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Les Croates de Vukovar contre le serbe cyrillique sur les immeubles publics

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A Vukovar, en Croatie, les Serbes représentent près de 35% de la population, et ont obtenu le droit à l'usage officiel du cyrillique, leur alphabet natif, comme le permet la Constitution croate. Une partie de la population d'origine croate de Vukovar a cependant manifesté et détruit les panneaux bilingues fraîchement mis en place sur les bâtiments de l'Etat. Les manifestations contre l'alphabet cyrillique à Vukovar ont débuté le 9 septembre après la mise en place de plaques signalétiques sur les immeubles publics. Une manifestation pacifique a également eu lieu le même jour à Zagreb.

L'écriture cyrillique, également connue sous le nom d'Azbuka, est un système d'écriture alphabétique basé sur l'alphabet cyrillique archaïque, développé au cours du 10ème siècle à l'Ecole Littéraire de Preslav. Le cyrillique est l'un des principaux systèmes d'écriture dans le monde.

L'alphabet cyrillique serbe est une adaptation de l'écriture cyrillique originale, développée en 1818 par le linguiste serbe Vuk Karadžić. Il s'agit de l'un des deux alphabets modernes standards utilisés pour écrire le serbe et le bosnien, l'autre étant l'alphabet latin serbe. Bien que l'alphabet latin soit également utilisé, le cyrillique demeure l'écriture traditionnelle et officielle en Serbie.

Peaceful protest against introduction of bilingualism in Vukovar held in Zagreb:

Manifestation pacifique à Zagreb contre l'introduction du bilinguisme dans Vukovar, photo sur Demotix, utilisée avec autorisation

Vukovar, une ville d'environ 26 000 habitants dans l'est de la Croatie, demeure un symbole des conflits serbo-croates des années 1990. Pour de nombreux citoyens croates, le cyrillique en reste un rappel douloureux. Durant la manifestation de vendredi, les citoyens mécontents ont affirmé qu'ils ne voulaient pas de l'écriture cyrillique dans leur ville, “ni maintenant, ni jamais, car ce n'est pas seulement une écriture, mais l'écriture sous laquelle des crimes ont été commis contre des Croates et d'autres non-Serbes durant la Guerre d'Indépendance de Croatie”.

Pendant ce temps, sur les réseaux sociaux, la plupart des internautes étaient furieux contre le fait que quelques-uns s'attardaient sur le passé, tandis que beaucoup considèrent ces sujets hors de propos en ces temps de nouvelle crise économique et sociale. Le footballeur et journaliste bosniaque Goran Arbutina a twitté:

Les Croates se déchaînent sur le cyrillique alors que c'est ainsi que nous faisons à #Banjaluka… Ma rue.

#cirilica #latinica #sarajevo #vukovar pic.twitter.com/aiRJDWYdRY

— Goran Arbutina (@Goc1jedini) 6 septembre 2013

Bojan Glavašević, ministre-délégué au Ministère des Anciens Combattants a déclaré :

Je suis sans cesse attristé par ce qui arrive aujourd'hui à #Vukovar. La violence n'est pas un moyen de résoudre les problèmes dans une démocratie.

— Bojan Glavasevic (@bglavasevic) 2 septembre 2013

Le politicien croate et membre du Parlement Européen Ruža Tomašić a une opinion différente :

Déclaration pour les médias croates à Bruxelles: “Le cyrillique oui, mais pas à Vukovar”

http://t.co/5qnZfumtrh via @tportal #Vukovar #cirilic

— Ruža Tomašić (@RuzaTomasic) 5 septembre 2013

Protesters in Vukovar reaking bilingual boards; photo courtesy of Kurir daily

Vukovar: une planche bilingue cassée en signe de protestation PHOTO: quotidien “Kurir”

L'étudiant et musicien serbe Stefan Josimov a interrogé l'UE sur ce problème :

Est-il possible que l’#UE n'ait toujours pas réagi à la destruction des signes à #Vukovar#Srbija #Hrvatska #cirilica

— Stefan Josimov (@sjosimov) 4 septembre 2013

Mais un utilisateur de Twitter de Bosnie, surnommé Agent Tajne Sile, pourrait avoir une réponse à cette situation, bien que sarcastique :

Heureusement, personne n'a de problèmes avec les chiffres. Surtout lorsqu'il s'agit de comptes en banque. #cirilica #vukovar #lakunoc

— Agent tajne sile (@AgentTajneSile) 3 septembre 2013

Le président croate Ivo Josipovic a annoncé que des préparatifs sont en cours pour un éventuel accord sur l'initiative d'inscriptions bilingues à Vukovar, comme l'a rapporté l'agence de presse croate Hina. Des mauvaises nouvelles semble-t-il pour les officiels de Zagreb – selon les statistiques, la Croatie est quatrième sur les 47 pays sous la juridiction de la Cour Européenne des Droits de l'Homme à Strasbourg en termes de violation des droits de l'Homme. Vesna Skare-Ozbolt, ancienne ministre croate de la Justice, a déclaré au SETimes:

Je pense que l'introduction du bilinguisme contribuera à normaliser les relations entre la Croatie et la Serbie, mais sera aussi un exemple positif dans l'UE.

Mme Skare-Ozbolt a annoncé qu'environ 20 municipalités de Croatie ont rempli les conditions préalables à l'utilisation officielle du cyrillique, qui devrait débuter prochainement. Elle a ajouté que la Croatie et d'autres pays de l'UE ont instauré le bilinguisme dans les régions où les minorités nationales représentent au moins un tiers de la population. Elle a également déclaré que les rôles des autorités locales et de l'Etat sont cruciaux dans la réussite de la mise en oeuvre de ce processus :

La Croatie, en tant que nouveau membre de l'UE, maintient cette norme, bien que les conséquences de la guerre soient toujours importantes, comme on peut le constater à Vukovar, où une certaine résistance existe toujours.


Des milices féminines : la solution pour arrêter les viols en Inde ?

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Billet d'origine publié le 24 août 2013 – Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

Une jeune fille de 22 ans, photo-journaliste stagiaire pour un magazine, a subi un viol collectif à Mumbai, en Inde, pendant son temps de travail le 22 août 2013.

La victime a dû être opérée suite à ses blessures et a mis plusieurs jours pour récupérer. (A la publication du billet le 24 août) Un seul des cinq suspects a été arrêté. Comme l'affaire du viol collectif de Delhi (voir le billet de Global Voices [fr]) en décembre 2012, l'incident ranime l'indignation nationale qu'elle avait suscitée et renouvelle la recherche de solutions.

Le courant populaire et les média sociaux débordent de discussions sur comment arrêter ces viols.

Neha Sanghvi (@nehasanghvi) exprimait son indignation :

Je me sens très mal en apprenant ce viol collectif répugnant dans la ville de Mumbai, en plein jour. Quelle honte !

Avinash Iyer (@IyerAvin) a tweeté:

D'après les rapports préliminaires, le viol de Mumbai est tellement similaire à l'affaire de Nirbhaya. Une femme, amie célibataire, amie brillante, femme violée.

Le scénariste et blogueur (@ajitjagtap) estime que l'impunité inspire d'autres crimes :

Viol collectif à Mumbai. Les violeurs sont inspirés par ceux qui n'ont pas été condamnés ni même arrêtés pour leurs obscénités.

Rabia sheikh (@Rabiasheikh7) était pessimiste quant à la découverte d'une solution :

Encore un viol collectif… Quelques manifestations de plus, rien ne changera ! L'Inde n'est pas un pays sûr pour les femmes. #Mumbai

Pourquoi cette frustration? D'après Catholic Online, les plaintes pour viol, décès pour des questions de dot, violences, harcèlements sexuels et autres crimes dirigés contre les femmes ont augmenté de 6.4% en 2012 par rapport à l'année précédente. Les statistiques ont montré que 244 270 crimes contre des femmes ont été rapportés à la police indienne en 2012, contre 228 650 crimes en 2011, selon le National Crimes Records Bureau (Bureau National des Affaires Criminelles). Le problème des viols en Inde a été décrit comme “assez préoccupant pour faire sauter d'une fenêtre” par le magazine The Atlantic, faisant référence à l'affaire où une touriste britannique avait sauté par la fenêtre en mars 2013 pour échapper aux avances indésirables du propriétaire de l'hôtel dans lequel elle résidait.

Vishal Bheeroo a identifié le problème :

Le problème principal est le manque de lois efficaces pour protéger les femmes et les commentaires sexistes prononcés au Parlement sont une telle honte!

Depuis le viol collectif de Delhi, le rapport juridique Verma a été soumis (en ayant toutefois été critiqué), et le projet de loi “contre les harcèlements sexuels subis par les femmes sur leur lieu de travail a été adopté. Cependant, les violences à l'égard des femmes persistent. Les représentants des mouvements de femmes, les activistes et les organisations des droits démocratiques et humains s'alarment des omissions majeures dans la protection législative actuelle pour les femmes, qui peuvent les laisser encore plus vulnérables.

Alors quels sont les meilleurs moyens pour faire cesser les affaires de viols qui semblent continuelles en Inde?

Pour beaucoup, il est clair que le viol est un problème en Inde, mais les réponses ont été variées. Des campagnes ont eu lieu pour armer les femmes de poivre et de couteauxpour leur donner des entraînements pour se défendre contre les hommes and pour changer les lois.

Les membres de Red Brigade (Brigade Rouge) d'un petit village de Lucknow [fr], la capitale de l'état d'Uttar Pradesh, prennent les choses en main en agissant directement contre les harcèlements sexuels. Dirigée par une formatrice de 25 ans, Usha Vishwakarma, la Brigade Rouge a été fondée en 2010, presque 4 ans après la création d'un groupe similaire, le Gulabi Gang.

Gulabi Gang. Image from Flickr by Lecerle.

Gulabi Gang. Image par Lecerle sur Flickr. CC BY-NC-SA 2.0

Le Gulabi Gang a été le sujet d'un film de 2010 intitulé Pink Sari's. La Red Brigade est une version plus jeune avec des filles dont l'âge est compris entre 11 et 25 ans. Comme l'a rapporté The Guardian, les membres de la Red Brigade ont pris :

une action directe contre leurs persécuteurs et maintenant, lorsqu'un homme franchit la ligne, il peut s'attendre à recevoir la visite du groupe.

The Red Brigade girls. Screenshot from Red Brigades Blog

Les filles de la Red Brigade. Capture d'écran du blog des Red Brigades

Habillées de salwaar kameez (habit traditionnel indien) rouges et noirs, de nombreuses filles ont été victimes de violence dans le passé. Elles prennent aujourd'hui des cours d'arts martiaux et participent aux manifestations.

Si un homme est surpris en train de harceler une fille, il lui est ordonné d'arrêter. Les conséquences peuvent empirer s'il ne s'arrête pas, il pourra être puni par des moqueries publiques ou de la violence, même si celle-ci n'a été utilisée qu'à une seule occasion.

Lorsqu'on lui demande d'où vient son courage, la meneuse du groupe, Usha Vishwakarma, répond :

Quand tu souffres, tu en tires du courage. Quand tu es victime, tu en tires du courage.

Les membres de la Red Brigade ne se contentent pas de se battre, elles poursuivent leurs études pour assurer leur carrière :

#NouvellesPositives de #ABPNews, rencontrez les filles de la Red Brigade à Lucknow qui travaillent pour devenir plus fortes. http://t.co/a2ppfNHz6e

Rencontrez les filles de la Red Brigade à Lucknow, elles protègent les femmes et les filles des violeurs!!! http://t.co/WogM9Cygyh

Comme le 23 août, les activistes et les journalistes se sont réunis à Hutatama Chowk au sud de Mumbai pour une manifestation silencieuse. Les partis d'opposition ont soulevé la question au Parlement et les organisations ont conduit des manifestations dans différentes villes. Ce qu'il leur faudrait, c'est peut-être plus de personnes déterminées comme ces groupes d'auto-défense.

Mise à jour : Le 25 août 2013, la police de Mumbai avait arrêté les cinq hommes qui étaient recherchés dans l'affaire du viol collectif de la photo-journaliste. Le plus âgé a 25 ans et le plus jeune est suspecté d'avoir 16 ans.

Image de vignette avec l'autorisation de la page Facebook de la Red Brigade. Avec des informations additionnelles de Rezwan.

Les Indiens réagissent aux quolibets racistes contre Miss America 2014

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Nina Davuluri, 24 ans, de New York, a remporté le titre de Miss America 2014. Photo de la page Facebook de Miss New York Organization

Tous les liens associés renvoient à des pages en anglais.

Première historique, une jeune femme de 24 ans, Nina Davuluri, vient de devenir la première Américaine d'origine indienne à remporter le titre convoité de Miss America. Mais aujourd'hui, elle fait face à un florilège de commentaires racistes en ligne, qui soutiennent que la beauté pour beaucoup reste l'affaire des races colorées. De manière ironique, de nombreuses personnes ne connaissant pas ses origines, des commentaires et des tweets haineux ont été postés contre les Arabes, les Africains et les Musulmans, en plus des Indiens. S'y trouvaient aussi des références au terrorisme et au 11 septembre.

Nina Davuluri a ignoré le déferlement de racisme en ligne, disant préférer “passer outre” et s'être toujours considérée comme étant “d'abord et avant tout américaine”. Dans cette video YouTube postée par la “Miss America Organization” lors du concours Miss America 2014, Davuluri parle de son éducation et du fait que New York, qu'elle représentait lors du concours, est essentiellement un creuset multiculturel.

Bien que Nina Davuluri n'ait pas été émue par les commentaires racistes, d'autres ont fortement réagi. En Inde aussi, de nombreuses discussions tournent autour de la victoire de Davuluri, en faisant le sujet brûlant du jour.

Curieusement, les internautes indiens ont une opinion divisée sur la nouvelle Miss America.

D'un côté, un grand soutien est exprimé à Nina Davuluri et de la colère contre les commentaires racistes qui ont entaché sa victoire. De l'autre côté, une fraction d'internautes a cherché à savoir si Davuluri aurait remporté un concours de beauté en Inde, vu le fétichisme du pays pour les peaux de couleur claire.

L'auteure et journaliste basée à Mumbai, Deepanjana Pal (@dpanjana), a tweeté :

La victoire de Nina Davuluri au titre de Miss America a révélé le côté raciste des Twittos américains. http://t.co/jbdEY5ZR42 Les trolls restent les mêmes dans le monde entier.

La blogueuse sur l'alimentation et nutritionniste Nandita Iyer (@saffrontrail) a souligné l'importante proportion des personnes laissant des commentaires racistes qui ne sont même pas au courant des différences entre les Arabes et les Indiens. Elle a tweeté:

Il existe des personnes assez stupides pour croire que les Indiens et les Arabes sont pareils – Allez donc à l'école ! Indignation sur la miss America indienne http://t.co/XUYW00tg6H

La colère de l'étudiant ingénieur Siddhartha R Thota devant l'assaut des attaques verbales racistes sur la nouvellement couronnée Miss America était évidente dans son tweet :

Ce sujet #MissAmerica, une ébullition gratuite pour mon sang et aucun respect pour les “Américains” stupides. Quelques exceptions encourageantes cependant.

Sa colère résonne avec celle d'Ankita Singh (@VaanarMukhi) qui a commenté via son tweet :

Je suis sûre que les personnes se moquant de Nina Davuluri possèdent les traits physiques les plus fins et une peau de la couleur la plus claire qu'il soit.

Gyanonymous a souligné l'hypocrisie mêlée aux commentaires racistes dans ce tweet:

Il est drôle de voir comment les gens du monde entier prennent des bains de soleil pour avoir une peau bronzée. Puis il attaquent hypocritement Nina Davuluri à la peau mate (Miss America 2014).

Une peau pas assez claire pour l'Inde ?

La peau mate de Davuluri a focalisé l'attention de nombreuses personnes. Dans un tweet, le journaliste et auteur Samar Halarnkar (@samar11) se demande :

Intéressant. Une Indienne à la peau “sombre” est devenue Ms America, mais aurait-elle été élue en Inde? http://t.co/MZsmcyw9E5

Kushan Mitra a fait écho à ce sentiment dans son tweet:

La question est “Une fille à la peau aussi sombre que celle de Nina Davuluri aurait-elle pu devenir Miss Inde ?”. Connaissant notre fascination pour les peaux claires, probablement pas !

L'écrivain et chroniqueur Salil Tripathi (@saliltripathi) s'est posé les mêmes questions, rappelant cet article dans FirstPost sur les mannequins et actrices à la peau sombre en Inde qui doivent souvent subir des “ajustements de couleur” avant d'être acceptées.

Pour remporter le concours de Miss India, j'imagine que la nouvelle Miss America aurait à utiliser Fair and Lovely (une crème permettant l'éclaircissement de la peau), comme nous le rappelle @ElChaudhry : http://t.co/nJ6W1EEamv

Il y en avait aussi pour souligner avec humour que Mlle Davuluri a en effet une peau de couleur sombre et n'est pas une Américaine (à la peau blanche) par excellence. Par exemple, le comique Atul Khatri (@one_by_two) a tweeté :

Dites les gars, êtes-vous sûrs quesking Nina Davuluri a remporté le concours de Miss America et non Miss Africa ?? #PetiteQuestion

Des idées de beauté provocatrices 

Cependant, une fraction d'internautes a rendu hommage à la gagnante et soutient que sa victoire est un nouvel appui à la campagne “Dark is Beautiful” [fr] (défendant les peaux de couleur plus ou moins sombre). Depuis Mysore, l'auteure et blogueuse Ratna Rajaiah (@alphabetiya) a tweeté:

Si mes yeux sont bons, Nina Davuluri a une peau mate, non ? Prends ça, Fair&Lovely !

Kaveri Jain (@Mehitabel) de Delhi a proclamé via ce tweet

La campagne “Dark is beautiful” vient juste d'avoir une nouvelle ambassadrice “@ndtv: Miss America a couronné sa première titulaire d'origine indienne”

Des vidéos montrant des combattants iraniens dans la guerre civile syrienne ?

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[liens en anglais]

On sait que l'Iran soutient le régime syrien, mais il existe peu de preuves d'engagement direct sur le terrain. A présent, des vidéos tendant à montrer des individus parlant persan en uniformes militaires, opérant à l'intérieur de la Syrie et collaborant avec les forces gouvernementales sont devenues virales.

Il semble que des rebelles syriens aient bousculé des troupes loyales au président Bachar al-Assad et se soient procuré des images vidéo de possibles conseillers militaires iraniens au travail avec les Syriens. On entend l'homme dans la vidéo ci-dessus parler persan pour demander à quelqu'un un numéro de téléphone à Téhéran.

Selon le New York Times, les vidéos ont été largement diffusées dans les médias internationaux malgré la difficulté d'une vérification indépendante de leurs affirmations. Sur la base d'informations venues d'Iran, The Lede Blog suppute que les images ont pu être enregistrées par un documentariste iranien qui aurait été tué en Syrie.

Iraniens en marche

Une autre conversation de deux Iraniens filmés dans une voiture dit qu'il leur faut des gens spécialisés qu'ils puissent guider et mener. Le conducteur dit que “les [rebelles] ont été nettoyés avec difficulté de ce secteur.” A plusieurs reprises ils dépassent des convois militaires, et une fois le conducteur dit qu'ils sont de la garde présidentielle. Il y a aussi une conversation en arabe entre le chauffeur iranien et des soldats syriens.

Soldats iraniens au repos

Un “Commandant” iranien

Un commandant iranien dit : ”Nous avons envoyé des troupes du côté gauche du terrain.”

Les Roms victimes des lenteurs de la justice hongroise

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[liens en anglais] Il a fallu cinq ans à la justice hongroise pour poursuivre les auteurs d'assassinats de sang froid de Roms en Hongrie. A l'époque quatre Hongrois, dans une surenchère de violence ont tué six Roms entre mars 2008 et août 2009. Le 6 août, un tribunal de Budapest a condamné Zsolt Peto et les frères Arpad et Istvan Kiss à la prison à vie pour cette folie meurtrière, alors que le chauffeur Istvan Csontos a été condamné à 13 ans pour complicité.

Les quatre assassins, qui avaient mis au point leurs plans dans un pub de Debrecen au nord-est de la Hongrie, sont des supporters de football violents et ont des liens avec les organisations néo-nazies. Ils n'ont montré aucune émotion à l'annonce du verdict.

La pression exercée par les défenseurs des droits de l'homme et les avocats semble avoir porté ses fruits. Le Bureau National d'Investigation Hongrois (NNI), service central d'investigation du pays en charge de la lutte contre le terrorisme et toute action menaçant la sécurité nationale, a maintenant rouvert l'instruction sur une série de meurtres de Roms de la communauté hongroise en 2008 et 2009, afin d'examiner les défauts et éventuelles erreurs de l'instruction, d'où le retard pris pour trouver et poursuivre les auteurs des crimes. On pense qu'un ou plusieurs coupables sont encore en liberté.

Les procureurs hongrois ont par ailleurs demandé une enquête sur les forces militaires impliquées, les services de renseignement militaire hongrois étant soupçonnés d'avoir facilité certains meurtres. L'activiste rom hongrois Aladar Horwath et d'autres apprécient “le geste tardif mais bienvenu” de la part du pouvoir en faveur des victimes.

Les internautes ont réagi sans relâche depuis l'annonce du verdict. Helene Bienvenu, photojournaliste indépendante de Detroit maintenant établie à Budapest, commente sur Twitter:

Il y a 50 ans #MLK (Martin Luther King) marchait sur #Washington. Les Roms de Hongrie ont encore du chemin à faire.

@connellyandrewhttp://t.co/k4P4yh0GKN

John Clarke, militant de la question à Toronto, attribue la responsabilité de ces événements aux comportements politiques et à la société en général :

http://t.co/6zO8HSeQHw la violence des ‘extrémistes’ contre les Roms en Hongrie est due aux comportements politiques et à la conduite raciste du grand public.

Dans un récent article sur le sujet, The Economist a traité la population rom de “pire problème social de l'Europe”. Un écrivain de Cambridge, Kari Sperring, demande des informations complémentaires étant donné les nombreuses questions que se posent les médias sociaux sur le caractère démocratique de la Hongrie au regard de la manière dont le pouvoir a traité les crimes en série contre des groupes minoritaires :

La Hongrie n'est plus une démocratie http://t.co/5nNNYOtWCb Avez-vous des informations complémentaires sur le sujet ? #antisemitism#Roma

En attendant, le Secrétaire d'Etat hongrois aux Affaires Etrangères, Péter Wintermantel, a fait un discours lors de la 4ème Conférence de l'Association pour l'Amitié Hungaro-Israélienne qui s'est tenu à Zalaegerszeg du 24 au 26 août. M. Wintermantel y a insisté sur le fait que le gouvernement hongrois restait attaché à la lutte contre toute forme de racisme et antisémitisme et prendrait toutes les mesures nécessaires dans ce sens.

Cependant, une étude d’Amnesty International laisse entendre que les crimes haineux contre les Roms restent une préoccupation sérieuse en Hongrie, où la police manque de directives pour enquêter sérieusement sur ces crimes. Dans un nouveau rapport intitulé “Violentes attaques contre les Roms en Hongrie”, les informations réunies par Amnesty International démontrent les conséquences des crimes raciaux sur les victimes individuelles, les communautés et la société dans son ensemble. Ce rapport démontre également comment les dysfonctionnement du système judiciaire hongrois font obstacle à la prévention et empêchent que l'on puisse donner une réponse à de telles agressions :

Jezerca Tigani, Directeur adjoint des programmes en Europe et Asie Centrale pour Amnesty International déclare:

Cinq ans après ces assassinats de sang froid, les Roms de Hongrie ne sont toujours pas à l'abri de crimes haineux. [...]

Cette affaire horrible aurait dû être un signal d'alarme pour les discriminations continuelles, et souvent violentes, que subit la communauté des Roms, mais les auteurs de ces actes criminels ne sont toujours pas amenés devant la justice.

Le coup d’Etat chilien raconté au travers d’un récit interactif

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La version en ligne du journal Chilien La Tercera a publié une infographie interactive [es, en] sur le 40ème anniversaire du coup d’Etat [en] contre Salvador Allende [en].

Mariana Santos [en] a travaillé avec l’équipe chargée de ce projet en tant que membre de l'organisme ICFJ Knight International Journalism. Selon Mariana l’objectif était de raconter les événements  incroyables qui se sont déroulés il y a 40 ans d’une façon permettant d’utiliser tous les talents de leur équipe.

Elle explique qu'il s'agissait d'un exercice permettant d'expérimenter les différentes formes de récits numériques en “utilisant tous les médias disponibles : vidéo, audio, texte, images, illustrations, documents, etc”

Mariana ajoute qu'elle voulait former les journalistes de La Tercera au travail en équipe, valoriser leurs compétences et “remettre en question les formes de récits à l’heure où internet offre tellement de possibilités pour captiver les lecteurs”

Le résultat est une expérience de récit interactif disponible en espagnol et anglais, et sous licence Creative Commons [es].

La grève des agriculteurs colombiens entre dans sa quatrième semaine

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Au bout de trois semaines tendues, la grève nationale des agriculteurs de Colombie ne voit pas d'issue à l'horizon. Pour contenir la crise récente, le gouvernement de Juan Manuel Santos, sous la pression des grévistes qui ont bloqué plusieurs routes importantes, a suivi une stratégie en trois points qui jusqu'à présent ne débouche sur rien de concret.

Nazih Richani décrit ces trois tactiques sur le blog Cuadernos Colombianos [en anglais] (carnets de Colombie) de NACLA.

Victor Jara : 40 ans sans justice mais toujours au firmament du rock

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Foto de Gerardo Espíndola

Photo de Gerardo Espíndola

Sauf indication contraire les liens dirigent vers des sites en espagnol.

La nuit du 15 septembre 1973, dans les jours qui ont suivi le coup d'Etat de Pinochet [anglais], Victor Jara a été enlevé lors d'un transfert de prisonniers du Stade du Chili au Stade National. C'est la dernière fois qu'il a été vu vivant, sauf par les militaires. Le 16 septembre au matin, son corps criblé de balles, ainsi que celui de six autres victimes, a été découvert à l'extérieur du cimetière général de Santiago.

Il a fallu trente ans au système judiciaire chilien pour identifier les huit soldats responsables, et l'un d'eux fait actuellement l'objet d'une demande d'extradition auprès du gouvernement des Etats Unis.

Ce sont les militaires qui tenaient les armes et ont tiré les 44 balles qui ont tué Victor Jara. Mais le chanteur est devenu une légende dans son pays et aujourd'hui, 40 ans après le massacre, il reste une référence incontournable pour les musiciens du monde entier.

La semaine dernière, pour son premier concert au Chili, le chanteur de rock Bruce Springsteen a interrompu le programme prévu pour chanter “Manifesto”, l'une des chansons les plus emblématiques de Jara. C'était l'hommage d'un créateur à un autre créateur qui marquait une fois pour toute la portée universelle de l'oeuvre de l'artiste chilien. “Pour un activiste et un musicien, Victor Jara reste une grande source d'inspiration”, a dit Springsteen.

“Yo no canto por cantar, ni por tener buena voz. Canto porque la guitarra tiene sentido y razón. Tiene corazón de tierra y alas de palomita. Es como el agua bendita, santigua glorias y penas” (Manifiesto).

“Je ne chante pas seulement pour chanter, ni pour montrer ma belle voix. Je chante parce que la guitare a du sens, parce qu'elle a raison. Elle a un coeur de terre et des ailes de colombe. Elle est comme l'eau bénite qui sanctifie les gloires et les peines.” (Manifesto)

La part intime du Chili dont parle Jara a traversé les frontières encore plus fortement après son assassinat. Le 22 septembre 1973, ému par sa disparition brutale, l'astronaute soviétique Nikolaï Stepanovich Tchernykh a identifié l'astéroïde 2644, en orbite autour du soleil dans notre système planétaire, et l'a baptisé Victor Jara [anglais].

Son nom est déjà une étoile dans le ciel. Une rock star rebelle. Mais un rebelle qui défend une cause si l'on en croit le magazine Rolling Stone de juin 2013 qui publie son classement des  “15 rebelles du rock & roll” [anglais], et place Victor Jara à côté de Nirvana, Jerry Lee Lewis et les Sex Pistols, entre autres :

Les chansons d'amour et pour la justice du chanteur chilien Victor Jara semblaient représenter une telle menace pour les chefs militaires organisateurs du coup d'Etat de 1973 qu'ils l'ont tué.

Mural of Victor Jara in Santiago, Chile. Photo by Gerardo Espíndola.

Peinture Murale en hommage à Victor Jara à Santiago, Chili. Photo de Gerardo Espíndola.

“Mais où est le rock chez Victor Jara?” diront certains. Il est dans toute son oeuvre. Si l'on prend l'exemple de son enregistrement de “El Derecho de Vivir en Paz” [le droit de vivre en paix], il utilise une guitare électrique et est accompagné par le groupe de rock Los Blops. Pour certains, cet instrument était le symbole de l'impérialisme américain, mais pour Jara c'était une preuve de sa créativité.

En tant que metteur en scène de théâtre, Victor Jara a adapté et dirigé Viet Rock [anglais], une oeuvre musicale écrite par Megan Terry [anglais], en donnant à l'oeuvre un éclairage pro-vietnamien. Sa femme, Joan Jara, en a fait la chorégraphie. Dans une interview publiée par le blog Palabra Callejera, elle précise que:

El rock estaba como en el movimiento de la producción de algunas cosas, tremendamente movido… Víctor era un gran coreógrafo, y se movía en la acción en toda la sala, y eso digamos es el espíritu rock, yo creo que es el espíritu rock que se produjo ahí.

Le rock était comme l'impulsion qui faisait bouger les choses… Victor était un grand chorégraphe et il se déplaçait sur scène et dans l'espace, ce qui est l'essence même du rock ; et je crois que c'est l'esprit du rock and roll qui a été créé alors.

Jara l'Universel

“Peint ton village et tu peindras le monde” disait Tolstoï. L'héritage de Victor Jara le prouve : le folk et le rock sont des forces créatrices universelles.

Le poète britannique Adrian Mitchell [anglais] a écrit sur Victor [anglais] après sa mort et a offert son poème à Joan Jara quand elle est venue en Angleterre ; plus tard elle a lu ces vers lors d'un concert donné au profit des victimes de la dictature chilienne organisé aux Etats Unis par le chanteur militant américain Phil Ochs. Ochs avait rencontré Victor au Chili des années auparavant quand ils s'étaient retrouvés tous les deux pour un concert en faveur des ouvriers des mines de cuivre.

Le poème est devenu une chanson folk nord-américaine mise en musique par Arlo Guthrie, qui avait lui aussi participé au concert et entendu la lecture du poème.

Depuis 1973, plus de 10 films et documentaires ont été produits sur Victor Jara dans des pays aussi différents que la France, l'Allemagne, et l'Espagne, mais aussi les Etats Unis et le Chili. Des musiciens comme Bob Dylan, Joan Baez, Astor Piazzola, et Los Fabulosos Cadillac lui ont témoigné leur admiration.

Funeral of Victor Jara, December 2009, photo by Gerardo Espíndola

Enterrement de Victor Jara, Decembre 2009, photo de
Gerardo Espíndola

L'héritage de Victor Jara dépasse les frontières, tout comme l'écho de la justice universelle qui aujourd'hui demande aux Etats Unis l'extradition de l'ancien officier chilien Pedro Pablo Barrientos [anglais].  L'affaire doit être jugée au Chili, et l'accusé doit répondre des charges qui pèsent contre lui pour le crime qu'il a commis sur la personne du chanteur.

Les mains de Victor Jara n'ont pas saigné comme celles d'un rockeur qui gratte passionnément sa guitare. Celle de Jara ont été détruites par le fusil d'un soldat. Ils l'ont obligé à chanter, en sang, et il a chanté. 40 ans après, sa voix résonne toujours et sa musique continue à vivre.


Cameroun : Qu'il est difficile d'enseigner l'Histoire

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Philippe Menkoue, traducteur pour Global Voices en français, est aussi jeune professeur d'Histoire et géographie en collège technique au Cameroun et a publié un témoignage sur la difficulté d'intéresser les élèves à cette matière, surtout dans les filières techniques. “Informatique, télécommunications, hôtellerie-restauration, etc., de plus en plus, j’entends parler de « métiers d’avenir ». Un concept plutôt fourre-tout à mon avis, mais qui contribue à renforcer les préjugés sur l’inutilité d’enseigner l’Histoire dans ces lycées. Comme si l’Histoire n’aiderait pas ces élèves à mieux comprendre, analyser certains faits et réussir dans ces domaines.”

Les artistes brésiliens s’unissent pour sauver les lions au Kenya

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Leo Vultus by Murillo Martinsfor the campaign Run4Run4Lions.

Leo Vultus par Murillo Martins pour la campagne Run4Run4Lions.

Après la publication collective #sobreontem (A Propos d’Hier)  à l'appui du mouvement [portugais] qui a initié les protestations en juin dernier [anglais] à São Paulo, les artistes brésiliens unissent actuellement leurs forces pour une nouvelle cause. Cette fois, leurs œuvres sont contre l’abattage des lions à Samburu, Kenya.

Les natifs de la région utilisent du poison ou d’autres armes contre les lions qui attaquent leurs chèvres. Pour sensibiliser l’opinion publique à cette question, en 2010 l’Ewaso Lions Project a organisé un semi-marathon dans le but de “neutraliser les conflits entre l’homme et la faune sauvage en impliquant la communauté locale dans la préservation des lions.” Pour les organisateurs, “plus de chèvres gratuites” est une partie de la solution au problème, et c’est pourquoi lors du premier événement en 2010, les gagnants de la course recevaient des chèvres comme prix.

Actuellement, le projet se prépare pour la prochaine course avec la campagne de financement #Run4Run4Lions, qui recueillera des fonds pour le semi-marathon de 2014. Les œuvres originales (dont certaines sont déjà vendues) des artistes brésiliens sont offertes comme compensation pour ceux qui soutiennent le projet.

Pour en savoir plus sur la campagne :

En direct de Kafranbel: la révolution syrienne en 3 minutes

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Ce billet est publié conjointement avec Syria Untold.

Quand les Syriens sont descendus dans la rue en 2011, l'une des menaces les plus communément avancées par les partisans du régime était “nous allons revenir 100 ans en arrière”. C'est rapidement devenu une blague rabâchée par les Syriens à mesure que les dirigeants mettaient en place leurs dispositifs militaires et de propagande pour réprimer toute forme d'opposition. “On va revenir à l'âge de pierre”, aimaient à répéter avec humour les activistes de la liberté en voyant tout ce qui était détruit atour d'eux.

 

Photo taken from the Banners from Occupied Kafranbel facebook page

Photo sur la page Facebook de “Banderolles de Kafranbel occupé”

Le paradoxe de la Syrie renvoyée à son passé alors qu'elle lutte pour renaître dans un avenir où la liberté et la justice l'emportent, a été utilisé par les habitants de Kafranbel (Idlib) pour envoyer un message puissant au monde.

Sur une vidéo de 3 minutes, rapidement devenue virale après sa publication sur internet, les activistes de la ville de Kafranbel se sont déguisés en hommes de l'âge de pierre pour représenter l'évolution du soulèvement syrien. Quelques hommes préhistoriques portent des banderoles rudimentaires et manifestent, avant d'être attaqués par un groupe d'hommes armés de fusils et de mitraillettes qui font feu. L'agression se transforme vite en tirs continus et en bombardement. A mesure que les manifestants sortent de leurs grottes, des observateurs s'assoient et regardent. Ce n'est qu'au moment où les attaquants sortent une bouteille de gaz pour asperger les autres que les observateurs réagissent et demandent rageusement que la bouteille de gaz soit retirée de l'image. La vidéo se termine sur ces mots :

La mort c'est la mort, d'où qu'elle vienne. Assad a tué plus de 150 000 personnes. Arrêtez-le.

 

 

Par cette vidéo, Kafranbel s'érige à nouveau en symbole puissant de la résistance et de son récit face aux menaces internes et externes. Actuellement sans doute la ville la plus connue de Syrie, pour la créativité et  la sagesse avec lesquelles s'expriment sa prise de conscience et ses sentiments révolutionnaires, Kafranbel poursuit sa résistance avec pertinence à l'oppression d'Assad et aux tentatives de détournement de la révolution.

Dans un monde qui tend à ignorer l'histoire récente de la Syrie, et se préoccupe beaucoup plus de son image dans le monde -comme ces barbares de l'âge de pierre, dont la voix est devenue gênante- la vidéo met en évidence l'hypocrisie de la communauté internationale, qui a mis une ligne rouge sur l'utilisation des armes chimiques en laissant tuer 150 000 personnes et en mettant le feu au pays et à la région.

Alors que les échanges géopolitiques insistent sur les aspects militaires et sur la guerre par procuration, il devient plus important que jamais d'écouter la voix de Syriens et les projets populaires. Parmi ces voix, Kafranbel est un symbole puissant d'auto-gestion et de résistance que Syria Untold considère indispensable à une meilleure compréhension de la réalité syrienne.

Ce billet est publié conjointement avec Syria Untold.

En Arabie Saoudite, on vous tire dessus et on vous condamne pour cela

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La Cour criminelle d’Arabie Saoudite a condamné [arabe] quatre jeunes hommes de Qatifi à des peines allant de 16 mois à quatre ans de prison. L'un d'eux, Jalal Al-Qattan, touché par balle au ventre par les forces de sécurité lors d’une manifestation, et en fuite pour échapper à une arrestation, a été condamné à une peine de trois ans. Le procès, mardi 17 septembre, était le quatrième et dernier épisode d'un feuilleton qui remonte à une manifestation dans la soirée du 8 juillet 2012.

The four Qatif young men. Al-Qattan is top right.

Les quatre jeunes hommes de Qatif. Al-Qattan est en haut à droite.

Ce soir-là, Al-Qattan était parmi de nombreux jeunes qui ont pris part à une manifestation contre l’arrestation du religieux chiite Sheikh Nimer Al-Nimer [anglais]. Deux personnes ont été martyrs [arabe] cette nuit-là (Sayyed Akbar Al-Shakhouri [arabe] et Sayyed Mohammed Al-Felfel), et Jalal Al-Qattan a été blessé d'une balle au ventre. Il a été amené dans une maison à Awwamiya, où on a essayé d’arrêter l’hémorragie. Quelqu’un a appelé le frère de Jalal, Ali, qui est venu et a emmené Jalal à leur maison. La famille de Jalal a essayé de le persuader de le transporter à l’hôpital, mais il a refusé craignant d’être arrêté. Deux activistes des 23 “personnes recherchées” – l’un est Morsi Al-Rebh qui a été abattu [anglais] à Awwamiya en juin dernier – ont suivi la situation de Jalal et ont tenté de lui obtenir une aide médicale. Ils ont trouvé une infirmière, mais elle leur a dit que son état était critique et qu’il devait être opéré. L’un des activistes a proposé de trouver un chirurgien, mais n’en a trouvé aucun alors ils ont fait venir un autre infirmier qui a répété les mêmes conseils. La famille a essayé de nouveau de convaincre Jalal de se faire soigner dans un hôpital, mais il a refusé. Donc, son oncle a suggéré de le faire sortir du pays. Le lendemain, Jalal Al-Qattan, son frère Ali, son oncle Mohammed Al-Mislab et son beau-frère Hussain Al-Areef ont été arrêtés au port de Khafji en route vers Koweït.

Parmi les charges retenues contre eux : la rupture d’allégeance au souverain, le non-signalement des autres manifestants, le non-signalement des deux personnes recherchées qui ont conduit Jalal en lieu sûr pour s’y faire soigner, le non-signalement des infirmiers qui ont tenté de venir en aide à Jalal en dehors du lieu assigné pour des traitements médicaux. Jalal a également été inculpé d’insolence envers ses parents parce que l’accusé lui-même s’est mis en danger en refusant d’aller à l’hôpital. Jalal et son oncle ont été reconnus coupables de toutes les accusations portées contre eux et Jalal a été condamné à trois ans de prison suivis d'une interdiction de voyager pendant trois ans, alors que son oncle a été condamné à quatre ans de prison et une interdiction de voyager pendant quatre ans. Le frère de Jalal, Ali, a été condamné à deux ans de prison et une interdiction de voyager pendant deux ans. Al-Areef n’a été retenu coupable que d’une tentative de “faire sortir clandestinement” son beau-frère du pays au lieu de le dénoncer  aux autorités. Il a été condamné à 16 mois de prison et une interdiction de voyager pendant 16 mois.

Les utilisateurs de Twitter ont commenté les verdicts :

A Qatif, nous avons beaucoup de Jalal Al-Qattans qui ne sont pas allés à l’hôpital craignant d’être arrêtés et le sort de Jalal. Certains ont échappé à la prison en devenant invalides.

Aujourd’hui, c’était le procès de Jalal Al-Qattan qui a été atteint d’une balle par les forces de sécurité.

Étrange ! Ils ont tiré sur lui, ensuite l’ont condamné à trois ans.

Dans le royaume de l’humanité, soigner les blessés est un crime puni par la loi, même si le blessé était un proche.

Grèce : Un musicien anti-fasciste poignardé par un néo-nazi

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Le rappeur grec Pavlos Fyssas, alias Killah P. Photo via Greek Wikipedia

[Sauf mention contraire, les liens renvoient à des pages en anglais] Le rappeur anti-fasciste grec Pavlos Fyssas, aussi appelé Killah P., a été poignardé à mort mercredi 18 septembre 2013 par un néo-nazi sympathisant du parti Aube dorée, qui a avoué son crime après son arrestation le jour même.
Aux dires des témoins, au petit matin du 18, une bande d'une trentaine d'individus en T-shirts noirs et godillots militaires ont attaqué Fyssas, 34 ans, et sept de ses amis devant un bar à Amfiali, Keratsini, un quartier d'Athènes, où il regardait un match de football en compagnie de son amie.

Un homme, qui serait arrivé sur les lieux après avoir répondu à un appel téléphonique de quelqu'un de la bande, a poignardé à deux reprises Fyssas, le visant au coeur. Des témoins l'ont ensuite reconnu comme l'un des néo-nazis les plus notoires du Pirée. Fyssas a désigné son meurtrier [grec], et l'a peut-être identifié, avant d'expirer à l'hôpital quelques heures plus tard. Selon le père de la victime, les médecins sont d'avis (vidéo, grec) que les coups de poignard ont été portés de manière professionnelle. L'attaque a pu être une embuscade préméditée, vu l'opposition déclarée du musicien au parti Aube Dorée. Ce dernier a nié toute relation avec l'auteur du meurtre, malgré les preuves et témoignages du contraire.

Le journaliste Leonidas Saklabanis a twitté un témoignage direct :

Témoin (ami de Fyssas) : Ils l'ont poignardé deux fois parce qu'ils n'arrivaient pas à l'étendre au sol. Ils portaient des T-shirts noirs.

Le blogueur et usager de Twitter Monahus a souligné :

Selon le père de Fyssas, certains les ont entendu parler de membres d'Aube dorée et ont appelé les autres qui lui ont ensuite tendu l'embuscade.

Les témoins visuels ont aussi affirmé qu'ils avaient supplié des agents de police présents d'intervenir, qui avaient refusé parce que les attaquants étaient “trop nombreux”. Le journaliste grec vivant à Londres Yannis Baboulias précise :

Ça vaut la peine de mentionner que le meurtrier a finalement été arrêté par une policière, pendant que ses collègues restaient les bras ballants.

Le rédacteur en chef adjoint du quotidien grec en anglais Kathimerini English Edition (@ekathimerini) Nick Malkoutzis a commenté :

Sur le meurtre de l'antifasciste Pavlos Fyssas, le gouvernement doit aussi répondre à des questions sur l'apparente inaction des policiers qui ont assisté à l'agression #Grèce

Les médias généraux se sont d'abord raccrochés à la théorie de la querelle footbalistique, enlevant au meurtre toute préméditation et motivation politique :

Incroyable que la télévision SKAI présente le meurtre de l'antifasciste sous le titre “Il l'a tué pour une histoire de foot”. Honte absolue.

Le meurtrier reconnu a d'abord déclaré à la police qu'il était déjà présent au bar où la victime consommait avec ses amis, que ceux-ci l'avaient agressé lorsqu'il retournait à sa voiture, et qu'il avait poignardé la victime en état de légitime défense. Il a aussi nié faire partie d'Aube Dorée, prétendant une “vague” relation avec le parti néo-nazi.

Mais ses allégations étaient incohérentes et en contradiction avec la déclaration de sa femme à la police. Elle a indiqué que pendant le match, son mari était à la maison lorsqu'il a reçu un appel téléphonique d'un inconnu et est sorti précipitamment, puis a reconnu avoir reçu l'ordre par un coup de fil ultérieur de faire disparaître la “littérature politique” et autres preuves accusatrices :

Des sources policières disent à @jeansouliotis que le membre d'Aube Dorée qui a poignardé l'antifasciste Pavlos Fyssas a dit à la femme de jeter sa carte du parti

Un taser et des matraques trouvées dans l'appartement du meurtrier qui a demandé à sa femme de faire disparaître tout objet en rapport avec Aube Dorée

D'après un ami du meurtrier [grec], non seulement il était un sympathisant d'Aube Dorée, mais il travaillait aussi, avec des membres de sa famille, dans les bureaux du parti. La police enquête sur lui pour l'exécution d'actes de violence pour le compte du parti, comme le passage à tabac de migrants aux alentours du Pirée. Sa femme et un de ses amis, travaillant aussi pour Aube Dorée, ont été arrêtés tous deux pour faux témoignage et tentative de destruction de preuves dans l'appartement du prévenu.

Apostolis Kaparoudakis, co-fondateur de la web-radio indépendante radiobubblea cité un article de presse :

TVXS : “Le meurtrier était payé par Aube Dorée pour tabasser les migrants” http://bit.ly/18y8zm1 #rbnews #massmedia #KillahP

et le blogueur alepouda ajoute :

D'après le porte-parole de la police, l'auteur du crime se rendait au siège local d'A.D. 5 à 6 fois par semaine. #KillahP

A côté des témoignages, il y a plusieurs photos et vidéos d'Aube Dorée sur YouTube, où l'on peut voir le meurtrier participer aux événements ou sorties du parti, comme les tristement célèbres distributions de nourriture et de vêtements réservées aux Grecs.

Pavlos Fyssas, la victime, était un artiste underground de hip-hop connu et aimé, dont les chansons et actions traduisaient l'esprit anti-fasciste et anti-raciste indépendant :

Témoin : “Ni moi, ni Pavlos n'appartenons à aucun parti. Ils cherchent des victimes”.

The Editors’ Newspaper [grec] atteste :

Killah P, [voulait dire] “Killer [qui tue] du passé”. [..] [Pavlos] sortait d'une famille ouvrière, était un anti-fasciste déclaré, aimé de son entourage et connu sur la scène grecque du hip hop. [..] ”Bien sûr qu'il était un anti-fasciste actif. Il suffit d'écouter ses textes,” a expliqué un voisin. La mère d'un de ses amis proches a confirmé qu'il “n'était membre d'aucun parti, mais il était politiquement actif à sa façon. N'en doutez pas une seconde : c'est un meurtre à motivation politique.” “Il se battait toujours pour ses convictions,” a dit un commerçant, près de la scène du meurtre.

La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre sur Twitter, quand les internautes furieux se sont mis à twitter et poster sur le meurtre, pointant la responsabilité morale d'Aube Dorée :

Comment se fait-il que [l'attaché de presse d'Aube Dorée] Kasidiaris soit sur toutes les télévisions à commenter et n'ait pas encore été arrêté pour complicité ? #animaux

De nombreux utilisateurs de Twitter se sont attachés à rappeler que les migrants étaient les premières victimes d'Aube Dorée. Vasilis Papageorgiou a écrit :

Il n'était pas le premier à être tué. A moins qu'on considère les migrants assassinés par Aube Dorée comme des non-humains.

Dans cet ordre d'idées, le blogueur Anthony Verias donne un lien vers une carte des attaques racistes en Grèce : 

Carte des attaques racistes qui ont eu lieu en Grèce http://map.crisis-scape.net/

Le site alternatif d'information basé à Thessalonique Alterthess a rappelé les avertissements lancés en vain par des médecins, sur des attaques contre les migrants :

Un neuro-chirurgien de l'hôpital Nikaia : 3 ans déjà que nous gueulons à propos de dizaines d'attaques racistes http://dlvr.it/3zxDsF [el]

Amnesty International a condamné le meurtre du militant anti-fasciste, et exhorté le gouvernement grec à empêcher de nouvelles violences extrémistes à visée politique :

Cette montée de xénophobie, d'intolérance et d'attaques à motivation politique en Grèce est proprement glaçante. Les autorités doivent agir maintenant pour empêcher ces violences de s'étendre avant qu'elles deviennent incontrôlables

L'éditeur et auteur pour Global Voices Asteris Masouras a créé un storify sur le sujet, et contribué à cet article.

Ci-après, une des chansons de Killah P avec sous-titres en anglais, un remix hip hop d'une chanson célèbre du groupe grec de rock, devenu un chant de ralliement anti-fasciste contre la peur, étrangement en accord avec son combat et son destin.

@ReporteYa: le journalisme citoyen du #Venezuela

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ReporteYa

[Tous les liens dirigent vers des sites en espagnol]

“Reporte Ya” (“Raconte Maintenant”) est le nom de l'un des plus connus des réseaux vénézuéliens de journalisme citoyen. Avec  près de 65.000 personnes qui le suivent, @ReporteYa est en lien direct avec la presse écrite traditionnelle comme le journal  El Nacional. Il montre l'exemple d'une collaboration entre le journalisme professionnel et le journalisme citoyen et démontre une fois de plus la nécessaire coopération dans le domaine de l'information.

Cette semaine ils nous racontent comment la croissance de la technologie mobile a permis le développement de ce phénomène appelé “journalisme citoyen”.

El fácil acceso a las redes a través de los teléfonos inteligentes ha permitido que todos podamos ser portadores de noticias, sin la necesidad de ser licenciados en comunicación.

La facilité d'accès aux réseaux grâce aux smartphones nous a permis de transmettre l'information sans avoir étudié la communication à l'Université.

Reporte Ya

“Bienvenue à Reporte Ya, votre réseau de journalisme citoyen.”

L'année dernière ils  nous ont prouvé l'utilité de ce réseau de reporters lors d'événements spécifiques comme les élections. Pour proposer une alternative à la couverture médiatique traditionnelle, ils ont lancé sur Twitter une série de conseils pratiques sur le mode d'emploi de Twitter pour informer sur les élections.

Outre la collaboration pour une meilleure couverture des principaux événements programmés comme les élections, la collaboration citoyenne est primordiale pour avoir des informations de correspondants qui sont sur place pour raconter ce qui se passe en temps réel.

Muchas organizaciones aliadas nos envían informaciones de interés general pero son los ciudadanos comunes los que se convierten en reporteros estrellas al enviarnos la información al momento de producirse.

De nombreuses organisations partenaires nous envoient de l'information d'intérêt général, mais ce sont les citoyens ordinaires qui se transforment en journalistes stars quand ils nous envoient l'information au moment même où elle se passe.

Ce projet a débuté en octobre 2010 en collaboration avec la Fondation culturelle Miguel Otero Silva, comme le souligne Reportero24, “pour impliquer les communautés dans le processus de recherche de l'information et de sa diffusion.”

En 2011, Patricia Rodríguez, coordinatrice pour la Fondation et pour @ReporteYa, fait remarquer que l'éducation citoyenne est pour elle un des premiers objectifs:

“Parte de nuestra mirada estratégica incluye capacitar a todas las personas en el uso de las redes sociales, sin importar su edad, posición política o profesión. En muchos casos eso incluye acercarlos a un mundo muy técnico o lejano, pero que indiscutiblemente esta hecho para nosotros”.

“Une partie de notre stratégie vise à former chacun à l'utilisation des réseaux sociaux, quel que soit son âge, ses idées politiques ou sa profession. Dans bien des cas cela signifie amener les gens à un monde technique très éloigné du leur, mais qui sans aucun doute est fait pour nous.

En mai 2011, a été démarré le blog de cette plateforme avec un projet intitulé “Les réseaux sociaux en ligne”, ayant pour objectif l'utilisation de Twitter comme canal exceptionnel de communication à cause de son immédiateté à transmettre à un très large public des messages venant d'associations civiles, d'organisations non-gouvernementales, de responsables locaux et de communautés en général :

Nos hemos trazado la misión de formar a los nuevos Periodistas Ciudadanos a través de talleres de capacitación en los que explicamos los distintos elementos para el manejo del twitter, y presentamos cómo las noticias que se producen viajan a una velocidad indescriptible, dando origen una nueva narrativa comunicacional construida sobre los cimientos de sus tweets, mensajes directos, fotos y videos que se alzan en la red y que se multiplican y persisten gracias a nuestra plataforma @REPORTEYA y nuestro aliado El Nacional Web.

Nous avons mis en place une formation de journalistes citoyens grâce à des stages au cours desquels nous présentons les différentes étapes de gestion de Twitter et nous expliquons comment l'information produite est diffusée très rapidement. Ce processus a donné naissance à une nouvelle communication narrative qui s'appuie sur des tweets, des messages directs, des photos, des vidéos qui sont mis en ligne et se multiplient et perdurent grâce à notre plateforme @REPORTEYA et à notre partenaire El Nacional Web.

Selon les informations analysées grâce à Twtrland, un outil gratuit qui permet d'analyser le profil des utilisateurs de Twitter et d'extraire des données statistiques, 65% des premiers utilisateurs de ce réseau de journalisme citoyens sont des femmes. 83% des utilisateurs habitent au Vénézuela puisque, en priorité, ils rapportent des informations locales et hyperlocales, et ils twittent en moyenne 13 fois par jour. Bien qu'en réalité ce blog n'ait pas été mis à jour depuis le mois d'août, le nombre de personnes qui le suivent ne cesse d'augmenter.

Article by Paula Gonzalo originellement publié sur Periodismo Ciudadano.

En République Centrafricaine, “Nous espérons toujours vivre ensemble en paix”

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Rebels in the Central African Republic. CC License-BY-2.0

Rebelles en République Centrafricaine. CC License-BY-2.0

Alors que la guerre entre les rebelles de la Seleka et l'armée nationale de la République Centrafricaine continue à faire rage, la tension monte dans la petite ville de Bossangoa. Les habitants craignent des débordements en bataille rangée entre chrétiens et musulmans. Certains gardent cependant l'espoir d'un apaisement, comme l’iman de la mosquée principale :

C’est notre pays, nous sommes aussi natifs. Mais nos frères chrétiens nous prennent toujours pour des étrangers. Ils nous assimilent à leur malheur et nous ne comprenons pas. Nous demandons aussi la paix..

La crise humanitaire s'aggrave de jour en jour dans le pays. Hippolyte Donossio rapporte que 150 personnes ont été tuées et des milliers d'habitations incendiées par les rebelles durant le week-end.


Une nouvelle revue cubaine, publiée par des blogueurs

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Portada de Blogosfera Cuba

Couverture de Blogosfera Cuba

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

Plusieurs mois après la rencontre de blogueurs cubains, organisée au centre Martin Luther King, à La Havane, la revue Blogosfera Cuba commence à être distribuée via les réseaux sociaux. Cette initiative rassemble des billets de blogs, des résultats de recherches et des images pour les mettre à disposition de citoyens n’ayant pas accès à Internet ou ne connaissant pas les blogs présentés.

Les créateurs de Blogosfera Cuba décrivent le projet ainsi :

Une communauté participative et ouverte de blogueurs cubains qui partagent une même vision de leur pays. Nous sommes un espace de dialogue dans lequel nous reconnaissons faire partie d’un projet allant au-delà d’un groupe d’individus, tout en respectant les opinions de chacun.

Rafael González, blogueur et rédacteur pour Global Voices, explique dans l’article présentant l'initiative :

Lorsque l'idée de réaliser une revue avec des blogueurs, pour tous les lecteurs intéressés, en rassemblant des éléments de la blogosphère cubaine, est née, la tâche m’a paru improbable. Pourtant, au fil des réunions, le projet a pris forme et j’ai surmonté mes peurs.

Rafael González décrit le premier numéro, qui retrace, entre autres, la création de cette communauté :

 Les lecteurs peuvent découvrir un échantillon des textes sur la rencontre de juillet au centre Martin Luther King, où tout est né, une partie des billets les plus intéressants publiés au cours des dernières semaines sur les blogs, le résumé d’une thèse qui se penche sur les usages sociaux en réseaux via une étude sur 12 blogueurs et leur utilisation de cet outil de communication. Le tout accompagné de nombreuses photographies et de textes originaux qui vous plairont.

Ce numéro est consacré sur la rencontre d’utilisateurs de Twitter, organisée en juin 2011 à La Havane, l’initiative écologique Twittsaneo, la réunion de blogueurs cubains à l’Université de Matanzas en avril 2013, les excursions réalisées dans différentes régions du pays, par exemple au Pico Turquino, au nord-est, à Nicho dans la province de Cienfuego ou au marais de Zapata.

La création de la revue a favorisé le dialogue et la réflexion quant à l’utilisation que les citoyens font du Web. Selon un groupe de blogueurs :

Peu importe Twitter, Facebook ou les blogs, ce qui compte ce sont les murs, les parois depuis lesquelles nous crions ou susurrons certaines de nos vérités. L’important c’est de voir et de toucher ce prochain qui possède quelques idées folles que tu t’appropries.

Blogosfera Cuba explique qui peut entrer dans cette communauté :

Peuvent prendre part à notre communauté tous les blogs (et ceux qui les gèrent) qui de manière volontaire en font la demande et qui acceptent nos principes fondamentaux (…). Ils doivent être approuvés par la grande majorité de la communauté, après une procédure de consultation rassemblant tous les membres.

Vous pouvez télécharger une version de la revue.

Les médias sociaux au Kenya et l’attaque du Westgate Mall

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Anahi Ayala Iacucci tient et met à jour sur son blog, Diary of a Crisis Mapper, une liste des sources de renseignement publiées sur les médias sociaux et des informations vérifiées concernant l’attaque terroriste du Westgate Mall à Nairobi. Elle a également créé un Google Doc pour rassembler des mises à jour et informations supplémentaires. Anahi Ayala Iacucci travaille sur les questions liées aux médias, aux crises et à la technologie. [liens en anglais]

Miss Monde, un concours “non musulman” selon des islamistes indonésiens

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Muslim demonstrators hold posters rejecting the Miss World 2013 in Jakarta. Photo by dharma wijayanto, Copyright@Demotix (9/3/2013)

Des manifestants musulmans tiennent des banderoles rejetant le concours Miss Monde 2013, à Djakarta. Photo de dharma wijayanto, Copyright@Demotix (9/3/2013)

Suite à des manifestations organisées à travers le pays par des groupes islamiques indonésiens, menés par le controversé Front Pembela Islam (FPI), les autorités ont dû renoncer à organiser le concours de Miss Monde 2013 à Djakarta. L’événement aura bien lieu le 28 septembre, mais est désormais délocalisé à Bali, une île à majorité hindoue.

Des groupes musulmans tels que FPI considèrent cette compétition comme “non-islamique”. Ils ont menacé de perturber l'événement et d'organiser davantage de manifestations si le gouvernement permet au concours de se poursuivre. L'Indonésie est le plus grand pays musulman du monde.

En réponse aux manifestations, les organisateurs de Miss Monde ont promis de remplacer les bikinis par des sarongs balinais lors du défilé sur la plage. Mais cela n'a pas convaincu les meneurs musulmans, qui ont incité leurs ouailles à manifester de nouveau contre cet événement.

@riotuasikal est déçu par ces manifestations et remet en question l'interprétation étroite de la culture indonésienne  :

Mais qu'est-ce exactement, la budaya Indonesia (la culture indonésienne), est-ce porter la kebaya mais pas le bikini, parler le bahasa Indonesia mais pas l'anglais, et danser le kecak mais pas la danse classique ? Puis automatiquement, nous jugeons une femme comme non-indonésienne seulement parce qu'elle porte un débardeur, la budaya Indonesia est-elle aussi simple ? Oh non, parfois nous ne réalisons pas que nous avons simplifié nos hautes valeurs culturelles en symboles. Si c'est le cas, préparez-vous à une guerre des symboles.

Life is Beautiful était choqué de voir les candidates de Miss Monde porter le costume traditionnel indonésien durant la  cérémonie d'ouverture :

J'ai regardé une partie du spectacle, Nusantara Parade, je pensais qu'il s'agissait d'une blague. Comment pouvons-nous “forcer” les gens à porter notre costume national. Il doit être porté avec fierté, mais regardez comme elles le portent maladroitement. Comparez avec la parade habituelle durant laquelle toutes les candidates portent leur costume national, nous avons manqué leurs visages souriants.

Randomness Thing rappelait aux manifestants que l'Indonésie est un pays laïque :

L'Indonésie n'est pas un pays islamique. La constitution est claire à ce sujet et nous recensons en réalité diverses religions : l'islam, chrétienne, catholique, hindoue, bouddhiste, et d'autres encore. Ce qui peut être “haram” pour vous ne s'applique pas nécessairement aux autres.

Imposer votre façon de boycotter le concours est à lui seul un acte d'intolérance envers les autres, car il montre clairement que vous n'êtes pas ouvert à la discussion.

La décision de changer le lieu de la compétition a été critiquée par les défenseurs des droits de l'homme comme une autre preuve de l'influence grandissante des chefs religieux radicaux dans le gouvernement. Mais Angry Magpie conseillait vivement à ces groupes de critiquer également le concours de beauté :

Personnellement je serais plutôt surpris si Human Rights Watch soutenait Miss Monde – un concours de beauté n'est pas vraiment un problème que les groupes de droits de l'homme, si progressistes, suivent habituellement. Au contraire, je verrais plutôt HRW critiquant les concours de beauté tout en maintenant que le gouvernement ne devrait pas être si facilement contraint par les groupes radicaux.

William Pesek souhaitait que cette ‘colère déplacée’ soit redirigée vers d'autres problèmes :

Ma question est, pourquoi cette colère déplacée ? Où est l'indignation concernant les niveaux obscènes de corruption, qui dévore la richesse nationale et force 115 millions d'Indonésiens à vivre avec moins de 2$ par jour ? Où sont les affiches condamnant les politiques qui ont fait de la roupie la monnaie asiatique la plus pathétique ? Pourquoi n'entendons-nous pas des slogans réclamant une plus grande responsabilisation de nos dirigeants ?

Nana Bali confirmait que les Balinais sont heureux de la tenue de cet événement sur leur île :

pendant ce temps, Bali est calme, paisible et personne ne pense que le concours nous apportera quelque chose de mauvais

Suivent d'autres réactions sur Twitter:

“… le seul message [Miss Monde] actuellement envoyé au monde est que l'Indonésie subit une “radicalisation de l'islam”.

Pas tous les Indonésiens RT @AlArabiya_Eng: ‘#Monde Musulman: les Indonésiens détiennent la réponse à #Miss Monde

Donc ils disent que Miss Monde est un concours de prostituées. Je ne comprends pas.

Si le FPI veut laver Bali de tout péché à cause de Miss Monde, pourquoi ne le font-ils pas d'abord dans les boîtes de nuit ? Je ne comprends pas :/.

Une manifestation alternative est la tenue du concours Miss Musulmane qui été surnommée “la réponse de l'islam à Miss Monde”. La compétition a eu lieu à Djakarta où les candidates ont récité des versets du Coran pendant le spectacle. Elles doivent être aussi pieuses qu'intelligentes et élégantes.

Une Journée pour défier l’interdiction aux Saoudiennes de prendre le volant

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"Women are now allowed to drive bicycles in Saudi. "Not Forbidden" reads caption on caricature by @MohammadRSharaf pic.twitter.com/c4nJDxD95T" tweets @moniraism

Ce n'est que récemment que les femmes saoudiennes ont été autorisées à faire du vélo. “Les femmes sont désormais autorisées à rouler à vélo en Arabie Saoudite”. “Pas interdit” indique la légende sur la caricature réalisée par @MohammadRSharaf pic.twitter.com/c4nJDxD95T” tweets @moniraism

Un groupe de militantes saoudiennes a fixé au 26 octobre 2013 la journée pour défier l’interdiction officielle de prendre le volant pour les femmes. Cette campagne fait suite à de précédentes, la plus importante étant celle du 17 juin 2011 [anglais].

Sur le site de la campagne, un appel à signer une déclaration en six points [arabe] explique ses objectifs :

نرى وبما انه لا يوجد مبرر واضح يقتضي منع الدولة المواطنات البالغات اللواتي يتقنّ قيادة السيارة من القيادة، ضرورة توفير السبل المناسبة لإجراء اختبارات قيادة للمواطنات الراغبات و إصدار تصاريح و رخص للواتي يتجاوزن هذا الاختبار. و في حال عدم تجاوز أي مواطنة لاختبار القيادة فلا يتم إصدار رخصة قيادة لها، بحيث تكون متساوية مع الرجل في هذا الشأن، فيكون المعيار القدرة على القيادة فحسب، بغض النظر عن جنس المواطن او المواطنة

Étant donné qu’il n’y a pas de justifications claires pour l’État d’interdire de conduire aux femmes adultes et capables, nous demandons à ce qu’on permette aux femmes de passer un examen de conduite et qu’on délivre le permis à celles qui réussissent. Dans le cas où une femme échoue, elle ne devrait pas obtenir un permis de conduire. Il devrait y avoir égalité à ce sujet. La capacité devrait être le seul critère, quel que soit le sexe du citoyen.

En répondant à la réaction courante des dirigeants saoudiens que c’est à la “société de se prononcer sur cette question,” la déclaration stipule :

إرجاء أمر كهذا لحين “اتفاق المجتمع” عليه ليس إلا زيادة في الفرقة وليس من المعقول والمنطق إجبار الناس بالإتفاق على رأي واحد، و نحن مجتمع كغيرنا يجب عليه الرضى باختلاف وجهات النظر، خاصة في أمر لم يحرمه نص صريح من القرآن أو السنة

Remettre à plus tard un tel problème jusqu’à ce que “la société accepte” est seulement un moyen d’inciter à davantage de conflits. Il est incroyable d’obliger les gens à avoir un seul avis. Nous, en tant que société, acceptons d’avoir des opinions différentes, surtout lorsque le Coran ou le Hadith ne le stipule pas explicitement.

Depuis que la déclaration a été publiée il y a trois jours, plus de 8.600 personnes l’ont signée.

Le chef du Comité saoudien pour la promotion de la vertu et la prévention du vice (aussi connu comme la police religieuse), Abduallateef al-Cheikh, a fait polémique quand il a déclaré [arabe] qu'il ne voyait aucune justification religieuse interdisant aux femmes de conduire. Il a, cependant, nié que le Comité n'arrêterait pas les femmes qui conduisent :

وأكد آل الشيخ في حديثه أمس لرويترز، أنه لا يملك أي سلطة لتغيير السياسة السعودية بشأن قيادة المرأة للسيارات [...] لكنه نفى صدور تعليمات في الآونة الأخيرة لأعضاء الهيئة بعدم تعقب أو إيقاف نساء لقيادتهن السيارات في المستقبل.

al-Shaikh a confirmé à Reuters qu’il n’est pas compétent pour changer la politique saoudienne concernant les femmes et la conduite [...] mais il a nié que les membres du Comité ne poursuivraient pas ou ne détiendraient pas à l'avenir les femmes pour avoir conduit une voiture.

Le site de la campagne du 26 octobre invite également les lecteurs [anglais] à contribuer de la manière suivante :

Apprendre à une femme à conduire
Imprimer le logo de Oct26th et l’accrocher sur la fenêtre de votre voiture
Diffuser le message sur les réseaux sociaux sur la situation lamentable des femmes saoudiennes
Publier des clips vidéo et audio exprimant votre soutien

Les vidéos réalisées pour les campagnes précédentes pour expliquer la conduite aux femmes sont remises en circulation. L'une d'elles [arabe] a été visionnée plus de 450.000 fois sur YouTube depuis sa mise en ligne il y a deux ans :

La vidéo met en scène une femme de l'opération “Apprenez-moi à conduire”, expliquant comment conduire une voiture.

Un blogueur russe annonce le renvoi prochain de Sergueï Lavrov

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Footage of Syrian government forces firing on rebels from ANNA-News, a news agency associated with el-murid. YouTube screenshot.

Les forces gouvernementales syriennes canonnent les rebelles, image d'ANNA-News, une agence d'information liée à el-murid. Capture d'écran de YouTube.

Alors que la Russie et les Etats-Unis s'efforcent d'élaborer un accord minimal à propos de l'intervention étrangère dans le conflit syrien, l'espoir ténu que les Etats-unis s'abstiendront de frappes militaires est menacé, rapporte el-murid [russe], un blogueur russe qui écrit en profondeur sur le monde arabe et le conflit au Moyen-Orient.

Le 18 septembre, el-murid indiquait [russe] être informé par des sources internes d'un prochain remaniement dans la structure de pouvoir du Kremlin :

Хочу сказать сразу – информация, которую мне сейчас передали, непроверяема. Однако она тревожна настолько, что умалчивать ее попросту нельзя. На столе у Путина лежит указ о снятии с должности министра иностранных дел Лаврова. Его должен сменить нынешний замминистра Рябков. Атака на Лаврова идет с подачи аппарата правительства, вменяется в вину ему излишне жесткая позиция во время сирийского кризиса и осложнение отношений с Соединенными Штатами.

Je le dis d'emblée, l'information qu'on vient de me transmettre est invérifiable. Cependant elle est tellement inquiétante qu'il est franchement impossible de la taire. Il y a sur le bureau de Poutine l'oukase de révocation du ministre des affaires étrangères Lavrov. C'est l'actuel vice-ministre Ryabkov qui doit le remplacer. L'attaque contre Lavrov provient d'une manoeuvre de l'appareil ministériel, qui lui reproche sa position trop dure lors de la crise syrienne et la détérioration des relations avec les Etats-Unis.

Lavrov s'est férocement opposé à une intervention militaire américaine dans le conflit. Il s'est aussi activé à mettre sur pied le récent plan par lequel la Syrie transférerait son arsenal chimique aux instances internationales. S'il devait effectivement être renvoyé, cela traduirait indubitablement un tournant dans la politique étrangère russe. Selon el-murid, ce changement se ferait dans le sens de l'acceptation du vote à l'ONU d'une résolution américaine autorisant une opération militaire en Syrie, et pourrait catalyser la reprise des discussions d'accords avec le Secrétaire d'Etat John Kerry.

Russia's Foreign Minister Sergey Lavrov. Wikimedia Commons, CC 3.0.

Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères. Wikimedia Commons, CC 3.0.

Tout ceci doit être pris avec des pincettes, car la fiabilité d'el-murid comme source est au mieux incertaine. Sous ce nom se cache [russe] Analtoly Nesmiyan, un expert militaire auto-proclamé ayant des liens avec la communauté du renseignement mais qui n'aurait jamais servi dans l'armée. Il est associé avec ANNA-News [russe], agence d'information d'un seul homme, créée en 2011. Depuis un an l'agence, gérée par un certain Marat Musin, informe sur la Syrie par des vidéos YouTube. On l'a dite liée au mouvement Amis de la Syrie, et peut-être financée par le pouvoir syrien. En 2012 Nesmiyan a été attaqué par le politologue Lev Vershinine [russe], qui blogue sous le nom putnik1. Vershinine accusait [russe] Nesmiyan de soutenir l'opposition syrienne, d'être impliqué dans l’enlèvement de la journaliste Anhar Kochneva [Global Voices], et d'avoir été un petit escroc dans les années 1990.

Peu après la publication de son scoop sur Lavrov, Nesmiyan a posté une mise à jour, réitérant son incapacité à vérifier l'information, mais défendant sa dissémination :

Тем не менее, если в этой информации есть хотя бы грамм правды, то считаю, что сделал все правильно. Сам факт того, что подобные вещи делаются втайне, говорит о том, что огласка этим людям очень не по нутру. Поэтому и нужно делать то, что противоречит их интересам и планам. Если Лаврова снимут – даже с повышением – я опубликую те имена, которые стоят за таким решением. Они мне известны.

Néanmoins, si cette information contient ne serait-ce qu'un gramme de vérité, je considère que j'ai fait ce qu'il fallait. Le fait même que ce genre de choses se fassent en secret dit que la publicité ne leur va pas. C'est pourquoi il faut faire ce qui contrarie leurs intérêts et plans. Si Lavrov est viré – même avec une promotion – je publierai les noms qui sont derrière la décision. Ils me sont connus.

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