt public. Il s'agit de décrire l'impact des négociations politiques et économiques sur la vie de la population.

Un guide juridique de la sécurité numérique à l'usage des militants arabes des droits de l'Homme

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L'Association pour la liberté de pensée et d'expression, en Égypte, a publié un “Guide juridique de la sécurité numérique” dans le cadre de son programme pour les libertés numériques. Le guide a été réalisé pour les militants et défenseurs des droits humains et des avocats intéressés par les problématiques de liberté d'expression numérique et de confidentialité des communications et des informations stockées sur les téléphones portables, les ordinateurs ou tout autre appareil utilisé pour stocker ou distribuer des données ou des informations.

Ils font valoir que les problèmes de sécurité peuvent présenter un risque tant pour les utilisateurs que les autres, en particulier dans le cas des utilisateurs qui vivent sous des régimes répressifs qui restreignent la liberté d'expression et le droit à la vie privée ainsi que pour ceux dans les pays où les activistes utilisent Internet et d'autres services numériques, souvent confrontés à des accusations vagues telles que “mauvaise utilisation des réseaux de communication” ou “individus et organisations qui insultent par des publications numériques.

Le Guide juridique de la sécurité numérique est divisé en deux parties : la première est un manuel technique sur les moyens de sécuriser les données ainsi que l'information et la façon de lutter contre l'espionnage ou l’infiltration ; le second est un recueil de conseils juridiques pour les personnes confrontées à des poursuites car accusées de publication illégale de contenu numérique.

Le guide, publié dans le cadre du programme des libertés numériques par l'Association pour la liberté de pensée et d'expression, se distingue par l'accent mis sur les aspects juridiques de la sécurité numérique et par sa tentative d’expliquer les aspects les plus importants à prendre en considération au cours des enquêtes et des procès liés aux délits de publication numérique, où les auteurs jouissent souvent d’un plus grand degré d'anonymat que dans le cas d'autres infractions. La partie technique du guide fournit des conseils sur les outils de sécurité numérique pour la navigation, l’édition de fichiers, le stockage des données, la restauration des fichiers perdus, la lutte contre les virus et la détection de tentatives d’espionnage, ainsi que d'autres outils.

Cliquez ici pour voir le document [en arabe].

Une publicité de couches pour bébés accusée de ‘déformer’ l'Histoire des Philippines

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Un fabricant de couches philippin s'est vu ordonner de retirer un spot de publicité TV qui parodie un moment historique durant lequelle un héros philippin, Datu Lapu-Lapu, tua l'explorateur portugais Ferdinand Magellan durant la bataille de Mactan en 1524. L'interdiction est due à une campagne d'internautes contre cette publicité pour “déformation de l'Histoire” et “insulte au Peuple philippin.”

L'Autorité philippine de régulation de la publicité et le Conseil des normes publicitaires ont demandé l'arrêt de la diffusion de la publicité des couches EQ en réponse à une “mise en demeure” de la Commission nationale d'Histoire, émise le 19 avril 2013.

Avant cela, une pétition en ligne accusait la publicité TV des couches EQ de donner une mauvaise image du héros philippin Lapu-Lapu. Le gouvernement local de la ville de Lapu-Lapu a aussi critiqué la publicité pour manquer de respect à l'héroïsme de Lapu-Lapu.

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Capture d'écran de la publicité controversée pour les couches EQ

Dans ce spot de 30 secondes, Magellan donne un paquet de couches à Lapu-Lapu et sa femme. Mais ce témoignage d'amitié se retourne contre lui lorsque Lapu-Lapu réalise que les couches sont de mauvaise qualité et défie Magellan dans un combat qui le conduira finalement à sa mort.

La pétition avait 323 soutiens lors de la publication de ce post. Voici quelques commentaires de ceux qui ont signé la pétition en ligne :

Sheila Berame: On doit respecter notre Histoire et les personnes qui l'ont faite. Lapu-Lapu est un héros national, le premier à se défendre contre l'impérialisme.

Jim Rosales: Je veux que notre jeune génération se souvienne de nos héros comme de personnes qui sont mortes pour une cause et avec dignité. Pas comme un ambassadeur de couches pour bébés.

Ahmed Cuizon: La publicité ridiculise un moment de l'Histoire philippine dont nous sommes fiers. Nous ne devrions par railler un évènement important qui a conduit à définir et symboliser le patriotisme philippin.

Luz Hernandez: L'Histoire doit être préservée sur la base de faits réels, etc. et non être utilisée pour induire en erreur le grand public, particulièrement les mineurs qui ne bénéficient pas de conseils des parents pendant qu'ils regardent cette publicité. Notre Dép. de l'Educ. est le seul qui aurait du interdire cette publicité et sa diffusion à la TV.

Andrew Neil Retuya: C'est un marqueur de notre Histoire, aucune entreprise ne devrait la déformer.

Sur YouTube  iloveoldschoolanime est de l'avis de ceux qui trouvent que la publicité ne devrait pas être prise au sérieux :

C'est seulement une RECLAME pour des COUCHES. Pourquoi prendre ça tant au sérieux ? Comme si Lapu Lapu et Magellan n'avaient jamais été parodiés avant dans ces émissions de divertissement comme Bubble Gang et autres. Certaines personnes devraient prendre un peu de distance. Et à l'inverse, s'occuper des vrais problèmes du pays !

itsumo kokomo pense que les politiciens impliqués dans ce débat ont simplement un grand besoin d'attention :

Les politiciens de bas étage veulent seulement attirer l'attention et trouver un peu de compassion.

Monsanto nommé au “Temple de la renommée”à Porto-Rico : indignation

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[Tous les liens mènent à des pages en espagnol, sauf mention contraire]

Monsanto siégeant au Temple de la renommée de l'agriculture de Porto-Rico ?  Dès que l'organisation à but non lucratif Acción y Reforma Agrícola (ARA) (Action et Réforme Agricole) a annoncé qu'elle avait nommé le géant des biotechnologies végétales Monsanto [français] au Temple de la renommée de l'agriculture de Porto Rico, de nombreux groupes populaires ont manifesté leur plus virulente opposition.

Par un communiqué de presse, l'Organisation Portoricaine de l'Agriculture Éco-Biologique, le Front de Sauvetage de l'agriculture, la Société scientifique d’Amérique Latine d'agroécologie, le Comité Yabucoeño pour la qualité de vie et l'Association des étudiants en agriculture se sont exprimés ainsi :

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Exigimos que se revierta la decisión y en su lugar se seleccione a un agricultor local utilizando criterios de sustentabilidad y justicia social. Este reconocimiento a Monsanto, una compañía dedicada a la producción de plaguicidas y cultivos transgénicos, resulta oneroso en demasía para una corporación con credenciales tan nefastas a nivel internacional.

Nous exigeons que la décision soit modifiée et qu'à la place un agriculteur local soit choisi, pour son utilisation des critères de durabilité et de justice sociale. Cette distinction pour Monsanto, une compagnie consacrée à la production de pesticides et de cultures génétiquement modifiées, est un honneur trop lourd pour une entreprise avec de tels pouvoirs néfastes au niveau international.

D'autre part, sous le slogan ¡Nada Santo sobre Monsanto! (Monsanto n'a rien de saint !), une pétition en ligne, qui s'approche de son objectif de 2 000 signatures, a été adressée à l’ARA, dont le siège se trouve dans l'École d'agronomie. La pétition explique certaines des répercussions de la présence de Monsanto sur l'île :

Puerto Rico es un país que depende alrededor de un 90% en productos extranjeros para alimentarse. Nuestras tierras fértiles están siendo arrendadas a Monsanto para crear sus semillas que hacen daño a la salud y al ambiente en vez de utilizarse para tener una agricultura sostenible que nos brinde más seguridad alimentaria.

Porto Rico est un pays qui dépend pour environ 90 % de produits étrangers pour se nourrir. Notre terre fertile est louée à Monsanto d'où ils peuvent créer leurs semences qui portent atteinte à la santé et à l'environnement, au lieu d'être utilisée pour une agriculture durable qui nous offrirait une plus grande sécurité alimentaire.

Sur son blog Proyecto Bioseguridad de Puerto Rico (Projet de Biosécurité de Porto Rico), l’éducateur environnemental Carmelo Ruiz Marrero souligne que :

…en el candente debate global en torno a los organismos y alimentos genéticamente modificados, o transgénicos, el rol poco conocido de la isla caribeña de Puerto Rico ha pasado mayormente inadvertido y hasta ahora ha evadido escrutinio crítico.”

…dans ce vif débat mondial sur les organismes et aliments génétiquement modifiés, le rôle peu connu de l'île caribéenne de Porto Rico est passé presque inaperçu et jusqu'à aujourd'hui il a évité tout examen critique.

imagesL'expert précise aussi que les relations coloniales de Porto Rico avec les États-Unis sont un obstacle indéniable. Ceci se voit, par exemple, au moment de signer des accords internationaux concernant la “circulation transfrontalière d'aliments génétiquement modifiés”.

Néanmoins, de nombreux politiciens, agro-entrepreneurs, et institutions académiques et scientifiques soutiennent le développement de la biotechnologie agricole dans le pays. Le dossier spécial “El experimento caribeño de Monsanto” (“L'expérience caribéenne de Monsanto”), une enquête publiée en 2011 par le journaliste Eliván Martínez pour le Centre de journalisme d'investigation de Porto Rico, pointe le rôle actif du gouvernement portoricain :

Acá se cocina una realidad que el Gobierno oculta y auspicia: la Isla es un importante centro para ocho empresas, siete de ellas multinacionales, que desarrollan las primeras generaciones de semillas modificadas genéticamente para distribuirlas a Estados Unidos y alrededor del mundo. Los dominios de estas corporaciones se expanden en fincas públicas y privadas, sobre todo en las mejores tierras cultivables del sur de la Isla, donde en el siglo pasado mandaba el imperio de su majestad la caña, aupada por grandes terratenientes que buscaban acaparar la tierra.

La mayoría de estas semilleras ocupa más del límite de 500 acres que permite la Constitución de Puerto Rico, mientras reciben jugosos beneficios del Gobierno y gozan de la Ley de Promoción y Desarrollo de Empresas de Biotecnología Agrícola de 2009, hecha a la medida para favorecerlas.

Ici (à Porto-Rico) se trame une réalité que le gouvernement cache et soutient : l'île est un centre pour huit entreprises – sept d'entre elles sont des multinationales – qui développent les premières générations de semences génétiquement modifiées pour les distribuer aux États-Unis et dans le monde entier. Les actifs de ces entreprises incluent des fermes publiques et privées, majoritairement sur les meilleures terres cultivables dans le sud de l'île, d'où au siècle dernier on envoyait la canne à sucre vers l'empire de sa majesté, avec le soutien de grands propriétaires terriens qui visaient à s'approprier les terres pour eux-mêmes.

La majorité de ces domaines ont une superficie de plus de 500 acres, qui est le maximum permis par la Constitution de Porto Rico, alors qu'ils reçoivent par ailleurs des subventions juteuses du gouvernement et qu'ils profitent de la Ley de Promoción y Desarrollo de Empresas de Biotecnología Agrícola de 2009 (Loi pour la promotion et le développement des entreprises de biotechnologie agricole, 2009), faite sur mesure pour les favoriser.

march_against_monsantoDans ce contexte trouble, différents mouvements porto-ricains  qui se battent pour la souveraineté alimentaire depuis des années, ont confirmé leur participation à la prochaine marche mondiale contre Monsanto, prévue le 25 mai à 14 heures (heure de l'Est des États-Unis). Parmi eux se trouve l’Organisation portoricaine d'Agriculture Éco-Organique, qui vient de créer une alliance avec Vía Campesina/Coordinadora Latinoamericana de Organizaciones de Campo (Coordinateur Latino-Américain des Organisations Locales), qui rendront possible la participation de Porto-ricains dans les débats internationaux.

Ceci est un appel au monde entier. Les réunions à Porto Rico se tiennent au Service de l'alimentation, une initiative polyvalente dédiée à l'agriculture écologique. Des manifestations sont organisées dans plus de vingt pays et 100 villes des États-Unis.

Japon : La tradition des fleurs de cerisiers, un test pour les nouveaux employés

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Parmi les milliers de personnes qui envahissent les parcs japonais chaque printemps pour pique niquer sous les fleurs de cerisiers d'un rose délicat, appelés sakura, se trouvent de jeunes employés. Ce sont de nouvelles recrues des entreprises, envoyées par leurs patrons afin de réserver un emplacement pour le festin en plein air de l'entreprise. Ces nouveaux employés sont parfois contraints de rester assis pendant des heures, jusqu'à tard dans la nuit, pour garder l'emplacement.

Au début du printemps, la floraison des cerisiers ornementaux du Japon coïncide avec le début de l'exercice social japonais et il est traditionnel de tester les nouveaux employés ainsi.

 

Hanami at Yoyogi Park Photo by  Dick Thomas Johnson

Hanami au Parc Yoyogi. Photo de Dick Thomas Johnson (CC BY 2.0)

Le 20 mars 2013, sur Twitter, Mame (‏@MameBroth) a tweeté  à propos de cette tâche ingrate :

@MameBroth: 新人が花見の場所取りをします。ですが仕事には納期があります。なのでノートパソコンを持たされます。場所取りしながらコーディングします。夜になります。誰も来ません。会社に連絡すると「クソ忙しいのにいけるわけねえだろ!」と怒られます。まだ冷える寒い夜に一人ぼっち。なんと悲しいことか。

@MameBroth : En tant que nouvel employé, je me suis installé pour réserver un emplacement pour hanami. Mais j'ai un délai à respecter pour un produit et ils m'ont donc demandé d'apporter un ordinateur portable pour travailler. Je fais de la programmation pendant que je garde l'emplacement. La nuit arrive. Personne n'est encore venu. J'appelle le bureau. On me crie dessus au téléphone : « Qu'est ce qui vous fait penser qu'on peut venir ? On a du boulot par dessus la tête ! » Tout seul par une nuit froide. C'est bien triste.

La tradition de demander aux nouvelles recrues de réserver un emplacement pour le pique-nique de leur entreprise, fait partie de la coutume annuelle plus large du hanami, où les amis et les familles organisent des festins sous les arbres en fleurs et dégustent du saké et de la bière. Les entreprises organisent aussi leur propre pique-nique pour hanami et souvent les nouveaux employés sont évalués selon leur capacité à gérer ces festivités.

Pourquoi cette tâche est-elle confiée aux nouveaux employés ? Sur le site de ressources en ligne All About, l'auteur Kagezo explique [japonais, ja] que cette tâche permet aux nouvelles recrues de prouver leur compétences professionnelles :

もしあなたが幹事なら、場所を確保し、お酒の調達をするだけではあまりにも無難すぎます。なぜなら花見の準備は、仕事の手際や仕切りに通じます。酒宴の準備とは、すなわちあなたの手腕が、こっそりと上司や先輩に試されているということでもあるのです。

Si vous êtes responsable de la fête du hanami de votre entreprise, le fait de réserver un emplacement et de procurer des boissons alcoolisés n'est pas suffisant.La bonne préparation du hanami va de pair avec les compétences en gestion et un travail soigné. Vos supérieurs évaluent discrètement vos capacités à travers vos compétences à préparer le festin.

Cette année, l'Agence météorologique japonaise a annoncé que les cerisiers allait être au pic de leur floraison à Tokyo le 22 mars, la deuxième date la plus précoce depuis que l'agence météorologique a commencé à enregistrer ces statistiques en 1953.

Avec cette arrivée précoce du pic de floraison des cerisiers cette année, les utilisateurs de Twitter se sont demandés si la tâche des nouveaux employés allait être affectée. La période de floraison est très courte et les fêtes du hanami des entreprises sont supposées se passer en avril.

Wappa (@tokyoallnight) a écrit le 1er avril qui marque aussi le début de l'exercice social au Japon :

@tokyoallnight: 今日は入社式の日か・・・新人の新人だけの初めての仕事と言えば昔は花見の場所取りだったけど今は違うのかな(笑)。あれで、だれがリーダーシップあるかとかわかるとかよく言っていたけど・・・(笑)すでに散ってる・・・都内

@tokyoallnight : Aujourd'hui, c'est le jour des cérémonies d'initiation dans les entreprises… En parlant de la toute première tâche confiée aux débutants, avant, c'était la réservation d'un emplacement pour le hanami. Est-ce que c'est encore le cas ? On disait qu'on pouvait distinguer ceux qui sauront faire preuve de leadership parmi les nouveaux employés en observant leur préparation du hanami. Mais ici à Tokyo, les fleurs de cerisiers sont déjà tombées.

L'utilisateur de Twitter Yas (@yas_ukey) a conseillé aux nouveaux employés de saisir une autre opportunité de faire leurs preuves :

@yas_ukey: 今年は桜咲くのが早く新入社員の大事な仕事、花見の場所取りはなくなったので、別の部分で同期と差をつけるんだ

@yas_ukey : La mission pour les nouvelles recrues qui consiste à réserver un emplacement pour le hanami devint impossible cette année. Trouvez une autre façon de prendre une longueur d'avance sur vos collègues.

Company's hanami party at Ueno Park, Tokyo Photo by Benson (CC BY-ND 2.0)

Fête du hanami organisée par une entreprise japonaise dans le Parc d'Ueno a Tokyo. Photo de Benson (CC BY-ND 2.0)

D'un autre côté, cette tradition laisse certains perplexes. Masumiyutaka (‏@masumiyutaka) a tweeté :

‏@masumiyutaka: 昔は4月の入学式くらいに桜のイメージだったけれど、もう3月後半のイメージ。段々早まっているから、4月に新入社員が花見の場所取りするという良くわからない伝統がなくなるかしら。

@masumiyutaka : Je vois encore l'époque où les cerisiers étaient en fleur au mois d'avril, en même temps que les cérémonies de la rentrée scolaire. Mais aujourd'hui on les voit fleurir dans la deuxième moitié du mois de mars. Ils fleurissent de plus en plus tôt. Dans ce cas, la tradition bizarre pour les nouveaux employés de réserver un emplacement pour le hanami en avril pourrait-elle disparaître ?

Tout le monde n'approuve pas cette tradition qui consiste a se servir des nouvelles recrues pour garder un emplacement. Un article en ligne du journal d'affaires NIKKEI.com a rapporté [ja] que le fait de demander aux nouveaux employés de réserver un emplacement pour le hanami pourrait entrer dans deux des six catégories constituant un abus de pouvoir définies par le ministère de la Santé et de la Protection Sociale : les demandes d'exercices ou de travail impossibles à réaliser ou manifestement inutiles, et l'intrusion dans la vie privée d'un employé.

Sur le site de publication libre Hatelabo, un utilisateur anonyme était fortement opposé [ja] à la pratique :

新人に花見の場所取りをさせる会社ってまだあるのか? 外国育ちの俺には心底意味がわからん。 勤務時間外に付き合わせるだけに飽きたらず場所取りって! 人を何だと思ってるんだ。 俺なら絶対にやらないね。絶対にだ。

Y a t-il encore des entreprises qui forcent leurs nouveaux employés à réserver un emplacement pour le hanami de l'entreprise ? En tant que personne qui à grandi dans un autre pays, je ne comprends vraiment pas. En plus des nombreuses obligations sociales après le travail, il faudrait utiliser sont temps libre pour garder un emplacement ? Pour qui se prennent-ils ? Je ne pourrais jamais accepter cela. Hors de question.

Un autre utilisateur anonyme a répondu au commentaire :

外国育ちでも新入社員でもないし若者でもないんだけど、同意。 好きな人がやるのはいいんだけど、集団が個人に強制するのはよくないよねー。なにごとも。

Je n'ai pas grandi dans un autre pays, je ne suis pas un nouvel employé et je ne suis pas jeune mais je suis d'accord avec vous. C'est d'accord si vous voulez le faire mais ce n'est pas d'accord si la société force quelqu'un à le faire. Ou quoi que ce soit.

Japanese businessmen working in the park Photo by GaijinSeb (CC BY-NC-ND 2.0)

Hommes d'affaires japonais travaillant dans le parc.
Photo de GaijinSeb (CC BY-NC-ND 2.0)

Sur Twitter,xxxxxlg (@xxxxxlg) a écrit à propos de sa propre expérience de la tradition printanière :

@xxxxxlg: 1,2年目の新人による上野公園でのお花見会のミーティングが行われた。事業本部100人が参加する大花見会なため予算やスケジュールなどかなり細かく考えなければならないらしい。ちなみに当日の花見の場所取りは徹夜。

@xxxxxlg : Les employés de première et de deuxième année ont eu une réunion pour organiser une fête du hanami dans le Parc d'Ueno. Apparemment, nous devons prévoir le détail du budget et du programme pour la grande fête du hanami à laquelle étaient attendues 100 personnes du siège. Au fait, la réservation d'un emplacement pour la fête du hanami commence la nuit avant le jour J.

 

L'image de l'onglet utilisée dans ce post a été tirée de la galerie de lestaylorphoto sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Un rassemblement contre la haine tente d'endiguer la montée du racisme au Sri Lanka

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Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en anglais.

Des activistes contre la haine au Sri Lanka ont prévu un rassemblement dans la capitale, Colombo, le 28 avril. Ce pays a connu une récente série d'agressions violentes isolées et vu l'éclosion d'une rhétorique de haine de grande ampleur à l'encontre des minorités. Ce rassemblement intervient deux semaines après la veillée aux chandelles pacifique devant les bureaux du Bodu Bala Sena (Force Bouddhiste, un mouvement bouddhiste radical connu sous le sigle BBS, ndlt) à Colombo qui avait été interrompue par le BBS et la police sri-lankaise (voir l’article de Global Voices – en français)

Rally for unity

La veillée aux chandelles organisée par le groupe Buddhists Questioning Bodu Bala Sena (Des bouddhistes remettent en cause Bodu Bala Sena) a été la première manifestation publique décriant ce que beaucoup considèrent comme une campagne xénophobe de longue haleine menée par le BBS à l'encontre des minorités dans le pays. Le blogueur Indrajit Samaraiva attribue la politique du BBS à une dynamique plus complexe au sein de la communauté bouddhiste Sinhala. Dr. Vinoth Ramachandra suppose que les activités du BBS sont une tactique pour détourner l'attention d'autres problèmes qui minent la nation insulaire.

Ayant commencé par protester contre le label Halal, le BBS a poursuivi en critiquant les codes vestimentaires des femmes musulmanes, comme l'explique D.B.S. Jeyaraj, un journaliste et blogueur expérimenté. Beaucoup d'agressions sans lien entre elles ont été constatées dans tout le pays suite aux discours haineux du BBS.

Bien que le BBS soit l'une des organisations nationalistes d'extrême droite les plus virulentes, la dernière vague d’islamophobie et de rhétorique anti-minorités au Sri Lanka a débuté avant l'émergence médiatique de ce groupe, avec l'attentat contre un sanctuaire musulman dans la ville d’Anuradhapura, suivi par un attentat contre une mosquée plus importante à Dambulla.

Les églises n'ont pas été épargnées non plus, et certains temples bouddhistes qui ne s'accordent pas avec l'idéologie de ces groupes extrémistes ont aussi été victimes d'attaques. Les commerces tenus par des musulmans ont été pris pour cible par des groupes semant la haine. Lors d'une attaque survenue récemment contre un entrepôt à Colombo, des moines bouddhistes étaient en première ligne parmi la foule des assaillants. Le BBS a également mené plusieurs raids illégaux, avec le soutien supposé de la police, dont le plus tristement célèbre fut une descente contre un abattoir à Colombo, sur la base d'une rumeur selon laquelle des animaux y seraient abattus dans le non-respect de la législation locale.

Depuis peu, de plus en plus de voix s'élèvent contre ce discours de haine, et cela se manifeste en particulier dans les médias sociaux sri-lankais. Des mouvements tels que Buddhists Questioning Bodu Bala Sena (Des bouddhistes remettent en cause Bodu Bala Sena), Love not Hate (l'amour, pas la haine), et cette pétition sur Facebook essayent de prendre de l'ampleur pour y faire face. Toujours à vif après 30 ans de guerre civile, l’opinion publique sri-lankaise fait sans peine le lien entre discrimination raciale et de potentielles violences à grande échelle.

Un événement Facebook destiné à faire connaître le “Rassemblement pour l'Unité” a été plébiscité. Fazly Mowjood a pris une résolution:

Si les groupes racistes n'arrêtent pas de semer le racisme dans notre pays, alors nous les Sri-Lankais allons le faire cesser à leur place et ce dimanche ne sera que le commencement. Il y aura d'autres actions jusqu'à ce que le dernier groupe raciste du Sri Lanka soit REDUIT AU SILENCE.

Les bénévoles qui organisent les manifestations ont rassemblé leurs économies et fourni le matériel pour fabriquer ces affiches :

Posters for Rally for Unity. Image courtesy Rally For Unity Facebook page

Des pancartes pour le “Rassemblement pour l'Unité”. Image de la page Facebook Rally For Unity.

Le rassemblement de dimanche vise à combattre le discours haineux d'une façon générale et ne semble pas focalisé sur un groupe en particulier, ce qui est une différence majeure par rapport à la veillée aux chandelles [évoquée ci-dessus]. Le soutien croissant de politiciens tels que l'ancien capitaine de l'équipe de cricket sri-lankaise Arjuna Ranatunga et l'acteur reconverti en homme politique, Ranjan Ramanayake, est aussi un signe encourageant qui pointe vers la montée en puissance du mouvement contre la haine auprès du grand public.

Les lauréats des bourses Rising Voices 2013

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Rising Voices a le plaisir d'annoncer le nom des cinq lauréats de l'appel à projets de médias citoyens 2013, récompensés par une micro-bourse. Cette année, nous avons reçu 870 projets de médias citoyens en provenance de 97 pays de tous les continents. Cet intérêt croissant est la preuve du besoin grandissant pour ce type d'engagement de la part de communautés sous-représentées. Cela montre aussi qu'il y a des centaines d'individuels et d'organisations soucieux d'aider leurs communautés locales à participer aux échanges globaux en ligne grâce à l'utilisation des médias citoyens. Nous sommes très honorés qu'ils aient choisi de partager leurs idées avec la communauté Rising Voices.

La grande innovation de cette année a concerné la méthode employée par Rising Voices pour gérer les projets qui pouvaient être partagés sur une plateforme publique [en anglais] facilitant le travail sur le net et l'interactivité. Grâce au nouveau site sous WordPress créé par le responsable de la conception de Global Voices, Jeremy Clarke, nous avons pu publier les projets soumis par chaque candidat. Chaque candidat pouvait choisir de publier ou non son projet.

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Les projets étaient référencés géographiquement, par sujet, et par outils de formation, puis l'application permettait de localiser aussi précisément que possible chaque projet sur une carte pour donner une idée de l'endroit où il était développé. Les visiteurs du site pouvaient avoir accès aux projets par les différents critères ou par la localisation géographique. Nous avons été très contents de constater l'interaction entre les candidats dans les commentaires, et de voir qu'ils ont pu partager leurs idées sur les réseaux sociaux tels que Twitter et Facebook.

A partir de ces projets publics et privés, nos volontaires de la communauté Global Voices ont établi une première sélection de 74 candidats [en anglais], auxquels il a été demandé de détailler leurs projets pour une nouvelle sélection. Les projets ont à nouveau été examinés, et notre comité de sélection a désigné cinq lauréats qui vont être récompensés d'une micro-bourse pour leur permettre de mettre en place leur projet. Ces nouveaux projets sont différents dans leurs approches et ont démontré leur engagement à travailler dans un contexte unique. Nous sommes très heureux qu'ils rejoignent la communauté Rising Voices des projets récompensés.

Les cinq gagnants (par ordre alphabétique):

Argentine: Los Inestables Radio

A Córdoba, en Argentine, une équipe de bénévoles visitait régulièrement l'hôpital psychiatrique public et avait fait connaissance d'un certain nombre de patients avec lesquels ils avaient créé des liens personnels. Ils se sont rendu compte que les personnes extérieures à l'hôpital dans la communauté locale avaient une perception fausse ou stéréotypée des malades. Forts de ce constat, les bénévoles et les patients ont décidé de produire une émission de radio hebdomadaire appelée “Radio Los Inestables“, diffusée depuis la cour extérieure de l'hôpital et transmise par une station de radio locale. Le contenu couvre des sujets sérieux tels que les liens entre maladie mentale, pauvreté et discrimination, comme des sujets plus légers sous forme de théâtre radio et de lecture de poèmes.  Le projet a pour objet de donner aux patients plus de responsabilité dans la gestion de l'émission de radio en ajoutant un volet en ligne afin de toucher une audience nationale et globale. Les participants apprendront à enregistrer, éditer, et télécharger des podcasts audio, et à gérer les abonnements de l'émission de radio aux réseaux sociaux pour avoir une interaction régulière avec les auditeurs du monde entier.

Fiji: Tukuni Yadua (Il faut parler de Yadua)

Au cours des quarante dernières années, les habitants de la communauté de Denimanu, sur l'île isolée de Yadua à Fiji, ont conjugué tous leurs efforts pour protéger l'iguane à crête, une espèce menacée. Ces animaux ont été menacés par des pressions extérieures et par les changements climatiques, ce qui rendait leur protection d'autant plus urgente. La protection de la faune et de la flore et le mode de vie traditionnelle des villageois font partie des caractéristiques identitaires de la communauté. Cependant, au cause de l'isolement de l'île, le récit des obstacles à surmonter et des succès obtenus grâce aux efforts fournis n'ont pas été relayés. Aujourd'hui les habitants veulent transmettre cette passion pour la protection de la faune et de la flore à leurs enfants en espérant qu'ils continueront le travail. The National Trust of Fiji (NTF) va travailler en collaboration avec la communauté locale pour former des jeunes villageois à transmettre ce passé à l'aide de vidéos et photos numériques. Cette imagerie numérique exposera la biodiversité unique de l'île, et montrera comment la relation entre les hommes et la nature fait partie intégrante du passé, du présent et de l'avenir de la communauté.

Des cartes pour le Niger

Grâce à un partenariat avec le Département de Géographie de l’Université Abdou Moumouni à Niamey, au Niger, les étudiants du Club de Géographie du campus vont se réunir pour créer une Communauté Technique de Bénévoles (Volunteer Technical Community – VTC) qui va rechercher les besoins et l'histoire des communautés environnantes. L'équipe va s'initier aux outils proposés par OpenStreetMap, pour participer à un projet humanitaire de cartographie coopérative libre. Une fois initiés à cette application et aux réseaux sociaux, les participants vont parcourir la ville et les villages des environs pour reporter sur la carte des points remarquables tels que les écoles, les rues, et les hôpitaux. Ils vont aussi utiliser d'autres formes de médias sociaux pour lier les lieux identifiés aux besoins des communautés. Le projet sera accompagné, par des mises à jour régulières, jusqu'à la création d'un blog et de comptes Twitter et Facebook, afin que la carte fasse vivre les histoires et les réalités du Niger.

Mexique: Dizha Kieru par SMS

Dizha Kieru (“Notre Voix” en langue zapotèque) est une station de radio communautaire locale du village indigène zapotèque de Taleo de Castro, situé dans les montagnes Juarez de l'Etat de Oaxaca au Mexique. La ville possède et gère son propre système de téléphonie mobile qui fournit un service très bon marché à près de 2500 habitants. La station radio, en collaboration avec Rhizomatica, va former les habitants à devenir des relais d'information pour la communauté, par des témoignages personnels, des informations recueillies par SMS ou des appels téléphoniques des citoyens. L'équipe de Dizha Kieru, qui gère la station radio et le système de téléphonie mobile, récoltera, synthétisera, formatera et diffusera les informations aux habitants deux fois par jour par SMS et postera l'information en ligne via Twitter aux émigrants qui vivent à l'étranger. Le réseau mobile communautaire permettra de réduire les coûts de ce mode de recueil et de diffusion de l'information, et pourra aider à enrichir le dialogue entre la communauté locale et la diaspora.

La jeunesse au Bhoutan, une démocratie en plein dévelopement

Le Bhoutan abrite l'une des plus jeunes démocraties du monde, car c'est en 2008 que le pays est passé d'une monarchie absolue à une monarchie constitutionnelle. Depuis lors, de nombreuses organisations telles que le Centre pour les médias et la démocratie (CMD) basé à Thimphou, la capitale, ont joué un grand rôle pour aider les habitants à prendre une part plus active dans cette nouvelle société. Par la mise en place de Clubs de Médias locaux, le CMD a organisé des ateliers de journalisme citoyen pour les jeunes âgés de 18 ans et plus, afin qu'ils puissent faire entendre leurs voix dans le débat national et les échanges sur les changements démocratiques. Par ce nouveau projet le CMD souhaite poursuivre son action en proposant des ateliers de podcasting audio aux collectivités de Samtse, Trongsa, Kanglung, et Paro. La majeure partie des contenus créés par les jeunes podcasteurs concerneront les prochaines élections nationales, organisées pour la deuxième fois, et seront partagés en ligne et sur les ondes locales.

Au cours des prochaines semaines, nous détaillerons en profondeur chacun des nouveaux projets.

Bien que le processus de financement des projets soit maintenant terminé, la plateforme restera accessible pendant un certain temps. Nous vous invitons à continuer à prendre connaissance des nombreux projets et idées présentés sur le site, et à prendre contact avec ceux dont vous partagez les intérêts, ou à proposer votre collaboration.

Rejoignez nous pour féliciter et accueillir les cinq nouveaux lauréats de la bourse Rising Voices.


Boston, quelles conséquences pour la cause tchétchène ? L'avis d'une blogueuse sur RuNet

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Depuis l'arrestation de Djokhar Tsarnaev, le “2e poseur de bombe présumé”, d'origine tchétchène, du marathon de Boston, il y a eu étonnamment peu d'analyses pertinentes de la part de blogueurs tchétchènes actifs sur l'internet russe. Certes, il en est qui ont abordé le sujet; mais surtout pour faire le lien avec des théories du complot en vogue (certaines citées dans l’article initial de notre série RuNet Echo [GV] ; un examen plus approfondi va suivre).

Un billet récent d'une jeune blogueuse tchétchène n'en est que plus intéressant. Comme beaucoup d'autres, Zulikhan [en russe], “Tchétchène, Itchkérienne [wikipédia], musulmane, épouse et mère” qui tient sur LiveJournal un blog très suivi, souscrit à la théorie que l'attentat de Boston a été monté par Poutine et les services spéciaux russes, entre les mains de qui les frères Tsarnaev n'étaient que des pions. Son premier billet sur l'attentat examinait les motivations possibles d'une telle manoeuvre :

Ну вот, что-то уже прояснилось. Путин и Обама, по инициативе российской стороны, договорились по телефону о координации усилий в борьбе с международным терроризмом. Считаю, что за событиями в Бостоне торчат уши российских спецслужб. По принципу “кому выгодно”. [...] Путину выгодно – чтобы Штаты не мешали России творить на Северном Кавказе все, что угодно, под видом борьбы с терроризмом.

Eh bien, quelque chose est devenu plus clair. Poutine et Obama, à l'initiative des Russes, ont convenu par téléphone d'une coordination de leurs efforts dans la lutte contre le terrorisme international. Je pense que derrière les événements de Boston on voit pointer le nez des services spéciaux russes. C'est le principe “à qui profite [le crime]. [...] Il profite à Poutine — de sorte que les USA laissent les mains libres à la Russie dans le Nord-Caucase sous couvert de lutte contre le terrorisme.

Indépendamment de ses suspicions (plutôt bénignes à côté de celles professées par d'autres), Zulikhan donne par la suite une analyse qui vaut qu'on s'y attarde, de ce que l'attentat de Boston signifie pour les Tchétchènes, pour la cause de l'indépendance de la Tchétchénie, et pour le Nord-Caucase en général. Ses opinions doivent être lues à travers le prisme du nationalisme tchétchène. Elle n'aime guère Poutine, et cite comme son héros personnel Djokhar Doudaev, le militaire de l'ex-URSS qui a été à la tête de la revendication indépendantiste de la Tchétchénie au début des années 90, (en l'honneur de qui a probablement été prénommé Djokhar Tsarnaev). (Pour conforter les adeptes de complots, Doudaev [mort en 1996] est né le 15 avril 1944, l'attentat a donc eu lieu le jour de son anniversaire. [Mise à jour : La date réelle de naissance de Doudaev semble sujette à caution. De nombreux médias en ligne russophones (dont la version russe de l'article Wikipédia) indiquent le 15 février, tandis que certaines sources donnent bien le 15 avril, voire le 15 mai (la version tchétchène de l'article Wikipédia). La controverse remonte à un fil de discussion de 2004 du forum Kavkaz Center où le 15 avril était affirmé date de naissance. Mais, l'article Wikipédia en anglais sur Doudaev ayant été corrigé de 15 février à 15 avril postérieurement à l'arrestation de Tsarnaev, on peut douter des motifs de la correction.]

Dzhokhar Dudaev addressing his Chechen troops. YouTube screenshot. April 24, 2013.

Djhokhar Doudaev s'adresse aux troupes tchétchènes. Capture d'écran YouTube. 24 avril 2013.

Ceci dit, voici quelques extraits de son billet le plus récent [en russe]. D'abord, Zulikhan prend soin de remarquer que les répercussions de l'attentat de Boston seront ressenties dans tout le Nord-Caucase, y compris le Daguestan et l'Ingouchie où se concentre actuellement une grande partie du mouvement indépendantiste :

Если бы несчастные Тамерлан и Джохар устроили мозговой штурм именно с этой целью – как сильнее навредить своему народу – вряд ли додумались бы до такого. [...] для Запада все кавказцы, которые что-то такое творят – чеченцы. Бренд работает. Как в том анекдоте про ингушей, которые позавидовали чеченцам, что весь мир их знает, решили переплюнуть их достижения и захватили Кремль. После чего все СМИ сообщили: “Группа чеченских террористов захватила Кремль. Непонятно почему они называют себя ингушами”.

Si les malheureux Tamerlan et Djokhar avaient élaboré leur plan avec précisément ce but — comment nuire au maximum à leur peuple — il est douteux qu'ils seraient arrivés à cela. [...] pour l'Occident tous les Caucasiens qui font quelque chose de mal sont des Tchétchènes. La marque fonctionne. Comme dans la blague des Ingouches [une tradition voisine et rivale de montagnards, similaire aux Tchétchènes], devenus jaloux des Tchétchènes parce que connus dans monde entier, qui ont décidé de surpasser les performances de ceux-ci en s'emparant du Kremlin. Grands titres dans tous les médias : “Une bande de terroristes tchétchènes se sont emparés du Kremlin. On ignore pourquoi ils se disent Ingouches.”

Elle prédit, plutôt ingénieusement, que les jours sont comptés, où l'Occident acceptaient sans hésitation les Tchétchènes comme réfugiés politiques :

Из-за этих двоих чеченцев – всего лишь двоих! – и в Штатах, и в Европе кавказцам перестанут давать убежище. Будут высылать чеченцев прямо в руки Путину и Кадырову – не только каких-нибудь грабителей, но и воинов, т1емлой. Тех, кто будет сидеть тихо-тихо, может, и не вышлют – просто будут мучить и унижать всевозможными проверками.

A cause de ces deux Tchétchènes — il a suffi de deux ! — aux USA comme en Europe on cessera de donner l'asile aux Caucasiens. On expulsera les Tchétchènes pour les remettre directement à Poutine et Kadyrov — pas seulement les cambrioleurs quelconques, mais aussi les guerriers, les “tlemloi”. Ceux qui se tiendront tranquilles ne seront peut-être pas extradés, mais on les tourmentera et on les humiliera avec tous les contrôles possibles.

Elle évoque aussi la difficulté à distinguer un véritable extrémiste de quelqu'un comme elle, qui ne fait que soutenir l'idée d'une Tchétchénie indépendante :

Какие-то американские сенаторы или конгрессмены уже возмущаются, почему ФБР не отреагировала должным образом, получив от российских спецслужб сведения, что Тамерлан Царнаев связан с террористами. Значит, теперь ФСБ сможет про любого беженца, любого эмигранта заявить, что он террорист, и ФБР отреагирует. “Доказательства” долго искать не придется – ведь все мы регулярно посещаем “сепаратистские” сайты и форумы. Значит, все связаны с террористами.

Certains sénateurs ou représentants américains s'indignent déjà que le FBI n'ait pas réagi comme il fallait après avoir reçu des services spéciaux russes les renseignements selon lesquels Tamerlan Tsarnaev avait des liens avec des terroristes. A présent, le FSB peut donc déclarer que n'importe quel réfugié, n'importe quel émigré, est un terroriste, et le FBI réagira. Inutile de chercher longtemps des “preuves”, car nous visitons tous régulièrement les sites et forums “séparatistes”. Nous avons donc tous des liens avec les terroristes.

Elle conclut en prédisant une répression générale contre les organisations tchétchènes en Occident :

Чеченцев в Европе и Штатах начнут преследовать за любую политическую и общественную активность. Станут невозможны мероприятия, подобные этому – когда чеченская молодежь из разных стран собралась в Эстонии под ичкерийским флагом для знакомства и обсуждения политических и культурных проблем.

On commencera à pourchasser les Tchétchènes d'Europe et des USA pour toute sorte d'activité politique et sociale. Deviendront impossibles les manifestations telles que le rassemblement de la jeunesse tchétchène de différents pays en Estonie sous le drapeau itchkérien, pour se rencontrer et discuter de problèmes politiques et sociaux.

Selon Zulikhan, de telles réunions sont importantes si les séparatistes Tchétchènes en exil veulent s'organiser un jour pour gouverner la Tchétchénie quand elle finira par obtenir son indépendance (ce qui pour elle ne fait pas de doute).

Des prédictions dont certaines vont trop loin ? Peut-être. Mais même si on ne partage pas l'analyse dans tous ses détails, une chose est sûre : la vie des émigrés tchétchènes est assurément devenue plus compliquée.

Tchernobyl : “La plus horrifiante conversation téléphonique du 20ème siècle”

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chernobyl dispatchers

Le 26 avril 2013 marque le 27ème anniversaire du désastre de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Andriy Pryimachenko de peredova.com a créé une transcription vidéo [en russe] de l’enregistrement audio de la conversation que les responsables de l’unité de lutte contre les incendies de l’usine ont eu avec d'autres équipes de sécurité et les fonctionnaires territoriaux, peu après l’explosion. Dans son blog Korrespondent.net, Ivan Mateyko trouve qu'il s'agit [en ukrainien] de  la “plus horrifiante conversation téléphonique du 20ème siècle”.

“Difficile de deviner ce que ces gens pensaient à l'époque, s'ils connaissaient la gravité de la situation ou s’ils envisageaient toutes ses conséquences possibles, mais l'horreur dans leurs voix est évidente.”

 

 

Un juge saoudien interdit aux femmes d'assister au procès d'un réformiste

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Cet article fait partie de notre dossier central en anglais  Procès des réformistes en Arabie Saoudite

À peine dix jours après que la première femme saoudienne ait été habilitée à exercer la profession d’avocat, un juge a interdit aux femmes d'assister au procès public de l’activiste  Abdualkareem al-Khudar, membre fondateur de la plus importante organisation des droits de l’homme du royaume, l’Association saoudienne des droits civils et politiques (ASDCP).

A cause des restrictions imposées par la loi saoudienne, il est très difficile pour des organisations comme ASDCP de fonctionner. La monarchie ne reconnait  pas des droits fondamentaux tels que la liberté d’expression ; elle interdit presque toute forme d’association et restreint la liberté de réunion.

Plus de 40 militants et militantes sont venus au tribunal de Buraidah pour assister à la quatrième audience du procès d'Abdualkareem al-Khudar, le 20 avril 2013, la dernière d’une série de représailles judiciaires contre les militants d’ASDCP.  En 2012, des dizaines de défenseurs des droits de l’Homme avaient été emprisonnés en Arabie Saoudite.

Abdualkareem al-Khudar a protesté contre cette mesure et a refusé d’entrer dans la salle d’audience. Alors qu'il se trouvait devant le tribunal, un policier l'a arrêté. Son avocat Abdulaziz Shubaily (@a_abdulaziz300) [arabe] a demandé au président de la Cour pénale de Buraidah pourquoi son client avait été détenu et a tweeté [ar]:

@ a_abdulaziz300 Je suis allé au tribunal et j’ai discuté avec le président de la Cour, Ali al-Omar. Il a dit que le juge Ibrahnim al-Hussni avait émis un ordre de placement en détention de quatre mois.

Le mois dernier, un jugement a été rendu après le procès long de 9 mois de deux autres membres fondateurs de ASDCP,  Mohammad al-Qahtani et Abdullah al-Hamid. Ils ont été condamnés respectivement à dix et onze ans de prison pour “rompre l'allégeance au souverain, et à son successeur” et “tentative d'entraver le progrès du pays”. L’ASDCP a révélé que le gouvernement avait affirmé qu’il renoncerait à l’action en justice si al-Qahtani et al-Hamed acceptaient de mettre fin à leurs revendications mais les deux hommes ont préféré aller en prison plutôt que se taire.

Les femmes avaient été autorisées à assister à ce procès, mais par la suite, le juge a cité un verset coranique pour les en empêcher.  Un membre de ACPRA, Abdullah al-Sied (@ abdulllah1406) a tweeté [ar] :

@ abdulllah1406: Le juge Ibrahim al-Hosni cite le verset du Coran “et demeurez dans vos maisons” pour interdire l'accès des femmes au procès d’ACPRA.

L'Arabie saoudite suit officiellement la charia. Le code pénal du pays ne repose pas sur des lois écrites mais sur des commentaires et des interprétations du Coran et d'autres écrits de la charia, souvent faites de façon arbitraire par des juges qui font partie du clergé et sont nommés par le gouvernement.

Le réformiste Bandar Shammari (@xalshammari) s'est rendu à Buraydah pour assister au procès, mais on ne lui a pas permis d’entrer dans la salle d’audience à cause de son apparence physique. Il a tweeté [ar] :

@ xalshammari: Les gardes de la Cour pénale de Buraydah ne m'ont pas permis d'entrer parce que je n’étais pas “assez saoudien”.

 

L'activiste Waleed Abualkair (@abualkhair) [ar]:

@abualkhair: Le régime politique dit aux étrangers qu'il défend le droit des femmes, mais la racine du problème réside dans cette société…

Lors d'une audience précédente, al-Khudar avait demandé que l'instruction soit confiée à un autre juge, en raison d'un conflit personnel qu'il a eu avec ce juge avant le procès. Mais ce dernier a refusé sa demande en disant que ce conflit n’influencerait aucunement son impartialité.

L'Arabie saoudite est l'une des rares monarchies absolues subsistant dans le monde et dispose d'un bilan accablant en matière des droits de l'Homme; elle détient arbitrairement plus de 30 000 personnes.

 

Cet article fait partie de notre dossier central en anglais  Procès des réformistes en Arabie Saoudite

Pas de caméra numérique ? Aucun problème. Créez votre propre vidéo pour les langues en danger

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Grâce à un nouvel outil disponible sur le site internet du projet Langues en danger (Endangered Languages Project, ELP) [anglais/français, en/fr], les défenseurs des langues qui n'ont pas accès une caméra numérique peuvent dès à présent apporter leur propre contribution en ligne pour revitaliser une langue en danger d'extinction. La nouvelle option “Ajouter une vidéo” [en/fr] permet aux utilisateurs de créer leurs propres contributions en enregistrant une vidéo directement depuis une webcam pour la charger et la partager avec la communauté.

addavideoCe projet de l'Alliance pour la Diversité Linguistique cherche à “mettre la technologie au service d'organisations et d'individus qui s'efforcent de contrer le danger d'extinction des langues en les documentant, en les préservant et en les enseignant” [en/fr]. A l'origine lancé par Google, l'ELP est maintenant géré par le Conseil Culturel des Peuples Autochtones [en] et par l'Institut de l'information et de la technologie du langage [en] (The Linguist List) de l'Université Eastern Michigan aux Etats-Unis.

En plus de permettre le chargement d'autres vidéos ou le partage de liens vers des vidéos déjà disponibles sur YouTube, cette option d'enregistrement direct peut être un moyen d'entendre plus de voix de diverses communautés linguistiques. Une fois la vidéo enregistrée, elle peut être chargée, taguée, et partagée avec la communauté grandissante d'ELP. Les créateurs des vidéos peuvent choisir un thème particulier comme la nourriture, l'humour, les salutations ou les chansons, afin de pouvoir regrouper leur contenu avec d'autres [en]. Les thèmes peuvent également encourager la créativité en offrant des suggestions de nouveaux sujets à filmer. Une fois qu'une vidéo est chargée et classée dans une catégorie, elle est disponible sur la page de sa langue respective.

L'ELP est prudent et encourage les utilisateurs à ne charger et ne créer que des vidéos qui respectent la confidentialité des communautés linguistiques. Il demande aussi à avoir l'autorisation de chaque individu filmé. Il existe également une section de consignes relatives aux contenus qui décrit certaines de ces recommandations.Par l'option de signalement, les utilisateurs peuvent indiquer au site un contenu qui ne respecte pas les consignes. Une fois signalé, il peut être examiné par les modérateurs qui peuvent décider de supprimer complètement le contenu inapproprié ou les vidéos qui peuvent être vues par certains comme de nature sacrée ou privée.

Ce nouvel outil est relativement récent, mais l'espoir est qu'il ouvre l'accès à de nouveaux activistes des langues voulant se lancer avec leur propre contribution dans la préservation et la revitalisation de leurs langues natales.

Le Kirghizistan était-il prêt pour les ‘Monologues du Vagin’ ?

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Sauf mention contraire, les liens dirigent vers des pages en russe.

En butte à l’opposition virulente du ministère de la Culture du Kirghizistan, le Bishkek Feminist Collective SQ, un mouvement féministe local, a joué la pièce “Les Monologues du Vagin” [en anglais] dans la capitale kirghize en mars et avril derniers. Cette pièce de la dramaturge féministe américaine Eve Ensler portant sur la sexualité féminine et l'expérience d'être femme, a suscité des réactions mitigées de la part du public de Bishkek.

Politiquement, le Kirghizistan est souvent considéré comme plus progressiste que ses voisins d'Asie centrale. A ce jour, il est le seul pays de la région qui ait eu une femme président [en français] et fut le premier à donner une représentation des “Monologues du Vagin”, en 2009. Cependant, le Kirghizistan est aussi le seul pays de la région où l'enlèvement de mariées [en français] est toujours largement pratiqué et la société kirghize demeure majoritairement conservatrice. Le Kirghizistan fut longtemps membre de l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, un pays qui connut un engouement massif pour le leitmotiv “Il n'y a pas de sexe en URSS“, dont l'origine est expliquée par un blogueur [en anglais]. Ainsi, bien que la pièce soit jouée à Bishkek pour la troisième fois, il n'est sans doute pas surprenant que “Les Monologues du Vagin” aient provoqué une polémique.

Représentation des “Monologues du Vagin” à Bishkek en 2013. Source: page Facebook du Bishkek Feminist Collective SQ, photo utilisée avec autorisation.

Une érosion des valeurs morales ?

Début avril, le ministère de la Culture a recommandé aux organisateurs de mettre fin aux représentations à Bichkek de cette “pièce controversée”, faisant référence à l'inquiétude du gouvernement face à certains “épisodes contribuant à l'érosion des valeurs morales et éthiques et aux traditions nationales des peuples du Kirghizistan”.

Le communiqué du Ministère a reçu des échos aussi bien positifs que négatifs dans les médias sociaux.

Bektour Iskender, un journaliste kirghiz, a fait le commentaire suivant via kloop.kg, un plugin de Facebook:

Я, честно говоря, не хочу больше на свои налоги содержать это глупое министерство культуры.

Franchement, je n'ai pas envie que mes impôts soient utilisés pour financer ce stupide ministère de la culture.

Une opinion contraire est exprimée par un autre utilisateur de Facebook, Nazgul Nuranova:

Прошу госорганы полностью запретить эту пьесу!

Je demande aux autorités d'interdire la pièce complètement !

Un titre révélateur ?

VDAY_2013

La pièce a été donnée à Bishkek dans le cadre de la campagne V-Day, une journée internationale pour mettre un terme aux violences envers les femmes et les filles.

Aikanysh Jeenbaeva, co-fondatrice du Bishkek Feminist Collective SQ, a participé à l'organisation des “Monologues du Vagin” au Kirghizistan. Elle soupçonne le Ministère de ne s'être reposé que sur le titre pour tirer des conclusions sur la pièce. “Je crois qu'en fait aucun d'entre eux n'a vu la pièce, et qu'ils ne la jugent que par son titre” a-t-elle dit récemment lors d'une interview [en anglais].

Stuart Kahn, directeur de la Freedom House au Kirghizistan, partage cette analyse [en anglais] :

[A]pparently just the title of The Vagina Monologues announcement, an episodic play about the feminine experience, has evoked negative and threatening response from Kyrgyzstan’s Ministry of Culture… [The monologues] are on topics such as love, violence and anatomy but is primarily about female empowerment and individuality.

Apparemment, rien que le titre des Monologues du Vagin, une pièce à épisodes sur l'expérience féminine, a suscité une réaction négative et menaçante de la part du ministère de la Culture du Kirghizistan…[Les Monologues] traitent de sujets tels que l'amour, la violence et l'anatomie mais concernent principalement l'émancipation et l'individualité des femmes.

Stuart Kahn souligne aussi l'ampleur du phénomène des violences conjugales au Kirghizistan :

Over 85% of households in Kyrgyzstan experience domestic violence and bride kidnapping and rape are increasingly being documented. Until recently, punishment for stealing a cow was greater than for stealing a woman, although prosecution is still more likely just in cases of cows.  Only through an open discussion on problems confronting any society can changes be made.

Plus de 85% des foyers au Kirghizistan sont touchés par les violences conjugales et on recense de plus en plus les enlèvements de mariées ainsi que les viols. Jusqu'à une époque récente, la peine pour le vol d'une vache était plus sévère que pour l'enlèvement d'une femme, même s'il est encore de nos jours plus probable d'être mis en examen dans le cas d'une vache. Ce n'est qu'en débattant ouvertement des problèmes auxquels sont confrontées toutes les sociétés que le changement pourra se produire.

Mais la pièce a été critiquée pour ce que certains considèrent comme un manque de pertinence par rapport à l'expérience des femmes kirghizes. Dans une critique détaillée de la pièce, le blogueur Georgii Mamedov a écrit :

Фактически, зритель, посетивший спектакль, осведомляется о фетишистских представлениях о своем влагалище белых американок среднего класса. Одна из них мечтает, что ее вагина будет носить бриллианты от Тиффани, другой на консультации у семейного психотерапевта рекомендуют брить вагину, чтобы удержать мужа, другая, бывшая успешная адвокатша, становится элитной проституткой, обслуживающей женщин. В своего рода кульминационном монологе – «Вагина в гневе» — героиня возмущается бумажными халатами и холодными инструментами гинекологических кабинетов. Интересно, какой процент кыргызстанских женщин вообще не охвачен гинекологическим медицинским обеспечением?

En assistant à la représentation, le public se rend compte des attitudes fétichistes des femmes américaines blanches de la classe moyenne. L'une d'elles rêve que son vagin porte des diamants Tiffany; une autre, durant une visite chez le psychothérapeute de famille, se voit suggérer de se raser les poils du vagin pour garder son mari; la troisième quitte une bonne carrière d'avocate et devient une prostituée de luxe pour femmes. Dans le monologue qui, à beaucoup d'égards, constitue l'apogée de la pièce – Mon Vagin en Colère -, le personnage en veut aux robes en papier et aux instruments médicaux froids du cabinet du gynécologue. Je me demande quel pourcentage des femmes au Kirghizistan ont accès aux soins gynécologiques pour commencer.

‘L'enfer est pavé de bonnes intentions’

La représentation a aussi été vivement critiquée par Tursunbai Bakir uulu*, un député connu pour son conservatisme. Remettant en cause l'opportunité de mettre en scène cette pièce au Kirghizistan, il a tweeté le 9 avril :

@bakiruulu: [...]Благими намерениями дорога в Ад вымощена!

@bakiruulu: [...] L'enfer est pavé de bonnes intentions.

En réponse au tweet du député, Altynai Amati a écrit le même jour :

@Altynai_Amati: @bakiruulu Вы бы пришли, послушали, а потом говорили про дорогу в ад;)

@Altynai_Amati: @bakiruulu Vous devriez venir voir la pièce, écouter [ce dont il s'agit], et seulement après parler du pavage de l'enfer ;)

Mais le pieux député a décliné l'invitation :

@bakiruulu: @Altynai_Amati Да хранит Аллах всех нас от святотатства и грешных дел! Аамин!

@bakiruulu: @Altynai_Amati: Qu'Allah nous préserve tous du sacrilège et du péché ! Amen!

Un blog satirique hébergé par le groupe de presse local Akipress se moque de ceux qui exigent que la pièce soit interdite :

В [Кыргызстане] хотят запретить показывать еще один раз спектакль «Болтливая вагина». Взамен предлагают крутить дома сколько хочешь ХХХ -видео «Упрямый пенис», которое можно купить в любом ларьке за углом. Хулители спектакля объяснили, что вагина не для того создана, чтобы ею говорить о насилии, а для того, чтобы это насилие в ней осуществлять.

Au Kirghizistan, ils veulent interdire les représentations du “Vagin Bavard”. Au lieu de ça, ils nous conseillent de regarder en boucle “Pénis Têtu”, une vidéo XXX que l'on peut acheter à tous les coins de rue et visionner à la maison. Les critiques de la pièce expliquent que le vagin n'a pas été créé dans le but de parler de la violence ; le but du vagin était de subir les violences qui lui étaient infligées.

L'intégralité des fonds récoltés par les représentations des “Monologues du Vagin” ont été alloués à un centre de crise qui travaille avec des femmes victimes de violences domestiques et sexuelles et leur propose un hébergement d'urgence.


* Les initiatives radicales lancées par Bakir uulu ont donné lieu à plusieurs articles sur Global Voices Online depuis la formation du Parlement actuel en octobre 2012 :

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