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Tout sur la tablette nord-coréenne

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L'amour pour les tablettes numériques est universel, et la Corée du Nord, l'un des pays les plus secrets au monde, n'a pas échappé à cette mode. Le blog North Korea Tech blog a publié un article détaillé sur le récent modèle de tablette disponible dans ce pays, avec des informations récoltées par échanges d'emails, conversations téléphoniques et en vidéo sur Skype avec un touriste qui en a acheté une.


Amina, la Femen tunisienne, libérée de prison

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Le billet d'origine sur Global Voices en anglais a été écrit par Afef Abrougui, et est traduit ici par Suzanne Lehn.

Un tribunal tunisien a ordonné, le 1er août, la remise en liberté de la militante des FEMEN Amina Sboui, qui avait été arrêtée à la mi-mai après avoir inscrit le mot FEMEN sur un mur de cimetière à Kairouan, dans le centre de la Tunisie. Le 30 mai, elle a reçu l'injonction de payer une amende pour possession ‘non autorisée’ d'aérosol au poivre. Elle restait toutefois incarcérée pour des chefs d'accusations supplémentaires : “appartenance à une organisation criminelle” [FEMEN] et “atteinte à la moralité publique”.

Amina retrouve la liberté. Elle a été relâchée jeudi après-midi. Photo via la page Facebook de Tunisian Girl

Ces deux charges ont été abandonnées. Si une action en diffamation contre la jeune activiste de 19 ans a été rejetée le 29 juillet, Amina reste accusée de “profanation de cimetière”.

La militante de #Femen #Amina a été libérée de prison. Toutes les charges abandonnées sauf une. Elle passera en jugement à une date inconnue.

Alors que circulait la nouvelle de la libération d'Amina, de nombreux utilisateurs de Twitter ont tourné leurs pensées vers Jabeur Mejri [anglais], condamné à sept ans et demi de prison l'an dernier pour avoir publié des dessins du prophète Mahomet.

Les “forces étrangères” et leur nouvelle définition en Chine

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“Forces étrangères” est une expression utilisée très souvent par le Parti Communiste chinois (PCC) et ses porte-parole pour décrire les motivations politiques qui animent les opposants en Chine. Une fois qu'un individu ou un groupe est considéré comme contrôlé par des forces étrangères, des poursuites politiques deviennent justifiées.

Désormais, c'est au tour de certains internautes chinois d'utiliser cette expression pour désigner le Parti Communiste.

Au cours des dernières années, alors que des responsables du Parti et des hauts fonctionnaires, coupables d'avoir sorti de l'argent clandestinement du pays dans le but d'offrir un mode de vie luxueux à leur famille installée à l'étranger, se sont retrouvés au cœur de scandales, des cybercitoyens redéfinissent activement la signification de “forces étrangères” afin de se moquer de la classe dirigeante corrompue.

Une caricature politique publiée récemment par le microblogueur “Pour parler franchement” constitue l'un des meilleurs exemples d'adaptation du label politique du parti à la corruption locale :

Political cartoon unloaded by micro-blogger "Speaking genuinely" to Sina Weibo.

Caricature publiée par le microblogueur “Pour parler franchement” sur Sina Weibo. Le fonctionnaire dit : Maintenant que ma famille a quitté le pays, je peux prendre ce que je veux.

Ci-dessous, une note explicative relative au dessin  :

【何为“境外势力”】妻子在海外主要从事家庭财产转移洗白工作,儿女在国外各大名校来回炫耀,多处房产在全球自由分散,世界各大银行均有存款…而父亲则是一个始终在国内担任人民公仆并一直致力于把人民币变成美元的苦力,大会小会上慷慨激昂的痛斥腐败,这就叫做境外势力!

[Que sont les "forces étrangères"?] La femme, installée à l'étranger, est responsable du blanchiment d'argent pour le patrimoine familial. Les enfants exhibent l'argent familial dans des universités d'élite à l'étranger. Leurs biens sont en train de s'étendre dans le monde entier. Ils ont placé leur argent dans toutes les banques principales du monde entier. Tout cela alors que le père est fonctionnaire, chargé de la dure tâche de transformer des yuans en dollars US, prononçant à l'envi des discours contre la corruption. C'est ce qu'on appelle des forces étrangères !

De nombreux microblogueurs ont apporté eux-aussi leur contribution pour définir les “forces étrangères” dans la rubrique Commentaires du post :

章立凡: 这种势力才是“正能量”,骂他们的人是不爱祖国的“人渣”…

Zhang Lifang: De telles forces sont soi-disant “l'énergie positive”. Ceux qui les critiquent sont des “salauds” qui n'aiment pas leur patrie.

大圣2004:身在天朝心在外的“爱国者”!

“Holy 2004″: Ce sont les “patriotes” dont le corps se situe dans l'Empire, mais dont le cœur est à l'étranger.

“Script writer Xiaohua” a repris “une infime minorité”, un autre terme de la propagande officielle, utilisé pour décrire tous ceux contrôlés par les forces étrangères, pour l'adapter à la redéfinition des “forces étrangères” :

编剧少华:境外势力不假,可他们并不是一小撮人。

“Script writer Xiaohua”: Ce sont eux les vraies forces étrangères, mais ils ne sont qu'une “infime minorité.”

Certains ont critiqué le manque de démocratie, sous-jacent au problème des forces étrangères :

杨济诚:百姓手中无选票,任凭党棍横行时。

“engine888″: Alors que les gens ordinaires n'ont pas le droit de vote, les tyrans du parti font tout ce qu'ils veulent.

薇菡儿:“境外势力”还骂民主,骂普世价值呢。

“Rose bud”: Les “forces étrangères” aiment également critiquer la démocratie et les valeurs universelles.

道非无道:经济“全球化”,利益“私有化”,子女“西洋化”,政治“牌坊化”,人民“奴仆化”

“Daofeiwudao”: Une économie “mondialisée”, des intérêts “privatisés”, une progéniture “occidentalisée”, une scène politique “sloganisée”, une population “asservie”.

“infantry soldier (fantassin)” se tourne vers la Russie pour trouver des solutions au problème des forces étrangères :

步兵都尉:期望能象普京一样拿出铁腕来,凡国外有存款的,一律不得担任公职。

“infantry soldier”: Je souhaite que l'on applique une politique similaire à celle de Vladimir Poutine et que l'on interdise l'accès aux postes gouvernementaux à tous ceux qui détiennent des comptes dans des banques étrangères.

D'autres sont même allés plus loin dans leur redéfinition de l'expression “forces étrangères” :

我是老纪:只要风吹草动,他们立刻会回到自己的祖国–美国,与家人团聚。星条旗下他们热泪盈眶,发誓要用生命保卫自己的祖国。

“I am Laoji”: Quand ils trouveront quelque chose contraire à leurs intérêts, ils retourneront dans leur patrie – les États-Unis – pour retrouver leur famille. Sous le drapeau américain, ils ont les larmes aux yeux et jurent qu'ils protégeront leur patrie.

阳光_珠珠:写的深刻真实可信!不要说上层的高官!我们的身边不也有这样的典范!

“Sunbeam pearl”: Décrit la réalité d'une façon frappante. Ce groupe d'individus ne fait pas que détenir les plus hautes positions. On en voit tellement d'exemples autour de nous.

殷成刚的微博:辛苦这些贪官了,国内做贼一样,贪钱不敢花;国外的老婆寂寞难耐,找男人打发无聊时间;孩子满世界炫富,不时整点事出来!贪官的境界,其实挺高的!

“Yan Chenggang's blog”: Ces fonctionnaires corrompus sont tellement pauvres. Ils se comportent comme des voleurs et n'osent pas dépenser d'argent. Leurs femmes qui vivent à l'étranger se sentent seules et passent du temps avec d'autres hommes. Leurs enfants ne font qu'exhiber leur argent et créer des problèmes. Être un fonctionnaire corrompu demande un certain caractère et un certain talent.

“Superspeed” (@-劲速-) explique l'impact de la corruption sur l'économie nationale :

截止2012年,我国流至境外的资产高达3万亿,已经影响我国的M2总量了,可见我们的“正能量”是多么的“任劳任怨”啊。

“Superspeed”: Fin 2012, les flux d'argent sortants s'élevaient à 3 000 milliards de yuans (500 milliards de dollars US). Cela a déjà un impact sur les variations de notre monnaie nationale. “L'énergie positive” travaille tellement.

DREAM aide à réduire le SIDA en Afrique

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Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des sites en anglais.

Cristina Cannelli [it], responsable du programme DREAM  en Guinée, nous a accordé une interview publiée par 7 milliards d'Actions, campagne patronnée par l'UNFPA, l'agence des Nations Unies en charge des problèmes de population au niveau mondial, pour célébrer les 7 milliards d'individus sur notre planète. Elle nous parle des objectifs et réalisations du programme en septembre 2011. Depuis, les résultats de diverses études confirment ces résultats positifs, et ouvrent de nouvelles perspectives pour la lutte contre l'épidémie de SIDA.

Aujourd'hui, nous avons interrogé Paola Germani, la responsable du programme DREAM pour l'Afrique.

Global Voices (GV): Selon de récents rapports en provenance de diverses sources, il semblerait que les cas de SIDA soient en diminution. A la lumière de votre expérience du programme DREAM au sein de la Communauté de Sant'Egidio pouvez-vous nous le confirmer?

Paola Gemano: Oui. Dans la plupart des pays où nous travaillons l'épidémie s'est stabilisée, et dans certains pays on assiste même à une réduction du nombre de cas. Selon les prévisions de l'ONUSIDA, pour l'ensemble de l'Afrique Sub-Saharienne, on a enregistré en 2010 une baisse de 16% des cas par rapport à 2001.

GV:Pouvez-vous nous expliquer comment on arrive à de si bons résultats ?

PG: La diminution des cas est due à plusieurs facteurs: elle est due en partie au cycle naturel de l'épidémie, mais elle est également le résultat des efforts récents en matière de prévention, de la prise de conscience accrue des gouvernements et des citoyens, et tout particulièrement du développement des traitements antirétroviraux. On sait que dans les pays qui ont des niveaux de développement faibles ou inexistants, plus de 6 millions de personnes bénéficient d'un traitement antirétroviral. Au début de la mise en place du programme DREAM, il y avait peu de centres capables de proposer le traitement. Aujourd'hui, le traitement est disponible dans la plupart des pays d'Afrique, même si beaucoup reste à faire pour que tout le monde en bénéficie !

GV: Y-a-t-il une diminution du nombre de cas dans tous les pays où le programme DREAM est implanté ?

PG: On a obtenu des résultats particulièrement bons au Malawi, au Kenya et en Tanzanie. Par exemple, au Malawi, le pourcentage de personnes atteintes par l'épidémie est passé de 15% à 11.5% en quelques années.

adozioni_a_distanza_adozione_madre_bambino_santegidio_dream_maggio_2012

Une mère africaine et son enfant – photo du site du projet DREAM mené par la Communauté de Sant'Egidio

GV: Comment se fait-il que les résultats soient si encourageants au Malawi?

PG: La population est peu nombreuse et l'épidémie n'était pas aussi diffusée. Le gouvernement, aidé des organisations qui agissent dans le pays, dont DREAM, a réagi énergiquement à l'épidémie, en administrant la thérapie à des milliers de personnes en quelques années. En 2011 une approche innovante de prise en compte des femmes enceintes séropositives a été mise en place : dès qu'une femme enceinte était détectée séropositive, elle suivait immédiatement le traitement HAART (Highly Active Antiretroviral Therapy – traitement antirétroviral hautement actif) donnant ainsi de meilleures chances au bébé de ne pas être contaminé et réduisant les risques pour la mère.

GV: Le programme DREAM a créé des équipes mobiles pour visiter certains quartiers de villes africaines et proposer une meilleure aide aux malades du SIDA. Où en est-on ?

PG: C'est en cours et on progresse ! Nous intensifions ce service à la fois pour les personnes qui vivent en zones rurales comme le Kenya (où nous avons des bases dans l'est du pays) ou au Malawi (où il y a peu de centres de santé et où les villages sont très éloignés les uns des autres), et pour atteindre les personnes qui vivent en banlieue des grandes villes comme Conakry et Kinshasa. En nous rendant là où vivent les malades nous appréhendons mieux les problèmes et les difficultés, et ensemble nous pouvons travailler à les surmonter.

GV: Pouvez-vous nous en dire plus sur le vaccin contre le SIDA du Prof. Felipe Garcia [it] dont on a beaucoup parlé ces deux dernières années et qui, selon les médias, serait efficace pendant un certain temps et réduirait le développement du virus dans les phases initiales de la maladie?

PG: Depuis ces dernières années, tout en poursuivant les recherches sur un vaccin, nous recherchons également les possibilités de fabriquer un vaccin thérapeutique, qui améliorerait le système immunitaire des personnes déjà atteintes de la maladie et qui suivent un traitement antirétroviral. Cependant, ce médicament accompagne un traitement antirétroviral. En d'autres termes, il ne peut pas remplacer un traitement antirétroviral. Des découvertes ont été faites mais pour le moment elles en sont encore à un stade expérimental. Les recherches continuent néanmoins et nous espérons apporter quelque chose d'utile aux malades.

GV: Le programme DREAM ne se contente pas d'identifier et d'aider les personnes séropositives. Pouvez-vous nous parler de vos autres actions en Afrique ?

PG: Tout d'abord nous avons des actions que l'on peut appeler culturelles. En d'autres termes, nous informons les populations des pays où nous avons des bases, sur le SIDA, la prévention, les traitements et les droits des personnes séropositives. La lutte contre la stigmatisation des malades est un aspect important. Dans certains pays des associations qui luttent contre la stigmatisation et pour le droit aux traitements se sont développées autour de DREAM.

Souvent les centres DREAM se trouvent dans des zones de banlieues où le manque de services de base se fait sentir. Autant que possible nous essayons de remédier aux besoins les plus urgents de la population. Par exemple, dans certains centres, nous avons installé des pompes à eau car nous avons remarqué que les gens du quartier n'avaient pas toujours accès à l'eau potable.

D'autre part, au Mozambique (Maputo et Beira), et au Malawi nous avons ouvert des centres de nutrition pour les enfants afin de lutter contre la malnutrition infantile qui est très fréquente et qui a des répercussions sur la vie et le développement général de l'enfant. Tous les jours dans ces centres, environ 500 enfants reçoivent un repas complet et équilibré.

GV: Nous avons entendu dire que le programme distribue de la nourriture aux familles des malades du SIDA.

PG: Oui. Dans de nombreux pays d'Afrique les gens souffrent d'un approvisionnement précaire en nourriture et la malnutrition aggrave les effets du SIDA. De plus, aux stades avancés de la maladie, les gens n'ont plus la force de travailler et ont moins de moyens pour acheter de la nourriture; pour cette raison nous avons identifié des catégories de personnes qui ont plus de besoins que d'autres et nous essayons de leur fournir des colis alimentaires pendant un certain temps. Parmi les gens qui bénéficient de cette aide on compte les femmes enceintes et celles qui nourrissent leur enfant : le fait de leur donner à manger réduit les risques de malnutrition pour le bébé. Il y a aussi les malades du SIDA qui arrivent au centre en état de malnutrition et à qui on fournit des colis alimentaires pendant les 6 premiers mois de traitement. En général cela leur suffit pour retrouver assez de santé et de force pour retourner travailler. Nous proposons une aide alimentaire dans tous les pays où nous travaillons, cependant il faut avouer qu'avec la crise économique il devient de plus en plus difficile de trouver des partenaires pour nous aider et nous soutenir dans ce domaine.

GV: Que fait le programme  BRAVO! (Birth Registration for All Versus Oblivion-enregistrement des enfants à l'état civil) [it] ?

PG: BRAVO! est un programme géré par Sant'Egidio et rattaché à DREAM, mais c'est un autre programme.

GV: Y-a-t-il autre chose que vous souhaiteriez ajouter à l'attention de nos lecteurs ?

PG: Pour nous DREAM n'est pas seulement un programme d'aide médicale, c'est aussi une expérience humaine et spirituelle très importante: nous avons réalisé qu'en unissant les efforts de tous nous pouvions affronter des problèmes que nous pensions insurmontables et changer la vie de beaucoup de gens. Cela nous encourage à ne pas abandonner devant l'impossible mais à surmonter l'insurmontable !

Le site internet de Sant'Egidio explique le programme BRAVO! pour l'enregistrement à l'état civil des enfants à la naissance, grâce à l'amélioration des services d'enregistrement, la prise de conscience par les parents et les enfants de l'importance de cet enregistrement et la collaboration avec les ministères et institutions gouvernementales responsables. Des pourparlers sont en cours pour un nouvel entretien avec les responsables des BRAVO! sur leurs réalisations, les difficultés rencontrées et les projets à venir.

La publication de cet entretien a été rendue possible grâce à Marisa Petricca, qui en a fait la relecture et qui a aidé à trouver les références, photos et vidéos appropriées.

Les fleuves du Bangladesh disparaissent

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Lors de la naissance du Bangladesh en 1971, le pays comptait approximativement 24.000 km de fleuves et affluents. Après quatre décennies, de nombreux fleuves meurent du fait principalement de la gestion unilatérale des eaux et des barrages construits par le grand voisin en amont l'Inde. Wahidul Islam de Poltalk relève le problème et ses conséquences.

‘Rewire', un livre du co-fondateur de Global Voices Ethan Zuckerman

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Dans son essai Rewire, le chercheur et activiste Ethan Zuckerman, co-fondateur de Global Vocies, analyse pourquoi le potentiel de communication attaché à la technologie ne conduit pas obligatoirement au renforcement du lien entre humains. Pour ceux qui s'intéressent à une perspective plus large, Ethan Zuckerman réfléchit dans cet ouvrage aux défis et au chemin déjà parcouru dans la mise en relation sur Internet des personnes, par-delà leurs différences culturelles.

Les villes péruviennes commémorent ceux qui sont morts en défendant le droit à l'eau

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[Liens vers des pages en espagnol, sauf indication contraire.]

Un an après les protestations contre l'exploitation minière dans la région de Cajamarca [en] au nord du Pérou, les responsables de la mort de cinq civils au cours des confrontations entre les manifestants et la police n'ont toujours pas été identifiés.

Le 3 juillet 2012, la ville de Celendín était au 33ème jour d'arrêt du travail et comptait parmi l'une des mesures de protestation organisées contre le projet minier Conga [en] dans différentes villes à travers Cajamarca.

Ce jour-là un groupe de personnes a bloqué l'hôtel de ville de Celendín, ce qui a entraîné des affrontements entre les manifestants et la police. Au début, il n'était fait état que de deux agents de police blessés, ce que le Ministre de l'Intérieur a qualifié d’ “actes criminels” commis par de “mauvais meneurs” d'après les propos du Premier Ministre Óscar Valdéz.

Cependant, on a appris plus tard que les confrontations [en] avaient fait trois morts et près de 30 blessés du côté des civils ainsi que deux agents de police et trois membres de l'armée blessés du côté de l'ordre public.

Suite à la dégradation des bureaux du Gouvernement et du Procureur et de propriétés privées l'état d'urgence a été décrété dans les provinces de Celendín, Cajamarca et Hualgayoc durant deux mois entiers.

Eleuterio García Rojas, César Medina Aguilar, José Faustino Silva Sánchez et José Antonio Sánchez Huamán sont morts le 3 juillet 2012 à Celendín ; le jour suivant Joselito Vásquez Jambo est mort dans la ville de Bambamarca. A ce jour [de la rédaction du billet en espagnol], les responsables n'ont pas été retrouvés et justice n'a pas été rendue.

Un an depuis les morts de Celendín

En ce premier anniversaire, la communauté de Celendín s'est rassemblée dans les rues pour commémorer pacifiquement la date du 3 juillet, désormais désignée comme le “Jour de résistance et de dignité à Celendín”.

Manifestación pacífica en Celendín el 3 de julio, 2013. Foto de Jorge Chávez, usada con permiso.

Manifestations pacifiques à Celendín le 3 juillet 2013. Photo publiée avec l'autorisation de Jorge Chávez.

Près d'un millier de ronderos [membres de patrouilles d’îlotage] ont marché dans les rues de Celendín “en demandant au gouvernement fédéral et à la compagnie minière Yanacocha de  témpogner plus de respect aux populations locales qui ne veulent pas d'activité minière et qu'il enquête et punissent par des moyens légaux ceux qui sont réellement responsables des meurtres de quatre citoyens de Celendín,” d’ après le site Cajamarca Global.

Un certain nombre d'organisations européennes qui soutiennent la manifestation de Cajamarca contre le projet minier Conga ont publié une déclaration exprimant leur inquiétude au sujet de ce qu'il s'est passé et de la situation en cours :

Visto que el proyecto Conga no tiene la licencia social del pueblo de Cajamarca, estamos muy preocupados por la criminalización de la protesta social en Cajamarca. Condenamos el uso desproporcionado de la fuerza por parte de la policía y las fuerzas armadas, condenamos la estrategia de criminalización por medio de la cual los ciudadanos son detenidos arbitrariamente y procesados. El pueblo tiene el derecho a manifestarse y pronunciarse. Por eso insistimos que el Estado peruano garantice estos derechos.

Etant donné que le projet Conga ne trouve pas le soutien de la population de Cajamarca, nous sommes très préoccupés par la criminalisation des manifestations publiques à Cajamarca. Nous condamnons l'usage disproportionné de la force par la police et les forces de sécurité ; nous condamnation la stratégie de criminalisation par laquelle les citoyens ordinaires sont arrêtés et accusés de manière arbitraire. Les gens ont le droit de protester et de faire entendre leur voix. Pour cette raison, nous insistons sur le fait que le Gouvernement du Pérou doit garantir de tels droits.

Wilder Sánchez Sánchez rappelle ce qui s'est produit dans le blog Punto de Vista y Propuesta, à travers un résumé des activités organisées par différents groupes dans les villes de Celendín, Hualgayoc et Cajamarca :

El miércoles 3 de julio se cumple un año de la masacre en la ciudad de Celendín y el jueves 4 un año de la masacre perpetrada en Bambamarca por las fuerzas combinadas del Ejército, de la Policía “Nacional” convertida por el Gobierno Central en fuerza mercenaria al servicio de Yanacocha y por los propias fuerzas de seguridad de la minera (infiltrados en) y camuflados de policías. Como se recuerda, el 3 de julio del 2012 fueron acribillados por disparos de balas de largo alcance cuatro celendinos, además de numerosos heridos, golpeados, detenidos, perseguidos y judicializados.

Mercredi 3 juillet était le premier anniversaire du massacre survenu dans la ville de Celendín ; et jeudi 4 juillet, un an près le massacre de Bambamarca commis par l'armée, la police fédérale —transformée en milice mercenaire au service de Yanacocha par le gouvernement fédéral— et les propres forces de sécurité de la compagnie minière (infiltrées) qui s'étaient déguisées  en policiers. Nous commémorons le 3 juillet 2012 lorsque quatre Celendinos ont été atteints par des armes longue portée, en pus des autres qui ont été blessés, frappés, arrêtés, persécutés et traînés devant les tribunaux.

Jorge Chávez Ortíz, un étudiant venant de Celendín, traitait sur le blog Mi mina corrupta (Ma mine corrompue) de la veillée qui s'est tenue le 2 juillet pour honorer les disparus :

En la vigilia se hizo la presentación del corto documental “La Tierra clama Justicia” elaborado por la PDTG con el apoyo de DOCUPERU y ACSUR Las Segovias, como también se presentó un vídeo elaborado con los diferentes mensajes enviados de varias partes del mundo solidarizándose con el pueblo de Cajamarca, se contó con la participaron varios artistas celendinos del campo y la ciudad.

Au cours de la veillée, le court-métrage “La Tierra clama Justicia” (la Terre demande justice) réalisé par le PDTG avec le soutien de DOCUPERU et ACSUR Las Segovias a été présenté avec une vidéo des divers messages envoyés du monde entier en solidarité avec la population de Cajamarca et la participation de divers artistes Celendino du pays et de la ville.

Foto de Jorge Chávez, usada con permiso.

Veillée à Celendín le 2 juillet 2013. Photo publiée avec l'autorisation de Jorge Chávez.

Sur le blog Celendín Libre, Jorge Chávez raconte la façon dont le 3 juillet à été commémoré à Celendín :

ese día de recuerdo inicio con una misa en la iglesia matriz de dicha ciudad, esta misa fue en honor a los fallecidos del 3 de julio de 2012, la iglesia estuvo a su máxima capacidad, mientras la gente esperaba en la plaza de armar. Luego de la misa se realizó una movilización, iniciando con un plantón en la municipalidad de Celendín, donde la madre de José Sánchez Human, increpo a los policías que custodiaban el inmueble, mientras les enseñaba la foto de su hijo. Luego la movilización recorrió las calles de la ciudad rumbo al cementerio general “Sagrada Familia”, donde se encuentran las tumbas de las 4 personas.

le jour de commémoration a débuté par un rassemblement dans la principale église de la ville ; ce rassemblement était en l'honneur des trois victimes du 3 juillet 2012 ; l'église était bondée, tandis que les gens attendaient sur la place centrale. Par la suite une manifestation a eu lieu, commençant par une protestation dans la ville de Celendín, où la mère de José Sánchez Human a réprimandé les soldats gardant le bâtiment, leur montrant une photographie de son fils. Plus tard la manifestation s'est déplacée à travers les rues de la ville en direction du cimetière “Sagrada Familia”, où les quatre personnes sont enterrées.

Celendín el 3 de julio, 2013. Foto de Jorge Chávez, usada con permiso.

Celendín, 3 juillet 2013. Photo publiée avec l'autorisation de Jorge Chávez.

Quelques jours auparavant,  GeneroyMineriaPeru téléchargeait une vidéo de plusieurs femmes qui ont pris part aux protestations contre Conga en Cajamarca, chacune à sa manière :

Blanca nos presenta la vida campesina en Cajamarca desde su comunidad, desde su ser rondera y amante de su territorio, bañándose con Aguas de Libertad. Amalia, desde la ciudad, nos trae Memorias de Fuego caminando por los recuerdos de la lucha que unió a diferentes provincias alrededor de las ollas comunes en defensa de sus lagunas. Keyth se levanta por una Tierra que clama Justicia recorriendo las calles de Celendín, rastreando respuestas, combatiendo la impunidad.

Blanca nous montre la vie rurale en Cajamarca depuis sa communauté, où une rondera et une amoureuse de sa région, elle beigne dans les Aguas de Libertad [eaux de la liberté]. Amalia, venant de la ville, nous apporte les Memorias de Fuego [souvenirs du feu] errant à travers les mémoires de la lutte qui a unie différentes provinces autour de marmites communes en défense de leurs lacs. Keyth prend position pour une Tierra [Terre] qui demande justice alors qu'elle déambule dans les rues de Celendín, cherchant des réponses, se battant contre l'impunité.



La Plataforma Institucional Celendina (PIC) a publié un manifeste appelant à une journée de la dignité pour Celendín, qui a été reproduit sur le blog Sin Patrones. Le manifeste se termine par le serment suivant :

Juramos por la sangre de nuestros hermanos caídos y las lágrimas de nuestras madres y nuestros padres, por la tierra que nos vio nacer y donde descansan nuestros muertos, por las aguas y las plantas y los animales que nos acompañan y con los que vivimos, por el aire que respiramos y por el país grande en que vivimos que es el Perú pero es también el mundo, que vamos a resistir ante el invasor sin usar violencia pero con toda firmeza hasta que la amenaza sobre nuestras vidas y la de nuestros hijos e hijas y contra el futuro que anhelamos, ya no exista más.

Nous jurons par le sang de nos frères disparus et les larmes de nos mères et pères, par la terre qui nous a donné la vie et le repos de notre mort, par les eaux et les plantes et les animaux qui nous entourent et avec lesquels nous vivons, par l'air que nous respirons et par le grand pays dans lequel nous vivons, le pays du Pérou mais aussi le monde, que nous résisterons à l'envahisseur sans recourir à la violence mais avec une détermination absolue jusqu'à ce que la menace pesant sur nos vies et celles de nos fils et filles et l'avenir nous avons très envie que cela n'existe plus.

A la fin se trouve le témoignage émouvant de Mme Adelaida Tabaco, veuve de Eleuterio García Rojas, sur la manière dont elle a vécu ces terribles moments il y a un an et comment sa vie a été altérée depuis lors.

Billet original publié sur le blog Globalizado de Juan Arellano.

Bangladesh : deux femmes arrêtées après leur mariage secret

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Tous les liens renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Au Bangladesh, une femme musulmane et une femme hindoue ont été arrêtées après s'être mariées en secret. Il s'agirait du premier mariage homosexuel dans le pays, malgré les lois interdisant une telle union.

Après s'être enfuies de Pirojpur, une ville au sud-ouest du pays, les jeunes femmes de 21 ans et de 16 ans, qui se sont rencontrées alors que la première encadrait la seconde pour ses études, se sont rendues dans la capitale à Dacca pour se marier et vivre ensemble. Mais le père de l'une elles ayant fait une déposition pour recherche d'une personne disparue après la fugue de sa fille, la police les a retrouvées toutes les deux vivant ensemble dans une habitation louée à Dacca peu de temps après.

Au Bangladesh, tout type de relation homosexuelle dont le mariage est illégal et soumis à des peines comme l'emprisonnement ou jusqu'à dix années de travaux d'intérêt général. Les signes publics d'affection entre amis du même sexe sont très communs et ne soulèvent aucune controverse. Cependant, une forte opposition à l'homosexualité découle des traditions religieuses dans ce pays à majorité musulmane. Les communautés homosexuelles existent au Bangladesh mais restent des minorités cachées (voir cet article de Global Voices).

World homosexuality Laws. Click on image to see legend. courtesy Wikimedia Commons. CC BY-SA 3.0

Les lois sur l'homosexualité dans le monde. En rouge, les pays où sont en vigueur les peines d'emprisonnement (jusqu'à la perpétuité) et en marron sombre, des peines de mort. Cliquez sur l'image pour voir la légende. Cédée par Wikimedia Commons. CC BY-SA 3.0.

La nouvelle a fait des vagues sur tous les médias sociaux du Bangladesh et a provoqué la colère de certains.

Mais nombreux sont ceux qui ont bien accueilli ce premier mariage homosexuel au Bangladesh. Golam Rabbani [bn] a écrit sur sa page Facebook :

যে দুটি মেয়ে বিয়ে করেছে তাদের জন্য শুভকামনা রইলো… জীবন সুন্দর… তাদের এ সাহসের জন্য অভিনন্দন তাদেরকে… জয় হোক জীবনের…

Tous mes meilleurs voeux aux deux jeunes femmes pour leur mariage… La vie est belle… Je salue leur courage… Que la vie soit la gagnante…

Le blogueur de la Diaspora Avijit Roy a rédigé sur son blog de nombreux articles scientifiques sur l'homosexualité. Il a loué le courage de ces deux femmes dans une note postée sur Facebook, dans laquelle il mentionne que l'une d'elle était assez hardie pour demander à la police qui l'interrogeait :

একটা ছেলে যদি একটি মেয়েকে ভালো বাসতে পারে, তবে একটা মেয়ে কেন আরেকটা মেয়েকে ভালোবাসতে পারবে না?

Si un homme peut aimer une femme, pourquoi une femme ne le pourrait pas?

Cependant, nombreux sont ceux qui n'ont pu accepter le mariage. Beaucoup de commentaires négatifs ont été observés dans la section des commentaires des articles d'actualité mis en ligne.

Le blogueur et utilisateur de Twitter Mehedi Akram (@mehdiakram) parle d'invasion de la culture occidentale :

Un mariage entre deux femmes! http://t.co/aX2o5V2D5R Que verrai-je encore jour après jour ? Voici donc la domination de la culture occidentale :D

D'autres sont allés plus loin. L'année dernière, le Dr. Muhammad Yunus, un économiste et lauréat bangladais du Prix Nobel, et 3 autres titulaires du Prix Nobel de la Paix, ont publié un communiqué appelant à la légalisation de l'homosexualité. Après l'annonce du mariage homosexuel entre ces deux femmes, l'”Ulama Masayekh Sanghati Parishad”, une association de religieux musulmans, a accusé le Dr. Yunus de promouvoir le mariage homosexuel au Bangladesh et a appelé  à son arrestation et sa condamnation [bn]. Ils ont aussi appelé à le boycotter socialement et ont programmé une occupation du Yunus Center.

D'autres ont fait preuve de tolérance. Un commentateur du nom de Notum a déclaré sur le blogpost de Kanij [bn], sur la plateforme bangla Somewhereinblog.net qui couvre les faits d'actualité :

সমকামিতাকে আমি ভালো মনে করি না… কিন্তু এটা তাদের ব্যক্তিগত ব্যাপার… তাই তাতে আমি নাক গলাবো না…

Je ne soutiens pas l'homosexualité… mais ceci est leur vie privée… Je ne m'impliquerai donc pas dans ce sujet…

Le photoblogueur Pranabesh Das (liens indisponible) a écrit sur Facebook au sujet de l'arrestation de ces deux femmes et sur la mauvaise publicité qu'elles doivent subir :

Elles sont juste malchanceuses d'être nées dans le mauvais pays à un mauvais moment.

Ceci est de l'Amour. Image de MOKOtheCRazy. CC BY-NC-ND

Le blogueur et étudiant en droit Rayhan Rashid [bn] reconnaît qu'il s'agit là d'un exemple unique au Bangladesh, remarquable pour quatre raisons :

(১) যে সমাজে নারীর নিজের কোনো পছন্দ অপছন্দ থাকতে নেই, সেখানে তারা নিজেদের পছন্দকেই প্রাধান্য দিয়েছেন;
(২) তারা দু'জন ভিন্ন ধর্মের, একজন তো আবার সংখ্যালঘু ধর্মের। কিন্ত তাদের সম্পর্কের কাছে সে দেয়াল দাঁড়াতে পারেনি;
(৩) ধর্মীয় গোঁড়ামীর দেশে সম-লিঙ্গের সম্পর্কের সাহস দেখিয়ে নিজের মতো করে ঘর বেঁধেছেন;
(৪) দেশের আইনে ফৌজদারী অপরাধ জেনেও নিজেদের বিবেক, পছন্দ এবং সম্পর্কের সাথে কোনো ধরনের আপোষ করেননি দু'জন।

  1. Dans une société dominée par les hommes où les demandes des femmes sont ignorées, ces dernières viennent d'exposer leurs propres envies.
  2. Les deux femmes sont de religion différente, dont l'une provient d'une minorité religieuse. Mais ces différences n'ont pas arrêté leur relation.
  3. Dans une société religieuse très conservatrice, elle ont démontré leur courage par leur relation homosexuelle et ont commencé leur vie commune en suivant leur choix.
  4. Ces deux femmes n'ont pas trahi leurs sentiments, leurs choix et leur relation bien que l'homosexualité soit pénalisé dans le pays.

Le blogueur Vaskor Abedin [bn] a trouvé qu'il y avait surtout des voix masculines dans le débat :

[...] গতকাল দুই নারীর সমকামী সম্পর্কের খবর নিয়া নিউজ পোর্টাল আর সোশ্যাল নেটওয়ার্কিং সাইটগুলিতে যেমন প্রতিক্রিয়া হইলো তাতে পুরুষালি জাজমেন্টের সেক্সিস্ট উত্তাপটা বেশ টের পাইলাম [...]

[...] Dans tous les débats de la journée d'hier au sujet du mariage homosexuel, sur les médias traditionnels ou sociaux, j'ai ressenti comme un ton sexiste de mâle dominant. [...]

Quelques jours auparavant, un leader islamiste a comparé les femmes à du tamarin (“tetul” en bangla) lors de son sermon, que les hommes salivaient en les regardant et qu'elles devaient donc rester à la maison. Un réalisateur renommé, Mostofa Sarwar Faruki, a mentionné ceci sur Facebook:

Si cette information est vraie, nous avons ici le premier couple officiel lesbien de Bangladesh. Dans un pays où le Hujur (homme religieux) Tetul prêche que les filles ne doivent pas fréquenter les garçons, comment sera considéré une telle fréquentation fille-fille? Impatient de connaître les prochains épisodes.

 

De nombreuses personnes ont qualifié les média d'irresponsables pour avoir révélé les identités et les images des jeunes femmes, redoutant que cela pourrait mettre leur vie en danger et les écarter de la société. Shaugat Ali Sagor a écrit [bn] :

যারা নাগরিকের ‘প্রাইভেসি’ ‘প্রাইভেসি’ বলে গলা ফাটান, তারা কি … [সমকামী তরুণী] আর … [সমকামী তরুণী] এর ‘প্রাইভেসি'কেও সম্মান দিতে প্রস্তুত। নাগরিক হিসেবে তাদেরও তো ‘প্রাইভেসি’ আছে। নাকি?

A tous ceux qui pleurent en parlant de la “vie privée”… Respecteront-ils la vie privée du couple? Elles aussi ont droit à leur vie privée en tant que citoyennes du pays, n'est-ce pas?

Le journaliste et écrivain Anisul Haque a exprimé son indignation suite à la publication des identités et des adresses de deux jeunes femmes dans son commentaire sur le post de Mostofa Sarwar Faruki :

[...] J'ai peur que nous dépassions les limites, nous violons leur droit à la vie privée en publiant leur photo, leur nom, leur adresse. Pourront-elles vivre dans cette société après cette information? Les journalistes ont-ils le droit de détruire la vie d'un citoyen?

Boys of Bangladesh, un groupe LGBT, a fourni de nouvelles informations sur les deux femmes sur sa page Facebook :

MISE A JOUR sur [les deux femmes] : Comme vous le savez déjà, [la jeune fille de 21 ans] est actuellement en garde à vue et [la jeune fille de 16 ans] est retournée au sein de sa famille. [La femme de 21 ans] a été arrêtée pour détournement et trafic de mineurs. [...] La protection des deux jeunes femmes impliquées est une préoccupation immédiate. Deuxièmement, déposer plainte avec le Conseil de Presse pour avoir rendu publique leur identité, du moins celle de la mineure. Nous essayons aussi d'organiser une réunion urgente pour formuler une réponse stratégique concernant les difficultés immédiates et, sur un plus long terme, pour la reconnaissance officielle du sentiment et des relations homosexuels.


Émouvants ou hystériques, les poèmes de parents deviennent viraux au Japon

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[Tous les liens conduisent à des pages en japonais, sauf mention contraire.]

Au Japon, les utilisateurs de Twitter ont dernièrement parsemé leurs tweets d'allusions à l'éducation de leurs enfants. Mais ils ne parlent pas  du fait que les salariés japonais utilisent moins leur congé parental. Ils ne parlent pas non plus de la très débattue loi sur la politique d'éducation sur les plateformes des partis politiques japonais, comme lors de la récente 23ème élection de la Chambre des conseillers [en].

Délaissant la politique, les net citoyens japonais écrivent tout simplement des poèmes, sur ce qu'est être parents et partagent leurs expériences sous le mot-clic #途中から育児の話になるポエム, qui signifie, “Soudain, un poème sur l'éducation d'un enfant”.

parmi les messages publiés sous ce mot-clic, on trouve à la fois les problèmes et les joies d'être parent. Les pères et les mères expriment leur vécu dans différents styles littéraires : parodies de chansons célèbres ou posts plein d'humour et d’auto-ironie. 

Une mère exprime ses pensées pleine d'amour à ses enfants profondément endormis avec un voeux sincère :

Ton visage endormi à côté de moi est si doux. Reste calme s'il te plait et ne te réveille pas avant le matin.

@wandayou_ parle de l'aide qu'apporte un parent à un enfant sans que celui ci ne s'en aperçoive :

Tu peux le faire . Oui, tu peux le faire. Je t'ai donné un petit coup de pouce, encore et encore. Encore et encore, je t'ai tapé dans le dos, et tu souris toujours doucement, jusqu'à ce que j'abandonne et te repose sur le lit…Je le savais!  Tu as fait ton rot.

Ukey propose des vers humoristiques sur la paternité  :

Oh non, s'il te plait / Sois gentil avec moi / n'agrippe pas mon sein comme ça / je suis Papa, je n'ai pas de lait

Green_daram, mère d'un bébé, a écrit sur les petites attentions d'un enfant.

Quelle que soit ma fatigue, tu me souris. Puis tu touches mes cheveux comme pour m'encourager et les enduits de porridge.

D'autres internautes se sont joints à ces parents pour évoquer, pince-sans-rire, les expériences quotidiennes :

S'il te plait ne lache jamais ma main.
Je sais que tu partiras un jour, mais s'il te plait, reste avec moi pour l'instant.
Non, s'il te plait, ne tire pas sur mon bras. S'il te plait, marche avec moi sur la même route.
Ou essayes-tu de te faire écraser ?

Un sentiment au delà des mots. Tout ce que je peux faire est de te serrer contre moi, juste te serrer contre moi.  Comment ce cloporte est-il sorti de la machine à laver ?

Stop. je ne veux rien entendre maintenant. Je ne veux pas entendre ces mots. Tu me regardes, avec des yeux qui sont rarement aussi sérieux. Je sais ce que tu veux dire….c-a-c-a.. Oh zut, il n'y a pas de toilettes par ici.

@fumipol parphrase “ Tristesse souillée” [en], un célèbe poème écrit par le poète et traducteur japonais  Chūya Nakahara [en]:

Tristesse souillée. Nous louons cette maison. S'il te plait ne gribouille pas sur ça.

Ces tweets ont été rassemblés et classés par sujets sur Togetter et Naver,  outils en ligne qui permettent d’élaborer des histoires en agrégeant des citations prises sur les médias sociaux. Les lecteurs ont confié leurs impressions :

Ce recueil de poèmes montre clairement que l'amour pour un mari et l'amour pour un enfant sont vraiment différents. LOL. Si mon mari faisait ça, vraiment, je ne lui pardonnerais jamais.  XD

C'est intéressant. Tous les enfants font la même chose. LOL. Ne le ratez pas ça, vous qui êtes maman !  #途中から育児の話になるポエム, La meilleure sélection est sur Naver.

Proofreading:Keiko Tanaka, L. Finch

Seize personnes dans un mototaxi, dans la campagne indienne

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Cramming sixteen people in an autorickshaw. Image by Kiruba Shankar.

Comment tasser 16 personnes dans un rickshaw à moteur. Photo de Kiruba Shankar. Utilisation sous License Creative Commons (BY-NC-SA 3.0)

Kiruba Shankar, blogueur, membre de la communauté TED et entrepreneur, raconte comment, dans l'Inde rurale, un rickshaw à moteur construit pour transporter 4 passagers peut en contenir 16 :

C'est mathématique : Trois devant (dont le chauffeur). Quatre sur le siège arrière. Trois sur le petit siège en bois face au siège arrière. Deux qui s'accrochent sur le côté. Et pour finir quatre dans le coffre. Bienvenue au village !

Rewire: Sérendipité et cosmopolitisme vus par le web francophone

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Le livre Rewire : Digital Cosmopolitans in the Age of Connection écrit par Ethan Zuckerman, co-fondateur de Global Voices, analyse pourquoi le potentiel de communication attaché à la technologie ne conduit pas obligatoirement au renforcement du lien entre humains. Dans Rewire (reconnecter en français) Zuckerman décrit notamment l'importance du travail produit par les traducteurs pour permettre une meilleure compréhension des évènements mondiaux dans leurs contextes.

Rewire: Le cosmpolitisme à l'ère du numérique par Ethan Zuckerman

Rewire: Le cosmpolitisme à l'ère du numérique par Ethan Zuckerman

Rewire explique que même si grâce aux formidables progrès réalisés dans les technologies d'information, le monde entier nous est accessible en un click, il n'en demeure pas moins que le web que nous fréquentons est toujours aussi sérié et se réduit aux sphères qui nous sont les plus familières. Pour essayer de résoudre cette auto-ségrégation du web, Zuckerman propose quelques pistes pour reconnecter “le web”; l'une de ces suggestions est d'encourager la découverte de nouvelles sphères de réflexions en suivant ce qu'il appelle des “bridges figures”( personnes-ponts) ou des “curators”  (guides du web).

Sérendipité

La notion de sérendipité n'est pas évidente à cerner. C'est le processus qui permet la découverte de résultats par un concours de circonstances fortuits. De nombreuses découvertes scientifiques importantes sont les fruits de ce processus comme par exemple, la pénicilline, le Post-it, la pierre de rosette ou le Velcro.

La pierre de Rosette au British Museum découverte par hasard par   par un soldat français lors de la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte - Wikipédia CC-BY-NC

La pierre de Rosette au British Museum découverte par hasard par par un soldat français lors de la campagne d'Égypte de Napoléon Bonaparte – Wikipédia CC-BY-NC

Hubert Guillaud, rédacteur en chef d'internetactu.net écrit ainsi dans un commentaire sur le billet de Christian Faure: “Comment savoir rapidement ce qu’on ignore ?:

J’aime aller dans les librairies que je ne connais pas et quand elles me perdent, c’est-à-dire quand je ne reconnais rien de ce que je connais dans leur rayon, alors je me dis qu’elle semble intéressante. Je vais souvent au rayon des essais et mon plus grand plaisir est d’y découvrir ce que je ne connais pas et plus il y en a, qui semble de qualité, et plus ça m’intéresse en fait ou plus je considère la librairie. Ca ne signifie pas qu’en faisant ainsi on ne procède pas pour autant par induction, effectivement. Nous avons tous une tendance forte à l’induction, mais peut-être plus parce que nous avons toujours un avis singulier (par essence), une première impression, qu’une expérience multiple. J’ai même tendance à penser que concevant le monde ainsi, nous avons forcément tendance à construire des outils dans lesquels nous nous reflétons ou qui voient le monde tel qu’on le voit. Nos outils d’agrégation, nos outils de personnalisation ont tendance à voir le monde par la lorgnette où on le regarde

 

Sylvie Catellin, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication, explique comment la sérendipité est un facteur important dans toutes découvertes et est aussi un “outil de réflexivité permettant de penser les conditions de son émergence” :

L’intuition scientifique est définie comme une idée unifiante ou clarifiante, laquelle surgit dans la conscience en tant que solution d’un problème qui préoccupe intensément le chercheur. Elle survient de manière inattendue, de quelque étrange univers extérieur, lorsque l’on est absorbé par des problèmes urgents ou bien pendant le sommeil.  Parmi ces conditions, il faut notamment retenir le profond désir de savoir, le stock de connaissances en mémoire reliées au problème, le sentiment de liberté, l’aptitude à briser la routine, la discussion du problème avec d’autres chercheurs [..]  C’est peut-être justement lorsque les scientifiques réfléchissent à leur expérience de la créativité et de la sérendipité que les sciences dites « dures » sont les plus susceptibles d’entrer en dialogue avec les humanités, les arts, les sciences humaines et sociales, devenant plus réceptives à leurs discours et à leurs approches. La réflexivité (en supplément à la sérendipité) implique la liberté et l’émancipation par rapport aux dogmatismes épistémologiques.

Cosmopolitisme

Le cosmopolitisme est une notion mitigée sur le web francophone. Au sens très large, il désigne l'intérêt porté aux pays et populations étrangers. Ce qui n’apparaît pas dans cette définition, c'est le fait que cette notion ne renie pas l'appartenance à un communauté d'origine et d'en assumer la spécificité. Souvent taxé d'utopisme, les partisans d'une citoyenneté du monde sont souvent en faveur d'un monde uni sur des bases de coopération et non plus de concurrence.

Cette approche idéologique du monde n'est pas le propos de Zuckerman. Il met plutôt l'accent sur la nécessité de se rendre conscient de notre consommation sériée des médias et de s'ouvrir vers d'autres cercles de réflexion de manière progressive.

Rodrigue Coutouly, contributeur sur les échos,  note que vu la compléxité croissante des sociétés humaines, il serait peut-être judicieux d'essayer de s'ouvrir le plus tôt possible à sa diversité:

Il est devenu impossible de comprendre de l'extérieur, des organismes ou des sociétés humaines travaillés par des enjeux de plus en plus complexes et contradictoires, ayant accumulé des compétences et des modes d'actions foisonnants et d'une grande diversité.[..] La masse sans cesse renouvelée d'informations brutes finit en effet pour empêcher toute tentative cohérente d'analyse lucide des événements, elle renforce les stéréotypes et ne permet pas une compréhension distanciée, elle n'autorise aucune prise de hauteur, de prise de recul, dans le temps et dans l'espace.[..] (Il est primordial) de relier le particulier au général, le local au global.

 

Ulrich Beck, le sociologue allemand auteur de la société du risque et avocat d'une sociologie cosmopolitique, défend un nouveau visage du cosmopolitisme :

Le cosmopolitisme est la prise de conscience du destin commun qui lie désormais toutes les parties du monde dans le partage des mêmes risques. [..] Il ne s’agit donc pas là d’un cosmopolitisme qui vient d’en haut comme celui incarné par les Nations unies ou par la Cour internationale de justice. Cela ne veut pas dire non plus que tout le monde devient cosmopolite, amateur de diversité culturelle ou polyglotte, ou que nous sommes tous conscients de ce phénomène. Cela signifie simplement qu’il y a de fait une cosmopolitisation qui vient d’en bas et qui change notre vie quotidienne, notre mode de consommation, notre vie politique, ou nos relations à l’intérieur même de nos frontières nationales. On peut parler en ce sens d’un « cosmopolitisme banal ». [..] Le risque global peut être l’une des forces aptes à produire des institutions cosmopolitiques capables de surmonter les intérêts appréhendés seulement à l’échelle nationale. Car les gens et les États peuvent apprendre qu’il faut résoudre les problèmes nationaux dans une société cosmopolitique. Cette perspective cosmopolite est réaliste ; c’est le nationalisme qui dans ce contexte est idéaliste : il regarde en arrière et n’apporte pas de vraies réponses aux sociétés.

 

 

Le racket des prostituées de Hong Kong passe par les “bonnes critiques” en ligne

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Beaucoup sont d'avis que Internet a permis aux individus et aux minorités de se faire entendre. Pour les prostitué(e)s, c'est une autre histoire. La loi à Hong Kong sanctionne ”la publication de publicité pour des services sexuels” et la “conspiration pour vivre des gains de la prostitution d'autrui”. Les prostituées ne peuvent donc ouvrir leur propre site et sont exploitées par ceux qui peuvent gérer de tels sites depuis l'étranger. 

Mavis Siu, qui travaille pour inmediahk.net à Hong Kong, a enquêté sur le racket des prostituées par le site sex141.com, le portail le plus important, qui propose des services sexuels à Hong Kong. L'article est d'abord paru sur le site inmediahk.net le 24 juillet 2013 en chinois. Une version en anglais plus courte a été traduite par Alpha Au pour être publiée sur Global Voices, dans le cadre d'un partenariat d'échanges d'articles.

JJJ association set up counter to help local sex workers at TST district. Photo taken from inmediahk.net (CC: AT-NC)

L'association JJJ  a ouvert un stand pour rencontrer les travailleurs du sexe dans le quartier  TST. Photo parue sur le site  inmediahk.net (CC: AT-NC)

Certains journaux ont déjà relevé que le site sex141.com profite du “Money-Drop Review”, des commentaires laissés par les clients, pour racketter les prostituées. Celles-ci sont mal notées en ligne par des internautes anonymes ou des personnes payées pour cela, à moins de payer, ce qui leur permet alors d'avoir de bonnes “critiques” rédigées par des rédacteurs que le site recommande. JJJ Association [chinois], une association qui défend les droits des travailleurs du sexe, a alerté les journalistes sur cette situation.

Pourtant, beaucoup s'interrogent encore : pourquoi des travailleuses du sexe exploitées s'inscrivent-elles toujours et mettent-elles leur profil sur sex141?

Le Monopoly du sexe en ligne 

L'arnaque dont sont victimes les prostituées vient du monopole de la pornographie en ligne à Hong Kong.

On dénombre trois grands sites porno à Hong Kong, et sex141 est le plus actif, avec son répertoire de “bordels à une seule femme”, l'expression en vigueur pour les prostituées qui travaille en appartement, en général des studios en ville. sex141 a été ouvert en  2002 par un diplômé d'une université locale [chinois]. Le site permet aux travailleuses du sexe de faire de la publicité et propose aussi un forum. A l'origine, le site était domicilié à Hong Kong, mais quand son propriétaire a été condamné pour “conspiration pour vivre des gains de la prostitution d'autrui” en 2006, le serveur du site a été délocalisé aux Etats Unis, où il est géré par une société appelée Black Lotus Communications. Ces dernières année, la société à ouvert des sites similaires en Asie, en  Chine, à Taiwan et à Macao.

Le site qui cible le marché de Hong Kong a “une base de données VIP de filles”, qui classe les prostituées par  lieu de travail, pour que les recherches des clients soient plus aisées. Une personne chargée des campagnes de l'association JJJ dit que ce site porno est très professionnel. Ils emploient par exemple une équipe de juristes pour éviter tout ennui découlant de leur activité.

Leur classement sur les moteurs de recherche et leur popularité sont très bons, et c'est ainsi qu'ils ont institué un monopole de fait à Hong Kong. Selon le site de classement des sites alexa.com, sex141 était classé 126ème site en termes de trafic à Hong Kong, alors que deux autres sites porno similaires “Miss 148″ et “161 Sex” sont classés 1 088 et 1 638ème respectivement.

Miss Ho, une prostituée inscrite sur sex141 depuis plus d'un an, croit que les bons résultats de sex141 sont dus à ses techniques de marketing. Outre le site principal, sex141 gère aussi un forum [zh].  Le contenu du forum ressemble à celui de beaucoup d'autres forums, mais il présente beaucoup de publicités de sex141 pour des escort girls et d'autres services et produits de nature sexuelle. Le forum est classé 148ème sur Alexa.

Comme d'autres sites porno, sex141 propose un abonnement de “membre payant” sous le nom de “Programme sponsorisé”. Les abonnés qui payent 300, 1 000 ou 8 800 dollars HK ont différents privilèges, comme voir ou prendre des photos des prostituées, lire les critiques, visionner des vidéos, faire des recherches et d'autres fonctionnalités. Les abonnés peuvent aussi gagner des points de crédit sur le forum pour accéder à plus de droits.

Miss Ho souligne que les prostituées constituent la plus importante source de revenus pour le site sex141. “Nous payons 1 300 dollars de Hong Kong  [environ 180 US dollars] chaque mois pour des publicités” dit-elle. Actuellement, plus de 3000 travailleuses du sexe sont sur le site. Les revenus mensuels peuvent donc s'estimer en millions de dollars de Hong Kong.

Le coût des mauvaises critiques

Miss Ho reconnait que sex141 est un support très efficace pour faire de la publicité. Cela l'aide dans ses affaires. “Je ne parviens pas à comprendre pourquoi les clients sont si dépendants du site, mais de toute façon, ça nous aide à trouver plus de clients” dit-elle.

Mais sex141 veut extraire encore plus d'argent de ses clientes que leur cotisation mensuelle. Miss Ho explique que sex141 a “de nombreuses façons d'exploiter les prostituées”. Par exemple, la “Star du jour – Boite à fleurs” sur la page d'accueil. Un bouton permet aux clients d'acheter des fleurs virtuelles pour les filles. Dans la plupart des cas, ce sont elles qui paient 300 dollars HK (environ 40 US dollars) pour s'offrir à elles mêmes des fleurs, ce qui fait monter leur cote.

“Ces choses-là sont compliquées, mais rien n'est pire que la “Money-Drop Review”, dit-elle.

“Money-Drop Review” est une nouvelle fonctionnalité. Elle encourage les abonnés à écrire des critiques, comme ‘la prestation était nulle', ou même que la prostituée avait une maladie vénérienne. Les auteurs ne sont pas responsables de leurs écrits et on ne leur demande pas non plus de présenter des preuves. Les critiques se contentent donc de diffamer les fille, qui pour avoir de bonnes critiques doivent payer.

“ça coûte 200 dollars de faire supprimer une mauvaise critique. Si la fille qui est mal notée n'est pas une abonnée payante de sex141, elle doit payer 1 300 dollars HK [180 US dollars] pour devenir membre, et encore 1 000 dollars HK [environ 130 US dollars] pour FeiLung [un rédacteur recommandé par le site], pour qu'il rédige trois bonnes critiques, pour avoir une bonne image et que les affaires continuent”, Miss Ho ajoute.

L'arnaque du “Money-Drop Review” n'oblige pas uniquement les filles à payer plus, mais les oblige aussi à s'abonner au site.

“141 pourrait augmenter le prix des pubs, à, disons, de  3 000 à 4 000 dollars UK [environ 400 à 520 US dollars], les prostituées pourraient alors choisir de continuer à l'utiliser ou non” s'indigne Miss Ho. Le système actuel de la “mauvaise critique” a perturbé les prostituées tant psychologiquement que financièrement.

Miss Ho a entendu dire qu'une fille aurait dépensé 10 000 dollars HK (environ 1 300 US dollars) par mois en rédaction de bonnes critiques, et certaines tombent dans la dépression ou sont proches du suicide après de mauvaises critiques. Quand l'une est accusée d'avoir une maladie vénérienne, son chiffre d'affaires s'effondre immédiatement.

Etant donné la nature de leur travail, les prostituées ne peuvent pas empêcher ces mauvaises critiques de paraitre, ou se défendre de fausses accusations. Si elles veulent avoir des mots flatteurs, elles doivent en passer par le rédacteur payant. Miss Ho se demande pourquoi sex 141 ne protège pas les abonnées prostituées : “Après tout, nous sommes celles qui payent pour les pubs ! Pourquoi la Money-Drop Review ne cible que nous ? Les autres pubs sur le site, comme celles pour des services financiers, des accessoires de sex-shop et des numéros de tchat sexy n'ont pas ce genre de critiques.”

Le site défend sa rubrique critiques en invoquant la liberté d'expression. Mais les “mauvaises critiques’ ne peuvent pas être vérifiées, et les auteurs ne sont pas responsables pour leurs fausses informations”. La “liberté” a indubitablement fait du mal aux prostitués.Miss Ho demande : “‘Quand les informations comprennent l'adresse, les noms et numéros de téléphone, leur influence ne peut pas ne pas avoir d'impact dans le monde réel”.

Les administrateurs du forum de sex141 ont duggéré que “les rédacteurs recommandés “FeiLung” et “GwatZingKoeng” sont des rédacteurs agrées et ne sont pas des employés du site…Personne n'est autorisé à les faire payer au nom de sex141.”

Mais Miss Ho demande : “S'il n'y a pas d'intérêts cachés, pourquoi le service de la publicité de 141 nous recommande-t-il les deux rédacteurs ?” Un contributeur de Inmediahk.net a essayé de contacter le personnel de sex141, mais s'est vu répondre : “Vous connaissez la nature de notre site. Nous ne donnons pas d'interviews aux médias. Aucun commentaire.”

Un membre de l'association JJJ  dit qu'ils ont présenté les filles à d'autres sites du même genre, mais que ceux-ci ne marchent pas bien, et que leur nombre de visites ne leur permet pas de trouver des clients. L'association a même envisagé de lancer un nouveau site, mais ils se sont retrouvés confrontés à des risques juridiques, et à des problèmes techniques. Ils ont du abandonner cette idée. Il semble que les prostituées n'aient d'autre alternative que de continuer à ‘payer pour leur propre malheur’ si cette situation de monopole se prolonge.

Les élections cambodgiennes soupçonnées de fraudes massives

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C'était prévu : le parti au pouvoir au Cambodge a été déclaré vainqueur des élections à l'Assemblée Nationale, mais l'opposition a rejeté les résultats et accusé le pouvoir de tricherie généralisée [liens en anglais].

Le parti du peuple cambodgien (PPC) dirigé par le premier ministre Hun Sen détient le pouvoir depuis 28 ans. Il a obtenu 68 sièges tandis que l'opposition du parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC) a réussi à en obtenir 55.

C'est peut-être le tweet d'Andy Brouwer qui résume le mieux ces élections :

La fièvre électorale est passée, les résultats sont sortis et rien ne change au final, malgré les gains massifs de l'opposition.

Ecrivant pour le Bangkok Post, la blogueuse cambodgienne bien connue et auteur pour Global Voices Kounila Keo a reconnu la participation active des jeunes dans la campagne électorale :

…On ne peut nier qu'il y a eu une participation active des jeunes Cambodgiens sur l'internet et les médias sociaux. Ils sont aussi assoiffés de changement dans leur vie et celle de la génération qui les suit.

Peu importe qui a remporté cette élection. Malgré les irrégularités du scrutin, les électeurs plus jeunes ont surmonté leur peur pour faire entendre leurs voix par leurs bulletins de vote. Et ils veulent le changement.

Comme jeune électrice, j'ai été vraiment touchée par la volonté des jeunes pour la première fois de participer activement et montrer leur courage.

Pendant les 30 jours de campagne électorale, les jeunes par centaines de milliers sont sortis dans les rues de Phnom Penh et ont utilisé les médias sociaux pour exprimer sans crainte leurs opinions et convictions. Je me suis soudain sentie la force de discuter librement sur le fond de questions politiques, en sachant que je ne serais plus seule à le faire.

Tharum a observé que les médias sociaux sont devenus une source d'information sur les élections plus fiable que les médias traditionnels :

Grâce à la médiocrité de information à la télévision, et la diffusion radio intermittente, mon père se met à regarder les actualités sur YouTube avec son smartphone.

Mais Tith Chandara a déploré le comportement peu correct de certains internautes :

L'engagement de certains utilisateurs de médias sociaux au Cambodge dans le soutien à leur parti favori a des aspects violents et contraires à l'éthique, alors qu'apparaissent injures, répliques agressives et graphiques fabriqués depuis que la campagne a démarré. Les internautes partagent des images et des graphiques sans vérifier et confirmer les sources, même s'ils savent parfois que l'information n'est pas (encore) officielle.

Jinja a analysé les résultats des élections et a cité des irrégularités dans le scrutin :

Pour l'anecdote : c'est la première fois que j'ai vu des amis khmers venir vers moi et relever que leur nom n'était pas sur les listes électorales, ou qu'il avait été utilisé par quelqu'un d'autre pour voter. Les organisations internationales de surveillance sont de cet avis… pour la plupart.

Election Day. Photo from Facebook page of CPP Cambodia

Jour d'élection. Photo de la page Facebook du PPC Cambodge

Casey Nelson a décrit comment les personnes d'origine vietnamienne ont été traînées dans la boue pendant la campagne :

Les Vietnamiens sont les étrangers des Khmers, la première minorité sur qui tombe le blâme en période de tension politique et sociale.

Les relations entre le Vietnam et le Cambodge sont complexes, et l'antagonisme ethnique traditionnel est profondément entrelacé de haines historiques et politiques qui ne sont pas tout à fait injustifiées, mais lorsque cela va mal au Cambodge, ce sont souvent, sinon toujours, les Vietnamiens d'origine, pauvres et impuissants, qui en subissent le violent contre-coup.

Ecrivant pour Asia Times Online, Sebastian Strangio a invité l'opposition à user de son bon score dans les sondages pour se forger un plus grand poids politique :

Alors que le pays entre dans un meilleur des mondes politique, l'opposition, auréolée de succès, devra exécuter un ballet compliqué si elle veut transformer sa performance électorale en réformes réelles et pouvoir concret.

Mais Caroline Hughes, co-auteur d'un article pour Asia Sentinel, doute que l'opposition ait une réelle alternative à offrir :

…difficile de jauger à partir des déclarations du parti d'opposition comment il pourrait produire pour le Cambodge une stratégie de développement qui différerait substantiellement de celle à laquelle a présidé le PCC. En matière de développement, le Cambodge n'a fait que suivre ses voisins plus avancés du Sud-Est asiatique, avec le dépeçage des campagnes et l'absorption des ruraux pauvres dans les emplois urbains à bas salaires de l'industrie et des services.

Brad Adams de Human Rights Watch a fait état de la prolifération de documents électoraux falsifiés qui a subverti le processus électoral :

Les cadres dirigeants du parti au pouvoir paraissent avoir trempé dans l'émission de documents électoraux falsifiés et l'inscription frauduleuse d'électeurs dans de multiples provinces. Et les gens du parti semblent avoir fait leur apparition dans des endroits où il était évident qu'ils n'habitaient pas et ont insisté pour voter – sans parler des nombreuses autres fraudes invoquées à travers le pays.

Le procédé de votes multiples évoque la possibilité de fraude électorale systématique par le PCC et pose des questions sérieuses sur la crédibilité de l'élection.

Tandis que d'autres observateurs internationaux décrivaient les dernières élections cambodgiennes comme ‘libres, équitables et transparentes’ :

…un triomphe de la volonté populaire et une victoire des Cambodgiens dans leur effort pour construire un avenir meilleur fondé sur la suprématie et la sacralité du bulletin de vote.

Pour Nikitung91, il faut une coalition pour améliorer la situation dans le pays :

Je persiste à penser qu'une coalition serait une bonne solution… mais aucun parti n'en veut…

Au final, qui dirigera le pays m'indiffère vraiment, tout ce que je veux, c'est un pays sain et fort qui progresse. Il n'y aura pas de guerre à l'intérieur si nous écoutons la population, pas besoin de frauder les élections, de manipuler les média.

Depuis leur retour d’ex RDA, d’anciens employés réclament des arriérés de salaires promis au Mozambique

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Chaque mercredi, des dizaines de Mozambicains manifestent dans les principales rues de la capitale, Maputo avec des drapeaux allemands. On les appelle les « Magermans » : ceux qui sont rentrés d'Allemagne. Cela fait plus de 20 ans, qu’ils manifestent pour des salaires qui leur seraient dus car après l’indépendance le gouvernement socialiste d’alors avait envoyé environ 18.000 Mozambicains dans l'ex-Allemagne de l'Est.

Après l'indépendance en 1975, ils y ont été envoyés « pour se former, travailler et acquérir des compétences pour reconstruire », sa vidéo [Anglais] Adam Thomas explique:

Lorsque le mur de Berlin est tombé en 1989, beaucoup sont retournés chez eux. Ils n'ont pas trouvé ce qu'ils espéraient et manifestent depuis.

Un article [Anglais] de Louise Sherwood sur IPS News précise qu’« ils ont perçu 40 % de leur salaire en espèces tandis que les 60 % restants ont été envoyé au Mozambique » :

Un document [de 2002], en possession des Magermans, publié par le ministère fédéral allemand des Finances, montre que 74.4-millions de dollars de salaires et 18.6 millions de dollars de cotisations de sécurité sociale ont été payés par l'ex-RDA, des chiffres qui équivaudraient à environ 5 000 dollars par employé. Le gouvernement mozambicain a accepté de rembourser des montants beaucoup plus faibles et a commencé à verser des sommes allant de 10.000 à 15.000 meticais (entre 370 à 550 dollars) à certains Magermans.

La Chine bloque l'édition en chinois du Wall Street Journal

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L'édition en chinois du Wall Street Journal est bloquée en Chine depuis le 3 août 2013. La raison du blocage de ce site n'est pas très claire. L'édition en anglais du site reste accessible et le compte Weibo du Wall Street Journal en chinois est toujours actif. Shanghaiist donne des informations complémentaires.

 


La vague contestataire du Mercredi Rouge au Bénin

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Les partisans du Mercredi rouge-photo:page facebook mercredi rouge


Les partisans du Mercredi rouge- photo via la page facebook mercredi rouge avec leur permission

Depuis le 17 juillet, tous les mercredis, plusieurs béninois se mobilisent pour dire non à la révision de la constitution par le président de la République Boni Yayi en s'habillant en rouge. Cette révision selon les anti-révisionnistes devrait permettre à Boni Yayi de se représenter aux prochaines élections présidentielles.
Pourquoi Mercredi Rouge ? Dieu-Donné HOUNWANOU, militant pour ce nouveau mouvement explique :

Cette couleur évoque le courage. Cette révision constitutionnelle par le Président Boni Yayi est opportuniste et n'inclut en aucun cas les intérêts du peuple. Par cette mobilisation, nous refusons à grand jamais la révision. Le peuple a faim et en a marre du gouvernement incapable. Mercredi rouge, tout rouge. Touche pas à ma constitution !

 

En effet, lancée par l'organisation ”Alternative citoyenne”, le mouvement “Mercredi Rouge” veut rassembler tous les béninois déçus de la politique du gouvernement actuel depuis son arrivée en 2006. Mais aussi et surtout mettre un terme au projet de révision de la constitution béninoise qui selon les membres du mouvement permettrait au président de se représenter en 2016 et de “créer une nouvelle république”.

Pour rappel, la révision de la Constitution béninoise  déposée en avril 2013, prévoit, entre autres, la création d’une Cour des comptes, l'initiation populaire des lois, l’institutionnalisation de la Commission électorale nationale autonome (CENA) ou encore l’imprescriptibilité des crimes économiques.

Née sur Facebook, le mouvement  commence à avoir de l'ampleur  dans les rues du pays. T-shirt, pantalon, foulard, casquette rouge, tous les moyens sont bons pour soutenir le mouvement.

Selon l'ancien ministre de la Communication, Gaston Zossou, ce mouvement n'est pas du goût du gouvernement Boni Yayi puisqu'il dit sur son compte Facebook que sa maison avait été encerclée par des policiers le 1er Août dernier, jour de l'indépendance du pays pour l'empêcher d'aller rejoindre les manifestants du Mercredi Rouge.

Les militaires près de la maison de Gaston Zossou. Photo: Page Facebook mercredi rouge

Les militaires près de la maison de Gaston Zossou. Photo: Page Facebook mercredi rouge avec leur permission

Cependant, ce mouvement est loin de faire l'unanimité.

D'une part, certains  remettent en cause la bonne foi des acteurs principaux du mouvement tel que Joseph Djogbenou soupçonné de manipuler la cause avec l'appui de l'homme d'affaire Patrice Talon dont il est l'avocat dans l'affaire de la tentative d'empoisonnement du chef de l'État.

Et également de Gaston Zossou que le blogueur Alberic Gandonou qualifie de “prévaricateur qui trompe la jeunesse sur Internet”.

Selon Gandonou, les intentions de Zossou sont loin d'être désintéressées:

En mal de publicité, Gaston Zossou dont les béninois de bonne foi se souviennent encore de la gestion désastreuse qu'il a faite des secteurs GSM et du dossier TITAN pendant qu'il était ministre de la communication, s'active sur les réseaux sociaux notamment Facebook où il anime une opposition intellectuelle fondée sur sa nostalgie des affaires de l'Etat.

Il poursuit en disant que :

Les forces de l'ordre ont raison de veiller au grain pour empêcher que ce genre de personnage n'entraîne la jeunesse dans une aventure scabreuse.

 

Révélations qui bien sûr suscite déjà des défections tels que celui d' Andoche Amégnissè , un grand activiste connu sur les réseaux sociaux pour son engagement, au sein des activistes du mercredi Rouge.

D'autre part, les partisans du président  Boni Yayi ont répliqué en instaurant le mouvement du “Vendredi blanc”. Le ministre de l’Intérieur Benoît Dégla a déclaré que les “causes que défendent les initiateurs du Mercredi rouge sont non fondées” et a qualifié le mouvement “d’intoxication” :

Le mouvement qui mène la fronde est manipulé

 

Sur les réseaux sociaux, les partisans du Mercredi Rouge ont décidé de consacrer un blog au Mercredi rouge. Les mots clés #Mercredirouge et #patriotes229 regroupent aussi les avis et opinions des acteurs du mouvement.

 

 

Le pianiste syrien Malek Jandali : “L'art véritable a besoin de la liberté”

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Ce billet est également publié sur Syria Untold.

Quand les Syriens sont descendus dans la rue en mars 2011, ce n'est pas seulement contre le pouvoir de la famille Assad qu'ils se rebellaient, mais aussi contre l'obscurantisme qui leur était imposé depuis des décennies. L'art en général, et la musique en particulier, ont eu un rôle crucial dans le glissement de paradigme qui a accompagné la révolution : les Syriens découvrent pour la première fois qu'ils ont une voix.

Syria Untold s'est entretenu avec le compositeur et pianiste célèbre Malek Jandali à propos de l'émergence de formes artistiques et musicales nouvelles en Syrie. Jandali, qui a composé la chanson “Watani Ana” (Ma terre natale) au début de la révolution, nous a dit ce qui est pour lui sa contribution personnelle à son pays : une musique pour la liberté et la justice, une musique pour une nouvelle Syrie.

L'Hymne syrien des gens libres

La dernière oeuvre de Jandali, un chant appelé “Hymne Syrien des gens libres,” il la décrit comme “un hymne par les gens, pour les gens.” Il a travaillé avec l'orchestre philharmonique de Russie et le choeur de l'opéra du Caire pour créer ce chant, car il pensait que les Syriens méritaient un hymne qui représente le peuple.

L'hymne dit l'histoire des millions de Syriens touchés par l'actuel soulèvement : martyrs, femmes, enfants et réfugiés. “Il y a tant d'histoires, et nous, les artistes, surtout les musiciens, avons la chance de franchir les limites sociales et politiques et les frontières géographiques, et allons droit dans l'humanité, dans les coeurs de ces enfants,” a dit Jandali. “Nous pouvons être la voix, plutôt que l'écho de ces gamins. La musique, ce langage universel, peut raconter l'histoire et mettre un visage humain sur les sacrifices et l'histoire de ces gamins courageux.”

L'hymne national syrien actuel, “Humat al-Diyar” (Gardiens de la patrie), a été adopté en 1938. Il a été brièvement remplacé en 1958, lorsque la Syrie a formé la République arabe unie avec l'Egypte, mais est le symbole du pays depuis 1961.

Syrian pianist and composer Malek Jandali. Source: Malekjandali.com

Le pianiste et compositeur syrien Malek Jandali. Source: Malekjandali.com

Jandali dit n'avoir pas écrit l’ “Hymne syrien des gens libres” avec l'intention d'en faire le nouvel hymne national, mais qu'il serait honoré si les Syriens en décidaient ainsi. Il s'ouvre sur les mots Syrie et liberté, deux références manquantes dans l'hymne national :

Syrie, Syrie ! Patrie des personnes libres et pays de la liberté. Syrie, Syrie ! Pays des blés d'or

Malek Jandali est né en Allemagne, mais a fait sa scolarité dans sa ville natale de Homs. “Chaque matin, on nous forçait à scander et mémoriser les slogans du régime,” dit-il, ajoutant que le pouvoir Assad “liait le drapeau, le pays et l'hymne national au régime et à la famille Assad,” et que la Syrie était “la Syrie d'Assad.” Il dit avoir grandi “avec le sentiment d'être un hypocrite : louant la dictature des Assad à l'école, avant de rentrer chez lui dans une famille qui était contre ce régime brutal.”

La répression de l'art et de la culture

“[Les dictateurs, en général] craignent l'art et la musique, qui sont recherche de la vérité et de la beauté. Si je disais alors ma vérité, je serais tué, torturé ou banni,” dit-il, ajoutant que les portraits du dictateur Assad sont sur les timbres, les murs, les cahiers et dans les écoles d'une manière qui a colonisé les espaces de la Syrie, sa culture et même son histoire.

“La plupart des références dans l'hymne [national] vont à l'armée. Pourquoi ne parlons-nous pas d'inventions syriennes comme l'alphabet et la musique, au lieu des forces armées et de la guerre ?” demande Jandali.

Les côtes de la Syrie ont vu naître la plus ancienne notation musicale dans le monde, et l'alphabet ougaritique, considéré comme le premier de la civilisation. Mais au lieu de rendre hommage à la riche histoire du pays, l'hymne national commence par une référence aux militaires, “gardiens de la patrie.” “Paradoxe, l'armée arabe syrienne, en réalité les voyous d'Assad, est la cause de la destruction de ma patrie syrienne et commet des crimes de guerre contre l'humanité depuis 29 mois. Plus de 185.000 civils tués, plus de 6 millions de réfugiés à l'intérieur de la Syrie et un million en-dehors, cela sous les yeux du monde entier !”

Il y a deux ans, Jandali a produit un album appelé “Echoes from Ugarit (Echos d'Ougarit),” où il voulait redonner vie à la musique oubliée de Syrie. De retour dans son pays natal après une absence de 10 ans, il présenta le projet au ministère de la Culture et à l'orchestre symphonique de Syrie, mais se heurta à un refus. Jandali indique qu'il a été contraint finalement d'aller solliciter la permission du palais présidentiel.

“Il a fallu presque huit mois pour obtenir l'habilitation de sécurité et toutes les autorisations pour jouer de la musique syrienne en Syrie,” dit-il. “Cela montre à quel point le système est pourri, comment ils ont contraint les expatriés comme vous et moi à être diabolisés ou insultés.”

Comme son concert allait contre les voeux du ministère de la Culture et de l'orchestre symphonique, Jandali dit qu'on l'a accusé d'être un espion. “Ils voulaient m'empêcher de m'impliquer dans de tels projets à l'avenir. Ils avaient peur de la connaissance et peur de faire apparaître la vérité.”

Le musicien a le sentiment que la Syrie n'est pas seule à avoir réprimé l'expression artiste, c'est tout le monde arabe qui l'a fait. Il a donné l'exemple du canal de Suez en Egypte et de la commande à Verdi, compositeur italien, de l'opéra “Aïda” pour la cérémonie d'inauguration. “Pourquoi n'avons-nous pas eu un opéra arabe composé par un musicien arabe pour célébrer l'inauguration du canal de Suez ? Nos ancêtres n'ont-ils pas inventé la musique ?” interroge-t-il.

“C'est une insulte pour un musicien arabe,” dit-il. “Où sont nos symphonies, nos opéras ? C'est nous les inventeurs et pourtant nous n'avons pas de voix.”

Une nouvelle génération d'artistes syriens

Jandali dit que les dictateurs craignent la “puissance douce” qui peut transformer l'esprit des gens, et c'est pourquoi ils s'en prennent aux artistes et intellectuels. Il a personnellement subi de cette persécution. Bien qu'il ait quitté le pays depuis des années, les forces du régime ont plusieurs fois saccagé sa maison en Syrie et violemment battu ses parents en représailles à son activité d'opposition. Mais la révolution a permis l'éclosion d'une génération d'artistes, rompant avec les décennies de propagande officielle présente dans la production artistiques.

“Ce n'était pas de l'art,” affirme Jandali. “Il faut la liberté pour produire. Il faut la liberté pour l'art véritable, pour la connaissance et la culture, pour l'innovation et le progrès. Sans liberté, il n'y a rien.”

Toute l'oeuvre de Jandali depuis le commencement de la révolution syrienne a été auto-financée. il a généreusement donné son temps et sa musique pour aider les enfants syriens souffrants à travers des concerts de gala de par le monde. Et l'artiste de se demander “quand les organisations syriennes vont passer à l'action et soutenir les très rares artistes syriens qui se sont rangés au côté des gens dans leur recherche de liberté et des droits de base”.

Voici la traduction des paroles de son tout dernier chant, “Hymne syrien des gens libres” :

Syrie, Syrie ! Patrie des gens libres et terre de liberté

Syrie, Syrie ! Terre des blés d'or

O mon pays, berceau de civilisations, son patrimoine a inspiré les scribes

Patrie des hommes d'honneur, dernière demeure des martyrs

Notre soleil brille de tous ses feux, notre aigle monte au plus haut du ciel

O mon pays, fleuve de vertus

Sa gloire est gravée dans les tablettes et pierres

Patrie des Prophètes, de l'alphabet et de la musique

Nous prions Dieu de ne jamais quitter mon pays, ma famille

Les oliveraies de mes aïeux, et les mains des enfants

Pays des gens libres et patrie de la liberté

Syrie, Syrie ! Patrie des gens libres et pays de liberté.

 

Ce billet est également publié sur Syria Untold.

Le Mexique, nouvelle terre d'immigration

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Ce billet fait partie de notre série sur l’Amérique latine: voyages de migrants, en collaboration avec le Congrès nord-américain sur l'Amérique latine (NACLA). Plus d'articles et de podcasts à venir. Article écrit par Levi Bridges.*

La plupart des immigrés que l'on rencontre à Tochan rêvaient à l'origine d'atteindre les États-Unis. Mais la violence des cartels le long des voies de chemin de fer ainsi que le renforcement de la frontière entre Mexique et États-Unis ont fait du Mexique un nouveau pays d'accueil pour les immigrés.

Rudi Solaris a dû quitter son pays natal, le Honduras, car ses collègues ont essayé de le tuer. Cet ancien membre des forces de l'ordre âgé de 27 ans était entré dans la police à la recherche d'un revenu stable et d'une vie meilleure pour sa famille. Mais, dans les faits, son travail s'est transformé en un cauchemar sans échappatoire qui a duré dix ans.

The entrance of Tochan, a migrant shelter in a lower class Mexico City neighborhood, serves as a point of refuge for many Central Americans fleeing gang violence in their home countries. While most Central American migrants leave home with dreams of reaching the U.S., many are thwarted by the dangerous journey north and decide to start a new life in Mexico.

Entrée de Tochan, un foyer pour immigrés dans un quartier populaire de Mexico, qui accueille de nombreux Centre-Américains fuyant la violence des gangs qui sévit dans leur pays d'origine. Si la plupart partent avec l'espoir d'atteindre les États-Unis, beaucoup sont découragés par les dangers de ce voyage vers le nord et décident de s'arrêter au Mexique pour y commencer leur nouvelle vie.

L'histoire de Solaris commence dans la petite ville de Choluteca, non loin de la côte Pacifique au sud du Honduras, et se termine à Monterrey, cité industrielle du Mexique, à plus de 2 500 km au nord. Dernier né de sept enfants d'une mère décédée jeune, il se rend, comme de nombreux jeunes Honduriens de la campagne, à la capitale, Tegucigalpa, à la recherche d'un travail et d'argent à envoyer à sa famille. Il a alors tout juste 14 ans.

Tout jeune adolescent, seul dans Tegucigalpa, Solaris a d'abord trouvé du travail sur les chantiers. Puis à 17 ans, il est entré dans la police où il a vite découvert à quel point le crime organisé infiltrait les forces de l'ordre honduriennes.

Selon Solaris, “Au moins la moitié des effectifs de police de Tegucigalpa travaille avec les gangs.”

Le Honduras présente actuellement le taux d'homicide le plus élevé au monde, un phénomène qui résulte des violences liées à la drogue et de la corruption de la police. La sécurité a commencé a se détériorer en 2009, quand l'armée a chassé du pouvoir le président Manuel Zelaya. Les cartels de la drogue mexicains ont profité de l'instabilité de la région pour travailler avec les gangs honduriens comme la Mara Salvatrucha pour envoyer la drogue qui arrive sur la côte Caraïbe du pays, peu peuplée, vers les États-Unis.

Au cours de ses dix années dans la police hondurienne, Solaris a découvert cette réalité de ses propres yeux. Il a notamment dû travailler plusieurs années comme gardien de prison. Il explique qu'au Honduras, un prisonnier qui a de l'argent peut faire ce qu'il veut en corrompant des fonctionnaires, même quitter la prison sur de courtes périodes. Un jour, un supérieur l'a informé qu'on allait l'envoyer garder un prisonnier pour quelques jours.

Solaris a escorté le prisonnier hors du centre pénitencier où une voiture les attendait. À l'intérieur, deux hommes l'ont dépouillé de ses armes. Il a rapidement découvert que le prisonnier appartenait à un gang puissant et que son rôle n'était pas celui d'un garde du corps mais d'une monnaie d'échange dans un accord permettant au prisonnier une rapide visite chez lui à condition que les deux hommes retournent à la prison peu de temps après. Ces hommes ont conduit Solaris dans les montagnes, hors de Tegucigalpa où il a passé trois jours dans une vaste demeure, entouré de gardes armés.

Solaris raconte: “Il m'ont dit que tant que je n'essaierais pas de m'échapper, tout se passerait bien. J'y ai passé trois jours et j'avais tellement peur que je n'ai pas fermé l’œil une seule fois.”

Au fil des ans, alors que le Honduras plongeait de plus en plus dans l'instabilité, et surtout après 2009, le travail de Solaris est devenu plus dangereux. De nombreux policiers ont ainsi reçu une note leur disant qu'ils seraient tués s'ils n'acceptaient pas de travailler avec les gangs. Le jeune homme a vu ses collègues être éliminés les uns après les autres. Il explique qu'au final les policiers non corrompus ont décidé de faire front commun pour se protéger et se sont établis dans un dortoir à l'intérieur même des locaux de la police de Tegucigualpa.

Rudi Solaris, a former police officer in Tegucigalpa, Honduras, writes a thank you letter to send to several Mexican social workers who helped him apply for Mexican residency. Just like in the U.S., Central Americans have difficulty finding work in Mexico without the proper documents.

Rudi Solaris, ex-agent de police de Tegucigalpa, au Honduras, écrit une lettre de remerciement à plusieurs travailleurs sociaux mexicains qui l'ont aidé à solliciter un permis de séjour. Comme aux États-Unis, les Centre-Américains ont du mal à trouver du travail au Mexique si leurs papiers ne sont pas en règle.

“Je ne sortais du bâtiment que pour le travail, raconte Solaris. Sans les collègues, c'était dangereux à l'extérieur. Je ne pouvais pas mener une vie normale. Je n'ai jamais eu de petite amie.”

Solaris vivait dans la peur. Un jour, pendant le travail, il a été témoin d'une transaction d'armes entre plusieurs membres de la police et un gang mexicain impliqué dans le trafic de drogue. Le lendemain, il a reçu des menaces de mort à cause de ce qu'il avait vu. Il s'est donc enfermé dans sa chambre pendant deux jours avec plusieurs armes automatiques, attendant à tout moment les premiers coups de feu de ses agresseurs à sa porte. Pour sauver sa vie, Solaris s'est enfui de Tegucigalpa, avec l'espoir d'atteindre les États-Unis et d'y demander l'asile.

À la frontière du Guatemala, Solaris est monté dans un bus pour le nord du Mexique mais, arrêté à un point de contrôle des services d'immigration, il a été renvoyé au Honduras. Il a immédiatement repris la route. Beaucoup des Centre-Américains qui entreprennent ce voyage pour les États-Unis utilisent les trains de marchandises mexicains pour éviter les contrôles des services d'immigration. C'est le moyen qu'a choisi Solaris pour sa seconde tentative.

Seuls quelques-uns des migrants qui tentent ce périple réussissent à atteindre les États-Unis. Il est bien connu que des bandes criminelles ainsi que des policiers corrompus rackettent, tabassent, volent et violent les infortunés passagers de ces trains. D'autres sont enlevés pour être échangés contre une rançon ou servir de main d'œuvre aux cartels.

“Mais rien de tout ça ne me faisait peur, affirme Solaris. Comparé avec là d'où je viens, ce train, c'était presque le paradis.”

Solaris est arrivé à Tochan, un foyer pour migrants de taille modeste situé dans un quartier populaire de Mexico dont le nom signifie “notre maison” en nahuatl, langue autochtone du Mexique. Ce foyer abrite aujourd'hui de nombreux Centre-Américains. La plupart expliquent qu'ils ne voulaient pas quitter leur pays mais qu'ils y ont été contraints par le racket des gangs et les menaces de mort dont ils faisaient l'objet lorsqu'ils n'étaient pas en mesure de payer.

Si la plupart de ceux qui arrivent à Tochan se rendaient au départ aux États-Unis, ils finissent souvent par faire une demande d'asile au Mexique. Les plus chanceux obtiennent des papiers de résidents temporaires qui leur permettent de trouver un emploi. Toutefois, bien souvent, même les dossiers solides sont refusés et beaucoup de migrants sont contraints de travailler dans le secteur informel mexicain pour joindre difficilement les deux bouts.

Avec un de ses compatriotes, Solaris a trouvé du travail dans une usine qui fabrique des fortune cookies chinois à l'extérieur de Mexico. Solaris a dû attendre près de cinq mois avant de recevoir un permis de résidence temporaire. Quand il a reçu ses papiers, il est parti à Monterrey, au nord du Mexique : il pouvait enfin monter dans un bus sans craindre d'être expulsé.

À Monterrey, les usines qui s'étendent à perte de vue fabriquent pour des multinationales des produits destinés à l'exportation aux États-Unis. Des autoroutes à huit voies bordées de centres commerciaux abritant un Pollo Loco ou d'autres chaînes de restauration rapide s'étirent depuis le centre-ville. À environ 200 km au sud du Texas, l'influence américaine venant de la frontière toute proche est presque palpable.

The green hills which tower above the city of Monterrey, in northern Mexico, overlook a sprawl of factories owned by multinational corporations that use cheap labor to produce goods for export over the nearby U.S. border. Monterrey's factories attract a large Central American population, many of whom have failed crossing the U.S. border and have decided to instead seek work in Mexico.

Les collines verdoyantes qui dominent la ville de Monterrey au Nord du Mexique surplombent une étendue d'usines appartenant à des multinationales qui profitent ici d'une main d'œuvre bon marché pour fabriquer des produits destinés au marché américain voisin. Ces usines attirent une importante population centre-américaine : beaucoup n'ont pas réussi à franchir la frontière des États-Unis et ont alors choisi de chercher du travail au Mexique.

Maintenant, Solaris vit à Monterrey où il partage un appartement miteux avec un immigré salvadorien. Tous les matins, ils se réveillent à 4 heures pour se rendre dans une usine proche où ils trient des pommes de terre. Il arrive qu'ils travaillent jusqu'à 18 heures de suite.

Il y a cinq ans que le colocataire de Solaris, Douglas, a quitté le Salvador pour les États-Unis. Il a franchi la frontière mais, arrêté par les services migratoires, il a été envoyé dans un centre de rétention où il est resté deux mois avant d'être expulsé. Frustré par le manque de perspectives économiques au Salvador, il est rapidement reparti en direction du nord.

“Lors de ma seconde tentative je voulais atteindre l'Arizona, raconte Douglas, mais je n'ai pas pris le bon train et je me suis retrouvé à Monterrey. J'y ai trouvé du travail et je suis resté. Ça me permet d'envoyer un peu d'argent à ma femme et mes enfants, restés au Salvador. Pas autant que ce que je gagnerais aux États-Unis mais chaque centime compte.”

Dans les propositions actuelles pour réformer l'immigration aux États-Unis, les dispositions visant à rendre étanche la frontière avec le Mexique sont légion. Mais tant que la violence liée au trafic de drogue persiste, les Centre-Américains continueront à être nombreux à tenter leur chance au nord. S'ils ne réussissent pas à passer aux États-Unis, ils s'installeront au Mexique, créant une nouvelle génération d'immigrés sans-papiers.

L'actuel projet de loi pour une réforme exhaustive de l'immigration récemment adopté par le Sénat américain prévoit d'allouer près de 40 milliards de dollars pour accroître la surveillance de la frontière, notamment en multipliant par deux les effectifs des garde-frontières pour atteindre les 40 000 mais aussi en clôturant plus de 1 100 kilomètres supplémentaires et en mobilisant des drones de surveillance aérienne. Ce projet rend plus difficile l'entrée aux États-Unis pour les migrants mais il ne prévoit rien pour calmer la violence au Honduras, qui continuera à susciter une immigration d'une région dangereuse à l'autre pour des migrants qui entreprennent un voyage toujours plus périlleux afin de passer la frontière mexicaine.

Un cousin de Solaris a travaillé pendant trois ans dans la même usine de pommes de terre, à Monterrey. Il a économisé pour se payer un coyote – comme on appelle ici les passeurs – qui l'a conduit à New York.

Lors d'un récent séjour à Monterrey, j'ai demandé à Solaris s'il comptait faire de même.

“Plus maintenant, m'a-t-il répondu. Je veux seulement un travail et me sentir en sécurité. Ici, au Mexique, j'ai tout ça.”

* Levi Bridges est un écrivain et journaliste indépendant basé en Amérique latine. Il bénéficie actuellement d'une bourse Fulbright en création littéraire et il a choisi de passer l'année à Mexico pour commencer l'écriture d'un livre sur le vécu des travailleurs immigrés latino-américains. Retrouvez ses textes sur bridgesandborders.com.

“Tchip”, “Tchippée”, les nouveaux mots d'Afrique francophone

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Nadéra Bouazza explique la signification de “tchippée” en Afrique francophone. ‘Tchip’ est une onomatopée de désapprobation que l'on émet devant le comportement ou l'action d'une autre personne (un vague équivalent de  ” je secoue la tête [en signe de désapprobation]“ sur le web anglophone). “Tchip” est utilisé dans la plupart des communautés noires et est devenu un ‘mème’ sur Internet .

Will Smith as the animated illustration of the sound "Tchip" by the blog La Tchipie - Public Domain

Le blog La Tchipie utilise une photo d'une expression de l'acteur Will Smith pour illustrer le sens de ‘Tchip’ – Domaine public

 

Uruguay : un pas de plus vers la légalisation de la marijuana

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La Chambre des représentants d'Uruguay a approuvé un projet de loi visant à légaliser et à réglementer la production, la distribution et la vente de marijuana. Si elle est approuvée par le Sénat et est signée par le président Jose Mujica, l’Uruguay deviendrait le premier pays au monde à légaliser la marijuana.

Dans le projet de loi validé par la Chambre, « le gouvernement pourra être autorisé à vendre de la marijuana », comme l’a rapporté la BBC News, le 1er août dernier :

L’Etat assumerait « le contrôle et la règlementation de l’importation, l’exportation, la plantation, la culture, la récolte, la production, l’acquisition, le stockage, la commercialisation et la distribution du cannabis et ses produits dérivés ».

Les acheteurs devront être enregistrés dans une base de données et devront avoir plus de 18 ans. Ils pourront en acheter jusqu’à 40 g par mois dans des pharmacies spécialement autorisées ou cultiver jusqu’à six plants de marijuana chez eux.

Mais le projet de loi doit faire face à une « opposition féroce », comme l’explique The Economist dans un article intitulé « L’Expérience » :

Le mois dernier, un sondage démontre que 63% des sondés sont contre, et les opposants affirment que la consommation va augmenter. Mais ses partisans clament que la prohibition de cette drogue a causé davantage de problèmes – le crime organisé et les risques de consommation clandestine – que les drogues elles-mêmes.

The Economist a également publié un article expliquant le projet de loi.

Photo shared by @CannabisMagazin on Twitter.

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Le débat a commencé l’an dernier, lorsque le gouvernement uruguayen a dévoilé son plan pour dépénaliser la vente contrôlée de marijuana.

Le débat s’est poursuivi en ligne, où les citoyens et analystes d’Uruguay et ailleurs ont examiné les conséquences de la légalisation de la marijuana.

Sur Twitter, Seba Sanchez (@SebaSanchezuy) a fait référence aux récentes initiatives prises par les législateurs uruguayens concernant l’avortement et le mariage homosexuel :

Je vous rappelle que vous prenez part à un moment unique. Les lois sur l’avortement, le mariage homosexuel et la marijuana. Ca se passe ici.

Pendant ce temps, Alejandro Figueredo (@afigue2010) soulignait l’opposition publique au projet de loi :

Quelque chose est à noter quant à ceux qui soutiennent et votent pour la réglementation de la marijuana. Ils se soucient peu de l’opinion des autres.

Carlos Aloisio a écrit dans son blog Razones y personas: repensando Uruguay (Les raisons et le peuple : repensons l’Uruguay) que la règlementation de la marijuana est « une solution, pas une panacée ». Carlos a examiné le débat national sur le projet de loi et fait valoir que de nombreux Uruguayens ne soutiennent pas le projet de loi car « il nous met dans la situation inconfortable de devoir choisir entre deux maux » :

Por un lado, esto implica aceptar que tenemos un problema, y que estamos en la peor situación. Por otra parte, también implica reconocer que la regulación es una solución, pero está muy lejos de ser una panacea. La literatura internacional sobre el tema reconoce la ausencia de soluciones o recetas universales al problema, y admite de hecho que no hay diseños óptimos. La solución para Uruguay será algo que iremos descubriendo juntos a medida que ganemos conocimiento y experiencia en el problema. Pero, para hacer esta búsqueda posible, el primer paso es regular.

D’une part, cela signifie accepter que nous avons un problème, et que nous sommes dans la pire situation. D’autre part, cela signifie aussi reconnaître que la réglementation est une solution, mais elle est loin d’être une panacée. Les études internationales sur ce sujet reconnaissent l’absence de solutions ou de prescriptions universelles, et admettent qu’en réalité il n’existe aucun projet optimal. La solution pour l’Uruguay serait de découvrir, ensemble, quelque chose qui nous permettrait d’acquérir des connaissances et de l’expérience sur le problème. Mais pour que cette recherche soit possible, la première étape consiste à règlementer.

Sur Asuntos del Sur, l’analyste chilien Eduardo Vargas a expliqué ce que le projet de loi implique pour la légalisation de la drogue en Amérique latine.

El desafío para Uruguay es grande. Ser pionero no es fácil. Sin embargo, el éxito de esta política también depende del resto de América Latina. Urge que el resto de países inicien revisiones profundas a sus leyes de drogas y tomando la experiencia uruguaya, junto con la de los estados de Colorado y Washington, finalmente piensen, diseñen y ejecuten políticas de drogas más humanas, serias y responsables. Es el momento para que nuestra región se sume a la visión y pragmatismo que llevará al país de Pepe Mujica a liderar con responsabilidad, con una regulación responsable.

Le défi est grand pour l’Uruguay. Etre un pionnier n’est pas facile. Cependant, le succès de cette politique dépend aussi du reste de l’Amérique Latine. Les autres pays ont besoin d’initier des modifications majeures quant aux lois sur la drogue. En tenant compte de l’expérience uruguayenne, ainsi que celles des Etats du Colorado et de Washington, ils pourront finalement penser, concevoir et mettre en œuvre des politiques plus humaines, sérieuses et responsables. Il est temps pour notre région de joindre la vision et le pragmatisme qui mènera le pays de Pepe Mujica à diriger de manière responsable, avec une règlementation réfléchie.

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