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Music Freedom Day : La bande-son de la résistance syrienne

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‘Dehors, Bachar. Bachar, menteur. Au diable toi et tes discours. La liberté est à notre porte. Dehors Bachar.’

Ce sont les premières paroles d'un air entraînant devenu l'hymne du soulèvement syrien quand les Syriens sont descendus dans la rue en mars 2011: “Yalla irhal, ya Bashar”. Ces paroles se faisaient l'écho des revendications des manifestants après quarante ans de contrôle par le régime Assad.

Le chanteur de variétés Ibrahim Kashoush a été à la tête de manifestations contre le régime à Hama, où sa voix rauque couvrait le rythme de la musique, jusqu'au mois de juin 2011. Quelques jours après la plus importante manifestation qui se soit déroulée en Syrie, on a retrouvé son corps qui flottait sur l'Orantes, la gorge tranchée.

L'assassinat de Kashoush était un sinistre avertissement pour ceux qui chantent contre la famille au pouvoir en Syrie, mais il n'a pas réduit au silence le peuple qui chantait “Yalla irhal” dans les rues ni les activistes qui se sont lancés dans des campagnes créatives pour exaspérer les autorités.

Un dessin animé, que l'on trouve sur le site libanais Kharabeesh, “La voix de la résistance”, illustre comment des haut-parleurs diffusant de la musique révolutionnaire sont cachés dans les rues et les bâtiments officiels pour amplifier la voix de Kashoush.

Depuis le début du soulèvement, il a été clair, au vu de la persécution des musiciens, poètes et artistes syriens (dont le dessinateur satirique Ali Ferzat à qui l'on a cassé les mains pendant son arrestation), que l'une des premières cibles du régime serait le mouvement civique naissant en Syrie.

La mobilisation créative sous toutes ses formes, sit-ins, campagnes de désobéissance civile, affiches, bandes dessinées, graffiti, et poésie, a envahi les espaces publics aussi bien que le net. On trouve des archives de ces actions sur le portail de Syria Untold, dont je suis l'un des fondateurs.

Le mur de peur et de silence construit pendant des dizaines d'années s'est effondré en quelques semaines, malgré la brutalité sans précédent déployée contre la contestation pacifique. La musique, avec son pouvoir mobilisateur et entraînant, a été au coeur du mouvement civique, de plus en plus difficile à faire taire.

“L'art a besoin de liberté”

Selon les mots du pianiste syrien Malek Jandali, “les dictateurs, en général, ont peur de l'art et de la musique, parce que c'est la recherche de la vérité et de la beauté.” Dans une interview qu'il a donné à Syria Untold, Jandali explique, comment l'art syrien a été contrôlé par la famille au pouvoir, à commencer par l'hymne national.

La côte syrienne accueille la plus ancienne écriture musicale au monde, tout comme l'alphabet ougaritique est supposé être le premier alphabet de toutes les civilisations. Mais au lieu de rendre hommage à la riche histoire du pays, l'hymne national commence par une référence à l'armée, “gardienne de notre patrie”. Pourquoi ne parle-t-on pas des inventions syriennes comme l'alphabet et de la musique, au lieu des forces armées et de la guerre?

Jandali, dont la maison familiale a été saccagée et dont les parents battus en représailles, dit que la révolution syrienne a permis l'émergence d'une génération d'artistes, en rupture avec la propagande officielle qui de longue date pesait sur l'art.

“Ce n'est pas de l'art. La liberté est nécessaire à la création. La liberté est nécessaire à l'art vrai, à la connaissance et la culture, à l'innovation et au progrès. Sans liberté il n'y a rien,” dit-il.

La recherche de la beauté dont parle Jandali, est présente dans tous les genres musicaux et tous les styles, des chansons populaires irrévérencieuses scandées lors des manifestations aux notes de piano classique de son “hymne syrien à la liberté”.

Cela est vrai aussi pour des genres de musique connus pour contester les normes sociales, comme le heavy metal et le hip hop.

Les membres du groupe syrien de heavy metal Anarchadia ont tout simplement été accusés de satanisme et de parasitisme. Ils se définissent eux-mêmes comme des anarchistes et ont été les premiers à se manifester pour soutenir la résistance publique au régime d'Assad.

“Mounir”, un fan de musique heavy metal, répond à Syria Untold:

Le rock et le heavy metal, avec leurs tenues sombres, leur musique bruyante et leurs bracelets cloutés, ont toujours été profondément liés à la rébellion, à la révolution, à la haine du système. Le fait que les Syriens qui écoutent de la musique hard soient pour la plupart opposés au régime n'est donc pas une coïncidence.

Anarchadia a quitté le pays, pour échapper à la détention, au harcèlement et aux menaces de mort. Il en est de même pour le groupe de hip hop Refugees of Rap, dont le troisième album, The Age of Silence, est une métaphore pour expliquer l'obscurité dans laquelle la Syrie a été plongée pendant des dizaines d'années.

L'Age du Silence est terminé. Comment tant d'injustice peut-elle être le fait d'un seul homme? Il faut vous lever et le dire du fond de votre coeur, réveillez-vous et n'ayez plus peur. Il n'y a rien à craindre, vous pouvez dire ce que vous voulez, l'Age du Silence est terminé.

De la guerre à la renaissance

Même entourés par les horreurs de la guerre et l'escalade de la violence, de nombreux syriens ont réussi à transformer le chagrin et la destruction en créativité et en vie.

En utilisant des morceaux de roquette, des obus de mortier non explosés et des douilles de balles, le céramiste Abu Ali al-Bitar, de la ville de Duma en ruines, a construit un “montage créatif” composé de lampes, de boîtes de conserve, de toilettes en roquettes, et toute une série d'instruments de musique.

“J'ai fait de l'art à partir de la quintessence de la souffrance et de la destruction” dit Adit Abu Ali lors d'un entretien avec Syria Untold. “Le peuple syrien est intelligent et courageux, et le monde témoigne de notre culture ancestrale et de notre civilisation. Nous sommes un peuple pacifique, pas un peuple guerrier, et nous ne sommes pas sanguinaires.”

“On peut se servir de douilles pour toutes sortes d'arts,” chante-t-il en nous montrant comment se servir de son instrument fait main. “J'ai utilisé les roquettes pour la basse orientale, comme la batterie et les cymbales, qui, tout le monde le sait, sont en cuivre.”

Aujourd'hui, trois ans après le début du soulèvement syrien, les activistes civiques ne se battent plus seulement contre le régime d'Assad mais aussi contre des groupes extrémistes comme le Front Islamique iraquien et syrien qui gagnent du terrain dans les régions dites “libérées”. Les expositions et démonstrations artistiques, comme la musique, sont devenues la cible de ces groupes, qui sont mêmes intervenus brutalement dans des mariages pour faire cesser la musique et les chants.

Forcer les musiciens à se taire fait partie d'une tentative de programme politique et religieux qui va à l'encontre de la diversité et de la richesse du tissu social syrien. La résistance populaire contre ces nouvelles formes d'oppression a été aussi forte que celle qui existait contre le régime. Les manifestants ont scandé haut et fort dans les régions libérées: “ISIS (Etat islamique d'Irak), hors du pays. Assad et ISIS ne font qu'un.”

'ISIS are aliens'

La vidéo qui se trouve au début de l'article montre la foule qui chante “Yalla irhal, ya Bashar” dirigée par Ibrahim Qashoush, maintenant décédé. Sous-titres en anglais et musique ajoutée (via The Revolting Syrian – July 2011).

Cet article a été réalisé par Freemuse, principal défenseur des musiciens du monde,et est publié sur Global Voices, Artsfreedom.org etFreemuse.org.music freedom day Le Music Freedom Day, le 3 mars 2014, est un évènement annuel pour informer et sensibiliser sur les persécutions, les bannissements, les emprisonnements et les assassinats de musiciens pour avoir parlé de problèmes sensibles ou controversés dans leurs chansons ou sur scène. Mot-dièse: #musicfreedomday
 

Netizen Report : manifestation en Turquie, loi sur la censure et #UnfollowAbdullahGul

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Protest against Internet censorship. Istanbul, May 2011. Photo by Erdem Civelek via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Manifestation contre la censure en ligne, Istamboul, mai 2011. Photo d’Erdem Civelek via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Lisa Ferguson, Hae-in Lim et Sarah Myers ont contribué à ce bulletin.

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Cette édition commence en Turquie où les manifestants sont sortis dans les rues pour contester la nouvelle loi qui pourrait faciliter et faire augmenter plus que jamais l’étendue de la censure et de la surveillance gouvernementales. Cette loi offre aux autorités turques de nouvelles possibilités d’accéder aux données des internautes, de les conserver ainsi que de bloquer les contenus considérés comme illégaux lors de situations « d’urgence », sans supervision judiciaire. Elle obligerait les fournisseurs de services Internet à rejoindre une association gérée par l’État chargée de l’implémentation des politiques relatives aux contenus et aux données.

Promulguée par le président Abdullah Gul, contre toutes attentes, la loi a été approuvée par le Parlement la semaine dernière. Peu après l’annonce de cette approbation, le président a perdu environ 80 000 abonnés sur Twitter, en partie grâce au mot-clic #UnfollowAbdullahGul.

Liberté d’expression : sites bloqués et coupures d’Internet au Venezuela

La semaine passée, alors que les manifestations se poursuivaient, le gouvernement vénézuélien semblait renforcer les mesures contre la liberté d’expression en ligne. Cette semaine, les autorités ont publié des détails [es] concernant le nouveau Centre stratégique pour la sécurité et la protection du pays, autorisé à censurer de manière unilatérale toute information qu’il considère comme une menace pour la sécurité nationale.

L’application Zello, fonctionnant comme un talkie-walkie et utilisée dans l’organisation des manifestations au Venezuela, a été bloquée un jour après que le président Madura a annoncé que le gouvernement utilisait cette application pour surveiller les manifestants. Comme pour les restrictions prises antérieurement concernant les images sur Twitter, l’entreprise publique de télécommunications CANTV est à l’origine du blocage.

D’autres sociétés de l’Internet ont multiplié les efforts pour maintenir les voies de communication ouvertes et contourner la censure. Zello a développé et publié une nouvelle version Android de son application en espérant éviter les blocages. En matière de connexion VPN, TunnelBear a fourni des services illimités et gratuits à la population vénézuélienne durant plusieurs jours.

En Égypte, trois journalistes d’Al Jazeera se trouvent derrière les barreaux depuis novembre 2013, avec plusieurs blogueurs et activistes politiques. Le 27 février, Al Jazeera a organisé un jour d’action mondiale consacré à la liberté de la presse.

La cour d’appel de Hanoi a confirmé la condamnation de Le Quoc Quan, blogueur et défenseur des droits de l’homme, à 30 mois de prison pour « évasion fiscale », selon le code pénal vietnamien. Nani Jansen, avocate pour Media Legal Defence Initative et collaboratrice de Global Voices Advocacy, qui participe à la défense de Le Quoc Quan, a rédigé récemment un résumé de l’affaire.

Surveillance : le problème n’est pas nouveau

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) a publié un article historique proposant une vue d’ensemble de la surveillance gouvernementale des leaders politiques et des activistes afro-américains aux États-Unis. Les membres du parti communiste et les groupes d’activistes tels que les Black Panthers et Martin Luther King Jr étaient surveillés.

De nouveaux documents de la NSA, l’agence nationale de la sécurité des États-Unis, rendus publics par Glenn Greenwald, démontrent comment les autorités étasuniennes et britanniques ont surveillé  Wikileaks, The Pirate Bay et Anonymous, et exercé une pression internationale à leur encontre.

Activisme des internautes : les Égyptiens réclament un plus haut débit

Down, down with slow routers [« À bas, à bas les routers lents »] est le cri de bataille de la page Facebook « Internet Revolution Egypt » [ar] qui sert de forum aux jeunes Égyptiens qui protestent contre les vitesses de connexion « insuffisantes ». Le groupe, qui possède des administrateurs dans quatre villes du pays, encourage ses abonnés à adresser leurs plaintes aux fournisseurs de service locaux.

Le collectif colombien de défense des libertés numérique RedPaTodos [« Internet pour tous »] a réalisé une traduction en anglais de sa vidéo illustrée à la main qui explique en quoi consiste la surveillance numérique pour l’internaute lambda.

Copyright : fair use en Australie ?

Il se peut que le gouvernement australien introduise une nouvelle réforme du copyright comprenant une doctrine du fair use [« usage acceptable »] similaire à celle appliquée aux États-Unis, comme le rapporte l’EFF. Actuellement, le pays possède une liste d’utilisations spécifiques considérées comme acceptables, toutefois la réforme pourrait mener à un régime plus large et plus libéral.

Industrie : les utilisateurs de Whatsapp migrent vers le service russe Telegram, par peur de Facebook

Telegram, une application de messagerie développée par le fondateur de VKontakte, compétiteur russe de Facebook, qui prétend proposer un chiffrement de bout en bout, a été téléchargée 8 millions de fois après l’annonce du rachat de Whatsapp par Facebook.

Alors que les manifestations contre le gouvernement se poursuivent, l’opposition contre l’ancien premier ministre, Thaksin Shinawatra, commence à se manifester dans le secteur des télécommunications. AIS, le plus grand fournisseur de service de télécommunication thaïlandais, fondé par Thaksin Shinawatra, place des publicités dans les journaux et envoye des messages texte sollicitant ses clients pouf qu’ils ne tiennent pas compte du boycott de l’opposition en soulignant que l’entreprise n’est plus connectée à son fondateur.

Le 18 février, AT&T a publié son premier rapport de transparence, qui a reçu un accueil mitigé à cause du nombre suspicieusement bas de demandes faites par le gouvernement pour obtenir des données des utilisateurs, publiées dans la catégorie des demandes relatives à la sécurité nationale.

La plateforme de stockage en ligne Dropbox a communiqué sa nouvelle politique de confidentialité, appliquée dès le 24 mars, qui présente la manière dont le service gérera les demandes extérieures de demandes d’information concernant ses utilisateurs, notamment les requêtes provenant des gouvernements. L’entreprise a juré de lutter contre les demandes générales, telles que la collecte de métadonnées de la NSA, et les limites imposées par le gouvernement concernant la publication du nombre de demandes reçues.

Internet et insécurité : n’utilisez pas Internet Explorer

D’après certaines informations, des hackers iraniens ont attaqué l’entreprise française Snecma, spécialisée dans la fabrication de moteurs pour l’industrie aérospatiale, en exploitant une faille du navigateur de Microsoft, Internet Explorer. Même si les chercheurs ne sont pas sûrs de la réussite  de l’attaque, le logiciel malveillant avait pour objectif de cibler les utilisateurs à distance, d’intercepter les données d’identifications des employés et des fournisseurs et de permettre aux hackeurs d’accéder à distance au réseau de l’entreprise. La même faille du navigateur avait été utilisée pour permettre une attaque contre le site Web d’une organisation officielle des vétérans de l’armée américaine (Veterans of Foreign Wars) plus tôt dans la semaine.

Troller pour s’amuser

Une étude réalisée par l’Université de Manitoba a trouvé des liens entre les comportements des trolls et les traits de personnalité de la triade noire, à savoir le narcissisme, la psychopathie et le machiavélisme. Cela signifie que les efforts déployés par les modérateurs pour éviter les trolls ne peuvent pas être très efficaces car leurs comportements seraient intrinsèques aux utilisateurs.

Publications et études

 

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Tunisie : Le Facebooker grâcié Jabeur Mejri est libre

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Jabeur Mejri, qui purgeait une peine de prison pour avoir publié sur Facebook des dessins du prophète Mahomet, a été remis en liberté hier [4 mars].

Dans un communiqué, le comité de soutien de Mejri a annoncé hier soir sa libération :

Détenu depuis deux années pour s’être exprimé, Jabeur Mejri a été libéré.
Le premier prisonnier d’opinion de Tunisie depuis les évènements de janvier 2011, a été libéré ce soir.

A #freejabeur protest in the capital Tunis on September 13, 2013

Une manifestation #freejabeur à Tunis en septembre 2013

Mejri était incarcéré depuis mars 2012. Il avait été condamné à sept ans et demi d'emprisonnement pour publication de contenu “susceptible de nuire à l'ordre et à la moralité publics”, “insulte sur les réseaux publics de communication” et “atteinte aux bonnes moeurs”.

Le 19 février, la Présidence annonçait la grâce de Mejri. Mais, à la surprise de ses sympathisants, une affaire de “détournement de fonds” remontant à juillet 2011 avait maintenu sous les verrous le jeune homme âgé de 30 ans. Mejri y est accusé d'avoir volé pour 1.600 dinars tunisiens de tickets de métro alors qu'il travaillait dans une compagnie de chemins de fer.

Le mandat d'arrêt n'a pourtant été délivré que fin janvier 2014, deux semaines avant l'annonce de sa grâce.

Son comité de soutien a dénoncé la relance de l'affaire de 2011 comme étant du “harcèlement judiciaire” :

Si cette mise en liberté est une nouvelle de première importance, et une victoire pour l’ensemble des défenseurs de la Liberté de conscience et la liberté d’expression, le Comité de soutien restera actif tant que l’ensemble des charges retenues contre Jabeur Mejri seront maintenues, et tant que Jabeur Mejri n’aura pas été réhabilité.

Nous ne manquerons pas de communiquer et d’informer sur cette seconde affaire qui n’a eu d’autres objectifs que de maintenir Jabeur Mejri en prison en dépit de la grâce présidentielle.

À Cuba, tout augmente sauf les salaires des travailleurs du secteur public

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Le prix des produits alimentaires a augmenté à Cuba, tandis que les salaires des travailleurs restent inchangés. (Photo courtoisie de l'auteur.)

Le prix des produits alimentaires a augmenté à Cuba, tandis que les salaires des travailleurs restent inchangés. (Photo de l'auteur.)

Le congrès récent de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), la seule organisation du genre dans le pays, a décidé que tant qu'il n'y aurait pas une augmentation de la productivité, il n'y aurait pas d'augmentation des salaires des travailleurs du secteur public.

A Cuba, le salaire médian des travailleurs de l'état est de 15 dollars par mois, au taux officiel de change de la monnaie nationale. Pendant ce temps, le coût de la vie a augmenté ces dernières années, après la mise en œuvre de mesures économiques telles que la suppression des subventions sur certains produits alimentaires de base subventionnés par l'état. En outre, il y a eu une augmentation significative des prix des denrées alimentaires sur le marché privé.

D'après le Président cubain, Raúl Castro [es]:

sería irresponsable y con efectos contraproducentes disponer un aumento generalizado de los salarios en el sector estatal, ya que lo único que causaría es una espiral inflacionaria en los precios, de no estar debidamente respaldado por un incremento suficiente de la oferta de bienes y servicios.

“Il serait irresponsable et contre-productif de demander une augmentation de salaire généralisée dans le secteur public, car elle provoquerait une spirale inflationniste si elle n'était pas pleinement soutenue par une augmentation correspondante dans la production des biens et services offerts.”

Conditionner l'augmentation de salaire à l'augmentation de la productivité a suscité un débat sur le cercle vicieux dans lequel Cuba est pris au piège.

Le secrétaire de la CCT, nouvellement élu, Ulises Guilarte, a souligné [es] les conséquences de ce cycle:

Los problemas del salario se identifican como el principal obstáculo para el incremento de la productividad y la eficiencia, señalándose en no pocos lugares como causa de desmotivación, apatía y desinterés por el trabajo, con las consiguientes afectaciones en la disciplina laboral, el éxodo de trabajadores calificados hacia actividades mejor remuneradas pero menos exigentes desde el punto de vista profesional, produciéndose sin dudas un proceso de descapitalización de la fuerza de trabajo, lo que ha impactado fundamentalmente en las ramas industriales básicas, el Ministerio de la Construcción y otros, además de la negativa cada vez más frecuente a ser promovidos a responsabilidades de dirección.

Les problèmes des salaires sont le principal obstacle à l'augmentation de la productivité et de l'efficacité dans de nombreux endroits, ils provoquent l'apathie, le manque de motivation et d'intérêt pour le travail, ce qui se répercute sur la discipline et l'exode des travailleurs qualifiés vers des activités professionnelles mieux rémunérées et moins exigeantes; ceci provoque une  décapitalisation tangible de la force de travail, qui a surtout touché les principales branches de l'industrie, le ministère de la construction et d'autres secteurs, et le refus de promotion à des postes à responsabilité, qui sont en augmentation.

Dans son discours, Raúl Castro a confirmé [es] que les travailleurs médicaux recevraient une augmentation de salaire, “étant donné que le revenu principal du pays en ce moment est le résultat du travail de milliers de médecins qui offrent leurs services à l'étranger.”

En Janvier 2011, l'ambassadeur du Brésil à La Havane a annoncé [es] qu'il y avait 11 000 médecins cubains qui travaillaient dans les régions les plus pauvres et les plus reculées de son pays.

Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, l’Organisation panaméricaine de la santé verse 500 millions de dollars à Cuba chaque année.

Sur son blog Esquinas de Cuba, Alejandro Ulloa fait valoir [es] que:

(…) De no lograr abundantes inversiones extranjeras, al igual que la recapitalización de importantes sectores productivos, la economía cubana estará moviéndose en este círculo vicioso, que atenta a todas luces contra el incremento del poder adquisitivo de los salarios, verdadero problema que afecta a la población hoy.

(…) Sans d'importants investissements étrangers, ainsi que la recapitalisation des principaux secteurs productifs, l'économie cubaine continuera dans ce cercle vicieux, qui menace clairement l'augmentation du pouvoir d'achat, qui est le problème réel affectant la population aujourd'hui.

Inde : Bons petits plats de chefs chez vous grâce à Youtube

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(Article d'origine publié en anglais le 18 février 2014. Les liens mènent vers des contenus en hindi et en anglais.)

Les chefs cuisiniers partagent leurs astuces sur Youtube, et gagnent en célébrité en Inde et dans le monde.

Sur YouTube, les chefs gagnent en célébrité en Inde et dans le monde.

Les recettes ne se cantonnent plus seulement aux livres de cuisine ou aux grands chefs ayant leur propre programme à la télévision. Des chefs indiens d'une nouvelle graine font monter la sauce de leur célébrité sur Youtube. Démythifiant la cuisine indienne et prodiguant des conseils pour créer pas à pas des plats alléchants, ces hommes et femmes de talent insufflent chez de nombreux convives indiens l'envie de saisir leurs ustensiles et de s'essayer à différentes recettes savoureuses dans leur propre cuisine.

Rangeons donc les livres de cuisine, place aux chefs de Youtube. Le cuistot amateur n'a enfin plus à se débrouiller seul pour essayer de comprendre ce que les instructions d'une recette désignent lorsqu'elles indiquent par exemple que “la pâte devrait être presque coulante”. On peut dorénavant voir le chef à l'oeuvre pour montrer exactement et en image à quoi ce “presque coulante” doit ressembler. 

VahChef

Sanjay Thumma (plus connu sous le nom de VahChef) est le fondateur du site de cuisine vahrehvah.com. Ouverte en 2007, sa chaîne Youtube foisonnante de recettes l'a propulsé au sommet des stars de la cuisine.

Capture d'écran de VahChef, la chaîne Youtube de Sanjay Thumma

Capture d'écran de VahChef, la chaîne Youtube de Sanjay Thumma

Au fil des ans, VahChef Sanjay a proposé en ligne plus de 1 100 vidéos d'accompagnement à la portée de tous, préparant surtout des plats indiens et quelques plats internationaux. Sa chaîne comprend actuellement 243 985 abonnés et compte 159 266 645 vues. Présent aussi sur Facebook, sa page recueille près de 164 405 “likes”. Sanjay anime également un programme de cuisine sur une chaîne de télévision régionale en Inde.

Le blog de cuisine Wandering Spoon note :

Il est revigorant de voir quelqu'un montrer de si bons plats avec une joie non-dissimulée, un sens pratique et peu de retouches. Certes, j'aime beaucoup la cuisine indienne, mais ce qui m'a tout de suite plu est son rôle de professeur de cuisine.

Dans la vidéo ci-dessous, VahChef Sanjay montre comment cuisiner du poulet au fenouil et au poivre :

Manjula's Kitchen

Manjula Jain a grandi au sein d'une famille végétarienne du nord de l'Inde. Bien qu'elle se soit mariée et ait déménagé aux Etats-Unis à la fin des années 1960, sa famille et elle sont restées végétariennes en vertu de leur jaïnisme [religion hindoue]. Depuis 2006, Manjula publie des recettes sur son blog et crée des vidéos de cuisine sur Youtube proposant des “recettes simples et pratiques” issues de l'authentique cuisine indienne végétarienne. Ses recettes comportent aussi des plats végétaliens et sans gluten.

Le site et le blog de la Cuisine de Manjula

Le site et le blog de la Cuisine de Manjula

La chaîne Manjula's Kitchen a 146 873 abonnés et culmine à 73 769 313 vues. Sa page Facebook a 260 833 “likes”. Manjula a récemment publié son premier livre, “”Manjula’s Kitchen: Best of Indian Vegetarian”” [La cuisine de Manjula : le meilleur de la cuisine indienne végétarienne"], disponible chez Amazon.

Dans la vidéo ci-dessous, Manjula nous montre comment préparer de savoureux beignets frits à la pomme de terre, célèbres dans la restauration de rue à Mumbai en Inde : Batata Vada ou Aloo Bonda

Nisha Madhulika

Mais les vidéos de recettes commentées en anglais ne sont pas les seules à rencontrer du succès. Après avoir exercé un travail à temps plein, Nisha Madhulika, femme de 55 ans originaire de Delhi, ne savait pas trop quoi faire une fois à la retraite et s'est tournée vers sa passion pour la cuisine pour maintenir une activité. Elle a commencé à mettre en ligne des vidéos de recettes en hindi avec des légendes en anglais pour le public ne parlant pas sa langue. Avec plus de 800 vidéos mis en ligne ainsi qu'un nombre considérable de recettes sur son site en hindi (dont il existe une version en anglais), Nisha Madhulika est devenue une référence culinaire.

nishamadhulika.com - le site en hindi présentant des recettes indiennes végétariennes

nishamadhulika.com – le site en hindi présentant des recettes indiennes végétariennes

Dans la vidéo suivante, Nisha raconte son parcours initial en tant que chef sur Youtube

La chaîne de cuisine de Nisha Madhulika compte aujourd'hui 114 339 abonnés et remporte 33 236 034 vues. Sa page Facebook recueille près de 40 000 “likes”.

Dans la vidéo ci-dessous, Nisha Madhulika nous montre comment faire des boules de riz soufflé (un peu comme les carrés au riz soufflé [Rice Krispies Treats], sauf que les marshmallows sont ici remplacés par [un sucre non-raffiné] le jaggery)

Parmi les célèbres chefs cuisiniers à domicile publiant des vidéos de recettes indiennes et/ou de l'Asie du sud, on compte aussi Bhavna et ses “recettes de cuisine exotique du monde entier avec une touche de saveur indienne” sur la chaîne Bhavna's Kitchen (134 091 abonnés, 52 497 677 vues) et l'équipe Hetal-Anuja et leur “approche pas à pas et pratique de la cuisine de l'Asie du Sud” sur le site ShowMeTheCurry.com (120 696 abonnés, 65 979 089 vues).

Capture d'écran de la chaîne India Food Network sur Youtube

Capture d'écran de la chaîne India Food Network sur Youtube

En réalité, les tutoriaux et les guides de recettes vidéos sur Youtube connaissent un tel succès qu'un groupe de chefs et de blogueurs gastronomes se sont réunis pour créer sur Youtube l’India Food Network [le réseau de la cuisine de l'Inde]. D'après la description présente sur leur page Facebook :

India Food Network est un guide vous accompagnant pas à pas pour cuisiner chez vous des plats simples et délicieux. De la cuisine régionale indienne aux plats bien connus du monde entier, notre objectif est de rendre la cuisine plus facile.

Ainsi, la prochaine fois que vous souhaitez concocter un plat pour impressionner quelqu'un, n'ouvrez pas de livre de cuisine. Connectez-vous sur Youtube et laissez ces célèbres chefs d'un nouvel âge vous guider.

“L'Iran ne peut pas bloquer Facebook pour toujours”

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Le Ministre de la Culture et de l'Orientation islamique d'Iran, Ali Jannati, a dit [anglais] : ”L'Iran ne peut pas bloquer Facebook pour toujours”. Plusieurs responsables politiques iraniens tel Mohammad Javad Zarif, le Ministre des Affaires Étrangères, utilisent Facebook et Twitter alors que ces sites sont bloqués en Iran.

Les activistes ukrainiens démontent la propagande russe sur la Crimée

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A composite image created by activists showing the same event in Crimea, Ukraine from two vantage points, to stress how different frames can be applied to show the scale of welcome for Russia in Crimea. Courtesy of Euromaidan PR on Twitter.

Deux présentations de mêmes choses ! Comment les médias russes créent leurs “infos”. “La Russie envahit l'Ukraine. Ne croyez jamais les médias de Russie” Avec la permission de Euromaidan PR sur Twitter.

Tandis que la tension monte en Ukraine, qui accuse la Russie d'avoir envahi sa région autonome méridionale de Crimée, les activistes ukrainien s'emploient à redresser la désinformation des médias russes en séparant les faits de la propagande en ligne. 

Les utilisateurs des réseaux sociaux des deux bords donnent leurs avis sur le conflit, et s'affairent [anglais] à commenter, poster des vidéos de manifestations et s'exprimer par des mèmes [anglais]. En réaction, des sites de médias sociaux comme le réseau russe VK (VKontakte), le réseau social le plus actif d'Europe, bloquent certains groupes ukrainiens liés à la contestation [anglais], les rendant inaccessibles aux aux adresses IP russes.

Les médias classiques de Russie, quant à eux, sont particulièrement fervents pour se disputer l'audience et défendre les actes du gouvernement russe, en s'efforçant de présenter un tableau très orienté des événements en Ukraine. A leur tour, les internautes et journalistes ukrainiens essaient de combattre le flot de désinformation en lançant des initiatives de vérification des faits.

Les médias contrôlés par l'Etat en Russie, qui avaient déjà tenté de minimiser l'ampleur de la contestation ukrainienne [anglais] au temps d'Euromaïdan, sont passés “en mode fabrication à plein régime” écrit un récent article du Daily Beast [anglais].

Une fausse vidéo de guérilla

Cela comporte, par exemple, l'orchestration d'accrochages entre des “guérilléros masqués” et des militaires russes, apparaissant dans une vidéo intitulée “Le Secteur de Droite d'Ukraine occidentale attaque des citoyens russes pacifiques et tue des soldats en Crimée.” Cette vidéo a été prestement démystifiée [russe] par le blogueur de Live Journal Raymond Saint, qui a pointé de multiples indices de mise en scène, comme les armes russes portées par les “guérilleros” et les plaques d'immatriculation de Crimée des bus prétendument “d'Ukraine occidentale”.

Des affrontements de Kiev indiqués comme étant de Crimée

Une des télévisions publiques, Russia 24 news, aurait utilisé des images des violents heurts à Kiev précédant la destitution de Ianoukovitch pour illustrer de soi-disant affrontements de rue entre policiers et manifestants à Simferopol (la capitale de la Crimée) la veille de l'arrivée des premières troupes russes, afin à l'évidence de justifier l'invasion. Vesti.ru, un site web d'information, a également utilisé des images en provenance de Kiev et a été démasqué par les activistes du Secteur Civique d'Euromaïdan [ukrainien] :

Screen Shot 2014-03-03 at 6.57.58 PM

Vesti.ru Menteurs ! Vesti.ru : “Manifestations à Simferopol (Crimée), Ukraine” – Réalité : c'est la rue Kreschatyk à Kiev, près de la place de l'Europe.

L'utilisatrice de Twitter ВьОля Ласивна a également posté une capture d'écran de l'image et sa vérification dans la légende :

PROPAGANDE RUSSE  La télévision russe utilise des vidéos de Kiev de début février et écrit que c'est la Crimée

Frontière polonaise ou russe ?

Dimanche, la télévision d'Etat Russe Pervyi Kanal indiquait que 140.000 Ukrainiens avaient traversé la frontière ces deux dernières semaines pour fuir la prétendue crise dans le Sud-Est de l'Ukraine. Mais des internautes, dont Laura Mills, la correspondante à Moscou d'Associated Press, a vite compris que les images du reportage montraient en réalité un poste-frontière très fréquenté entre la Pologne et l'Ukraine.

La télé russe montre une file de voitures “qui fuient l'Ukraine orientale vers la Russie”, EN FAIT c'est un jour ordinaire dans la ville frontalière polonaise de Chegini 

Oups, c'est moi qui ai tweeté ça ?

Il y a des essais de manipulation du côté russe qui ont beaucoup amusé, comme cette capture d'écran du compte Twitter du Ministère russe des Affaires Etrangères, qui a posté par erreur une correspondance interne avec une demande ”d'approuver l'analyse compétente” du magazine allemand d'actualité Spiegel. La blogueuse Alisa Ruban a capturé la bourde sur Facebook :

Screen Shot 2014-03-03 at 7.06.29 PM

Le titre du “Spiegel” : Conflit avec la Russie : Les erreurs fatales du gouvernement de Kiev… Commentaire d'A. Ruban : [...] La machine de propagande russe tourne vraiment à plein régime à l'intérieur et à l'extérieur du pays !”

Démystifier à l'aide de StopFake

Eperonnés par le volume même de la désinformation et de la tromperie dans les médias de masse russes, les journalistes et activistes ukrainiens ont aussi œuvré de manière plus organisée à contrer les fausses nouvelles et aidé Ukrainiens et Russes à vérifier leurs informations. Liga.Net, un site de presse ukrainien de premier plan, a collationné une liste développée des cinq principaux mythes diffusés par les médias russes sur la situation en Ukraine [en russe].

Un groupe de journalistes et d'anciens élèves de l'Ecole Mohyla de Journalisme [anglais] de Kiev se sont réunis pour créer un site web “guichet-unique”, StopFake [StopFaux], pour collecter, démystifier et traduire les falsifications et désinformations les plus flagrantes des médias russes. Un des comptes de la contestation, Euromaidan, a fourni un lien vers un des articles de StopFake, qui exposait la distortion par l'agence russe ITAR-TASS des propos du Secrétaire d'Etat américain John Kerry :

ITAR-TASS pris à mentir sur Kerry. (comme toujours) http://t.co/NfIM7TdUGX

Le succès du site a été tel qu'il est fréquemment tombé suite aux connexions massives et, ces derniers jours, selon le directeur de MSJ Yevhen Fedchenko, il a subi de multiples attaques DDoS :

Crimée : ces dernières 24 heures notre site nouvellement créé est soumis à de constantes et lourdes attaques ddos – 17 millions de demandes (100 par seconde)

Le travail effectué par StopFake lui vaut même les félicitations de certains internautes russes, comme l'activiste moscovite Maxim Katz, qui semble heureux de voir les mensonges exposés :

C'est très agréable d'observer les Ukrainiens pêcher notre propagande et nos mensonges  and lies and consistently proving them to be such. Like here http://t.co/2bGegcPSOm

Vérification de faits avec FakeControl

Autre initiative de vérification de faits, dont les créateurs préfèrent garder l'anonymat, FakeControl, également très actif sur Twitter (@FakeControl). Ils travaillent sous le même format, mais uniquement en russe et ukrainien, à discréditer les fausses nouvelles et investiguer les rumeurs sur les réseaux sociaux. Ici, ils ont démonté un reportage sur la chaîne russe en anglais Russia Today qui prétendait que l'Ukraine a introduit une criminalisation de la double nationalité :

Russia Today a menti aujourd'hui sur une [nouvelle] loi sur la double nationalité. Ça arrive ! http://t.co/XNChC9kTvA

StopFake comme FakeControl utilisent aussi leurs pages Facebook (StopFake sur FB, FakeControl sur FB) pour solliciter des cas auprès des Internautes et réunir des preuves pour leur action de vérification de faits, qui devient véritablement un processus collaboratif.

Quito, mon amour

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Sunset in Quito, Ecuador.

Coucher de soleil à Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

On dit que si vous allez à un second rendez-vous avec une fille, c'est parce que vous l'aimez bien. Si vous en faites plus de deux, c'est qu'il y a quelque chose.

La première fois que j'ai visité Quito, c'était par accident. Je ne l'avais pas prévu mais une longue attente entre deux bus m'a donné la chance de me promener dans la capitale équatorienne. Et regardez, c'est maintenant la quatrième fois que je m'y rend pour la visiter. C'est vrai, je ne peux pas le nier. Je suis amoureux.

Je suis toujours lucide face à l'objet de mon amour. Je ne laisse pas sa beauté embrouiller mon jugement ou m'empêcher de voir ses défauts. Mais en tant que gentleman, j'essaye de garder mes critiques pour moi-même.

Je suis toujours entré dans Quito de la même façon, par en-dessous, c'est à dire par le sud en passant par Quitumbe. Ça me permet d'utiliser le tramway pour atteindre le centre ville. Et je dois dire que 0.25$ est un prix cassé pour se promener. De cette façon je peux profiter des divers aspects de la rive sud, une partie de la ville très intéressante.  

Square and Church of Santo Domingo, Quito, Ecuador.

La place et l'église de Santo Domingo, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Je descends à la place Santo Domingo et marche rapidement quelques blocs vers mon hôtel, j'y laisse mes affaires, attrape mon appareil photo et part explorer mon amour avec le cœur battant. Littéralement. A Quito, vous n'aurez pas le mal des montagnes mais vous êtes à 2800m. 

Retrouver celle qu'on aime après une séparation est un sentiment merveilleux. Ce qui est déjà connu est redécouvert avec impatience et bien que l'esprit ne puisse s'empêcher de comparer et vérifier les changements, l'excitation des retrouvailles surpasse tout.

Il est temps pour moi de vous dire que si certaines personnes préfèrent les femmes blondes ou voluptueuses, j'aime les villes avec une histoire, une histoire qu'on peut sentir alors qu'on l'admire avec grand plaisir. Les grands bâtiments ou les centres commerciaux modernes ne m'impressionnent pas. Montrez moi quelques ruines ou une vieille église, et alors là, ma chère, je suis tout à vous.  

Sucre and Benalcázar street corner, Quito, Ecuador.

Carrefour des rues Sucre et Benalcázar, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Une des choses que j'aime à Quito, c'est que son histoire fait partie de la mienne. Beaucoup des évènements qui ont eu lieu ici sont liés à l'histoire du Pérou. Quito faisait partie de l'empire Inca Tahuantinsuyo. A l'époque coloniale, l'Audience Royale de Quito faisait partie de la vice-royauté du Pérou. C'est pourquoi, beaucoup des noms de l'histoire du Pérou sont également présents ici : Atahualpa, Pizarro, Sucre, Bolivar. C'est comme entendre une nouvelle version d'un vieux conte. J'ai parlé des églises et je ne suis pas vraiment un fervent catholique mais les vieilles églises que les puissances coloniales ont laissé derrière eux doivent être admirées. Quito en a beaucoup. Santo Domingo, la magnifique (bien qu'un tantinet dégradée), San Francisco, le couvent, toutes sont pleines d’œuvres d'art et de peintures de l'école de Quito. La basilique Voto, moderne mais gothique, est peut-être la seule église où la visite guidée ressemble à une course de sport extrême (allez grimper dans les tours et vous comprendrez). 

Basilica of the National Vow, Quito, Ecuador.

Basilique du voeu national, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Vous souhaitez visiter des musées à Quito ? Ils me laissent sans voix. Il y en a pratiquement un à chaque coin de rue dans le centre historique, il faut en plus ajouter ceux dans presque chacune des églises.  Si vous passez un dimanche matin à marcher en ville, vous pourrez profiter sans fin des artistes de rues [es]. Une fois j'ai vu une femme péruvienne enseigner comment danser le huayno, imaginez ça !

Je dois admettre que la nourriture est vraiment bonne, à l'exception d'un ou deux trucs pour lesquels les péruviens sont vraiment hérétiques. Le reste est vraiment bon. Ne vous limitez pas seulement aux restaurants. Essayez les stands dans la rue (J'adore les sandwiches aux figues et au fromage) et allez dans une picantería (ce sont des restaurants spécialisés dans les plats épicés), où les plats sont à la fois délicieux et bon marché. Si, comme moi, vous avez la chance d'y aller avec une fille du coin qui peut vous guider, c'est encore mieux. 

Parque del Arbolito, Quito, Ecuador.

Parc du petit arbre, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

J'ai dit que je ne voulais rien dire de mal sur Quito, mais il y a une chose que je ne peux ignorer, ce sont les chauffeurs de taxi. Désolée ma chère, mais il faut que j'en parle. La pire chose au sujet des chauffeurs de taxi c'est leur nombre insuffisant, ça vient de quelqu'un qui est habitué à la capitale péruvienne où il suffit de lever la main pour héler un taxi. A Lima, vous pouvez compter sur le prochain chauffeur pour vous proposer un bon prix si le premier ne le fait pas. La pénurie de taxis à Quito me surprend toujours. Lorsqu'il pleut vous ne trouverez jamais un taxi libre. Ne prenez pas le risque d'être arnaqué à l'arrivée. 

Comme dans tous les couples qui s'aime sincèrement, les désaccords sont rapidement surmontés et les sentiments chauds reviennent. S'il y a une chose qui symbolise mon amour pour Quito, c'est la sculpture de la Vierge de Panecillo, inspiré par la Vierge de Quito. Contempler la beauté de cette vierge gracile, figée comme si elle dansait, me fascine et me transporte

Virgen del Panecillo, Quito, Ecuador.

Vierge du Panecillo, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Quito a tout ce que vous pouvez espérer : des centres commerciaux, une vie nocturne, de magnifiques parcs, des alentours magnifiques et des centaines de choses à découvrir qui la rendent intéressante à explorer. Gardezl'esprit d'aventure et votre patience parce que la circulation peut être horrible. Comme vous le savez, personne n'est parfait. 

Dans ses rues parfois sinueuses vous trouverez de tout, des gens qui dansent spontanément, que ce soit la nuit ou pendant la journée, des mariages célébrés avec joie sur les places publiques. Et si vous vous promener autour de la Grande Place le lundi, vous pourrez même voir la Revolucion Ciudadana en pleine action, où le Président de la république en personne salue la foule pendant la relève de la garde. 

Street in the Old Town, Quito, Ecuador.

Rue de la vieille ville, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

A part tout ce que la ville a à offrir – et je dois reconnaître que je suis peut-être subjectif là – je dois reconnaître que ce qui me plaît particulièrement à Quito, c'est que je ne m'y sens pas comme un étranger. C'est en partie du à ses habitants, en partie du à son centre historique, également du à ce que la culture propose (on y trouve même des hackers [es]). Son climat principalement doux ou peut-être le mélange de tout ça, qui donne son propre “je ne sais quoi”. Ou pour parler plus vulgairement : tu sais comment me faire du bien ma chérie. 

P.S. Si vous cherchez à visiter Quito avec les personnes qui y vivent, je vous recommande quelques pages sur facebook : Quito escondido (Quito caché), de mon ami Galo Pérez, que j'ai interviewé dans cette brève [es], et Quito, de aldea a ciudad (Quito, du village à la ville), qui rassemble de vieilles photos de Quito.

Corner of San Francisco Square, Quito, Ecuador.

Coin de la place San Francisco, Quito, Equateur. Photo de Juan Arellano

Juan Arellano est éditeur pour Global Voices en espagnol depuis 2007 et vit à Lima au Perou. C'est un ancien programmateur et a travaillé pendant 12 ans comme analyste/développeur à Minero Perú SA, puis encore 5 années en tant que Operation Manager chez IPSS/ESSALUD. Après une période consacrée à des affaires privées, il est revenu dans l'administration publique comme Chef des collections à la municipalité de Maynas, Iquitos. Il a également travaillé à l'ONPE, l'Office National des Processus Electoraux, en tant que responsable de la coordination régionale. En 2004, il a co-fondé le premier répertoire de blog du Pérou “BlogsPerú”. Il collabore aussi au projet “Información Cívica” de OSI, et travaille, entre autres, avec les sites web “Periodismo Ciudadano” et Future Challenges. Ce post a été publié initialement sur le blog Globalizado de Juan Arellano. 

La pop coréenne au top, malgré la censure

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K-pop girl group SNSD

Le groupe féminin de K-pop SNSD. Photo d'Alexander William Varley (via K-pop Decoder)

[Tous les liens sont en anglais, sauf indication contraire]

La K-pop (pop musique coréenne) déferle sur le marché musical asiatique depuis plusieurs années, faisant de la Corée du Sud la terre promise pour tout jeune artiste rêvant de produire un succès planétaire.

Gouvernée par une dictature pendant les années 70 et 80, la Corée du Sud  a souvent connu l'interdiction de sa musique, qualifiée de subversive si elle était perçue comme une remise en question de l'autorité. Avec la démocratie est également arrivée la levée des interdictions d'importations et celles de la diffusion de  musique étrangère, menant à une explosion de la créativité et à l'exportation massive de la K-pop.

En dépit de la relative liberté dont jouissent les artistes aujourd'hui, même ceux qui sont représentés par de grandes maisons de disques doivent faire face à de nombreuses contraintes, émanant des nombreuses branches du système de censure sud-coréen.

Commençons par les chaînes de télévision. Elles doivent suivre de strictes directives à l'encontre des artistes se produisant de manière trop sexuelle ou “controversée”.

Deuxièmement, la ministre de l'Egalité Homme-Femme et de la Famille sélectionne au hasard des chansons et les étiquette comme “dangereuses pour les jeunes oreilles influençables”. Même les paroles les plus inoffensives sont parfois pointées du doigt. 

Enfin, une chanson peut soudainement être qualifiée de trop “sexiste”, “politique”, “anti-gouvernementale” ou “pro-Nord-Coréenne” par n'importe quel ministère, suivant sa propre logique. Des chansons interprétées depuis des décennies se retrouvent parfois aux prises avec la censure des autorités.

Grâce au flou entourant les réglementations visant à protéger les enfants et la morale publique, le gouvernement peut ainsi censurer toute musique qu'il ne souhaite tout simplement pas entendre.

En avril 2013, la Corée du Sud a fait les gros titres mondiaux lorsque un nouveau clip de Psy, l'artiste derrière le phénomène international Gangnam Style [français], a été interdite par une grande chaîne de TV car “non-diffusable” – elle aurait nui à l'ordre public.

Lors d'un talk-show, l'idole des adolescents coréens, Lee Joon, s'est moqué des directives données par les producteurs de TV avant une danse avec le célèbre boys-band MBLAQ.

“Un nip’ slip, pas de problème, mais deux d'un coup c'est trop. Ce n'est pas très clair”, a-t-il déclaré.

Les directives télévisées sont toujours une source d'amusement lors des talk-shows. Cette forme de censure affecte surtout les artistes, mais c'est heureusement une chose facilement gérable.

Lors d'une interview par email, Lee Youn-hyuk, un artiste indépendant et manager à l'Association Coréenne des Maisons de Disques (L.I.A.K) ne comprend toujours pas les réglementations télévisuelles, mais respecte le droit des émetteurs de choisir ce qu'ils veulent diffuser à l'antenne.

“Leurs jugements sont basés sur leur identité télévisuelle et leur ligne éditoriale”, dit-il, ajoutant qu'il critique davantage la censure exercée par les autorités gouvernementales.

La ministre de l'Egalité entre les sexes et de la Famille a pris la relève de la censure en 1996, un an après l'abolition du système de censure pré-diffusion sur la musique et les contenus culturels.

Les décisions de la Ministre sont connues pour avoir accusé des milliers de chansons d'être “dangereuses” à chaque fois qu'elles font référence à l'alcool, aux cigarettes ou au sexe. Une chanson a même été qualifiée comme “inappropriée pour les moins de 19 ans”, ne pouvant être diffusée qu'après 22h, tandis que les enfants ne peuvent l'acheter ni même l'écouter sur Internet. De nombreux jeunes contournent néanmoins cette loi grâce à l'utilisation des identifiants de leurs parents pour se connecter sur les portails des sites Internet coréens ou sur Youtube. 

Les professionnels de l'industrie musicale, comme Lee, sont troublés de constater que la censure ne s'applique qu'à certains albums choisis au hasard après avoir inondé le marché, et pas de façon systématique. Pour de nombreux Coréens, il s'agit d'une nouvelle réalité, dans laquelle le gouvernement Sud-Coréen resserre le contrôle sur les citoyens et la liberté d'expression.

Récemment, plusieurs décisions impopulaires de censurer de chansons par différents organismes gouvernementaux ont été tournées en ridicule. Une partie de ce ridicule provient de la façon dont les cibles semblent être choisies au hasard.

Le mois dernier, une célèbre chanson pour les enfants vieille de dix ans a été qualifiée de “dangereuse” car trop sexiste [coréen] par le ministère de la Culture et du Tourisme.

En décembre, l'armée sud-Coréenne, connue pour son interdiction des livres [français], films et chansons jugés “controversés”, a retiré des machines à karaoké fournies aux bases de l'armée coréenne la chanson la plus traditionnelle du pays, “Arirang” [français]. Le ministère de la Défense a expliqué [coréen] que cette version particulière de la chanson a été reprise par des artistes nord-coréens, ce qui pourrait entamer le moral de l'armée sud-coréenne.

L'écrivain et critique culturel Park Ji-Jong a déclaré par email qu’ “A l'époque [pendant la dictature] la censure n'était justifiée que par des motivations politiques ; depuis, elle a évolué et ils mettent en place des critères tels que trop “explicite” ou “immoral”, basés sur des décisions arbitraires.”

Si le monde de la K-pop est surtout une histoire d'argent et de glamour, il a aussi une longue histoire de censure et de réglementations, qui pèse toujours sur la scène musicale actuelle.

Voir la vidéo-entretien avec l'auteur de cet article, Yoo Eun Lee: GV Face: Beyond Gangnam Style – Censorship and Korean Pop Music

Cet article a été écrit par Freemuse, le principal défenseur des musiciens du monde entier, et a été publiée sur Global Voices, Artsfreedom.org et Freemuse.org.


music freedom dayMusic Freedom Day (3 mars 2014) est un événement annuel visant à mettre en lumière et à créer une sensibilisation à l'égard de la persécution, de l'interdiction, de l'emprisonnement et de l'assassinat de musiciens, dont les chansons ou les prestations sur scène ont abordé des questions sensibles ou controversées. Hashtag: #musicfreedomday

Neuf questions à Arien Chang Castán, photographe de La Havane

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Arien Chang_Ciudad

Je cherchais quelqu'un. Mon premier essai d'interviews illustrées (“entrevistas ilustradas“) m'avait donné envie de continuer. C'est alors que mon éditrice à Global Voices, Solana Larsen, m'a suggéré un ami, Arien Chang Castán, photographe cubain de La Havane. Dès que j'ai vu la beauté de son site Web avec ses clichés de personnes âgées, de mers, de solitudes, de villes, de couleurs et d'obscurités, je lui ai écrit.  

Les questions de cette interview se basent uniquement sur ce que j'ai pu observer dans ses photographies et ce que j'ai lu à son propos sur son site Web. Les questions et les réponses sont le fruit d'un échange d'emails qui a duré plusieurs semaines. Il m'aurait fallu plus de temps et de proximité pour pouvoir décrire Arien Chang et raconter son histoire mais malgré tout, voici ci-dessous le portrait d'un photographe à/de La Havane.

Global Voices (GV): Parle-moi de ton nom et de son histoire.

Arien Chang (AC): Mon grand-père était un immigrant illégal arrivé à Cuba en 1927. Il a emménagé dans la vieille Havane, non loin de là où j'ai vécu toute ma vie. Il a commencé à travailler dans les casinos, les maisons de jeux, les bars et il a même adhéré à un parti politique qui réunissait beaucoup d'immigrés chinois qui, comme lui, étaient arrivés à Cuba dans l'espoir d'y trouver de nouvelles opportunités. Certains utilisaient même Cuba comme pont vers les États-Unis (un pont que nous utilisons toujours…). Bien évidemment, comme il vivait et travaillait dans la vieille ville de La Havane, il est tombé amoureux d'une métisse qui devint ma grand-mère. C'est de là que viennent mon métissage et mon nom.

Chang est un des noms les plus courants de Chine. J'ai eu l'occasion de le vérifier en février grâce à “Red Gate”, une institution reconnue qui offre des bourses pour les artistes du monde entier. J'ai travaillé pendant deux mois sur mon projet qui consistait à rechercher mes racines et le lieu où mon grand-père est né et a grandi, non pas parce que je me sentais déraciné ou parce que j'avais besoin de trouver en Chine une identité, mais plutôt à cause de cette impatience qui nous poursuit et nous fait croire que nous existons, simplement parce que nous savons d'où nous venons. 

En tant que photographe, je recherche toujours dans ma maison, mon quartier et mon pays une nouvelle image, un nouveau concept ou quelque chose qui définisse ce que nous sommes et où nous allons. La photographie est mon mode d'expression et mon nom peut paraître exotique sur cette île, mais c'est de là que vient le côté magnifique et photogénique de Cuba : les origines, les époques, l'histoire d'un peuple entier s'entremêlent dans ses rues. Et ce n'est pas tout : à Cuba nous utilisons deux noms, celui du père puis celui de la mère. Mon deuxième nom c'est Castán. Il vient de l'arabe et c'est aussi une autre histoire d'origines et d'immigrants. 

Arien Chang_Bailarina

GV: Pourquoi photographe ?

AC: Je ne pense pas qu'il y ait de “pourquoi”, mais je peux te raconter un peu comment j'ai commencé, comment ma vie, ou plutôt comment la photographie a changé ma vie ou comment ma vie est devenue photographie.

Tout a commencé durant l'été très chaud de 2003 (mais pas aussi chaud qu'aujourd'hui) au Teatro América, une construction spectaculaire représentative de l'Art Déco, sur l'avenida Galiano au centre de la vieille Havane. Il y avait un cours de photographie et deux autres cours sans aucun lien avec le premier, à savoir massage et coiffure, mais je souhaitais seulement apprendre à me servir d'un appareil photo (à cette époque je ne pensais même pas à la lumière). Il s'agissait d'un cours de base mais grâce à lui j'ai enfin pu apprendre à me servir de l'appareil photo russe que mon père avait rapporté d'Union Soviétique, un Zenit qui était chez moi dans un tiroir depuis que j'étais petit. J'avais l'habitude de jouer avec et de manier les commandes de l'appareil, c'était très amusant. Bien sûr, à cette période je n'imaginais pas que la photographie deviendrait ma vie, mais je savais déjà que j'aimais avoir un appareil à portée de main et appuyer sur le bouton de l'obturateur.

Quand j'ai terminé le cours au Teatro América, j'ai réalisé que si je savais effectivement manier les commandes de l'appareil photo, je ne connaissais en revanche rien à la photographie. Comme je suis un peu obstiné et que quand j'ai quelque chose en tête je dois le faire, j'ai découvert que la meilleure école que je pouvais trouver était les rues de La Havane. Je voulais faire de la photographie documentaire et c'est ce que j'ai fait et ce que je continuerai à faire ; je suis accro à la photographie et il est trop tard pour y remédier, alors il ne me reste plus maintenant qu'à m'y adonner et alimenter cette passion chaque jour avec un peu plus de travail. Si la photographie existe et que les gens peuvent la voir, elle doit encore être découverte.

GV: Cuba a été l'objet d'innombrables photographes à tel point qu'elle s'est créée une image difficile à réinventer. Comment photographie-t'on Cuba de l'intérieur ?

AC: Photographier Cuba de l'intérieur est très facile. Il suffit d'avoir un carnet d'approvisionnement et une résidence permanente, une carte d'identité ou un document qui vous autorise à vivre ici quelques temps. 

La vie d'un Cubain ne se résume pas à aller au travail le matin et rentrer chez soi le soir. Les habitants de ce pays vivent une véritable odyssée chaque jour. Ils sont constamment mis à l'épreuve par la dynamique de vie, pour l'appeler ainsi, que nous avons dans ce pays. Le (non-)transport, la (non-)monnaie et tous les autres “non” auxquels chaque Cubain fait face quotidiennement laissent sur son visage, ses habits et son esprit des marques, parfois de désespoir et d'autres fois d'amusement, mais qui reflètent toujours une histoire que tu ne peux lire ou prendre en photo si tu ne l'a vis pas toi-même. Nous pouvons ajouter à cela une architecture incroyable figée dans le temps qui nous fait parfois croire que nous sommes toujours dans les années 40. Ce déguisement apparent fait qu'il est à la fois facile et difficile de photographier La Havane. Cette maudite Havane est une lame à double tranchant que je remercie pour ce que je suis et ce que je fais.

Pour créer une image, il faut la vivre, la souffrir. C'est pour cela que vous pouvez trouver des photos de Cuba très bien composées, avec une utilisation parfaite de la couleur et de la lumière, mais qui, en fin de compte, sont vides ; ce sont de jolies cartes postales car le photographe n'a pas réussi à dépasser la première impression que donne La Havane.

La Havane, il faut la toucher chaque jour, la manier et en profiter, il faut la comprendre.

Arien Chang_Viejo

GV: Pourquoi faire le portrait de personnes âgées ?

AC: Pour l'expérience, la tranquillité et les rides.

Les personnes âgées n'ont pas peur de leurs paroles. Elles ont vécu suffisamment pour ne plus avoir rien à perdre. Dans mes photos, on peut voir des expressions douces mais aussi des mélanges de haine et de dégoût en pointant l'objectif directement sur elles. Les personnes âgées, comme les enfants, disent ce qu'elles pensent, elles agissent et évoluent sans avoir peur du futur, car le futur est déjà derrière elles.

La série “Longevidad” (longévité), que j'ai commencé à développer il y a quelques années, est constituée de photos de personnes centenaires. Un siècle c'est beaucoup d'histoire, même pour un pays, une personne de plus de cent ans qui parfois raconte moins de choses avec les mots qu'avec les sentiments et les expressions.

Le troisième âge intrigue. Je ne m'attends pas à vivre assez longtemps pour faire mon auto-portrait et l'ajouter à la série, mais photographier une personne centenaire m'impressionne toujours.

Arien Chang_Malecón

GV: Raconte-moi la mer.

AC: En photographie, il est impossible d'ignorer la mer, surtout si tu passes toute ta vie sur une île. Quand j'étais petit, mes amis et moi faisions l'école buissonnière pour aller nous baigner au Malecón (la jetée) et comme moi, des générations et des générations de Cubains ont grandi en utilisant cette côte comme une plage, pleine de récifs et de dents de chien comme on les appelle ici. Se rendre au Malecón, enlever l'uniforme scolaire et se jeter dans la mer depuis la partie la plus haute, la plus dangereuse et la plus profonde, c'est, plus qu'une action, un sentiment d'appartenance, une relation de pouvoir ; tu te sers de la mer et quelques fois c'est elle qui se sert de toi. Des milliers d'accidents ont eu lieu au Malecón de La Havane pourtant, personne n'en a peur. Le Malecón, ou ”el Bleco” comme nous autres, habitants du quartier, l'appelons affectueusement, est là et le sera toujours, parfois paisible mais parfois aussi agité comme le propre tempérament des Cubains. Il a appris à vivre avec nous, et nous avec lui, mais j'espère que l'interdiction de se baigner au Malecón ne dure pas.

La mer me manque, quand je ne la vois pas pendant quelque jours, elle me manque ; durant toute ma vie, elle a été auprès de moi et de ma ville. La série sur le Malecón, celle qui en l'honneur de mon enfance s'appelle “El Bleco”, constitue ma réconciliation avec cette ville et ce pays. C'est une dette que je lui dois pour être Cubain, pour être Havanais, pour avoir vécu une partie de mon enfance et de mon adolescence avec lui et enfin, pour faire partie de ma vie.

GV: Noir et blanc ou couleur ?

AC: Je ne pense pas que je puisse choisir entre l'un ou l'autre. C'est un peu comme choisir entre deux belles femmes à la différence que je n'ai pas à en choisir qu'une, je peux garder les deux et être heureux.

Quand j'ai commencé la photographie, mon travail était uniquement en noir et blanc. C'était de la photographie argentique traitée dans un “laboratoire” qui n'était autre que l'endroit où je suis né à l'angle des rues Monte et Ángeles et qui ne pouvait être complètement fermé et n'avait souvent pas d'eau. Mais j'avais un bon agrandisseur du début du 20ème siècle qui me permettait de réaliser moi-même mes impressions et de contrôler mes propres images depuis une autre perspective. Là j'ai appris plus qu'ailleurs sur la lumière, les ombres et la composition et j'ai réellement apprécié de réaliser le travail complet sur mes photographies.

Pendant 7 ans j'ai travaillé en noir et blanc et j'ai continué sans couleur même après avoir sauté ce terrible pas vers le numérique. Ce n'est que depuis ces dernières années qu'il y a quelque chose de coloré dans mes photos. J'ai toujours cru que la couleur était une technique très difficile pour la photographie documentaire. Le côté dramatique d'une photo en noir et blanc est toujours plus frappant, mais l'utilisation de la couleur, quand elle est nécessaire, quand l'image la réclame presque à corps et à cris, a une force indéniable. Mais en réalité, quand tu vois une photo tu sais quand elle est en couleurs et quand elle est en noir et blanc. Ce que j'essaye maintenant c'est comprendre le langage de la couleur, le traduire ; je suis à la recherche d'un style personnel. Pour cela, je m'appuie toujours sur ces années au cours desquelles je n'ai fait que du noir et blanc mais qui m'aident à commencer à comprendre la couleur d'une manière différente. J'essaye de me la réinventer dans ces rues colorées de La Havane.

Je peux dire que dernièrement, j'ai développé une certaine adoration pour la couleur, j'adore ça et je ne sais pas… La phase noir et blanc n'est pas terminée mais je pense que prochainement la couleur va prédominer mon travail, c'est mon intention.

Arien Chang_Ventana

GV: Une fenêtre qui saigne ?

AC: Cette fenêtre qui saigne n'a qu'un coupable : la Biennale de La Havane. C'était au cours d'un de ces moments qui succèdent à cette sorte de grande fête des artistes dans les rues de La Havane. Ces derniers intervenaient dans tous les espaces avec différentes formes d'art. Moi, je suis simplement passé dans cette rue, devant cette maison. La fenêtre qui saigne est un pur hasard. J'ai vu l'image, la robe, les sandales, le contraste de couleurs avec la fenêtre, le mur jaune alors, j'ai pris la photo.

Si la fenêtre avait été d'une autre couleur, ou si elle n'avait pas saigné, ou si la femme n'avait pas été là, peut-être que je n'aurais pas pris la photo ; peut-être aussi que je l'aurais prise, mais elle aurait été complètement différente. Je n'ai pas cherché la fenêtre, elle est venue à moi et c'est cette spontanéité du moment qui est incroyable dans la photographie documentaire.

Arien Chang_BN

GV: La solitude imprègne ta photographie. 

AC: C'est un point intéressant parce qu'on ne m'avait jamais parlé de mon travail ainsi. Je fais simplement de la photographie et c'est ce que je vois. C'est peut-être la solitude et l'abandon de cette ville qui a tant de besoins, d'histoire, de mauvais souvenirs et de bons souvenirs également, mais ceux-ci sont moindres.

Tu dis que la solitude imprègne mon travail, mais être photographe documentaire c'est aussi une forme de solitude, une manière d'être seul car bien qu'étant entouré de milliers de personnes, toi seul sais ce que capte ton appareil photo que tu es le seul à contrôler. Que dire, il y a des personnes solitaires, tristes ou amères tout comme il y a des personnes heureuses, amusantes ou sociables ; j'essaye simplement de capturer leurs sentiments, leurs histoires qu'ils emportent souvent avec eux sans s'en rendre compte par leur façon de marcher, de parler, de se déplacer dans le monde ;  ils emportent leur propre fardeau, cette solitude qui leur est propre et particulière.

GV: Quelle est ta relation avec la ville de La Havane ?

AC: En vérité, j'ai l'impression d'être en pyjama dans les rues de cette Havane qui m'a vu grandir et que je suis constamment en train de regarder et de repenser encore et toujours.  Je rentre chez moi après avoir passé un jour entier à vadrouiller ici et là et au lieu de me reposer, je reprends mon travail à la maison parce qu'au final nous, photographes, sommes esclaves de notre propre mode de vie. Je télécharge les photos, je les édite, puis je les édite de nouveau, je les regarde encore et encore ; on ne sait jamais ce que La Havane nous réserve comme surprises. J'ai parfois l'impression que j'abuse d'elle, que je profite d'elle, que je l'utilise dans mon propre intérêt mais au final, je la remercie toujours avec mes photos ou du moins, j'essaye.

Redécouvrir La havane est mon principal projet, ma constante aspiration parce que parfois, sortir dans la rue ne suffit pas. Il faut entrer dans les maisons, aller sur les terrasses ; il faut discuter avec les joueurs de domino, avec ceux qui ont des coqs de combat, avec la vendeuse du coin ou avec le garçon qui joue au ballon. En fait, ma relation avec La Havane est très simple : me réveiller tous les jours et sortir…

Le Mexique et les États-Unis censurent un site d’activistes avec l’aide de GoDaddy

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Des activistes mexicains ont confirmé que les autorités, en collaboration avec l’ambassade des États-Unis à Mexico et avec la rapide assistance du fournisseur de noms de domaine GoDaddy.com, avaient censuré 1DMX.org, une plateforme d’information où les internautes peuvent laisser des commentaires et engager des discussions, utilisée notamment lors des troubles sociaux début décembre 2013. Le contenu supprimé du site rendait compte en détail des abus commis à l’encontre des activistes et contredisait les versions officielles des services de sécurité.

L’exploitant du site commente dans la vidéo ci-dessous que GoDaddy n’a pas donné d’explication claire et transparente à ce sujet :

As a first email reply, GoDaddy.com argues that the site was taken down because of a violation of the terms of service. However, on the next day, in a second email, the company reveals that the real reason behind the suspension of the domain is that there is an undergoing law enforcement investigation. Without clarifying neither the authority behind this investigation nor its motives, GoDaddy.com says that for more information, one must contact a Homeland Security Investigations Special Agent at the U.S. Embassy in Mexico.The Agent was contacted. However, he refused to give any information on the case, with an unjustifiable opacity.

Dans un premier courrier électronique, GoDaddy.com affirme que le site a été fermé pour violation des conditions d’utilisation du service. Toutefois, le jour suivant, dans un second message, la société révèle que la véritable raison de la suppression du domaine est une enquête en cours. Sans clarifier qui est chargé de l’enquête et les motifs de celle-ci, GoDaddy renvoie les personnes souhaitant obtenir de plus amples informations vers un agent spécial du département de sécurité nationale de l’ambassade des États-Unis à Mexico. Cette personne a été contactée, mais a refusé de fournir des informations sur l’affaire, faisant preuve d’une opacité injustifiable.

Les exploitants du site ont utilisé les procédures légales appropriées disponibles au Mexique et une ordonnance a été émise demandant aux autorités de publier les informations concernant cette affaire. Cependant, très peu d’éléments ont été fournis à ce jour.

Le 5 mars 2013, GoDaddy.com a confirmé que l’agence ayant demandé aux autorités des États-Unis de censurer le site 1DMX.org était le centre spécialisé en réponse technologique de la police fédérale. Cet acte de censure a été exécuté par le Secrétariat de l’Intérieur, via la Commission de sécurité nationale. Le commissaire Manuel Mondragón doit donc être tenu pour responsable de la censure de 1DMX.org.

Screen Shot 2014-03-04 at 12.39.14 PM

Au Mexique, la censure s’inscrit dans un contexte plus large de restrictions des libertés numériques. En effet, le gouvernement a également fait l’acquisition de systèmes de surveillance sophistiqués, tels que FinFisher et Remote Control System.

Les récentes révélations à ce sujet sont préoccupantes pour les Mexicains et la liberté d’expression, dans un contexte d’une violente réalité et de fréquentes répressions. Cette affaire soulève aussi des inquiétudes parmi les utilisateurs de GoDaddy, qui ne sont pas certains que l’entreprise appliquera des procédures équitables et les lois en vigueur dans de telles situations.

Une journée pour fédérer la communauté des données ouvertes du Portugal

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A typical rabelo boat from Porto carrying the open data flag for the #OpenDataDay. Banner by Transparência Hackday.

Un typique “rabelo” de Porto  transporte le drapeau des données ouvertes lors de la Journée des Données Ouvertes. Bannière par Ana Carvalho / Transparência Hackday.

 [Note : L'auteur de cet article a été l'un des organisateurs de l'événement.]

Des enthousiastes de la transparence et la technologie civique, provenant de différentes villes du Portugal, se sont rassemblés le 22 février 2014 à Porto pour célébrer la Journée Mondiale des Données Ouvertes. Ils ont été accueillis par l'équipe de la Transparência Hackday

 Des concepteurs, des programmeurs, des hackers informatiques, des gens doués pour la communication et des employés de l'administration publique ont consacré un après-midi de samedi à partager leurs expériences des problèmes de transparence et de l'ouverture de certaines données au public.

Des tâches pratiques incluaient le Recensement local des données ouvertes réalisé par la Open Knowledge Fondation, dont le but était de rassembler des données au niveau local, depuis les horaires des transports publics jusqu'aux budgets annuels et aux données sur la qualité de l'air. 

Nous savons que la disponibilité des données locales varie énormément non seulement en fonction des pays mais aussi à l'intérieur d'un pays. Alors que certaines villes et municipalités font des efforts considérables pour promouvoir l'ouverture des données, pour d'autres le progrès est trop minime voire inexistant. Si nous pouvons découvrir quelles sont les données ouvertes disponibles là, nous pouvons encourager plus de villes à publier des informations clés, ce qui aidera des entreprises et des citoyens à mieux comprendre leurs villes et rendra leur vie plus facile.

 Vers la fin de la journée, les villes de Coimbra et Porto avaient rassemblé un ensemble très complet des informations disponibles dans un document collaboratif. Il sera utilisé pour mettre à jour le dossier portugais de la OKM, dès que celui-ci sera complété par cette organisation internationale.

Un autre groupe a accepté le défi de cataloguer des… yogourts, pour l'opération lancée par le projet Données Ouvertes sur l'alimentation, une base de données gratuite, ouverte et collaborative sur des produits d'alimentation. L'idée du projet “Qu'est ce qu'il y a dans mon yogourt ?” était de rassembler des données sur la valeur nutritive et les ingrédients des produits laitiers d'autant pays du monde que possible en un seul jour. Ce que les Portugais ont fait. 

Une « inspiration visuelle » des données

 Le point culminant de cette quatrième Journée mondiale des données ouvertes était la présentation que le designer et chercheur Pedro Cruz de l'Université de Coimbra a fait de son oeuvre sur la visualisation des données.

The association for cultural intervention Maus Hábitos (Bad Habits) opened its door for the open data venue.

L'association pour l'intervention culturelle Maus Hábitos (Mauvaises  Habitudes) à Porto a ouvert ses portes pour accueillir la Journée des Données Ouvertes au Portugal.

Le voyage a commencé avec la visualisation des données sur le déclin des empires maritimes aux XIXe et XXe siècles. Alors que défile la chronologie des événements, les empires britannique, portugais, français et espagnol se dissolvent d'une façon fluide comme « des corps mous ». D'autres œuvres de Pedro incluent la circulation à Lisbonne sur un jour, ou représentée comme une métaphore des organismes vivants avec des problèmes circulatoires, ainsi que l'analyse des textes, l'exploration des transports publics, et bien plus encore. 

“An ecosystem of corporate politicians“ - interactive visualization at pmcruz.com/eco.

“Un écosystème des politiciens corporatifs“ – une visualization interactive sur pmcruz.com/eco.

Son oeuvre la plus récente, la visualisation interactive ”écosystème des politiciens et des multinationales” sur les rapports entre des membres des gouvernements portugais et des entreprises pour la période de 1975 à 2013, est celle qui a provoqué le plus de débats.

 Cette visualisation frappante montre les entreprises où des ministres et des secrétaires d'État ont occupé des postes et permet l'exploration de ce qui est représenté comme un écosystème parasite vu la forme des organismes :

 Les données sont abordées comme un écosystème, où chaque ensemble des relations interdépendantes est réglé par des conditions physiques — chaque politicien visite les entreprises l'une après l'autre, les poursuit et saute entre elles, afin de relancer la séquence chaque fois qu'elle est terminée.

 Les données ont été recueillies lors d'une étude sur la politique et le monde d'affaires, qui a été réalisée pour le documentaire “Donos de Por­tu­gal” (“Maîtres du Por­tu­gal”).

Faire connaissance avec la communauté

“Améliorer Coimbra” était un autre projet de la troisième ville principale du Portugal et les participants ont eu la chance de le connaitre lors de la Journée des Données Ouvertes à Porto. De la même façon que l'organisateur à Porto, Transparência Hackday, “Améliorer Coimbra” encourage des réunions mensuelles auxquelles chacun peut assister pour aider à résoudre les problèmes de la ville. En peu plus d'un an d'activités, “Improve” a déjà créé plusieurs sites Web et des applications mobiles pour les citoyens de Coimbra, comme une plate-forme pour la recherche collaborative des logements, une carte des cafés avec une connexion Internet sans fil disponible et Burocracia (Bureaucratie), une application qui rend les comptes rendus des conseils municipaux de la Ville de Coimbra disponibles et faciles à chercher. 

 Aussi la municipalité de Alfândega da Fé, au nord du pays, était représentée lors de cette Journée des données ouvertes. Classée deuxième dans l'Indice de la Transparence Municipale [pt] lancé en octobre 2013 par l'organisme de tutelle de Transparência e Integrigade, Associação Cívica (AITC), cette petite commune de la région de Trás-os-Montes, avec moins de 6000 habitants, montre des signes positifs de sa volonté d'ouvrir des données gouvernementales locales. 

Le but ultime de l'événement était, après tout, d'encourager l'ouverture des données gouvernementales, et ainsi la Journée des Données Ouvertes au Portugal est-elle devenue un peu plus importante, avec plus d'associations participantes et d'individus menant un dialogue entre eux et avec le monde.

Vous pouvez vous renseigner sur le programme de la Journée des données ouvertes sur le blogue de Transparencia Hackday et lire plus sur cet événement mondial sur le site officiel [tous les liens en portugais]. 

En Amérique Latine, les femmes disent non aux “compliments de rue”

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(Sauf mention spéciale, les liens de cet article sont en espagnol.)

Depuis la nuit des temps, les compliments (fr) ont été considérés comme un moyen de conquête par excellence : ces phrases dites par les hommes pour attirer l'attention des femmes et les charmer. Cependant, il existe de nos jours un débat pour savoir si le compliment doit être revendiqué en tant que galanterie, ou si son usage relève de l'agression.

Dans un article datant de 2011, l'agence de presse Inter Press Service se posait déjà la question :

Algunos hombres lo reivindican como un halago y hasta una expresión poética. Pero para muchas mujeres, el piropo callejero es una forma de acoso que las ofende, las humilla y, en algunos casos, las denigra.

Certains hommes le revendiquent en tant que galanterie et vont même jusqu'à parler  d'expression poétique. Mais pour beaucoup de femmes, le compliment des rues est une forme d'harcèlement qui les offense, les humilie, et parfois, les dénigre.

Faites une recherche dans Google et vous trouverez des titres tels que “de jolis compliments pour trouver le grand amour”, “50 compliments pour concquérir des coeurs”, “107 compliments qui illuminent la journée des femmes”.

De nombreux artistes et internautes partagent photos et illustrations afin de dénoncer les compliments et d'exiger le respect envers les femmes.

L'illustrateur chilien, Marcelo Pérez, présente une de ses oeuvres dans laquelle des femmes expriment leur réaction suite à ces fameux “compliments” qu'elles reçoivent dans la rue.

 

Ilustración de Marcelo Perez, reproducida con su permiso.

Illustration de Marcelo Perez, reproduite avec autorisation.

Dans le premier dessin, la protagoniste affirme : “ceci n'est pas un compliment, c'est un baveux avec une face de taré qui n'a pas vu de femme pendant une année entière.” Dans la seconde image : “ceci est un attrapeur, une sorte de “sucker punch” complètement barré.” Dans la troisième : “ceci est une racaille qui crie des vulgarités (qui ne sont ni flatteuses ni séductrices) en pleine rue”. Et enfin : “ceci est le regard fixe et flippant d'un psychopathe sans paupières.” 

Depuis l'Argentine, l'auteur de Global Voices Jorge Gobbi publie sur son compte Flickr une phrase phare des mouvements féministes dans cette région du monde : “Je ne veux pas ton compliment, je veux ton respect.”

No quiero tu piropo, quiero tu respeto. De Morrisey en Flickr bajo licencia CC  Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

Je ne veux pas ton compliment, je veux ton respect. De Morrisey sur Flickr sous licence CC
Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

 

De son côté, Marta G. Terán partage une photo contenant cette même phrase, mais cette fois-ci la photo a été prise dans une rue du Nicaragua.

No quiero tu piropo, quiero tu respeto por la usuaria Martascopio en Flickr bajo licencia  CC Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

Je ne veux pas ton compliment, je veux ton respect. De Martascopio sur Flickr sous licence
CC Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

Une autre illustratrice, DevilKaty (qui possède en plus son propre blog) propose la tirade suivante :

Piropos según la ilustradora DevilKaty, por la usuaria DevilKaty en Flickr bajo licencia CC

Les compliments selon l'illustratrice DevilKaty sur Flickr sous licence Creative Commons (CC BY-NC 2.0)

- Hombre: Ustedes las minas son unas histéricas, cómo no les van a gustar los piropos.

- Sí. Es cierto, cómo no lo pensé antes. Me encanta que me acosen en la calle. Me siento asquerosamente halagada! Amo que un tipo que no conozco y que no me guste me mire las tetas solo por ser mujer. Es un honor ser denostada de tal forma! Adoro esa forma retorcida y pervertida de admiración!

- Hombre: Ya, sí, ya entendí.

- L'homme : Les filles, vous êtes toutes des hystériques, comment vous pouvez ne pas aimer les compliments.

- Oui. C'est vrai, pourquoi n'y ai-je pas pensé avant ! J'adore me faire harceler dans la rue. Je me sens horriblement flattée ! J'aime qu'un type que je ne connais pas et qui ne me plait pas me regarde les seins seulement parce que je suis une femme. C'est un honneur d'être remarquée de la sorte ! J'adore cette forme d'admiration tordue et perverse !

- L'homme : C'est bon, ça va, j'ai compris.

Et enfin, sur Facebook, vous pouvez trouver les initiatives suivantes qui remettent en question les compliments, à savoir s'ils sont une manière de flatter une femme ou s'ils sont vus comme un harcèlement.

Estamos en contra del acoso a la mujer con los piropos callejeros (Nous sommes contre le harcèlement envers les femmes sous forme de compliment des rues)

Paremos el acoso callejero (Stoppons le compliment des rues)

Mujeres y hombres en contra del acoso callejero (Femmes et hommes s'opposent au compliment des rues)

Le conflit de Crimée en 15 mèmes irrésistibles

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Au lieu d'explorer des compromis, les protagonistes en ligne du désaccord redoublent d'arguments, dérivent vite vers les menaces, les attaques ad hominem et les comparaisons avec Hitler. La divergence d'opinions tourne à la guerre de mots, de part et d'autre on est convaincu que l'adversaire est idiot et/ou fourbe. Rien de neuf ? Hélas, c'est ce qui se passe sur RuNet avec le conflit de Crimée. Mèmes et macros images se prêtent à la rhétorique extrémiste plus qu'à l'argumentation nuancée. Ce qui ne les empêche pas d'être parfois très drôles !

1.

"Polite. Russian. Yours" Anonymous image found online.

“Polis. Russes. A vous.” imahe anonyme trouvée en ligne.

Ce mème belliciste joue sur l'appellation facétieuse donnée aux troupes d'occupation anonymes de la Crimée : “les gars polis,” en reliant l'expression au slogan des Jeux Olympiques d'hiver, “Hot, Cool, Yours.” ["Chaud, Froid, A toi" ou moins littéral, "A la mode/sexy, Cool, à toi"]. Il n'est pourtant pas très indiqué de minimiser la signification des soldats russes sur le territoire ukrainien en insistant sur leur politesse. Polis peut-être, mais quand même munis de fusils.

2.

"Organized Russian tourists travel to Crimea en masse"

“Des touristes russes, organisés et en masse, arrivent en Crimée !” Image anonyme trouvée en ligne.

De même, les troupes russes ne viennent pas en touristes. On peut justifier que ce mème moque le refus hypocrite de Poutine de reconnaître la présence russe en Crimée, mais le mème ne semble apparaître que dans des contextes où il sert d'approbation tacite de la supercherie (le point d'exclamation est un indice.)

3.

Russian destroyer "The Polite." Word bubble reads "The Gracious and The Courteous are right behind me"

Le destroyer russe “Le Poli.” La bulle : “Je suis suivi par l'Aimable et l'Affable”. Image anonyme trouvée en ligne.

Autre exemple va-t-en guerre qui donne à “poli” un sens menaçant. La Russie possède bien une Flotte de la Mer Noire, beaucoup plus opérationnelle que celle de l'Ukraine (de fait, il y a deux jours seulement, la Marine russe a bloqué la base navale ukrainienne en coulant un vieux navire à son entrée [russe]). Ce mème est particulièrement amusant parce qu'il suit la convention des noms de navires dans la marine russe : tous les bâtiments légers de type destroyers sont appelés avec des adjectifs personnels (Rapide, Courageux, Intrépide, etc.)

4.

"We are just a people's militia"

“Nous sommes juste un détachement populaire” Image anonyme trouvée en ligne.

De l'autre côté, une image comme celle-ci est également contre-productive. Certes, elle est drôle parce que c'est une exagération de la prétention transparente de la Russie que ses troupes sont un élément d'une milice de Crimée “spontanée”. En même temps, elle nie toute existence à une véritable milice auto-organisée de Crimée (il y en a une), et fait monter les enchères de la mitraillette au missile balistique intercontinental.

5.

Leopard, Bunny, and Bear - Sochi Olympic Mascots.

Léopard, Lapin et Ours – Les mascottes olympiques de Sotchi. Image anonyme trouvée en ligne.

Encore une blague avec Sotchi. Plus difficile à classer, mais tout à fait utilisable des deux côtés. Voyez comme les Russes sont sanguinaires, même leurs peluches circulent en tank. Voyez comme les Ukrainiens sont nuls, il nous suffit de peluches pour les contrôler. Oui, les J.O. ont été entachés par les manoeuvres politiciennes et l'agression, le Père Noël n'existe pas.

6.

"Banderovsty are attacking Crimea!"

“Les bandéristes attaquent la Crimée !” Image anonyme trouvée en ligne.

La télévision russe déverse un flot de propagande sur la présence de soi-disants “bandéristes,” ou partisans du nationaliste ukrainien et criminel de guerre allégué Stepan Bandera parmi les contestataires qui ont renversé le gouvernement Ianoukovitch. Il est vrai que ces radicaux ne sont qu'en petit nombre parmi les contestataires, mais ils sont bruyants, ils existent, et ils sont hostiles aux Russes et à la culture russe. Mais une chose est sûre, il n'y a pas d'invasion de têtes géantes de Stepan Bandera sur des soucoupes volantes.

7.

"Maidan Self-Defence Forces.  The American company." Anonymous image found online.

“Auto-défense de Maïdan. L'escadre américaine.” Image anonyme trouvée en ligne.

Le canular de l'entrée d'une escadre américaine de porte-avions en Mer Noire est peut-être le plus dangereux de tous. Les mèmes 7 et 8, qui le perpétuent, servent à donner des espoirs infondés d'assistance militaire étatsunienne aux Ukrainiens, et des craintes injustifiées d'intervention militaire des USA aux Russes. Peu importe qu'en vertu des traités internationaux, il soit impossible à un porte-avions de pénétrer en Mer Noire. En outre, le titre est ironique, puisque certains Russes accusent déjà les Américains d'avoir organisé le mouvement de contestation de Maïdan.

8.

"#aquamaidan" (a play on #euromaidan). Anonymous image found online.

“#aquamaïdan” (jeu de mots sur #euromaidan). image anonyme trouvée en ligne.

9.

"[Eskimo] not conqueror, [Eskimo] guard" Anonymous image found online.

“Tchouktche [ethnie du Grand Nord] pas conquérant, Tchouktche défenseur” Image anonyme trouvée sur Internet.

Se moquer des troupes russes parce qu'elles sont multi-ethniques n'est peut-être pas la meilleure idée, si on veut convaincre le monde qu'on est pas un nationaliste xénophobe.

10.

Putin is a Nazi. Clearly.

Poutine est un Nazi. Evident. Image anonyme trouvée en ligne.

La dernière fois que vous avez comparé à Hitler quelqu'un avec qui vous étiez en désaccord, vous avez réussi à le convaincre de la justesse de vos arguments ?Moi non plus.

11.

"If Putin is Hitler, then shouldn't followers of Stepan Bandera listen to him?" Anonymous image found online.

“Si Poutine, c'est Hitler, les Bandéristes doivent-ils lui obéir ?” Image anonyme trouvée en ligne.

 Et ainsi va la “polémique”.

12.

Obama hungry. Obama eat Ukraine. Anonymous image found online.

Obama a faim. Obama dévore l'Ukraine. Image anonyme trouvée en ligne.

Minute, Poutine n'est pas le seul Evil Overlord (™) [Seigneur du Mal] !

13.

"Capitol Hill really needs a new exterior design" to make it look like the Kremlin. Anonymous image found online.

“Le Capitole américain a juste besoin d'un relooking” pour le faire ressembler au Kremlin. Image anonyme trouvée en ligne.

Quitte à être chauvin pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ?

14.

On the right,

A gauche, la “Compagnie d'auto-défense du canapé, #eurosofa” A droite, “Les troupes du canapé, le groupe de réaction lente.” Image anonyme trouvée en ligne.

Et ainsi la guerre continue à faire rage entre les “experts géopolitiques” russes et ukrainiens.

15.

I think the term of art is "puking rainbows." Anonymous image found online.

Image anonyme trouvée en ligne.

Mais quoi que vous fassiez, ne soyez pas avares de professions mielleuses d'amitié !

Quatre rumeurs et fausses nouvelles pour les amateurs russo-ukrainiens de complots

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Dead Cyborg-Yanukovich attacks American aircraft carrier in the Black Sea. Images remixed by author.

Ianoukovirch en cyborg revenu des morts attaque un porte-avions américain en Mer Noire. Montage d'images par l'auteur.

Les informations fiables sont une denrée rare ces jours-ci, quand les journalistes eux-même font leur marché de scoops sur les réseaux sociaux. Une simple blague, ou un canular assumé peuvent être propulsés au stade viral — en russe on appelle ça une “injection” d'information ou “vbros” (“информационный вброс”). Voici quelques tentatives plus ou moins réussies d'influer sur le discours public de RuNet en un temps de confusion et de guerre des mots.

1. Les fausses nouvelles ont démarré avant que les “forces d'auto-défense de Crimée” (très probablement des troupes ou mercenaires russes) ne commencent à prendre silencieusement possession de la péninsule, mais après qu'il soit devenu clair que la Crimée serait un lieu de ralliement essentiel pour l'anti-opposition. Le premier canular a été un décret qui aurait fuité du Président Ianoukovitch, s'adressant aux forces armées ukrainiennes et aux loyalistes du gouvernement. Ce décret a été publié [russe] par l'agence de presse d'Abkhazie ANNA-News, qui poursuit une couverture pro-Assad exhaustive de la guerre civile en Syrie. Etrangement, le texte a été publié en traduction russe, sans original en ukrainien, et, comme des blogueurs l'ont ensuite relevé [russe], appelait de façon erronée la Rada “Centrale” (le Parlement ukrainien) Rada “Suprême”. 

Dans ce décret, Ianoukovitch était supposé déclarer la Crimée sa nouvelle base d'opérations, et ordonnait aux membres loyaux du gouvernement et de l'armée de s'y présenter pour de nouvelles instructions, sous peine de mort et de crime de haute trahison. Il y déclarait aussi illégitime le gouvernement d'opposition, dissolvait le Parlement, invitait les attachés militaires étrangers à le rejoindre en Crimée, et prenait un certain nombre de mesures virtuelles qui, réelles, auraient probablement jeté le pays dans l'anarchie complète. L'information a été relevée par des blogueurs pro-russes, notamment el-murid [russe], un spécialiste auto-proclamé du Moyen-Orient et des situations de guerre. Mais elle n'est pas allée loin, sans doute du fait de sa totale excentricité. Il n'en reste pas moins que le moteur de recherche Yandex Blogs trouve quelque 3.000 résultats citant le texte du décret. Plus important, un blogueur a rapporté que le faux décret était lu à voix haute [russe] aux rassemblements pro-russes en Crimée, contribuant à un sentiment général d'instabilité et de chaos.

2. A peu près en même temps est apparue un autre dialogue fuité, attribué cette fois à deux membres radicaux de la nouvelle coalition politique qui gouverne l'Ukraine. Oleg Tyahnibok, chef du parti nationaliste “Svoboda,” et Dmitri Yaroch, chefs du mouvement nationaliste “Secteur de Droite” auraient été enregistrés en train de discuter de la “question russe” en Ukraine Orientale. Yaroch propose un plan d'action hardi, comportant une insurrection fomentée dans les régions de Russie bordant l'Ukraine, et l'armement de Tatars de Crimée extrémistes pour aller faire le djihad dans le Caucase. Il s'exprime aussi ouvertement contre l'intégration avec les “homos” en Europe. Si Yaroch a bien été filmé en train de vomir le pire discours xénophobe et nationaliste, même pour lui cette conversation paraissait un peu gonflée. Un blogueur a commenté [russe] :

По русски, от одного лица с лексикой какого-то студентика. Без симатий к персонажам, на какой уровень интеллекта рассчитана эта залепуха?

C'est en russe, à la première personne, avec un vocabulaire d'un étudiant de première année. Je n'ai pas de sympathie pour ces personnages, mais quel niveau d'intellect visent ces balivernes ?

Le niveau d'intellect importe peu dans ce genre de propagande : les gens ne croient pas tout ce qu'ils lisent, mais il reste toujours un tenace arrière goût de “et s'il y avait du vrai là-dedans ?”. Cet “enregistrement” est apparu sur plusieurs centaines de blogs (d'après Yandex Blogs), mais a surtout proliféré sur l'Internet général, avec plus de 80.000 résultats sur Google.

3. Une fausse information du côté ukrainien du conflit a beaucoup mieux fait mouche, quand l'activiste de Maïdan Mikhaïl Lebed a publié [russe] sur sa page Facebook que Victor Ianoukovitch était mort d'un arrêt cardiaque dans un hôpital de Rostov. La nouvelle était totalement imaginaire. Rien n'indique pour Lebed qu'il aurait eu accès à une information interne sur le président ukrainien assiégé. Il lui a pourtant suffi de citer un “ami” qui travaillerait dans un service d'urgences de Rostov, et les médias et les blogueurs étaient dans la poche. Après tout, s'ils n'en parlent pas et que c'est vrai, ce sont des nigauds. Et si tout le monde répète la fausse information sans la recouper, ils s'y sont tous mouillés.

Victor Yanukovich is in the hospital, Putin is checking his (naughty) x-ray, while Medvedev is Instagramming. A triple whammy. Anonymous image found online.

Victor Ianoukovitch est à l'hôpital, Poutine examine sa radiographie (coquine) et Medvedev fait de l'Instagram. D'une pierre trois coups. Image anonyme trouvée en ligne.

Le post de Lebed a été partagé plus de 1.500 fois, mais au moins les premiers commentaires sur son nouveau statut étaient un brin méfiants, lui demandant s'il s'était fait “pirater” ou “torturer.” Un homme a écrit [russe] que si la nouvelle s'avérait mensongère, il cesserait d'être ami avec Lebed. (elle l'était, mais il ne s'est pas exécuté). En ce moment même, une recherche “Ianoukovitch est mort” en russe sur Google donne plus de 200.000 résultats. Il a beau avoir fixé [russe] une nouvelle conférence de presse au 11 mars, les rumeurs de sa mort persistent. Elles travaillent à saper les prétentions novices de légitimité russe dans la crise de Crimée : si Ianoukovitch est mort, comment peut-il être embarqué dans l'invasion ?

"-Victor, I told them you haven't died... -Thanks! -...haven't died yet" Anonymous image found online.

“-Vitia, je leur ai dit que tu n'es pas mort…
-Merci !
-…pas encore mort “
Image anonyme trouvée en ligne.

4. Un autre faux extrêmement réussi s'est bercé de voeux pieux tout comme le N° 3 le faisait d'espoirs de disparition finale de Ianoukovitch. C'était l'idée que le porte-avions USS George H. W. Bush, fort de sa flottille d'attaque de 17 navires, a pénétré en Mer Noire, ou est sur le point de le faire, afin d'exercer une pression militaire sur Vladimir Poutine. Le G.H.W. Bush n'en fait évidemment rien, mais la persistance de ce canular est ahurissante quand on compte tous les présupposés pour y croire. Les Etats-Unis devraient pour cela décider, non seulement de renoncer à une solution diplomatique à la crise pour une escalade du conflit, mais encore de le faire de la pire façon. Au lieu de faire décoller des avions de l'OTAN d'Europe Orientale, une escadre de porte-avion serait mise en danger dans le cul-de-sac mortel qu'est la Mer Noire.

Au delà, quid de la Convention de Montreux, qui restreint la présence navale en Mer Noire aux pays riverains ? Pour passer les détroits du Bosphore, un pays comme les USA doit demander son autorisation à la Turquie, et seuls les navires jaugeaunt moins de 45.000 tonneaux ont permission d'entrer. Un porte-avions est hors norme. Ensuite, il y a bien sûr le pont sur le Bosphore, qui met une limite physique à la hauteur d'un bateau de passage. A plus de 70 mètres, les porte-avions ne peuvent guère passer en-dessous, ou forcer le passage, selon le [russe] côté [russe] de la guerre de mots où on se trouve.

La nouvelle a été lancée sur les blogs et groupes de réseaux sociaux ukrainiens, comme “This is Kiev, Baby!” de VKontakte, qui a publié [russe] des vidéos prises au hasard sur YouTube de porte-avions en prétendant qu'ils faisaient route en Mer Noire. En trois jours, il y a eu trois [russe] posts [russe] du genre [russe] sur le groupe, dont le plus populaire a obtenu plus de 2.500 commentaires et 5.000 j'aime. L'inspiration d'origine semble être la récente visite de l’USS Bush en Grèce. Un Ukrainien impatient a même écrit sur la page Facebook du porte-avions : “chers amis ! bienvenue en Ukraine ! nous attendons pour vous [sic].”

Pour ne pas être en reste dans la course aux frayeurs, des blogueurs russes ont aussi voulu broder sur l'information. Le blogueur de LiveJournal Sergueï Nikitskiy a écrit [russe] un long billet sur la déroute du porte-avions, en s'efforçant de prouver qu'une escadre de porte-avions pouvait entrer en Mer Noire, et le ferait, même au prix d'une violation des conventions internationales (Les USA ont de mauvais antécédents dans ce domaine, défend Nikitsky). Il a aussi demandé à ses lecteurs s'ils croyaient que la Troisième Guerre Mondiale pouvait commencer à propos de la Crimée. La majorité a dit non.

A l'approche du référendum de Crimée, dont la légitimité est déjà contestée, on peut s'attendre à encore plus d'informations erronées et totalement bidon. “Douter de tous” n'a jamais été autant d'actualité.


Netizen Report : Des journalistes ukrainiens plongent à la recherche des documents de Ianoukovytch

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Yanukovych documents float in reservoir. Photo by @aronets via Twitter.

Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Lisa Ferguson, Solana Larsen, Hae-in Lim, Sarah Myers, Bojan Perkov et Sonia Roubini ont participé à l’élaboration de ce rapport.

[Les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]
Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Cette édition s’intéresse tout d’abord à l’Ukraine où un groupe de journalistes a déployé de nombreux efforts après que Viktor Ianoukovytch a quitté sa propriété en dehors de Kiev, afin de documenter la situation et de préserver les preuves de corruption de son gouvernement. Le groupe a mis en sûreté des dizaines de milliers de documents découverts sur place (dont beaucoup avaient été jetés dans un réservoir proche) qu’il publie désormais en ligne. Parmi ces documents se trouvent des reçus pour de millions de dollars en liquide, une liste noire d’employés des médias locaux et des plans concernant une répression militaire contre les manifestants.

Liberté d’expression : Google débouté dans l’affaire de la vidéo « L’innocence des musulmans »

Une cour d’appel fédérale des États-Unis a ordonné à Google de retirer de YouTube « L’innocence des musulmans », un film islamophobe ayant déclenché une polémique. Une des actrices avait déposé plainte contre Google et demandé le retrait de la vidéo au titre de son droit d’auteur. Selon l’Electronic Frontier Foundation, la décision est problématique car elle fait primer le droit d’auteur sur la liberté d’expression. Cette décision de justice a également eu des conséquences positives : elle a donné un souffle nouveau aux efforts déployés par l’ONG pakistanaise de défense des libertés numériques Bytes for All qui fait pression sur les autorités pakistanaises pour qu’elles mettent fin à l’interdiction de YouTube dans le pays. En effet, cette vidéo aurait donné lieu à la décision de bloquer l’intégralité du site.

Des activistes mexicains ont confirmé que les autorités, en collaboration avec l’ambassade des États-Unis à Mexico et avec la rapide assistance du fournisseur de noms de domaine GoDaddy.com, avaient censuré 1DMX.org, une plateforme d’information où les internautes peuvent laisser des commentaires et engager des discussions, utilisée notamment lors des troubles sociaux début décembre 2013.

L’agence chargée de surveiller Internet en Russie a fermé 13 pages web du site VKontakte qui présentaient un lien avec les manifestations en Ukraine en avançant que ces pages concernaient des « activités terroristes » et la « participation à des actions de masses non autorisées »

Des journalistes et des groupes de défense des droits de l’homme critiquent une proposition de loi au Timor oriental qui violerait la liberté d’expression. Cette proposition, introduite au Parlement il y a deux semaines, supposerait la création d’un conseil de la presse qui superviserait le travail des reporters et limiterait la définition de « journaliste » à ceux travaillant pour les médias institutionnels.

En Espagne, un avant-projet de loi modifiant la réglementation relative à la propriété intellectuelle souhaite introduire une « taxe Google » pour les agrégateurs qui restreindrait l’utilisation de « fragments insignifiants » de contenu en ligne sans l’autorisation des ayants droits. La nouvelle loi conférerait aux auteurs un droit « inaliénable » à des compensations même pour des travaux publiés sous licence Creative Commons.

Violences : un bracelet électronique pour le blogueur russe le plus controversé

Un juge russe a assigné à résidence Alexey Navalny, figure de l’opposition et blogueur, en lui interdisant d’utiliser Internet ou le téléphone pour deux mois. Alexey Navalny, qui a utilisé les réseaux sociaux pour coordonner des manifestations contre le Kremlin, était accusé d’avoir enfreint les termes d’une interdiction de voyage après avoir participé à une manifestation pacifiste contre le premier ministre Vladimir Poutine.

Au Vietnam, le blogueur Truong Duy Nhat a été condamné à une peine de prison pour avoir publié en ligne des critiques contre le gouvernement dirigé par le parti communiste.

Surveillance : procès relatif au travail de Cisco avec le gouvernement chinois classé

Une cour fédérale de district des États-Unis a classé l’affaire présentée par Du Daobin, un écrivain et défenseur des droits de l’homme de nationalité chinoise, contre le fabricant d’équipement de réseau Cisco pour avoir délibérément aidé le gouvernement chinois à déployer le Grand pare-feu de Chine, un système de surveillance et de censure en ligne. La cour a décrété que la participation de Cisco à ce système était une « question politique » qui n’était pas de sa juridiction. En outre, la cour a prononcé qu’il ne lui appartenait pas de juger si le gouvernement chinois était coupable de violations des droits de l’homme.

Selon The Guardian, des employés de l’agence de surveillance britannique GCHQ, aidés par la NSA, ont intercepté des chats par webcam de plus de 1,8 million d’utilisateurs de Yahoo du monde entier dans le cadre d’un programme appelé Optic Nerve. Entre 2008 et 2010, le programme était utilisé pour collecter en masse des images capturées par des webcams, stockées ensuite dans les bases de données du GCHQ. Un rapport du New York Times indique qu’un document interne de l’agence démontre qu’Optic Nerve était toujours actif en 2012.

Activisme et internautes

#KholoBC, une vidéo de rap dénonçant la censure d’Internet au Pakistan, est devenue virale sur les réseaux sociaux pakistanais. La vidéo fait explicitement référence au blocage de YouTube qui dure depuis déjà longtemps.

Le 25 février, aux Philippines, des citoyens ont manifesté contre la nouvelle loi sur la cybercriminalité.

Lors de l’audience du 19 février, la Cour suprême des Philippines a confirmé la constitutionnalité de la loi qui définit la diffamation en ligne et la sanctionne.

Les développeurs open source et les défenseurs des libertés numériques au Venezuela ont lancé une pétition insistant sur l’importance de la neutralité d’Internet et de la liberté d’expression en ligne dans leur pays. Visitez le site et signez la pétition.
Publications et études

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Répression en Russie à la veille du référendum de Crimée

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Vladimir Zhirinovsky, bemoaning the lack of "calm" on Russia's streets, images mixed by Kevin Rothrock.

Vladimir Jirinovski déplorant le manque de “tranquillité” des rues de Russie, montage photographique de Kevin Rothrock.

Des mois après le début des manifestations de Maïdan à Kiev, le politicien russe Vladimir Jirinovski a prononcé un discours [russe] à la Douma, pour fustiger les blogueurs et opposants russes qui perturbent la “tranquillité” de la nation. Jirinovski, le trublion à la tête du mal nommé parti Libéral-Démocrate de Russie, a distingué la militante écologiste Evguenia Tchirikova, l'homme politique Boris Nemtsov, et le blogueur anti-corruption Alexeï Navalny, affirmant que ces deux derniers devraient être mis aux arrêts domiciliaires en vue de faire revenir le calme en Russie. (Jirinovski a cité comme précédent les arrêts domiciliaires de l'opposant Sergueï Oudaltsov pour débarrasser les rues des Russes politiquement gênants.)

Au moment du discours de Jirinovski, Boris Nemtsov purgeait une peine de dix jours de prison après son arrestation à une manifestation non autorisée à Moscou. Un tribunal n'a pas attendu pour condamner Navalny, co-détenu avec Nemtsov, aux arrêts domiciliaires sur des charges douteuses d'avoir enfreint les restrictions à son mouvement à l'intérieur de Moscou. Le blogueur le plus éminent de Russie se voit désormais interdire d'utiliser Internet ou de parler à d'autres que sa famille.

Des mesures qui ont coïncidé avec la montée des hostilités en Crimée, où le Kremlin aurait déployé des milliers de soldats en violation de ses accords de stationnement avec le gouvernement ukrainien. Le nouveau parti politique de Navalny a, accessoirement, déclaré avec fermeté son opposition [russe] à l'intervention russe en Ukraine.

Dans une note [russe] sur Facebook la semaine dernière, M. Nemtsov a lui aussi exprimé son opposition à une guerre avec l'Ukraine :

Пока я под арестом, Совет Ярославской Думы (!!!!)поддержал решение Совета федерации о вводе войск на территорию Украины. Единогласно. Так вот, господа депутаты. Я категорически против ввода российских войск. Я категорически против братоубийственной войны с Украиной.

Pendant que je suis aux arrêts, le Conseil de la Douma de Iaroslavl (!!!!) a soutenu la décision du Conseil de la fédération sur l'entrée des troupes sur le territoire de l'Ukraine. A l'unanimité. Alors, messieurs les députés, je suis catégoriquement contre l'entrée des troupes russes. Je suis catégoriquement contre la guerre fratricide avec l'Ukraine.

Au début de ce mois, l'organisation de “défense écologique” basée à Moscou d'Evguenia Tchirikova a rejoint une déclaration anti-guerre [russe] de plusieurs ONG ukrainiennes.

“15 mars 2014, Moscou, Marche de la Paix,” bannière de l'événement Facebook.

Pendant que la répression met hors circuit les leaders de la société civile de Russie, les regards se tournent maintenant vers le 15 mars, jour où les Moscovites manifesteront contre l'intervention russe en Ukraine, à la veille du vote des électeurs de Crimée sur la sécession ou une autonomie élargie. Au moment d'écrire cet article, environ 2.600 utilisateurs de Facebook ont répondu à l'invitation pour le rassemblement de Moscou. 22.000 autres ont été invités.

L'Union Européenne publie une étude détaillée sur la violence contre les femmes

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Convocatoria de la presentación del Informe sobre «Violencia contra las mujeres en la UE». Foto de la página de la Agencia de Derechos Fundamentales de la UE en Facebook, utilizada con autorización.

L'Agence des Droits Fondamentaux (FRA) dévoile son rapport sur la violence envers les femmes en Europe. Photo de la page Facebook de l'Agence des Droits Fondamentaux, avec son autorisation.

[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais]

Le 5 mars dernier, l'Agence des Droits Fondamentaux de l'Union Européenne a publié les résultats d'une étude sur la violence contre les femmes [pdf], la plus complète jamais entreprise à ce jour. Réalisée en même temps dans toute l'Europe, c'est la première fois que l'on dispose de données comparatives par pays sur les types de violences subies par les femmes au sein de la famille, au travail, en public et sur internet ainsi que sur les effets induits sur leurs vies et sur les moyens par lesquels les victimes réagissent à l'agression. 

Le rapport se base sur 42 000 entretiens directs avec des femmes vivant en Union Européenne âgées de 18 à 74 ans, et fait apparaître quelques chiffres surprenants. Selon une vidéo qui accompagne le rapport, “les résultats démontrent que l'échelle des violences contre les femmes européennes est importante, et ne peut tout simplement pas être ignorée.” Pour citer Mortem Kjaerum, le directeur de l'Agence des Droits Fondamentaux:

La enormidad del problema prueba que la violencia contra las mujeres no afecta solo a unas pocas: tiene impacto en la sociedad todos los días. Por tanto, políticos, sociedad civil y trabajadores de primera línea tienen que evaluar medidas que traten cualquier forma de violencia contra la mujer, donde sea que se produzca.

L'énormité du problème est la preuve que la violence faite aux femmes ne touche pas qu'un petit nombre d'entre elles- elle touche la société au quotidien. C'est pourquoi, les politiciens, la société civile et les intervenants de première ligne doivent revoir les mesures employées pour s'attaquer aux violences à l'égard des femmes d'où qu'elles proviennent [sic]

Morten Kjaerum, director de la FRA, se dirige a los asistentes a la presentación del informe. Foto de la web de la FRA, utilizada con autorización.

Morten Kjaerum, Directeur de l'Agence des Droits Fondamentaux, s'adresse au public qui assistait à la présentation du rapport. Photo tirée du site de l'Agence des Droits Fondamentaux, avec son autorisation. 

Quelques chiffres résument l'étude:

  • 33% des femmes de plus de 15 ans ont subi des violences physiques et/ou sexuelles, et 5% ont été violées.
  • 55% des femmes de plus de 15 ans ont souffert d'une forme ou d'une autre de harcèlement sexuel (baisers, caresses ou attouchements non désirés).
  • 75% des femmes qui occupent des postes à responsabilité ou qui ont un niveau de qualification professionnelle élevé ont subi un harcèlement sexuel à un moment ou un autre de leur vie.
  • 11% des femmes ont subi des avances déplacées sur les réseaux sociaux ou ont reçu des courriels ou des SMS explicitement sexuels
  • 67% ne se sont pas adressées à la police ou autres organisations pour dénoncer des violences graves de  la part de leur partenaire.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, les pays qui enregistrent le plus fort pourcentage de violence contre les femmes sont les pays du nord de l'Europe: Danemark (52%), Finlande (47%) et Suède (46%), alors que la Hongrie (22%), l'Autriche (20%) et la Pologne (19%) montrent des taux beaucoup plus faibles. L'Espagne avec 22% se situe bien en dessous de la moyenne:

Porcentaje de mujeres, por países miembros de la UE,  que afirman haber sufrido «violencia física o sexual por parte de su pareja u otra persona desde los 15 años». Imagen de la Agencia de Derechos Fundamentales de la UE, utilizada con autorización.

Pourcentage de femmes, par pays membre de l'Union Européenne, qui disent avoir supporté “la violence physique ou sexuelle de la part de leur partenaire ou d'une autre personne après l'âge de 15 ans.” Illustration reproduite avec l'aimable autorisation de l'Agence des Droits Fondamentaux.

Il semble paradoxal que les pays scandinaves, qui ont le plus fort taux d'égalité entre les sexes, aient également le plus fort taux de violence faite aux femmes. Blanca Tapia, porte-parole de l'Agence des Droits Fondamentaux, explique dans le journal El diario [es] cette apparente contradiction:

En países como Finlandia, Dinamarca, Suecia o Francia es más aceptable culturalmente hablar de violencia de género y, por lo tanto, las mujeres la declaran más. Las mujeres de los países nórdicos tienen mucha conciencia de género, saben que son iguales en derechos a los hombres y tienen claro que no tienen que aguantar ciertas cosas. No pasan ni una.

Dans des pays comme la Finlande, le Danemark, la Suède ou la France, il est culturellement admis de parler de la violence faite aux femmes, et les femmes vont plus facilement la dénoncer. Les femmes des pays du nord sont plus conscientes de l'égalité des sexes; elles savent qu'elles ont les mêmes droits que les hommes et il est clair pour elles qu'il y a des choses qu'elles ne doivent pas accepter. Elles ne laissent pas passer les choses.

Le rapport a provoqué des réactions chez les européens. Certains mettent en doute la véracité des chiffres et posent la question de savoir ce qui est considéré comme une agression. L'abonné DENUNCIAR a laissé le commentaire suivant sur le site internet du journal 20 minutes [es]:

ya sabemos como hacen las encuestas estas feministas, si se pelean por el mando de la tele se considera violencia machista

nada nuevo bajo el sol

otra noticia para manipular nuestras mentes en el siglo dorado del feminazismo

On sait bien comment ces études féministes sont faites, une dispute pour la télécommande de la télévision est considérée comme une violence machiste

rien de nouveau sous le soleil

un nouveau gros titre pour manipuler les esprits à l'âge d'or des féminazies

Dans le journal  Público, chochialimmoomuelte fait le commentaire suivant [es]:

¿¿Una de cada cinco mujeres no sabe que si la violan tiene que ir a la policía??

¿¿Decir “no te quiero” a alguien es violencia machista??

¿¿Los abrazos son acoso??

¿¿ La “violencia contra las mujeres” se da “todos los días en todas partes”??

Desde luego, cada vez os cuesta más justificar las subvenciones al chiringuito feminazi.

Las mujeres inteligentes deberían indignarse ante esta basura que se publica en las que se las trata como si fueran imbéciles

Une femme sur cinq ne sait pas qu'elle doit porter plainte à la police si elle est violée??

Dire “Je ne t'aime pas” est une violence machiste??

Les caresses sont du harcèlement??

“La violence contre les femmes est quotidienne et se passe partout”??

Bien sûr il devient de plus en plus difficile de justifier les subventions de vos tribunes féminazies.

Les femmes intelligentes devraient être outrées de ces conneries publiées qui les prennent pour des imbéciles.

Madame X répond ainsi [es] aux sceptiques, sur la même page web:

Por supuesto que un piropo grosero es una agresión. Es humillante que te digan una grosería y la humillación es una forma de maltrato. Cualquier tío se ofendería si otro le dice una grosería a su novia, a su madre o a su hermana, ¿o me lo vais a negar? Entonces si eso os ofende o molesta cuando va dirigido a una mujer de vuestro entorno afectivo, ¿cómo algunos tenéis la cara dura de cuestionar que eso sea una agresión a la afectada?

Evidemment qu'un commentaire grossier est une forme d'agression. C'est humiliant de se faire dire quelque chose de grossier, et l'humiliation est une forme de maltraitance. N'importe quel mec serait outré que quelqu'un traite grossièrement sa petite amie, sa mère ou sa soeur – vous ne pouvez pas dire le contraire? Alors si cela vous dérange quand il s'agit d'une femme qui vous est chère, comment certains d'entre vous peuvent-ils avoir le culot de se demander si la femme se sent harcelée?

Sur Twitter, Lau publie un graphique qui explique en détails les différentes sortes de violences commises contre les femmes:

Et je ne parle pas seulement de celles qui reçoivent des claques ou qui sont violées. La violence machiste est structurée.

[La pyramide décrit une progression qui va des formes subtiles comme la publicité sexiste ou le fait d'ignorer les femmes à des formes plus explicites comme les insultes, le viol et même le meurtre.]

Don Mitxel Erregea s'interroge sur le rôle des religions:

Je me demande si la violence machiste a quelque chose à voir avec les religions qui associent la femme au Diable.

En Espagne, les restrictions de budget faites par le gouvernement actuel ont des conséquences sur les programmes publics de protection des femmes [es]:

[La Ley de Tasas] elimina la falta por “vejaciones injustas” que suele ser el primer paso en los casos de maltrato, se sugiere la mediación en los casos de violencia de género. Esto pondría en riesgo a la víctima y se solicita que la condena del agresor sea una multa

[La loi sur les frais de justice] élimine le délit pour “traitement injuste” qui est généralement le premier pas dans les cas de maltraitance, et suggère une médiation dans les cas de violence contre les femmes. Ceci placerait les victimes dans une position risquée et l'agresseur ne serait condamné qu'à une amende.

En Espagne, 48 victimes des violences contre les femmes sont mortes en 2013. A ce jour, en 2014, 14 femmes ont été tuées par leurs partenaires.

CLC 2014 : Coder pour les langues sous représentées sur Internet

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[Tous les liens renvoient vers des pages en anglais.]

Cet article est reproduit avec l'autorisation du blog Global Native Networks.

Il y a 26 ans déjà, Gayatri Chakravorty Spivak questionnait la politique de représentativité dans son essai post-colonialiste emblématique, Can the Subaltern Speak?["Les subalternes peuvent-is parler ?"] . J'ai relu l'essai lorsque j'ai appris qu'un atelier allait avoir lieu pour offrir aux locuteurs de langues sous-représentées des outils permettant que leurs langues soient reconnues par les technologies numériques. Au moment où l'université d'été 2014 “Coder pour les communautés linguistiques” représente une chance importante de créer un espace numérique plus inclusif, peut-il éviter les paradigmes d'expression et d'égocentrisme occidentaux datés qui gouvernent l'Internet ? Paraphrasant Spivak, je demande : les subalternes peuvent-ils coder ? 

Ce n'est pas un secret qu'une poignée de langues dominent l'espace en ligne. Un billet publié en octobre dernier par András Kornai dans le journal PLOSOne (judicieusement intitulé “Digital Language Death” [la mort numérique de la langue]) relevait que moins de cinq pour cent des langues mondiales actuelles sont utilisées en ligne.

Hors ligne, environ 7 776 langues sont usitées quotidiennement. Afin d'établir combien étaient présente en ligne, Kornai a développé un programme pour délimiter les domaines principaux du web et lister le nombre de mots dans chaque langue. Les résultats reflètent, d'après Kornai, “la preuve d'une extinction massive, causée par la fracture numérique.”

Confronté aux chiffres, il est difficile de ne pas conclure que les nouveaux outils numériques perpétuent l'altération structurelle des peuples indigènes. Alors que les nouvelles technologies apportent souvent d'immenses bénéfices aux communautés locales pour leur quotidien, santé et préservation de leur culture, leurs interfaces sont définies dans d'autres langues, lois de propriété intellectuelle, normes culturelles de partage et de communication. Ainsi, l'Internet — et ceux qui le développent — perpétue cette violence épidémique, qui accélère la destruction des manières non occidentales de voir le monde.

Assistez à l'université d'été 2014 CIDLeS : Coder pour les communautés linguistiques, une conférence qui vise à donner à chacun la capacité de s'impliquer dans les espaces numériques dans sa propre langue. D'après le site du CIDLes, la conférence réunira trois groupes de participants :

  • Les locuteurs de langues actuellement non reconnues par les technologies linguistiques et souhaitant utiliser leur langue sur les appareils électroniques ;

  • Les étudiants en linguistique et disciplines connexes qui veulent apprendre le développement de logiciel ;

  • Les développeurs de logiciels et étudiants en informatique intéressés pour soutenir les langues peu présentes en ligne par les outils technologiques.

L'université d'été, qui aura lieu du 11 au 15 aout au sein du “Parque Natural das Serras de Aire e Candeeiros” [PT] près de Minde, au Portugal, rassemble certains grands noms du domaine émergent de la diversité linguistique en ligne. Ces experts feront office de mentors pour les participants à l'université d'été.

Par exemple, Kevin Scannell, mieux connu pour son projet Indigenous Tweets, aidera les étudiants à “transformer un corpus de données en correcteurs orthographiques.” Les étudiants vont apprendre comment trouver, clarifier et coder les données à partir du web, ensuite créer des listes de fréquence, ajouter la morphologie, afin de produire des extensions Firefox/OpenOffice.

Bruce Birch, un linguiste travaillant sur les langues de la famille linguistique Iwaidjan parlée en terre d'Arnhem [Territoire du Nord, en Australie], travaillera sur une application mobile pour la collecte et la publication collaboratives des données. Parmi ses idées figurent des applications pour données lexicales, recueils d'expressions, histoires et autres données issues des langues menacées d'extinction. Vous apprendrez comment développer une base de données pour le contenu et comment permettre aux utilisateurs de publier et partager leur contenu.

Un collègue ingénieur informatique à San Francisco m'a dit un jour “coder nous rendra libres.” Spivak — qui arrivait à la conclusion que les subalternes ne pouvaient pas prendre la parole — ne serait probablement pas d'accord. Elle avançait l'argument que même les tentatives les plus bienveillantes des intellectuels pour “donner une voix aux sans-voix” s'inscrivaient nécessairement dans le cadre d'un projet colonial élargi. Spivak pourrait faire des critiques similaires au sujet d'interventions même bien intentionnées des génies de la technologie pour concevoir des espaces de représentation en ligne pour les personnes marginalisées. En utilisant les méthodes proposées par le CLC 2014, pouvons-nous instiller dans la Silicon Valley des contre-discours qui s'opposent aux discours dominants sur le numérique ?

Nombre de pratiques populaires sur Internet (email, Facebook, Twitter, etc) demeurent des pratiques essentiellement textuelles ; cependant, quelques langues indigènes et minoritaires trouvent leur expression principalement à travers le mot prononcé (voir un article récent sur l'Inuktitut et Twitter). Comment peut-on concevoir un espace numérique plus inclusif laissant place autant aux langues parlées qu'écrites ? 

Enfin, CLC 2014 m'apparaît être une première étape pratique dans la création d'un embryon de locuteurs de langues minoritaires équipés pour élaborer des outils numériques qui s'adaptent à ces langues. Face à cette imminente “disparition linguistique de masse,” mieux vaudrait mettre Spivak de côté pour l'instant et agir pour étudier quelques codes sources.

Alors, les subalternes peuvent-ils coder ? Je vous encourage à vous inscrire au CLC 2014 et à en tirer vos conclusions.

Cliquez ici pour en savoir davantage sur l'université d'été “Coder pour les communautés linguistiques” ou remplissez le formulaire de participation maintenant. Pour plus d'informations, veuillez contacter clc2014@cidles.eu.

Technologie et expats au Kenya

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Le blog White African s’intéresse aux acteurs du secteur technologique et aux expatriés vivant au Kenya : [lien en anglais]

Imaginons que vous soyez un designer web installé à Seattle. Vous pensez que le fait que vous soyez originaire du Kenya intéresse quelqu’un ? Non, les gens se préoccupent juste de savoir si vous êtes compétent.

Si vous êtes programmeur, de nationalité américaine et que vous vivez à Nairobi, est-ce que les gens s’intéressent au fait que vous veniez des États-Unis ? Oui, pour une raison que j’ignore, ça compte. Vous êtes jugé sur l’endroit d’où vous venez et sur vos qualifications.

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