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Le projet artistique ‘Indochine’

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Participants of the 'Indochina Project' are asked to submit artworks that answer this question: “What does Indochina mean to you?”

Les participants au projet “Indochine” peuvent soumettre leurs œuvres qui répondent à la question : “Que signifie ‘Indochine’ pour vous ?”

Un nouveau projet artistique sur l'Indochine a lancé un appel à contributions aux artistes et créateurs qui vivent en Asie du sud-est. Les participants doivent répondre à la question de la façon la plus créative possible. Le blog KhmerBird estime que c'est une bonne occasion de faire connaitre l'art cambodgien.


Pas de femmes dans les pubs de l'Andhra Pradesh après 22 heures

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Est-ce que l'absence de femmes dans les lieux publics rend ces lieux plus sûrs pour les femmes ?

Ce commentaire vient de la blogueuse qui publie le blog The Life and Times of an Indian Homemaker (La vie et les heures d'une femme au foyer indienne), outrée par la décision du gouvernement de l'Andhra Pradesh d'interdire aux femmes de se trouver dans les pubs après 22 heures, au prétexte qu'elles seront ainsi plus en sécurité.

La Polynésie Française, entre démocratie et décolonisation ?

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L'Assemblée générale de l'ONU a adopté, vendredi 17 mai 2013, une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser. La résolution avait été présentée, entre autres, par trois petits Etats du Pacifique : les îles Salomon, Nauru et Tuvalu, et a été adoptée sans vote, par consensus, en l'absence de la France qui a boycotté la séance, après avoir usé de tous les moyens politiques et diplomatiques pour empêcher un vote. L'inscription était portée par le président indépendantiste Oscar Temaru, battu entre-temps non sans ironie aux élections locales par le presque inusable Gaston Flosse, rescapé de plusieurs affaires judiciaires, autonomiste dans le cadre de la république française, et proche de la droite métropolitaine.

carte en relief de la Polynésie Française, par Sardon sur Wikimedia Commons, licence GNU

carte en relief de la Polynésie Française, par Sardon sur Wikimedia Commons, licence GNU

La résolution de l'ONU affirme ”le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance”, conformément à la Charte de l’ONU et l’article 73 sur les territoires non autonomes. Elle invite le gouvernement français à ”faciliter et accélérer la mise en place d’un processus équitable et effectif d’autodétermination” en Polynésie. A l’heure actuelle, la Polynésie française (274 000 habitants) est une collectivité dotée d’une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales. On trouvera d'intéressantes cartes sur le blog Histoire-Géo.

Des résolutions analogues ont par le passé visé le Royaume Uni (Gibraltar, Malouines) ou la Nouvelle-Zélande, sans résultat concret, les pays passant régulièrement outre.

Le Ministère français des Affaires étrangères a déploré, dans le communiqué de son porte-parole,

une ingérence flagrante, une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens, un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation. (…) Le 21 avril puis le 5 mai, les électeurs polynésiens ont renouvelé, comme tous les cinq ans, leur assemblée territoriale. Ils ont donné une majorité incontestable aux élus favorables à l'actuel statut d'autonomie.

 

En effet, le parti de Gaston Flosse est arrivé en tête du second tour de l’élection pour l'assemblée territoriale le 6 mai 2013 et obtient 38 des 57 sièges à pourvoir.

Gaston Flosse, à peine réinstallé dans le fauteuil présidentiel polynésien, a moins mâché ses mots et déclaré dans un discours radiodiffusé :

Nous continuerons à nous élever contre cette décision jusqu’à ce qu’elle soit rapportée. L’ONU a inventé le droit des nations à disposer des peuples contre leur gré. Nous ne voulons pas de dictature chez nous.

Présidence de Papeete sur wikipédia license CC-BY-3.0

Présidence de Papeete sur wikipédia license CC-BY-3.0

Causeur ironise :

Il semble d’autant plus urgent d’y organiser un « processus équitable et effectif d’autodétermination » que celui-ci a déjà eu lieu en mars dernier. À la question « Souhaitez-vous que les îles Malouines conservent leur statut politique actuel en tant que territoire d’outre-mer du Royaume-Uni ? », les insulaires ont répondu Oui à 99,8%.
Mais peut-être est-ce là une majorité trop faible pour beaucoup d’Etats membres de l’ONU, où un scrutin n’est valide que si le pouvoir en place dépasse la barre des 100% des suffrages exprimés.

Sur les médias sociaux, les réactions ont été tout aussi épidermiques, et des utilisateurs de Twitter renvoient symétriquement la France à ses incohérences supposées de donneuse de leçons.

Michel Emka cite un article d'europe-israël.com :

@EmkaMichel : L’arroseur arrosé: La France furieuse après le vote de l’ONU sur la Polynésie française – http://www.europe-israel.org/2013/05/larroseur-arrose-la-france-furieuse-apres-le-vote-de-lonu-sur-la-polynesie-francaise/ …

Le souverainiste Damien Lempereur invoque la Palestine :

@dlempereur : La Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser selon l'ONU mais bien sûr pas les territoires palestiniens http://www.un.org/fr/decolonization/nonselfgovterritories.shtml …

La Polynésie - En 5, la Polynésie française

Le triangle polynésien, par Kahuroa sur Wikimedia Commons – libre reproduction. 5 : la Polynésie française

Le blog Zone Militaire, sur opex360.com décrit les enjeux stratégiques de la Polynésie pour la France :

La Polynésie française apporte au domaine maritime français quelques 5.030.000 km2. Elle donne aussi à la France une position stratégique de premier choix dans le Pacifique, région qui tend à prendre de plus en plus d’importance étant donné qu’autour de cet océan vit près de la moitié de la population mondiale et que presque toutes les grandes puissances y sont présentes. (…) Qui plus est, la Zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française recèlerait, si l’on en croit les résultats d’une exploration menée en 2010 par une équipe de l’Université de Tokyo, des dépôts offshores de terres rares, indispensables pour l’industrie électronique.

Mais, comme l'explique cette tribune publiée par Rue 89, la décision d'inscription “peut être examinée au regard de la très grave crise économique, sociale et culturelle que traverse cette région, et de la difficulté de l’Etat à contribuer à son règlement.”

(Sous le gouvernement de l'indépendantiste Temaru) la Polynésie a continué de s’enfoncer non dans la récession, mais dans la dépression économique, compte tenu de son étrange modèle totalement inadapté à la donne économique mondiale actuelle. Nous sommes en effet en présence d’une sorte de Janus, monstre à deux têtes, l’une ultralibérale (absence d’impôt sur le revenu et d’allocations chômage), et l’autre ultradirigiste (secteur public hypertrophié et protectionnisme).

L’Etat (…) a fini par prendre conscience de la gravité de la situation. Mais Paris ne dispose guère de leviers de réforme, compte tenu du statut d’autonomie. (…)

Le paradoxe est que c’est le père du modèle en cause qui a été élu, à la satisfaction semble-t-il de certains milieux économiques persuadés que l’on pouvait revenir au bon vieux temps. Gaston Flosse est conscient de la gravité de la situation : la première mesure qu’il a annoncée est la mise en place de l’assurance chômage. Cet homme intelligent saura-t-il être le Gorbatchev de son propre système ? (…)

 

Mexique : les mères de disparus en grève de la faim

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[Les liens renvoient vers des pages en espagnol, sauf mention contraire] 

Un groupe de mères a entamé une grève de la faim au Mexique et a commémoré la Fête des mères devant le bureau du procureur général du Mexique pour pousser le gouvernement mexicain à tenir sa promesse de rechercher leurs enfants disparus.

D’après les rapports officiels [en anglais], plus de 26 000 personnes ont disparu au Mexique entre le 1er décembre 2006 et 30 novembre 2012 sous le gouvernement de l'ancien président Felipe Calderón.

Ces femmes sont en grève de la faim depuis le 9 mai 2013.

Erwin C. a mentionné l'une des mères grévistes de la faim sur le blog The Latin Americanist [en anglais] :

Nous ne bougerons pas tant que notre affaire ne sera pas résolue,  nous attendons que le président prenne rendez-vous avec nous et qu’il constitue un groupe de travail compétent pour nous dire quand et comment ils vont commencer à rechercher nos proches disparus », a déclaré la gréviste de la faim Margarita López. Elle a dit que sa fille disparue, Yahaira Guadalupe Bahena, avait  été enlevée il y a deux ans par “des hommes armés”. Margarita Lopez est persuadée que Yahaira a été torturée jusqu'à la mort et a exhorté les autorités à mener une enquête sur une fosse commune où on suppose que sa fille aurait été enterrée, mais les revendications des mères ont été ignorées jusqu'à présent.

Margarita López a été l'une des participantes à une grève de la faim de sept jours qui a eu lieu en novembre dernier et qui a pris fin quand les autorités de Mexique s'étaient engagées à résoudre l'affaire.

Paris Martínez a couvert la grève de la faim sur le média numérique Animal Político depuis son début. Dans une de ses publications, il a présenté aux lecteurs certaines mères participants à la grève, comme Nancy Rosete, dont le fils Elvis Axell Torres Rosete est porté disparu depuis le 29 décembre 2010 :

Yo decidí participar en la huelga de hambre porque, como víctimas, no contamos con certeza sobre las acciones que realizan las autoridades. Han pasado ya más de dos años y, aun cuando hay supuestos avances en las investigaciones, nosotros no podemos verificarlos.

J'ai décidé à participer à la grève de la faim parce que, en tant que victimes, nous n'avons aucune certitude sur les actions entreprises par les autorités. Plus de deux ans se sont écoulés, et même s'il y aurait des avancées dans les enquêtes, nous ne pouvons pas le vérifier.

Le 13 mai, Paris Martínez a écrit sur le site Animal Político que ”à l’exception d'un bref échange avec le vice-procureur Ricardo Garcia Cervantes dans la journée où les protestations ont commencé, aucune autorité n'est venue se renseigner sur les revendications [des manifestantes] ou pour ouvrir officiellement un dialogue”.

Des mères et des proches des disparus [en anglais] ont manifesté le 10 mai [en anglais], la Fête des mères au Mexique. Paris Martínez a partagé une vidéo qui montre les mères en grève de la faim célébrant la fête des mères en chantant en chœur « Ils ont pris leur vie, nous voulons revenir vivants !” Et : “Où sont-ils ? Où sont-ils ? Nos enfants, où sont-ils ?” :

Dans une autre vídéo, Paris Martinez a interrogé les mères et les proches des disparus, au quatrième jour de leur grève de la faim. Erica, une des mères, porte un panneau qui dit : “Quatre jours de grève de la faim et pas de réponse. Nous voulons que nos fils et filles apparaissent. Justice !”

Erica dit qu'elles ressentent les effets du manque de nourriture, que la température diminue pendant la nuit et qu'elles ne se sentent pas en sécurité. Elle ajoute que les citoyens leurs ont apporté de l’aide.

Une autre manifestante affirme qu'elles ne s'en iront pas : “Nous ne sommes pas là pour une seule personne, nous sommes là pour un objectif commun, qui consiste à rechercher les disparus” :

Mercredi, le 15 mai, Paris Martínez a signalé qu'une délégation représentant les manifestants a été admise à rentrer dans Los Pinos - la résidence officielle et le bureau du président du Mexique –, et à présenter des demandes par écrit au président Enrique Peña Nieto, “afin qu'il explique le manque d'actions concrètes pour rechercher nos fils et filles.”

Chine : deuxième manifestation contre une usine chimique à Kunming

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Plusieurs centaines d'habitants de Kunming se sont rassemblés le 16 mai à proximité du siège du gouvernement local, pour protester contre la construction prochaine d'une raffinerie chimique dans les environs de cette ville du sud de la Chine. Il s'agit du deuxième grand rassemblement contre ce projet après la manifestation du 4 mai.

La China National Petroleum Corporation prévoit de construire une usine chimique dans la ville voisine d'Anning, afin de produire 500 000 tonnes de paraxylène (PX), qui serviront à fabriquer du tissu.

En réponse à la manifestation du 4 mai, le gouvernement local a organisé plusieurs réunions et a garanti que la raffinerie n'aurait pas d'effets nocifs sur l'environnement. Les citoyens se sont également vus assurer que leur opinion serait prise en compte. Li Wenrong, le maire de la ville, a promis que le projet PX serait abandonné si la majorité des habitants s'y opposaient.

Mais selon des sources officielles, le rapport d'évaluation sur l'impact environnemental du projet est toujours confidentiel. Des microblogueurs chinois ont également révélé que le gouvernement tente d'empêcher tout rassemblement futur [anglais] et d'interdire d'éventuelles investigations au sujet de la raffinerie. Les employés d'entreprises d'État et les élèves d'écoles publiques ont quant à eux dû promettre qu'ils ne participeraient à aucune manifestation et ne parleraient pas du projet en public.

May 16 sees another protest with skeptical residents calling on a stop on the project. (Image from Sina Weibo)

Une pancarte qui proclame: “Rendez le rapport d'évaluation public. Refusons la pollution.”  (Image via Sina Weibo)

Malgré toutes ces manœuvres du gouvernement local, des habitants ont bel et bien défilé pour demander l'arrêt du projet. Des photos de la manifestation circulent sur Sina Weibo et les discussions sur le projet sont régulièrement mises à jour.

“Maya Tansuozhe” est sceptique [chinois] quant aux déclarations du gouvernement sur l'absence de conséquences environnementales :

云南省环科院高级工程师周东风称,中石油炼油项目对昆明环境污染影响不大 http://t.cn/zTDtGwj --看到这则新闻忍不住吐槽,你们把滇池管成那样,还如何相信你们? 影响不大是多大? 许多环境污染具有不可逆性,到时候后悔都没地儿。一届政府的政绩,100年的治理代价,你负责得了吗?

Zhou Dongfeng, un ingénieur en chef à l'Académie des sciences environnementales du Yunnan, dit que l'usine chimique n'aura pas d'impact conséquent sur l'environnement de Kunming. A la lecture de cette déclaration, je ne peux m'empêcher de protester, car regardez dans quel état est le lac Dianchi à cause de vous [ndr, le lac est très pollué depuis plusieurs années]. Comment voulez-vous que l'on vous fasse confiance ? La pollution environnementale est très souvent irréversible, et quand vous le regretterez, il sera déjà trop tard. Les actions du gouvernement actuel vont donner l'exemple pour la politique environnementale des 100 années à venir, en assumerez-vous la responsabilité ?

“Huyan Luanyu” écrit quant à lui [chinois] :

13日,昆明政府就炼油与市民代表召开了表恳谈会,表示要充分听取各界市民对炼油项目的意见建议。可近几天,各院校各单位要求职工学生,不参加不宣传炼油的紧急通知和承诺书却是要民众“沉默”。这样的做法是否会使民众对政府公开信息充分听取市民意见产生怀疑?

Le 13 mai, le gouvernement de Kunming a organisé une réunion de “discussion sincère” avec des représentants de la population, et indiqué qu'il tiendrait compte de l'opinion du public sur le projet de raffinerie. Mais ces derniers jours, la circulaire envoyée aux écoles et compagnies d'Etat pour intimer aux gens de ne participer à aucune manifestation a démontré que l'on cherche à faire taire le peuple. Est-ce que cette approche va inciter les gens à douter des informations fournies par le gouvernement, et à remettre en cause leur prétendue attention vis-à-vis de l'opinion publique ?

“Shaomai Tuo” de Kunming partage ce sentiment [chinois] :

恳谈?一面说充分广纳民意,一面放锦衣卫四处镇压威胁!买口罩印刷宣传品要登记报警;各大企事业单位统统下禁令不许参加游行、不准发表任何意见;违者一律开除。这就是中国式恳谈,啃嗜民主、弹劾民意!

“Discussion sincère” ? D'un côté ils prétendent écouter l'opinion publique, et de l'autre ils demandent à la police de supprimer toute menace potentielle ! On doit s'enregistrer si l'on veut imprimer une phrase sur un masque, la plupart des grandes entreprises et institutions affichent une notice qui interdit tout défilé ou affichage d'opinion, et ceux qui ne suivent pas les règles sont licenciés. C'est ça la discussion sincère à la chinoise, une fausse démocratie, et le baîllonnement de l'opinion publique !

“Abu Gougou 911″ déclare [chinois]:

没有合理的解释,没有真正的处理态度,民众怎样能够安心

Sans aucune explication fiable ni véritable volonté de régler les problèmes de la part du gouvernement, comment la population peut-elle avoir l'esprit tranquille ?

“Lan Qinzi” ajoute [zh] :

据说昆明各部门各事业单位都在要求职工签订保证不去参加16号的散步活动。其实我已经想不出来还有什么比散步这么和平的渠道更好的抗议方式了,不让散步的话,民众还有什么其他的方式让自己的声音被听到吗?

Apparemment, certaines institutions à Kunming ont exigé que tous leurs employés signent une promesse de ne pas participer à la manifestation. Mais en vérité, je ne vois pas de meilleure forme de protestation qu'un défilé pacifique. Si même marcher n'est plus autorisé, quel moyen reste-t-il au peuple pour faire entendre sa voix ?

La réalisatrice Wang Tingting, originaire de Beijing, a cité [anglais] une chanson issue de la comédie musicale Les Misérables :

Entends-tu le peuple qui chante ? Une chanson d'hommes en colère ! C'est la musique du peuple qui refuse d'être esclave ! Quand les battements de ton cœur font écho aux battements du tambour. Demain arrive et une nouvelle vie s'apprête à commencer !

 

Ye Tan, professeur d'histoire et contributrice régulière à la version chinoise du Wall Street Journal, a proposé sa vision de la situation dans un édito intitulé “La protestation contre le PX est inutile” [chinois]. Elle y explique en détail pourquoi elle croit que le gouvernement local n'abandonnera pas le projet, qui reste une opportunité incomparable pour accélérer la croissance économique – et ce malgré les protestations et le coût environnemental.

笔者尊重当地居民的选择权,佩服公民的抗争意识,但对中国的环保现状表示悲观,在产值、财富与青山绿水之间,地方政府的选择不言而喻。 昆明翠湖,群鸟飞翔,人鸟共乐,是中国大城市中极少看到的温馨景致,再过十年,这样的情景还能看得到吗?

Je respecte l'opinion des habitants et admire la conscience citoyenne dont ils font preuve en manifestant. Toutefois, je suis pessimiste quant au status quo qui existe sur la protection de l'environnement en Chine. Entre la richesse et la valeur de la production d'un côté, et les montagnes et fleuves de l'autre, le choix est vite fait pour le gouvernement local. Le Lac Émeraude de Kunming et les oiseaux qui le survolent sont une vision rare dans une aussi grande ville chinoise. Pourrons-nous toujours en profiter dans dix ans ?

Abdoulaye Bah, une vie digne d'être vécue

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[Liens en français, italien ou anglais]

 

Abdoulaye Bah est un citoyen italien d'origine guinéenne de 72 ans, retraité de l'ONU. Il vit entre Rome et Nice et collabore à Global Voices depuis décembre 2008, de façon très assidue puisqu'il a presque atteint les mille posts traduits ou écrits en français, ainsi qu'un certain nombre de contributions à Global Voices en italien et en anglais. Nous avons eu l'honneur et le plaisir de le faire parler un peu de sa vie.

Abdoulaye, tu es originaire de Guinée Conakry : quand es-tu arrivé en Italie ? Décris-nous ton expérience d'immigré clandestin en Italie.  

J'ai justement fêté en avril dernier le cinquantième anniversaire de mon arrivée en Italie, à Florence, pour étudier. Ce n'est pas à cette occasion là que j'ai vécu clandestinement en Italie. Mais peu de temps après mon arrivée, mes papiers sont arrivés à échéance et j'ai vécu en clandestin. La vie d'un étudiant sans bourse d'étude était difficile, mais la politique d'immigration italienne à l'époque ne contenait pas toutes les mesures xénophobes d'aujourd'hui.

Malgré l'aide de nombreux amis, j'ai connu la faim, au point d'avoir des vertiges lorsque j'ai passé mon premier examen à l'université. Heureusement, l’archevêque de Florence, S.E. Ermenegildo Florit, alerté par le maire Giorgio La Pira, m'a donné la possibilité de prendre mes repas à la cantine de Caritas et de dormir à l'hôtel des pauvres.

Alors, quand es-tu entré clandestinement en Italie ? 

Après la fin de mes études à Florence, en 1967 : j'ai obtenu mon diplôme en statistiques, j'ai suivi un cours de spécialisation, puis je suis parti pour Paris où je voulais travailler pour avoir de quoi acheter un billet d'avion et retourner ainsi dans mon pays. Quand mon père l'a appris, il est venu me voir pour me déconseiller de rentrer en Guinée, où la dictature était devenue féroce, avec des dizaines de milliers d'arrestations et des massacres d'innocents, en particulier des intellectuels de notre ethnie.

Je n'avais pas de papiers, il n'était pas facile d'obtenir un visa pour revenir en Italie. J'ai pris le train Paris-Rome le lendemain de la mort de Che Guevara, le 9 octobre 1967. Arrivé à la frontière, à Vintimille, quand j'ai entendu les policiers qui effectuaient des contrôles,  je suis entré dans les toilettes en laissant la porte ouverte et en m'accrochant aux parois au-dessus de la cuvette des WC. Quand les douaniers sont entrés, ils ont regardé à l’intérieur sans me voir et ont refermé la porte. C'est de cette façon que j'ai réussi à revenir en Italie.

Un prêtre qui venait de fonder l’UCSEI [Bureau central des étudiants étrangers]  m'a embauché comme rédacteur pour 20 000 Lires d'alors par mois, ce qui me permettait de payer le loyer de ma chambre. Il a réussi à me trouver des petits boulots pour gagner un peu plus d'argent. J'ai résumé et traduit des biographies de scientifiques, en particulier pour l’Académie pontificale des sciences, puis j'ai travaillé comme consultant en relations publiques pour l’IRI dans son service de coopération internationale.

I clandestini di oggi,

Les clandestins d'aujourd'hui :”Je suis en Italie, je vais devenir riche !”, de Gianluca Costantini (2005) sous licence CC 3.0

Ton pays est majoritairement musulman : tu nous a dit t'être marié au Vatican. Comment cela se fait-il ? 

En Guinée, la pratique de la religion est basée sur la tolérance. Enfant, j'ai passé beaucoup de temps avec mon grand-père, qui était un chef religieux important et qui est mort à La Mecque. J'ai suivi beaucoup de ses prêches, qui étaient pleins de piété. Après l'école primaire, mon père m'a payé des études dans un lycée tenu par des prêtres, le meilleur de la Guinée.
Etant donné le contexte dans lequel s'est formée ma personnalité, la différence entre religions n'a jamais été un problème pour moi.

En 1969, quand j'ai rencontré mon âme-sœur et que nous avons décidé de nous marier, je ne pouvais obtenir aucun document auprès de mon pays. Je vivais sans papiers en Italie. Je ne pouvais pas fournir le dossier nécessaire pour un mariage civil à la mairie. Don Remigio Musaragno, le directeur de l’UCSEI, m'a alors proposé de me marier au Vatican. La réglementation du Vatican sur les mariages mixtes publiée le 18 mars 1966 exigeait seulement quelques garanties sur ma situation de célibataire – y compris dans mon pays -, le respect de la religion de mon épouse, la promesse de ne pas m'opposer à l'éducation religieuse catholique de nos enfants et que je reconnaisse l'indissolubilité d'un mariage célébré à l'église.

Dans les grandes lignes, j'ai respecté mes engagements, nous sommes toujours mariés et je n'ai pas fait obstacle à l'éducation catholique de nos enfants. L’aîné est même entré dans le tiers-ordre franciscain, le 7 avril dernier, alors que le second est agnostique. Moi, je suis devenu militant du Parti Radical italien.

Tu peux nous en dire plus sur ton fils qui est entré dans le tiers-ordre franciscain ?

Dans tous les pays où nous avons vécu, mon épouse et mes trois fils ont toujours pratiqué la religion catholique. Par ailleurs, nous avons toujours reçu des prêtres chez nous, tant à Adis Abeba, mon premier poste aux Nations Unies, qu'à Vienne, en Autriche, où nous avons vécu très longtemps.

A Vienne, j'ai tenté de leur enseigner également les rudiments de la religion musulmane pour leur permettre de choisir entre islam et catholicisme. Mais l'enseignement de l'islam est difficile en Europe, parce qu'il faut apprendre à lire et écrire l'arabe :  nous avons alors demandé à des étudiants nord-africains qui étudiaient à Vienne de leur en enseigner les bases.

Quand les enfants ont décidé de se faire baptiser, Ahmed, l’aîné, ne voulait pas le faire pour ne pas me laisser seul dans la religion musulmane. Nous lui avons expliqué que ce n'était pas la peine, car je ne pratiquais aucune religion. Alors seulement il s'est fait baptiser. De retour à Rome, et alors qu'il a un métier, il a commencé à fréquenter une communauté franciscaine et à faire du bénévolat pour Caritas, où il a découvert sa vocation.

Dans tes rapports avec l'église catholique, il y a aussi ta participation au tournage du film “Habemus Papam” de  Nanni Moretti : comment cela s'est-il passé, et quel rôle as-tu interprété ? 

C'est une pure coïncidence. Quand le metteur en scène préparait le film, il recherchait des immigrés d'un certain âge venant du monde entier. Malheureusement, quand le tournage a commencé, je suis tombé malade et j'ai participé à peu de scènes. J'étais à la gauche de Michel Piccoli. J'interprétais le cardinal de Zambie. Je n'ai jamais rêvé de faire du cinéma, même si j'ai eu la chance de participer à des films de metteurs en scène célèbres comme Federico Fellini et Gillo Pontecorvo, dans les années 60, dans les studios de Cinecittà et ceux de De Laurentiis.

Abdoulaye Bah

Abdoulaye Bah

Comment as-tu découvert Global Voices et quel rapport y a-t-il entre GV et ton engagement parallèle de blogueur sur http://konakryexpress.wordpress.com ?

Un soir de décembre 2008, j'étais alors à la retraite, pour ne pas me disputer avec ma femme sur le choix du programme de télé, je me suis mis à chercher une activité bénévole sur Internet. Parmi les sites que j'ai visités, il y avait Global Voices. J'ai lu quelques posts et cela m'a plu. J'ai pris immédiatement contact avec Claire Ulrich, la responsable du groupe francophone, et j'y suis entré.

Je n'avais jamais eu aucune activité de blogueur auparavant. Je ne savais même pas ce qu'étaient ou signifiaient Facebook, Twitter, netcitoyen, médias citoyens, un blog, ou un post. Mon unique activité sur internet était le Forum de l'association des victimes de la dictature dans mon pays. Je suis devenu blogueur grâce à la patience de la responsable qui m'a aussi aidé à créer le blog Konakry Express [fr], né pour diffuser des informations sur les graves atteintes aux droits humains en Guinée lors des émeutes du 28 septembre 2009.

Quelle est la relation entre ton activité de blogueur et ton engagement politique avec le Parti Radical ?

J'ai vécu 1968 en Italie, j'ai suivi et participé à beaucoup de manifestations de jeunes : décolonisation de l’Afrique, lutte contre l'apartheid, dénonciation de la guerre au Vietnam, lutte contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis. Ces thèmes, sur lesquels le Parti Radical a été en première ligne en Italie, ne pouvaient que m'impliquer : de la lutte pour le droit à l'avortement, au divorce, jusqu'à celle contre la faim dans le monde. Dans les années 90, c'est encore grâce aux initiatives du Parti Radical qu'à eu lieu la création de la Cour Pénale Internationale, le débat pour un moratoire de la peine de mort au niveau mondial ou la mobilisation contre les mutilations génitales féminines.

Ma sensibilité aux droits humains est le fruit de l'expérience vécue dans mon pays et durant des missions pour la paix auxquelles j'ai participé, dans des pays où ces droits étaient violés, comme au Cambodge, en Haïti et au Rwanda. A travers mon activité de blogueur, je chercher à écrire ou à traduire des posts sur ces thèmes, qui me tiennent à cœur.

A ce propos, quelle est selon toi la situation en Guinée aujourd'hui ? 

En 2010, Alpha Condé, un intellectuel qui fut professeur de droit à la Sorbonne a été élu Président. Beaucoup de citoyens s'attendaient à ce que les choses s'améliorent, mais malheureusement, c'est le pire président que le pays ait eu jusqu'ici, pour les fractures que sa politique créé entre les ethnies. Des personnes accusées de crimes contre l'humanité figurent dans son gouvernement, pas seulement celles accusées par les ONG internationales et l'ONU, mais aussi par la justice guinéenne, et pourtant, elles restent aux mêmes postes à responsabilités qu'elles occupaient quand elles ont commis ces actes et elles ont même obtenu des promotions. Il aurait fallu organiser des élections quelques mois après la présidentielle, mais on ne parvient pas à trouver un terrain d'entente entre le gouvernement et l'opposition. Je ne suis pas optimiste pour le futur. [A ce sujet, lire cet interview d'Abdoulaye.]

PS: cet entretien se conclut sur une note amère. Voici quelques jours, Abdoulaye a été victime d'une agression raciste dans un restaurant italien de Nice. Lire ici [fr]  son témoignage. Nous savons par ailleurs qu'il compte s'adresser à SOS Racisme pour être assisté dans le dépôt d'une plainte. Le groupe italien lui témoigne toute sa solidarité. 

Des compagnies indiennes “accaparent”-elles des terres en Afrique ?

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[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Le débat n'est pas clos [fr] sur l'achat ou la location de terres par des sociétés ou Etats étrangers dans les pays d'Afrique : facteur de développement ou accaparement de terres [fr] pur et simple, qui déplace les populations locales et menace la sécurité alimentaire ?

Aman Sethi (@Amannama), le correspondant à Addis-Abeba de The Hindu, a écrit récemment sur l'engagement de groupes indiens en Ethiopie et au Mali, et il a pris part le 19 mai à une session de questions-réponses sur le sujet de ce qu'on a appelé des accaparements de terres par l'Inde dans les pays d'Afrique.

La question de Susanna Myrtle Lazarus était :

Quel est le but des accaparements de terre en Afrique ? Est-ce pour leur valeur immobilière ou seulement pour les ressources comme l'eau ou autres ?

Aman Sethi a noté que l'expression “accaparement de terres” est contestée :

Intéressante question : la question d'ensemble de “l'accaparement des terres” n'est toujours pas tranchée. L'ONU, par exemple, a produit un code de bonnes conduites sur l'investissement foncier. Les pays hôtes préfèrent louer les terres plutôt que de les vendre, il ne s'agit donc habituellement pas de valeur immobilière puisque la société locataire ne peut pas vendre la terre. Les investissements se font donc alors invariablement pour les ressources, qu'elles soient minières, forestières, ou pour le sol et l'eau en agriculture. La grande question est évidemment, est-ce que les pays hôtes reçoivent suffisamment en retour pour la location de la terre, et (souvent) le déplacement de la population ?

Sai Ramakrishna Karuturi, Managing Director of Karuturi Global Ltd., Gambella, Ethiopia. Photo by Flickr user Planète à vendre (CC BY-NC-ND 2.0).

Sai Ramakrishna Karuturi, Directeur exécutif de Karuturi Global Ltd., Gambella, Ethiopie. Photo sur Flickr de Planète à vendre (CC BY-NC-ND 2.0).

Jayakarthik Sabarathnam a demandé :

Ne pensez-vous pas que les problèmes de terres de l'Afrique résultent de la confusion sur la possession de la terre, qu'elle soit individuelle ou publique, puisque les individus sont demeurés sur des terres publiques en présumant qu'ils en sont les possesseurs, alors que l'Etat considère que la terre lui appartient ?

Sethi répond :

Je pense que ceci est le point central et crucial : dans au moins deux pays sur lesquels j'ai écrit, l'Ethiopie et le Mali, il y a une confusion importante sur les titres de propriété. En Ethiopie par exemple, toutes les terres sont propriété de l'Etat et sont louées aux particuliers et aux entreprises privées. Dans des endroits comme Gambella [fr], ainsi que je l'indique dans la deuxième partie de l'article, les communautés ont souvent des revendications collectives préexistantes sur la terre, qui ne sont pas reconnues par l'Etat. Ce qui crée un problème grave. Le gouvernement éthiopien est convaincu que le programme de Développement Communal, ou villagisation, va rationaliser l'utilisation de la terre en donnant des titres fonciers aux populations réinstallées dans ce cadre. Mais ceci induira, à l'évidence, une mutation radicale dans la façon dont la communauté conçoit la terre.

Roybath Mylaks a voulu savoir si l'investissement indien contribuait réellement à accroître les compétences locales :

Les sociétés indiennes contribuent-elles au renforcement des capacités des habitants ici ? Embauchent-elles localement ou font-elles venir des ouvriers de l'Inde ?

Réponse d'Aman Sethi :

Sur la main d'oeuvre : le gouvernement éthiopien dit très clairement vouloir que les compagnies forment la main d'oeuvre locale. L'année dernière, j'ai raconté dans un article comment les alcools Baron Ponty Chadha avaient présenté un plan d'installation d'agriculteurs du Pendjab en Ethiopie, qui a été retoqué par le gouvernement. La plupart des Etats autorisent les sociétés à importer des techniciens et cadres hautement qualifiés, mais veulent amener les compagnies à former des opérateurs de machines, etc.

La question de Samiksha Srivastava relevait du même ordre :

Ne pensez-vous pas que les sociétés à capitaux indiens accroît le développement ici ?

Sethi ne pensait pas qu'il y ait à cela de réponse simple, et a cité la très controversée compagnie indienne Karuturi Global, qui a encouru des critiques virulentes pour ses opérations en Ethiopie :

Je crois qu'un grand nombre de pays en développement en sont toujours à réfléchir à ce qu'est vraiment le développement pour eux – quelle voie suivre, quelles ressources allouer, quel devrait être le rôle respectif de l'Etat et du marché ? Vu ainsi, je pense que les sociétés indiennes sont devenues parties à ce débat en participant à ces économies en développement. Beaucoup sont mécontents en Ethiopie qu'une compagnie étrangère ait acquis de si grandes quantités de terres, tandis que d'autres croient que des entreprises comme Karuturi vont aider au commerce extérieur du pays. Le débat est donc largement ouvert en ce moment même.

Pranay Sinha a demandé :

Pensez-vous que l'Etat doit mettre en place des normes minimales pour les entreprises opérant à l'étranger de sorte que les locaux ne soient pas maltraités dans le cours de ces investissements, ou cela doit-il plutôt être un code de conduite auto-limitatif des entreprises ?

Avec là aussi l'exemple de Karuturi Global, Aman Sethi a répondu :

A mon avis, la plupart des Etats ont des cadres juridiques pour protéger les droits des communautés affectées par les projets, mais beaucoup (largement comme cela se passe en Inde) ne peuvent pas contrôler efficacement ces compagnies. Dans le cas de Karuturi par exemple, aucune loi n'a été enfreinte, mais il semble y avoir un problème structurel dans la manière dont le projet a été conçu. Je pense donc qu'il faut probablement réfléchir au-delà d'un régime juridique et commencer peut-être à nous efforcer de comprendre le mieux possibles ces processus. Il est facile de clore la discussion en parlant d’ “accaparement néo-colonial de terres”, mais loin d'aider à notre compréhension du monde, cela restreint l'engagement parce que cela termine effectivement tout examen.

Un blogueur tchadien détenu sans procès

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Billet d'origine publié le 9 avril 2013. A ce jour, ce blogueur est toujours emprisonné.

Internet Sans Frontières [en anglais, comme tous les liens de ce billet] rapporte que Jean Laokolé, un auteur et blogueur tchadien, a été arrêté par les forces de sécurité à N'Djamena, la capitale du pays, le 22 mars dernier. Dans une pétition mise en ligne le 9 avril, l'association qui promeut et défend la liberté d'expression sur Internet écrit : ” [Jean-Etienne Laokolé] a été arrêté par un groupe d'hommes en civil alors qu'il était en voiture avec sa famille.” La pétition appelle à la libération “immédiate et sans condition du blogueur.”
Jean-Etienne Laokolé écrit sous pseudonyme sur l'un des blogs tchadiens les plus populaires. Depuis son arrestation, il est détenu au secret sans procès, explique Julie Owono, du bureau Afrique d'Internet sans l'Afrique. Elle écrit :

Jean-Etienne Laokolé a contribué l'an dernier sous un nom d'emprunt au fameux blog tchadien http://makaila.over-blog.com/. Ses articles dénoncent la corruption, la mauvaise gouvernance et le népotisme qui règnent dans ce pays situé en Afrique centrale. Il a été identifié par les services de renseignement.

Jean Laokolé (image courtesy Internet Without Borders)

Jean Laokolé (Avec l'autorisation d'Internet sans Frontières)

Jean-Etienne Laokolé a été vu pour la dernière fois le 25 mars près du camp militaire d'Amsinene. Des militants locaux des droits humains ont déclaré à Internet sans frontières que le camp est connu pour abriter des prisonniers politiques. En 2012, Amnesty International a recensé [PDF] les violations systématiques des droits humains à Amsinene. Selon Amnesty International, Jean-Etienne Laokolé vient d'une famille politiquement active qui, dans le passé, a été prise pour cible par les autorités. Son père, Jean-Baptiste Laokolé, est un des chefs de file de l'opposition politique et co-préside une coalition de partis politiques d'opposition. Concernant le motif probable de l'arrestation de Jean-Etienne Laokolé, Internet sans frontières écrit :

Selon diverses sources, y compris des membres de sa famille, la police a convoqué Jean-Etienne Laokolé … pour un article publié sur un blog. Il était soupçonné de porter de “fausses accusations” contre un groupe de personnes qui ont [auraient] porté plainte contre lui. Les négociations en vue d'un compromis étaient en cours entre toutes les personnes impliquées : elles ont finalement convenu que Jean-Etienne Laokolé écrirait des excuses sur ce blog et enverrait également une lettre d'excuses aux personnes susceptibles d'avoir été blessé par son billet. Il avait prévu de le faire le samedi 23 Mars. [il est toujours en prison le 20 mai, date de la traduction de cet article].


Bahreïn emprisonne six utilisateurs de Twitter pour avoir insulté le roi

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Six utilisateurs de Twitter ont été condamnés à un an de prison chacun par un tribunal du Bahreïn le 15 mai pour avoir prétendument insulté le Roi Hamad bin Isa Al Khalifa sur le site de micro-blogging.

Selon l'agence d'informations officielle du gouvernement au Bahreïn, les “six suspects” ont été reconnus coupables de cinq chefs d'inculpation différents “en lien avec l'abus de la liberté d'expression et diffamant Sa Majesté le roi sur Twitter.” Elle a ajouté que ces six personnes ont été “accusées de faire publiquement mauvais usage des libertés d'expression et d'opinion et ont été placés en détention provisoire dans l'attente de leur procès.”

King Hamad Bin Isa Al-Khalifa of Bahrain with US Deputy Secretary of Defense Gordon England. Released to the public domain.

Le Roi Hamad Bin Isa Al-Khalifa de Bahreïn avec le Secrétaire américain à la Défense Gordon England. Photo domaine public.

D'après l'Association de presse du Bahreïn établie à Londres [ar]:

المحكمون بالسجن في بتهمة إهانة الملك في هم: المحامي مهدي البصري، محمود طارش، محسن عبدعلي، حسن عبدعلي، حسن عبدعلي، عمار مكي.

@BahrainPA: Ces condamnés accusés d'insulte au roi sur Twitter sont : l'avocat Mahdi Al Basri, Mahmood Taresh, Mohsin Abdali, Hassan Abdali, Hassan Abdali et Ammar Makki.

Le nom Hassan Abdali apparaît deux fois et Global Voicesn'a pas la possibilité de vérifier s'il s'agit de deux personnes différentes ou d'une erreur. Une autre question de Global Voices est restée sans réponse au moment de l'écriture de ce billet.

L'association ajoutait :

@BahrainPA: BPA: considérons ces condamnations comme des peines injustes [unfair provision] qui violent le droit à la liberté d'expression

Dans le même temps, la Société des jeunes pour les droits de l'homme au Bahreïn d annonçait aussi que cinq utilisateurs de Twitter avaient été condamnés à un an de prison – et appelait à leur libération immédiate :

La Société des jeunes pour les droits de l'homme au Bahreïn (BYSHR) demande :

  1. la libération immédiate de ceux qui ont été arrêtés, au nom de la liberté d'opinion et d'expression et d'abandonner toutes les charges retenues contre eux ;
  2. de mettre fin aux restrictions contre les média sociaux au Bahreïn ;
  3. de protéger la libre circulation d'informations sur l'Internet et ne pas le censurer.

La condamnation a déclenché des critiques en ligne.

Freedom Prayers voit les condamnations comme une menace pour réduire au silence d'autres opposants :

@FreedomPrayers: L'an dernier, des utilisateurs de Twitter ont été condamnés à 6 mois. Cette année, les enchères sont montées à 1an. Si seulement les autres ne l'avaient pas fermée, la prochaine fois ce sera 5 ans. #Bahrein

Depuis Cambridge, au Royaume-Uni, l'auteur Toby Matthiesen publie ce tweet  :

@TobyMatthiesen: le tribunal du Bahreïn emprisonne 6 twittos pendant un an pour avoir “insulté” le Roi. Un signe supplémentaire que GCC essaie de limiter la portée de Twitter

Et le chercheur Marc Owen Jones lance un défi  :

@marcowenjones: Ils ne pourraient pas arrêter tout le monde s'ils insultaient tous le roi sur Twitter. Ou ils pourraient…?  #Bahrein

L'Armée indienne se met aux réseaux sociaux

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Prasant Naidu [en anglais] du blog Lighthouse Insights signale qu'après des débuts prometteurs sur Twitter, l'armée indienne s'est récemment inscrite sur Facebook. C'est une décision à signaler alors même que l'an dernier, elle avait donné l'ordre à ses hommes — officiers comme rangs inférieurs — d'arrêter d'utiliser les réseaux sociaux, tels que Facebook ou Orkut.

Notre e-book “L'Europe en crise”

Sept sujets dont il ne faut pas parler en Chine

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Sauf indication contraire, les liens dirigent sur des pages en anglais.

Sur son microblog Sina Weibo (l'équivalent de Twitter), un important professeur de droit chinois à récemment révélé que le gouvernement chinois imposait aux professeurs d'université de ne pas traiter sept sujets, dont la liberté de la presse, les erreurs passées du parti communiste et les droits des citoyens.

Dans un article du 10 mai 2013, Zhang Xuezhong (張雪忠), qui enseigne à l'Université de droit et sciences politiques de l'est de la Chine, fait la liste des sujets tabou : valeurs universelles, société civile, droits des citoyens, indépendance judiciaire, liberté de la presse, erreurs passées du parti communiste et privilèges de la classe capitaliste.

Le compte Weibo de Zhang a rapidement été fermé et le terme “Seven Speak-Nots” (les sept sujets dont on ne parle pas) (七不講) a été bloqué sur les principaux médias sociaux en Chine.

Seven Speak-Nots, image from "Silly Talks" public timeline from Google Plus.

Sept sujets dont on ne parle pas, photo du profil public “Silly Talks” sur Google Plus.

De plus, on a appris plus tard par un mémopublié par le Secrétariat Général du Comité Central du Parti Communiste Chinois le 13 mai 2013 “A propos de la situation dans la sphère idéologique” (《關於當前意識形態領域情況的通報》) que la politique des “sept sujets dont on ne parle pas” s'inscrit dans une politique de censure de l'opinion publique en ligne.  La dernière série de mesures du gouvernement pour resserrer son contrôle sur les discours et l'idéologie s'est soldée par la fermeture ou la suspension des compte de microblogs d'intellectuels libéraux importants et le harcèlement politique des défenseurs des droits.

Bien que toutes les discussions sur les “sept sujets dont on ne parle pas” aient été supprimées, “Silly Talks” (Conversations absurdes) (胡言兌)a réuni [zh-chinois] et récupéré quelques uns des articles censurés sur les médias sociaux pour les publier sur Google Plus :

@Stariver:七不讲也没啥阿。不讲普世价值可以讲专制罪恶,不讲新闻自由可以讲道路以目,不讲公民社会可以讲太平天国,不讲公民权利可以讲屁民遭遇,不讲党的历史错误可以讲假的历史功绩,不讲权贵资产阶级可以讲红二代,不讲司法独立可以讲司法黑幕。

@Stariver: Rien de particulier à propos des “sept sujets dont on ne parle pas”. Il ne faut pas parler des valeurs universelles, mais parlons des méfaits de l'autoritarisme. Si nous ne pouvons pas parler de la liberté de la presse, nous pouvons parler de communication par le regard [une vieille histoire chinoise sur la liberté d'expression sous le régime autoritaire]. Si  nous ne pouvons parler de la société civile, nous pouvons parler du Royaume Céleste de la Grande Paix [fr-français]. Pour ne pas parler des droits des citoyens nous pouvons parler de l'expérience des citoyens de m… [citoyens privés de leurs droits, fait référence à une blague chinoise -citizen, netizen, shitizen]. Nous ne critiquons pas les erreurs du Parti Communiste Chinois, mais nous pouvons parler d'imposture de l'histoire. Si nous ne pouvons pas parler de la “classe capitaliste privilégiée”, alors parlons de la “seconde génération de rouges”. Si l'indépendance judiciaire est interdite, nous parlons de tous les secrets les plus sombres de notre système judiciaire.

@余喷:五不搞了才惊叫?七不讲了才哗然?我觉得都涉嫌程度不同的装外宾了。早在枪响之后,就该断绝最后一丝的幻想了。枪响是迟钝划线。此后的所有卖萌动作,最多具有策略性的价值。而策略性的东东,难免欺庙堂不着而惑江湖良多。

@Yu Pen : Comment en est-on venu à parler haut et fort des Cinq choses à ne pas faire [ce sont : ne pas faire un système où les partis gouvernent à tour de rôle; ne pas diversifier les lignes idéologiques ; ne pas "séparer les trois pouvoirs" et créer un système à deux chambres; ne pas fédéraliser ; ne pas privatiser] et s'étonner des “sept sujets dont on ne parle pas” ? Ne dites pas que vous ne saviez pas. Quand les armes sont utilisées nous ne devrions plus avoir d'illusions. Quand les armes sont utilisées il est déjà trop tard pour fixer la limite. Après l'incident toutes les actions sont des stratégies qui visent à tromper le monde.

@songshinan:#说出党的潜台词#普世价值不要讲,要讲中国特色;新闻自由不要讲,要讲党管媒体不变;公民社会不要讲,要讲社会管理创新;公民权利不要讲,要讲和谐社会;党的历史错误不要讲,要高举毛邓旗帜;权贵资产阶级不要讲,要讲中国梦;司法独立不要讲,要讲政法委办案。

@songshinan : #Spell out the party's hidden agenda# (Récitez les sous-entendus du programme du parti) Ne parlez pas de valeurs universelles, parlez de la personnalité chinoise; ne parlez pas de la liberté de la presse, parlez de la permanence des médias officiels; ne parlez pas de la société civile, parlez des innovations du management social; ne parlez pas des droits des citoyens, parlez de la société harmonieuse; ne parlez pas des erreurs historiques du parti communiste, souteniez l'idéologie de Mao et Deng ; ne parlez pas de la classe capitaliste privilégiée, parlez du rêve chinois ; ne parlez pas de l'indépendance judiciaire, le comité juridique du parti traitera toutes les affaires.

Certains blogueurs chinois ont migré sur Google Plus pour poursuivre la discussion. Voici les commentaires spontanés publiés dans un article sur la politique par un blogueur bien connu Wen YunChao.

@agan G: 笑话,现在的年轻人早已不属于那个年代,还TM想洗脑!

@agan: C'est une plaisanterie. Les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas comme les anciens, le foutu lavage de cerveau ne prend pas avec eux.

@Loby Liang: 唉!他们总结的比我们总结得还好呢!就应该讲这7件事。

@Loby Liang: Bon… leurs conclusions sont meilleures que les nôtres! Ce sont les sujets dont il faut parler.

@Star Dung: 要培养彻底的奴隶

@Star Dung: Ils veulent élever des esclaves obéissants.

@Jack ANNA: 我看到了中国共产党发自内心的恐惧。

@Jack ANNA: je reconnais la peur enfouie au plus profond du parti communiste.

@沈宏星 哈哈,习近平的尾巴露出来啦。和薄一个样

@Shen Hongxing: Haha, [le President] Xi Jinping s'est dévoilé. Il est exactement comme Bo Xilai [Bo est un ancien dirigeant du Parti Communiste Chinois qui a soutenu l'idéologie Maoiste].

@李冠阳 我们今天上历史课老师也说这个了,我们老师说教学内容要与国际接轨,价值观不能接轨

@Li Guanyang : notre professeur d'histoire nous en a parlé aujourd'hui. Notre professeur dit que le contenu du cours doit être aligné sur la société internationale mais que nos valeurs ne le peuvent pas.

“Conte hors les murs” (@墙外仙 a republié [zh-chinois] l'article de Zhang Xuezhong sur un microblog Sina pour contourner la censure :

如果一个国家总是顽固地拒绝人类社会通行的普世价值,并且迟迟不肯建立以自由、民主和法治为基础的宪政制度,那绝不是因为这个国家有什么特殊的国情,而是因为这个国家有一个特殊的政府:这个政府本身极其败坏和不得人心,以至于根本无法通过公正的法律和诚实的手段,来维持自己的存续!

Si un pays s'obstine à résister aux valeurs universelles partagées par le reste du monde et refuse d'adopter une constitution  basée sur la liberté, la démocratie et l'état de droit, ce n'est pas à cause des caractéristiques spécifiques du pays, mais à cause des caractéristiques de son gouvernement: un gouvernement corrompu qui n'est pas soutenu par son peuple et qui n'est pas capable de mettre en place un système législatif basé sur la justice et l'honnêteté.

La Mauritanie, vue par une artiste portugaise

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L'artiste portugaise Isabel Fiadeiro (@Isabelfiadeiro) vit à Nouakchott, en Mauritanie, où elle peint et tient une galerie d'art. Isabel Fiadeiro réalise aussi des croquis sur le vif.  Son blog, Sketching in Mauritania, expose ses dessins de la vie quotidienne dans ce pays d'Afrique de l'ouest.

Global Voices s'est entretenu avec Isabel Fiadeiro pour évoquer ses œuvres. Elle explique pourquoi ses  dessins lui ont permis de découvrir la Mauritanie.

Global Voices (GV): D'ou êtes-vous originaire ? Depuis combien de temps vivez-vous en Mauritanie et pourquoi y vivez-vous, pour commencer ? 

Isabel Fiadeiro (IF): Mon père est portugais et ma mère, espagnole. J'ai grandi au Portugal et je me sens portugaise. J'ai vécu aussi en Angleterre pendant presque 15 ans (par intermittences). En fait, j'ai quitté Londres en mars 2003 pour rentrer au Portugal et m'y installer. J'avais achevé ma licence d'Art à l'Ecole des beaux arts de Wimbledon en 2000 et cessé de peindre pendant les 3 années qui ont suivi, donc, j'ai décidé qu'il était temps de partir.

En novembre 2003, avec un ami portugais, nous avons décidé d'aller en Guinée-Bissau en Renault 4L. La voiture est tombée en panne dans le Parc National du Banc d'Arguin sur le littoral de la Mauritanie. Mon ami est resté à Nouakchott et je suis partie avec un groupe de Français découvrir la région d’Adrar.

On a pris des routes perdues dans le désert, en s’arrêtant de temps à autres dans des petits villages pour acheter du pain ou réparer les pneus. J'avais un carnet de croquis avec moi et pour la première fois, j'ai commencé à faire des croquis sur le vif. C’était la curiosité, pour en savoir plus sur les gens qui vivaient au milieu de ces vastes espaces vides qui m'a fait revenir en janvier 2004. Puis en septembre 2004 j'ai déménagé à  Nouakchott et j'y suis toujours.

Diallo et Mamadou, tailors in Nouakchott. Sketch by Isabel Fiadeiro.

Diallo et Mamadou, tailleurs à  Nouakchott. Dessin Isabel Fiadeiro.

GV : En quoi faire des croquis vous aide à comprendre un lieu ? 

IF: Dessiner, et l'observation que cela nécessite, vous fait voir le monde de façon différente. Vous ralentissez, vous regardez et vous découvrez des choses. Pour moi, cet acte de dessiner est aussi une sorte de travail de mémoire et d'interrogation.

Les gens autour viennent voir ce que vous faites, donc, ça marche dans les deux sens. Vous sauvegardez ce qui a attiré votre attention et par cette action, la communication devient possible, même si vous ne parlez pas la même langue.

Police at demonstration, Nouakchott. Sketch by Isabel Fiadeiro.

Policiers durant une manifestation,  Nouakchott. Dessin Isabel Fiadeiro.

Pendant des années, j'ai passé un mois dans un village isolé, je logeais chez une famille du coin, je dessinais leur vie quotidienne. J'ai fait ça dans deux villages de pêcheurs sur le Banc d'Arguin, mais aussi à Oualata, Goungel et Ouadane. Mon dernier long séjour était à Tindouf, dans les camps de réfugié du Sahara occidental où je suis allée dessiner les femmes et leur travail dans les champs. Tous ces gens sont devenus des amis, nous échangeons toujours des mails et des coups de téléphone et on se voit s'il leur arrive de venir à Nouakchott.

Dans chaque coin, aussi, j'ai découvert un nouveau vocabulaire, qui a trait à la mer ou à la terre ou au bétail, ou à la révolution.

Griots at the Fondation Malouma. Sketch by Isabel Fiadeiro.

Griots à la fondation Malouma. Dessin Isabel Fiadeiro.

GV : Vous faites aussi partie de la communauté en ligne Urban Sketchers. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur eux ?

IF: Urban Sketchers est une organisation internationale sans but lucratif qui encourage à dessiner sur le vif et peindre en extérieur. Je suis l'une des 100 correspondants invités à contribuer depuis le monde entier. Notre but est d'encourager d'autres personnes à faire des croquis tous les jours, de façon à améliorer leurs capacités techniques et d'observation.

Je les ai découverts en 2008, et cela a été une grande découverte parce que jusque là, j'étais isolée ; rencontrer cette communauté m'a soudain donné envie de “croquer” plus, et mieux. Le fondateur de Urban Sketchers, Gabi Campanario, fait des sketchs à la manière d'un reportage ; son travail est publié dans le Seattle Times. Cette approche du dessin m'a profondément influencée.

Discussing The Great Gatsby at a reading club. Sketch by Isabel Fiadeiro.

Débat sur “Gatsby le magnifique” dans un club de lecture.  Dessin Isabel Fiadeiro.

J'ai participé à certains symposiums de Urban Sketchers. Le prochain aura lieu à Barcelone. Nous avons maintenant un autre correspondant de Mauritanie, Oumar Ball, qui a commencé à dessiner sur le vif il y a quelques années et publie son travail sur Flickr. Cette année, j'aimerais faire des conférences et ateliers pour encourager d'autres personnes en Mauritanie à dessiner ce qu'ils voient. Citymag, un magazine gratuit distribué chaque mois à Nouakchott, a commencé a publier mes dessins. Peut-être que cela poussera davantage de gens à prendre un crayon ou un stylo et à commencer à dessiner.

Le Kirghizistan a-t-il besoin de l'Union Douanière russe ?

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Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais.

Les polémiques qui tournent autour de la candidature potentielle du Kirghizistan à l'Union douanière [fr-français] qui regroupe la Biélorussie, la Russie et le Kazakhstan, ne sont par nouvelles. L'union est née en juillet 2011 et a pour objet de rassembler ses membres dans une zone économique commune et de créer une plateforme hors taxe pour le commerce de la région.

C'est la Russie qui est à l'origine de l'Union Douanière, et le projet fait partie intégrante de l’Union Eurasiatique [fr-français], projet géopolitique présenté par le Président Russe Vladimir Poutine lors de sa campagne électorale de 2011. Mais tandis que les états autoritaires du Kazakhstan et de la Biélorussie se sont faufilés en douce, la candidature potentielle du Kirghizistan reste un sujet d'âpres discussions.

Jusqu'à présent, les fonctionnaires du gouvernement n'ont cessé de dire que le Kirghizistan était volontaire et prêt à rejoindre l'union.

Customs Union censor net ua

'28 jours après l'entrée dans l'Union Douanière', un “démotivateur” qui est devenu viral, avec l'autorisation de censor.net.ua, un site ukrainien. L'Ukraine réfléchit elle aussi à son entrée dans l'union. Traduction du titre: “Bienvenue à l'Union Douanière avec la Russie!”

Les partisans de l'entrée dans l'union pensent que l'Union Douanière est  nécessaire au développement économique, que c'est une chance unique pour les hommes d'affaires locaux d'exporter en Russie et d'encourager la productivité intérieure.

Par contre, pour ceux qui n'ont pas les yeux rivés sur la Russie, la candidature à l'Union Douanière provoquerait une perte énorme, car, le Kirghizistan et la Chine étant tous deux membres de l'Organisation Mondiale du Commerce, les importations chinoises connaîtraient une flambée des prix.

Au Kirghizistan, beaucoup pensent que “quand on n'a rien on n'a rien à perdre”. Mirlan, qui intervient en russe sur le site Vecherni Bishkek met en avant [ru-russe] la faible économie, principalement agricole:

У нас так и так ничего нету, нам нечего терять, а вот пользы можно найти при вступлении в ТС.

Nous n'avons pas grand-chose, nous n'avons rien à perdre, mais en adhérant à l'Union Douanière, nous avons tout à gagner.

A la suite de ce même article, qui illustre les difficultés du voisin du nord du Kirghizistan, le Kazakhstan, qui tarde probablement à voir les bénéfices de sa candidature à l'Union Douanière, les appréciations sont plus positives. Un autre lecteur, agriculteur d'Issyk-Kul confirme [ru-russe]:

У России – газ, у Казахстан – нефть, а у Кыргызстана – ничего. Так что вместе мы сила ))

La Russie a le gaz, le Kazakhstan a le pétrole et le Kirghizistan n'a rien. Ensemble nous sommes forts!

Mais ces appréciations ne tiennent pas compte du fait que l'économie du pays reste extrêmement dépendante des biens de consommation chinois. Les taxes prélevées sur ces biens sont en général d'environ 5%. Elles pourraient être doublées avec l'entrée dans l'Union Douanière. La Chine, en tant que membre de l'Organisation Mondiale du Commerce pourrait demander une compensation:

Comme le fait remarquer @m_asanaly sur Twitter [ru-russe] lors de Kloop Live Debates [ru-russe], une émission de débats en direct sur la plateforme de medias citoyens Kloop.kg:

Кыргызстан зависит от настроения Китая.

Le Kirghizistan dépend de l'humeur de la Chine.

Les opposants pensent que l'Union Douanière va ruiner l'économie du Kirghizistan. grâce à son adhésion à l’OMC [fr-français] depuis 1998 le Kirghizistan s'est constitué une source de revenus importante en ré-exportant les marchandises chinoises vers le Kazakhstan et l’Ouzbékistan voisins grâce au plus grand marché d'Asie Centrale – Dordoi. A lui seul le marché, de Dordoi rapporte plus de 400 millions de $ par an, soit 20% du PIB du pays. Une hausse des taxes sur les importations rendrait ce commerce insignifiant, supprimerait le travail des commerçants et Dordoi perdrait son essor.

Mais le Kirghizistan, petit pays enclavé, est face au choix d'Hobson: soit il décide de se débarrasser de la dépendance des importations chinoises bon marché qui étouffe sa production intérieure, soit il accepte les augmentations de prix et la domination russe.

Comme le dit [ru-russe] ‘Idiocy':

Вообще с нашими правителями лучше стать федерацией РФ. или районом КНР

Avec les législateurs que nous avons il serait préférable de devenir une fédération russe ou une région chinoise.

Le 14 mai, l'émission Kloop Live Debate sur le problème de l'entrée dans l'Union Douanière, émission qui fait partie d'une série de débats organisés par Kloop media pour traiter des problèmes controversés dans le pays, a opposé Sabyrbek Zheentaev à Borubek Kudayarov. Zheentaev, qui est favorable à [ru-russe] l'entrée du Kirghizistan dans l'union, dit que l'état devrait prendre la responsabilité de développer sa propre industrie :

Le Kirghizistan n'aura jamais accès au marché du commerce global s'il persiste à revendre des voiture chinoises. Même nos enfants continueront à vende des voitures chinoises et se trouveront face aux mêmes problèmes que les nôtres. Il faut que cela cesse.

 

Kudayarov, qui insiste sur l'importance des relations économiques du Kirghizistan avec la Chine, répond [ru-russe]:

La Russie ne s'intéressera toujours qu'à son propre marché, elle ne prendra jamais en compte les intérêts du Kazakhstan, de la Biélorussie et du Kirghizistan. Même le montant des taxes est fixé par la Russie. L'économie du Kirghizistan mourra sans le commerce avec la Chine!

 

Les abonnés des médias sociaux qui ont suivi le débat en direct ont partagé leurs opinions en utilisant le mot-clic #kloopdebates.

@AJamilya tweete [ru-russe] :

 Всё будет зависеть от интересов РФ 

Tout va dépendre des intérêts de la Russie.

Alors que @Azat25 dit [ru-russe]

В случае не вступления в Таможенный союз, инфляция будет каждым годом только расти 

Si le Kirghizistan ne rejoint pas l'Union Douanière, nous allons connaître une inflation croissante chaque année.

Il est clair que l'entrée dans l'Union Douanière est un sujet qui divise et les agricullteurs, les producteurs d'alcool, les commerçants qui revendent les produits chinois et les internautes ordinaires ne sont pas d'accord sur les mesures économiques à prendre. Mais comme le note [ru-russe] l'économiste kazakh Mukhtar Taizhan, contrairement à la Biélorussie et au Kazakhstan, le régime politique relativement libéral du pays nous donne au moins l'avantage de pouvoir discuter du sujet. Le peulple espère seulement que le gouvernement tiendra compte des discussions.

Ce billet fait partie du projet Global Voices en Asie Centrale, à l'Université Américaine d'Asie Centrale de Bishkek, Kirghiztan.

Une manifestation inhabituelle, suite à la mort suspecte d'une jeune femme à Pékin

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Le 8 mai 2013 à Pékin, des milliers de personnes sont descendues dans les rues suite à la mort suspecte de Yuan Liya, une jeune femme travailleur immigrée. Actuellement, on ne trouve en Chine aucune information relative à ce décès sur la toile.

Le corps de la jeune femme de 22 ans a été retrouvé au sol le 3 mai autour de minuit à l'extérieur du centre commercial Wenjing. Yuan était à Pékin pour trouver du travail afin de soutenir sa famille basée à l'Anhui. Son petit-ami et sa mère ont tous deux demandé à la police de Pékin l'enregistrement de la caméra de surveillance.
Mais la police de Pékin affirme qu'il s'agit d'un cas de suicide et refuse donc d'ouvrir une enquête.

Parmi les milliers de manifestants descendus dans la rue, la plupart étaient des travailleurs immigrés originaires de la province d'Anhui.

Vidéo tournée par un particulier de la manifestation

Un message intitulé « La mystérieuse mort d'une femme à Pékin » a circulé sur les forums en ligne le 7 mai mais a rapidement été supprimé par les censeurs d'Internet. Selon House News [chinois, zh], un journal de Hong Kong, le message racontait que Yuan était dans une pièce avec de nombreux hommes avant qu'on ne retrouve son corps à l'extérieur du centre commercial sur la chaussée en contrebas de la pièce. La majorité des messages d'origine ont été supprimés. Voici la version cachée d'une discussion en lien avec le message d'origine sur Baidu [zh], un forum en ligne :

Yuan Liya. Via House News. Non-commercial use.

Yuan Liya. Via House News.   Usage non-commercial.

« Poisson hors de l'eau » : La rumeur dit que les coupables sont les agents de sécurité. Certains se sont enfuis et l'un d'entre eux s'est rendu à la police. Mais la police pourrait avoir été soudoyée et aucun journaliste ne suit actuellement l'affaire. Ils ont peur d'une possible vengeance… La vérité devrait bientôt éclater au grand jour.

« J'ai hâte qu'on soit au printemps » : Quand la vie humaine sera t-elle considérée comme il se doit ? Une vie ne vaut-elle rien si elle n'appartient pas à une personne riche et puissante ?

« Soleil 67799 » : Nous devons découvrir tous les faits. Selon la description présente dans le message, même si la fille a elle-même sauté de cette fenêtre, elle a été assassinée (parce qu'elle tentait de fuir le viol).

« Mots puissants » : [Ils] devraient révéler les noms des hommes présents dans la pièce. Je pense que les netcitoyens pourront découvrir cette vérité.

« Honte à vous » : La fille est morte et vous cherchez toujours à couvrir la vérité. Dans quel monde vivons-nous ? Nous vivons dans le monde du roman Les Misérables.

 

Face à la contestation, la police de Pékin a expliqué le déroulement de l'enquête sur Sina Weibo [zh] :

Selon l'enquête, les entretiens et le visionnage de la vidéo de surveillance, la personne (Yuan) est entrée seule le 2 mai dans le centre commercial et sa chute a eu lieu autour de 5 heures du matin le jour suivant. Rien ne vient prouver qu'elle a été en contact avec les autres. Il n'y a rien de suspect quant à l'endroit où elle est morte et quant au corps.
Actuellement, la police continue son travail.

 

Mais la mise au point de la police ne lui a pas permis de regagner la confiance. Les micro-blogueurs ont soulevé de nombreuses questions dans la section réservée aux commentaires [zh] :

« Winxutu » : Si la rumeur dit vrai, derrière ce centre commercial, il y a un réseau de personnes puissantes, et si en tant qu'instrument du gouvernement vous êtes effrayé par de telles connections, qui donc est assez puissant pour atteindre la police ? C'est quoi cette m** !

« Construire une scène » : La rumeur dit que la fille a été violée par cinq agents de sécurité. La police a stoppé l'enquête parce que la personne derrière Wenjing a des relations très haut placées. Le corps a été incinéré sans enquête. Le petit ami de la victime a demandé les enregistrements des vidéos de surveillance à la police ; la police lui a répondu qu'il n'était pas un parent direct. La mère a demandé les enregistrements ; ils lui ont dit qu'il n'y aura pas d'enquête car c'était un suicide. Un incident tellement grave et pas un seul média pour relayer l'information. Les micro-blogs chinois ont filtré tous les mots clés en lien avec l'affaire.

Tellement de corruption !

Et maintenant que des centaines de personnes manifestent, vous envoyez les hélicoptères.

« Virginité perdue » : Rien de suspect ? Huit points sont suspects. Premièrement : aucun signe et aucune raison pour motiver son suicide. Selon ses amis, elle avait l'air normal lorsqu'elle est partie au centre commercial le 2 mai, et le message qu'elle a envoyé à son petit ami autour de 13 heures était normal. Sa relation avec son petit ami était stable. Elle n'avait aucune raison de se suicider.
Deuxièmement : Pourquoi est-elle restée dans le centre commercial Weinjing une nuit entière avant de sauter ?

« You Yizhizhu » : Quelques questions :
1. Pour sa famille, il est évident qu'elle a été violée et tuée ; pour la police, elle n'a été en contact avec personne.
2. La police a dit qu'il y avait les enregistrements des caméras de surveillance comme preuve. Comment se fait-il que la famille n'ait pas accès aux vidéos ?
3. S'il n'y a rien de suspect, pourquoi tant de personnes sont descendues dans la rue et pourquoi envoyer la police armée et les hélicoptères sur les lieux de la manifestation ?
4. Pourquoi toutes les discussions en ligne ont-elles été supprimées et censurées ?

« Ashenyi » : Révélez toutes les informations et vous gagnerez ainsi la confiance des gens !

« Youyouziluo » : Solutions :

1. Montrez les images de vidéo-surveillance sur différents médias et à la famille de la victime.

2. Laissez la famille et les médias suivre l'autopsie.

3. Aucune conclusion ne devra être donnée avant l'écriture de tous les rapports. Les déclarations qui ont pour but d'apaiser la foule ne font qu'accentuer la colère.

« 120TC » : Si c'est un suicide, pourquoi censurer et bloquer toutes les informations et les discussions ?

 

Ce matin, la police de Pékin a publié un autre communiqué officiel qui affirme que toutes les preuves viennent confirmer que la cause du décès de Yuan est sa chute de l'immeuble. La famille n'a pas contesté ce rapport. Toutefois, les « citoyens du net » ont rapidement pointé l'étrange formulation du communiqué :

« Chen Ming » : « Mort causée par une chute d'une hauteur importante ». Est-ce un terme juridique ou du jargon d'enquête criminelle ? Qu'est-ce que cela signifie exactement ? Y-a-t-il une loi ou un document de référence que nous pourrions consulter ?

 


Cambodge : BarCamp Battambang 2013

Perruques, lunettes noires et boussole : la panoplie d'espion américain qui fait rire les Russes

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(Billet d'origine publié le 18 mai)

La guerre froide a beau s'être achevée il y a plus de vingt ans, ce n'est un secret pour personne que les USA et la Russie continuent à s'espionner mutuellement. La mise au jour d'un réseau d'espionnage russe aux Etats-Unis il y a trois ans a prouvé que pour le SVR (le Service des Renseignements extérieurs de la Fédération de Russie, l'équivalent russe de la CIA américaine), les vieilles habitudes se perdent difficilement. La semaine dernière a montré qu'il en est de même pour la CIA, lorsque mardi 14 mai 2013, le FSB (le service de sécurité intérieure de la Russie) a annoncé l'arrestation de Ryan Christopher Fogle, troisième secrétaire à l'ambassade des USA à Moscou, pour tentative de recrutement d'espions parmi des citoyens russes. Fogle aurait écrit des lettres et passé des appels téléphoniques à des agents potentiels, leur proposant jusqu'à un million de dollars pour leurs services. Le Département d'Etat américain a refusé [anglais] d'indiquer publiquement pour quelle agence gouvernementale travaille Fogle et de commenter les allégations d'espionnage.

L'arrestation de Fogle a  été filmée par le FSB et montrée à la télévision russe. Sur la vidéo [en russe], on voit Fogle avec une improbable perruque blonde et une casquette de base-ball, qui lui sont ôtées par un agent du FSB avant qu'il soit embarqué de force dans une voiture qui attendait. La “panoplie d'espion” de Fogle (composée de deux perruques, de lunettes noires, d'une boussole, d'un téléphone Nokia bas de gamme, d'un atlas des rues de Moscou, d'un couteau suisse et de plusieurs enveloppes de billets de 500 euros) est ensuite déployée devant les caméras. Plus loin, Fogle et ce qui semble être trois de ses collègues de l'ambassade reçoivent une robe de chambre d'un agent du FSB flouté. Dans un style rappelant étrangement celui d'un directeur d'école réprimandant des élèves indisciplinés, l'agent se dit abasourdi et déçu par les tentatives de Fogle pour recruter des citoyens russes, au moment même de la récente et étroite coopération de la Russie avec les agences de renseignement américaines dans la foulée des attentats du marathon de Bosto.

L'affaire a catapulté le monde glauque du contre-espionnage sous les projecteurs de la blogosphère russe, qui s'est délectée à en disséquer les détails. Au départ, beaucoup ont été déconcertés par l'attirail d'espion de Fogle, qui semblait tout droit sorti d'un des premiers James Bond.

Best_JS [russe] a ironisé sur Twitter :

Парики,черные очки и особенно–компас в Москве.Не хватает только секстанта и астролябии.ЦРУ оснащает своих агентов в магазине 99 центов?

Des perruques, des lunettes noires et surtout, une boussole à Moscou. Il ne lui manque que le sextant et l'astrolabe. la CIA équipe ses agents dans un magasins à 99 cents ?

L'utilisateur de Twitter Timque [russe] a lui aussi trouvé Fogle peu futé pour un espion.

Если наша контрразведка способна ловить только шпионов с чуть ли не надписью «ШПИОН» на лбу. То из меня бы вышел отличный агент ЦРУ!

Si notre contre-espionnage n'attrape que les espions avec “ESPION” écrit sur le front, je pourrais faire un excellent agent de la CIA !

Fogle's alleged spy-kit generated interest for it's "low-tech" nature.

La panoplie d'espion supposée de Fogle a intéressé par son côté “low-tech”. Capture d'écran YouTube, 17 mai 2013.

Non sans surprise, une appréciation plus indulgente [russe] de l'équipement de Fogle est venue du populaire blogueur russe, spécialiste de technologies, Eldar Murtazin [russe], qui a pointé les écueils d'une utilisation de gadgets de pointe dans l'univers de l'espionnage.

Начнем с самого противоречивого предмета в глазах обывателей — обычного атласа Москвы и дорог с указанием каждого дома. В век высоких технологий, когда у каждого в телефоне есть навигация и хорошие карты, это выглядит анахронизмом. А теперь давайте представим специфику работы агента, когда он не должен оставлять следов, в том числе и цифровых. Я плохо представляю себе агента, который прокладывает путь к тайнику или месту встречу в Google Maps и затем сохраняет маршрут. Этот агент должен быть конченным идиотом. Равно, как мне сложно представить как сообщить о месте встречи в электронном виде, это дополнительный риск [...] Поэтому можно долго ворчать, что разведчикам чужды новые технологии, но это не так. Эффективный способ не оставлять следов, не использовать программы навигации.

Commençons par l'objet le plus contradictoire aux yeux du béotien : l'atlas ordinaire des rues de Moscou avec la localisation de tous les immeubles. Au siècle de la haute technologie, où chacun a dans son téléphone un GPS et de bonnes cartes, ça paraît un anachronisme. Mais considérons maintenant les particularités du travail de l'agent, quand il ne doit pas laisser de traces, y compris numériques. J'ai du mal à imaginer un agent rechercher un itinéraire vers une cachette ou un rendez-vous secret à l'aide de Google Maps puis l'enregistrer. Un tel agent serait un idiot fini. De même, je peux difficilement me représenter qu'on puisse informer du lieu de la rencontre par moyens électroniques, c'est un risque supplémentaire [...] On peut donc bougonner autant qu'on veut que les agents secrets ignorent les nouvelles technologies, mais ce n'est pas ça. Un moyen efficace de ne pas laisser de trace est de pas utiliser de GPS.

Le blogueur et gourou des médias sociaux Anton Nossik [russe], quant à lui, a mis en cause l'incapacité des Américains à travailler avec des agents en renseignement humain. Se référant à un entretien [russe] avec le célèbre déserteur soviétiqueVictor Souvorov, Nossik d'affirmer :

По мнению Суворова, у ЦРУ просто очень хреново поставлена агентурная работа. Потому что, с одной стороны, львиная доля разведданных собирается с помощью техсредств (спутниковая съёмка, перехват коммуникаций), а не от живых людей. С другой стороны, самые эффективные агенты на службе Америки — иностранцы, шпионящие в своих собственных странах. Которых не нужно учить маскироваться, гримироваться, носить парики, потому что их главная маскировка — реальная биография и занимаемая должность.

De l'avis de Souvorov, la CIA est simplement d'une grande incompétence dans le travail avec des agents. Ceci parce que, d'une part, la part du lion de l'information est collectée par des moyens techniques (prises de vue par satellite, interception de communications) et non d'individus vivants. Et, d'autre part, les agents les plus efficients au service de l'Amérique sont des étrangers opérant dans leurs propres pays, à qui il n'est pas besoin d'apprendre à se déguiser, se maquiller, porter des perruques, parce que leur principal déguisement est leur biographie et occupation professionnelle dans la réalité.

Nossik écrit ensuite que la supposée lettre [russe] de Fogle (écrite en un russe maladroit même si grammaticalement correct) ressemblait à une “arnaque nigériane [anglais] passée par Google traduction”.

Bien entendu, selon l'usage, des utilisateurs de RuNet ont vu la main invisible du Kremlin à l'oeuvre du début à la fin de l'épisode. Comme l'a exprimé sarcastiquement ce commentateur [russe] :

Ну, да — накладные усы, парики, шифры и прочая хуета. Почти как в кино. Не верю я в это лицедейство! Компас меня убил окончательно. Надо было еще словарь англо-русский добавить. И детскую порнографию.

Mais oui, moustaches postiches, perruques, codes et conneries du genre. Presque comme au cinéma. Je ne crois pas à cette feinte. La boussole était la goutte d'eau. Il manquait le dictionnaire anglais-russe. Et du porno infantile.

Chose intéressante, pendant que les compétences d'espion de Fogle (ou son incompétence) occupaient toute la discussion, aucune attention n'a été prêtée aux retombées possibles de l'expulsion pour espionnage d'un diplomate américain. De même personne ne s'est demandé pourquoi le Kremlin a choisi d'expulser Fogle en pleines discussions de haut niveau avec les Etats-Unis sur la Syrie et la coopération dans le renseignement. Il est révélateur que ce qui serait normalement un incident diplomatique majeur n'est guère plus qu'une anecdote amusant les internautes russes.

Mozambique : Une manifestation de mineurs se termine par des arrestations

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Trois briquetiers qui avaient été arrêtés par la police mozambicaine alors qu'ils protestaient pacifiquement avec des centaines de personnes “aux portes du géant minier brésilien Vale”, à Moatize, le 14 mai 2013, ont été libérés et sont en attente de leur jugement, selon l'ONG Justiça Ambiental qui dénonce des actes d'intimidation. La population déplacée demandait de  meilleures compensations. Le bassin houiller de Moatize est l'une des plus grandes réserves de charbon minéral inexplorées dans le monde.

Thaïlande: un dessinateur mis en examen pour un commentaire Facebook insultant le Premier Ministre

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Tous les liens pointent vers des pages en anglais, sauf mention contraire.

Le Premier Ministre thaïlandais, Yingluck Shinawatra, a assigné en justice un dessinateur célèbre pour diffamation sur la base d'un commentaire sur Facebook la comparant à une prositutée pour avoir “vendu son pays”.

Dans une plainte déposée le 3 mai 2013, Mme Shinawatra accuse Chai Rachawat d'insulte à un représentant de l'Etat pendant une cérémonie officielle, de diffamation par la publicité et de violation de la loi contre la cybercriminalité de 2007, qui interdit de faire des commentaires diffamatoires sur Internet.

Chai, qui est illustrateur pour le journal à succès Thai Rath, avait réagi sur sa page Facebook à un discours controversé de Mme Shinawatra :

Essayez de comprendre…la prostituée n'est pas une personne mauvaise. Elle ne fait que vendre son corps. Mais cette femme vile est en train de vendre son pays.

En deux ans au pouvoir, c'est la première fois que Mme Shinawatra, qui est la première femme Premier Ministre en Thaïlande, intente un procès à un citoyen pour un commentaire sur les médias sociaux.

Pendant la 7ème conférence ministérielle internationale des démocraties qui s'est tenue en Mongolie, Mme Shinawatra a prononcé un discours qui a fait des vagues en Thaïlande. Elle y évoquait son expérience, qui devait servir d'avertissement aux autres dirigeants sur l'effondrement de la démocratie dans son pays et la douleur que cela avait causé à sa famille.

Le Premier Ministre est aussi la soeur cadette de l'ancien Premier Ministre Thaksin Shinawatra, lui-même renversé par un coup d'Etat en 2006. Thaksin s'était ensuite exilé volontairement pour échapper à une peine de prison pour corruption.

Prime Minister Yingluck Shinawatra. Image from Wikipedia

Le Premier Ministre Yingluck Shinawatra. Image de Wikipedia

Voici un extrait du discours empreint de franchise donné par Mme Shinawatra le 29 avril 2013:

Nous pensions tous que la nouvelle ère de la démocratie était enfin arrivée en Thaïlande…ce n'était pas vrai. Un gouvernement élu, qui avait gagné deux élections à la majorité, a été renversé en 2006. La Thaïlande a alors perdu le fil et le peuple a passé presque une décennie à essayer de regagner les libertés démocratiques… Mon frère, Thaksin Shinawatra, était un leader légalement élu. Nombre d'entre vous qui ne me connaissent pas diront : ‘Pourquoi se plaindre ?'. C'est un processus normal ; les gouvernements se font et se défont. Si ma famille et moi étions les seuls à souffrir, je laisserais peut-être les choses en l'état. Mais ce ne fut pas le cas. La Thaïlande a souffert… l'état de droit a été détruit… le peuple a senti que ses libertés et ses droits étaient injustement niés.

Elle a même critiqué certains aspects de la Constitution thaïlandaise :

Il est clair que des éléments antidémocratiques demeurent. La nouvelle constitution, rédigée sous le gouvernement issu du coup d'Etat, a mis en place des mécanismes qui restreignent la démocratie.

Un bon exemple en est le fait que la moitié des membres du Sénat est élue, et l'autre moitié est nommée par un collège. De plus, les agences censément indépendantes ont abusé du pouvoir qui devrait appartenir au peuple, au profit de quelques-uns plutôt que de la société thaïlandaise dans son ensemble.

Une vidéo de son discours a été mise en ligne sur YouTube (discours à partir de 1'23):

Ses propos ont enflammé l'opposition, l'armée, les médias et le Sénat, et ont suscité des discussions animées sur Internet. Beaucoup se sont tournés vers Facebook pour laisser libre cours à leur frustration.

Près de 60 sénateurs ont dénoncé les actions de Mme Shinawatra et exigé qu'elle présente des excuses au peuple thaï. Le sénateur Nareewan Jintakanon a rappelé [en thaï] à celle-ci que Thaksin avait été évincé à cause de ses abus de pouvoir :

Le Premier Ministre prétend que son frère a été maltraité. Ce n'est pas toute la vérité. Le coup d'Etat de 2006 a été déclenché par les abus de pouvoir de Thaksin. Il avait des conflits d'intérêt et était dénué de toute éthique requise dans la gestion d'un pays.

Vasit Dejkunjorn, un officier de police à la retraite qui était haut placé dans la Garde Royale, a condamné la “stupidité” de Mme Shinawatra pour avoir mis en avant l'instabilité de la Thaïlande alors que son travail consiste à promouvoir le pays auprès des investisseurs étrangers.

Le commentaire de Chai a jeté de l'huile sur le feu des discussions des internautes, dont beaucoup ont fermement critiqué la remarque. Sur le portail Pantip, un groupe d'internautres a créé le groupe “On déteste Chai Ratchawat” en réponse à ses commentaires sur Facebook. Selon ban_rach16, ce que Chai a écrit n'était pas de la satire:

Un dessinateur humoristique ne devrait pas viser aussi bas. Ce n'est pas de la satire politique, c'est chercher à semer le désordre.

Sur un autre portail, Ban Ratchadamneon, les messages anti-Chai Ratchawat affluaient aussi. Ta Kob Dong a commenté:

Il [Chai] n'a aucune morale mais il a été mis sur un piédestal. Maintenant, on voit tous son vrai visage.

Dans le même temps, un groupe de Chemises Rouges, qui soutiennent le Front national uni pour la démocratie et contre la dictature formé en opposition au coup d'Etat de 2006 contre le frère de Yingluck, a pris d'assaut les locaux du journal Thai Rath, exigeant le renvoi de Chai. L'un des manifestants portait une pancarte avec le message suivant [en thaï]:

Qu'y a-t-il de si mal à être une prostituée? Il y a beaucoup de prostituées qui aiment leur pays. Contrairement à certains médias qui vendent leur âme et oublient leurs propres idéaux.

Un nouveau site Internet, “Printemps Thaï” a été créé pour rassembler les voix des opposants à Yingluck suite à l'indignation provoquée par son discours. Tirant son inspiration des mouvements pro-démocratie du Printemps Arabe, ce site vise à lancer une pétition contre le gouvernement. La pétition “contre le discours d'Oulan Bator” a déjà recueilli plus de 23 000 signatures en date du 21 mai 2013.

La saga est loin d'être terminée si l'on en croit la prolifération des sites anti-Yingluck dans le cyberespace thaïlandais. Cela a suscité un commentaire menaçant de la part de Thaksin pendant une visioconférence donnée via Skype pour des milliers de partisans des Chemises Rouges, marquant le troisième anniversaire de la répression sanglante par l'armée des manifestations de 2010.

“Il n'y aura pas d'éclosion du Printemps Thaï” a affirmé Thaksin.

Madagascar : après le cyclone, des nuées de sauterelles

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Locust invasion in down town Fianaratsoa, Madagascar

Invasion de sauterelles dans le centre de Fianaratsoa, Madagascar

Les sauterelles ont essaimé dans de nombreuses régions de Madagascar et même quelques villes. Ce désastre est le résultat des conditions d'humidité [fr] qui se sont maintenues après le passage du cyclone Haruna. La FAO déclare que 60 % de la production de riz sera affectée par l'invasion.

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