Quantcast
Channel: Global Voices en Français
Viewing all 7147 articles
Browse latest View live

Funérailles nationales et manifestations pour le député tunisien d'opposition assassiné

0
0

Les manifestations ne retombent pas en Tunisie après les funérailles d'Etat du député d'opposition Mohamed Brahmi, socialiste et nationaliste arabe, tué par balles devant son domicile le jour de la fête nationale [le 25 juillet].

Deux hommes armés ont abattu M. Brahmi, un dirigeant du Front Populaire, la coalition de partis d'opposition de gauche, avant de s'enfuir à moto. C'est le deuxième assassinat, en cinq mois, après les coups de feu qui ont tué le chef de l'opposition laïque Chokri Belaid le 6 février.

Ennahdha accusée 

L'assassinat a déclenché des manifestations de rue réclamant la chute du gouvernement de coalition tripartite [d'où le nom de Troïka] mené par le mouvement islamiste Ennahdha, et la dissolution de l'Assemblée Nationale Constituante élue en octobre 2011 pour rédiger une nouvelle constitution. Les protestataires pointaient du doigt Ennahdha, qui a nié toute implication dans l'assassinat.

Brahmi's widow leading her husband's funeral procession

La veuve de Brahmi en tête du cortège funèbre de son mari

Avec la Troïka au pouvoir, la Tunisie a connu un accroissement des violences visant les personnalités politiques d'opposition, les militants et ceux qui critiquent ouvertement les Islamistes. “Jusqu'à présent, bien peu a été fait pour ouvrir des enquêtes adéquates concernant les attaques visant des membres de l'opposition, et pour traduire en justice les responsables de ces actes. Tout cela crée un climat d'impunité et augmente les divisions politiques. Une enquête est en cours sur l'assassinat de Chokri Belaid, et des suspects ont été arrêtés. Mais personne n'a été jugé.”, a écrit Amnesty International le 25 juillet, exhortant les autorités tunisiennes à “imposer la justice”.

La famille de Mohamed Brahmi a accusé Ennahdha.

Les forces de sécurité critiquées

Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jedou a indiqué que c'est le même mouvement islamiste radical qui est impliqué dans les meurtres de Chokri Belaïd le 6 février et celui, cette semaine, de Mohamed Brahmi. Le ministre a aussi affirmé que la même arme a été utilisée pour tuer les deux figures de l'opposition, et que les autorités avaient identifié 14 suspects, dont certains appartiennent à Ansar al-Charia Tunisie. Le mouvement a publié un communiqué [arabe] déniant toute implication dans l'assassinat.

Les forces de sécurité sont étrillées pour leur “incompétence” à livrer à la justice les responsables du meurtre de Belaïd et leur échec à empêcher un second assassinat.

Sarah Ben Hamadi écrit pour l'édition Maghreb du Huffington Post :

Le ministre de l’intérieur n’a pas divulgué ces détails sur les antécédents du meurtrier présumé de Mohamed Brahmi, mais a déclaré que Boubaker Al Hakim était “activement recherché dans des affaires d’introduction et trafic d’armes sur le territoire tunisien”, et “est lié à Kamel Gadhgadhi” l’assassin présumé de Chokri Belaid, toujours en fuite.

Quelques jours avant l'assassinat, les forces de sécurité avaient fait une descente dans une maison du quartier où habitait Brahmi et confisqué des armes mais sans effectuer d'arrestations. Sarah Ben Hamadi écrit :

Comment Boubaker Al Hakim, activement recherché, a-t-il alors pu revenir dans ce quartier, qui devait être théoriquement, surveillé jour et nuit, tirer 14 balles et s’enfuir?

Et de soulever des questions sur l'implication de djihadistes dans l'assassinat de Brahmi :

Mais pourquoi les salafistes djihadistes élimineraient Mohamed Brahmi? Un musulman pratiquant, loin de correspondre au profil des “ennemis de l’Islam” que combattent d’habitude les djihadistes. Un militant originaire de Sidi Bouzid, pas très médiatisé et n’ayant pas un grand poids électoral. Le connaissaient-ils vraiment? C’est possible. En véritable militant baâthiste et nassérien, Mohamed Brahmi soutenait le gouvernement du président syrien Bachar Al Assad, dont le régime est combattu depuis maintenant deux ans… par des djihadistes, y compris Tunisiens.

Un mort à Gafsa

Pendant un rassemblement en soirée vendredi, un manifestant est mort [avertissement : la vidéo peut choquer] à Gafsa, dans le sud du pays. Il aurait été touché à la tête par une grenade lacrymogène, lors des tirs par la police devant les locaux du gouverneur.

Photo : Mohamed Belmoufti, père de deux enfants, ingénieur des télécommunications et militant du Front populaire. Tombé en martyr ce soir à #Gafsa.


Les chansons pop en langue Inuktitut, ça existe

0
0

La culture populaire et les langues indigènes peuvent-elles coexister ? Les étudiants du Inuit collège Nunavut Sivuniksavut à Ottawa, Canada semblent le penser.

Pour un projet scolaire, des étudiants inscrits à un cours de langue Inuktitut ont chanté une version parodique du hit mondial “Gangnam Style,” avec les paroles en langue Inuit. Sujet : l'école et les activités culturelles offertes sur le campus. Ils ont aussi filmé une vidéo comme moyen amusant pour promouvoir l'école, mais plus important, afin que les étudiants puissent pratiquer leur langue maternelle.

Suivant cette expérience, une jeune fille de 19 ans Kelly Fraser originaire du Nunavut a continué à expérimenter la traduction de chansons en langue Inuktitut. L'une des premières chansons qu'elle a traduites était “Diamonds” de Rihanna, qui a ensuite e'té enregistrée, filmée, et téléchargée sur YouTube, où elle a été visionnée plus de 65 000 fois.

Sur des services d'hébergement gratuit de vidéos et sons, tels que YouTube et SoundCloud, Kelly Fraser a commencé à attirer de nombreux fans, qui ont écouté ses  traductions et interprétations de chansons telles que “When I Was Your Man” de Bruno Mars et “We are Young (Makutuvugut)” de Fun.

Les réactions et l'expérience ont encouragé Kelly à continuer à écrire des chansons originales à la fois en anglais et en Inuktitut avec son groupe, the Easy Four. Cela les a menés à être invités à des festivals et à se lancer dans une tournée estivale des communautés Inuit à travers le Canada, où le groupe a pu jouer des reprises et des chansons originales en public.

Malgré quelque critique de ce mélange entre culture pop et langues autochtones, comme on peut le voir dans une poignée de commentaires sous les vidéos sur YouTube, l'accueil de cet usage créatif de médias citoyens en langues autochtones a, dans l'ensemble, été très positif. Certains internautes  l'ont pris pour exemple : d'autres jeunes Inuits chantent la reprise dans des écoles après avoir vu la vidéo. Kelly Fraser  dit dans un entretien avec Nunatsiaq Online :

Notre intention était de rendre notre langue plus forte et simplement de faire une chanson drôle. Je comprends que des gens puissent trouver les chansons irrespectueuses envers notre culture, mais si nous ne faisons rien pour elle, si nous ne la promouvons pas, alors, nous allons la perdre.

Brésil : Les Indiens exigent la suspension des études pour un nouveau barrage en Amazonie

0
0

Les Indiens Mundurukus d'Amazonie ont un rendez-vous prévu ce mois avec le gouvernement brésilien. Ils exigent l'arrêt des études d'impact environnemental pour la construction d'une nouvelle centrale dans le bassin du fleuve Tapajós, dans la région amazonienne. La réunion a été organisée après la libération de trois biologistes enlevés par les Indiens le 21 juin, au moment il effectuaient les études environnementales dans la région.

Le climat de tension s'est aggravé en mai, lors d’une nouvelle occupation du chantier du barrage hydroélectrique de Belo Monte. Depuis que  les travaux ont commencé en juin 2011, les protestations indigènes ont conduit à 92 interruptions [e

n portugais, comme les liens suivants].

Au début de juin, 144 Indiens Mundurukus ont occupé la Fondation nationale des Indiens (FUNAI) à Brasilia, siège du gouvernement brésilien, pour articuler l'arrêt de la construction de Belo Monte et d'autres projets hydroélectriques dans le bassin du fleuve Tapajós et dans les Etats brésiliens du Pará et du Mato Grosso. Les Indiens ont été reçus par le Secrétaire général de la Présidence, Gilberto Carvalho, qui a réaffirmé l'état d'avancement des projets.

Banner da Campanha Munduruku no Facebook , "pela suspensão de estudos e obras de hidrelétricas nos rios Xingu, Tapajós e Teles Pires - nenhuma barragem até que sejamos consultados".

Panneau de la Campagne Munduruku sur Facebook , “pour la suspension d'études et de la construction de barrages hydroélectriques dans les fleuves Xingu, Tapajós et Teles Pires – pas de barrages sans que nous soyons consultés.”

Le leader indigène Valdeni Munduruku a attaqué :

“Ici (Palácio du Planalto) ce n'est pas notre maison. Notre maison, c'est le village que nous voulons protéger des usines du gouvernement, qui se comporte, oui, comme notre ennemi.  Si cela avait été notre maison, il ne sortirait pas ce type de projets” .

Le co-fondateur du Portail Imazon, Beto Verissimo (‏@betoverissimo), a tweeté le 23 juin :

Voyons si l'attitude du gouvernement fédéral changera sur les questions telles que les usines hydroélectrique en Amazonie. Il y aura des discussions avec la société (…)

Ou s’obligera-t-il à nous donner des réponses précises ? Voyons s’il entendra les peuples autochtones, la science et ceux qui critiquent le modèle des grands projets hydroélectriques …

Helena Palm, un leader indigène (‏@helenapalm) a également opiné sur twitter :

Jacareacanga [municipalité de l'État du Pará] : Les Munduruku veulent un engagement public du gouvernement fédéral pour que les études des usines s'arrêtent jusqu'à ce qu'il y ait des consultations.

Au cours des deux derniers mois, la crise de la question indigène a ressemblé à un scénario de western avec les morts des Indiens Oziel Terena et Adenilson Kirixi Munduruku, qui occupaient la ferme Buriti, dans la municipalité de Sidrolândia dans l'État du Mato Grosso. Les autorités avaient été incapables de résoudre le conflit et les Indiens ont subi les attaques racistes des médias et les violences de la police fédérale. Le ministre a reconnu des fautes dans l'action des policiers pour les décès et a réaffirmé que les Indiens n'étaient pas le cible des forces de sécurité, qui seraient investies pour assurer les intérêts de tous.

Rio Xingu, Brasil, 15 de junho de 2012. Trezentos povos indígenas, pequenos agricultores, pescadores e moradores ocupam o projeto da hidrelétrica de Belo Monte, formando a frase: “Pare Belo Monte" para alertar a comunidade internacional sobre os impactos do empreendimento. Foto: Atossa Soltani/ Amazon Watch / Spectral Q partilhada no Flickr por International Rivers (CC BY-NC-SA 2.0)

Fleuve Xingu, Brésil, le 15 juin 2012. Trois cents représentants ds peuples indigènes, des petits agriculteurs, des pêcheurs et des résidents occupent le projet hydroélectrique de Belo Monte, en écrivant “Arrêtez Belo Monte” afin d'alerter la communauté internationale sur les imapcts du projet. Photo: Atossa Soltani/ Amazon Watch / Spectral Q partagée sur Flickr par International Rivers (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Il manque de volonté politique pour résoudre le conflit.

La phrase est du Procureur de la République de l’Etat du Mato Grosso do Sul, Emerson Kalif Siqueira, et démontre les coûts sociaux et environnementaux subis par les Indiens.

Ce sont les Etats brésiliens du Mato Grosso do Sul et du Pará, qui concentrent 11 barrages à différents niveaux de construction et d'autorisation. Un communiqué publié par les procureurs de la République des deux Etats le 4 juin affirme que le gouvernement brésilien est resté silencieux et souligne que les communautés autochtones et traditionnelles doivent être consultées sur les projets hydroélectriques, comme le prévoit la Convention 169 de l’Organisation International du Travail (OIT), dont le Brésil est signataire.

Le Procureur de la République Ubiratan Cazetta explique:

Ces actions doivent être précédés de la consultation des personnes concernées, ou le Brésil risque de violer son engagement envers la Convention 169.

Sur les irrégularités, le gouvernement brésilien répond à trois procès qui ont pour but de défendre les droits des peuples autochtones Arara, Juruna et Munduruku et également les droits des riverains et habitants traditionnels. Toujours selon l'organe de la justice, la centrale hydroélectrique de Belo Monte a environ 17 affaires devant les tribunaux et la bataille juridique dure déjà sept ans.

Le mois dernier, les Indiens Munduruku ont signé une lettre pour protester contre la construction de l’usine Teles Pires, qui a provoqué l’explosion de cascades considérées symboles sacrés par la communauté indigène.

Toujours selon le Ministère Public Fédéral de l’Etat du Pará et du Mato Grosso, le gouvernement a fait appel devant le tribunal et a créé une opération de la Force nationale pour assurer les études d'impact des travaux dans les territoires autochtones. Ce fait constitue une autre raison majeure de la révolte des Indiens Munduruku.

Sous la pression, le gouvernement suspend les études sur le fleuve Tapajós 

De la réunion tumultueuse avec le ministre était sortie une promesse de faciliter la démarcation des terres indigènes et des compensations en matière de santé et d'enseignement pour les Indiens. Comme la promesse n’a pas été tenue, la résistance indigène Munduruku a réussi à interrompre les études dans le bassin du fleuve Tapajós, une région où vivent 12.000 Indiens de la tribu.

Dans une déclaration publique, les Indiens affirment qu'ils ne toléreront pas la volonté du gouvernement de construire plus de barrages en territoire autochtone. Les chercheurs ont été libérés pacifiquement, mais des policiers de La Force Nationale ont été envoyés sur les sites des chantiers. Répliquant à cette action, les Indiens se sont exprimés dans un document :

Nous espérons que ces soldats ne sont pas venus nous attaquer, mais pour défendre notre droit à notre terre, à la loi et à la Constitution.

Le Conseil Indigène Missionnaire (CIMI), l’organe qui défend les causes autochtones, affirme que dans la dernière décennie, 560 Indiens ont été assassinés au Brésil et évoque l'idée partagée par l’imaginaire commun que l'Indien est un entrave au progrès et au développement du pays généré par l’avance de l'agro-industrie soutenue par les pouvoirs publics.

Le Ministère Public Fédéral estime que le manque de délimitation des terres avec des titres de propriété incorrects par l'administration a rallongé les litiges judiciaires et fait augmenter la violence. La solution passe donc par l'amélioration dans la démarcation des terres indigènes.

“Où est passé Amarildo ?” Campagne contre la violence policière dans les favelas

0
0

Menée par une coordination regroupant divers mouvements qui luttent contre la violence policière au Brésil, la campagne “Où est passé Amarildo ?” a envahi les réseaux sociaux brésiliens. Tous sont à la recherche d'un habitant de la favela de la Rocinha, à Rio de Janeiro – qui a été vu pour la dernière fois le 14 juillet, emmené par des policiers militaires de l'Unité de Police Pacificatrice (UPP) installée dans ce quartier.

Amarildo Dias de Souza est né il y a 47 ans dans ce quartier de la Rocinha, connu comme étant la plus grande favela du monde. Il est le père de 6 enfants et partage avec eux, ainsi qu'avec sa femme, un taudis d'une pièce, survivant avec à peine 300 réais (100 euros) par mois. Depuis qu'il a été coffré par la police militaire de Rio en ce dimanche soir, sa famille a faim.

A foto da família do pedreiro na Rocinha virou viral no Facebook com centenas de partilhas na rede.

La photo de la famille du maçon de la Rocinha s'est répandue comme une trainée de poudre sur Facebook et a été partagée des centaines de fois sous le mot-clic #OndeEstáAmarildo?

Le blogueur spécialiste en sécurité, Jorge Antonio Barros, attire l'attention sur la campagne en rappelant que :

Como trata-se de um morador pobre de uma favela do Rio, esse caso tem tudo para cair no esquecimento. Felizmente a onda de protestos mantém a comunidade mobilizada.

S'agissant d'un habitant pauvre d'une favela de Rio, cette histoire a tout pour tomber dans l'oubli. Heureusement, grâce à la vague de protestations, la communauté reste mobilisée.

Et dans un autre billet il ajoute :

O que é preciso de fato é que seja estabelecido o estado de direito democrático na favela pacificada. A polícia tem que agir por lá como age em áreas nobres da cidade, apesar de no Leblon ter sido um fiasco.

Ce qu'il faut, en fait, c'est rétablir l'état de droit démocratique dans la favela pacifiée. La police doit y agir comme elle le fait dans les quartiers plus chics de la ville, même si à Leblon ça a été un fiasco.

Des comptes de mouvements sociaux qui luttent contre la violence policière, comme celui des Mères de la place de Mai (NdT: référence au “folles de la place de mai” qui réclamaient des nouvelles de leurs enfants disparus pendant la dictature, en Argentine) et du Réseau de communautés et de mouvements contre la violence ont assuré, à l'aide d'images et de questions claires, une campagne constante et les manifestations de solidarité provenant de plusieurs villes brésiliennes ont eu une bonne répercussion sur Facebook ces derniers jours.

Banner na página de Facebook Mães de Maio.

La bannière de la page Facebook de Mães de Maio. En haut: Le monde veut savoir: En bas: Où est passé Amarildo ?

 

Moradores da Favela do Moinho em São Paulo demonstrando sua solidariedade.  Foto de: Caio Castor, usada com permissão.

Des habitants de la favela du Moinho démontrant leur solidarité. 
Photo: Caio Castor, avec son autorisation.

Les habitants de la favela du Moinho (le Moulin), à São Paulo, qui subissent les pressions de la spéculation immobilière à São Paulo et qui ont organisé la résistance, ont aussi fait preuve de solidarité.

Sur Facebook se répandent des traductions de la phrase “Où est passé Amarildo” en diverses langues, dans l'espoir d'obtenir un soutien et une pression internationale.

La solidarité est venue de plusieurs pays tels que  l'Uruguayl'Angleterrela Palestine, les USA, la France et l'Espagne. Un brésilien qui vit à Berlin, a mis en ligne un mème afin de divulguer la campagne dans ce pays (NdT: mème).

Le 18 juillet, le rappeur MV Bill faisait un commentaire sur son compte Twitter :

Tout en afffirmant qu'il n'a rien à voir avec les trafiquants, la famille d'AMARILDO parle déjà de “juste retrouver le corps pour un “enterrement digne”

 

En pleine protestation, dans les rues comme sur internet – une campagne de tweets a été  organisée dans l'après-midi du 24 juillet sous le mot-clé #CadêOAmarildo et il est entré dans le classement des plus utilisés (les Trending topics) de Twitter -, le gouverneur de l'état de Rio de Janeiro, Sérgio Cabral, a reçu la famille d'Amarildo et a promis “de mobiliser tout le gouvernement” pour le retrouver.

Le 24 juillet, la famille d'Amarildo a été incluse dans le programme de protection des témoins, mesure critiquée par le député de l'état Marcelo Freixo sur son compte Facebook au regard de la longue liste d'attente par laquelle tous les témoins sont obligés de passer en temps normal avant de l'intégrer. La femme d'Amarildo, Elisabeth Gomes da Silva, a déclaré être ressortie “frustrée” de la réunion avec le gouverneur, et qu'aucune solution concrète n'avait été émergé pour retrouver Amarildo.

Profitant de la présence du Pape François à Rio de Janeiro pour les Journée mondiales de la jeunesse, un groupe d'activistes a projeté un message au Pape sur la façade d'un immeuble du centre-ville. Pendant la visite du Pape dans une favela de Rio, le 25 juillet, le journaliste Bolívar Torres (@bolivartorres) écrivait sur Twitter :

un reporter a dit que le pape “avait fait un discours politique fort”. Il ne peut être ni fort, ni politique s'il ne s'exprime pas sur #cadeoamarildo

Gianlluca Simi, dans un article pour la revue O Viés, déclare:

Não há novidades sobre o paradeiro de Amarildo. O seu caso é frequentemente divulgado em redes sociais e a pressão para esclarecê-lo tem aumentado por todo o Brasil. Sabemos, pela dedilhar do dia-a-dia, que as providências prometidas pelas autoridades não vão necessariamente se tornar realidade. Isso, no entanto, pouco tem a ver com o descrédito às instituições do país em si. Tem muito mais a ver com a mentalidade que cerca o desaparecimento de um negro, pobre e favelado. São dois cenários que, infelizmente, já não nos assustam mais: a polícia que aterroriza e o favelado (suposto criminoso) que desaparece.

Il n'y a aucune nouvelle du lieu où Amarildo pourrait bien se trouver. Son histoire est fréquemment diffusée sur les réseaux sociaux et la pression pour éclaircir cette affaire augmente à travers tout le Brésil. Nous savons, par expérience, que les promesses faites par les autorités n'ont que peu de chances d'être tenues. Cela a cependant peu à voir avec le discrédit des institutions qui agitent le pays en ce moment. Le lien est beaucoup plus grand avec la mentalité qui entoure la disparition d'un noir, pauvre, et habitant dans une favela. Ce sont là des histoires qui, malheureusement, ne nous étonnent déjà plus : la police qui terrorise et l'habitant de la favela (criminel supposé) qui disparaît.

Ecrit en collaboration avec Raphael Tsavkko Garcia.

Le brochet de Poutine, blague de l'été

0
0

Les photos présidentielles de Vladimir Poutine, qui gagnent en ridicule chaque année qui passe, ne déçoivent jamais la satire en ligne. Pour son dernier coup de pub, Poutine s'est entouré du Premier Ministre Dmitri Medvedev et du Ministre de la Défense Sergueï Choigou pour une partie de pêche dans le kraï de Krasnoïarsk et la République de Touva. Sitôt publiées par le service de presse du Kremlin, les photos de cette équipée entre hommes ont déchaîné les sarcasmes des internautes.

Vladimir Putin poses with his catch, Krasnoyarsk, Russia, 20 July 2013, Kremlin photo service, public domain.

Vladimir Poutine pose avec sa prise, Krasnoïarsk, Russie, 20 juillet 2013, service photo du Kremlin, domaine public.

Le compte Twitter du site web Grani.ru, a ainsi invité les internautes à légender certaines des photos :

Путин! Щука! Магадан! Давайте придумаем подпись под фото

Poutine ! Le brochet ! Magadan ! Cherchons un titre à cette photo

Un twitto a répondu par une allusion au récent divorce de Poutine, suppliant :

“Люда, вернись!”

“Liouda, reviens !”

A propos d'une photo de Poutine embrassant le poisson qu'il vient d'attraper, Seva Chagaev d’observer sur Twitter :

Дед совсем с ума сошел.

Papy a complètement perdu la tête.

Sur LiveJournal, Andrei Malgin a republié [russe] quatre photos de Poutine torse nu en train de pêcher, et en laissant entendre que Medvedev était le photographe.

Des blogueurs, comme viking_nord sur LiveJournal, ont ironisé sur la partie de pêche de Poutine en la reliant à l'annonce récente de son divorce. Ici, un brochet s'est substitué à l'ex-épouse de Poutine lors d'un service religieux orthodoxe.

Un commentateur a remarqué que ces images étaient en infraction possible avec la récente loi qui interdit la “propagande homosexuelle” en Russie :

вообще, от фоток попахивает запрещенной пропагандой.

de façon générale, ces photos ont une odeur de propagande interdite.

Un autre utilisateur de LJ s'amuse :

а где Светлана??? Или теперь нет вопросов- ради кого развёлся путин??

Mais où est Svetlana ??? Ou bien il n'y a plus de questions sur qui a brisé le mariage de Poutine ??

Plus sérieusement, celle-ci affirme :

Кстати, меня, как женщину с консервативными, традиционными взглядами [...], эти фотографии смущают. Я считаю, что их место, в лучшем случае, в семейном альбоме, но никак не в официальных источниках о досуге главы государства.

A propos, en tant que femme ayant des principes conservateurs et traditionnels… [...] ces photos me dérangent. Je trouve que leur place est au mieux dans un album de famille, mais d'aucune façon dans les documents sur les loisirs du chef de l'Etat.

A quoi répond un autre commentateur :

видимо, у них противоположная целевая аудитория..

Apparemment ils ont une audience ciblée de façon opposée..

Le commentateur Iouri Dvorkine joue les kremlinologues :

В прошлый раз, когда они рыбачили под Астраханью, Медведев узнал о своем желании выдвинуть Путина в президенты. Не узнал ли в этот раз Медведев о своем желании подать в отставку? 23 сентября покажет.

La dernière fois, quand ils sont allés pêcher à Astrakhan, Medvedev a appris qu'il désirait proposer Poutine à la présidence. Medvedev aurait-il découvert cette fois son désir de démissionner ? Le 23 septembre le dira.

Entre temps, le secrétaire de presse du Kremlin Dmitri Peskov, a indiqué aux média que la prise de Poutine pesait 21 kilos, une affirmation qui a provoqué l'incrédulité de nombreux blogueurs, qui ont publié des photos [russe] de brochets de la même taille, pris par divers pêcheurs, qui n'en pesaient que la moitié.

Des blogueurs contestent l'affirmation du Secrétaire de presse du Président sur le poids de la prise poutinienne. En haut à gauche, un brochet de 9,2 kg, en bas à gauche 12,7 kg, alors que selon Peskov celui de Poutine ferait 21 kg.

Le mathématicien et économiste Alfred Kokh a recalculé le poids du poisson présidentiel, et a conclu :

Таким образом пойманная Путиным щука весит от силы 10 – 11 кг., а не 21 как врет Песков.

Странные у них представления о числах, объемах, количестве. То на митинге численностью в 100 000 чел. они видят только 10 000.

Ainsi le brochet pêché par Poutine pèse au maximum 10 à 11 kg, et non 21, comme ment Peskov.

Ils ont une étrange représentation des nombres, des volumes, des quantités. A une manifestation de 100.000 personnes, ils n'en voient que 10.000.

Délestron, le super (anti) héros des délestages électriques en Côte d'Ivoire

0
0

Les Ivoiriens ont créé un personnage de dessin animé, Délestron (de délestages et coupures de courant variées), pour protester contre les incessantes coupures de courant. Délestron a maintenant sa propre page Facebook suivie par plus de 5 000 fans depuis sa création en mars dernier. En Cote d'Ivoire, Lord225 a partagé une photo de l'abominable Délestron

Pourquoi traduisez-vous pour Global Voices en arabe ?

0
0

Ahlam Safi, d'Arabie Saoudite, explique [arabe] ce qui l'a poussée à devenir traductrice bénévole pour Global Voices en arabe et ce qu'elle a retiré de cette expérience.

Sur son blog, elle écrit :

وفرّ لي موقع الاصوات العالمية فرصة نادرة لاكتساب خبرة في الترجمة ما كنت لأجدها في أي مكان آخر، وتعرفت عن طريقه على مجموعة من الشباب المدّون في مختلف الدول، واستطعت انهاء ساعات التطوع المطلوبة مني في الجامعة لخدمة المجتمع بسهولة ويسر

Global Voices m'a offert une opportunité unique d'acquérir de l'expérience en traduction, que je n'aurais pu trouver nulle part ailleurs. J'ai fait la connaissance de blogueurs de différents pays et j'ai effectué avec facilité le nombre d'heures de travail bénévole pour un projet communautaire qui est demandé par mon université pour compléter mon cursus.

Brésil : “Les vrais hommes ne battent pas les femmes”

0
0

Ce sont des statistiques confondantes : un cinquième des femmes brésiliennes vont être victimes de violences domestiques. Celles-ci comprennent des abus physiques, psychologiques et émotionnels, ainsi que le viol conjugal. L'agresseur est habituellement le petit ami, le mari, l'ex, ou un homme de la famille.

Face à ce problème, une campagne en ligne a été lancée en début d'année, et met au défi les “vrais hommes’ de témoigner leur solidarité, contre les violences domestiques.

La Banque Mondiale, avec la participation de l’Institut [pt] Maria da Penha Fernandes parmi d'autres mouvements et associations brésiliens pour les droits des femmes, ont lancé cette campagne [pt] en mars 2013 : “Les vrais hommes ne battent pas les femmes” (Homem De Verdade Não Bate Em Mulher).

Des sportifs brésiliens, des acteurs et des personnalités de la société civile se sont joints à l'initiative sur la page Facebook  de la Banque Mondiale Brésil, pour encourager les Brésiliens à condamner publiquement la violence domestique. Sur  FacebookTwitter et Instagram , ils ont publié des photos d'eux-mêmes tenant une pancarte avec le slogan de la campagne (qui est aussi un mot-clic #souhomemdeverdade), signifiant ‘Je suis un homme, un vrai” en portugais.

Real men don't beat women. Source: Banco Mundial Brasil on Facbook

“Les vrais hommes ne battent pas les femmes”. Source: Banco Mundial Brasil sur Facebook

“Toutes les quatre minutes, une femme meurt de la violence domestique au Brésil”, selon les statistiques présentées durant un sommet d'Etat du bureau du procureur général de l'Etat du Rio Grande do Sul en mars 2013:

Os números assustam. (…) Esta é a principal causa da morte de mulheres entre 16 a 44 anos. Desses crimes, 99% são causados por ciúme e possessividade; 77% dos conflitos ocorrem depois da separação.

Ces chiffres sont terrifiants. (…) C'est la principale cause de décès pour les femmes entre 16 et 44 ans. Parmi ces crimes, 99% sont motivés par la jalousie et la possessivité. 77 pour cent des conflits ont lieu après une rupture.
"No woman looks good in purple". Domestic violence by pablobasile on Deviantart (CC BY-NC-ND 3.0)

“Le violet ne va à aucune femme”. La violence domestique, photo depablobasile sur Deviantart (CC BY-NC-ND 3.0)

La Carte de la violence 2012 (Mapa da Violência de 2012) [pt, PDF] recense 91 930 femmes assassinées au Brésil entre 1980 et 2010. En moyenne, 4,5 femmes sur 100 000 sont assassinées.  Les Etats brésiliens de Espírito Santo, Alagoas et Paraná présentent les taux les plus élevés.

Une édition spéciale d'un rapport consacré au féminicide au Brésil [pt, PDF], conclut que  ”68,8 pour cent des meurtres de femmes ont lieu dans la sphère domestique”, dans le groupe d'âge des  20-49 ans, “65% des agressions sont commises par le partenaire, ou l'ex”. on peut aussi lire dans ce rapport :

entre os 84 países do mundo que conseguimos dados a partir do sistema de estatísticas da OMS o Brasil, com sua taxa de 4,4 homicídios para cada 100 mil mulheres ocupa a 7ª colocação, como um dos países de elevados níveis de feminicídio

Sur les 84 pays pour lesquels nous avons obtenu des données du service des statistiques de ll'OMS, le Brésil, avec son taux de  4,4 meurtres pour 100 000 femmes, se place au septième rang des pays les plus touchés par le féminicide.

Selon Wikigender:

Murders of women rates (each 100 thousands women) Brazil 1980-2010.

Nombre de morts violentes pour 100.000 femmes au Brésil (1980-2010.) Source: Map of Violence 2012

la violence domestique n'est entrée dans le Code pénal brésilien qu'en  2006, quand la loi 11 340 du 7 août 2006, connue aussi sous le nom de Loi Maria da Penha [d'après Maria da Penha Fernandes [pt], l'une des personnalités les plus connues du mouvement pour les droits des femmes au Brésil,  elle même victime de violences domestiques], a été adoptée. En dépit des efforts croissants accomplis récemment, non seulement sur le plan législatif, mais également aux niveaux social et institutionnel, les cas de violences sont toujours élevés et ils sont toujours peu déclarés auprès des autorités, en raison de la peur de représailles, peur de nouvelles violences et du stigmate social.

Malheureusement, ces statistiques ne sont pas à la baisse. Les appels au secours au Centre d'assistance des femmes brésiliennes ne diminuent pas, ils sont 16 fois plus nombreux ces dernières années.

“Les hommes qui battent les femmes ne sont pas bien dans la tête”

La Banque Mondiale, avec le Congrès National brésilien et Camara TV, ont aussi organisé un concours de documentaires courts sur la Loi on Maria da Penha, qui a choisi cinq ‘histoires courtes’ illustrant les vies de :

Premier prix : un groupe de femmes qui se mobilisent contre la violence entre sexes à Sao Paulo [vidéo: Maria Maria]

Deuxième prix : Dans un groupe de femmes artisans, Carmen a trouvé la force de quitter un homme qui abusait d'elle . [video: Divas - Female Voices]

3ème prix : Lucilia, une femme autochtone, a à maintes reprises essayé de dénoncer à la police son ex-partenaire, mais la police n'a jamais rien fait. [vidéo: One Law for All]

4ème prix : Siliva, une militante des droits des femmes a été assassinée par son gendre, qui battait sa fille [video: Sílvia]

5ème place :  Veronica, Carmen, et Sara, qui ont réussi à échapper à des maris violents   [vidéo Life Stories Marked by Domestic Violence]

La militante  Natasha Bake a écrit sur son blog, après avoir découvert la vie et le travail de Maria da Penha que “L'un des grands bénéfices du réseautage est de découvrir d'autres organisations, entreprises et mouvement qui apportent de l'espoir dans ce monde”. Pour ceux qui veulent dénoncer des violences domestiques, ou toute violence entre les deux sexes, au Brésil, le numéro à composer est le 180 :

Les hommes qui battent les femmes ne sont pas bien dans leur tête”. Signalez-les en appelant le 180


Faible majorité du parti au pouvoir lors des élections cambodgiennes

0
0

Le parti d'opposition cambodgien devrait avoir gagné des sièges lors des élections pour l'Assemblée Nationale de cette année, mais le parti dirigeant, au pouvoir depuis près de 30 ans, reste majoritaire sur l'ensemble des résultats.

La fièvre électorale est terminée, les résultats sont publiés et finalement rien ne va changer, malgré la progression très importante de l'opposition.

L'opposition s'interroge sur la crédibilité de l'organisation du scrutin et sur le décompte des résultats.

Un e-book de “Perles” des femmes du monde entier

0
0

Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des sites en français.

“Des perles autour du cou” est une anthologie qui rassemble des contes, poèmes,  essais, entretiens et témoignages proposés par des femmes de races, langues, classes sociales, éducation, religion et âges différents.  Elles ont contribué à cette anthologie avec leurs propres mots et à leur tour, comme l'explique Catherine Beeckman, l'auteur de l'e-book, ces mots “reflètent par petites touches délicates les nombreuses facettes du monde des femmes”

Lectrice assidue de Global Voices, Catherine raconte que notre travail l'a inspirée de différentes manières. Dans l'entretien qui suit Catherine explique comment “nos écrits la nourrissent” et d'où provient Des perles autour du cou. Elle invite le lecteur à découvrir l'objectif de cette anthologie: “créer une écologie du coeur et entretenir le lien entre les mots et la compassion”.

Sex in Tokyo... Sex

Photo de Tim Gallo illustrant l'essai “Sexe à Tokyo… Sexe?” de Catherine Beeckman, Japon/U.S.A. Avec l'autorisation de l'auteur.

Global Voices (GV): Catherine, peux-tu nous parler un peu de toi ?

Catherine Beeckman (CB): Je suis née en Belgique et dès l'âge de 2 ans je me suis retrouvée sur les routes avec mes parents en Afrique et en Amérique du Sud. Je suis diplômée en linguistique et sémiologie de l'Université de Louvain dans mon pays natal.

J'ai cinq enfants. Avec ma famille nous avons eu une vie de globe-trotters, et nous sommes allés en Afrique, en Europe, en Asie, en Amérique du Sud et aux Etats Unis.

J'ai toujours été intéressée par les langues (la philologie), les livres (toutes les littératures, même les mangas), les voyages et les gens. Ma première passion ce sont mes enfants : de 5 à 23 ans je m'étonne toujours des trois générations qu'ils couvrent. Ils me poussent tous les jours dans tous les domaines: la musique, les médias, le cinéma, le vocabulaire et les nouvelles découvertes. Les cinq vivent dans des régions du monde différentes et font des études très variées. Ils sont pour moi une vrai source de connaissances. Je respecte les jeunes générations et fais confiance à leur appréhension de l'avenir.

Mon but est de transmettre ce que j'ai appris lors de mes pérégrinations et de faire participer le plus de monde possible: redonner ce que l'on a reçu est essentiel.

GV: En 51 ans tu as vécu dans 17 pays différents – ce qui fait une moyenne de 3 ans par pays. Comment cette éducation globale et multiculturelle a fait de toi ce que tu es aujourd'hui, pour aboutir à “Des perles autour du cou” ?

CB: C'est plutôt inhabituel, mais il y a tout de même beaucoup de monde à faire partie de la “diaspora des voyageurs sur la planète bleue”!

Parfois nous ne restions que quatre mois dans un pays (Rwanda, Burundi) ; dans certains pays nous habitions des mégapoles (Tokyo) et dans d'autres dans la jungle (Etat de Bendel au Nigéria). Nous avons fait nos études dans des langues différentes (Espagnol au Chili et en Argentine), nous avons côtoyé différentes religions, de l'appel à la prière par le muezzin au Sénégal aux temples bouddhistes de Singapour ; nous avons supporté le climat de la République Centre Africaine et révisé nos bonnes manières au Japon, nous nous sommes mis au rythme suisse et tout réappris dans le sud des Etats Unis ! Nous vivons comme des “invités”.

Et ce ne sont pas les seuls pays visités: Myanmar, Philippines, Indonésie, Haïti, Bélize… C'est impossible de rester indifférent: on est submergé, envahi par les autres, par leur rythme de vie, leurs couleurs, leurs accents, leurs traditions, leurs conflits et leur histoire mais surtout par leurs histoires… leurs mots.

Ma petite enfance (de 2 à douze ans) en Afrique a eu une énorme influence sur ma perception de l'expression “la palabre” = “le mot”. Les histoires paraissent plus organiques sur le continent africain. Et les femmes sont des conteuses exceptionnelles. Elles racontent des histoires différentes; les femmes sont les chroniqueuses d'anecdotes ignorées ou passées sous silence. “Des perles autour du cou” regroupe les témoignages de femmes du monde entier. Cette anthologie est une véritable déclaration, une preuve de la vie globale.

GV: peux-tu nous en dire plus sur “Des perles autour du cou”? Quel a été le point de départ et comment cela s'est-il organisé?

CB: Le projet est né début 2011. J'ai parcouru le net: des blogs, des articles et des sites d'information. Global Voices fait partie de mes sources : un site qui franchit les frontières et les limites. Je ne voulais pas plagier ce qui existait déjà et créer un autre blog ne me paraissait pas pertinent. Il y a beaucoup de moyens d'expression de nos jours. J'ai commencé à rassembler des textes et des histoires. Les réseaux sociaux étaient la clé : j'ai réactivé la totalité de mon agenda d'adresses électroniques et demandé à tous de me mettre en contact avec de nouvelles connections. Les histoires ont commencé à affluer: certaines étaient intéressantes, irrésistibles, provocantes, d'autres ennuyeuses. Voilà comment tout a commencé… je ne savais pas ce qui m'attendait !

Tim Gallo's photo to illustrate Twelve Moons, a poem by Marie JJMG. Switzerland.

Photo de Tim Gallo pour illustrer “Douze lunes”, un poème de Marie JJMG. Suisse.

GV: le livre a l'air d'être le résultat d'une vraie collaboration. Pour ne citer que les écrivains, on compte 56 femmes de 29 pays, sans parler des traducteurs, des photographes, et des rédacteurs. Qui sont ces co-créateurs et comment en sont-ils venus à travailler ensemble?

CB: Pourquoi ne pas laisser le lecteur découvrir par lui-même l'ampleur “Des perles”? Le nombre de personnes impliquées dans cette aventure est impressionnant bien que l'on ait jamais travaillé ensemble dans un même bureau: le monde virtuel est puissant et nous a permis de créer tous les morceaux de cette anthologie.

Une difficulté cependant : les traductions. J'ai reçu certains textes dans des langues que je ne parle pas; quelques uns étaient dans un anglais approximatif. Il était primordial de faire un livre accessible au plus grand nombre. J'ai créé une équipe de traducteurs entre Paris, Séville, New York et chez moi. Je devais rester fidèle aux textes qui m'étaient confiés…

J'ai décidé aussi de garder tous les formats possibles: sms, courriels, poésie, essai, entretien, slam (ce que je préfère), lettre traditionnelle, journal intime…

La présentation de “Des perles autour du cou” a aussi été décisive : je voulais que ce soit une oeuvre d'art. J'avais rencontré Tim Gallo à Tokyo, quand nous étudions le japonais ensemble ! Il est jeune, talentueux, audacieux et authentique. Tim a offert ses photos et adapté chaque photo au texte. Carrie Leigh Dickey avait fait auparavant un de mes livres (l'édition trilingue d'un livre pour enfants) : elle m'a proposé d'assurer le graphisme et la mise en page.

L'Université de Wake Forest a été  séduite par le projet et a publié “Des perles” sur son site d'édition numérique. Les co-créateurs sont donc : Brigitte de le Court, Carrie Leigh Dickey, Tim et moi.

GV: Plus tous ceux qui l'ont inspiré ! Peux-tu nous dire comment Global Voices a inspiré “Des perles autour du cou” ?

CB: Global Voices m'a aidée à garder une ligne directrice, à choisir mes sujets, et m'a donné le sens des priorités et de l'urgence pour les thèmes que j'ai choisi de traiter.

Nous poursuivons les mêmes objectifs et j'ai été inspirée par vos articles et vos textes. A la lecture presque quotidienne de Global Voices je me suis aperçue que les gens que j'avais rencontrés pendant toutes ces années dans les 17 pays où j'ai habité pouvaient m'aider à écrire une anthologie en racontant leurs histoires, sous des formes différentes, dans différentes langues (y compris en afrikaans et en wolof !).

Global Voices a été pour moi une source d'inspiration très diverse : la mise à disposition multilingue des textes et les origines multiculturelles des différents auteurs ; la grande variété des articles et l'approche courageuse des sujets brûlants abordés sous un angle marginal ; l'authenticité des personnages présentés aux lecteurs, des gens qui ont des histoires à raconter, des vraies femmes et des vrais hommes, pas des héros qui font la une des magazines.

Des histoires bien précises rapportées par Global Voices m'ont incitée et motivée pour rechercher des auteurs du monde entier qui participent à cette anthologie: Des pétales de rose qui tombent du Myanmar ; Je vous salue Marie pleine de grâce du Congo, après l'article de Global Voices sur le Docteur Denis Mukwege ; Chère Amalia a été inspiré par l'article de GV Mapa 76 ; Perspectives -où une jeune Indienne de 16 ans parle de sa vision du pouvoir du genre humain- s'est nourri de l'histoire de Malala la jeunes activiste pakistanaise.

Les écrits qui composent la Perle du Conflit Politique et la Perle de l'Evolution Sociale tirent leur inspiration d'articles publiés par Global Voices. La Perle de l'Engagement est directement liée à plusieurs articles. Prenez le post sur le Japon le 10 Juin 2013… il nous renvoie à ce qui avait été écrit pour les perles l'année dernière… un échange sincère et vrai de courriels qui fait émerger des questions importantes. Le journalisme est partout !

Nous nageons dans un océan d'informations, nous sommes parfois agressés par la quantité d'informations qui nous submergent et inondent nos écrans d'ordinateurs : des miettes de données périssables à consommer. Pourquoi ne pas tout simplement partager des faits réels, les histoires qui nous touchent profondément?

Fallen Rose Petals by Ohmar Win, Rangoon, Burma

Photo qui illustre “Des pétales de rose qui tombent : une histoire d'amour ou une histoire sur le manque d'éducation sexuelle”. Essai et photo d'Ohmar Win, Rangoon, Myanmar/Birmanie. Avec son autorisation.

GV: C'est bien de savoir que ce livre est, par définition, “inachevé et ouvert pour que l'on puisse enfiler d'autres perles sur le collier”. Quelles sont les perspectives du livre ? Les lecteurs peuvent-ils apporter leur perle au collier ?

CB: “Des perles autour du cou” est actuellement présenté et diffusé de différentes façons. De fait, l'objectif est d'offrir Des Perles aussi largement que possible et de créer une empathie globale : cette anthologie a été écrite et composée avec l'intention d'éveiller une sorte de compassion différente à l'égard de “l'information” traditionnelle.

Je souhaite que les lecteurs et lectrices de Global Voices puissent accéder à un nouvel outil d'expression, qu'ils puissent s'inspirer Des Perles pour élargir leur participation comme nous l'avons fait en étant créatifs. Les histoires publiées par Global Voices incitent à écrire d'autres Perles… d'un style sensible, personnel et intime. La matière diffusée par GV m'a poussée à aller plus loin… J'ai besoin d'habiter d'autres histoires, d'enfiler d'autres Perles…

Photo by Tim Gallo

Photo de Tim Gallo pour illustrer “Le combat amoureux”,  poème de Marisa Estelrich, Etats Unis. Avec son autorisation.

Téléchargement gratuit

Pearls Around the Neck cover

Couverture des Perles

“Des Perles autour du Cou” est édité par Books 2 Live 4 et peut être téléchargé gratuitement en Anglais, Français, et Espagnol. On peut aussi acheter une version Kindle du livre sur Amazon.

L'anthologie est illustrée des photos provocatrices de Tim Gallo (anglais), cinéaste et photographe russe installé à Tokyo, au “travail varié, parfois dérangeant, mais aussi cruel, intelligent, jeune et contemporain”.

On peut contacter Catherine sur Twitter @cathdBeeckman et sur la Pearl's fan page de Facebook.

 

Allemagne: Manifestations contre la surveillance façon “Big Brother”

0
0

Tous les liens pointent vers des articles en allemand.

De nombreux citoyens allemands sont descendus dans la rue samedi 27 juillet pour manifester contre la société de surveillance. Ils considèrent que non seulement leur vie privée est mise en péril mais que leurs droits fondamentaux et la démocratie sont également menacés. Suite aux révélations d'Edward Snowden, la pression monte pour que le gouvernement allemand explique au public ce qu'il sait de la surveillance exercée par les services secrets américains et britanniques. Le Ministre de l'Intérieur Hans-Peter Friedrich a déclaré à ce propos que la sécurité passait avant les autres droits fondamentaux et s'est attiré le courroux général.

L'écrivain Juli Zeh, qui a publié avec d'autres personnalités une lettre ouverte dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung puis en ligne sur Change.org, a décrit le service secret américain de la NSA comme une bande de cambrioleurs dans un commentaire sur la chaîne de télévision publique ZDF. Le texte de cette intervention est disponible sur Netzpolitik.de:

Quand je pense à l'affaire de la NSA, je vois une maison qui vient d'être vidée par une bande de cambrioleurs. Les habitants sont à côté et ils regardent. La gestionnaire de l'immeuble est aussi à côté, à regarder. Elle appelle peut-être les cambrioleurs par la suite: “Nous exigeons des explications sans ménagements. Nous voulons savoir ce qui s'est passé là.” Et les cambrioleurs rappellent pour dire “Tout va bien.” avant de monter dans la voiture et de s'en aller.

nichts sehen nichts hören nichts sagen

On n'entend rien, on ne voit rien, on ne dit rien. Photos de la Chancelière Merkel, du Ministre de l'Intérieur Friedrich et du directeur de la chancellerie Pofalla lors d'une manifestation. (Source: utilisateur Flickr mw238 sous licence CC BY-SA 2.0)

Jakob Jochmann décrit ainsi l'effondrement de l'état de droit dans son article “La politique de la société parallèle“:

Le Ministre de l'Intérieur ayant officiellement postulé l'existence de “super droits fondamentaux” qui seraient au-dessus de la constitution, l'abolition du contrat social est désormais officielle. Quand le gouvernement capitule devant la réalité au lieu de la traiter politiquement, alors le Léviathan refuse d'accomplir les devoirs qui lui incombent.

Par ailleurs, ce problème n'est pas le fait du gouvernement. On peut parler à juste titre d'échec du système, car il n'y a pas de remède à cette classe politique qui s'est construite sur l'avènement de la post-démocratie. Cela ne donne au prétendu souverain, le peuple, aucune marge de maneuvre pour empêcher l'effondrement de l'état de droit. Ce ne sont pas seulement les alternatives politiques mais aussi le sens de l'urgence et la communication qui font défaut.

Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue samedi dans de nombreuses villes d'Allemagne. Elles ont exprimé leur désaccord avec le gouvernement mené par la Chancelière Merkel et avec les services secrets. Voici quelques témoignages issus des manifestations.

Quelques utilisateurs Twitter ont partagé, sous le mot-clic #StopWatchingUs (“arrêtez de nous surveiller”) des images des bannières qui expliquent leurs motivations pour participer à la manifestation :

“Qui n'a rien à craindre, ne devrait pas craindre le lanceur d'alerte !” (whistleblower)!

Avant, on n'avait que la semaine de 35h comme revendication. Aujourd'hui, il s'agit de la liberté tout court !

On ne peut pas se permettre d'attendre que le combat pour la liberté soit qualifié de haute trahison. (Erich Kästner)

Le meilleur slogan!
[Sur la bannière: "Quelle amertume !!! En venir à descendre dans la rue avec le FDP (parti libéral allemand) !]

Les manifestants s'adressent aux passants: “On protège vos droits fondamentaux !”

La canicule estivale était aussi un thème de discussion sur Twitter:

Manif sous 36 degrés contre surveillance à 360 degrés

A la manif ! La liberté, pas la piscine.

Manif contre ACTA: -14°C
Manif contre PRISM: 39°C

Et comme à chaque manifestation, la créativité des participants s'est exprimée :

Je te surveille. (Parodie de Big Brother is watching you)

Burkina Faso : la prochaine crise africaine ?

0
0

Dimanche 28 juillet c’était le premier tour de l’élection présidentielle au Mali mais c’était aussi la quatrième manifestation au Burkina Faso en un mois.

L’opposition avait fait deux démonstrations de force le 29 juin et le 20 juillet. Le parti du président Blaise Compaoré avait répliqué par une manifestation de soutien de ses partisans le 6 juillet.

Photo prise lors de la manifestation du 20 juillet

Photo prise lors de la manifestation du 20 juillet via @Bambyam sur twitter avec sa permission

Pourquoi ces manifestations ? Sur Diktacratie Nico Ramirez raconte dans Burkina Faso : au pays de l’homme qui désintègre [Burkina Faso signifie « Pays des hommes intègres »] :

C’est la mise en place d’un Sénat, la dernière trouvaille du régime pour assurer sa survie, qui a enflammé les esprits. Plus d’élus pour plus de démocratie, un bon gros mensonge pour nourrir des estomacs vides ! À côté des 39 représentants des collectivités territoriales, élus au suffrage indirect, et d’une douzaine de représentants de la société civile, le Sénat comptera également 29 sénateurs nommés par Blaise soi-même, comme ça c’est plus simple.

Cela n'est pas l'unique raison comme l’explique Justin Yarga – journaliste web sur Burkina 24 et blogueur – dans sa note intitulée Burkina Faso: Quand la présidentielle de 2015 se prépare déjà dans la rue sur le blog Noise from Africa :

Pour le parti au pouvoir, cette chambre de sages participe du renforcement de la démocratie. Mais l’opposition y voit le moyen pour le parti au pouvoir et ses alliés de s’assurer une majorité qualifiée qui lui permette, en l’absence de son allié de poids l’ADF-RDA, de modifier l’article 37 et donner ainsi la possibilité d’un second mandat au président Blaise Compaoré.

 

Photo prise le 6 juillet lors de la manifestation de soutien au régime via @babyam avec sa permission

Photo prise le 6 juillet lors de la manifestation de soutien au régime via @babyam avec sa permission

L’ONG internationale de prévention et de résolution des conflits, International Crisis Group (ICG), écrit dans son rapport « Avec ou sans Compaoré, le temps des incertitudes » :

Pour la première fois depuis 1987, la question de la succession du président burkinabè est ouvertement posée. La Constitution interdit en effet à Blaise Compaoré, au pouvoir depuis plus d’un quart de siècle, de briguer un nouveau mandat en 2015. Sa marge de manœuvre est très étroite. S’il respecte la loi fondamentale, sa succession risque d’être difficile tant il a dominé la vie politique et fermé les possibilités d’alternance. S’il modifie la Constitution et se porte candidat à un cinquième mandat consécutif, il prend le risque de déclencher un soulèvement populaire comme celui qui a fait vaciller son régime au premier semestre de l’année 2011. Les partenaires internationaux doivent l’inciter à respecter la loi fondamentale et permettre une transition démocratique en douceur.

Cette contestation a vu l’émergence du mouvement « Le balai citoyen », initiative de deux musiciens : Smockey – rappeur – et Sams K Le Jah qui lui fait du reggae. Ils présentent ainsi le mouvement sur leur page Facebook :

Une Force citoyenne nouvelle résiste et s'organise pour une “VRAIE DÉMOCRATIE”, une “BONNE GOUVERNANCE” et un “MEILLEUR VIVRE-ENSEMBLE” au Faso

Le site eburnienews nous dit que le gouvernement a fait fi des manifestations et que finalement, les sénatoriales ont eu lieu :

Malgré la marche de l’opposition, sa puissance de mobilisation, les « non au sénat » n’ont pas troublé outre mesure le déroulement des élections sénatoriales ce 28 juillet. Les manifestants qui ont essayé de les empêcher ont été … « victimes » de la rapidité du scrutin !

Les 29 sénateurs représentants les collectivités territoriales seront donc bientôt connus et installés. … La conclusion qu’on est en droit de tirer est qu’inexorablement, le sénat sera installé.

Le sénat passera donc, à moins d’un revirement spectaculaire du Président du Faso et est bien parti pour participer à l’ouverture de la prochaine session ordinaire du Parlement.

Sur son blog Rues d'Afriques Sabine Cessou écrit dans Burkina Faso l’insurrection qui vient que comme le Sénégalais Abdoulaye Wade avant lui :

Blaise Compaoré envisage lui aussi une succession dynastique, en poussant son frère cadet, l’impopulaire François Compaoré. Surnommé « petit président », l’homme est soupçonné d’être impliqué dans le meurtre d’un journaliste, Norbert Zongo, qui enquêtait sur la disparition de son chauffeur.

Justin Yarga rappelle dans sa note de blog Burkina Faso: Quand la présidentielle de 2015 se prépare déjà dans la rue déjà citée plus haut que :

Blaise Compaoréa pris le pouvoir en 1987 [par un coup d’état] qui a éteint la plus lumineuse expérience de changement de l’Afrique postcoloniale, celle de Thomas Sankara.

Dans le rapport cité plus haut l’ICG) détaille les répercutions désastreuses qu'une révolte au Burkina Faso aurait dans la région.

 

Colombie : Bienvenue au centre ville de Medellín

0
0

Le centre ville de Medellin, ma ville natale, est l'un des endroits les plus animés (colorés) que j'ai jamais connus. Ce n'est pas l'endroit le plus beau ou le plus sûr au monde mais il est très intéressant, plein d'énergie et exotique.

Adriaan Alsema décrit ainsi le centre ville de Medellín, ou “el centro“, sur le site Colombia Reports [en anglais]. Il évoque les raisons d'aimer ou détester le centre ville de Medellín, et rajoute : ,

c'est exactement ce développement et cette croissance visible et le perpétuel bras de fer entre le bien et le mal qui font que je veuille vivre ici. C'est pourquoi je suis si passionné par le centre ville de Medellin, bien que ça ne soit pas toujours réciproque.

 

L'article propose également une carte interactive.

Inde : le “problème de qualité” de l'enseignement supérieur

L'éducation militaire des jeunes Sud-coréens remise en question après un drame

0
0

Cinq lycéens se sont noyés lors d'un bootcamp, un stage d'entrainement de type militaire, dans un camp privé au bord de la mer, en Corée du Sud, provoquant des débats sur la prévalence des camps d’entraînement de type militaire ainsi que sur la nostalgie de la culture militaire dans l’éducation coréenne.

Dans la province du sud de Chungcheong, cinq lycéens sont morts lors de ce camp d’entraînement de trois jours. Les instructeurs ont obligé les élèves à enlever leurs gilets de sauvetage et à sauter dans la mer en fin d’après-midi. Parmi les 23 étudiants pris dans un fort courant, cinq manquaient à l’appel, leurs corps ont été retrouvés le lendemain.

Avant les funérailles qui se sont tenues le 24 juillet 2013, les camarades de classe des victimes ont posté une courte vidéo dans laquelle ils expriment leurs condoléances sur Youtube (les sous-titres en anglais sont indisponibles) :

Plus tard, la police a découvert que plusieurs instructeurs non qualifiés avaient été embauchés à temps partiel pour la saison estivale. En outre, le camp d’entraînement a utilisé de manière frauduleuse le nom d'un corps de la marine militaire coréenne, bien qu’il n’ait aucun lien avec les forces armées.

Les réactions immédiates à la tragédie ont porté sur le manque de sécurité et les opérations dans les camps d’entraînement non autorisés, puis les blogueurs et twittos ont exprimé leurs inquiétudes sur la prévalence de la culture militaire dans l’éducation coréenne, qui piétine la créativité des lycéens, leur individualité et entrave aussi  selon eux le processus de formation de futurs citoyens responsables et actifs.

Les camps d’entraînement de type militaire sont l’une des activités les plus populaires durant les vacances dans de nombreuses écoles coréennes et le « Gyoryeon », la formation militaire pratique pour les enfants, était l’une des matières imposées aux lycéens pendant près de trente ans. Cette matière est devenue optionnelle en 1997 et a officiellement disparu des écoles seulement l’an dernier.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the one that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Photo de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.

@blu_pn: 해병대캠프 사고로, 극기라는 이름의 병영훈련에 경악하는 분들이 많다. ● 허나 기억할랑가 모르겠다. 나 어릴적 학교에서는 교련이라는 군사훈련을 정규수업으로 받았고, 조회시간엔 군대식 사열과 교장선생님께 거수경례를 했었다[...]

@blu_pn: Après l’accident du camp d’entraînement, nombreux sont ceux qui ont exprimé le plus grand choc envers les camps d’entraînement et l'autodiscipline qu'il inculque par un entraînement intensif. Mais vous souvenez-vous ? Lorsque j’étais enfant, j’ai eu un entraînement militaire appelé « Gyo-ryeon » lors de mon éducation classique. Et pendant les annonces du matin, nous [les écoliers] nous nous mettions en rang comme dans une formation militaire et faisions le salut militaire à notre proviseur.

Le célèbre blogueur Impeter a retracé la longue histoire de la culture militaire dans l’éducation moderne coréenne :

[...] 1969년 안보의식과 전시상황에서의 대처능력을 높인다는 목적으로 고등학교 필수과목으로 ‘교련'을 지정했습니다. 당시 교련을 받은 대부분의 학생들은 그저 학교에서 하는 과목이라고 생각했지만, 지금 돌이켜보면 전쟁이 나면 고등학생까지 총을 들고 전장에 내보내겠다는 끔찍한 일이었습니다. 고등학생을 군인으로 만들려고 하니 군대와 똑같은 체벌과 군인정신을 학교에서 요구하기 시작했습니다. [...] 우리 교육의 가장 큰 문제는 잘못된 명령이라도 무조건 따라야 한다는 일제강점기 조선총독부가 조선의 아이들을 소년병으로 만들려는 군국주의 교육 습성이 군사독재 정권으로 이어지면서 아직도 학교에 남아 있기 때문입니다.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the facility that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Image de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

 

 

 

 

 

 

 

En 1969 [cette année-là, les tensions militaires entre la Corée du Nord et du Sud étaient au plus haut, atteignant un état de pré-guerre] le gouvernement a instauré le « Gyoryeon » comme matière obligatoire afin de sensibiliser l’opinion publique quant à la sécurité nationale et à être mieux préparée à la guerre. La plupart des étudiants ont accepté cette matière sans réfléchir, mais si vous y réfléchissez vraiment, c’est une situation horrible. Elle montre que le gouvernement a pensé à envoyer les lycéens dans une zone de guerre lorsque le conflit éclaterait. Puisque le gouvernement souhaitait transformer des lycéens en soldats, les écoles ont commencé à inculquer l’esprit militaire aux enfants et à presque adopté les mêmes sévices corporels utilisés dans l’armée […] Les plus gros problèmes de notre éducation est [l’idée que] « les étudiants ont besoin d’obéir, même aux ordres erronés », idée née durant la période coloniale japonaise – le gouvernement colonial japonais a transformé les enfants de la dynastie Joseon en enfants soldats [pendant la Seconde Guerre Mondiale] en introduisant le militarisme dans l’éducation. Et cette tradition a survécu, tout comme les régimes autoritaires militaires coréens qui ont pris le pouvoir [des années 1960 aux années 1980], laissant des traces de militarisme dans nos écoles.

 

Kim Yong-Taek, qui a passé toute sa vie comme éducateur, a publié cette analyse dans son blog consacré à l’éducation :

‘군대 갔다 오면 사람 된다’는 말이 있다. ‘말썽 부리고 반발하고 부모 알기를 우습게 알던 아들이 군대 가더니 딴 사람이 되어 돌아왔다’고 좋아하는 부모들이 있다. 과연 그럴까? ‘군대’갔다 오면 사람‘된다’는 말은 고생을 모르고 자란 자녀가 부모와 헤어져 살아보니 철이 든 것이지 군에 갔기 때문에 달라진 게 아니다. 달라졌다면 순진한 젊은이가 ‘폭력에 순종하는 인간성으로 바뀌었다면 그게 달라졌을 뿐이다[...] 개성이니 창의성이니 소통과 비판과 같은 민주주의란 군사문화와는 거리가 멀다. 명령과 복종이 필요할 뿐이다. 그럴 수밖에 없는 것이 적과의 대치 속에서 살아남기 위해서는 강인한 체력과 인내심이 기본이요, ‘시키면 시키는 대로 해야 하는 복종만이 살 길이다[...] 민주시민으로 자라도록 가르치는 학교에서 배우는 학생들에게 군사문화를 주입시킨다는 것은 반민주주의요, 반교육이다.

Image of Boot Camp in Seoul. Unrelated to the facility that is responsible for the accident. Image by Flickr user @fast800 (CC BY-NC-SA 2.0)

Image d’un camp d’entraînement en Corée du Sud, sans lien avec le camp responsable de l’accident. Image de @fast8000, Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

 

 

 

 

 

Il y a un proverbe qui dit que l’armée transforme n’importe qui en un véritable homme. Certains parents ont joyeusement déclaré : « Mon fils, un gamin turbulent qui avait l’habitude de manquer de respect envers ses parents, est devenu un autre homme une fois qu’il a servi dans l’armée » [tous les Coréens valides doivent effectuer leur service militaire obligatoire de deux ans]. CEPENDANT, est-ce vrai ? C’est naturel pour un enfant gâté de devenir un être plus mature après qu’il ait quitté ses parents. S’il y a un réel changement apporté par l’armée, c’est « qu’un jeune homme naïf s’est transformé en une personne obéissante qui succombe à la violence » […] La démocratie fait la promotion de la créativité et de l’individualité et [est ouverte à] la communication et la critique, et se démarque de la culture militaire. Dans la culture militaire, qui se déploie dans des situations extrêmes où l’on affronte des ennemis, une forte résistance physique et la patience sont une nécessité et l’obéissance aux plus hautes autorités la seule chance de survie. Comment une école, une entité qui devrait guider les étudiants à devenir des citoyens respectueux de la démocratie instille-t-elle l’esprit militaire dans ces enfants ? Il s’agit d’une décision antidémocratique en complet désaccord avec le réel esprit de l’éducation.


Nouvelle crise en Tunisie, après une embuscade où 8 soldats ont trouvé la mort

0
0

Les Tunisiens sont sous le choc, après une embuscade qui a coûté la vie à 8 soldats et fait trois blessés près de la frontière avec l'Algérie. L'attaque s'est déroulée lundi, dans la région montagneuse de Chammbi dans le gouvernorat de  Kasserine, à quelques 290 km au sud de la capitale Tunis. Selon les médias tunisiens, cinq des soldats ont eu la gorge tranchée.

Depuis plusieurs mois, l'armée et les forces de sécurité tunisiennes poursuivent des militants islamistes que l'on pense liés à AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamiste) sur le Mont Chammbi. Des explosions de mines, au mois d'avril puis de mai et juin, ont tué deux soldats et fait au moins quatorze blessés parmi les soldats ou des policiers. Le président par interim, Moncef Marzouki, a décrit cette embuscade comme un  ”attentat terroriste”. “Nous sommes entrés dans une période de terrorisme. Nous allons traverser une période difficile, mais nous la surmonterons”, a-t-il dit durant un discours télévisé.

Names of soldiers killed on Mount Chaambi.

Les noms des soldats tué sur le Mont Chaambi.

Quand la nouvelle de la tragédie s'est répandue en Tunisie, des supputations et des accusations se sont multipliées sur les réseaux sociaux.

Interrogé sur qui, selon lui, est derrière cet attentat sanglant, le correspondant de France 24 à Tunis, David Thomson, a répondu :

Comme après l'assassinat du député de l'opposition à l'Assemblée constituante, Mohamed Brahmi, et, auparavant, celui de l'un des leaders de la gauche tunisienne, Chokri Belaid, le gouvernement de coalition réunissant trois partis, conduit par le parti islamiste Ennahdha, est sur la sellette. Les mouvements d'oppositions et les militants tunisiens ont souvent accusé le gouvernement de ne pas prendre assez au sérieux les menaces terroristes et de tolérer les extrémistes religieux.

La sanglante embuscade de lundi aggrave la crise politique où est plongée la Tunisie depuis l'assassinat du député Mohamed Brahmi le 25 juillet. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour exiger la démission du gouvernement de coalition conduit par Ennahdha, . Un sit-in demandant la dissolution de l'Assemblée constituante (ANC), qui est chargé de rédiger la Constitution, a eu lieu. Selon Marsad, une association qui suit et informe sur les travaux de l'Assemblée constituante, 60 députés se sont retirés de l'Assemblée.

List of MPs for (green) and against (red) the dissolution of the NCA. Source: Marsad.tn

Liste des députés pour (en rouge) et contre (en vert)  la dissolution de l'ANC Source: Marsad.tn

Le plus important syndicat tunisien a appelé le gouvernement à démissionner et à mettre en place un gouvernement technique.  Le syndicat s'oppose à la dissolution de l'ANC, et propose la formation d'un comité d'experts pour revoir la dernière version de la constitution en deux semaines, avant de la soumettre au vote de l'ANC.

Tandis que les manifestations contre le gouvernement se poursuivent, une opération militaire est en cours pour “nettoyer” le Mont Chaambi d'éléments islamistes suspects.

Dix restaurants à essayer à Dacca, au Bangladesh

Interview : Des conférences TEDx pour projeter São Tomé au devant de la scène

0
0

[Note de l'éditeur: L'auteur de cette interview est également un membre de l'équipe de TEDxSão Tomé]

TEDx, la version locale, auto-organisée des conférences TED, a déjà atteint des pays lusophones comme le Portugal, l'Angola et le Brésil. Le mois dernier, le programme de conférences est arrivé à São Tomé, une île de l'Etat de São Tomé et Principe, en Afrique. Avec des présentations de 18 minutes qui sont publiées sur Internet, TEDx réunit des personnes créatives pour “échanger des idées qui méritent d'être diffusées”.

Global Voices a rencontré récemment la responsable de TEDxSão Tomé Katya Aragão pour parler de l'équipe qui organise les conférences, de leur impact dans ce petit pays et d'autres choses encore.

Global Voices Online (GVO): Comment avez-vous eu l'idée d'introduire TEDx à São Tomé?

Katya Aragão (KA): C'était plus qu'une idée, emmener TEDx à São Tomé-et-Principe était une nécessité, étant donné que le pays est encore un secret bien gardé. D'une part, nous sommes une destination pour le tourisme de luxe et nous sommes à l'abri du tourisme de masse. Mais d'autre part, être un pays “inconnu” pour le monde extérieur, est en même temps un obstacle de plus au développement de São Tomé-et-Principe, qui, en plus d'être un petit marché, souffre aussi de son isolement.

Ayant à l'esprit que l'objectif général de l’ONG Galo Cantá, qui organise TEDxSãoTomé, est la promotion de São Tomé et Principe, nous avons pensé que la meilleure façon de le faire était de mettre le pays sur la carte d'une marque et d'un événement mondial.

GVO: Quelle logique sous-tend le thème “São Tomé-et-Principe Connectée = Afrique connectée au monde» ?

KA: Le fait que nous vivons dans ce pays : l'ouverture du marché des télécommunications, une révolution locale en informatique avec l'arrivée du câble à fibre optique et de l'Internet 3G. Nous avons décidé de miser sur la connexion entre les deux îles qui composent l'archipel de São Tomé et Principe, et le lien entre le pays et le continent africain, ainsi que le raccordement des habitants de Santoméens au monde.

Nous avons donc appelé notre thème “îles connectées : São Tomé-et-Principe = Afrique connectée au monde !” Et notre slogan “Connectés au monde” !

GVO: Quel est le point central de TEDxSãoTomé et comment a t-il été perçu par les habitants de São Tomé?

KA: Le point central ce sont des idées et des projets ayant un impact local. TEDxSãoTomé a été baptisé du nom de la capitale du pays qui l'héberge – São Tomé – symbolisant la centralité, au sens large du partage et de la nécessité de “penser globalement et agir localement”, en gardant à l'esprit la notion d'amplitude qui relie les îles. Ainsi, l'accent est intrinsèquement lié au thème choisi pour cette année: îles connectées.

L'ONG Galo Cantá a l'intention de faire de TEDxSãoTomé une plate-forme pour diffuser des idées et des projets avec un impact local, contribuer à leur visibilité, agissant toujours comme un pont entre les entrepreneurs et les acteurs. Autrement dit, la rencontre de ceux qui ont de bonnes idées et de ceux qui ont les moyens de les mettre en pratique.

Pour les habitants de São Tomé TEDx est encore un concept nouveau et inconnu, mais les Saotoméens comprennent que ça a quelque chose à voir avec l'innovation, c'est le mot le plus utilisé en référence à TEDxSãoTomé. Il y a encore beaucoup d'efforts de sensibilisation à faire pour que les personnes réalisent vraiment l'importance des événements. Nous avons travaillé sur ce point, mais étant donné qu'il s'agit d'un événement annuel, nous espérons atteindre progressivement tous les esprits à São Tomé et Principe.

 

Katya Aragão/TEDxSão Tomé/Publiée avec autorisation

Katya Aragão/TEDxSão Tomé/Publiée avec autorisation

GVO: Nous notons que l'équipe est composée de 13 personnes. Comment la communication  s'est-elle déroulée entre elles pour la réalisation d'un objectif commun?

KA: Nous sommes en fait 12 personnes, et la communication s'est déroulée d'une manière incroyable. Je me considère chanceuse de travailler avec des gens qui ne renoncent jamais. Nous sommes unis par quelque chose qui a malheureusement presque disparu chez les jeunes: un espoir ! Nous croyons en nous-mêmes, nous croyons dans le pouvoir des jeunes et nous croyons à São Tomé et Principe.

GVO: Nous notons qu'en plus des intervenants de São Tomé et Principe, il y en a d'autres de différentes parties du monde, de Mark Shuttleworth d'Afrique du Sud à Bob Drewes des États-Unis. Quel est le point commun entre vos invités?

KA: Le dénominateur commun est São Tomé et Príncipe. Mark Shuttleworth ainsi que Bob Drewes ont un grand amour pour le pays. Mark est l'un des plus grands investisseurs dans le pays, avec un intérêt particulier pour l'île de Principe. Bob vient régulièrement faire un travail brillant dans les deux îles sur la biodiversité. Il vient ici depuis près de 13 ans.

GVO: Quel impact, d'après vous, un tel événement peut avoir sur la société à São Tomé, à court et à long terme?

KA: Étant donné que notre cible ce sont les jeunes entrepreneurs, le réseautage permettra à court terme une interaction entre invités et intervenants ainsi qu'avec les personnes présentes et des partenariats pour des projets de développement intéressants, entre des gens qui avaient juste besoin d'entendre une histoire intéressante pour découvrir leur propre potentiel, etc. Sur le long terme, l'impact sera encore plus grand, car la fenêtre est ouverte pour de grandes idées et concepts qui continueront à se répandre à travers différentes plates-formes, afin qu'ils puissent être discutés et prendre de l'importance pour les gens. Et bien sûr, un autre effet à long terme sera une augmentation du nombre de visites (à la fois par les investisseurs et les touristes) à São Tomé-et-Principe et même une demande accrue pour des informations sur le pays.

Les vidéos des conférences seront bientôt disponibles en ligne sur le site Web et la page Facebook de TEDx São Tomé.

Guatémala: Les bibliothèques civiques Xela, un an après

0
0

Voici le premier billet d'une série consacrée aux activités de chacun des bénéficiaires des micro-crédits de 2012 au cours de la dernière année.

Depuis un an, le projet de bibliothèques civiques Xela bénéficiaire d'une subvention Rising Voices a démontré comment il pouvait jouer un rôle essentiel, non seulement en fournissant l'accès à Internet pour ses utilisateurs, mais aussi en leur offrant un environnement favorable pour accéder aux informations et de partager des nouvelles importantes pour leur communauté rurale. Ce travail commence par l'engagement des bibliothécaires, qui ont la tâche d'être les ressources locales pour leur communauté. En soutenant les bibliothécaires parce qu'ils aident ceux qui franchissent la porte des bibliothèques à la recherche d'assistance, les utilisateurs trouvent un espace accueillant avec un personnel compétent désireux de promouvoir la participation active des citoyens.

Contexte:

En Avril 2012, Rising Voices a attribué à la Fondation Riecken un micro-crédit pour commencer le projet de bibliothèques civiques Xela sous la coordination de Romeo Rodríguez. La Fondation soutient un réseau de bibliothèques à travers le Guatemala et le Honduras de l'initiative Beyond Access qui cherche à trouver comment les bibliothèques peuvent jouer un rôle vital dans le développement.

Ce projet pilote a été lancé dans trois bibliothèques communautaires dans les municipalités de HuitánSan Carlos Sija et Cabricán dans le département de Quetzaltenango. Ces bibliothèques ont été choisies pour leur proximité les unes des autres et parce que leurs municipalités partagent de nombreuses caractéristiques communes. Beaucoup de résidents autochtones vivent à la périphérie de la ville gagnant leur vie grâce à des activités agricoles.

Suite à l' adoption de la Loi pour le libre accès à l'information publique par le gouvernement guatémaltèque, il y a une attention accrue sur la façon dont la législation pourrait affecter les populations rurales. Elle a fourni l'occasion de présenter à ces communautés les outils pour rechercher des informations qui comptent dans leur vie quotidienne. L'ajout d'une composante de médias citoyens offre également un moyen de mettre en valeur quelques-uns des enjeux importants pour les communautés et ce qui s'y passe quotidiennement.

Les personnes:

Au total, 30 participants, dont des usagers réguliers (âgés de 14 à 24 ans) et les bibliothécaires eux-mêmes ont pris part à des ateliers, se rencontrant chaque jour à la bibliothèque Cabricán. Bien que les communautés ne soient séparées que d'environ 20 kilomètres, il n'y a pas beaucoup de possibilités d'interaction entre elles. Se réunir lors de ces ateliers a permis aux jeunes des différents lieux d'apprendre à se connaître les uns les autres.

Des bibliothécaires à la bibliothèques à Cabricán

Des bibliothécaires à la bibliothèques à Cabricán

Les trois bibliothécaires des trois communautés, Román DíazIsabel Ramos, et Silvia Vásquez, ont joué un rôle spécial dans la formation. À l'avenir, ils pourraient fournir un soutien continu aux usagers de la bibliothèque à l'achèvement de la formation pour l'accès à l'information et aux médias citoyens. La présence de personnel à temps plein dans chacun des sites assure aux usagers de la bibliothèque de trouver de l'aide s'ils rencontrent des problèmes lors de la création de contenu en ligne.

Ateliers:

Les ateliers comprenaient des sujets sur la façon de demander des informations auprès des institutions publiques concernant des questions importantes pour la communauté. Réalisée par l'ONG locale Acción Ciudadana, la formation a porté sur l'importance de l'information publique et montré aux jeunes comment faire une demande. Beaucoup de jeunes étaient curieux de voir comment les fonds publics ont été utilisés par les communautés locales, et des questions ont été posées aux ministères des Finances, de l'éducation, de l'énergie et des mines et la culture.

Ateliers de blogs à Cabricán

Ateliers de blogs à Cabricán

Les ateliers de blogs ont été menées par Kara Andrade, Bea Gallardo et Oscar Gaspar, offrant une formation interactive sur la façon de créer et gérer des blogs personnels, en se concentrant sur ​​le blog de ​​la bibliothèque du groupe. Gérés par chaque bibliothécaire, ces blogs collectifs encouragent des contributions actives des groupes communautaires.

Les événements majeurs:

En Novembre 2012, un important séisme de magnitude 7,4 [fr] a frappé la côte du Guatemala. Dans ces types de catastrophes naturelles, les zones rurales sont souvent les plus touchées et les plus négligées par les secours. Les départements ruraux au Guatemala ont subi le plus de dégâts, les laissant encore plus isolés avec peu de possibilités d'envoyer des informations à propos des dégâts, ou de demander de l'aide.

Cependant, Román Díaz – un bibliothécaire de Huitan – a pris l'initiative de fournir des informations sur certains des endroits les plus touchés à travers la municipalité. Grâce à des photos et des articles publiés sur le blog de la bibliothèque et partagés à travers Facebook, Román a contribué à mobiliser l'aide à la municipalité et aux citoyens concernés.

Dégâts de tremblement de terre dans Huitán, le Guatemala. Photo par Román D í Az

Dégâts dus au tremblement de terre à Huitán, Guatemala. Photo par Román D í Az

Après la réception de cette aide, le blog de ​​la bibliothèque a documenté la reconstruction qui a suivi et la distribution de l'aide. Román a également fourni une mise à jour quinze jours après le tremblement de terre montrant les besoins d'aide supplémentaire. Cette utilisation des technologies de communication alternatives a illustré comment de nouvelles connaissances des outils de médias citoyens pouvaient renforcer les citoyens locaux pour rendre compte de leur réalité en cas de besoin.

Les défis:

L'accès à Internet de qualité continue d'être un obstacle majeur pour les bibliothèques rurales. Internet haut débit n'est pas disponible, et la connexion est limitée aux modems USB 3G. Avec des limites de données pour les comptes, la connexion doit être rationnée pour chaque ordinateur dans les bibliothèques pendant tout le mois. Le recours à ce type de connexion est encore plus frustrant car les modems sont sujets à des ruptures brutales de réseau ou de réduction de vitesse, ce qui rend difficile le téléchargement de contenus. Mais en dépit de ces défis, les bibliothèques ont su bien utilisé la connexion fournie, souvent avec l'aide des contributions de la municipalité locale.

Plans pour l'avenir

Voir le travail de ces bibliothèques – et ses effets – a poussé d'autres internautes du réseau à en prendre note. Utiliser les blogs et partager des informations sur les réseaux sociaux ont fourni à ces bibliothèques une présence en ligne importante pour compléter leur existence physique au sein de ces communautés locales. Cela a également fourni des moyens de communiquer avec les supporters résidant à l'étranger, comme moyen de suivre le travail quotidien des bibliothèques. D'autres bibliothèques ont demandé une aide pour démarrer leurs propres blogs ou créer leurs comptes sur les réseaux sociaux.

Avec l'engagement d’Israel Quic comme programmateur, Riecken prévoit d'offrir un soutien technique supplémentaire sur le terrain pour plus d'aide aux bibliothèques du réseau. Ancien directeur de la bibliothèque Rija'tzuul Na'ooj à San Juan La Laguna, Guatemala, Israel a créé et maintenu le blog de ​​la bibliothèque, mettant à jour fréquemment les informations sur ​​ses activités ainsi que celles de la communauté. Actuellement, il crée un programme pour l'utilisation à partir de deux bibliothèques au Guatemala et un au Honduras; son intention est que ce programme soit réalisé dans toutes les bibliothèques participantes.

À travers le réseau, la Fondation a pris pour priorité de mettre à niveau le matériel et la connectivité Internet dans autant de bibliothèques que possible, permettant d'élargir les types d'activités qu'elles peuvent offrir.

Récemment, la Fondation a lancé un nouveau centre d'affaires où les femmes artisans, en particulier celles impliquées dans le tissage, apprennent à utiliser les outils numériques pour améliorer la commercialisation de leurs produits afin d'augmenter leurs ventes. Le développement micro-économique via les bibliothèques participantes est un autre élément qui a le potentiel d'être reproduit à travers le réseau.

Liens de médias citoyens:

Bibliothèque Nuevo Amanecer, Cabricán

Bibliothèque Mi Nuevo Mundo, Huitán

Bibliothèque de Sabiduría, San Carlos Sija

Le Mali espère un nouveau départ avec le premier tour de l'élection présidentielle

0
0

Ce billet a été publié sur Global Voices en anglais le 2 août (auteur : Rakotomolalatraduit par Claire Ulrich)

Un second tour sera nécessaire pour départager les candidats à la présidentielle dans un Mali actuellement divisé en deux par une guerre avec les groupes rebelles au Nord.

Le second tour déterminera un vainqueur entre l'ancien premier ministre Ibrahima Boubacar Keita, qui a totalisé environ 40% des suffrages lors du premier tour, et Soumaïla Cissé, dont le score est d'environ 24% [mise à jour du 3 août : environ 20%].

Le Mali est déchiré par un conflit avec différents groupes de rebelles au nord depuis un an et demi, puis par un coup d'état d'une junte militaire conduite par le capitaine Amadou Sanogo qui a destitué l'ancien président Amadou Toumani Touré en 2012 et s'est instituée gouvernement.

Affiliations politiques mises à part, le taux de participation des électeurs est déjà une raison de se réjouir. Cette élection est un premier pas vers un retour à la normale, pour un pays qui fait aussi face à une crise entraînée par l'afflux de réfugiés et des pénuries alimentaires. Le second tour aura lieu le 11 août.

Les prétendants

Les résultats du premier tour indiquent que Ibrahim Boubacar Keita  est favori pour devenir le prochain président, avec 55,93% des voix exprimées lors du premier tour en sa faveur au premier tour [Ndt : Taux de participation 51,54%]  Ibrahim Keita a été premier ministre du Mali de 1994 à 2000 sous la présidence de Alpha Oumar Konaré. Il a été ensuite président de l'Assemblée nationale du Mali de 2002 à 2007. Il est également le leader du parti politique Rassemblement pour le Mali (RPM).

 

IBK

Ibrahima Boubacar Keita,  photo de sa page Facebook – Domaine public

Ses principaux concurrents dans la course sont Soumaïla Cissé et Dramane Demblé, entre autres. Certains craignaient que ces élections ne surviennent trop tôt, car certaines zones du pays, au Nord, doivent encore être contrôlées par l’armée malienne et sont aux mains des rebelles.
Alors que quelques candidats ont déjà félicité Ibrahim Keita pour son succès, d'autres ont signalé des irrégularités dans le processus électoral. Souamalia Cissé, qui fut également candidat à la présidentielle en 2002, assure que certaines urnes étaient remplies de bulletins de vote frauduleux. Sur le blog Koaci, le parti de Cissé a déclaré :

L’URD, Union pour la République et la démocratie, parti de Soumaila Cissé, est monté au créneau ce mercredi pour dénoncer “un bourrage des urnes”.

Le parti du candidat Cissé ajoute

Malgré ce bourrage, selon nos chiffres, un second tour est inévitable pour départager notre candidat, Soumaïla Cissé, et Ibrahim Boubacar Keïta [..] Le ministre a annoncé un taux de participation de 53% selon des résultats partiels. Cela donne à peu près 3 600 000 électeurs qui ont voté. Cela veut dire qu'il faudra au minimum 1 800 000 voix pour passer au premier tour, or, à ce jour, aucun candidat n'a plus d'un million de voix

 

Une étape importante pour le Mali
En raison du conflit avec les rebelles au Nord, beaucoup de Maliens ont été déplacés et ont trouvé refuge dans les pays voisins. Dans la vidéo suivante, disponible sur le compte YouTube du Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (UNHCR), Jarrou Ag Ahmed, un réfugié malien au Burkina Faso, explique pourquoi l'élection présidentielle est un pas important pour le rétablissement du Mali

Nous voulons un président pour avoir la paix dans notre pays.

 

D'autres sont du même avis comme Sean Gallagher, le représentant de Catholic Relief Services au Mali :

L’élection est vue comme une chance pour le Mali, et les gens espèrent que le nouveau président élu saisira cette chance et résoudra les problèmes profondément enracinés que connaît le pays pour travailler sur les problèmes des citoyens maliens. On sent également que l'élection éloignera le pays du coup d'état.

Christos Kyrou, un expert en maintien de la paix et résolution des conflits, n'est pas tout à fait aussi optimiste sur le nouveau départ que peuvent apporter ces élections au Mali. Il explique sur la plate forme d'informations The Fair Observer [anglais] ce qui attend le Mali, et les problèmes importants qu'il faut encore résoudre.

Les raisons à l'origine du conflit, dont la pauvreté, la corruption, et la sécheresse persistante de ces dernières années au Nord du Mali, sont les plus gros challenges à long terme qu'affronte le pays. Par ailleurs, le manque d'infrastructures élémentaires, d’opportunités de travail, d'eau et de modules microéconomiques de base comme la disponibilité de crédit laissent penser que, à moins que la communauté internationale réagisse rapidement et fournisse une aide ciblée sur ces questions inquiétantes, ce ne sera qu'une question de temps avant que survienne la prochaine rébellion.

 

Viewing all 7147 articles
Browse latest View live




Latest Images