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Des vidéos pour dénoncer les discriminations envers les intouchables en Inde

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[Tous les liens mènent à des pages en anglais, sauf mention contraire.] Video Volunteers, un média international et une ONG de défense des droits de l'Homme, utilise les vidéos tournées sur le terrain, par des communautés, pour documenter et mettre en lumière la situation des personnes marginalisées et pauvres dans le monde. Le 14 avril 2012, Video Volunteers a lancé la campagne ARTICLE 17, qui propose des témoignages sous forme de vidéos sur les différentes formes d'intouchabilité en Inde, réalisées par des “correspondants communautaires” à travers le pays. Ce 14 avril 2013 marque le premier anniversaire de la campagne contre la discrimination envers ceux qui sont appelés “intouchables.” L'intouchabilité [fr] est une forme de discrimination, une pratique socio-religieuse d'ostracisation d'un groupe minoritaire, isolé de la société par des coutumes sociales ou des dispositions législatives. Le terme est utilisé en Inde pour parler du traitement public des communautés Dalit en particulier, qui sont confrontés à une discrimination au travail par les castes dominantes hindoues [fr].

Girls in a garbage picker colony. They are considered as Untouchables because it is considered that the simple act of touching them brings impurity. They are excluded from the system of Indian castes.

Filles dans une colonie de collecteurs de déchets. Ils sont considérés comme des Intouchables car le simple acte de les toucher apporte l'impureté. Ils sont exclus du système indien des castes. Image de Yan Seiler. Copyright Demotix (1/9/2011)

Bien que l'intouchabilité a été déclarée illégale dans l'Inde post-indépendance, que les Dalits [fr] et autres castes répertoriées aient obtenu des droits, des préjudices à leur encontre sont toujours présents dans la société, en particulier en zones rurales. Le directeur de Video Volunteers, Stalin K., donne le contexte de cette campagne destinée à lutter contre l'intouchabilité :

Il y a dix ans, j'ai entamé un voyage pour documenter les pratiques d'intouchabilité à travers plusieurs États et religions de l'Inde. 25 000 kilomètres, 9 000 minutes de tournage et quatre ans plus tard, j'ai monté un documentaire intitulé L'Inde Intouchée. La principale raison pour laquelle j'ai réalisé ce film était de remettre en cause la croyance de la plupart des Indiens selon laquelle l'intouchabilité appartient au passé.

 

 

Stalin continue :

L'Article 17 de la Constitution Indienne établit que “L'intouchabilité est abolie et sa pratique sous toute forme est interdite. L'application de toute incapacité résultant de l'intouchabilité doit être considérée comme une offense punissable en accord avec la loi”. Néanmoins, la société continue de regarder l'intouchabilité comme une donnée sociale, ancrée dans la ‘tradition’. Nous devrions plutôt voir de telles pratiques comme ce qu'elles sont : des actes criminels.

L'initiative des documentaires a commencé en 2010 (voir l'article de Global Voice [fr]). Les correspondants communautaires de Video Volunteers ont jusqu'à présent produit une série de 30 vidéos qui illustrent les pratiques liées à l'intouchabilité à travers le pays.

Voici quelques exemples :

youtu.be/4vVbtedA-wk

Le puits intouchable : La communauté Dalit est autorisée à ne boire que l'eau puisée dans un puits “intouchable” choisi dans le village. Vidéo par Video Volunteers

L'intouchabilité dans les magasins : Les Dalits ne sont pas autorisés à pénétrer dans des magasins même s'ils sont clients. Ils doivent soit lancer leur argent dans les mains des commerçants de caste ”supérieure” sans les toucher ou laisser l'argent par terre. Les marchandises touchées par des Dalits sont purifiées en les faisant passer à travers une flamme brûlante. Vidéo par Video Volunteers

L'intouchabilité prouvée et sanctionnée : La vidéo montre des femmes Dalit mariées dans le village retirant leurs chaussures et les tenant dans les mains alors qu'elles traversent le quartier des “castes supérieures”. Les efforts combinés du correspondant communautaire sur le terrain, des plus de 5000 personnes qui ont signé la pétition  en ligne et l'émotion nationale créée par une émission TV, ont persuadé un magistrat et le surintendant de police de visiter personnellement le village pour conduire une audience publique condamnant la pratique. Les villageois ont promis au magistrat qu'il n'y aura plus de plaintes au sujet de leur village. La pratique a été déclarée ‘abolie'. Vidéo par Video Volunteers

 

Vous pouvez regarder l'ensemble des vidéos sur la chaîne Youtube. Une campagne de pétition a commencé à demander à une Commission Nationale spéciale dédiées aux castes (la NCSC) de prendre des mesures contre les infractions constatées. Shekhar commente les vidéos sur le blog India Unheard :

Après avoir regardé toutes ces vidéos, j'ai réalisé que mon point de vue selon lequel le système de caste en Inde est affaibli dans une certaine mesure est faux et une véritable erreur. Je suis forcé de réaliser qu'il est toujours répandu et profondément enraciné.

Voici quelques réactions sur Twitter à propos de la situation de l'intouchabilité en Inde. Shraddha Upadhyay (@shraddha48), un blogueur de Gwalior tweete :

@shraddha48 : Lisez une expérience personnelle d'intouchabilité & de préjudices sans fin. “Quelle nuit enveloppe mon pays, seigneur ?” http://t.co/GtZRde1ndz

Community Media (@babasaheb_org) écrit :

@babasaheb_org : 84 types d'intouchabilité en vigueur dans le pays, même à l'heure actuelle http://fb.me/1D1WAjT2l

Stalin conclut ainsi son post :

Il est temps que nous acceptions que la pratique d'intouchabilité n'est pas le vestige de quelque phénomène social ou tradition rétrograde : c'est un délit pénal. Commençons à l'appeler par son nom.


Lacrymogènes et canons à eaux pour la manifestation du 1er mai à Istanbul

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[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en anglais] Istanbul a été sous un voile de gaz lacrymogènes lorsque les manifestants ont convergé, par défi, sur la très symbolique place Taksim, où ont lieu chaque année les manifestations de la Fête du Travail [fr]. Les autorités y avaient interdit cette année tous les événements, au motif que la place est en travaux.

Les affrontements entre manifestants et policiers ont transformé la métropole de 15 millions d'habitants en champ de bataille, causant des dégâts matériels et, semble-t-il, des dizaines de blessés. Pour maîtriser l'afflux des manifestants, quatre avions remplis de policiers transférés [turc] d'autres villes sont venus en renfort.

Parmi les blessés, quatre journalistes et un lycéen souffrant de traumatisme crânien [turc] qui est à l'hôpital dans un état critique. Des hommes politiques d'opposition victimes des gaz et des brutalités policières ont également hospitalisés [turc].

Istanbul demostrators under teargas on Labor Day celebrations

Manifestants d'Istanbul sous les gaz lacrymogènes pendant la Fête du Travail. Photo Burak Kara. Utilisée avec permission.

La place Taksim, lieu habituel des manifestations du 1er mai à Istanbul, est en chantier depuis des mois, afin de soulager les embouteillages qui l'entourent. Les syndicats qui tenaient à célébrer la Fête du Travail sur la place Taksim, négociaient avec la municipalité pour trouver des alternatives, mais les pourparlers ont échoué le 30 avril 2013. L'administration municipale a aussitôt émis un ordre de suppression de tous les transports publics entre les rives asiatique et européenne conduisant à la place Taksim. Dans la foulée, lors d'une conférence de presse, le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avi Mutlu y a interdit toutes les manifestations le 1er mai.

La journaliste Ayla Jean Yackley (@aylajean) éclaire l'importance politique de la place Taksim tant pour le pouvoir que pour les autres mouvements :

@aylajean: Le projet Taksim [est] vu comme le projet chouchou du Premier Ministre Erdogan. La place a une immense signification politique, culturelle pour de nombreuses factions en Turquie

L'absence de transports publics dans une ville de 15 millions d'habitants a mis la vie abruptement à l'arrêt le 1er mai. Les syndicats, les associations et les partis politiques d'opposition ne l'ont pas entendu de cette oreille. Des milliers de personnes ont convergé vers les quartiers de Besiktas, Sisli et Mecidiyekoy, encerclant Taksim de tous côtés, et se déplaçant par leurs propres moyens, privés ou collectifs. Au lever du soleil, la bataille a d'abord commencé à Besiktas :

Labor Day rally teargassed in Istanbul, May 1, 2013. Photo tweeted by Deniz Atam, used by permission

Rassemblement de la Fête du Travail sous les gaz lacrymogènes à Besiktas, Istanbul, le 1er mai 2013. Photo tweetée par Deniz Atam. Utilisée avec permission

@aslitunc: İstanbul est sous siège policier aujourd'hui, Transports publics interdits, rues barrées, gaz poivré utilisé abondamment, la police charge les manifestants.

Autre moyen d'empêcher les travailleurs d'atteindre leur destination : relever le pont entre la péninsule historique et le centre et Taksim :

Galata Bridge raised to stop protesting workers. Photo by Dilek Zaptçıoğlu on Twitter, used by permission

Le pont de Galata levé pour stopper les manifestants ouvriers. Photo Dilek Zaptçıoğlu sur Twitter, utiiisée avec permission

Tandis que différents groupes tentaient de défiler vers Taksim, la police par escouades petites et grandes attaquait les manifestants sur les artères principales et les petites rues, aux canons à eau et grenades lacrymogènes. En deux heures, le côté européen de la ville était devenu un champ de bataille. Ambulances et touristes auraient été visés par les tirs de lacrymogènes des policiers :

@oemoral: Les Twittos rapportant depuis les rues latérales de #Besiktas tweetent que c'est comme un champ de bataille. Pagaille dans les magasins, chez les gens, à cause des gaz et des canons à eau #MayDay #Istanbul

@ErdiErge: police à Besiktas lance des grenades de gaz sur le ambulances plusieurs blessés à #istanbul #laborday #Turkey

@CeylanWrites: Même les touristes se font tirer des lacrymogènes dessus ! rapporté par Radikal #istanbul #1mayis

@Ziya Meral: Le meilleur tweet sarcastique à émerger d'Istanbul pour l'instant aujourd'hui : “Hier on avait le Festival de Jazz, aujourd'hui c'est le Festival de Gaz”

Même des médias généraux ont déploré la brutalité policière. Mais en général, la presse a été très réticente à parler des honteux événements de la journée. Les organes d'information proches du gouvernement ont utilisé une photo [turc] d'un manifestant lançant un cocktail molotov pour étayer la thèse officielle que les manifestants de la Fête du Travail étaient des “radicaux.”

Certains sur Twitter ont comparé la tactique du Premier Ministre turc Erdogan à celle des ex-dictateurs du Moyen-Orient :

@erdierge: La violence policière à #istanbul est pire que le #ArabSpring [printemps arabe] la police de Moubarak valait mieux que celle d'Erdogan en #turjey #laborday #1mayis

Les grenades lacrymogènes ont aussi endommagé la propriété privée :

Damage caused by teargas canisters to homes. Photo tweeted by @farkindayimm, used by permission.

Dégâts causés à des habitations par les grenades lacrymogènes. Photo tweetée par @farkindayimm, utilisée avec permission.

Les manifestants se sont finalement dispersés après que le dirigeant de la Confédération syndicale eut négocié un armistice avec la police.

Protesters teargassed in Besiktas. Photo tweeted by @13melek, used by permission

Manifestants sous les gaz lacrymogènes à Besiktas. Photo tweetée par @13melek, utilisée avec permission

La confédération syndicale internationale n'a pas tardé à condamner la brutalité policière à Istanbul.

Après une journée de violences et de horions, et de commentaires irresponsables et parfois tout à fait scandaleux de responsables publics [turc] comme de journalistes [turc], tout le monde s'en est retourné chez soi, regarder une série télé turque et vaquer à ses occupations habituelles.

Les informations en provenance de médias étrangers bannies de la presse chinoise et même du microblogging

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[Les liens de cet article sans mention de langue sont en anglais]

Les autorités responsables des médias en Chine ont publié de nouvelles directives interdisant aux agences de presse et autres organismes de diffuser des informations en provenance des médias étrangers sans autorisation.

L'administration générale de la presse, publication, radio, cinéma et télévision, a dévoilé ces nouvelles régulations dans une note publiée le 16 avril 2013, moins d'un jour avant que le New York Times annonce qu'il avait reçu le Prix Pulitzer pour son enquête au sujet de la fortune cachée de la famille du Premier Ministre chinois Wen Jiabao.

Lors de la publication de cette enquête en octobre 2012, le gouvernement chinois avait bloqué le site internet du New York Times ainsi que le mot-clef « Wen Jiabao » sur Sina Weibo.

En plus d'imposer aux médias chinois de demander l'autorisation d'utiliser des informations publiées par les médias étrangers, les directives concernent également les organisations et les journalistes partageant des informations sur les médias sociaux comme Sina Weibo, le site de microblogging le plus utilisé en Chine, ceci n'étant normalement pas considéré comme des « publications ».

Sur la note, publiée par l'agence de presse nationale chinoise Xinhua, on peut lire (lien en chinois) :

各类新闻单位均不得擅自使用境外媒体、境外网站新闻信息产品。坚决制止和依法查处采编人员以网络为平台牟取非法利益等行为。新闻单位设立官方微博须向其主管单位备案并指定专人发布权威信息,及时删除有害信息。

Il est interdit à l'ensemble des organes de presse d'utiliser les informations en provenance des médias étrangers ou des sites web étrangers sans autorisation. Il est également strictement interdit aux journalistes et aux rédacteurs en chef d'utiliser Internet comme une plate-forme pour rechercher des prestations illégales ; un tel comportement entraînera une enquête et sera puni conformément à la loi. Pour ouvrir un compte officiel sur Weibo, les agences de presse doivent d'abord signaler leur inscription aux autorités puis nommer une personne qui sera responsable de la publication d'informations fiables et de la suppression des informations préjudiciables.

La plupart des articles publiés sur les pages d'actualités étrangères du journal gouvernemental proviennent d'agences de presse internationales. Selon The Telegraph, l'interdiction de l'utilisation des médias étrangers aurait un impact important sur les journaux chinois.

La nouvelle a suscité l'indignation de nombreux utilisateurs de Weibo, notamment parmi les journalistes. “Qingdeng Xiaxiangmingbian”, un journaliste basé à Pékin, a écrit (lien en chinois) :

Internet in China by Karen Roach via Shutterstock

Internet en Chine par Karen Roach via Shutterstock

青灯下香茗边:舆论监督是一个健康社会的必需品,批评的尺度就是民主的尺度,‘若批评不自由,则赞美无意义’。正确结论来自多元化的声音,而不是权威的选择。

L'encadrement de l'opinion publique est essentiel pour une société saine, l'ampleur de la critique est égale à l'ampleur de la démocratie , « si la critique n'est pas libre, alors les louanges n'ont pas de sens ». La conclusion correcte est celle émanant d'un grande nombre de voix, plutôt que celle que le gouvernement a choisie.

“Lida Suibi”, un internaute, s'est demandé (lien en chinois) si une telle emprise, si stricte, sur les médias était efficace sur le long terme:

什么是有害信息?我觉得,信息只有真假之分。新闻的唯一目的是转播真相,这是人类社会的基本需求。在新中国历史上,被宣传管理部门定义为有害信息的绝大部分信息,事后都被证明是正确的。思想屏蔽也许有效一时,但掩耳盗铃之策非长久之道。

Qu'appelle-t-on « informations nuisibles » ? Pour moi, il y a seulement des informations vraies et des informations fausses. Le but des médias est de diffuser la vérité, besoin fondamental d'une société. La plupart des informations nuisibles telles que définies par le service de la propagande dans l'histoire de la République de Chine se sont révélées exactes. Censurer des informations et des opinions peut être efficace temporairement, mais une telle politique de dénégation ne fonctionnera pas à long terme.

« Yun Mu », un autre internaute, a exprimé (lien en chinois) ce sentiment grâce à un proverbe chinois :

欲盖弥彰!

Plus on tente de se cacher, plus on est visible.

“Ye Laodie aiLvse” a écrit (lien en chinois), d'un ton plutôt sarcastique :

这要变朝鲜了吗?

Allons-nous nous transformer en Corée du Nord ?

Le journaliste Liu Xiangqian a souligné (lien en chinois) le manque de lois relatives aux nouveaux médias en Chine :

是法律法规严重落后于事物的发展!互联网到目前为止还不被认为是法律意义上媒体,何况自媒体!

Les lois et régulations sont sérieusement en retard sur le développement des choses ! L'Internet n'est pas encore considéré comme un média au sens juridique, sans parler des médias citoyens !

Pérou : Le sacrifice d’une petite fille

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Le site Regionlimaaldia.com [espagnol] raconnte l’histoire d’une fillette de neuf ans, Tatiana, qui

[...] n’a pas hésité à couper ses cheveux longs et à les vendre afin de se procurer l’argent nécessaire pour acheter les médicaments dont a besoin sa mère qui souffre d’hyperthyroïdie, maladie qui lui a causé une tumeur située sur son cou.

Malgré son sacrifice Tatiana n’a pas réussi à acheter tous les médicaments nécessaires et a demandé de l’aide.

Un BarCamp à Lima autour de la liberté sur Internet

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campamento-por-la-libertad
Si vous êtes actuellement à Lima, et êtes intéressé par la défense d'Internet, rejoignez le BarCamp qui se tient ce week-end dans la capitale du Pérou : BarCamp 2013 pour la liberté sur Internet : deux jours de culture et d'engagement en accès libre à Lima [en espagnol].
Ces samedi 4 et dimanche 5 mai, des militants, des graphistes, des utilisateurs de Linux, des artistes audio-visuels, des avocats et des journalistes sont réunis afin de mener “une vigoureuse opération de communication commune en faveur de la défense d'Internet” [en espagnol]. Vous pouvez également suivre les débats sur Twitter grâce au hashtag #yaratpp.

Après l'attaque d'un journaliste en Colombie

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Les Colombiens ont commémoré la Journée mondiale de la liberté de la presse, en manifestant leur indignation face à l'attentat [en anglais] qui a visé, ce mercredi 1er mai, Ricardo Calderón, journaliste au magazine Semana. Calderón, qui est indemne, menait une enquête sur la corruption parmi les responsables militaires [en espagnol]. Sur Twitter, le hashtag #NoNosCallarán (nous ne nous tairons pas) est tendance.

Nigeria: Dans l'armée, pour avoir de l'avancement il faudra parler français

Caribbean Digital Expo v2-0 à Trinidad et Tobago


La “princesse ouzbèque” omniprésente sur les médias sociaux

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Gulnara Karimova, fille du tristement célèbre président ouzbek Islam Karimov, se démarque fortement des autres descendants des dirigeants d'Asie centrale. Diplômée d'Havard, elle a été ambassadrice de son pays à l'Onu, à Genève. Elle s'est également lancée dans une carrière de chanteuse pop, a créé une marque de mode, un parfum, ainsi qu'une association caritative. Gulnara Karimova est par ailleurs très active sur les réseaux sociaux, ses tweets provocateurs et ses photos partagées sur la plateforme Instagram ont le don de faire tiquer le public, essentiellement conservateur en Ouzbékistan et dans les pays environnants. Sur son blog, Ayana Seidimbek propose [en russe et en anglais] une sélection des billets et images les plus controversés mis en ligne par celle qu'on appelle la “princesse ouzbèque”.

La révolution continuera-t-elle à être relayée sur Twitter ? L'incertaine liberté des internautes vénézuéliens

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(Billet d'origine publié le 25 avril)

La mort de Hugo Chávez en mars 2013 a bouleversé le Venezuela, dont les gouvernants tout comme les citoyens ont du mal à affronter les incertitudes sur l'avenir politique du pays. Les tendances à l'instabilité politique ont augmenté de manière continue depuis que la maladie de Chávez a été rendue publique. Mais la mort de l'icône politique et la récente élection de son héritier et vice-président, Nicolás Maduro (qui l'a emporté avec une marge de moins de deux points) ont ravivé les ardeurs des opposants au chavisme.

Depuis l'élection, les sympathisants de l'opposant à Maduro, Henrique Capriles, ont organisé des manifestations massives pour demander le recompte des votes à Caracas et dans d'autres grandes villes, malgré les efforts du gouvernement et de la garde nationale pour bloquer leurs actions. Il a été rapporté qu'entre six et huit personnes sont mortes dans ces manifestations et plusieurs bâtiments ont été incendiés par des groupuscules extrémistes de l'opposition, bien que ces faits n'aient pas été confirmés.

"Tengo un dedito" [I have a little finger]. Photo by Luis Carlos Diaz. (CC BY-NC 2.0)

“Tengo un dedito” [j'ai un petit doigt]. Photo de Luis Carlos Diaz. (CC BY-NC 2.0)

Tous ces événements ont eu des effets négatifs sur les citoyens et les usagers des média sociaux. En six semaines seulement depuis la mort de Chávez, deux utilisateurs de média sociaux ont été arrêtés  au motif d'avoir posté des informations et des images supposées “déstabiliser” le pays. Le jour de l'élection, l'Internet a été brièvement coupé dans la majorité du pays. Et aujourd'hui, les utilisateurs des réseaux sociaux sont confrontés à des menaces pour leur emploi, puisque les autorités vérifient les profils à la recherche de signes d'attaches politiques qui, en plusieurs cas, se sont traduits par la perte d'emploi.

Les quatorze ans de mandat du président Chávez ont été marqués par des controverses et divergences de vue entre différents secteurs au sein et en-dehors du pays. Le cadre d'une soi-disant “bataille idéologique,” a monté les partisans et critiques du gouvernement les uns contre les autres, en dépit de peu de signes de débat réel et critique. La bataille, menée dans les média traditionnels et dans les rues, s'est aussi déplacée sur les réseaux sociaux.

De plusieurs manières, l'usage des réseaux sociaux a été un marqueur fort du socialisme original cultivé par Hugo Chávez. Les média traditionnels et numériques avaient beau être des outils opérant pour son gouvernement, Chávez était particulièrement connu pour son usage de Twitter (@ChavezCandanga) comme plateforme pour sa communication politique. Diosdado Cabello, l'un des collaborateurs de Chávez, a un jour commenté le pouvoir de cet instrument dans la bataille idéologique :

L'opposition se croit propriétaire du réseautage social. Ils pensent que Twitter et Facebook leur appartiennent. Nous sommes engagés dans la bataille et avons 7 millions de militants qui seront sur Twitter.

Cabello remarquait qu'ils devraient “prendre d'assaut les réseaux sociaux pour contrer les opinions exprimées par [leurs] opposants.” De nombreux responsables publics ont désormais des comptes Twitter et les utilisent pour transmettre des informations importantes aux citoyens. Différents partis politiques, candidats et ONG utilisent aussi Twitter pour échanger avec leurs abonnés. Cela s'est montré efficace au Venezuela, qui a un nombre élevé d'usagers de réseaux sociaux en comparaison de ses voisins, et se classe treizième au niveau mondial pour son nombre d'utilisateurs de Twitter.

En avril 2010, le gouvernement a annoncé la création de la “guérilla communicante“, un groupe de citoyens employés à “mener la bataille idéologique” dans les médias indépendants et dominants et sur l'Internet. C'est ainsi qu'aujourd'hui la bataille est menée à travers des mots-dièses : le mot-clé pour se positionner pour ou contre le gouvernement est une constante, et il y a, des deux côtés, des utilisateurs dédiés au suivi de mots-clés spécifiques pour répondre, souvent de manière agressive, à ceux qui expriment des opinions contraires.

Hugo Chavez Frias. Photo from anticapitalistes.net. (CC BY-SA-NC 2.5 ES)

Hugo Chavez Frias. Photo de anticapitalistes.net. (CC BY-SA-NC 2.5 ES)

Il est notoire que le gouvernement de Chávez était caractérisé par une permissivité “excessive” de liberté d'expression. Pourtant, lors des six dernières années de son mandat, au moins cinq utilisateurs de réseau social ont été arrêtés, tous dans les mêmes circonstances : les utilisateurs avec peu ou pas d'influence sur les réseaux sociaux ont été placés en détention pour avoir fais des commentaires controversés politiquement (généralement sur Twitter) et ont été accusés de “diffuser des rumeurs” qui ont causé de l'”instabilité dans le pays.” Ils ont été détenus durant un temps court, et ensuite libérés sur parole. Depuis la mort de Chávez, il y a eu deux arrestations similaires.

Etrangement, aucune de ces détentions n'a été basée sur la Loi de Responsabilité Sociale et son application pour les média électroniques. La loi couvre un large panel de contenu en ligne :

[La loi interdit le contenu qui] utilise l'anonymat, encourage et promeut la haine et l'intolérance pour des raisons religieuses, politiques, de genre, raciste ou xénophobe ; incite ou promeut et/ou justifie le crime, constitue de la propagande de guerre, promeut l'anxiété dans la population ou altère l'ordre public ; renie les autorités légitimement constituées ; incite au meurtre, incite ou encourage la désobéissance à la législation, ou promeut, justifie ou incite au trouble à l'ordre public.

Adoptée par décret présidentiel et promulguée en 2010, la loi n'a pas encore été appliquée par un tribunal. La loi tient aussi les fournisseurs d'accès à l'Internet responsables pour de tels contenus. Les FAI peuvent risquer des amendes “atteignant jusqu'à 4% du revenu brut de l'exercice fiscal précédant l'infraction.” Mais il n'y a aucune preuve que la loi est appliquée ; les internautes rapportent que les sites web censurés sont seulement bloqués par le FAI public CANTV, mais pas par les fournisseurs privés.

Une formule différente a été utilisée pour contrer les critiques influents sur Internet contre le gouvernement et le parti. Un collectif d'internautes connu sous le nom de N33, prétendument composé de hackers soutenant le gouvernement (et selon certains dires, promu et financé directement par le gouvernement), a une longue expérience de piratage sur Twitter, Facebook et les mesageries de journalistes, activistes, politiciens, et autres personnalités de haut niveau dans l'opposition. Le groupe est aussi connu pour les menaces qu'il a émises via des moyens électroniques et téléphoniques envers d'autres personnalités connues du cyberactivisme.

Pendant la brève période de campagne présidentielle d'avril, les deux candidats ont activement utilisé les média sociaux et d'autres plateformes en ligne, incluant une chaîne TV sur le web. Les journalistes-citoyens ont joué un rôle clé en contre-balançant l'information transmise à travers les canaux traditionnels. Ils ont dévoilé des agressions et actes de violence en différents lieux du pays et établi des espaces alternatifs pour l'opinion publique.

Les initiatives comme UstedAbuso (Vous Abus) ont permis aux internautes de rapporter les violations du code électoral pendant la campagne. Les comptes personnels tel que celui de Eugenio Martinez (@puzkas), un journaliste spécialisé dans la couverture des élections, sont devenus essentiels pour suivre le pouls du pays au cours des derniers mois. Luis Carlos Diaz et Naky Soto ont créé un flux en direct sur YouTube (simplement dénommé “The Hangout“, “le lieu de prédilection”), où ils diffusent plusieurs soirs par semaine pour discuter de l'environnement politique. Le canal a reçu près d'un demi million de visites.

Election day in Venezuela. Photo by Luis Carlos Diaz. (CC BY-NC 2.0)

Jour d'élection au Venezuela. Photo Luis Carlos Diaz. (CC BY-NC 2.0)

Le jour de l'élection, l'emprise du gouvernement sur les réseaux de télécommunication s'est alourdie à un degré inédit pour les Vénézuéliens : avec une variation de trois à vingt minutes selon les endroits, dans la même journée, presque toutes les connexions Internet du pays étaient bloquées. C'était relativement facile. En 2010, le gouvernement a voulu créer un point d'accès unique au réseau à travers l'entreprise de télécommunications détenue par l'Etat CANTV, qui fournit plus de 90% de l'accès à l'Internet dans le pays. La quasi complète acquisition par le gouvernement de CANTV a rendu plus facile pour les autorités de censurer des sites web prétendus illégaux (tels que quelacreo.com ou dollar.nu). Quand l'accès à Internet a été bloqué pour tous les abonnés de CANTV à la fin de la journée de l'élection le 14 avril, le Ministre des Télécommunications a expliqué que les autorités avaient bloqué le réseau en vue d’ “éviter les attaques” sur le site web du Conseil national des élections. Ce site web a aussi été rendu inaccessible aux FAI étrangers pour la même raison.

Depuis le jour de l'élection, les profils d'utilisateurs sur les réseaux sociaux ont commencé à servir un nouvel objectif : ils aident les autorités à identifier les attaches politiques des usagers afin de “déparasiter” le service public et l'entreprise privée. Innombrables ont été les plaintes d'employés publics qui ont perdu leurs emplois après que les autorités ont analysé leurs profils de réseau social et découvert leur soutien politique à l'opposition. Cela s'est aussi produit pour des employés du secteur privé, cependant pour des raisons opposées. Les citoyens appellent cela la “résurrection” de la Liste Tascon, un instrument utilisé afin de filter parmi les citoyens ceux qui ont signé en 2004 en faveur d'un référendum révocatoire contre le Président Chávez, et d'empêcher leur recrutement dans le service public, ce qui a été prétendument écarté par Chávez lui-même en 2005 [espagnol].

Le début du mandat présidentiel de Nicolás Maduro a été marqué par une forte vague de contestation, à la fois en ligne et hors ligne, et des rumeurs endémiques et fausses informations transmises sur Internet. Maduro, le successeur de Chávez, dit qu'il envisage de suivre les pas de son prédécesseur en matière de stratégie média. Il a créé un compte Twitter (@ NicolasMaduro, qui a été piraté par [un collectif péruvien] le jour de l'élection) et a annoncé que son gouvernement veillera “fermement” à la mise en oeuvre de la politique des média. Il reste à voir si cette politique affectera la manière dont les citoyens vénézuéliens utilisent Internet.

Russie – Asie Centrale : Un politicien d'extrême-droite attise les haines

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Bien que première destination des travailleurs migrants d'Asie Centrale, la Russie est célèbre pour son intolérance ordinaire envers les ‘non-Russes’ résidant à l'intérieur de ses frontières. Les crimes haineux à motif racial et ethnique ne sont pas rares dans cette fédération multinationale, et les migrants d'Asie Centrale et du Caucase sont les victimes habituelles [russe] du racisme. Conscients de l'intensification des sentiments anti-migrants, beaucoup de politiciens moscovites cherchent à faire fructifier leur capital électoral en prônant des mesures droitières. Mais parmi eux il en est toujours un qui va un peu plus loin que ses confrères.

Vladimir Jirinovski, le chef du parti Libéral Démocrate de Russie, est un député irascible connu pour ses propos ni libéraux ni démocrates. Abonné depuis longtemps aux rôles de clown dans les affaires intérieures, la prestation d'avril de Jirinovski semblait calibrée pour plonger l'Asie Centrale entière dans un tollé qui n'avait rien de drôle.

Vladimir Zhirinovsky, image from the LDPR's website, used with permission.

Vladimir Jirinovski, photo du site internet du parti Libéral-Démocrate, utilisée avec permission.

Son assaut contre les peuples de la région a commencé par une proposition à la Douma de débarrasser [russe] le Kirghizistan de l’Yssyk-Koul, un lac pittoresque enchâssé dans les grandioses montagnes du Tian Shan, afin de solder la lourde dette de cette ancienne république soviétique envers Moscou. Il y revenait une semaine publique, avec une diatribe [russe] contre les migrants d'Asie Centrale lors d'une émission politique télévisée.

Si le ministère kirghize des Affaires Etrangères a écarté d'un haussement d'épaules [russe] le marché lac contre dette, les internautes kirghizes n'y ont pas vu de quoi rire.

Sous une vidéo YouTube du discours parlementaire de Jirinovski, bekturel a commenté [russe] :

Иссык – Куль он захотел. Ни одной кыргызской лужи не получите! Долг мы вернем, только не водой, и не землей, а бумажками.

Il a voulu l'Yssyk-Koul. Ce n'est même pas une flaque kirghize que vous aurez ! Nous rembourserons notre dette, pas avec de l'eau ou de la terre, avec des billets.

‘Ils sont comme des esclaves…’

Le parlement russe a ignoré la proposition de “l'histrion de la politique russe“ et a ratifié une annulation des 500 millions de dollars de la dette kirghize sans confiscation de trésors nationaux. Mais Jirinovski ne s'est découragé pour si peu, et quelques jours plus tard, il donnait un nouveau spectacle haut en couleurs lors d'une émission politique sur Rossiya, une télévision d'Etat. Il y a parlé de la nécessité d'instaurer des visas obligatoires pour les ressortissants des pays d'Asie Centrale, qui actuellement n'en ont pas besoin pour se rendre en Russie. Il s'est aussi permis [russe] des descriptions éloquentes des travailleurs migrants d'Asie Centrale :

Им не надо жилья, страховок. Oни как рабы крепостные, спят в подвалах, едят любую гадость.

Ils n'ont pas besoin de logements, d'assurances. Ils sont comme des esclaves ou des serfs, dorment dans des sous-sols, mangent n'importe quelle saleté.

Zhirinovsky Banner

Affiche du PLD, le parti de Jirinovski, avec pour slogan “Le PLD pour les Russes !” Photo Ilya Radnets, utilisée avec permission.

La majorité des commentaires sous la vidéo YouTube du débat approuvaient. Un usager au pseudonyme ‘nekto1rublik' a écrit [russe] :

давно пора уже ввести самый жесткий режим для их въезда вы посмотрите на улицы наших городов скоро на нас уже будут смотреть как будто мы не у себя дома кругом одна чернота сколько можно то уже….а те которые уже приехали нужно в вагоны и желательно грузовые и в Таджикистан!!!!!!

Il est grand temps d'instaurer le régime le plus strict pour l'entrée [des migrants d'Asie Centrale]. Regardez les rues de nos villes. Bientôt on nous regardera comme si nous n'étions pas chez nous, il n'y a que du noir partout. Combien de temps ça sera encore possible ?… Ceux qui sont déjà arrivés il faut les mettre dans des trains et de préférence de marchandises, et envoyés au Tadjikistan !!!

Le commentaire élu préféré est venu [russe] d'un utilisateur ‘CSKA Ultra', un nom qui se réfère aux casseurs d'extrême droite supporters du club de football CSKA Moscou :

ЗА визовый режим с чуркостанами.

Pour un régime de visas avec les Tchourkostans ['Tchourki' est un mot d'argot injurieux pour les gens d'Asie Centrale].

Dans la suite du même débat, Jirinovski a défendu que les talibans pouvaient bien “piétiner le Tadjikistan” et “pendre [le président tadjik Emomali Rahmon] en plein centre de Douchanbé”. Un propos qui a provoqué des réactions diverses, gagnant à l'homme politique un répit de la part des internautes du Tadjikistan opposants au régime de leur pays. Mais qui a amené le parlement tadjik à transmettre une protestation [russe] à l'ambassadeurde Russie.

‘Vous avez tous 15 enfants…’

Jirinovski a conclu [russe] une de ses diatribes anti-Asie Centrale de cette émission par des clichés accablants :

Все бывшие советские республики живут лучше нас. То есть Россия через 20 лет снова всех кормит. Они все откормленные, все одетые и едут сюда погулять, бандитизмом заниматься, понасиловать. Естественно там у них работы не хватает, но эта причина ваша, это ваша релишия, у вас по 15 детей. Если  у вас как у русских будет один ребёнок, вы вообще не будете думать о России. Пускай все Таджикские семьи имеют два ребёнка в семье и проблемы никакой у вас не будет! Тоже самое узбекистан и весь исламский мир

Toutes les anciennes républiques soviétiques vivent mieux que nous. Vingt ans après [l'éclatement de l'Union Soviétique], la Russie nourrit de nouveau tout le monde. Ils sont tous engraissés, vêtus et viennent ici se promener, pratiquer le banditisme et le viol. Naturellement il n'y a pas assez de travail chez eux, mais c'est de votre faute, c'est votre religion, vous avez une quinzaine d'enfants. Si vous aviez comme chez les Russes un seul enfant, vous ne penseriez même pas à la Russie. Que toutes les familles tadjikes n'aient que deux enfants et vous n'aurez plus aucun problème ! La même chose pour l'Ouzbékistan et tout le monde musulman !

Pendant sa longue carrière politique, Jirinovski s'est gagné [anglais] une réputation de politicien excentrique, populiste et nationaliste. Né au Kazakhstan, fils d'un avocat juif, il garde des amitiés en Asie Centrale et reste un vivant paradoxe. Seul 6% de l'électorat russe a voté pour lui à la présidentielle de 2012 qui a consacré la réélection de Vladimir Poutine à la tête de l'Etat.

Avec de telles contradictions, il a été souvent supposé que Jirinovski est une sorte de diversion pour le parti de Poutine Russie Unie : un moyen d'absorber le vote nationaliste sans offrir d’alternative crédible [anglais] à l'élite au pouvoir. Un refrain repris [russe] par MrFury1984 sous une vidéo YouTube de Jirinovski dans une autre émission télévisée, où on lui demandait de changer de métier :

Да жирик не хочет быть у руля ))) это много ответственности , он часть пирога имеет от бюджета.. и радуется )))

[Jirinovski] ne veut pas être au volant ))) c'est beaucoup de responsabilité, il a une part du gâteau budgétaire.. il est content )))

Cela vaut mieux pour les migrants d'Asie Centrale en Russie, mais le simple fait que Jirinovski ait le soutien de milliers de gens est motif à s'inquiéter. L'usager de YouTube ‘Anonim Anonimov' écrit [russe] sous la vidéo du talk-show avec Zhirinovsky :

А были ли фальсификации на недавних выборах если Жириновский из передачи в передачу побеждает адекватность с подобным перевесом? Может у нас и вправду с народом просто что-то не то?

Y a-t-il eu des falsifications aux dernières élections si Jirinovski d'émission en émission gagne avec une marge aussi confortable ? Peut-être qu'il y a vraiment quelque chose qui ne va pas avec notre peuple ?

Pérou : le film ¡Asu Mare! bat tout les records d'entrées au cinéma

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[Tous les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

Le film péruvien “¡Asu Mare!” est sur le point de battre un record d'audience. A l'affiche depuis moins de trois semaines, le film a déjà été vu par plus de deux millions de spectateurs, ce qui représente un record historique pour les salles du pays.

Sorti en salle le jeudi 11 avril 2013 dans les cinémas péruviens, ce film de 95 minutes s'appuie sur le spectacle [comique] du célèbre acteur et comédien péruvien Carlos Alcántara, l'homme qui fait le succès du film. Sur les écrans, Alcántara rend hommage à sa mère qui a élevé seule ses enfants dans un quartier populaire de Lima et raconte comment celle-ci a réussi à se sortir de situations difficiles, vues par l'oeil un peu espiègle d'Alcántara. Car si cette mère singulière se sacrifie et se consacre entièrement à ses enfants, elle a une façon bien à elle de les élever.

Carlos Alcántara à l'avant-première de "Asu Mare". Photo issue de Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons CC BY-SA 3.0.

Carlos Alcántara à l'avant-première de “Asu Mare”. Photo issue de Wikimedia Commons, sous licence Creative Commons CC BY-SA 3.0.

Si “¡Asu Mare!” est une expression facilement comprise par n'importe quel Péruvien, elle exige une certaine explication pour les étrangers. “¡Asu Mare!” est la forme abrégée de “¡para su madre!” [littéralement "pour sa mère", expression familière signalant l'étonnement, équivalent approximativement en français à "Oh, la vache !"], utilisée ici pour rendre compte de l'admiration. Il ne s'agit pas de la comprendre dans un sens péjoratif ou désobligeant.

Lors des trois semaines de projection dans les salles péruviennes, le film a reçu autant d'éloges que de critiques.

Le blogueur Pachini, du blog The Markethink, nous fait partager son expérience de spectateur de “¡Asu Mare!” :

[...] Alors que j'attendais dans la file, je me demandais à quand pouvait bien remonter la dernière fois que j'avais déboursé 19 soles [5,5 euros] pour un ticket de cinéma pour voir un film péruvien. Ça ne m'était jamais arrivé. Goguenard, j'entrais ainsi dans le cinéma, sans pouvoir étouffer mes envies de rire.
[...]
Lorsque je me suis assis dans la salle d'une contenance de 450 places, j'ai cru qu'elle ne se remplirait tout au plus qu'à la moitié.
Et bien au contraire, une cohue s'y est engouffrée et l'a aussitôt remplie. Le film comporte en lui-même tous les ingrédients du succès, dans la mesure où son histoire peut être celle tout Péruvien entreprenant. L'action du film est en plus parfaitement située dans les années 1980 avec une réalisation et une direction artistique parmi les meilleures qui m'ont été données de voir au Pérou.

Le blogueur ajoute une recommendation [à l'adresse des cinéastes] :

La salle n'arrêtait pas de rire. Chers scénaristes et réalisateurs, si vous voulez tourner un film à grand succès, le parfait ingrédient est l'humour. Si vous voulez gagner un Oscar ou une récompense à l'étranger, il vous faudra réaliser plusieurs films (sans disposer de budget conséquent) avant de taper dans le mille. Comprenez bien que nous en avons marre de voir de l'alcool, du sexe, des drogues et du sang ; nous voyons tout ça du lundi au vendredi dans le journal télévisé, matin, midi et soir. L'acte de se rendre au cinéma est fait pour se détendre. Le film [¡Asu Mare!] est court, mais comprend des tensions et des résolutions qui s'articulent bien et nous apprennent beaucoup. Le public en est sorti en riant et en commentant ainsi, ce que je confirme à mon tour : UNE REUSSITE..

Le blog MarcaFreak [Les bizarreries des marques], spécialisé dans les marques commerciales, a relevé cinq anomalies [anachronismes, incohérences de l'intrigue] dans ce film à succès et conclut son billet en précisant :

Il convient de mentionner qu'aucun des détails mentionnés plus haut ne portent ombrage au succès du film et aux résultats obtenus dans les cinémas péruviens. Mais comme notre blog s'appelle MarcaFreak, nous nous ne pouvions cependant pas les laisser de côté.

Quant au blog Sumidero, il livre une analyse approfondie du caractère péruvien ou péruvianité [peruanidad] et de sa mise en évidence tout au long du film :

En l'occurence, ce que j'entends par péruvianité [peruanidad] consiste dans le fait de se sentir vraiment péruvien. [...] Quoi qu'il en soit, ce qui est important ici est la péruvianité, du moins telle que je l'entends, c'est-à-dire que l'histoire actuelle est aussi l'histoire de toute une vie, celle d'un Péruvien d'aujourd'hui et du millénaire dernier. Je parle de “¡Asu Mare!” et du plaisir éprouvé à voir un film péruvien au cinéma. Il s'agit en plus du premier film péruvien auquel j'assiste dans une salle de cinéma.

En revanche, le site Cero Contenido consacre une sévère critique au film :

L'histoire passe de l'enfant Machín [personnage interprété par Alcántara] à Machín cherchant des filles à Machín fumant de la coca sur une table de billard à Machín effectuant son service militaire. Aucune de ces scènes n'a de rapport avec les autres et le développement de l'intrigue est affreusement arbitraire. La seule motivation réelle plus ou moins présente dans le film est la velléité de Machín de devenir acteur, à quoi il parvient au bout du compte (mais de manière totalement spontanée, sans fournir d'explication ni consacrer d'effort particulier). Il entre juste dans une école de clowns et apparaît, la scène suivante, à la télévision. Voilà, tout rentre dans l'ordre.

Bref, que les opininions soient favorables ou non, on peut en tout cas affirmer que le film ¡Asu Mare! est devenu un film à grand succès dans un pays où la piraterie est pour ainsi dire la norme.

Ecouter les couleurs

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Cet article a d'abord été publié dans le journal électronique catalan VilaWeb [catalan, ca] et fait partie de l'accord de collaboration établi avec Global Voices.

(Billet d'origine publié sur Global Voices en anglais le 12 février 2013) Lors de la dernière édition du Festival de Cinéma Indépendant de Sundance qui s'est déroulé du 17 au 27 janvier 2013 dans les montagnes de l'Utah, le réalisateur catalan Rafael Duran [en, anglais] a eu une surprise inespérée en voyant que son documentaire avait gagné le concours des réalisateurs Focus Forward. “Cyborg Foundation” [en] raconte l'histoire de Neil Harbisson [en], l'un des premiers membres de la fondation, qui est également officiellement reconnu par le gouvernement britannique comme le premier cyborg.

Neil Harbisson est né avec une infirmité visuelle appelée achromatopsie qui l'empêche de distinguer les couleurs autres que le noir et le blanc. Ce compositeur et artiste visuel a inventé l‘Eyeborg [en] avec l'aide d'un ingénieur en électronique. L'Eyeborg ressemble à une antenne et sert à recevoir les fréquences émises par les couleurs pour ensuite les transformer en impulsions audibles pouvant être perçues à travers les osselets des oreilles.

Mariana Viada i Neil Harbisson, de la Cyborg Foundation.

Mariana Viada et Neil Harbisson de la Cyborg Foundation.

La deuxième surprise est le fait que Neil soit un tiers cyborg, un tiers irlandais/britannique et un tiers catalan. Il a vécu a Mataró pendant dix ans et y a créé la Cyborg Foundation [en] en 2010. La fondation a maintenant une nouvelle maison à Barcelone et est la première à promouvoir l'utilisation de dispositifs cybernétiques et technologiques pour améliorer nos sens. Ici, nous dialoguons avec Neil Harbisson, qui a pris la parole lors d'événements prestigieux comme les conférences TED (vidéo [en, ca]), et également avec Mariana Viada qui appartient elle aussi à la fondation.

- Voir un extrait de l'interview [ca].

- Écouter le programme en mp3 [ca].

- Ou bien encore sur des radios locales et en ligne [ca]

- Vous pouvez également télécharger le podcast de l'Internauta sur VilaWeb ou iTunes [ca]

L’Internauta [ca] est diffusé sur VilaWeb tous les vendredis après-midi.

A l'occasion du 1er mai, l'absurde descend dans la rue en Russie

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La fête du travail dans la Russie du XXIe siècle ne se compare pas à ce qu'elle était en Union Soviétique, mais n'en reste pas moins une journée de rassemblements et de cortèges. Ce 1er mai, à côté des photos de pancartes politiques Libérez Navalny ! [en russe, comme tous les liens sauf mention contraire] et de récits d'arrestations aux manifestations politiques, l'Internet russe a été inondé d'articles d'un autre genre. Les photos tranchent sur une mer de drapeaux rouges (communistes) ou bleus (Russie Unie) : un slogan farfelu par ci, un masque de carnaval par là. Ce sont les participants de “Monstrations” (le mot vient de “démonstration” [synonyme de "manifestation"] sans le ”dé-”, et non de “monstre”), une célébration décalée de l'absurde, qui nous vient de Sibérie.

Самые крутые монстранты  #монстрация

C'était cette année le dixième anniversaire de Monstration. Fondé à Novossibirsk par l'artiste Artiom Loskoutkov, et toujours tenu le 1er mai, l'événement a rapidement pris dans d'autres villes de Russie, ainsi qu'en Ukraine. L'idée est simple : une performance artistique publique sous forme de cortège politique, avec des banderoles et déguisements absurdes au choix des participants. Selon la description d'un blogueur d'Omsk racontant l'événement :

Монстрация — это пародия на традиционную демонстрацию с абсурдными требованиями и плакатами, где каждый участник заявляет то, о чём хочет.

Une Monstration est une parodie de manifestation traditionnelle, avec des revendications et des slogans absurdes, où chaque participant déclare ce qui lui chante.

Юрец - молодец! @mutantcornholio #монстрация

Si elle a été adoptée par d'autres villes, la Monstration reste une entreprise surtout sibérienne, plus particulièrement de Novossibirsk. Il y en a eu cette année à Omsk, Tioumen, Khabarovsk et Novossibirsk (toutes des villes de Sibérie), ainsi qu'à Krasnoïarsk, Ekaterinburg, Yaroslavl, et cinq villes en Ukraine et Moldavie. La participation est révélatrice : plus de 2.000 personnes à Novossibirsk cette année (comme c'est le cas depuis quatre ans), et seulement une quarantaine à Krasnoïarsk, tandis que Omsk n'a pas dépassé les quelques dizaines. Même le rassemblement de Moscou en 2011 n'a compté que 200 participants. Curieusement, le coup d'essai de Ekaterinbourg en Monstration cette année a été un grand succès : le portail de journalisme citoyen Ridus rapporte qu'il y a eu plus de 1.000 marcheurs.

#1мая #монстрация #шествие

Russia without Agutin is a slogan many people could probably get behind.

Leonid Agoutine en concert en 2003. “La Russie sans Agoutine” est un slogan probablement unificateur. Photo Wikimedia Commons.

Une Monstration, ce n'est rien d'autre que des slogans amusants, et ils le sont vraiment. Celui ci-dessus est “Россия без Агутина” (“La Russie sans Agoutine”) qui se réfère au ringard chanteur pop des années 90 Leonid Agoutine, et joue sur la consonance de son nom avec Poutine. Si ce slogan peut avoir une interprétation politique à la marge, ce n'est pas le cas général : par exemple, les “monstrateurs” à  Krasnoïarsk ont scandé “Хей, хей, хей, к нам едет Саша Грей” (“Hey, hey, hey, qui vient chez nous c'est Sasha Grey”), citant la célèbre porno-star retraitée, qui pour d'obscures raisons est immensément populaire en Russie. (L'engouement pour la visite prochaine de Sasha Grey en Russie a amené le poète et journaliste Ivan Davidov à plaisanter sur son blog :

Национальная идея начинает постепенно вырисовываться: всей страной влезть в желтую Ладу-Калину, и овладеть решительно Сашей Грей. Как Америкой, ненавидимой и вожделенной. Желательно – на фоне ковра.

Une idée nationale se dessine peu à peu : tout le pays veut monter dans une Lada Kalina jaune, et empoigner fermement Sasha Grey. Comme l'Amérique, haïe et convoitée. De préférence, sur fond de tapis mural.)

Quelques autres exemples de slogans cette année :

Вперёд в тёмное прошлое!

En avant vers le sombre passé ! [évoquant le vieux bobard de l' "avenir radieux".]

Виктор Цой предупреждает — автобусы убивают!

Victor Tsoi prévient — les bus tuent ! [Le célèbre rocker s'est tué dans la collision de sa voiture avec un bus]

Хватит выкладывать еду в Инстаграм

Arrêtez de déposer de la nourriture sur Instagram

et

Я живу с циничным сусликом

Je vis avec un rat à poche cynique

"Back to the dark past!" YouTube screenshot, May 2, 2013.

“En avant vers le sombre passé !” Capture d'écran deTube, 2 mai 2013.

Même s'il n'est pas à proprement parler une “flashmob,” le phénomène Monstration n'existerait sans doute pas sans l'Internet. Les événements des différentes villes ont été organisés à l'aide du blog monstration.ru, qui a publié les heures et lieux des rendez-vous, de même que les pages propres à chaque ville sur le réseau social VKontakte. Ces pages précisaient aussi si l'événement était coordonné avec les municipalités respectives. Internet joue un rôle aussi dans les slogans et banderoles. Il y a plusieurs référentiels en ligne de slogans de Monstrations passées, et le plus vaste d'entre eux les liste par année et ville, probablement à l'intention des gens trop paresseux pour inventer les leurs. Où l'on découvre que “la Russie sans Agoutine” était déjà apparu une première fois à Novossibirsk, en 2011.

Монстрация в Новосибирске #монстрация #новосибирск #миртрудмай #holiday #fiesta #novosibirsk #instaphoto

Comme les Monstrations se veulent apolitiques, les tentatives de récupération par les mouvements politiques rencontrent généralement l'hostilité. Ainsi, après que des membres de l'opposition eurent essayé de s'associer à la Monstration de Moscou en 2012, Loskoutkov aurait désavoué par avance toutes les Monstrations à venir à Moscou. Certes, que ces événements aient lieu en un jour éminemment politique, ne fait qu'ajouter à l'absurde, et justifie quelques opinions ironiques, comme cette récrimination d'un participant de Monstration :

Не понравилось, что коммунисты вышли с коммунистическими плакатами. Извините, что это, блядь, такое? [...] Зачем вы вечно лезете даже туда, где вам нет места?

Ça ne m'a pas plu que les communistes s'amènent avec des banderoles communistes. Excusez-moi, mais qu'est que c'est que cette foutaise ? [...] Pourquoi vous vous faufilez toujours là où il n'y a pas de place pour vous ?

Game Over au Pakistan : Les jeunes riches iront aux urnes

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From the game developers Facebook page Jay Toons

Par le créateur de “C'est l'heure des élections au Pakistan : Vas-y jeune richard, vas-y !” Jahanzaib Haque, tiré de sa page Facebook Jay Toons, le 24 avril 2013.

[Les liens mènent à des pages en anglais, sauf mention contraire.]

Un jeu vidéo en ligne et sur mobile qui tape avec cocasserie sur les électeurs pakistanais jeunes et riches, dont certains disent qu'ils esquiveront bravement les bombes pour aller voter la semaine prochaine, tombe à pic et a été joué par des milliers de personnes.

Le journaliste basé à Karachi Jahanzaib Haque a créé le jeu “C'est l'heure des élections au Pakistan : Vas-y jeune richard, vas-y !” il y a une dizaine de jours, le 21 avril 2013.

Les mois précédant les élections de 2013 ont été entachés de violences [fr], des douzaines de personnes ont été tuées par des bombes ciblant les campagnes électorales, rassemblements et lieux très fréquentés. Le mois dernier, les talibans pakistanais ont mis en garde les électeurs et promis une escalade des attaques contre les politiciens laïques.

Environ la moitié des 84 millions de Pakistanais enregistrés sur les listes électorales ont moins de 30 ans et iront aux les urnes pour la première fois. De plus en plus de jeunes Pakistanais éduqués montrent un intérêt pour la politique en participant à des rassemblements politiques et en exprimant leurs opinions sur Facebook et Twitter. Sarah Munir, un jeune blogueur pakistanais basé à Karachi écrit :

Ces quatre derniers mois, quelque chose a changé. La conversation est passée de ce que d'autres ont fait à ce que nous allons faire. Nous avons commencé à écouter, à parler, à échanger des points de vue, à discuter de plans et le plus dangereux de tout, à y croire. Nous avons commencé à parler de celui pour lequel nous allons voter et pourquoi.

Mais la génération Facebook est souvent considérée comme coupée de la vraie jeunesse pakistanaise, qui en majorité n'a pas accès à internet. Sur son blog personnel Haque explique sa motivation à créer son jeu vidéo :

Quand l'idée m'est venue d'écrire une aventure basée sur les élections au Pakistan, je n'imaginais pas que le jeu irait au-delà de mon petit cercle d'amis, et encore moins les milliers de parties jouées, ce qui a mené à une version application mobile, d'où encore plus de parties.

Hébergée sur un site web de fiction interactive [fr], la page d'accueil du jeu explique :

Vous êtes riche, vous êtes privilégié et enivré de démocratie dans une société ultra-pauvre et ultra-conservatrice !  Êtes-vous prêts à voter dans les friches urbaines de notre bon vieux Pakistan ? Niquez les terroristes, et au diable la chaleur estivale - il est temps d'exprimer votre vote.

Au début du jeu, Haque détaille le scénario de l'aventure à venir : “C'est jour d'élection ! Vous vous réveillez le matin, excité à l'idée d'aller voter parce que tous vos amis sur Facebook disent qu'ils vont y aller aussi !”. (Facebook est le site web le plus fréquemment visité dans le pays.)

Ensuite vous devez décider si vous voulez y aller avec un ami, une copine ou votre garde du corps [note : la plupart des ménages à haut revenu emploient des gardes de sécurité privés au Pakistan]. Si vous choisissez de prendre avec vous votre ami ou “meilleur pote Omar (metal head et branché)”, votre premier obstacle s'avère être un parent :

Votre maman vous bloque le passage. Elle semble assez agitée, saisissant un exemplaire du journal du jour avec à la une :  Les Talibans projettent de bombarder tous les bureaux de vote, en particulier dans les zones urbaines huppées.

“En aucun cas je laisserai mon fils se rendre à une mission suicide et se faire tuer en votant pour une bande de vautours dans une élection qui ne changera pas quoi que ce soit pour le Pakistan !” dit votre maman fermement.

Que dis-tu ? [cliquez sur l'une des trois options pour passer au prochain niveau]

(Mensonge) Je sors avec des amis

Tu as raison. Ça ne sert à rien de voter maman.

Je vais voter !

Dans une critique du site, le cinéaste et blogueur Karachi Khatmal écrit :

Difficile de décider ce qui est le meilleur dans ce jeu – une description largement exacte de la confusion de l'élite face aux mécanismes sociaux et bureaucratiques du Pakistan, ou le fait qu'il est franchement vachement drôle.

Haque gère aussi une page Facebook populaire intitulée Jay Toons, où satire politique et caricatures se rejoignent. Un autre critique écrit :

L'humour était parfois un peu trop noir à mon goût (tuer des enfants) [sic], mais l'histoire semblait “réelle” et en même temps complètement dingue. J'ai appris quelque chose sur le Pakistan, aussi, et apprendre en s'amusant avec un jeu est le meilleur moyen d'apprendre.

Le British Council au Pakistan a récemment rendu un rapport sur les jeunes électeurs dans le pays, dont le journal Express Tribune dit qu'il illustre le fait que “c'est une génération qui a été terrifiée par le terrorisme, l'inflation et l'instabilité, et pourtant ses membres prévoient toujours de voter”.

Les élections au Pakistan [fr], la première transition démocratique du pouvoir dans l'histoire politique du pays, sont prévues pour le 11 mai 2013.


Chine: Des retraites à deux vitesses

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The Economic Observer [en chinois] publie un article sur le système de retraites à deux vitesses qui fonctionne actuellement en Chine. Il montre l'énorme différence de traitement (plus de dix fois) entre les travailleurs “migrants de l'intérieur” et les fonctionnaires. La revue en ligne ChinaSmack a traduit en anglais cet article, et quelques commentaires.

Les dégâts du tourisme humanitaire en Afrique

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Daniele Mezzana a écrit sur son blog Immagine dell'Africa [en italien] :

Le “tourisme humanitaire”, dans le meilleur des cas, vise à permettre à la fois un voyage dans des régions exotiques, la découverte de situations de grandes difficultés sociales et l'action solidaire ou charitable. Il apporte évidemment un plus par rapport à d'autres formes de tourisme qui provoquent un gaspillage de ressources, une destruction de l'environnement local, et quelquefois un choc de cultures. Et pourtant même ce type de tourisme a souvent des effets pervers qu'il est bon de savoir identifier : création d'une dépendance de type paternaliste, incitation à la mendicité, et même multiplication des caries dentaires chez les enfants en rapport avec la distribution de bonbons dans des zones où il n'existe pas de dentiste : petites escroqueries bien involontaires…

Le blog ‘Africa is a Country’ remet en cause la vision occidentale de l'Afrique

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[Tous les liens renvoient à des pages en anglais].

Ceci n'est pas un blog de plus sur “la  famine, Bono ou Barack Obama” avertit la description du blog Africa is a Country (‘L'Afrique est un pays') sur sa page Facebook.

Le titre ironique du blog indique que son objectif est, entre autres, de se démarquer du discours rebattu par les médias occidentaux faisant de l'Afrique “une sempiternelle histoire à faire pleurer dans les chaumières” explique son créateur Sean Jacobs à Global Voices.

Le blog, ajoute M. Jacobs, est un collectif d'intellectuels, d'auteurs, d'artistes, de cinéastes, de blogueurs et de “butineurs” qui produisent conjointement un commentaire, une écriture originale, une revue des médias, de courtes vidéos et une réflexion photographique destinés à repenser l'Afrique en tant que communauté.

 

SeanJacobs.

Sean Jacobs, créateur du blog Africa is a Country. Photo aimablement fournie par Sean Jacobs.

Nous avons interrogé M. Jacobs, spécialiste des médias et des affaires internationales et qui enseigne actuellement à la New School à New York, à propos de son blog.

Ndesanjo Macha (NM) : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Sean Jacobs (SJ) : Je suis né dans l'Afrique du Sud de l'apartheid et j'ai grandi dans un township noir et ouvrier de la ville [Johannesburg]. Je suis tout à fait un produit de la ségrégation, des mouvements étudiants anti-apartheid, de la discrimination positive et de l'euphorie suscitée par la liberté politique en Afrique du Sud. J'ai étudié à l'Université du Cap (encore très blanche à l'époque) grâce à une bourse et j'ai brièvement travaillé comme journaliste avant de partir aux Etats-Unis dans le cadre des bourses Fulbright au milieu des années 90 [...]

Je suis retourné en Afrique du Sud à la fin de mes études car je pensais que je regretterais de ne pas y travailler alors que la démocratie y était encore neuve. Donc, en 1997 j'ai été embauché par l'Institut pour la Démocratie en Afrique du Sud, une organisation qui a joué un rôle central dans la transition politique. [...]

En 2001, je suis parti à New York après avoir accepté un poste d'attaché d'enseignement à la New School. Au final je me suis installé à New York et je me suis marié.

Sans doute que je me considère comme un immigrant africain en Amérique désormais (j'ai deux enfants qui sont nés ici) et, bien que je suive de près la politique sud-africaine, je suis devenu également plus attentif à la manière dont le continent et sa population sont représentés dans les médias ici. C'est de là qu'est venu Africa is a Country.

NM : Qu'est-ce que Africa is a Country ?

SJ : Africa is a Country est un blog qui s'est développé au fil du temps – je tiens à insister sur cet aspect car il n'a pas toujours été clair qu'il deviendrait ce qu'il est – en un collectif d'intellectuels, d'auteurs, d'artistes, de cinéastes, de blogueurs et de “butineurs” qui, conjointement, produisent un commentaire, une écriture originale, une critique des médias, de courtes vidéos et une réflexion photographique qui remettent en cause délibérément les idées reçues à propos du continent africain et de ses peuples qui sont véhiculées dans les médias occidentaux (cette définition inclut les “médias traditionnels”, les nouveaux médias sociaux ainsi que les médias de l'information d'envergure mondiale comme Al Jazeera).

Actuellement, notre principal moyen d'expression est le blog, cependant nous avons également collaboré avec des festivals de cinéma, des publications papier et co-organisé des événements publics. Font également partie de notre communauté les gens qui lisent ou commentent notre site tous les jours. Certains de nos billets sont écrits par des lecteurs qui deviennent parfois des contributeurs réguliers.

NM : Pourquoi “L'Afrique est un pays” (Africa is a country) ? L'Afrique n'est-elle pas un continent ?

SJ : Bien entendu nous ne croyons pas que l'Afrique soit un pays au sens littéral. Le titre du blog est ironique et prend à revers les images éculées de “l'Afrique”. Comme l'une des membres-clés  du collectif, Neelika Jayawardane, l'explique dans la section “A propos” de notre page Facebook, le blog c'est ça et bien d'autres choses. C'est à dire que Africa is a Country cherche également à construire une sorte de “pays”. Un pays où la “nation” opère en dehors des frontières des Etats-nations modernes de l'Afrique et de ses limites continentales et conceptuelles. Donc, oui, le blog annonce que l'Afrique est un “pays”, une communauté imaginaire où les “citoyens” doivent réinventer le récit et l'économie visuelle de l'Afrique. J'espère que c'est intelligible.

NM : Comment vous est venu le titre du blog ?

SJ : Je ne saurais pas dire précisément la source ou le moment. Il y a eu un nombre incalculable de célébrités, d'hommes politiques (y compris ceux qui ont immédiatement nié avoir déclaré ce qu'ils avaient pourtant dit) qui ont fait l'erreur de parler du “pays africain” ou d'être très vague quant à leur destination lorsqu'ils voyageaient sur le continent ou quant à ce qu'ils décrivaient (un pays, un peuple, une ville, etc.). Dans d'autres cas, certains journalistes ont laissé entendre que l'Afrique était un pays dans leurs papiers ou dans leurs reportages. Il y a également autre chose que je faisais régulièrement. Alors que je bloguais encore sous le nom Leo Africanus, j'ai commencé à inscrire les mots “L'Afrique est un pays” dans l'un ou l'autre des billets incrédules que j'écrivais à propos de reportages malavisés en Afrique ou au sujet de l'Afrique. Un jour j'ai juste décidé de changer le nom du blog en Africa is a Country. Cela a aidé à attirer l'attention de plus de gens et à faire lire le blog de même que les recherches “L'Afrique est un pays” dont les résultats mènent à notre site.

NM : Qui sont les autres personnes impliquées dans la création des contenus du blog ?

SJ : Actuellement le collectif est constitué d'une trentaine de membres permanents et d'un nombre variable de contributeurs ponctuels. C'est un mix d'étudiants, de professeurs, d'activistes, de professionnels du développement, d'écrivains, de journalistes, de critiques d'art, de romanciers, de photographes, de cinéastes, un DJ et un chroniqueur de films, entre autres. [...]

NM : Quel est le lectorat de votre site et d'où viennent la majorité de vos lecteurs ?

SJ : Notre page Facebook a collecté plus de 11 000 “Likes”, près de 20 000 personnes nous suivent sur Twitter et notre blog reçoit en moyenne entre 7 000 et 10 000 visites par jour, avec au total plus de 3 millions de pages vues depuis le changement de nom. Les lecteurs viennent de partout, mais une connexion internet rapide est un plus malgré tout. La majorité de nos lecteurs vivent, travaillent ou étudient aux Etats-Unis et/ou en Europe. Sur le continent, la plupart de nos lecteurs viennent du Nigéria, d'Afrique du Sud et du Kenya.

NM : Quelles ont été vos plus grandes réussites à travers ce blog jusqu'à présent ?

SJ : C'est à nos lecteurs d'en décider. Laissez-moi encore une fois me référer à quelque chose qu'Elliot [Ross] et moi-même avons écrit récemment pour répondre à cette question : Notre sentiment est que les médias internationaux – par définition cela veut souvent dire médias occidentaux, à quelques exceptions près – se sont montrés à maintes reprises totalement incapables de couvrir le continent avec la profondeur et le souci du détail qu'il exige, sans même parler d'une quelconque appréciation pour l'Afrique comme lieu de production culturelle et artistique étonnante. Africa is a Country cherche à corriger le tir à l'échelle internationale, non pas avec des nouvelles “positives” pleines de condescendance ou un battage médiatique néolibéral de type communiqué de presse, mais à travers le travail quotidien répété de présentation et de discussion critique de la vie politique et culturelle de l'Afrique et de sa diaspora. [...]

Bien sûr, tout ce que nous faisons n'est pas aussi sérieux. Nous sommes par exemple très enthousiastes à l'idée du récent lancement d'une page “Football is a Country” sur le blog. Nous avons réussi à convaincre d'excellent auteurs, photographes, cinéastes et blogueurs de s'engager à contribuer et nous espérons la voir se développer.

NM : Quel est le billet le plus lu à ce jour ?

SJ : Le billet le plus sur le blog à ce jour est celui d'Elliot Ross à propos de “Kony 2012″.

Mais je souhaite également mentionner un certain nombre d'autres excellents billets (et je vais devoir en laisser certains de côté, ce qui ne veut pas dire qu'ils méritent moins d'attention) : il y a les explorations sur le milieu des DJ de Boima Tucker et le billet de Jeremy Weate Quand Kim Kardashian vient à Lagos et “joue un tour de 419 aux 419eurs”* par exemple. D'autre part, nous avons également publié un certain nombre d'entretiens comme celui de Zachary Rosen avec l'artiste Toyin Odutola, celui de Corinna Jentzsch avec le photographe allemand Gregor Zielke, celui de Amkhelwa Mbekeni avec Bongeziwe Mbandla et celui de l'historien Dan Magaziner avec l'auteur d'un livre sur Marcus Garvey.

 

* Note du traducteur : 419 renvoie aux arnaques dont certains Nigérians ont fait une profession. Le chiffre est une référence à la section 419 du Code de la Criminalité nigérian relative aux escroqueries par paiement à l'avance (Advance Fee Fraud). 

Un aristocrate espagnol, voix de la Corée du Nord dans le monde extérieur

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Alejandro Cao de Benós, né à Tarragone, en Espagne, en 1974, descend des barons de Les [une municipalité du Val d'Aran en Catalogne], des comtes d'Argelejo et des marquis de Rosalmonte. Sauf ce lignage peu ordinaire, son nom serait sans doute resté dans l'ombre si ce Catalan de 39 ans n'était un important porte-parole étranger du régime nord-coréen.

Fondateur et président de l'Association d'amitié coréenne (AAC), il est délégué spécial honoraire du pays, où il est appelé Cho Son-il, ou “La Corée est une”. Dans un entretien avec Tribuna Popular [en espagnol], il a expliqué les origines de sa relation avec ce pays d'Asie :

Con 16 años tuve posibilidad de conocer a mis primeros camaradas de la RPD de Corea que residían en Madrid (Representación Permanente ante la Organización Mundial del Turismo). El interés se convirtió en pasión y me identifiqué plenamente no sólo con la ideología del Presidente Kim Il Sung, sino con los principios y valores morales del pueblo coreano.

A 16 ans j'ai eu la possibilité de connaître mes premiers camarades de la RDP de Corée qui vivaient à Madrid (Représentation Permanente auprès de l'Organisation Mondiale du Tourisme). L'intérêt s'est converti en passion et je me suis identifié pleinement non seulement avec l'idéologie du Président Kim Il Sung, mais aussi avec les principes et valeurs morales du peuple coréen.

Qu'un régime aussi secret que celui de la Corée du Nord fasse confiance à un étranger étonne. Une confiance qui a pourtant valu à Cao de Benós des honneurs : il est délégué spécial de la Commission des Relations culturelles avec les pays étrangers, membre d'honneur du Parti des Travailleurs de Corée, de l’Armée populaire de Corée et journaliste honoraire de Corée du Nord.

Screen grab of Alejandro Cao de Benós's Facebook page

Capture d'écran de la page Facebook d'Alejandro Cao de Benós

Certains dans les médias doutent cependant de l'influence de Cao de Benós, considéré comme un outsider utilisé par Pyongyang pour blanchir son image à l'extérieur. A leur avis il n'a de contact qu'avec des fonctionnaires subalternes et n'a accès à aucune information intéressante, ce que semblent corroborer ses commentaires sur la succession de Kim Jong Il dans une lettre au journal El Mundo [espagnol] le 18 septembre 2010 :

Kim Jong Un es un total desconocido tanto para la población como las autoridades de la RPD de Corea. En 18 años de trabajo, jamás he visto su foto o leído un libro sobre él. Si existiera, nunca sería aceptado por el pueblo o el ejército.

Kim Jong Un est un total inconnu tant pour la population que pour les autorités de la RPD de Corée. En 18 ans de travail, je n'ai jamais vu sa photo ni lu de livre sur lui. S'il en existait, il ne serait jamais accepté par le peuple ou l'armée.

Un an plus tard pourtant, après le décès de Kim Jong Il et la succession de son fils Kim Jong Un, il changeait radicalement d'opinion dans El Confidencial :

Es muy joven, pero es un general muy bien preparado (…) Ha aprendido mucho de su padre, le ha seguido de cerca profesionalmente, como es tradición en Corea del Norte y en la filosofía confucionista.

Il est très jeune, mais c'est un général très bien préparé (…) Il a beaucoup appris de son père, il l'a suivi de près professionnellement, comme c'est la tradition en Corée du Nord et dans le Confucianisme.

Cao de Benós a été très actif ces derniers temps, puisqu'il est le seul étranger habilité à parler du régime nord-coréen, et il multiplie entretiens et conférences. Le 18 avril 2013, on lit les déclarations suivantes dans le Diari de Tarragona [espagnol] :

[¿Sería capaz Corea del Norte de atacar al propio Estados Unidos?]  También. Podemos alcanzar cualquier punto del país. Tenemos capacidad tecnológica para ello. Colocamos tres satélites en órbita para usos pacíficos, pero podemos emplear la misma tecnología para usos militares. (…)

Si Estados Unidos se atreve a usar uranio empobrecido contra nosotros, no dudaremos en responder con armamento nuclear. Y esto afectaría a todo el mundo.

[La Corée du Nord serait-elle capable d'attaquer les Etats-Unis eux-mêmes ?] Aussi. Nous pouvons atteindre n'importe quel point du pays. Nous avons la capacité technologique pour cela. Nous avons placé trois satellites en orbite pour des usages pacifiques, mais nous pouvons employer la même technologie pour des usages militaires. (…)

Si les Etats-Unis osent utiliser de l'uranium appauvri contre nous, nous n'hésiterons pas à riposter avec l'armement nucléaire. Et cela affecterait le monde entier.

Ce ne sont pas là les premières déclarations contestables de Cao de Benós. En septembre 2010, il évoquait Amnesty International dans un entretien au journal El Imparcial [espagnol] :

Alejandro Cao de Benós working in Pyongyang in 2011. Photograph taken from his Facebook page.

Alejandro Cao de Benós au travail à Pyongyang en 2011. Photo extraite de sa page Facebook.

 (…) cada año publican una lista de los países que más violan los derechos humanos y en la que el primer lugar lo ocupa, casi siempre, Corea del Norte. Pues bien, AI no ha visitado jamás el país. (…) Esto demuestra que estas supuestas ONGs no son más que instrumentos políticos de Estados Unidos y la CIA.

(…) chaque année ils publient une liste des pays qui violent le plus les droits humains, et presque toujours, la Corée du Nord y occupe la première place. Or AI n'a jamais visité le pays. (…) Ceci démontre que ces soit-disant ONG ne sont que des instruments politiques des Etats-Unis et de la CIA.

Interrogé en décembre 2011 par El País [espagnol] sur les camps de concentration du régime nord-coréen, Cao de Benós de répondre :

No existen. Son campos de reeducación donde los presos trabajan y estudian la doctrina del régimen (…) Yo mismo he mandado a dos personas a campos de reeducación.

Ils n'existent pas. Ce sont des camps de rééducation où les prisonniers travaillent et étudient la doctrine du régime (…) J'ai moi-même envoyé deux personnes en camps de rééducation.

La Corée du Nord a beau être un pays secret où l'Internet est prohibé, Cao de Benós, qui vit en Espagne, est extrêmement actif sur le web. Il a un compte Twitter, une page Facebook et un blog [espagnol] qu'il utilise pour exprimer ses vues et attirer des sympathisants. Et c'est précisément ce qu'il fait ces derniers temps : il a lancé une e-pétition pour mettre sur pied des groupes internationaux de soutien à la Corée du Nord. Le 11 mars 2013, il a tweeté :

@DPRK_CAODEBENOS: Montrez votre soutien en rejoignant la Brigade de Défense Internationale de la RPDC ! * Apoye la brigada de defensa de la RPDC!

A conference given by Cao de Benós in the Universidad de Zaragoza (Spain) on March 15, 2012. Photograph taken from his Facebook page.

Une conférence donnée par Cao de Benós à l'Université de Saragosse (Espagne) le 15 mars 2012. Photo extraite de sa page Facebook.

En quelques jours la pétition a recueilli 1000 signatures, et depuis, on peut s'enrôler dans ces groupes par courrier électronique, comme l’explique sur son blog [espagnol] Cao de Benós.

Mais il ne s'est pas arrêté là. Cao de Benós organise aussi des voyages en Corée du Nord à travers le site Internet officiel du pays, dont il est l'administrateur. Le séjour, facturé 3100 dollars aux citoyens étatsuniens et 2450 dollars à tous les autres (vol depuis Pékin non compris), dure huit jours. Les personnes liées aux médias en sont exclues.

Sur Twitter, les opinions sur Cao de Benós divergent, comme le montrent ces deux tweets de Ragnarok (@Ragnarok_Madrid) et Sr. Sawa (@Pornosawa) :

@Ragnarok_Madrid: Acabarás siendo el Bin Laden español grandullón, no sé qué beneficio sacas de tus declaraciones, yo que tu lo dejaría..

@Ragnarok_Madrid: Tu finiras en Ben Laden espagnol monté en graine, j'ignore quel avantage tu tires de tes déclarations, si j'étais toi je laisserais tomber…

@Pornosawa: Cao de Benós está reclutando una brigada internacional con españoles para defender Corea http://t.co/odG5HwWodE @agarzon TEN HUEVOS Y ÚNETE

@Pornosawa: Cao de Benós recrute une brigade internationale d'Espagnols pour défendre la Corée du Nord. http://t.co/odG5HwWodE @agarzon AYEZ DES COUILLES ET REJOIGNEZ

Bangladesh: Les islamistes exigent que les femmes restent à la maison

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(Billet d'origine publié le 4 mai)

Les militants du Hifazat-e Islam [anglais comme tous les liens sauf mention contraire], un parti islamiste radical du Bangladesh, ont attaqué les femmes journalistes envoyées suivre un défilé du parti dans la capitale du pays pour exiger l'application stricte de la loi islamique, y compris l'interdiction de la mixité et la répression des “athées et des blogueurs blasphémateurs”.

Le parti Hifazat-e Islam a présenté ses exigences en 13 points au cours d'une marche le 6 avril 2013, à Dacca, demandant l'application de la peine capitale pour blasphème, l'éducation islamique obligatoire et la fin de “toutes les pratiques culturelles étrangères comme l'impudeur, la luxure, l'inconduite, la culture du libre mélange des sexes, les bougies au nom de la liberté personnelle et d'expression “.

On 6th of April Hifazat-e Islam arranged a rally to demand action against ‘atheists and blasphemous bloggers’ of the Shahbagh’s Ganajagaran Mancha. Image by Suvra Kanti Das. Copyright Demotix (6/4/2013)

Le 6 avril, le parti Hifazat-e Islam a organisé un rassemblement pour réclamer des mesures contre les “athées et les blogueurs blasphémateurs” de Ganajagaran Mancha du Shahbagh. Photo de Suvra Kanti Das. copyright Demotix (06/04/2013)

Le jour de la longue marche le parti Hifazat-e Islam non seulement a interdit aux femmes de participer à la manifestation, mais il a aussi physiquement et verbalement harcelé plusieurs femmes journalistes envoyées pour couvrir l'événement. Des militants du Hifazat ont chassé et agressé physiquement la reporter Nadia Sharmin de la Télévision Ekushey à Bijoynagar, sur le chemin de la marche, et intercepté Arafat Ara du Financial Express à Paltan, à proximité du lieu de la manifestation, lorsqu'elle allait au bureau. Ils ont lancé des quolibets et des bouteilles d'eau contre Sharmin et l'ont jetée à terre et battue. Elle a été transportée à l'hôpital et y a passé trois jours.

Des plaintes ont été déposées contre 60 personnes. Cette vidéo mise en ligne sur YouTube par Professeur Ziauddin montre l'attaque contre Nadia par des militants de Hifazat :

Une vieille femme ramassant des bouteilles d'eau dans la zone de rassemblement a été chassée sous prétexte que “ce n'était pas un endroit pour les femmes”.

Cependant, suite aux protestations de l'ensemble des journalistes du pays, appelant à un boycott des nouvelles et des informations provenant des islamistes, des représentants du Hifazat ont déclaré plus tard déplorer l'attaque, soutenant que ce sont des “mécréants qui avaient mené les attaques contre les scribes”.

সাংবাদিক নাদিযা় শারমিনের ওপর হেফাজতে ইসলামের কর্মীদের আক্রমন। ছবি: মুক্তিযুদ্ধের গল্প শোনো ফেসবুক পাতা থেকে নেযা়।

Des militants du parti Hefazot Islam attaquant la journaliste Nadia Sharmin alors qu'elle couvrait la longue marche. Photo de Sanaullah Lablu.

Jusqu'ici, le gouvernement bangladais a été patient avec eux et, Sheikh Hasina Wajed [fr], Premier ministre, leur a demandé de reporter leurs manifestations prévues pour le 4 et le 5 mars 2013 à Dhaka à cause des opérations de secours aux victimes de l'effondrement du bâtiment de Savar (voir le billet de Global Voices).

Le Premier ministre a également mentionné que beaucoup de leurs 13 points ont déjà été réalisés ou sont en train de l'être, et a proposé des négociations pour quelques autres de leurs exigences.

Toutefois, le parti a promis d'organiser d'autres manifestations et perturbations dans le long terme. Le 5 mai 2013, le groupe prévoit de couper Dacca du reste du pays en postant ses militants à tous les six points d'entrée de la ville, qualifiant les propos du Premier ministre disant avoir déjà réglé la plupart de ses revendications en 13 points,de “dénués de tout fondement “. Les partis d'opposition BNP et Jamaat-e-Islami le soutiennent.

La position misogyne du parti Hifazat lui a valu une condamnation ferme de tout le Bangladesh, avec l'organisation de manifestations et des rassemblements contre lui à travers le pays.

Le Bangladesh est une démocratie laïque dans laquelle les femmes ont fait des progrès significatifs. Selon les dernières données du recensement [bengali], environ la moitié des 152 518 015 habitants du Bangladesh sont des femmes. En matière d'éducation, les femmes progressent plus vite que les hommes, avec 89,19% des filles contre 78,23% des garçons qui réussissent l'examen de fin de l'enseignement secondaire. Et les femmes sont de plus en plus économiquement impliquées, grâce à l'industrie du vêtement dans lequel 80% des employés sont des femmes.

Activists of Bangladesh group theater federation took a part of mach against Hifazat-e-Islam long march in the Dhaka. Image by Rehman Asad. Copyright Demotix (5/4/2013)

Un groupe de militantes de la fédération du théâtre du Bangladesh ont pris part à la manifestation contre la longue marche du parti Hifazat-e-Islamde à Dacca. Photo de Rehman Asad. Copyright Demotix (04/05/2013)

Le Premier ministre du pays, le leader de l'opposition et ex-Premier ministre ainsi que le président nouvellement élu du parlement sont des femmes. De nombreuses personnes considèrent que le régime oppressif du parti Hifazat comme un frein au progrès du Bangladesh pour les droits des femmes.

Le 27 avril 2013, une alliance de 68 organisations non gouvernementales œuvrant en faveur des droits des femmes a organisé un rassemblement à Dacca pour dénoncer l'assujettissement proposé des femmes. Sultana Kamal, une militante des droits humains, y a déclaré :

Les gens sont non-communautaristes et religieusement tolérants. La nation ne peut pas céder à la démonstration de force d'une poignée de fanatiques.

Kazi Mamun Hossain s'est exprimé sur le blog communautaire Somewhereinblog contre l'intention du parti Hefazat d'établir un état taliban obligeant les femmes à rester à la maison enveloppées dans la burqa :

হেফাজত তাদের ১৩ দফায় ধর্মের নামে নারীদের চার দেযা়লে বন্দী করতে চায়, চায় পোশাক শ্রমিক নারীদের মাধ্যমে দেশ যে বিদেশী মুদ্রা আয় করছে তা বন্ধ হোক, আমাদের মেযে়রা কাজ না করে স্বামীর পদতলে বাঁধা থাকুক। শিক্ষা ব্যবস্থাকে আধুনিক না করে আমাদেরকে অন্ধকারে বেঁধে রাখতে চায়। ধর্মের নামে আধুনিক বাংলাদেশকে তালেবান রাষ্ট্র বানাতে চায়।

Le parti Hefazat essaie de confiner les femmes à l'intérieur des quatre murs domestiques avec ses exigences en 13 points. Il veut arrêter le flux de devises étrangères dans le pays en empêchant les ouvrières de l'industrie du vêtement de faire leur travail. Ils veulent que nos femmes cessent de gagner leur vie pour dépendre des revenus de leurs maris. Ils veulent restreindre la modernisation de notre politique de l'éducation elle-même en nous enfermant dans l'obscurantisme. Ils veulent établir un Etat taliban au nom de la protection de la religion.

Sur le même site, Nayakraj a rappelé que ce pays est à tout le monde :

বাংলাদেশকে কোনক্রমেই তালিবান আফগান বানাতে দেযা় যাবে না। বাংলাদেশ কোনো কাঠমোল্লার দেশ না, এই দেশ নারী পুরুষ সবার।

Nous ne pouvons pas laisser le Bangladesh devenir un état taliban comme l'Afghanistan. Le Bangladesh n'est pas un pays de fondamentalistes. Ce pays est aussi bien aux femmes qu'aux hommes – il est à tout le monde.
Hefajat-e Islam protests continue and threatened the government of blocking Dhaka on May 5 if its 13 point demands, including a blasphemy law and execution of atheist bloggers for defaming Islam in Bangladesh capital. Image by Rehman Asad. Copyright Demotix (19/4/2013)

Les manifestations du parti Hefajat-e Islam continuent et ont menacé le gouvernement de bloquer Dacca le 5 mai 2013, si ses 13 revendications, y compris une loi sur le blasphème et l'exécution des blogueurs athées pour diffamation de l'Islam ne sont pas satisfaites. Photo de Rehman Asad. Copyright Demotix (19/4/2013)

Le blogueur Himu a écrit sur ​​le blog de la communauté Sachalayatan que les femmes du Bangladesh sont trop impliquées dans la gestion du pays pour pour rester à la maison :

যে বাংলাদেশের কৃষি অচল নারীর অংশগ্রহণ ছাডা়, যে বাংলাদেশের শিল্প অচল নারীর শ্রম ছাডা়, যে বাংলাদেশের পরিবার অচল নারীর নি:শব্দ আত্মবিসর্জন ছাডা়, সে বাংলাদেশে মাথায় ফেট্টি বাঁধা কতগুলি উন্মাদের কথায় নারী অন্তরীণ হযে় থাকবে?
কখনোই না।

L'agriculture du Bangladesh dépend du travail des femmes, les industries dépendent des femmes. Au Bangladesh, les familles dépendent de la contribution silencieuse des femmes dans le rôle parental et le ménage. Les femmes du Bangladesh ne seront pas confinées parce que quelques radicaux avec des turbans sur la tête l'ont dit. Jamais.

Sur le blog communautaire Amarblog, Shariful Islam Rukun s'interroge sur la compréhension de l'islam de la part du parti à la lumière de ses attaques contre les femmes journalistes lors de la marche :

ইসলাম শান্তির ধর্ম। হেফাজতের যে সব কর্মীরা এ মহত্ (!) কাজে অংশ নিযে়ছেন তারা কী জানাবেন, একজন মহিলাকে অর্ধশত পুরুষ মিলে এভাবে নির্দয়ভাবে পেটানোর অনুমতি ইসলামের কোথায় উল্লেখ আছে?

L'islam est une religion de paix. Les membres du parti Hefazat qui ont participé à ces attaques sacrées (!) pourraient-ils nous dire où en Islam il est prescrit qu'un groupe d'hommes battent impitoyablement une femmes désarmée?

Irteza (@irteja) demande sur Twitter:

@ইরতেজা: সকল গণমাধ্যমকে উদাত্ত আহবান জানাচ্ছি, সাংবাদিক বোনদের ওপর অব্যাহত অত্যাচার নির্যাতনের প্রতিবাদে হেফাজতে ইসলামীর সকল সংবাদ বর্জন করুন।

@irteja: Je demande à tous les journalistes de boycotter toutes les informations liées au parti Hefazat Islam dans les médias pour protester contre leurs attaques contre les femmes journalistes.

Bikkhipto Khitish (@projonmo106) a écrit que les efforts déployés par les fondamentalistes ont été vains :

@প্রজন্ম১০৬: দু:খিত, হে ধর্মান্ধের দল, নারীকে ঘরে আটকে রাখার দিন এদেশে আর নেই, কোনোদিন আর আসবেও না। sachalayatan.com/dhusor_jolchobi/48746 #শাহবাগ

@projonmo106: Désolé chers fondamentalistes, les jours sont révolus où nous avions l'habitude de garder nos femmes à l'intérieur de la maison. Ces jours ne reviendront pas. sachalayatan.com/dhusor_jolchobi/48746#.UWW3Y3h_1Ns.twitter … #shahbag

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