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Soutenir les écoles de l'île de Bantayan aux Philippines après Haiyuan

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Young Pioneer Disaster Response est une petite organisation qui s’est proposé le but suivant : rebâtir des écoles et aider la population philippine à reconstruire après le passage du super typhon Haiyuan (Yolanda) sur la petite île de Bantayan dans la région de Santa Fé. Un volontaire raconte son expérience avec YPDR sur son blog (ENG). Vous pouvez en outre voir les progrès réalisés et soutenir les efforts de cette organisation sur le site suivant (ENG).


Les internautes ukrainiens mènent l'enquête pour dénoncer les brutalités lors des manifestations Euromaïdan

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 [sauf mention contraire, les liens renvoient vers des contenus en ukrainien]

En Ukraine, le mouvement Euromaïdan amorce son second mois de protestation. Plusieurs centaines de milliers de manifestants se rassemblent quotidiennement à Kiev et dans d'autres villes. Le mouvement a débuté comme une manifestation pro-Union Européenne [Global Voices FR] menée principalement par les jeunes en réaction à la suspension de l'accord entre l'U.E. et l'Ukraine qui aurait  considérablement rapproché l'Ukraine de l'Europe. Après la répression brutale [Global Voices EN] d'étudiants et d'autres manifestants, au petit matin du 30 novembre 2013, par la section de police anti-émeute connue sous le nom de “Berkut”, les rassemblements quotidiens se sont progressivement étendus à tout le pays sous la forme de manifestations contre le gouvernement ukrainien.

Cette vidéo [sur le site de Reuters, en anglais] recense plusieurs cas de violences lors de la grande manifestation à Kiev du 1er décembre 2013. De nombreux opposants ont été frappés par la “Berkut”, dont au moins une quarantaine de journalistes [en anglais].

Cela a conduit à plusieurs arrestations et détentions. Lors de ce rassemblement, neuf manifestants, sans doute arrêtés au hasard, ont été placés en garde à vue, sévèrement battus par la police pour être ensuite accusés d'avoir fomenté et organisé les émeutes [en anglais], et ce malgré l'absence complète de preuves sérieuses confirmant ces accusations. Peu après, trois personnes ont aussi été arrêtés pour les mêmes motifs : deux journalistes militants du “Dorozhnyi Control” [Le "Contrôle de la route" (lien Global Voices), qui incite les automobilistes à installer des caméras dans leurs voitures afin de filmer leurs échanges avec la police lors des contrôles routiers] et un photographe de la ville de Lviv en Ukraine, qui a photographié les brutalités de la police lors des incidents du 30 novembre 2013.

Soutien aux prisonniers de Bankova et aux autres victimes de la répression

Ces 9 détenus se sont fait connaître sous le nom des “prisonniers de Bankova”, nommés ainsi d'après le nom de la rue Bankova située en face de l'immeuble du cabinet présidentiel, où ont eu lieu les affrontements avec la police le 1er décembre 2013. Leur cas a été largement relayé par des journalistes ukrainiens et étrangers, des députés et des diplomates, et des rassemblements de soutien pour ces derniers ont été organisés. Trois d'entre-eux ont été jugés coupables et condamnés, cinq autres relâchés en attente de jugement, et trois ont vu leur détention prolongée de deux mois afin de poursuivre l'enquête.

La vidéo suivante [en ukrainien] montre un “lie-in” [rassemblement immobile comme le sit-in, mais les manifestants sont allongés] organisé par l‘Alliance Démocratique ukrainienne à l'entrée du bureau du procureur. Les activistes s'allongent sur les marches de l'immeuble, obligeant les employés à les piétiner littéralement de la même façon qu'ils ont “piétiné la loi”. Les manifestants crient “Honte à vous ! Honte à vous !” [en ukrainien].

Les cyberactivistes ukrainiens ont lancé une page Facebook et un site [en ukrainien et en anglais] destiné à apporter de l'aide aux prisonniers de Bankova.

Capture d'écran de la page Facebook dédiée aux prisonniers de Bankova. La légende indique : " Euromaïnad : Sutenez ceux qui sont accusés [à tort] des émeutes de Bankova".

Capture d'écran de la page Facebook dédiée aux prisonniers de Bankova. Légende : ” Euromaïnad : soutenez ceux qui sont accusés [à tort] des émeutes de Bankova”.

Un groupe de militants a lancé une autre page Facebook intitulée “Euromaïdan – SOS” afin de fournir une assistance juridique gratuite à tous ceux qui sont confrontés à des menaces liées à leur participation à ce mouvement.

Le rôle de telles initiatives demeurent extrêmement important, dans la mesure où la pression et le nombre d'agressions violentes commises sur les membres du mouvement Euromaïdan a augmenté de façon exponentielle. Ainsi, quelques jours après l'agression au couteau sur Dmytro Pypypets, l'organisateur de l'Euromaïdan dans la ville de Kharkiv,  on apprenait que Pavlo Mazurenko, organisateur du mouvement à Kiev, avait été battu à mort et que la journaliste et militante Tetyana Chornovil avait été violemment frappée. Malheureusement, les journalistes demeurent les premières cibles de tels incidents et les autorités semblent incapables ou peu désireuses de mettre un terme à de tels actes. Face à ces événements, les internautes sur les réseaux sociaux ont lancé des appels pour organiser leur défense, en suggérant notamment de fournir une protection physique aux porte-paroles et aux militants.

Un collage anonyme circulant sur internet. La plus part des personnes photographiées sont des journalistes frappés par la police ou par des auteurs "non-identifiés".

Un collage anonyme circulant sur internet. La plupart des personnes photographiées sont des journalistes frappés par la police ou par des agresseurs “non-identifiés”.

Identifier et exiger la poursuite des responsables 

Presqu'un mois après l'agression violence de manifestants pacifiques dans les rues de Kiev, le 30 novembre et le 1er décembre 2013, le gouvernement n'a ni identifié ni engagé de poursuites à l'encontre les agents de police impliqués, et n'a fait qu'écarter deux agents de second rang, dans une tentative  d'apaiser les troubles, qui a échoué.

Comme les autorités ne parviennent pas à identifier les membres en cause de la section de police anti-émeute, la Berkut, ni d'autres membres de la force publique responsables des agressions, plusieurs initiatives en ligne, visant à faire ce travail d'identification; ont vu le jour. “Ne zabudemo”  ["Nous n'oublierons pas"] se décrit comme “un mouvement visant à restaurer la justice”. En recueillant des preuves photographiques et des vidéos prises par les manifestants ainsi que des témoignages sur leur site internet ou sur leurs comptes sur les réseaux sociaux, ils cherchent à découvrir et révéler l'identité des membres de la Berkut comme celle d'autres policiers, et celle des procureurs, enquêteurs, juges et de tous ceux impliqués dans les actes de brutalité et les tentatives pour les étouffer.

Capture d'écran du site "Ne zabudemo", visant à identifier les responsables des agressions des manifestants pacifiques de l'Euromaïdan. L'encart rouge sur la photo indique le nom d'un policier déjà identifié.

Capture d'écran du site “Ne zabudemo”, visant à identifier les responsables des agressions des manifestants pacifiques de l'Euromaïdan. L'encart rouge sur la photo indique le nom d'un policier déjà identifié.

Un autre blog, intitulé Les visages de la Berkut [en ukrainien et en anglais], se propose de suivre une démarche similaire,  mais ne cherche à identifier que les policiers de la Berkut ayant participé aux agressions et aux arrestations violentes.

 ”Lustration”, dentification, dénonciation

[la lustration vise notamment à exclure de l'administration les agents publics liés à la police politique]

L‘Alliance Démocratique, parti politique ayant activement participé à l'Euromaïdan, a lancé un site “Ne buty skotom” ["Ne faîtes pas la bête"] recueillant via le crowdsourcing les noms et les photos des policiers impliqués dans les agressions, des juges et procureurs interdisant les rassemblements pacifiques ou engageant des poursuite contres les militants, ainsi que des voyous commettant des actes de violence contre les manifestants de l'Euromaïdan et les journalistes.

Capture d'écran du site de "Ne buty skotom" de L'Alliance Démocratique, visant à identifier et lister les membres de la force publique empêchant les actions de l'Euromaïdan, enfreignant la loi et contraignant les droits et libertés des citoyens. Jusqu'à présent, 94 personnes coupables de tels actes auraient été identifiées.

Capture d'écran du site de “Ne buty skotom” de L'Alliance Démocratique, qui veut identifier et lister les membres de la force publique s'opposant aux actions de l'Euromaïdan, enfreignant la loi et  réduisant les droits et libertés des citoyens. Jusqu'à présent, 94 personnes coupables de tels actes auraient été identifiées.

L’UDAR, autre parti d'opposition lui aussi actif dans le mouvement Euromaïdan, mené par l'ancien champion de boxe Vitaliy Klychko, dresse ses propres listes de personnalités ou agents publics susceptibles d'être visés par la lustration [en français] lors du changement de gouvernement. La liste de lustration de l'UDAR issue de l'Euromaïdan comprend plus de soixante noms.

Dans la mesure où l'avenir des rassemblements Euromaïdan demeure incertain, de telles initiatives se proposent d'échanger des informations et d'aider les activistes à exercer une pression continue sur les autorités.

La Chine s'émeut du sort d'un agriculteur qui a tué les démolisseurs de sa maison

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Fan's head was broken

L'avocat des droits de l'Homme Liu Xiaoyuan a téléchargé le photo de Fan au tribunal sur Weibo. Sa famille et lui ont été attaqués par les responsables chargés de la démolition. Fan a subi une fracture du crâne.

L'arrestation d'un agriculteur dans l'est de la ville chinoise de Suzhou qui a tué deux personnes pour s'opposer à son expulsion forcée a suscité un tollé sur les médias sociaux chinois.

Le journal Southern Metropolis Daily relate que Fan Mugen, un agriculteur retraité de 64 ans, a tué deux responsables de la démolition avec un couteau. Les faits sont avenus après que lui, sa femme et son fils aient été frappés et blessés, dans une banlieue de Suzhou, une ville proche de Shanghai, le 3 décembre 2013. Plusieurs internautes sur le réseau chinois Weibo, similaire à Twitter, avancent que ces meurtres pouvaient être qualifiés d'auto-défense et avertissent que Fan pouvait être passible de la peine de mort.

Plus de cinquante avocats et citoyens à travers le pays se sont rendus à l'hôpital [chinois,zh] pour voir l'épouse de Fan, blessée et détenue, mais en ont été empêchés par des policiers le 22 décembre.

Le Southern Metropolis Daily écrit [zh] que la maison de Fan est la seule à n'avoir pas été détruite dans le village en raison d'un litige sur le montant faible du dédommagement. Il a lancé une pétition en 2004 et s'est rendu à Beijing par deux fois pour faire signer sa pétition par le bureau spécial des réclamations des citoyens cette année. Fan disait avoir été forcé de signer l'accord de démolition en novembre. Fan est aussi membre du Parti communiste.

Cela a rappelé à beaucoup d'internautes la peine de mort de Xia Junfeng, un vendeur ambulant reconnu coupable du meurtre de deux chengguan, des agents de police chargés de la gestion urbaine [du Bureau de l'administration d'affaires urbaines]. Il a été exécuté en septembre dernier malgré les appels à la clémence, ce qui avait indigné de nombreux militants, reprochant au système  chinois de ne pas  protéger les plus faibles et de les punir trop sévèrement. Beaucoup étaient aussi d'avis que l'acte de Xia était assimilable à  de l'auto-défense parce qu'il avait été victime de violences graves.

Le centre des droits civils de Suzhou tient informé les internautes des derniers développement via son compte Weibo :

律师和公民五十余人来到苏州市高新区人民医院探望范木根的妻子顾盘珍,范木根因反抗入侵者保护家人正当防卫刺死两名入室行凶者,现被以故意伤害罪名刑事拘留,范妻被入侵者打断胳膊正在住院治疗。苏州辅警在医院列队 严阵以待!!

Plus de cinquante avocats et citoyens vont voir Gu Panzhen, la femme de Fan Mugen, à l’hôpital du peuple du district de haute-technologie, à Suzhou. Fan a été arrêté  après avoir tué deux agresseurs pour protéger sa famille. Gu est soignée à l'hôpital pour un son bras cassé par les intrus. La police municipale de Suzhou est en train de cerner l'hôpital !

L'avocat des droits de l'Homme Liu Xiaoyuan explique la situation de la famille de Fan et estime que ce fait divers est un acte d'auto-défense :

“2013”年度人物候选人:范木根,苏州农民,年轻时在内蒙古参军。因房屋被强拆,他在2013年10月底出外躲藏一个月。2013年12月2日回到家中。2013年12月3日,拆迁公司人员又到家中逼迁。他在头部被打破,儿子头部被打伤,妻子右手骨头被打断时,拔打刺死两名逼迁人员。这是今年最大的一起血迁事件。

Candidat au prix de la Personne de l'année 2013, Fan Mugen, un agriculteur de Suzhou, a rejoint l'armée de la région autonome de la Mongolie intérieure lorsqu'il était jeune. Il s'est éloigné de sa maison pendant un mois pour éviter la démolition depuis fin octobre et est rentré chez lui le 2 décembre. Le 3 décembre, les employés de la société de déménagement se sont de nouveau rendus chez Fan pour l'obliger à partir. Il a tué deux intrus quand il a eu le crane facturé, son fils  a été blessé à la tête et sa femme a eu le bras droit cassé. C'est l'opération de démolition la plus sanglante de l'année.

Le journaliste indépendant Wang Qingfu trouve que Fan est un héros :

范木根,典型的正当防卫。范木根是不畏强权的英雄!

L'acte de Fan Mugen constitue de la légitime défense. Il est un héros de la résistance face au pouvoir !

L'utilisateur de Weibo “Jiang Nan school kid” est d'accord avec Wang :

苏州范木根是一个了不起的军人!当老范面对暴徒,三刀两命。有多少人拍手称快?有多少人从内心里佩服老范的勇气!他做了许多人想却不敢做的事情。全国掀起了新一轮范木根无罪浪潮!因为他们很多在拆迁中都体会到那种无奈与绝望。拆迁办的黑社会化,政府的推皮球,公安的冷漠。

Fan est un grand combattant. Il a osé tuer deux truands avec un couteau. Beaucoup applaudissent son action ! Beaucoup de gens ont du respect pour son cran ! Il a fait ce que beaucoup de gens veulent faire mais n'osent pas. Plusieurs victimes d'expulsions forcées se sont senties perdues une fois confrontées à ce qui s'apparente à un gang organisé de la démolition , à un rejet de la responsabilité sur les autres par le gouvernement, et à l'indifférence de la police.

Yang Cuifang encourage les internautes à s'intéresser à cette affaire :

关注。关注这个保护妻儿保卫家园的血性汉子。关注这个时代里草民抗暴事件以及这起事件最终的走向。见证每一个个体活在当下的不易

Prêtez attention à cet homme courageux qui a essayé de protéger sa femme, ses enfants et sa maison. Voyez la violence contre le peuple et ce qui sous-tend ce problème. Observez l'importance qu'ont  pour chaque personne ses propres biens.

Les démolitions forcées sont un sujet de profonde discorde en Chine depuis ces dernières années. Les autorités locales comptent, pour une part importante de leurs revenus, sur les ventes de terrains. La convoitise pour le foncier conduit à expulser les propriétaires de logements et les petites entreprises pour lancer les projets de développement.

Arte en el Trole : Occupons les espaces publics de Quito

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El juego de lo imprevisto. Proyecto seleccionado de Arte en el Trole.

Le jeu de l'imprévu. Projet sélectionné par Arte en el Trole.

Tous ces moments passés à se déplacer d'un lieu à l'autre dans une grande ville donne souvent l'impression de perdre son temps. Si bien que les wagons du métro ou les bus, pourtant interconnectés, sont souvent considérés comme des “non-lieux”, tout comme les stations qui permettent cette interconnectivité. A Quito, en Equateur, le projet Arte en el Trole (“Art dans le Trolleybus”) a décidé d'insérer un peu d'art et de culture dans ces espaces citadins, représentés à travers le trolleybus [espagnol] ou le service de transports en communs.

Arte en el Trole a débuté ses activités en 2006, expliquant [espagnol] qu':

il s'agit d'un projet indépendant qui demande à être pratiqué, permettant la démocratisation de la culture à travers l'art sous toutes ses formes, et donnant la possibilité à des artistes locaux, nationaux et étrangers d'exposer leurs œuvres dans de nouveaux espaces. Elles bénéficient directement aux habitants, et vont à la rencontre de ceux qui sont habituellement exclus de la richesse culturelle et artistique qui se développe en Equateur et ailleurs dans le monde.

En mai dernier, Daniel Pazmiño a eu la gentillesse de nous parler de l'histoire et des activités d'Arte en el Trole.

L'objectif d'Arte en el Trole, selon ses propres mots, est “d'établir une plateforme de diffusion artistico-culturelle à la portée des habitants de la ville. Parmi les interventions réalisées dans les stations figurent de multiples artistes, des créateurs, des gérants, des dirigeants, des organisations etc., qui démontrent toute la maîtrise de leur art à travers les contraintes d'un tel système (le trolleybus transporte plus de 250 000 personnes chaque jour)”.

Dans la vidéo suivante, Daniel nous raconte certaines interventions et performances réalisées ou prochainement réalisées par l’association dans le trolleybus ou les diverses stations:

 

Actuellement, Arte en el Trole étend [espagnol] ses activités au-delà du réseau de trolleybus et “travaille conjointement avec des étudiants et des représentants des écoles, des collèges, des universités, des quartiers etc., parvenant ainsi à promouvoir et fortifier la création, la production, la diffusion et la circulation de biens culturels et à construire éventuellement des espaces exceptionnels de dialogue interculturel, qui visent à renforcer une politique culturelle intégrée”.

Dans la dernière vidéo, Daniel nous parle de la démocratisation de l'espace public à Quito grâce au projet Arte en el Trole.

Afin de nous faire une idée des activités et interventions réalisées par Arte en el Trole, voici une vidéo en deux parties. La première est une compilation de photos de leurs principales activités durant 2013 :

La seconde vidéo, intitulée “Incursion onirique dans le trolleybus”, a été enregistrée lors d'une intervention d'Arte en el Trole dans un des trolleybus de Quito.

Avant de conclure, il convient de rappeler que ce qu'a mentionné Daniel : l'appel d'Arte en el Trole à des projets artistiques et culturels est toujours ouvert, ainsi que les regroupements (de ces initiatives) en Amérique latine. Vous pouvez voir davantage de vidéos d’Arte en el Trole [espagnol] sur leur chaîne YouTube et les suivre sur Facebook et Twitter.

GV Face : Le journalisme de solutions peut-il remplacer l'information ‘toxique’ ?

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Un conflit sanglant au Sud-Soudan. Des manifestants arrêtés et battus en Egypte. Des villes détruites par un typhon aux Philippines. Ce sont des informations que nous considérons comme importantes. Mais leur présentation ne devient-elle pas déprimante et toxique ? 

Notre but, chez Global Voices, est de parler des personnes qui sont impliquées dans les événements que relatent ces informations, dans le monde entier. Comme les autres médias, nous consacrons beaucoup d'articles à des actualités souvent dramatiques,  à la corruption politique, aux catastrophes écologiques. Nous éprouvons de l'empathie pour les personnes victimes de problèmes ou  tragédies, qui souhaitent faire entendre leur voix dans le monde entier. Mais nous connaissons nous aussi ces moments quand l'équipe éditoriale de Globla Voices préférerait s'installer confortablement pour lire sur Buzfeed ” Les 40 chats les plus maladroits de 2013” au lieu d'éditer les sombres récits qui nous parviennent des quatre coins du monde. Ce type d'informations inonde chaque jour tous les médias et il peut en résulter une vision très négative de notre monde.  Qui nous laisse avec un sentiment d'impuissance.  Mais peut-être n'est-ce pas inévitable ?  

Et si les informations nous permettaient de devenir des citoyens plus actifs, susceptibles d'avoir à terme un impact sur la marche du monde ? Existe-t-il un format qui permette de présenter des informations sur des événements, bons ou mauvais, de façon constructive ? Qui permette aux lecteurs de s'engager pour des situations difficiles, même s'elles se déroulent à l'autre bout du monde ? 

Cette semaine, nous disons adieu à  2013 avec un numéro spécial de GV Face, notre série de débats en vidéo. Il réunit cette fois-ci uniquement des membres de Global Voices : le co-fondateur Ethan Zuckerman, les rédactrices en chef Solana Larsen et Sahar Habib Ghazi, autour de Ellery Roberts Biddle, l'éditrice de notre site pour les libertés numériques, Advocacy. Le thème : le concept de  ”journalisme de solutions” et de “good news” (bonnes nouvelles). Nous avons mis en parallèle ce journalisme de solutions et la démarche traditionnelle du journalisme. Nous parlons aussi des mutations du paysage médiatique et de nos propres pratiques éditoriales ici, à Global Voices. Ensemble, nous envisageons quelques alternatives, pour que l'actualité ne soit plus destinée uniquement à informer, mais pour qu'elle propose d'agir et de nous exprimer en tant que citoyens du monde et cybercitoyens.  

Pour aller plus loin

Problématiques :
The psychological impact of negative TV news bulletins (L'impact psychologique nocif des journaux télévisés)
The Evening's Bad News: Effects of Compelling Negative Television News Images on Memory (Les mauvaises nouvelles du soir : les conséquences de la présentation accrocheuse et négative d'images télévisées sur la mémoire 

Solutions :

En français : 

Le journalisme de solution (Forum mondial de la démocratie, Strasbourg, 2013)

Pour un journalisme constructif 

En anglais : 
Blog d'Ethan Zuckerman : Saving the News with Advocacy Journalism (Sauver les informations par le journalisme de plaidoyer)
Innovating News Journalism through Positive Psychology
Solutions Journalism Can Change the World
Why We Need Solutions Journalism
News Doesn't Reflect the Real World
A New Mainstream Solutions Journalism
Solutions Journalism: What it is and what it is not

Le photographe syrien Hamid Khatib : échapper à la mort, saisir la vie

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Ce billet est aussi publié [en anglais] sur Syria Untold.

“Il n'y a pas de Hamid le photographe sans la révolution. Espérons qu'il y en aura encore un quand la révolution sera finie.” Ainsi parle le jeune photographe syrien couronné de prix Hamid Khatib, qui a rejoint le soulèvement en octobre 2011, après avoir accompli son service militaire obligatoire. Avec son appareil, il a saisi une génération de jeunes gens descendue dans les rues, qui a étonné ses prédécesseurs en demandant l'impossible.

 

Boy makes weapon in Aleppo, by Hamid Khatib. Source: the author´s facebook page

Un garçon rebelle fabrique de l'armement à Alep, par Hamid Khatib. Source : Page Facebook de l'auteur

 

Les enfants de la guerre

Comme beaucoup d'autres Syriens, Hamid Khatib, 23 ans, se dit “ressuscité après le soulèvement”, dans un entretien avec Syria Untold.

Il a commencé par enregistrer des vidéos des manifestations et de la répression des contestataires par les forces du régime, et n'a pas tarder à se tourner vers la photographie. Sa photo “Un garçon fabrique de l'armement” a été choisie par Reuters comme l'une des meilleures de l'année 2013. Il travaille depuis lors pour cette agence de presse, et saisit les moments de destruction, d'espoir, de désespoir, de perte et de vie quotidienne en Syrie.

La photo récompensée montre un garçon de 10 ans, Issa, portant un obus de mortier dans un atelier d'armement de l'Armés Syrienne Libre à Alep.

“Depuis un moment je voulais saisir les effets de la guerre sur les enfants,” explique-t-il. “J'avais l'intention de faire une série avec différents enfants, mais quand j'ai rencontré Issa et son père, j'ai été frappé par leur histoire et n'ai plus pu penser à autre chose.”

“Issa travaille avec son père à l'atelier d'armement 10 heures par jour, tous les jours, sauf les vendredis. Son histoire en est venue à prendre un sens très fort pour moi, personnel,” dit Khatib.

“La situation en Syrie échappe au contrôle d'un journaliste,” dit-il. “Tout ce que pouvez faire, c'est vous adapter à l'évolution des événements sur le terrain. Mais je préfère personnellement dépeindre la vie au jour le jour dans le pays, et les effets collatéraux de la guerre sur les gens.”

A child in Raqqa, by Hamid Khatib. Source: The author´s Facebook page.

Un enfant à Raqqa, par Hamid Khatib. Source : page Facebook de l'auteur.

 

Un parcours de mort et d'amour

Né à Alep en 1990, Khatib a commencé à couvrir le soulèvement au moment où il se militarisait. Son propre service militaire terminé, il a cherché du travail aux Emirats Arabes Unis, avant de  bientôt revenir à Alep incognito. “Je voulais montrer au monde ce qu'était réellement l'état de terreur du régime syrien,” dit-il. 

Au cours de ces dernières années, il n'a pas seulement rencontré la mort et la destruction, il a aussi trouvé l'amour. Il est tombé amoureux de Nour Kelze, une ex-institutrice devenue photographe pour Reuters en 2012 après avoir pris des images avec son téléphone mobile. Ils sont maintenant mariés.

Syrian photographers Hamid Khatib and Nour Kelze, working in Aleppo. Source: Khatib´s facebook page.

Les photographes syriens Hamid Khatib et Nour Kelze, au travail à Alep. Source : page Facebook de Khatib.

 

Nour et Hamid travaillent main dans la main à Alep, et ils ont plusieurs fois frôlé la mort.

“Je me tenais au même endroit, mais elle m'a demandé de changer de place avec elle, pour prendre quelques photos de là,” raconte Hamid. “Elle est très forte et n'a peur de rien. Soudain j'ai entendu les obus, et vu la fumée sortir de partout, et n'ai plus pu penser à rien qu'à Nour, ‘Où est Nour…?'” Il a entendu sa voix l'appeler, et il l'a emmenée à un hôpital de campagne. Elle était blessée au pied gauche et souffrait d'éclats d'obus aux mains.

A une autre occasion, Hamid a assisté à un bombardement par le régime pendant une des nombreuses manifestations auxquelles il a pris part à Bustan al-Qasr, une petite ville connue pour transformer les fêtes de mariage en manifestations de masse pour la liberté

Bustan al-Qasr a fait les titres des médias internationaux en janvier 2013, lorsque des dizaines d'hommes disparus à des barrages du régime ont été découverts dans le lit asséché de la rivière Queiq, tués d'une balle dans la tête et les mains liées dans le dos avec des cordes de plastique.

“La plupart de ceux qui ont manifesté à côté de moi ont été blessés ou tués ce jour-là, mais j'ai survécu,” se souvient Hamid. 

Il a aussi vu la mort de près le jour de son retour dans sa ville d'origine d'Azaz, au Nord d'Alep, où il n'était pas allé depuis trois ans. Toute sa parenté, cinq familles entières, partageait une maison de deux étages. Réveillé par le bombardement, il a dévalé l'escalier pour voir si les femmes et les enfants avaient survécu, il les a trouvés pleurant de peur que les hommes aient été tués à l'étage. Les missiles ont continué à tomber toute la nuit. Près de 150 voisins ont été tués à Azaz cette nuit, et 40 maisons réduites en décombres.

La mort a épargné Hamid, mais pas des amis et des confrères comme Molhem Barakat, un photographe de 18 ans tué en couvrant une bataille pour un hôpital à Alep le 20 décembre. Hamid s'engage à poursuivre son travail, afin d'honorer Molhem et tous les martyrs qui ont perdu la vie pour une Syrie meilleure. “Parce qu'il n'y avait réellement pas de Syrie avant la révolution,” conclut-il. “Il n'y a pas de Syrie sans la lutte pour la liberté à laquelle tant de vies ont été données.”

Ce billet est aussi publié sur Syria Untold.

 

Les plaques d'immatriculation “califat islamique” arrivent en Syrie

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A car in Syria bearing the Islamic Caliphate number plate. Photograph tweeted by @ZaidBenjamin

Plaque d'immatriculation du califat islamique sur une voiture en Syrie. Photo tweeté par @zaidbenjamin

 

Zaid Benjamin a partagé cette photo sur Twitter, d'une plaque d'immatriculation du Califat Islamique, vue sur une voiture en Syrie :

La première voiture de Syrie immatriculée Etat du Califat

Ces plaques d'immatriculation sont émises par l’Etat Islamique de Syrie et d'Irak [Liens en anglais].

7 choses que vous ignorez sur la cuisine japonaise

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Image of bakery in Japon

Image d'une boulangerie au Japon sur Flickr par ohpapercut. (CC-BY-NC-ND 2.0)

La cuisine japonaise traditionnelle, washoku, consistant généralement en riz, soupe et légumes et présentant une variété de saveurs plutôt douces et délicates, est devenue réputée à travers le monde. Récemment, le washoku – une manière de cuisiner, présenter et manger la cuisine japonaise traditionnelle - a été inscrit sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité de l'UNESCO. Le contributeur de Global Voices Taylor Cazella, qui a récemment déménagé des USA au Japon, présente sept aliments inattendus mais savoureux et tendances alimentaires que vous ne voulez pas rater si vous visitez le Japon.

1. Pain et boulangeries japonaises

Au Japon, comme c'est le cas dans la plupart des pays asiatiques, le riz est la céréale de base. Le riz a joué un rôle important dans l'histoire socio-économique du Japon, et, jusqu'à l'époque moderne, fut même utilisé à des desseins de taxation à la place d'une monnaie frappée. Après la Restauration Meiji, le régime alimentaire japonais est devenu de plus en plus occidentalisé. Le pain est devenu populaire et occupe désormais un rôle important et florissant dans la culture culinaire du Japon. Une visite à n'importe laquelle des nombreuses boulangeries japonaises révèlera une grande variété de produits bien élaborés : tout, des délicieuses sucreries et des baguettes de style français aux rouleaux aux crevettes et aux friands à la saucisse.

macha or green tea flavor ice cream. Photo taken par flickr membre emrank

Crème glacée au macha ou thé vert. Photo sur Flickr d'emrank (CC BY 2.0)

Les Japonais ont aussi inventé de nouveaux types de pain, tel l’anpan, une viennoiserie japonaise le plus souvent fourrée avec une pâte de haricots rouges, et le pain au curry, une pâte frite fourrée avec du curry japonais. Des efforts sont aussi faits pour contrer la popularité du pain en utilisant du riz comme base dans des recettes. En plus du pain ordinaire, certaines boulangeries font du pain de riz [anglais], un type spécial de pain utilisant de la farine de riz, dans l'espoir d'augmenter la consommation de riz cultivé dans le pays.

2. Crème glacée, variante japonaise
La crème glacée n'est probablement pas la première chose qui vient à l'esprit quand on parle de cuisine japonaise. Néanmoins, le Japon est la patrie de quelques saveurs vraiment uniques de ce favori estival — le genre de choses que vous ne trouverez pas sur la fameuse liste des 31 parfums du fabriquant de crèmes glacées américain Baskin Robbins. Parmi les parfums les plus populaires chez les Japonais, on trouve maccha (thé vert), sakura (fleur de cerisier), satsumaimo (patate douce), goma (graine de sésame noir) et yuzu (un type d'agrume avec une saveur similaire à la mandarine mélangée à du citron). Moins communes sont les saveurs exotiques [japonais] que vous ne trouverez nulle part ailleurs qu'au Japon, basées sur des spécialités locales. Celles-ci incluent basashi (sashimi à la viande de cheval), anguille, et wasabi (raifort japonais). De telles variétés peuvent se trouver dans des boutiques de souvenirs spéciales dans les lieux où ces ingrédients sont des spécialités locales.

3. Ramen gekikara et autres aliments épicés 

You can find a variety of snacks avec extremely hot, spicy flavors in Japon. Image par flickr membre  yuichi.sakuraba (CC-BY-NC 2.0)

Vous pouvez trouver une variété de snacks avec des saveurs très épicées au Japon. Photo sur Flickr de yuichi.sakuraba (CC-BY-NC 2.0)

La nourriture japonaise est réputée être douce, et certains iraient jusqu'à la dire fade. Néanmoins, quiconque désirant en faire une généralisation n'a de toute évidence jamais testé un bol de ramen gekikara, une version de l'omniprésent plat de nouilles agrémenté de puissantes épices. Ceux qui sont suffisamment courageux pour essayer un bol devraient s'attendre à transpirer un peu ! Et tandis que le curry japonais est habituelllement plus doux et moins ardent que son homologue indien, certains magasins de curry vous permettent de choisir votre niveau de piquant, le plus haut desquels vous donnera à coup sûr une bonne suée.

4. Œuf cru
L'une des caractéristiques de la nourriture japonaise est l'abondance d'ingrédients frais qui sont assez souvent utilisés crus. L'exemple le plus connu en est les produits de la mer utilisés crus en sushi, mais plusieurs autres aliments crus figurent notablement dans la cuisine japonaise. L'œuf cru, par exemple, se trouve dans de nombreux plats, typiquement servi sur le riz, ou comme sauce pour les nouilles. Ceci présente, contestablement, l'une des plus grandes difficultés que rencontrent les Américains quand ils goûtent l'éventail de la nourriture japonaise. On apprend très tôt aux enfants américains de considérer les œufs avec une extrême précaution. Dans le but d'empêcher les intoxications alimentaires, les Américains apprennent à toujours se laver les mains après avoir tenu un œuf cru, à faire attention à ne pas contaminer d'autres aliments avec un œuf cru, à toujours entreposer les œufs au réfrigérateur, et certainement de ne jamais manger d'œufs crus. Ceci peut être un choc pour des visiteurs américains au Japon, qui trouveront des œufs entreposés sur des étagères d'épicerie à température ambiante, et des œufs servis entièrement non cuits dans un certain nombre de plats dans les restaurants. Ceci dit, s'il est correctement manipulé, l'œuf cru – provenant de poules propres et saines – est parfaitement sans danger pour la consommation humaine. Et tout le monde devrait essayer au moins une fois le plat nommé avec humour oyakodon (bol mère et enfant), qui consiste en du poulet cuit et des ognions réduits servis sur du riz avec un œuf cru au sommet.

5. Okonomiyaki et cuisine de tous les jours
Le Japon est une destination pour les gourmets et les gastronomes du monde entier, cherchant les subtiles et sublimes qualités des plats japonais haut de gamme. Ceci a mené à une perception quelque peu biaisée de la cuisine japonaise, alors que les plats ordinaires japonais – les repas bon marché et délicieux dont se délectent quotidiennement les Japonais moyens – sont cruellement sous-représentés à l'étranger. Un bon exemple de ceci est l'okonomiyaki. De nombreuses variétés et variations régionales d’okonomiyaki existent ; en fait, le nom lui-même signifie “cuisiné comme vous l'aimez.” La formule de base, néanmoins, inclut différents légumes (souvent : chou, carotte et/ou ognion) et viandes (souvent : calmar, porc, crevette et/ou bœuf), coupés en dés et mixés en une sorte de pâte à crêpe, cuite sur une plaque chauffante et garnie selon les préférences personnelles (souvent avec un type de sauce barbecue, mayonnaise, algue comestible et/ou flocons de bonite séchée). Les bars et restaurants qui servent l'okonomiyaki possèdent généralement une ambiance sympathique, étant donné que l'okonomiyaki peut être découpé en morceaux avec une spatule métalique et partagé avec des amis ou en famille. En fait, de nombreux endroits autorisent les groupes de clients à faire leur propre okonomiyaki en commandant les ingrédients et en utilisant une grille intégrée dans la table. Ce style ‘faire soi-même’ n'est pas rare dans d'autres formes de cuisine japonaise de tous les jours, dont le toujours populaire takoyaki (boulettes de poulpe).

6. Whisky !

whiskey et soda

Photo sur Flickr de satetsu (CC-BY-SA 2.0)

On pourrait considérer comme de la tromperie d'inclure une section sur le whisky, assez clairement une boisson, dans un article censé traiter de nourriture japonaise. Mais est-ce qu'un article sur la cuisine française omettrait de faire mention du vin français ? Nourriture et alcool possèdent une longue relation, bien que l'affection du Japon pour un bon whisky soit quelque peu surprenante, considérant que le saké monopolise généralement le haut du podium culturel. Néanmoins, les distilleries japonaises produisent des spiritueux haut de gamme qui défient continuellement la suprématie du Scotch, et souvent prennent la première place dans les tests à l'aveugle et les compétitions internationales. Les bars à whisky, servant une variété de produits importés et domestiques, ne sont pas rares dans les grandes villes. Et le whisky highball (habituellement un whisky et soit du ginger ale soit de l'eau gazeuse servis sur de la glace dans un verre highball) reste un cocktail populaire de choix à la fois pour de jeunes Japonais insouciants et de plus mornes hommes d'affaires. Le highball a même récemment émergé comme mot à la mode employé par le conglomérat japonais de boissons Suntory dans une campagne publicitaire : hai-kara, qui est un whisky highball (haiboru) servi avec du poulet frit (karaage).

7. Otsumami, le mariage de l'alcool et de la nourriture

Au Japon, l'alcool est rarement consummé pour lui-même, mais est presque toujours accompagné par de la nourriture. Les visiteurs au Japon peuvent être surpris quand ils commandent une boisson dans un bar ou un restaurant et qu'on leur sert un bol complémentaire de salade de pommes de terre ou de lamelles de poulet grillé. Ceci est tout à fait normal, part de la règle tacite qui dit que l'alcool devrait toujours être associé avec quelque chose à grignoter. En fait, il y a tout une catégorie de snacks fabriqués et commercialisés pour accompagner les boissons alcoolisées. Ces genres d'aliments sont connus sous le nom d’otsumami [anglais], qui vient du verbe “tsumu”, qui signifie “cueillir” ou “pincer,” une référence au fait qu'ils sont assez souvent mangés avec les doigts. Le Japon est une société notoirement complaisante vis à vis de l'alcool. L'alcool est abondamment disponible, au point d'être vendu dans des distributeurs en de nombreux endroits, et la consommation régulière d'alcool est culturellement acceptée. Pour cette raison, les otsumami sont très populaires et vendus en d'innombrables variétés. Ceux qui découvrent les otsumami peuvent vouloir commencer avec une nourriture plus familière, comme des noix mixées ou des edamame (fèves de soja), Mais les variétés les plus exotiques conservent leur attrait également, tels le calamar haché et l'anchois déshydraté. Quelles que soient ses inclinaisons culinaires ou ses perceptions à propos de ce qu'est, ou devrait être, la cuisine traditionnelle japonaise, il y a bien plus dans le washoku que juste sushi et riz blanc. La cuisine japonaise est vaste, merveilleuse, nébuleuse, et en continuelle évolution. Ceux qui souhaitent l'explorer sont sûrs de trouver quelque chose de spectaculaire.

Le journaliste natif du New Jersey Taylor Cazella vit actuellement dans l'extrême sud de la Préfecture de Mie, Japon, et travaille comme Professeur de Langue Assistant dans un lycée local.

La “propagande gay” en 9 points, par le gouvernement russe

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Gay rights activists kiss as they are detained by police officers during a gay rights protest in St. Petersburg, Russia, 12 October 2013, photo by Jordi Bernabeu Farrús, CC 2.0.

Des activistes pour les droits des homosexuels s'embrassent alors qu'ils sont arrêtés par des policiers, lors d'une manifestation en faveur des droits des gays, à St. Pétersbourg, Russie, 12 octobre 2013, photo de Jordi Bernabeu Farrús, CC 2.0.

Bien que l'information ait été divulguée sur Internet le 2 décembre, les blogueurs russes viennent seulement de découvrir [russe] les nouveaux critères [russe] de censure du gouvernement, qui définissent les informations en ligne éventuellement dangereuses pour les mineurs. Les Russes peuvent remercier Roskomnadzor, le service fédéral de surveillance des médias, pour ce document, composé d'environ deux mille pages et  vingt différentes sections. De nombreux internautes, cependant, focalisent leur attention sur la Section 6 [russe] du document, maladroitement nommée “Critères pour les contenus nocifs à la santé et au développement des enfants sur Internet.” Même les auteurs du rapport admettent que le sujet est plutôt “hétérogène”, rendant difficile la détermination de “critères sans ambiguïté” pour identifier le contenu ‘offensant'. Afin de résoudre l'épineuse question des définitions, Roskomnadzor adopte de vastes paramètres désignant tout ce qui est publié en ligne comme étant une information “systématiquement diffusée”. Pour être considéré comme de la ‘propagande', l'agence conclut que le contenu doit également inclure de “fausses informations” et avoir l'intention d'influencer l'opinion publique :

Обычно под пропагандой понимают систематическое распространение фактов, аргументов, слухов и других сведений, в том числе заведомо ложных, для воздействия на общественное мнение. Таким образом, чтобы квалифицировать информацию, как пропаганду, необходимо зафиксировать: желание автора информации повлиять на общественное мнение, систематический характер распространения информации, наличие ложных сведений в распространяемой информации. Все эти критерии являются субъективными, что, безусловно, затрудняет процедуру экспертизы. Вместе с этим, следует отметить, что характер распространения информации в сети Интернет позволяет рассматривать еѐ как систематическую.

Habituellement, on entend par propagande la diffusion systématique de faits, arguments, rumeurs, et autres informations (dont des informations délibérément fausses) visant à influencer l'opinion publique. Ainsi, pour qualifier une information comme étant de la propagande, il est nécessaire d'établir : la volonté de l'auteur d'influencer l'opinion publique, la diffusion systématique de l'information, et le contenu erroné de l'information. Que tous ces critères soient subjectifs complique le processus de vérification. Dans le même temps, il faut noter que la nature de l'information publiée sur Internet nous amène à la considérer (par défaut) comme étant une information systématiquement diffusée.

Selon Roskomnadzor, les informations sur Internet peuvent transformer les valeurs familiales des enfants et des adolescents de manière suivante :

  1. Manipuler des faits et des données statistiques afin de discréditer le modèle traditionnel de la famille, propager d'autres modèles de relations domestiques, et les présenter comme valables dans certaines circonstances.
  2. Utiliser des images provoquant “d'intenses réactions émotionnelles” qui discréditent le modèle traditionnel de la famille et propagent d'autres modèles de relations domestiques.
  3. Sélectionner les modèles alternatifs comme la représentation du courage, “cachant tous les aspects négatifs de ces modèles, et montrant seulement les positifs”.
  4. Influencer la conception et l'identité personnelle des adolescents, “exploitant leur intérêt pour le sexe”, et les attirant vers l'homosexualité grâce à des “aperçus colorés”.

La “propagande gay” en 9 points par le gouvernement russe

A ces procédures, Roskomnadzor ajoute quelques exemples de son choix afin d'aider les censeurs de l'Etat à identifier les informations sur Internet potentiellement “dangereuses pour les mineurs”. Les exemples suivants sont ainsi ceux que le gouvernement considère comme de la “propagande gay”.

1) Affirmer que les familles traditionnelles ne répondent pas aux besoins de la société moderne ou individuelle. (Ceci inclut la propagation de l'idée que le modèle traditionnel de la famille a “perdu la plupart de ses fonctions et devient un obstacle au libre développement des individus”).

2) Les informations (images ou prose) qui justifient l'acceptabilité de “relations familiales alternatives”. (Ceci inclut les sites qui publient des statistiques “hors contexte” sur les enfants adoptés par des couples gays et conventionnels, qui pourraient amener les enfants et adolescents à penser que les couples gays ne sont “pas pires que les couples traditionnels pour faire face aux responsabilités parentales.”) 

3) Utiliser “des images émotionnellement intenses” afin de discréditer le modèle traditionnel de la famille et de propager les modèles familiaux alternatifs. (Ceci semble inclure quasiment toutes les tentatives pour dépeindre les relations hétérosexuelles de manière négative et les relations homosexuelles de façon favorable.)

4) Les informations qui contiennent “des images de comportement associé au refus du modèle traditionnel de la famille”, qui font la promotion des relations homosexuelles. (Dont toutes les “démonstrations graphiques, sous forme d'images, photos, ou vidéos, de relations sexuelles non-traditionnelles”, et éventuellement la pornographie gay.)

5) Les instructions sur la façon d'expérimenter des relations homosexuelles.

6) Partager les histoires de mineurs qui ont “rejeté les valeurs familiales traditionnelles, sont devenus gays, et ont manqué de respect envers leurs parents et (ou) autres proches.” (Cela pourrait concerner le projet “It Gets Better”.)

7) Les informations qui “influencent la construction de l'identité des adolescents” en “exploitant leur intérêt pour le sexe.” (Ceci inclut les “fausses informations” sur la prédominance des relations homosexuelles parmi les adolescents dans la société moderne.)

8) Représenter les homosexuels comme des modèles. (Ceci concerne également la publication de listes [anglais] recensant les homosexuels [en vie ou non] célèbres.)

9) Le dernier critère de la “propagande gay” est peut-être le plus vaste, incluant tout ce qui “approuve ou encourage” les gays dans leur homosexualité.

PHOTOS: Humains d'Asie du Sud-Est

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[Les liens dirigent vers des pages en anglais]

La page Facebook Humains de New York de Brandon Stanton a inspiré de nombreux photographes du monde entier qui partagent photos et histoires de gens ordinaires de leurs pays respectifs. Voici un aperçu du projet en Asie du Sud-Est.

La page Humains de Brunei a été créée le 17 mai 2013. Ci-après une photo d'étudiants de Brunei.

Photo from Humans of Brunei Facebook page

Photo de la page Facebook Humains de Brunei

Pour sa part, la page Humains d'Indonésie a été créée le 16 août 2013. Voici une photo d'indonésiens aux chutes de la Vallée d'Harau dans la région de Bukittinggi :

“C'est une expérience extraordinaire… ces chutes d'eau sauvages se sont transformées en une sorte de baignade publique. En zoomant on pourrait voir des enfants sur des canards gonflables, des vendeurs de nouilles et autres activités…”  Photo de la page Facebook Humains d'Indonésie

 

“Those young coconuts look fresh?” “Oh, please take one if you like” “Thank you so much. Why don’t you just drop them down? Seems heavy to carry like that” “Don’t you see that few kids play under these trees? I am worry these coconuts would hit them.” Photo from Humans of Indonesia Facebook page

“Ces noix de coco ont l'air bien fraîches?“
“Oh, prenez-en une si vous voulez”
“Merci beaucoup. Pourquoi vous ne les laissez pas tomber ? Ca a l'air lourd à transporter”
“Vous ne voyez pas qu'il y a des enfants qui jouent sous les arbres ? Je n'aimerais pas que les noix de coco les blessent.” Photo de la page Facebook de Humains d'Indonésie

 

Il existe aussi une page Humains de Jakarta. Jakarta est la capitale d'Indonésie.

Photo from Humans of Jakarta Facebook page

Photo de la page Facebook Humains de Jakarta

Allez aussi voir la page Humains de Bali. Bali est une île bien connue d'Indonésie.

En Malaisie, Avinash explique comment lui est venue l'idée de la page Humains de Malaisie :

… tout d'abord je voulais qu'ils sachent qu'il y a des gens qui s'intéressent à leurs opinions, à leurs histoires, à ce qu'ils font, à ce qui les préoccupe, à ce qu'ils pensent, à ce qu'ils pensent de la vie, de leurs problèmes, de tout, et que ce sont eux qui font la Malaisie. Ensuite, j'aime écouter et poser des questions. Enfin, bien sûr parce que j'en étais arrivé à une période de ma vie où j'avais tout simplement besoin de parler à quelqu'un, je n'avais pas besoin d'aide, simplement quelqu'un pour écouter et je ne trouvais personne. Et j'ai toujours cela présent à l'esprit, et je pense que je pourrais tomber sur quelqu'un qui a besoin d'être écouté à son tour. C'est pour cela que le fais.

"What scares you the most?" "Being poor. Having no money. Everything is about money nowadays. Supporting my family, food, transport, bills. Its everywhere." Photo from Humans of Malaysia Facebook page

“Qu'est-ce qui vous fait le plus peur?”
“Etre pauvre. Ne pas avoir d'argent. Tout est question d'argent aujourd'hui. Entretenir ma famille, payer la nourriture, les transports, les factures. L'argent est partout.” Photo de la page Facebook Humains de Malaisie

On trouve une page différente pour Humains de Kuala Lumpur. Kuala Lumpur est la capitale de la Malaisie.

"Abang (brotherly term for a guy) Hafiz washes and arranges the fish and vegetables at one of the agricultural grocery stores in KL. It is late at night and people are still coming in." Photo from Facebook page Humans of Kuala Lumpur

“Abang (un terme familier pour l'ami) Hafiz nettoie et dispose le poisson et les légumes dans une épicerie de Kuala Lumpur. Il est tard et les clients arrivent toujours.” Photo de la page Facebook Humains de Kuala Lumpur

La page Humains de Thaïlande ne semble pas être mise à jour régulièrement mais la page Humains de Bangkok est active. Bangkok est la capitale de la Thaïlande. Zon explique le projet :

La page est un projet urbain que je viens de démarrer sur les gens et la vie quotidienne à Bangkok, qui est devenue une société plus hybride que jamais. S'intéresser à la vie des habitants de la ville devrait nous faire prendre conscience que nous dépendons tous les uns des autres.

"My daily challenge is riding. I have to manage to ride through the gaps between big cars. And actually it's extremely dangerous. I've been a taxi rider for a year but honestly I don't know how long I could continue with this job, or either know what I want to do next with my life." Photo from Humans of Bangkok Facebook page

“Mon défi quotidien c'est de rouler à moto. Je dois me débrouiller pour slalomer entre les grosses voitures. Et franchement c'est très dangereux. Je suis moto-taxi depuis un an et honnêtement je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer, et sinon je ne sais pas ce que je peux faire de ma vie.” Photo de la page Facebook Humains de Bangkok

Bangkok police. Photo from Humans of Bangkok Facebook page

La police de Bangkok. Photo de la page Facebook de Humains de Bangkok

Avec le développement de la crise politique actuelle en Thaïlande, les habitants de Bangkok appellent à un ‘dimanche pacifique’

"Political conflict in Thailand now. We hope for #peacefulsunday and that no violence will take place tomorrow." Photo from Humans of Bangkok Facebook page

“Le conflit politique actuel en Thaïlande. Nous souhaitons un #peacefulsunday (dimanche pacifique) et espérons qu'il n'y aura pas de violence demain.” Photo de la page Facebook Humains de Bangkok

Consultez aussi la page Humains de Chiang Mai. Chiang Mai se trouve au nord de la Thaïlande.

Photo from Humans of Chiang Mai Facebook page

“Pas de mots, pas de téléphone, rien. Parce que je ne pense qu'à ma peinture !” Photo de la page Facebook de Humains de Chiang Mai

Au Vietnam, on aimerait vous présenter Humains de Saïgon et Humains d'Hanoï:

Photo from Humans of Saigon Facebook page

Photo de la page Facebook de Humains de Saïgon

Photo from Humans of Hanoi Facebook page

Photo de la page Facebook de Humains de Hanoï

Au Laos, il y a une page Humains de Vientiane. Vientiane est la capitale du pays.

"Local law enforcement in Luang Namtha enjoying a game of petangue." Photo from Humans of Vientiane Facebook page

“Fonctionnaires du maintien de l'ordre locaux jouant à la pétanque à Luang Namtha.” Photo de la page Facebook de Humains of Vientiane

Ci-dessous une photo de Stacy se reposant sur le quai Clarke à Singapour. Photo de la page Humains de Singapour :

"I've been sitting here because it's quite breezy. And you can watch the boats passing by too. They've been doing a tour of the entire river all the way till Marina Bay Sands, where they tell you about the history of these places and Singapore. It's quite interesting, you hear all sorts of things which you didn't know and it's always a bit of a surprise." Photo from Humans of Singapore Facebook page

“Je me suis assise ici parce qu'il y a de l'air. Et on voit aussi passer les bateaux. Ils ont fait une promenade touristique le long de la rivière et commentent tous les lieux importants sur le parcours. C'est très intéressant et on est toujours surpris d'apprendre quelque chose que l'on ne connaît pas.” Photo de la page Facebook de Humains de Singapoure

Allez voir Humains des Philippines et Humains de Manille. Manille est la capitale des Philippines.

Children of Tondo in Manila. Tondo is a working class district. Photo from Humans of Manila Facebook page

Enfants de Tondo à Manille. Tondo est un quartier ouvrier. Photo de la page Facebook de Humains de Manille

La page Gens de Yangon créée par Chris James White a elle aussi été inspirée par le concept Humans of New York. Yangon est la plus importante ville de Birmanie.

People of Yangon Facebook page

Page Facebook Gens de Yangon

“Là, où respire la mer” : lettre ouverte d'Oscar López Rivera, un Porto-Ricain incarcéré depuis 32 ans aux Etats Unis

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Oscar López Rivera

Oscar López Rivera. Photo du site Web ProLibertad.

Oscar López Rivera est incarcéré aux USA depuis 32 ans sous l'inculpation de “conspiration séditieuse et tentative d'évasion” pour laquelle il a été condamné à 70 ans de prison. López Rivera, qui a maintenant 70 ans, est un combattant pour l´indépendance de Porto Rico, une ‘colonie’ des États-Unis.

Des hommes politiques, des artistes, des militants des droits de l'homme de tous les horizons politiques se sont alliés pour demander au président des Etats Unis, Barak Obama, qu'il gracie López Rivera, que l'on a appelé”le prisonnier politique ayant passé le plus de temps incarcéré dans  le monde occidental”. En 1999, Bill Clinton a voulu le gracier mais il a décliné, parce que plusieurs de ses compagnons indépendantistes n'étaient pas inclus dans cette grâce présidentielle.

Des défenseurs des droits de l'homme renommés ont demandés la libération d'Oscar. Ainsi, l’ archevêque anglican d'Afrique du Sud et Prix Nobel de la paix Desmond Tutu (voir la vidéo), ainsi que la militante des droits des indigènes du Guatemala et prix Nobel de la paix Rigoberta Menchú .

Chaque samedi un journal de Porto Rico : El Nuevo Día (le jour nouveau) publie les lettres que Óscar López Rivera envoie depuis la prison à sa nièce Karina qui ne l'a connu qu'au travers des barreaux. Vous pouvez lire ci-dessous sa deuxième lettre du 14 septembre 2013, intitulée: “Là ou respire la mer”. À ce jour il a été publié 12 lettres.

Cueva del Indio, Arecbo, Puerto Rico. Foto por NomadicStateofMind, de Flickr bajo Licencia CC BY-NC-ND 2.0.

Grotte de l'indien, Arecibo, Porto Rico. photo pour NomadicStateofMind, de Flickr sous Licence CC BY-NC-ND 2.0.

Ma chère Karina,

Après la famille, ce qui me manque le plus c'est la mer.

35 années sont déjà passées depuis la dernière fois que je l'ai vue . Et pourtant je l'ai très souvent peinte, aussi bien celle de l'Atlantique que celle de la Caraïbe…cette écume souriante de Cabo Rojo est de la lumière mêlée de sel.

Pour n'importe quel habitant de Porto Rico, vivre loin de la mer est une chose incompréhensible. Et c'est bien différent quand on est en liberté de se mouvoir n'importe où et de voyager à sa rencontre. Peu importe qu'elle soit grise et froide, même si tu rencontres la mer dans un pays lointain, tu te rends compte qu'elle est “toujours recommencée”,comme l'écrit un poète (note du traducteur : il s'agit probablement d'une allusion au poème de Paul Valéry , Le cimetière marin), et qu'à travers elle peuvent passer des poissons qui s'approcheront de ta terre et venant de la-bas, t'apporteront des souvenirs

J'ai appris à nager très jeune, je devais avoir trois ans. Un cousin de mon père qui vivait avec nous était pour moi comme un frère aîné, il m'avait emmené à la plage où il avait l'habitude de nager avec ses amis, il me lançait à l'eau pour que j'apprenne. Après cela quand j'étais à l'école, j'avais l'habitude de faire des escapades avec d'autres garçons jusqu'à une rivière proche, tout cela me paraît bien loin.

Ici dans la prison, j'ai ressenti bien des fois la nostalgie de la mer. L'envie de la prendre à plein poumons, de la toucher, de m'inonder les lèvres, mais tout de suite je me rends compte qu'il se passera sans doute bien des années avant de pouvoir accéder à ce plaisir bien simple.

La mer me surprend toujours, mais je crois que je n'ai jamais eu autant besoin d'elle que le jour où l'on m'a transféré de la prison de Marion, dans l'Illinois, à celle de Florence, dans le  Colorado. A Marion, je pouvais sortir dans la cour une fois par semaine, et de là, je voyais les arbres, les oiseaux… j'entendais le bruit du train et le chant des cigales…je courais sur la terre, je la sentais, je pouvais agripper l'herbe et laisser les papillons m'entourer…mais à Florence tout cela s'est terminé.

Sais-tu que la ADX, c'est à dire la prison de sécurité maximum de Florence, est destinée aux pires criminels des États-Unis et est considérée comme la plus dure et la plus inexpugnable du pays ? Ici les prisonniers n'ont pas de contact entre eux, c'est un labyrinthe d'acier et de ciment construit pour isoler et annihiler. J'ai été parmi les hommes qui ont inauguré ce pénitencier.

Quand je suis arrivé, on me réveillait plusieurs fois la nuit et pendant longtemps je n'ai pas réussi à dormir plus de 50 minutes à la fois. Nous étions alors seulement quatre prisonniers dans cette galère, mais l'un d'entre eux avait un long passé de problèmes mentaux et criait des obscénités jour et nuit en luttant contre des ennemis invisibles. Nous étions presque tout le temps dans les cellules, même pour les repas. Tout le mobilier était en béton, on ne pouvait rien bouger. Je ne comprends pas comment nos voisins, la population de Florence, avait accepté une prison tellement inhumaine auprès d'elle. Pourtant je sais que de nos jours l'industrie des prisons est très puissante au USA, cela rapporte de l'argent et il semble que ce soit uniquement ce qui importe!

A Florence, la nuit les prisonniers communiquaient au travers d'une bouche de ventilation qui était au plafond. Il fallait crier pour se faire entendre, tous criaient, et cela ne faisait que nous épuiser mentalement.

Moi, je me taisais, j'essayais de me concentrer sur le bruit des vagues, en fermant les yeux je les voyais se briser sur le sable devant la grotte de l'indien, la clameur de la prison commençait progressivement à disparaître. La mer montait et s'abaissait comme un torse en me transmettant sa force et sa respiration.

Je sais qu'un jour je passerai devant elle toute une nuit et j'y attendrai l'arrivée du jour. Ensuite je voudrais faire la même chose à Jayuya, voir le coucher du soleil sur la Cordillère….

Sur cette espérance, en résistance et lutte, ton grand-père t'embrasse !

 

7 bonnes nouvelles du Yémen dont vous n'avez probablement pas entendu parler

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Au milieu de toutes les mauvaises nouvelles en provenance du Yémen, assassinats, explosions de bombes, attaques de drones américains et enlèvements, nous avons essayé de faire ressortir quelques sujets que vous auriez pu manquer :

1. Après deux années derrière les barreaux sans aucune charge retenue contre eux, quelques-uns de des jeunes de la révolution du Yémen ont été relâchés, bien que d'autres soient encore en prison aujourd'hui.

Yemen's Revolution's Youth released in front of Sanaa's central prison

Les jeunes de la révolution du Yémen remis en liberté, devant la prison centrale de Sanaa

2. Le journaliste Abdulillah Hayder Shaye qui avait été emprisonné durant près de trois ans, pour avoir révélé une attaque de missile américain dans le village de montagne isolé de Al-Ma'jallah, qui a tué 41 personnes, a été remis en liberté et a reçu le prix Alkaramah des défenseurs des droits de l'Homme mais ne pouvait assister à la cérémonie à Genève pour recevoir son prix en personne car il est assigné à résidence et n'est pas autorisé à quitter le pays.

La journaliste Iona Craig ainsi que le journaliste d'investigation et auteur de “La guerre des drones” Jeremy Scahill ont reçu le prix en son nom.

Avec @ionacraig à Genève pour le prix @AlkaramaHR pour récompenser le journaliste yéménite @AbdulEla

3. Le film yéménite “Karamah n'a pas de mur” relatant les événements sanglants du 18 mars 2011, au cours de la révolution au Yémen, et produit par la réalisatrice yéménite-écossaise Sara Ishaq a été présélectionné pour la nomination aux Oscars. “Karamah” signifie dignité en arabe.

Voici le film :

Sarah Ishaq a aussi réalisé le film documentaire “The Mulberry House,” qui est projeté sur les écrans des festivals internationaux à travers le monde.

4. Lancé avec succès l'an dernier, TedxSanaa a organisé un autre événement cette année-là sous le thème “Les actions comptent” qui a été un succès et TedxAden a été lancé le 11 décembre 2013. Une opération important et une organisation conséquente ont été entrepris, partant d'une flash mob créative annonçant cet événement avec un éventail passionnant de panel d'intervenants et une variété des sujets abordés.

5. Le couple néerlandais enlevé, la journaliste Judith Spiegel et son compagnon Boudewijn Berendsen, a finalement été relâché sain et sauf après six mois de captivité. Ils étaient en bonne santé et ont dit avoir été bien traités par leurs ravisseurs. Judith a écrit dans son premier message sur Facebook après sa remise en liberté :

Oui oui oui nous sommes libres ! Nous allons très bien. Nous vous contacterons tous bientôt, mais dès à présent : merci é-nor-mé-ment pour tout votre soutien. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela a été merveilleux et encore aujourd'hui pour nos familles et nous. Nous vous aimons et nous aimons toujours le Yémen

Dutch journalist Judith Spiegel and her partner Boudewijn Berendsen

La journaliste néerlandaise Judith Spiegel et son compagnon Boudewijn Berendsen

A graffiti by Yemeni artists Murad Subay in solidarity with Judith during her kidnap

Un graffiti des artistes yéménites Murad Subay en solidarité avec Judith pendant sa captivité

6. Le 15 décembre, la Parlement du Yémen a voté une loi interdisant les attaques de drones. Le pays a été l'objet d’attaques successives par des drones américains durant des années et récemment une attaque de drone a tué 17 civils dans un convoi matrimonial au Yémen. Oui, cela semble être une bonne nouvelle mais c'était seulement un geste symbolique puisque les législateurs yéménites ont des pouvoirs limités, en particulier lorsque le propre Président du pays a autorisé les drones et il n'y a aucun signe qu'ils s'arrêtent à court terme.

On m'a dit qu'il n'y a pas eu un seul député qui ait voté contre le drone aujourd'hui. C'est dire.

A ce jour, il y a peu de chance que l'interdiction des drones par le parlement du #yemen soit autre chose qu'une posture symbolique.

7. Une feuille de route a finalement été établie pour résoudre le problème “du sud”. Une certaine autonomie avait été accordée aux régions du sud du Yémen face au mouvement séparatiste qui avait appelé à la fin de l’unité entre le nord et le sud du Yémen, qui a eu lieu en 1990. Une commission nommée par le Président Abdu Rabu Mansour Hadi choisira entre la formation de deux régions dans le sud et quatre dans le nord, et la création de deux grandes entités, une au nord et une au sud.

Il est trop tôt juger si cette dernière bribe d'information est bonne ou mauvaise, mais nous la considérons de manière positive dans la logique de ce billet et souhaitons entendre plus de bonnes nouvelles du Yémen l'année prochaine !

Des centaines d'élus locaux chinois démissionnent après un retentissant scandale de corruption

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La ville de Hengyang, au sud de la Chine, a perdu la plupart des membres de son administration communale :  ils sont accusés d'avoir détourné des millions de dollars en pots de vin dans une fraude électorale massive.

D'après les informations du Hunan Daily révélées le 28 décembre 2013, 518 élus de Hengyang et 68 collaborateurs étaient soupçonnés d'avoir accepté des pots de vin, et 512 élus ont été renvoyés. Les autorités locales ont démis de leurs fonctions 56 délégués, reconnus coupables d'avoir payé plus de 18 millions de dollars américains en pots de vin pour être intégrés dans l'administration locale.

D'après Qiao Mu, directeur du Centre des études de communication internationales à l'université des Etudes étrangères de Beijing, devenir membre du Congrès donne accès à un réseau en contact avec des personnalités politiques et économiques. Le problème de l'argent-contre-le-vote s'est davantage étendu depuis que le parti a introduit des primaires au niveau local il y a quelques années. 

A cartoonist drew a picture based on the scandal. Photo from Weibo

Photo du dessinateur Zhao Guoping provenant de Sina Weibo

Le média gouvernemental Xinhua écrivait :

Des investigations approfondies et une sanction sévère doivent avoir lieu pour maintenir l'éthique du parti et la confiance du peuple dans le système politique fondamental du pays. 

China Daily expliquait ce que recouvrait la réaction des autorités :

Le scandale des pots de vin au Hengyang montre que des efforts soutenus pour établir une système électoral juste et transparent sont nécessaires. 

Le scandale de la corruption est-il, comme plusieurs internautes le demandent, seulement limité au Hengyang ?

L'avocat Huang Leping s'interrogeait [chinois, zh] :

钱从何而来?当选后究竟有多少回报? 衡阳贿选实践,将现行选举制度的根子问题彻底曝光,支撑选举的两大力量来源,一个是money,一个是power。

D'où vient l'argent ? Quel bénéfice chacun tire-t-il après l'élection ? Le scandale de la corruption de Hengyang a exposé les problèmes à la racine du système électoral actuel, car deux sources nourrissent les élections : l'une est l'argent, l'autre le pouvoir.

Le journaliste Shi Shusi souleve quelques questions :

湖南此次对衡阳贿选案不遮不掩,痛下重拳,严厉追究,无疑是次值得称道的亡羊补牢,也是对各地人大选举敲响警钟。但一根本问题是:这样的贿选案产生的根源是什么?今后如何有效从制度上彻底防范?怎样保障人大代表的选举公开公正地进行?

Hunan a couvert le scandale de corruption du Hengyang cette fois-ci, ce qu'il faut saluer, cela sert d'avertissement pour l'élection à travers le Parti communiste chinois. Cependant, la question essentielle est : quelle est la principale source de la corruption ? Comment peut-on effectivement empêcher que cela se reproduise à l'avenir ? Comment garantir une élection ouverte et équitable ?

Le présentaeur de télévision Zhang Liyuan rejoignait ce point de vue :

这种贿选在全国不会是个例,如果不赋予人民真正的选举权,选举最后就是官员暗箱操作的一场秀。规范民主选举制度,不是惩治了几个贿选干部就解决的事!

Ce n'est en aucune façon un cas de corruption individuelle car si vous ne donnez pas au peuple un réel droit de vote, les élections ne sont qu'une mise en scène des responsables. La solution est de réguler un système électoral démocratique et non punir quelques cadres corrompus .

L'utilisateur “Hong Jingtian” pense que l'élection en soi est loin du quotidien des gens ordinaires :  

其实湖南贿选事件只是冰山一角而已。看看全国的村委会选举,贿选是普遍现象。对于老百姓来说,谁当官跟自己没有任何关系。你给我钱我就收着,选谁都一样。

En fait, le cas de la corruption de Hunan n'est que le sommet de l'iceberg. Regardez les élections locales publiques, la corruption est un phénomène répandu. Pour les gens ordinaires, quiconque devient responsable de la municipalité ne fait aucune différence, ceux qui donne de l'argent qui qu'ils soient obtiendront une voix. Après tout, les élus sont tous les mêmes.

A lire les médias sociaux, le scandale de la corruption au Hengyang n'était pas un secret. Cette année, le cas avait déjà été porté à la connaissance de quelques journalistes d'investigation en Chine mais ils ne pouvaient pas publier leurs enquêtes en raison de pressions et de la censure. Le professeur Liu Yun, du Collège des sciences économiques de Haikou, écrit :

湖南衡阳人大代表贿选案值得注意的是除了大面积大规模贿选暴露的人大选举制度的弊端,还有此案是在中央最高层的多次直接干预下才得以查清并做出处理的。

En plus de révéler les dysfonctionnements du système électoral, il est à noter qu'une affaire de corruption à pareille échelle  n'a pu être dévoilée et révélée qu'avec l'aval du plus haut niveau du gouvernement central. 

Trois suggestions pour une bonne gouvernance en République Centrafricaine, à Madagascar et au Mali

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Trois pays d'Afrique francophone se débattent pour s'extraire de crises de société prolongées, nées de systèmes politiques en faillite. Depuis cinq ans, la République Centrafricaine, Madagascar et le Mali ont connu des coups de forces politiques impliquant la participation de factions armées : 

Les trois pays sont confrontés à un défi de longue durée avant qu'un système politique durable puisse être stabilisé. Voici les trois conditions identifiées par les sociétés civiles de ces trois pays pour démarrer la reconstruction du système politique.

Madagascar   

Emmanuel Jovelin, maître de conférence à l'Université de Lille, et Lala Rarivomanantsoa, professeur à l'Université d'Antananarivo, ont écrit un livre intitulé “Opinion publique et bonne gouvernance à Madagascar“. Les auteurs y examinent une multitude de problèmes relatifs à la perception qu'ont les Malgaches de leurs représentants politiques. Un des chapitres les plus dignes d'intérêt propose une grille d'évaluation de la gouvernance à Madagascar. Leur avis : 

Le gouverné n'est pas, comme on a toujours tendance à le croire, une masse informe que le gouvernant pourrait modeler à sa guise. L'opinion qu'il se fait de la gouvernance prend des formes variées parfois contradictoires pour mettre en place une administration efficace. [...] Mais l'ensemble des opinions recensées dans cette étude peut constituer la base d'une gouvernance respectant les règles de la démocratie [...] La succession des différents régimes depuis l'Indépendance peut s'expliquer par une faiblesse des structures intermédiaires de dialogue (à travers l'administration et au sein de la société civile) qui n'ont pas fonctionné comme on aurait pu le souhaiter.  

Ci-dessous, la grille d'évaluation qu'ils proposent de la performance de l'administration actuelle :

Screenshot of the  framework to evaluate governance in Madagascar from an extract of the book by Jovelin, Rarivomanantsoa - CC-license-BY

Grille d'évaluation de la gouvernance à Madagascar, extrait du livre de Jovelin, Rarivomanantsoa – licence CC-BY

République Centrafricaine

En République Centrafricaine, l'escalade du nombre de victimes de la guerre civile devient alarmante : le bilan des morts atteint déjà au moins 500, d'après la Croix Rouge locale.

Map of the battles in late 2012 in the CAR civil war via wikipedia CC License-BY

Carte de l'avance des rebelles et des combats fin 2012 dans la guerre civile centrafricaine via Wikipedia Licence CC -BY

La vidéo ci-après illustre le degré de peur et d'insécurité à travers le pays :

Le blog OCBG de Bangui rend compte d'une réunion de l'Observatoire de la bonne gouvernance de la République Centrafricaine :

En Centrafrique ou ailleurs, par crainte ou par méfiance et quelquefois désintérêt à la chose politique, nombreux sont ceux qui se cachent [..] Notre pays a été marqué par des mutineries successives, des coups d’état et des rebellions ce qui affecte sa stabilité et son développement économique [..] En effet, les centrafricains attendent des gouvernants de demain : L’organisation d’une véritable armée nationale ; la garantie sécuritaire des populations sur toute l’étendue du pays ; l[a] création des infrastructures (écoles, routes, hôpitaux, bâtiments administratifs etc.,) les accords de Libreville ne peuvent résoudre les problématiques récurrentes à notre pays, dans la mesure où Libreville a été qu’une course à l’échalote et des maroquins, aucun des protagonistes n’a posé la question relative à l’urgence sociale qui prévaut

Mali

La crise malienne a été partiellement résolue par l'intervention militaire française en 2013, mais la présence des forces de paix n'empêche pas l'agitation de se poursuivre dans les territoires du nord.

 A Tuareg rebel in northern Mali on wikipedia CC-license-BY

Un rebelle touareg dans le nord du Mali, sur Wikipedia licence CC-BY

A la lumière des nombreuses questions de gouvernance non réglées, Michael Bratton, Massa Coulibaly et Fabiana Machado rendent compte de leur étude auprès de citoyens maliens, interrogés sur leurs attentes d'une bonne gouvernance [PDF] : 

Les Maliens préfèrent la démocratie aux autres régimes politiques mais leur perception de la démocratie est culturellement distincte. La satisfaction malienne de la démocratie est souvent vue en termes de performance personnelle de responsables politiques individuels. Ils jugent la légitimité de l'Etat en fonction de la confiance populaire dans les institutions publiques et des perceptions des fonctionnaires comme n'étant pas corrompus. [..] Les Maliens continuent à considérer l'Etat comme le pourvoyeur le plus fiable d'emploi. Ils font passer le consensus et l'unité avant la compétition politique et économique. 

L'Inde est folle d'or, alors, pourquoi l'actrice Rima Kallingal s'est-elle mariée sans ?

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Earlier this year price of Gold fell considerably in India prompting people in large number to rush to Shops to buy Gold. Image by Sanjoy Karmakar. Copyright Demotix (18/4/2013)

En début d'année, en Inde, le prix de l'or s'est effondré, poussant les Indiens à se précipiter en masse vers les commerces pour acquérir le métal précieux. Photo Sanjoy Karmakar. Copyright Demotix (18/04/2013)

Le Kerala, état méridional de l’Inde, a une incomparable soif d'or. Surnommé l'an passé “le pays de l'or” par le New York Times [en, comme les liens suivants, sauf mention contaire], cet Etat représente seulement 3% de la population indienne, mais consomme chaque année 20 % de l’or vendu dans tout le pays.  On trouve au Kerala quelques uns des lieux d'exposition d'objets en or parmi les plus grands d'Asie. Ici, les nouveaux-nés  reçoivent rituellement du povere d'or [se prononce"polvere", comme poudre en italien'] et de miel. Les mariées sont habituellement  couvertes d'or de la tête aux pieds.

C'est pour cette raison que l'actrice indienne Rima Kallingal [malayam], originaire du Kerala, a récemment suscité beaucoup de remous quand elle s'est mariée au cours d'une cérémonie simple, sans le précieux métal. Quand  beaucoup d'autres célèbres vedettes ressemblent  souvent à des devantures de marques de joailleries, ce choix portait un message important.

Rima a expliqué ses raisons sur Facebook [malayam] :

പ്രിയരെ, നവംബർ ഒന്നാം തിയതി, കേരളപിറവി ദിനത്തിൽ ഞങ്ങൾ വിവാഹിതരാവുന്ന വിവരം സസന്തോഷം അറിയിക്കട്ടെ. ഞങളുടെ മാതാപിതാക്കളുടെയും സുഹൃത്തുക്കളുടെയും സാനിദ്ധ്യത്തിൽ എറണകുളം കാക്കനാട് രെജിസ്ട്രാർ ഓഫീസിൽ ഒരു രജിസ്റ്റർ വിവാഹത്തിൽ ഒതുങ്ങും ചടങ്ങുകൾ. ബന്ധുക്കളേയും, സഹപ്രവർത്തകരെയും, സുഹൃത്തുക്കളേയും, മാധ്യമപ്രവർത്തകരേയും ക്ഷണിച്ച് വിരുന്ന് നൽകേണ്ട നാട്ടുനടപ്പുണ്ട് എങ്കിലും, തല്ക്കാലം ആ ചിലവുകൾ ഒഴിവാക്കി നിങ്ങളുടെ എല്ലാവരുടെയും പേരിൽ വിവാഹ ചിലവുകൾകായുള്ള പണം എറണകുളം സർകാർ ആശുപത്രിയിൽ അർബുദ രോഗത്തോടു മല്ലിടുന്ന സാധാരണക്കാരായ രോഗികളുടെ ചികിത്സക് വേണ്ടി കൊടുക്കുകയാണ്. ഈ തുക ഞങളുടെ രണ്ടുപേരുടെയും സിനിമയിൽ നിന്നുള്ള വരുമാനമാണ്‌. എല്ലാവരുടെയും സ്നേഹത്തിനും പിന്തുണക്കും നന്ദി പറയന്നു. എം പി. പി രാജീവിനോടും, എറണകുളം ജനറൽ ആശുപത്രിയിലെ ഡോക്റെര്മാരോടും, അതോടൊപ്പം ഞങളുടെ മനസറിഞ്ഞ് കൂടെ നിന്ന മാതാപിതാക്കളോടും സുഹൃത്തുക്കളോടും പ്രത്യേകം നന്ദി അറിയിക്കുന്നു.

സ്നേഹത്തോടെ -
റിമ കല്ലിങ്കൽ, ആഷിഖ് അബു

Actress Rima Kallingal. Image via WIkimedia Commons. CC BY-SA

L'actrice Rima Kallingal. Image via Wikimedia Commons. CC BY-SA

Aujourd'hui, si ma grand-mère était vivante, elle aurait été heureuse de me voir mariée, mais en même temps elle aurait été désespérée de ne pas me voir couverte d'or de la tête aux pieds ! Quand j'étais petite, j'ai toujours su que je ne voulais pas porter beaucoup d'or lors de mon mariage… Pour des raisons esthétiques…
Mais en grandissant cette idée s'est affirmée en moi, à d'autres niveaux aussi, et aujourd'hui, en me mariant, je veux profiter de ma merveilleuse vie et de l’incroyable podium que le cinéma m'a donné, pour transmettre mon engagement contre la ‘dot’, un système qui aujourd'hui encore nous enchaîne effrontément et en silence, et pour en informer ces millions de parents qui ont passé leur vie à s'enrichir grâce aux mariages de leurs propres fils !

Aujourd'hui, je ne porterai pas un gramme d'or :)

La longue histoire de l’or du Kerala

L'Histoire  abonde d’ exemples d'adoration de l'or dans bon nombre de civilisations et de cultures. Pharaons, rois, empereurs et aventuriers de la ‘Ruée vers l'or de 1849 en Amérique latine : ils avaient tous une passion pour ce métal précieux.

L'amour indien pour l’or est beaucoup plus qu'un simple investissement. Il recouvre un aspect sentimental, culturel, religieux et socio-politique. L’amour indien pour le  métal jaune remonte à plus de 4000 ans, quand la population de la vallée de l’Indus a pour la première fois utilisée l’or pour en faire des bijoux. Mais il a aussi été un enjeu de survie ; l’or était ce quelque chose qui pouvait être conservé et transmis en héritage, sans interférence bureaucratique. Des millions de personnes en Inde ont investi dans des activités ou des titres en gageant leurs propres bijoux en or.

Le lien qui lie les Indiens à ce métal précieux est très ancré. Sans or, le  destin du peuple indien au cours de l'Histoire aurait pu être pire. C'est pour cette raison que l'histoire de Nirupama, avant l'Indépendance, a encore une signification forte : cette fillette de 9 ans a donné tous ses bijoux en or  à fondre, pour soutenir la lutte pour la liberté contre les Britannique en 1934, quand l’Inde était encore sous domination coloniale.

L'histoire de l'or du Kerala a débuté avec les Romains, qui troquaient les métaux contre les épices. De nos jours, au Kerala, plus de 200 000 personnes travaillent dans l’orfèvrerie et cet Etat compterait plus de 5000 revendeurs d'or.

La preuve la plus évidente de cette obsession pou l’or peut être constatée dans les mariages où les femmes portent tant d'or que son poids peut rendre difficile de se déplacer avec aisance. C'est une situation qui est aujourd'hui devenue commune.

‘La dot ne concerne pas seulement l’or’

La dot (c'est-à-dire la somme donnée par la famille de la mariée à l'époux et à sa famille) a beau être interdite, elle n'est pas rare au Kerala. Les ornements en or portés le jour de leur mariage par les mariées ne font cependant pas systématiquement partie de cette dot  Au vu de l’augmentation de la violence et des morts liés aux litiges provoqués par la dot au cours de la dernière décennie en Inde, cette tradition est devenu un sujet de préoccupation.

De nombreux utilisateurs des réseaux sociaux indiens ont exulté en découvrant la décision prise par l’actrice Rima Kallingal de ne pas porter d'or lors de son mariage,  et son message contre le système de la dot.
Siya Siyaa, une résidente de Dubaï, a affirmé vouloir essayer de transmettre les mêmes valeurs que Kallingal à ses filles :

Reema je t'adore… si cela avait été aujourd'hui (mon mariage), j'aurais aimé prendre la même décision… aujourd'hui je peux seulement tenter d'inculquer ces idées à mes enfants… :)

L'utilisateur Blogan s'est demandé sur son blogue [malayam, comme les passages suivants, sauf mention contraire] pourquoi les médias n'avaient pas accordé beaucoup d'attention à l'actrice  :

ഒരു ജനതയുടെ സ്വര്‍ണ്ണ ഭ്രമത്തെ ഒരു പെണ്ണ് സ്വന്തം വിവാഹം കൊണ്ട് വെല്ലുവിളിച്ചപ്പോള്‍ അത് ചര്‍ച്ച ചെയ്യാന്‍, ഇരുണ്ട ‘സ്വര്‍ണ്ണ മനസ്സുകളിലേക്ക്’ ഒരു നുറുങ്ങുവെട്ടമെങ്കിലും പകരാന്‍ അവസരം വന്നപ്പോള്‍ ‘സാമൂഹ്യ പ്രതിബദ്ധത’ മുഖ മുദ്രയാക്കി എഴുതിച്ചേര്‍ത്ത മാധ്യമ പന്നന്‍മാരൊന്നും മുന്നോട്ട് വന്നില്ല , 

അരക്ക് താഴേക്ക് അഭിരമിക്കാന്‍ ഒന്നുമില്ലാത്ത സ്ത്രീവിഷയങ്ങള്‍ ആര്‍ക്കുവേണം?
സഞ്ചരിക്കുന്ന ജ്വല്ലറികളായിക്കൊണ്ട് കല്യാണ മണ്ഡപത്തിലേക്ക് കയറിയ ചില നടിമാരുടെ വിവാഹങ്ങള്‍ ഇതേ മാധ്യമങ്ങള്‍ ആര്‍ഭാടമാക്കിയിരുന്നു എന്നുകൂടി ഓര്‍ക്കുക. 

Une culture obnubilée par l’or devrait se sentir embarrassée par l'indifférence devant la prise de position de Rima,  les médias ne se sont jamais intéressés à la question, alors qu”habituellement, ils bavent sur chaque mariage somptueux de gens riches et célèbres. Dans un contexte où chaque cas d'exploitation sexuelle est abordé de manière extrême, aucune attention n'a été consacrée  à une initiative aussi importante de la part d'une femme.

Un blogueur, sous le pseudonyme de Film Critic, a écrit :

കല്യാണ ദിവസം തിരഞ്ഞെടുക്കുന്ന കാര്യം തൊട്ട് ആഷിക് – റീമ ജോടികള്‍ മലയാളിത്തവും , ലാളിത്യവും ഒരുപോലെ കാത്തുസൂക്ഷിച്ചു . എല്ലാ മതസ്ഥരും രഹസ്യമായി നാളും , മുഹൂര്‍ത്തവും നോക്കുന്ന ഇക്കാലത്ത് , മലയാളിത്തവും , കേരളീയതയും വാചകക്കസര്‍ത്തുകള്‍ മാത്രമാകുന്ന ഇക്കാലത്ത് , കേരളപ്പിറവി ദിനത്തില്‍ മുഹൂര്‍ത്തത്തിന്‍റെ തീട്ടൂരങ്ങളില്ലാതെ രണ്ടു റോസാപുഷ്പാലംകൃതമായ മാലകള്‍ പരസ്പരം അണിയിച്ച് ലളിതമായി അവര്‍ വിവാഹിതരായപ്പോള്‍ കാലാകാലങ്ങളായി നിലനില്‍ക്കുന്ന പല മാമൂലുകളും തകര്‍ന്നു വീണു .

Je suis très perplexe devant Rima et  [son mari] Ashig, mais ils ont été vraiment cohérents. Ils ont organisé une cérémonie simple, avec seulement des guirlandes de roses, ce qui est quelque chose de très positif. 

Indian Bride's typical Jewellery made of Gold. Image by Flickr user Lokendra Nath Roy-Chowdhury. CC BY-NC-SA

Un collier typique de mariage indien. Image de Lokendra Nath Roy-Chowdhury, sur Flickr. CC BY-NC-SA

Tous les internautes n'ont pas été aussi impressionnés par les commentaires de l’actrice.

Resmi Vava, une étudiante chercheuse de l’ IISER-P, a écrit sur son compte Google Plus :

സ്ത്രീധനമെന്നാല്‍ സ്വര്‍ണ്ണമെന്നു നിസ്സാര‌വത്കരിക്കുന്നതിനോടു യോജിപ്പില്ല എങ്കിലും..

La dot ne concerne pas que l'or, ce n'est rien d'autre qu'une simplification excessive du sujet, et j'ai quelques désaccords  à ce sujet. Cependant, son opinion est intéressante.

Sreebitha P. V., assistante auprès de l’Université Centrale de Karnataka, a exprimé une position intéressante [en], sur le site Round Table India :

Ce ne sont quand même pas des raisons esthétiques qui vont m'empêcher de porter de l'or. Il y a simplement un cadre socio-économique dans lequel je suis née.

En fait, c'est très facile pour les femmes de la caste supérieure et des classes privilégiées comme Rima de prendre la décision de ne pas porter d'or à leur propre mariage et de contribuer ainsi à des milliers d'autres causes charitables. Que dire alors des gens appartenant à la caste E sous-développée [Ndt : au sens de 'classe rétrogradée', en anglais 'OBC, acronyme de Other Backward Class'] ou des intouchables qui n'ont pas la possibilité de porter de l'or mais qui le désirent, surtout dans le contexte socioculturel du Kerala, où l’or représente son propre statut social ! Et que disons-nous aux personnes de la classe défavorisée ou aux intouchables qui pensent que c'est leur droit d'acquérir ce statut en portant de l'or ? Que dire des personnes de la classe rétrogradée ou des Paria, qui croient désespérément pouvoir faire face au patriarcat de caste en portant de l'or ?

Sreebitha fait aussi référence à la “Kallumala samaram” (la ‘révolte des colliers de pierres précieuses’) qui eut lieu à Kanjaveli, près de Kollam, au Kerala, où les femmes de la caste la plus basse (Pulaya) durent lutter contre la caste la plus élevée pour avoir le droit de porter de l'or et des pierres précieuses [en].

Les Indiens luttent encore contre une gouvernance médiocre et contre l'absence d'un filet de sécurité financière, les zones rurales sont encore privées d'un bon réseau bancaire : dans ce contexte, un investissement qui peut aussi être porté et qui renferme en lui l'opportunité de s'élever dans l'échelle sociale, aura toujours leur faveur, et ce sera l'or. 


Liban : Nous ne sommes pas des martyrs

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[Liens en anglais et arabe] La violence est chose courante au Liban. Les explosions de bombes sont fréquentes et leurs auteurs ne sont jamais inquiétés. Les 26 décembre et 2 janvier, deux attentats à la voiture piégée ont fait au moins 13 morts et de nombreux blessés. Ajoutés à la double explosion de novembre qui a tué plus de 20 personnes et aux violences en cours dans différentes parties du pays, ils rendent hasardeux tout optimisme pour l'année 2014. Pourtant, après chaque attentat, les gens retournent à leurs occupations quotidiennes et les victimes innocentes sont vite oubliées. Parce que cela ne peut pas continuer ainsi, le mouvement #NotAMartyr (#PasUnMartyr) encourage à prendre position pour :

Un endroit pour tous ceux qui croient que la mort n'est pas une solution.
Un endroit pour tous ceux qui ne veulent pas être appelés martyrs en vain.
Un endroit pour rendre hommage à tous ceux qui sont morts, sont en train de mourir et hélas vont continuer à mourir dans le futur.
Un endroit où nous montrons au monde que nous prenons à coeur.
Un endroit où nous montrons à tous que nous voulons le changement.

Le Liban avait besoin d'être réveillé d'un état de démence bien décrit sur Hummus for Thoughts :

Nous sommes devenus un pays de claustrophobie justifiée et de paranoïa justifiée ; nous avons cessé d'espérer que cette bombe serait la dernière parce que nous savons qu'une autre va bientôt suivre ; nous vivons dans l'ombre pas si discrète de notre catastrophique guerre civile et nous réveillons sans but chaque matin sans vraiment comprendre ce qui se passe au juste ; nous sommes enlisés dans notre démence sectaire particulière exacerbée par notre propre classe religio-politique corrompue (et étouffante) ; et au grand jamais nous manquons de nous remémorer combien nous sommes incapables d'y remédier.
Beaucoup d'entre nous subissons la malédiction d'un espoir persistant, et de plus en plus, celle de l'impuissance. Quel que soit votre état d'esprit actuel, soyons au moins clairs : nous ne sommes pas des martyrs. Nous ne mourons pas pour une cause. Nous mourons, c'est tout.

Après l'attentat du 26 décembre, la mort d'un passant, un visage anonyme et innocent parmi d'autres, a fait une petite vague : quand le jeune Mohamed Chaar, 16 ans, est mort de ses blessures sitôt après, des internautes libanais ont publié sa photo et le dernier “selfie” qu'il a pris quelques instants à peine avant l'explosion de la bombe, pour rappeler au monde que l'adoslescent n'était pas un martyr, un terme souvent employé à tort. Le blogueur The Lebanese Expatriate explique [arabe] en quoi c'est important [arabe] :

محمد الشعار ليس شهيداً، فهو لم يختار القتال إلى جانب طرف ضد آخر.

محمد الشعار ليس شهيداً، فهو لم يدعم العنف ولم يكن مستعداً لتضحية بحياته من أجل قضايا سياسية أو دينية.

محمد الشعار ليس شهيداً، محمد الشعار ضحية.

Mohamed Chaar n'est pas un martyr, il n'a pas choisi de combattre pour un côté contre l'autre
Mohamed Chaar n'est pas un martyr, il n'approuvait pas la violence et n'était pas prêt à sacrifier sa vie pour une cause politique ou religieuse
Mohammed Chaar n'est pas un martyr, Mohammed Chaar est une victime.

La vague de solidarité avec Mohamed Chaar s'est matérialisée dans le mot-dièse  #NotAMartyr [PasUnMartyr] ou #مش_شهيد sur toutes les plates-formes de médias sociaux, en un essai de se réapproprier le pays par la déclaration des changements qui doivent advenir au Liban.

Sur Twitter, Mariam Akanan dénonce la politique de sectarisme religieux au Liban :

@Akananmariam: بدي حجابي يمثل إماني و حبي للسلام مش انتمائي السياسي او الحزبي. #مش_شهيد #notamartyr

@Akananmariam: Je veux que mon voile représente ma foi et mon amour de la paix, pas mon affiliation politique ou partisane. 

@LebaneseVoices refuse la violence permanente:

@LebaneseVoices I'm tired of head counting my family every other week to check if they have survived explosions #notamartyr #انا_مش_شهيد #لبنان #Lebanon

J'en ai assez de compter mentalement ma famille semaine après semaine pour vérifier s'ils ont survécu aux explosions #pasunmartyr

Le présentateur de Mashrou3 Leila @hamedleila veut tenir la main de son petit ami sans craindre la police :

Hamed Sinno: I would like to hold my boyfriend's hand without being afraid of the police

Hamed Sinno : J'aimerais tenir mon ami par la main sans avoir peur de la police

Pour beaucoup d'autres :

@leabaroudi 31 Dec I want criminals to be held ACCOUNTABLE #notamartyr pic.twitter.com/qn6pSp7WxY

@leabaroudi:
Je veux que les criminels soient POURSUIVIS #notamartyr pic.twitter.com/qn6pSp7WxY

"I want to raise my kids in Lebanon"@safran3 #notamartyr #Lebanon pic.twitter.com/P9HPYiClN2

“Je veux élever mes enfants au Liban”
@safran3
#notamartyr #Lebanon pic.twitter.com/P9HPYiClN2

 

I want to stop hearing my parents say: "Stay at home, if anything happens we'll blame ourselves" by Ellen Francis

Je ne veux plus entendre mes parents me dire de rester à la maison, s'il arrive quelque chose ils ne se le pardonneront pas. 
Shared by Ellen Francis on Facebook

 #NotaMartyr a une page Facebook sur laquelle on peut voir et lire d'autres déclarations d'internautes.

Grandir aux Maldives

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Le journaliste et blogueur Hilath Rasheed partage les pensées d'utilisateurs de Facebook des Maldives sur “A quoi ça ressemble de grandir à Malé aux Maldives”:

Selon Ibrahim Lirar :

La réponse la plus honnête que je puisse donner maintenant est “c'est effrayant et contraignant”. L'information était étroitement contrôlée jusqu'à récemment. Très peu d'entre nous ont grandi en croyant vraiment que nous pouvions être ce que nous voulions dans le monde et que tout rêve que nous avions pouvait devenir réalité.

Non, nous avons subi des restrictions, nous avons été découragés et opprimés, notre société et nos familles nous ont dicté comment vivre notre vie et décidé de ce que nous allions devenir. Nos rêves et nos ambitions d'enfance ont été détruits avant l'âge adulte. Nous vivions dans une boîte étanche, toutes nos pensées et la totalité de notre être ont été confinées à l'intérieur de cette boîte.

C'est à ça que ressemble la vie des jeunes aux Maldives jusqu'à ma génération.

Amazonie, une histoire de destruction

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Télécharger ici le livre

Le livre “Amazonie Publique” est disponible en téléchargement [en portuguais] sur ce lien .

Cette article a été publié initiallement  [portugais] sur le site internet de l'Agência Pública le 17 décembre 2013.

Sous une tente montée spécialement pour amener l'Amazonie sur la place publique à São Paulo, des spécialistes de l'Amazonie dans les domaines de l'énergie, de l'environnement et de la communication, ainsi que des représentants de mouvements et d'organisations non gouvernementales agissant dans la région ont débattu des dilemmes qui se présentent aujourd'hui à celle-ci – entre besoin de préservation (essentiel pour la qualité de vie de la population locale) et pression pour le développement. Un public de 100 personnes a assisté au débat. Toutes les personnes présentes ont reçu un exemplaire du livre Amazônia Pública [portugais]. Le livre réunit trois séries de reportages sur les impacts des grands projets dans la Forêt Nationale de Carajas et sur le Rio Tapajós (Pará) et le Rio Madeira (Rondonia). Six reporters ont enquêté sur le terrain. Les trois vidéos réalisées par ces équipes ont été projetées avant le débat. Des personnes qui sont nées ou qui vivent en Amazonie – comme l'écrivain Milton Hatoum ou le cinéaste Aurelio Michelis, tous deux de Manaos- y témoignent en parlant de leur relation avec la ville et la forêt et en exposant leurs attentes pour la région.

Débat ouvert à la place Roosevelt, São Paulo, 14 décembre 2013.

Débat ouvert sur la place Roosevelt, à Sao Paulo. Photo: Agência Pública (14/12/2013).

La question énergétique

Le débat a commencé avec la question qui se pose depuis que les Brésiliens ont pris connaissance du projet de construction de la centrale hydro-électrique de Belo Monte [portugais]– qui a eu une grande répercussion du fait des manifestations des riverains et des indigènes du Xingu : finalement, la construction d'une centrale hydroélectrique en Amazonie en vaut-elle la peine ? Ceux qui en profiteront réellement ne vivent pas dans le Xingu, mais plutôt sur le Rio Madeira (avec les centrales hydroélectriques de Jirau et Santo Antônio et le lieu prévu pour le projet de centrale sur le Tapajós, le beau fleuve bleu des riverains et des Mundurukus dans l'ouest du Pará. Le professeur Célio Bermann, de l'Institut de l'énergie et environnement de la USP (IEE/USP) est tranchant :

É mentira a necessidade de energia elétrica para o desenvolvimento.

C'est un mensonge de dire que l'énergie électrique est nécessaire au développement.

Bermann a ajouté que la pression énergétique ne vient pas des besoins de consommation des nouvelles classes moyennes du Brésil. Selon le chercheur, 30% de l'énergie générée par le pays est consommée intégralement par ces secteurs industriels : sidérurgie, métaux non-ferreux, alliages, pétrochimie, papier et cellulose, et ciment. En parlant de la priorité donnée à la production de l'énergie au détriment des ressources naturelles, il affirme :

Nós estamos vivendo no país uma autocracia energética,

Au Brésil, nous sommes en train de vivre une autocratie énergétique

Aseguro Bermann, qui travaille depuis 20 ans sur les thèmes énergétiques en Amazonie, a mentionné des alternatives contenues dans une étude de l'IEE/USP, qui montrent la possibilité de répondre à la demande de la population brésilienne en 10 ans, avec la construction de 66 usines éoliennes de 30 mégawatts de puissance, plus propres et entraînant moins d'impact -du point de vue territorial- que les centrales hydroélectriques. En outre, ajoute le professeur, ces usines pourraient être situées près des villes pour éviter la perte de puissance lors du transport par ligne de haute tension. Sur le fait que les adjudicataires seraient les grands bénéficiaires du projet et les grands donateurs aux partis politiques, il indique :

[A usina hidrelétrica de] Belo Monte não está sendo construída para gerar energia elétrica. Está sendo construída porque em cinco anos as empresas que hoje dominam o governo vão embolsar R$ 17 bilhões

 [l'usine hydroélectrique de] Belo Monte n'est pas construite pour générer de l'énergie électrique. On la construit parce qu'en 5 ans les entreprises qui dominent le gouvernement aujourd'hui se mettront 17 milliards de R$ (réales) dans les poches.

Le professeur a critiqué également l'absence de consultation préliminaire de la part du gouvernement et des entreprises -pour discuter de la nécessité et la meilleure façon de mettre en oeuvre le projet- vers les scientifiques et les communautés traditionnelles et indigènes, qui en seront les plus affectées et n'ont toujours aucun droit de vote assuré sur ces méga projets :

As consequências sociais e ambientais são irreversíveis. Mitigação é um belo nome para dizer nada.

Les conséquences sociales et environnementales sont irréversibles. Mitigation est un beau mot pour ne rien dire.

Marcelo Salazar, de l'Institut Socio-environnemental (ISA) de Altamira, où se trouve l'usine de Belo Monte –pour lui, “le plus grand symbole d’ “infirmité éco-sociale” – raconte ce qui est en train de se passer dans la région, où il vit depuis 2007 :

O que estou vivenciando em Altamira é um verdadeiro rolo compressor. A pressão social parece não ter força.

Ce que nous vivons à Altamira est un vrai rouleau compresseur. La pression sociale ne semble pas avoir de force.

Salazar a expliqué qu'en plus des impacts dans les communautés proches des travaux des centrales, le méga-projet entraînait des conflits qui dépassent son aire d'action proprement dite. Il a signalé l'augmentation de l'extraction illégale de bois dans la région et, du côté urbain, l'augmentation du coût de la vie et la croissance alarmante de la violence urbaine. Il a également ajouté :

Uma em cada três pessoas tem um parente ou conhecido que foi assassinado.

Une personne sur trois a un parent ou une connaissance qui a été assassinée.

Salazar a critiqué également l'attitude du pouvoir vis à vis des communautés indigènes. “Le gouvernement n'attribue pas de ressources pour la Funai et utilise Eletrobrás y Eletronorte pour faire la politique indigène de la région”, a-t-il affirmé, en rapport aux compensations financières que doivent payer les entreprises pour les dégâts causés aux populations indigènes. Un sujet dont devrait s'occuper l'organisme chargé de les protéger.

10 photos vintage de la Birmanie en 1897

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Via son compte Flickr, la  British Library a ouvert au public différentes collections historiques de photos,  de cartes et illustrations sur de nombreux pays autour du monde. Nous y avons trouvé deux livres publiés en 1897 qui contiennent des photographies de voyage à travers la Birmanie (aujourd'hui le Myanmar). Elles offrent un aperçu intéressant de la vie quotidienne en Birmanie à la fin du 19e siècle.

Ci-dessous, cinq photographies que nous avons sélectionnées dans le livre ‘Wanderings in Burma’  de George W Bird :

Alguada Lighthouse

Le phare Alguada

Sagaing Hills

Collines de Sagaing

A steamer at Irrawaddy River

Un bateau à vapeur sur la rivière Irrawaddy 

Cargo steamers

Cargos à vapeur

A pagoda in Rangoon

Une pagode à Rangoun

Alice Hart a publié le livre  ‘ Picturesque Burma’ également en 1897. Quelques photos de cette collection :

burma carriage

Taming a wild elephant

Dressage d'un éléphant sauvage

Net fishing

Pêche au filet 

Bamboo houses

Maisons en bambou

burma women

PHOTOS: Le cyclone BEJISA est passé sur la Réunion

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Cyclone Bejisa by @delarue_julien on twitter

Le cyclone Bejisa par @delarue_julien sur twitter

Le cylcone Bejisa a touché terre le é janvier sur l'île française de la Réunion. Il y a eu un mort, 15 blessés graves et quelque 82.000 foyers privés d'électricité. Le cyclone a maintenant quitté l'île, l'alerte rouge est levée. Voici quelques photos et vidéos supplémentaires des dégâts, prises par des résidents locaux :


Vidéo du cylone Bejisa sur l'île de la Réunion par animax2013 sur Youtube.

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