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Recherches du vol MH370 : Les promesses non tenues du Premier Ministre australien

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Ocean Shield deploys the Bluefin 21 underwater vehicle

L'Ocean Shield déploie le véhicule sous-marin Bluefin 21
Page Flickr officielle de la Marine américaine [CC-BY-2.0]

L'actuel Premier Ministre australien Tony Abbott n'est pas le seul à aspirer au statut de célébrité mondiale. Son prédécesseur Kevin Rudd aimait parader devant une audience planétaire. Pour autant, la récente incursion de Tony Abbott dans les eaux politiquement dangereuses de la recherche et du renflouage d'avion a réveillé de nombreux cyniques et détracteurs de son pays.

Les recherches de l'avion disparu du vol malaisien MH370 se sont déroulées dans l'océan au large de Perth. Sous les feux des médias mondiaux pendant sa visite en Chine, M. Abbott annonçait, triomphant, le 12 avril que :

Nous sommes sûrs de connaître la position de la boîte noire de l'enregistreur de vol avec une précision de quelques kilomètres, mais la certitude de la position approximative de la boîte noire n'est pas la même chose que la récupération de l'épave à une profondeur de presque quatre kimomètres et demi sous la mer.

Les Chinois ont été particulièrement intéressés puisque la majorité des passagers étaient de Chine.

Un gros défi devant lequel il a paru reculer lorsqu'il s'est adressé aux médias le 28 avril :

Jadis “confiant et victorieux” de trouver la boîte noire du MH370, le premier ministre australien Abbott à présent “perplexe et déçu” que les recherches ont fait chou blanc

Beaucoup y ont vu une reculade :

Pourquoi Tony Abbott a-t-il raconté à la face du monde il y a quelques semaines qu'il était “certain” que l'armée australienne avait trouvé la boîte noire de l'avion ? #politique australienne

Abbott ne croit pas avoir dit en Chine que l'Australie avait retrouvé le MH370……. mais c'est ce que le monde a retenu de ses paroles

Sans craindre d'en rajouter dans l'hyperbole, le Premier Ministre a persévéré lors de sa prestation médiatique :

Abbott : “Ce sont probablement les recherches les plus difficiles de l'histoire de l'humanité.” 

#MH370 Abbott est donc sans vergogne ? Un peu de respect pour les familles, arrêtez l'hyper médiatisation ?

Un thème n'a pas tardé à émerger sur Twitter : celui d'une tentative supposée de distraire le public australien de scandales ravageurs autour de collègues de son Parti Libéral, soulevés par la Commission Indépendante de la Corruption [ICAC] de Nouvelle Galles du Sud. Après la démission du Premier Ministre de cet Etat la semaine précédente, de nouvelles têtes politiques sont tombées pour blanchiment d'argent.

Mdr L'annonce sensationnelle de 14h d'Abbott sur le MH370 Quelle blague, une diversion des allégations de blanchiment à l'ICAC #politique australienne

Abbott a déclaré les recherches du MH370 “les plus grandes recherches de l'histoire de l'humanité”. Mais les recherches de l'ICAC à l'intérieur du Parti Libéral pourraient les éclipser #politique australienne

Tony Abbott est prêt à payer ce que coûtera son machisme, mais certains trouvent que c'est du gaspillage :

Il y a 19 jours les responsables australiens espéraient retrouver l'épave du MH370 “en quelques jours”. Maintenant on parle de mois. Et de 60 millions de dollars de dépenses.

La zone de recherches a été élargie une fois de plus, malgré le scepticisme mondial croissant :

Abbott nous dit en substance qu'il n'ont pas la moindre idée de l'endroit où se trouve le MH370  


Pour mettre fin au travail de vidage des toilettes par les femmes, en Inde

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Manual scavenging is illegal in India. Yet, the practice continues to exist in pockets. Image courtesy UNICEF India

La récupération manuelle des déjections est illégale en Inde mais la pratique continue d'exister. Cette femme du district de Moradabad, Uttar Pradesh, transporte des déjections humaines pour leur élimination. Image cédée par UNICEF Inde.

Tous les liens associés à ce post renvoient à des pages en anglais, sauf mention contraire.

La récupération manuelle des déchets, ou l'enlèvement manuel des déjections humaines des toilettes sèches, continue d'exister dans des petites régions en Inde malgré des lois contraignantes  [pdf]. Une équipe de blogueurs, dont des membres de Global Voices, a visité quelques villages du district de Moradabad, Uttar Pradesh, Inde. Elle a pu en apprendre plus sur cette pratique illégale et déshumanisante qui perdure.

En partenariat avec l'UNICEF, le gouvernement indien a lancé un programme ambitieux et faisant appel à la communauté pour un effort d'assainissement total – le programme Nirmal Bharat Abhiyan (NBA), qui vise à faire cesser la défécation en plein air d'ici 2017. Un post précédent de Global Voices décrivait comment la campagne #poo2loo (#CrottesAuxToilettes) d'UNICEF Inde utilise des méthodes innovantes pour sensibiliser la population urbaine et éveiller la reflexion sur le problème de la défécation en plein air.

Cependant, outre l'influence des campagnes sur les normes traditionnelles pour faire cesser la défécation en plein air et construire des infrastructures d'installations sanitaires dans tout le pays, le programme NBA traite aussi des méthodes hygiéniques pour l'élimination des déchets solides et liquides. Et c'est dans ce contexte que l'équipe de blogueurs a appris comment les “toilettes sèches” traditionnelles n'étaient pas hygiéniques. De plus, ces régions manquant d'un réseau d'assainissement correct, ce type de toilettes encourageaient la méthode d'élimination illégale des déjections – par leur récupération manuelle. 

A traditional dry toilet in a village of Uttar Pradesh, India, that requires manual scavenging to clean. Image by author

Des toilettes sèches dans un village à Uttar Pradesh, Inde, nécessitant la récupération manuelle des déchets pour être nettoyées. Image par Aparna Ray.

L'officier du Conseil du District de Moradabad, Uttar Pradesh, Inde, a expliqué pourquoi, selon lui, les toilettes sèches (toilettes sans système de chasse) étaient pires que la défécation en plein air. Il a souligné que la défécation en plein air dans les villages avaient généralement lieu dans les champs ouverts ou les zones boisées, loin des habitations humaines, mais que dans les toilettes sèches traditionnelles, les déjections restaient dans un espace ouvert dans l'enceinte de la maison, contribuant à répandre les maladies plus rapidement au sein de la communauté (vu que les déjections attirent les mouches, qui se posent ensuite sur la nourriture, etc). 

En réalité, il s'agissait d'une des raisons pour lesquelles de nombreuses familles ont préféré ne pas avoir de toilettes dans leur habitation. De plus, ce type de toilettes sèches nécessite aussi des récupérateurs manuels des déjections pour leur élimination, un travail “sans dignité et illégal”.

Mayank Jain from Youth Ki Awaaz était l'un des blogueurs sur le terrain lors de la visite. Il a écrit au sujet de son expérience :

Les toilettes sèches sont l'un des problèmes les plus sérieux que j'ai rencontrés dans ma vie. Ceux qui sont timides ou qui ne veulent pas aller faire leurs besoins à l'extérieur choisissent ce moyen où ils peuvent laisser leur déjections fécales dans un coin de la maison et le matin, une personne vient les récupérer et laver les toilettes, puis transporte les déchets sur leur tête et les décharge loin de l'habitation. Le travail n'est rémunéré que de 30 roupies pour 6 mois ! Il s'agit d'un crime, inhumain, qui a lieu dans tous les villages et c'est une cause massive de maladies et de problèmes de santé publique. La population ne réalise pas combien il est non hygiénique de vivre avec ses propres déjections dans la maison et celles qui les transportent sur leur tête sont perpétuellement malades de la diarrhée ou d'empoisonnement et cependant, elles décident tout de même de faire ce travail qui leur assure un revenu supplémentaire. 

Mayank a aussi commenté:

Les faits sont pires lorsque vous discutez avec elles de leurs enfants et que vous découvrez que ce métier donne naissance à une grande discrimination et que la population n'ose ni les toucher ni leur parler correctement en raison de leur activité du matin. Les histoires des personnes récupérant les déjections des autres mettent en lumière le cycle vicieux de la pauvreté et de la misère mais le réseau voit s'entremêler des problèmes de castes, de sentiments religieux, de traditions et d'hiérarchies culturelles qui sont devenus très importants aujourd'hui.

C'est un crime selon la loi indienne et les femmes qui font ce travail vous fuient lorsque vous essayez de leur parler, pensant qu'elles vont se faire arrêter ou condamner, et je ne pouvais que me demander comment on a atteint un tel niveau dans ce pays. 

Three scavenger ladies

Trois femmes récupératrices de déjections dans un village d'Uttar Pradesh, Inde, réunies ensemble à distance du reste des villageois. Image d'Aparna Ray.

Les blogueurs Ajay Kapoor de Halabol et Sonal Kapoor du NGO Protsahan ont aussi blogué et tweeté au sujet de ce qu'ils ont appris de ces femmes récupératrices manuelles de déjections humaines, qu'ils ont pu rencontrer sur le terrain lors de leur mission.

Ajay blogue :

Récupératrices (de déjections humaines) dans un village. Aucune dignité, aucun respect et pire que tout, elles ne sont payées que par centimes pour ce travail humiliant ou par de la nourriture périmée. 

Et Sonal (@ArtForCause) tweete:

Les femmes se plaignent d'être malades la plupart du temps mais lorsqu'il a été souligné que c'était en raison de leur travail, elles répondent qu'elles ne voyaient pas d'autre alternative viable et respectable possible pour elles. 

Le gouvernement indien, avec d'autres organismes comme Sulabh International qui travaillent dans le domaine de l'assainissement, encourage aux changements dans la société a) en essayant de convertir les toilettes sèches traditionnelles en des toilettes plus hygiéniques qui ne nécessiteraient plus la récupération manuelle quotidienne des déjections et b) en tentant d'offrir un moyen de subsistance alternatif aux récupératrices manuelles.

Conversion des toilettes sèches

Accompagné de partenaires d'assainissement, le gouvernement encourage la conversion des toilettes sèches non hygiéniques en des toilettes avec des chasses d'eau. Cependant, gardant en tête le manque d'un réseau correct d'assainissement ainsi que l'impossibilité de conseiller des systèmes de chasse trop onéreux, notamment dans les régions pauvres ou rurales, il encourage plutôt des technologie comme le système de toilettes à compost, à chasse, avec une double fosse (fr).

A dry toilet being converted into a twin pit pour flush system. Images courtesy UNICEF India

Des toilettes sèches qui sont converties en toilettes à chasse à double fosse. Image cédée par UNICEF Inde

Cette technologie implique la construction de toilettes reliées à deux fosses, qui ne seront utilisées qu'une à la fois. Les déjections sont collectées dans une fosse après la chasse d'eau et lorsqu'elle est remplie, l'autre fosse est alors utilisée. Les déjections sont converties en compost, qui est alors utilisé comme un fumier.

D'autres systèmes sanitaires innovants et alternatifs sont aussi explorés dans toute l'Inde, comme par exemple ce système de toilettes turques ecosan, soutenu par l'UNICEF. 

Un format plus contemporain de système de chasse sans eau a aussi été récemment exposé en Inde. 

Réhabilitation des récupératrices manuelles de déjections

De plus en plus de toilettes sont converties et des opportunités sont créées pour la réhabilitation des récupératrices manuelles de déjections, leur offrant des solutions alternatives pour leur existence. Il y a donc l'espoir, même s'il reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Qu'il vienne du programme de “100 jours garantis de travail” ou du programme d'auto-entreprenariat ou encore des initiatives de formation ou d'emploi dirigés par des ONG, nous espérons que la communauté des récupératrices manuelles retrouvera sa place dans la société, sera capable de vivre avec dignité et pourra rêver d'un meilleur futur pour elles et leurs enfants.

Dans cette vidéo YouTube, le Dr. Bindeshwar Pathak de Sulabh International parle des initiatives de son organisation qui vont dans cette direction, disant que la lueur de changement n'est qu'”une bougie dans l'obscurité, un commencement dans le commencement”. 

Dans le prochain post de cette série, nous verrons comment de braves “Toilets Warriors” (Guerriers des toilettes) travaillent au sein de leur communauté pour apporter des changements dans l'attitude face à la récupération manuelle des déjections et aux questions sanitaires et d'hygiène.

Bons pour le travail, les bas salaires, et sans droits : les clandestins aux Etats-Unis

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[Tous les liens mentionnés sont en anglais]

Cet article, écrit par Peter Watt, a été publié à l'origine sur le site de NACLA (North American Congress on Latin America, le Congrès Nord-Américain sur l'Amérique Latine). Peter Watt enseigne les études d'Amérique Latine à l'université de Sheffield. Il est le co-auteur du livre Drug War Mexico: Politics, Violence and Neoliberalism in the New Narcoeconomy (Zed Books 2012).

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Image du Seattle Times.

Pablo a 14 ans et cueille des fruits à l'est de l'Etat de Washington. Racontant comment il a quitté le Mexique pour les Etats-Unis avec son père, il se décompose et commence à pleurer à chaudes larmes, incapable de s'arrêter. Un médecin bénévole travaillant avec les “clandestins” non assurés estime que Pablo souffre d'un stress post-traumatique, un trouble habituellement rencontré par les vétérans de l'armée, mais qui augmente parmi les migrants sans papiers mexicains. Pablo et son père, qui ne souhaitent pas migrer vers le nord, font partie des deux millions de réfugiés économiques qui quittent leur pays.  

Tout commence par un voyage de plusieurs centaines de kilomètres, par tous les temps, sur le toit d'un train mexicain. Un trajet s'accompagnant de la peur constante et incessante d'être agressé et kidnappé par les gangs armés comme les Zetas, qui travaillent avec la police. Une fois arrivés au nord de la frontière, ils tentent désespérément d'échapper à l'attention indésirable des soldats des cartels, qui cherchent à recruter par la force de nouveaux trafiquants de drogue et assassins. Ils traversent ensuite la frontière hautement militarisée et errent dans le désert pendant des jours, sachant qu'être perdu ou être à court d'eau est synonyme de mort atroce. Même dans le désert, des gangs criminels sont à l'affût de migrants malchanceux. Tout comme l'importante force de police américaine, la Border Patrol. Au-delà de la frontière, 1 500 kilomètres supplémentaires restent à parcourir à l'est de l'Etat de Washington pour rejoindre quelques membres de la famille, qui gagnent un salaire de misère en effectuant les vendanges pour l'industrie du vin de l'Etat, actuellement en plein essor. Le moindre dérapage ou malchance se traduira par une expulsion, ou au moins une séparation avec un père qui sera peut-être détenu dans un centre de détention privé pendant des mois. Les invisibles, les travailleurs des classes inférieures du Mexique et des Etats-Unis, ont rarement été aussi convoités, mais pour les plus mauvaises et les plus perverses des raisons.

NACLA2

Vendanges à Sunnyside, Etat de Washington. Image de Goodfruit.com.

Les Etats-Unis détiennent la plus grande main-d'oeuvre d'immigrés au monde. Les immigrants constituent 14% des travailleurs des Etats-Unis et 20% de la main d'oeuvre à bas salaire. Les immigrants mexicains des Etats-Unis, qui forment le plus important groupe d'immigrants du pays, comprennent également le plus grand nombre de travailleurs sous-payés dans l'économie la plus puissante du monde. Actuellement, jusqu'à 52% des 11,1 millions de migrants clandestins des Etats-Unis sont nés au Mexique.

En 2003, les consommateurs des Etats-Unis nés au Mexique ont contribué à hauteur de 395 millions de dollars à l'économie américaine. Néanmoins, le gouvernement américain ne dispose que de peu d'obligations légales pour fournir ne serait-ce que des avantages sociaux minimums aux immigrants sans-papiers. Ainsi, alors qu'ils peuvent produire et dépenser des milliards aux Etats-Unis, l'Etat ne leur propose que peu de choses en retour, une situation qui récompense à la fois le gouvernement et les employeurs, mais qui s'avère désastreuse pour le travail clandestin.

La contribution à l'économie américaine ne serait pas possible sans une main d'oeuvre parmi laquelle des millions de personnes ont failli être emprisonnées, expulsées, violentées, et mourir. Considérés comme parmi les plus dangereux au monde, les voyages sur les toits de trains de marchandises mexicains se transforment dorénavant en un rite d'initiation particulièrement vicieux. Un rite de passage vers un rêve américain brisé dans lequel travailler dans les champs, comme concierges ou être exploités dans les industries de services, bien souvent pour un salaire en-dessous de la rémunération minimale, est préférable à des opportunités encore plus limitées en Amérique Centrale et au Mexique.

Les migrants, loin de rechercher des aides financières, entrent massivement aux Etats-Unis afin d'échapper à la misère noire au Mexique. Pourquoi risquer tous ces dangers lors de leurs trajets vers le nord, supporter des conditions de travail humiliantes et de bas salaires, avec la possibilité d'être arrêté, incarcéré, voire d'être expulsé, si ce n'est par désespoir ? D'un côté, la politique américaine encourage l'intégration de marchés au niveau mondial et la libre circulation de biens, mais criminalise ceux qui tentent de circuler aussi librement que les capitaux étrangers. En résumé, une grande partie de l'histoire des migrants mexicains aux Etats-Unis peut être perçue comme une criminalisation de la pauvreté.

La récente grève de la faim dans le centre de détention privé de Tacoma, au nord-ouest de l'Etat de Washington, est la parfaite illustration de cette tendance. Cette grève fut déclenchée à l'initiative de ceux dont le crime est d'être pauvres, afin de dénoncer le traitement lamentable des détenus et leur incarcération interminable. En plein cœur de la crise financière américaine, la main d'oeuvre clandestine nécessaire est désormais excédentaire. En réponse à cela, la président Obama a expulsé 2 millions de migrants, soit bien plus que n'importe quel autre président américain. En outre, les centres de détention privés comme celui de Tacoma – dans une logique incroyablement cynique de la fin du capitalisme – réalisent désormais d'enviables profits (grâce à la générosité des contribuables) sur le dos de la main d'oeuvre restante.

Un grand nombre de personnes expulsées vers le Mexique (et ailleurs) ont vécu aux Etats-Unis depuis leur enfance et ne possèdent plus aucun lien avec leur pays, hormis leur citoyenneté. Ils ont grandi et ont fondé une famille. Sous le programme d'expulsion Secure Communities créé sous l'administration Bush et développé sous Obama, 39% de ceux emprisonnés pour des infractions à l'immigration ont des époux ou des enfants (voire les deux) de nationalité américaine. Une situation qui entraîne le plus souvent la rupture et la ruine des familles chaque fois qu'un autre gagne-pain “clandestin” est expulsé.

Il y a près de 120 ans, l'organisateur politique A. L. Montalvo déplora la discrimination raciale dont souffraient les travailleurs américano-mexicains, ajoutant qu'ils étaient traités comme des “bêtes de somme”. Il déplorait ainsi que les immigrants “soient assez bons pour travailler mais pas assez pour faire valoir leurs droits civiques”, une plainte qui résonne aujourd'hui avec une alarmante intensité.

Faut-il un Poutine au Kirghizistan ?

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Kalnur Ormushev, political analyst.

Le politologue Kalnur Ormushev. Source photo : vb.kg

Le président du Kirghizistan, Almaz Atambayev, dit que ses concitoyens “aiment” Vladimir Poutine, une montagne de cette république d'Asie Centrale porte le nom du président russe, et le poète-lauréat national a proclamé [russe] la semaine dernière qu'il était grand temps que l'homme fort du Kremlin ait sa rue dans la capitale kirghize Bichkek. 

Mais quand on en vient aux gouvernants, “le Kirghizistan n'a pas besoin d'un Poutine” a conclu [en russe] le politologue Kalnur Ormushev dans un entretien au journal en russe Vecherniy Bishkek. Selon M. Ormushev, un pays doté d'un système de multipartsme faible comme le Kirghizistan nécessite un dirigeant ‘proche des gens’, à l'opposé du modèle ‘tsar et Dieu’ pratiqué en Russie. L'entretien avec M. Ormushev figure parmi les articles les plus lus et discutés de vb.kg, la principale plate-forme d'actualités en ligne du Kirghizistan, et a attiré autant d'approbations que de rejets.

En vingt-deux ans d'indépendance, le Kirghizistan a connu deux révolutions majeures, plusieurs tentatives de coup d'Etat, ainsi qu'un conflit ethnique [anglais] dans le sud de la république. Le renversement violent de l'apprenti-dictateur Kurmanbek Bakiyev par la seconde révolution de 2010 a amené des modifications constitutionnelles substantielles limitant les pouvoirs présidentiels, bien que certains estiment que la mutation s'est faite au détriment de l'ordre : les manifestations politiques, réprimées ou sévèrement contrôlées chez les voisins d'Asie Centrale du Kirghizistan ou en Russie, sont un trait récurrent de la vie politique dans la république. Il arrive qu'elles dérapent [anglais]. Nul doute qu'avec seulement une passation de pouvoir présidentiel sur trois effectuée dans le calme, le chef de l'Etat kirghize est un personnage vulnérable comparé à son homologue russe, dit [russe] M. Ormushev :

Между Путиным и массой российской бюрократии, в том числе и федерального уровня, не говоря уже о народе, стоит в прямом и переносном смыслах “бронированный” слой ближайшего президентского окружения…А президент Кыргызстана близок – просто физически близок – не только к бюрократии, но и к простым гражданам. Он воспринимается, как человек, который рядом, до которого рукой подать. Никому не придет в голову в Москве штурмовать кремлевские стены. А попытки “взятия” “Белого дома” в Бишкеке стали уже традицией.

Il existe entre Poutine et la masse de la bureaucratie russe, y compris au niveau fédéral, sans parler de la population, une “cuirasse”, au sens propre et figuré, d'entourage présidentiel rapproché. […] Tandis que le président de Kirghizistan est proche – physiquement proche – pas seulement de la bureaucratie, mais aussi des simples citoyens. Il est perçu comme un homme qui est là, à portée de main. Il ne vient à l'idée de personne à Moscou de donner l'assaut aux murs du Kremlin. Les tentatives de “prendre” la “Maison Blanche” à Bichkek, sont, elles, déjà devenues une tradition.

Une “tradition” qui a amené quelques-uns à réclamer un arbitre à la Poutine, voire une figure plus totalitaire comme Islam Karimov en Ouzbékistan, pour imposer l'ordre dans cette démocratie novice. Mais Ormushev y voit une impossibilité, à cause de l'élite plus ouvertement concurrentielle au Kirghizistan :

Возвышение Путина, каким бы высоким оно ни было, никого из российских политиков лично не задевает, любое чрезмерное (и даже умеренное) возвышение любого кыргызского политика делает его предметом обсуждения, пересудов, зависти и в конце концов непримиримым врагом для большинства участников политической жизни. Подражать Путину (то есть быть над всеми) – значит, в условиях Кыргызстана обрекать себя на неизбежное политическое поражение.

L'ascension de Poutine, aussi haut qu'elle aille, ne nuit personnellement à aucun politicien russe alors que l'ascension excessive (et même modérée) de n'importe quel politicien kirghize fait de lui un objet de discussion, d'envie et finalement, un ennemi irréconciliable de la majorité des participants à la vie politique. Imiter Poutine (autrement dit, être au-dessus de tous) c'est être voué au Kirghizistan à une inéluctable défaite politique.

La “démocratie de la rue” au Kirghizistan s'apparente donc à une partie dont les joueurs peuvent remporter temporairement des victoires “tactiques” sur leurs adversaires sans jamais arriver à assurer une “verticale du pouvoir” telle que Poutine l'a réalisée en Russie, ajoute Ormushev .

Russian president Vladimir Putiin and Kyrgyz counterpart Almaz Atambayev take a walk in the wild (kloop.kg)

Le président russe Vladimir Poutiine et son homologue kirghize Almaz Atambayev se promènent dans la nature (kloop.kg)

Dans ce pays ex-soviétique où les télévisions russes sont regardées par une grande partie de la population, surtout en période de fortes tensions internationales comme en ce moment en Ukraine, Poutine reste un sujet populaire. Les analyses de M. Ormushev ont donc été très commentées. PR a écrit [russe] :

Все правильно говорит, Путнин не панацея. У нас в КР уже формируется иммунитет на всяких там избранных свыше ханов или царей. Мы как кость в горле у ближайщих соседей, которые упорно придерживаются авторитаризму

Tout ce qu'il dit est juste, Poutine n'est pas la panacée. Au Kirghizistan nous nous sommes déjà immunisés contre tous ces tsars et khans choisis d'en-haut. Nous sommes une arête dans la gorge pour nos voisins les plus proches qui s'accrochent obstinément à l'autoritarisme.

Tandis que Konsul [Консул] concluait [russe] qu'une nouvelle sorte de dirigeant était certes nécessaire, mais que ce chef devrait plutôt ressembler au légendaire héros kirghize Manas que de copier Poutine :

(1) “Уличная демократия” – является лишь индикатором вопиющего кризиса власти.

(2) Основная проблема нынешних партий не в том, что “они “зациклены на своих лидерах”, а в том ,что они некомпетентны в вопросах политики и экономики. Партия это сплочённая группа людей объединённых общей идеей, у которой имеется конкретный план действий во имя всеобщего блага и процветания. То, что мы сегодня наблюдаем – это мышиная возня всякого рода посредственностей в кулуарах власти с целью личной наживы.

(3) Политический лидер не должен быть дешёвым популистом и панибратом, как этого хотел бы уважаемый политолог. В первую очередь лидер должен пользоваться авторитетом во всех слоях общества и должен уметь сплотить и повести за собой. Быть лидером, это талант.

(4) Путин хорош на своём месте. Даже у своих ненавистников на западе он пользуется уважением. Кыргызы должны найти своего нового Манаса — мудрого, смелого, благородного, милосердного и самобытного. Почему он должен быть похож на кого-то в своей политике?

(1) La “démocratie de rue” n'est qu'un indicateur de la crise béante du pouvoir.

(2) Le problème de base des partis d'aujourd'hui n'est pas leur ‘obsession du chef’, mais leur incompétence en matière économique et politique. Un parti, c'est un groupe soudé de gens unis par des idées communes, qui possèdent un plan concret d'action au nom d'idéaux et de prospérité universels. Ce que nous observons aujourd'hui est un remue-ménage de toutes sortes de médiocrités dans les allées du pouvoir à la recherche de profits personnels.

(3) Le leader politique ne doit pas être un populiste et familier à bon marché, comme le voudrait l'honorable politologue. En premier lieu, un leader doit être respecté à tous les niveaux de la société et doit savoir rassembler et commander. Etre un leader est un talent.

(4) Poutine est bon là où il est. Il est respecté, même par ceux qui le haïssent en Occident. Les Kirghizes doivent trouver leur nouveau Manas – sage, brave, généreux et original. Pourquoi doit-il être semblable à quiconque dans sa politique ?

Frunze quant à lui a résumé [russe] la question politique kirghize avec le vocabulaire de l'activité dominante du pays, l'élevage :

Стадо баранов во главе козла,без надзора пастуха. Такие вот реалии.

Un troupeau de moutons menant un bouc, sans surveillance du berger. Voilà la réalité.

D'autres lecteurs de VB.kg ont traité l'interview de “бла-бла-бла”, et l'un d'eux a déploré [russe] le nombre croissant de Kirghizes employés comme “politologues” :

Каждый мнит себя политологом. Рассуждать о политике за пиалой бозо и быть политологом это не одно и то же.

Chacun se croit politologue. Raisonner sur la politique derrière un bol de bozo [lait fermenté kirghize] et être politologue ça fait deux.

Au delà du stress de l'analyste, le thème le plus partagé dans les débats sur l'article était probablement le fait que s'agissant de politique, le Kirghizistan restera toujours le Kirghizistan [russe] :

Мы смотрим зомбоящик и знаем тамошних политиков лучше чем наших. Надо сконцентрировать внимание политиков и народа на нашей Стране. Нужно учитывать то что мы это не они, у нас свой минталитет…Нужна Национальная идея которая сплотит народ и подтолкнет к прогрессу и желанию работать а не митинговать. Короче  сами знаете а то еще процитируете типо бла-бла-бла.)))))

Nous regardons la boîte à zombies [la télévision d'Etat russe, en argot courant] et connaissons les politiciens de là-bas mieux que les nôtres. Il faut concentrer l'attention des politiciens et du peuple sur notre pays. Il faut considérer que nous ne sommes pas eux, nous avons notre mentalité… Il faut une idée nationale qui rassemble le peuple et pousse au progrès et un désir de travailler au lieu de manifester. En bref vous le savez mais vous citerez quand même ce genre de bla-bla-bla.))))) 

Cuisiner et manger aux temps du siège, à Homs, en Syrie

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Ce post a été à l'origine publié sur le site Syria Untold.

Les ‘hamburgers de Homs', les ‘gâteaux du Siège', les ‘pizzas tenaces'…C'est ansi que les habitants de Homs en Syrie surnomment ce qu'ils mangent ces temps-ci, après 24 mois d'un siège qui les contraint à se nourrir de ce qu'ils trouvent. Depuis l'herbe qui pousse le long des routes jusqu'à des tortues, oiseaux et insectes. Les habitants d'Homs ont du pousser leur réputation de créativité et d'humour à un niveau inédit.  

Traditional Syrian manaqish, cooked in the besieged city of Homs. Source: Meals Under Siege facebook page

 Mannakish (pain) traditionnel syrien, cuisiné dans la ville assiégée de Homs. Source : Page Facebook Meals Under Siege (Repas sous siège)

 

Repas sous Siège 

En avril 2014, une page Facebook a été créée sous le nom de “Meals under the siege” (Repas sous le Siège). Elle est devenue un forum de discussions sur comment cuisiner et se nourrir, alors que le régime Assad tente de mater la rebellion en affamant la population. La farine, le riz, le blé, et tous les aliments de base que l'on trouve dans toutes les cuisines syriennes ont été saisis pour qu'ils ne parviennent pas aux millers d'habitants des zones assiégées.  Certains, s'attendant à un siège, avaient constitué des stocks, qui touchent aussi à leur fin. 

“Ils disent que la nécessité est la mère de l'invention” dit un habitant de la vieille ville de Homs. “Et bien, nous y sommes, nous essayons de préparer le mannakish avec ce que nous trouvons, comme ces graines que nous avons trouvées, mais on arrive pas à se mettre d'accord, est-ce que ce sont des épices, ou du henné ?”. “De toute façon, si vous ajoutez une pincée de sel…c'est mangeable !”, conclut-il.

Cette nécessité a aussi poussé les habitants sous siège à consommer n'importe quelle source de protéines. Ceci comprend des tortues, des oiseaux, des insectes, qui n'ont jamais fait partie de la cuisine syrienne. 

 

A stew made of figs and medlar. Source: Meals Under Siege facebook page

Une bouillie à base de figues et de nèfles.  Source: page Facebook Meals Under Siege

“Vous faites bouillir la chair de la tortue, puis vous ajoutez comme légumes des nèfles et des figues, ou alors, vous la préparez comme une soupe. En fait, la viande de tortue est très bonne, du moins dans les circonstances.”

L'expertise que les habitants d'Homs accumulent dans cet art de la cuisine de survie sous le siège s'est révélée utile pour les habitants d'autres zones de Syrie, qui se trouvent dans la même situation. Les repas sont photographiés, et les photos partagées sur Facebook, au quotidien, pour que d'autres puissent s'en inspirer et utiliser les maigres ressources à leur disposition.

Fidèles à leur célèbre sens de l'humour, les habitants d'Homs évoquent leur situation au travers de commentaires tels que “Je viens de cuisiner cet oiseau, mais il était si petit que je me demande si c'était un oiseau ou une épice', ou  “Un ami m'a dit que que sa vigne lui a parlé : elle lui a dit que ses feuilles ont peur de sortir, vu ce qui est arrivé à celles des voisins.”

Surmonter tous les obstacles 

Pour un observateur extérieur, la barrière psychologique à franchir pour arriver à manger ce que l'on aurait jamais imaginé devoir manger semble difficile à surmonter. Mais les Syriens qui vivent sous siège n'en sont plus là depuis longtemps. “Quand on a faim, il n'y a plus de barrière psychologique sur ce qui peut être mangé.”

La créativité et l'humour aident les assiégés à résister à la politique qui veut les affamer, mais même le peu d'aliments à disposition commencent à manquer. Quand on l'interroge sur ce point, notre informateur répond :

“Nous ne pouvons pas penser au-delà du jour présent. Ce qui arrivera demain, on l'ignore, mais nous avons remarqué que quand nous pensons qu'il n'y aura plus rien à manger, nous trouvons quelque chose d'autre qui peut être consommé. Nous espérons que Dieu continuera à pourvoir.” 

Meal made of grasshoppers. Source: Meals Under Siege facebook page

Repas à base de sauterelles. Source: page Facebook Meals Under Siege

 

Et effectivement, la page Facebook où sont postées les idées de repas permet de lire des commentaires qui tendraient à prouver qu’ “un être humain peut être heureux même dans les pires circonstances. Ce qui importe est d'être en paix avec lui-même et avec Dieu.”  

Depuis les premières manifestations, quand des centaines de personnes sont descendues dans la rue, en mars 2011, jusqu'à aujourd'hui, les habitants de la ville d'Homs continuent à donner un sens aux mots dignité, résistance, créativité face à l'adversité. 

Ce post a été à l'origine publié sur le site Syria Untold.

Une campagne libanaise contre le système du ‘Kafala’ et les abus contre les migrants

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Le Migrant Workers Task Force (MWTF) (Groupe de travail sur les travailleurs migrants), une ONG libanaise comprenant des militants libanais et étrangers, y compris des travailleurs migrants, a lancé une campagne pour lutter contre la fameuse pratique du Kafala (ou “parrainage”) [fr] avec le hashtag #StopKafala. La campagne montre des étudiants (migrants) et des enseignants (migrants, militants libanais et internationaux) qui tiennent une pancarte en anglais, avec des message en français ou arabe. L'exposition de photos a été accueillie à AltCity Hamra où le MWTF donne des cours hebdomadaires en français et en anglais aux travailleurs migrants le dimanche (leur jour de congé).

Sur leur page Facebook, ils ont écrit:

En soutien à la 4ème Célébration de la Journée annuelle des travailleurs et de la campagne Fi Shi Ghalat [Il y a quelque chose de mauvais], nos élèves et leurs enseignants ont préparé chacun sa banderole pour le défilé qui aura lieu le 4 mai. Ils prennent tous position contre le système de parrainage (kafala) qui est responsable de toutes les violations des droits de l'homme auxquelles sont exposés chaque jour les travailleurs migrants.

La célébration annuelle de la Journée des travailleurs ( Lien sur la page Facebook) mentionnée ci-dessus est un événement annuel célébrant la fête du Travail et organisée par quatre ONG libanaises  connues et soutenues par le MWTF. Les quatre organisations sont Fi Shi Ghalat («Il ya quelque chose est faux”) , KAFA (Assez), le Mouvement contre le racisme (ARM) , et le Centre des Migrants de Caritas Liban .

Le message est suivi par un appel à l'action:

Rejoignez-nous en publiant votre propre opinion avec votre message personnel sur le système Kafala ou l'abus des droits des travailleurs migrants qui a lieu au Liban au quotidien et ajoutez # StopKafala sur vos photos et messages.

Voici quelques exemples. Vous pouvez voir toute la campagne sur Facebook.

Olga du Cameroun: «Peu importe ce que nous disons rien ne changera, parce qu'ils ne se soucient pas de nos sentiments"

Olga du Cameroun: “Peu importe ce que nous disons rien ne changera, parce qu'ils ne se soucient pas de nos sentiments”

"Je suis fatigué du fait que la couleur de sa peau est corrélée à la qualité du travail qu'on peut atteindre au Liban"

“Je suis fatigué du fait que la couleur de la peau soit corrélée à la qualité du travail qu'on peut atteindre au Liban”

"Ils nous traitent comme des animaux. Nous ne sommes pas des prisonniers. Certains travailleurs sont enfermés et ne sont pas autorisés à quitter la maison pendant des années "

“Ils nous traitent comme des animaux. Nous ne sommes pas des prisonniers. Certains travailleurs sont enfermés et ne sont pas autorisés à quitter la maison pendant des années “

 "Les chiens peuvent sortir tous les jours, pourquoi ne pouvons-nous pas sortir chaque semaine? Sortir ne signifie pas nécessairement fuir, cela signifie la liberté. "

“Les chiens peuvent sortir tous les jours, pourquoi ne pouvons-nous pas sortir chaque semaine? Sortir ne signifie pas nécessairement fuir, cela signifie la liberté. “

"Le système du Kafala tue un travailleur domestique chaque semaine. "

“Le système du Kafala tue un travailleur domestique chaque semaine. “

Une galaxie lointaine, très lointaine…

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Le site web Chileno rapporte [anglais] qu'une équipe d'astronomes menée par le Chili a apporté de nouvelles informations sur l'évolution des galaxies en observant la formation de jeunes étoiles dans les régions périphériques de la galaxie en interaction, NGC 92. Comme l'auteur principal, Sergio Torres de l'université de La Serena, l'explique, les galaxies en interaction comme NGC 92 ont quelque chose de spécial. Elles sont, d'après ses mots, “de parfaits laboratoires pour étudier l'évolution des galaxies”:

La galaxie modestement nommée NGC 92 n'est pas une galaxie proche. Au contraire, elle est plutôt lointaine, 160 millions d'années lumière pour être précis, soit approximativement 940 quintillions de milles. Ça fait beaucoup de zéros.

La perspective d'une victoire du parti Bharatya Janata en Inde inquiète le Bangladesh

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Subramanian Swamy lors d'un meeting à Mangalore, en Inde, le 17 Décembre 2013.

Les plus grandes élections au monde sont en cours en Inde, et à ce jour, le vote a eu lieu dans 21 états sur 28. Au fur et à mesure qu'elles approchent de leur terme, les partis politiques concurrents essaient d'attirer les électeurs avec des promesses populistes qu'ils promettent de réaliser s'ils étaient élus.

Subramanian Swamy, une figure de proue du parti conservateur Bharatya Janata Party (BJP=Parti du peuple Indien) [fr], dont le candidat au poste de Premier ministre est M. Narendra Modi, a provoqué l'indignation au Bangladesh voisin quand il a déclaré lors d'un rassemblement électoral dans la région de l'Assam, que le Bangladesh devrait dédommager l'Inde pour les Bangladais sans-papiers, en lui cédant un tiers de ses terres.

 Il a également affirmé que depuis l'indépendance du Bangladesh et sa partition du Pakistan en 1971, un tiers de la population musulmane du Bangladesh a migré vers l'Inde. Selon lui, le Bangladesh devrait les reprendre ou céder un tiers de ses terres à l'Inde.

Il n'existe pas de chiffres fiables sur le nombre d'immigrés bangladais qui se trouvent en Inde, mais un grand nombre parmi eux ont migré en Inde pour rejoindre leur  famille, pour des possibilités d'emploi ou pour échapper aux crises environnementales au Bangladesh, ou pour d'autres raisons encore. La vague d'immigrants dans la dernière décennie a incité l'Inde à renforcer la sécurité le long de sa frontière avec le Bangladesh, y compris par l'installation de clôtures en barbelés.

 Les journaux bangladais ont d'abord repris les remarques du quotidien bengali de la région de l'Assam, Samayik Prasanga, le 19 avril. Tout comme au Népal, au Bhoutan, au Pakistan et en Chine, les analystes politiques du pays suivent de près l'élection puisque leurs relations avec l'Inde seront façonnées par les politiques des partis qui gagneront les élections.

Des réactions de colère ont rapidement suivi. L'utilisateur Veja Beral commenté sur le forum projanmo.com:

বিজেপি বাংলাদেশ বিদ্বেষী দল। এরা এইবার ক্ষমতায় আসলে বাংলাদেশিদের কপালে শনি আছে। [..] তিস্তা, সীমান্ত কিছুতো হবেই না বরং যেইসব চুক্তি বাস্তবায়নাধীন সেই সব বন্ধ করতে কাজ করবে মোদি সরকার।

Le BJP est un parti anti-Bangladesh. S'il arrive au pouvoir, cela signifiera des difficultés pour le Bangladesh. Les questions en suspens [depuis longtemps], comme le contrat de partage de l'eau du fleuve Teesta [fr] ainsi que les litiges frontaliers resteront sans solution et tous les traités seront gelés par le gouvernement Modi.

L'utilisateur a aussi écrit:

ভারতে কিছু অবৈধ বাংলাদেশি আছে এটা সবাই জানে কিন্তু সেটা ৫ কোটি (বিজেপির দাবি) এটা বিশ্বাসযোগ্য না। হয়তো ৫ লাখকে ৫ কোটি বলে প্রচার করে ভোট পাওয়ার জন্য।

Il y a des bangladais sans papiers en Inde que tout le monde connait. Mais le chiffre astronomique de 50 millions (selon le BJP) est illogique et faux. Peut-être que le BJP avance volontairement le chiffre de 50 millions au lieu de 500 000, pour des raisons électorales.

Shamim Sujaet exprime son opinion sur le blog Shobdoneer:

বাংলাদেশ যেন খেলার পুতুল! যা খুশী ভাবতে পারো!

Comme si le Bangladesh était un jouet. Vous pouvez le changer comme bon vous semble.

Pendant ce temps, un groupe de hackers appelés les “Bangladesh Cyber ​​71″ aurait piraté plus de 300 sites Web du gouvernement indien pour protester contre les commentaires de M. Swamy. L'administrateur du groupe a dit au site BanglaNews24.com qu'ils continueront les attaques jusqu'à ce que le BJP retire sa déclaration.

Capture d'écran d'un site piraté par "Bangladesh Cyber ​​71" en signe de protestation contre des observations formulées par le dirigeant politique indien Subramanian Swamy du Bharatya Janata Party.

Capture d'écran d'un site piraté par “Bangladesh Cyber ​​71″ en signe de protestation contre les déclarations du dirigeant politique indien Subramanian Swamy du Bharatya Janata Party.

En représailles, le site officiel de la Division du Cabinet du Bangladesh a apparemment été piraté par un groupe indien.

Narendra Modi, candidat au poste de Premier ministre pour le BJP, a enfoncé le clou en revenant sur ses commentaires lors d'un rassemblement dans le Bengale occidental:

Vous pouvez l'écrire. Après le 16 mai, c'est mieux pour ces bangladais de se tenir prêts avec leurs sacs emballés.

La lutte contre l'immigration clandestine en provenance du Bangladesh constituait une partie du programme électoral du BJP, qui affirme qu'ils constituaient un réservoir électoral pour le Parti du Congrès, dirigeant actuellement le pouvoir fédéral en Inde. Mais les commentaires de M. Modi indiquent que ce pourrait être une arme politique qu'ils utiliseraient contre leur voisin si le parti arrivait au pouvoir.

Cependant, il ne s'agit pas d'un mouvement migratoire à sens unique. L’ Inde risque de perdre la source d'un cinquième des transfert de fonds si les relations venaient à se dégrader avec son voisin le Bangladesh. Environ un demi-million d'Indiens travaillent au Bangladesh, et ​​ils ont envoyé 3,7  millions de dollars en Inde l'année dernière.

 

Ce billet a été écrit en collaboration avec Abdul Aleem Khan


Nous adorons parler, mais nous exprimons-nous vraiment ?

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[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais]

J'étais une adolescente idéaliste lorsque j'ai pour la première fois payé le prix de mes opinions. La toile de fond était un cours de religion au sein d'une prestigieuse école catholique réservée aux filles, j'imagine que j'aurais donc pu m'y attendre. Pour faire court, je me faisais l'avocat du diable sur des sujets tels que le divorce, l'avortement et les relations sexuelles avant le mariage. Le professeur ne comprenait pas. Mes camarades de classe, si, mais en général elles me le disaient seulement une fois que le professeur se trouvait à bonne distance.

Très vite, je me suis aperçue que mes notes chutaient dans une autre matière enseignée par ce même professeur. Je refusais de croire que j'étais bel et bien victime de sanctions, alors, pendant un moment, je me suis mise à douter et j'ai accepté de suivre des cours supplémentaires, également connus sous le nom de ‘tentative de conversion', car le professeur pensait que ça pourrait m'aider. Ce qui m'a aidé, c'est ma décision de me rendre dans le bureau du proviseur armée de tests comparatifs prouvant que je payais le prix de mon franc-parler en cours de religion, ailleurs. La décision du principal de retirer le professeur du cours de religion a rétabli ma foi en la justice, la valeur de la pensée indépendante et l'importance de s'exprimer.

Faisons un bond de quelques années en avant. Nous avons Internet [fr]. Et les réseaux sociaux [fr]. Et les services de microblog [fr]. Ces outils sont censés faciliter l'activisme ; le propulser dans un espace en ligne sans limites, mais à Trinité-et-Tobago, ils ont largement contribué à amplifier ce dont les gens discutent dans leur salon. Du coup, on sait tout ce que les familles mangent pour le dîner et à quoi ressemblaient leurs costumes de Carnaval, mais les discussions sérieuses sont plus difficiles à trouver, et même lorsque les Trinitéens partagent leurs points de vue sur des sujets importants, ils ont tendance à le faire dans l'apparente sécurité du monde virtuel : généralement sur le profil Facebook “privé” de quelqu'un.

Les Trinitéens sont souvent décrits comme “des gens de Carnaval”, mais en réalité, nous sommes des badauds. Des spectateurs. Très peu d'entre nous quittent les gradins pour participer activement, et ceux qui le font terminent dans une bacchanale [en], généralement accompagnée de médisance, pour être allé à l'encontre du status quo. Dans les années 60, Gene Miles fut propulsée vers la notoriété en dénonçant la corruption généralisée connue par la suite comme “le trafic de la station-service“. Elle perdit son emploi, sa réputation et finit par mourir, seule et trahie. Plus récemment, le docteur Wayne Kublalsingh, qui a mené une grève de la faim pour protester contre un projet de construction d'autoroute à 1 million de dollars dans le sud-est de Trinité, qui menaçait les communautés rurales et l'environnement avoisinant, s'est vu ridiculisé publiquement par les politiciens.

Désormais, alors que Trinité-et-Tobago se heurte à toujours plus de cas éhontés de corruption, l'histoire de Miles est relatée, fidèlement, cette fois, au théâtre et au sein du Carnaval. Le Docteur Kublalsingh et le mouvement Highway Re-Route ont remporté la bataille à travers les actions de la société civile et les rouages du système juridique. Alors je me demande, dans une ère où les médias participatifs ont démontrés leur utilité pour remettre les rênes du pouvoir entre les mains des vrais citoyens, pourquoi les Trinitéens sont toujours aussi réticents à prendre position ?

Je pense que ça commence par la manière dont nous sommes éduqués. Au lieu d'encourager la pensée personnelle, les écoles renforcent la notion obsolète selon laquelle les enfants sont des réceptacles vides en attente d'être remplis et pire encore, qu'ils doivent se conformer aux règles établies. Nous subissons un examen d'entrée aux établissements d'enseignement secondaire qui s'est dégradé au fil des années (même le ministre de l'Éducation le qualifie “d'épouvantable”), et malgré cela les parents continuent d'accepter une approche archaïque de l'enseignement, d'incessants contrôles des connaissances standardisés et des “méthodes d'apprentissage” qui s'apparentent davantage à de la régurgitation qu'à une satisfaction de la curiosité ou une stimulation de l'intérêt.

Et si jamais les étudiants osent afficher leur différence (ou même s'ils sont ordinaires, comme dans ce cas où plusieurs jeunes se sont vus refuser l'accès à leur établissement car ils arboraient [horreur !] une barbe), ils s'exposent à des sanctions de la part des représentants de l'autorité. Évidemment la vraie histoire, et celle qui devrait être mise en avant dans ce récit, c'est l'extraordinaire démonstration de solidarité dont a fait preuve un étudiant rasé de près, en se dessinant une barbe au marqueur indélébile pour indiquer que la décision était coercitive et que le corps étudiant n'était pas prêt de l'accepter.

C'est tout à son honneur. Comme l'a déclaré Activized, “s'ils (les jeunes) ne sont pas les premiers à défendre leur propre identité dans les communautés où ils jouent un rôle actif, alors comment pourraient-ils prendre la défense de qui que ce soit d'autre ? Il ne s'agit peut-être pas d'une marche ou d'une grève de la faim, et il ne s'agit peut-être pas non plus de protester contre des taux de criminalité en hausse ou une structure capitaliste diabolique, mais selon moi c'est tout aussi important. Il s'agit de personnes qui s'approprient leur identité et se sentent partie intégrante de leur communauté. C'est un exemple de solidarité, d'unité et de volonté dans un milieu où il semblait jusqu'alors normal de s'asseoir et se taire. Et c'est là que la véritable révolution commence.”

Cette affirmation me laisse espérer que les jeunes voix, les voix raisonnables, les voix mesurées, les voix intelligentes vont commencer à couvrir la cacophonie de ceux qui semblent accaparer la parole, qui s'attirent toute l'attention des médias et qui se comportent comme s'ils s'exprimaient au nom de la majorité.

En réponse à l'artiste visuel trinitéen LeRoy Clarke, qui établit un lien absurde et infondé entre l'homosexualité et tout ce qui affecte la société de Trinité-et-Tobago, Activized dénonce l'ignorance du dialogue, et déclare : “Nous autorisons certains leaders d'opinions à faire des déclarations sans tenir compte de leur exactitude. C'est ce que les électeurs veulent entendre. La politique de l'aile droite de la nation est celle de l'ignorance socialement acceptable : dire des choses qui vont à l'encontre de la raison et de l'information, dans le but de conserver un groupe de fidèles. C'est une manière de freiner le développement de la société pour s'assurer que les gens ne consacrent pas trop de temps à analyser la situation et ne parviennent pas à la vérité.”

Selon moi, voilà ce que nous offre le fait de nous exprimer, l'opportunité d'accéder à la vérité. Et je me demande quand est-ce que les Trinitéens prendront conscience, comme Dorothée dans le magicien d'Oz [fr], que nous avons toujours détenu le pouvoir, mais que nous le rejetons par peur et par ignorance. Je claque trois fois des talons.

Inde : Une campagne contre la défécation en plein air

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A village school in Moradabad district, Uttar Pradesh, India with toilet facilities for both boys and girls. Image by author.

Une école de village de l’ Uttar Pradesh, en Inde, avec des toilettes pour les garçons et pour les filles. Les enfants sont ainsi encouragés (par des instructions visuelles et écrites) à se laver les mains avec du savon avant les repas et après avoir utilisé les toilettes. Image par l'auteur du post, Aparna Ray. 

Tous les liens de ce post renvoient à des pages en anglais.

Par des programmes innovants de sensibilisation, la campagne “Emmène tes Crottes aux Toilettes” (Take the Poo to the Loo) par UNICEF Inde veut appeler les Indiens à cesser de faire leurs besoins en plein air ainsi que d'utiliser les toilettes sèches, qui sont lavées par des personnes récupérant les déjections manuellement. 

Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) [pdf], environ 620 millions de personnes en Inde font toujours leurs besoins en plein air – ce qui représente 50% de la population. Même le dernier recensement du gouvernement indien a révélé un chiffre aux alentours de 50%. Alors que le gouvernement indien conduit un grand nombre de programmes d'assainissement et d'hygiène publiques, les dernières données du recensement montrent que les ménages indiens possèdent plus de téléphones/portables que d'installations sanitaires.

Plus qu'une simple absence de toilettes

Les responsables du gouvernement conduisant ces projets d'assainissement ont compris que pour arrêter ces  habitudes ancestrales de faire ses besoins en plein air, le peuple doit d'abord comprendre la nécessité de posséder et d'utiliser des installations sanitaires – une tâche ardue, spécialement dans les communautés rurales où traditionnellement, il n'existe pas la même pudeur sociale d'aller dans les champs, les bois, etc. pour faire ses besoins naturels. Il s'agit seulement de quelque chose que “tout le monde fait”. En réalité, la population est réticente à posséder des toilettes dans l'enceinte de leur habitation, à la fois pour des raisons religieuses que “hygiéniques”. En effet, leur argument est que les toilettes étant des pièces “sales”, elles ne pourraient co-exister dans la même enceinte que celle contenant la cuisine ou la pièce de culte. 

Screenshot from the "Take the poo to the Loo" campaign website

Capture d'écran du site web de la campagne “Emmène tes Crottes aux Toilettes” 

Malathy M, une jeune professionnelle travaillant pour la “Maharashtra State Rural Livelihoods Mission”, a réagi sur la question après avoir aperçu des personnes utilisant les abords des autoroutes comme des toilettes de plein air. Elle a tweeté : 

La défécation en plein air est une réalité en Inde et il n'existe pas de solution simple… Ce n'est pas simplement un manque de toilettes

La disponibilité de toilettes est elle-même une question en soi… Quelle en est l'importance pour une famille rurale tenant compte du contexte culturel et social?

Les enfants sont les principaux victimes de cette pratique

Les enfants sont les êtres les plus vulnérables lorsqu'il s'agit de risques pour la santé résultant de faibles installations sanitaires et d'une pauvre hygiène, associées à la défécation en plein air. Selon ce rapport [pdf] publié par la London School of Hygiene and Tropical Medicine, 

Les maladies diarrhéiques causées par des installations sanitaires insuffisantes et par une absence de conditions hygiéniques mettent les enfants face à des risques multiples conduisant à des déficiences en vitamines et en minéraux, une morbidité élevée, la malnutrition, un arrêt de la croissance et la mort.  

En Inde, ces problèmes peuvent être sévères car 

Moins de 12% des enfants ruraux #Inde utilisent des #toilettes ; le taux des enfants urbains est meilleur, mais reste inférieur à la moitié (47%)

28 millions d'enfants n'ont pas accès à des toilettes correctes. Cela ne correspond qu'à 5 millions de moins que tous les utilisateurs de Twitter réunis dans le monde entier.

Réalisant la gravité de la situation, le gouvernement indien s'est doté de la collaboration de l'UNICEF Inde comme un partenaire de choix dans sa lutte contre la pratique de la défécation en plein air. L'UNICEF s'est associé à cette initiative à différents niveaux. La campagne actuelle #poo2loo (#CrottesAuxToilettes) vise ainsi la population urbaine en cherchant à éveiller sa conscience sur la défection en plein air et n'a pas seulement lieu dans les zones rurales mais aussi dans les régions urbaines (notamment les bidonvilles).

UNICEF Inde utilise des méthodes innovantes pour engager les citoyens et éveiller la conscience sur la défécation en plein air.

Dans les deux prochains posts de cette série, nous verrons a) comment les toilettes sèches et les mauvais préjugés associés à la récupération manuelle des déjections continuent à persister obstinément dans certaines régions de l'Inde et b) comment de courageux “Toilet Warriors” (Guerriers des Toilettes) appellent au changement dans leurs communautés et créent la demande pour des toilettes hygiéniques et pour de meilleures installations sanitaires – permettant l'espoir que la défécation en plein air et la récupération manuelle des déjections pourront lentement, mais sûrement, appartenir au passé.

Le fédéralisme, solution à la crise identitaire du sud-est de l'Ukraine ?

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"Is Donbass Ukraine?" mixed by Valentina Lukin.

“Le Donbass est-il l'Ukraine ?” image de Valentina Lukin.

Les récents sondages réalisés par l'Institut International de Sociologie de Kiev révèlent que la majorité en Ukraine du Sud-Est ne souhaite pas s'intégrer à la Russie. Mais si un référendum a lieu sur la sécession d'avec l'Ukraine, ses résultats pourraient être différents.

La semaine dernière, la république populaire auto-proclamée de Donetsk a utilisé le compte Facebook de son “Gouverneur du peuple” Pavel Goubarev pour annoncer la formation d'une Fédération Novorossiya de Donetsk et autres régions du Donbass en Ukraine orientale. M. Goubarev est détenu par la police ukrainienne depuis un mois. Le post, largement liké et partagé, invitait à voter à un référendum du 11 mai pour la sécession d'avec l'Ukraine et l'unification avec la Russie et la Biélorussie.

La région du Donbass (Donetsk, Louhansk et des parties de Dniepropetrovsk) a toujours connu des tendances séparatistes, déjà avant le tout récent changement de régime à Kiev. Le bassin charbonnier et énergétique est l'une des régions les plus densément peuplées et les plus économiquement développées de l'Ukraine. Beaucoup y ont le sentiment de nourrir le reste de l'Ukraine, encouragés dans cet état d'esprit par les séparatistes.

Jusqu'à présent, les séparatistes sont gagnants. Dans la deuxième semaine d'avril, la mairie de Donetsk a été occupée, et une république indépendante de Louhansk a été instaurée peu après. Pour le moment Dniepropetrovsk est le seul centre régional dont l'administration a réussi à défier les séparatistes. Boris Filatov, qui travaille dans le bureau du gouverneur de Dniepropetrovsk, est suivi par 30.000 personnes sur Facebook, et utilise son compte comme plate-forme de presse. Il s'est rendu récemment dans la partie orientale de la région de Dniepropetrovsk pour y rencontrer des mineurs et l'encadrement. M. Filatov affirme que l'essentiel est de “préserver l'intégrité de [son] pays, sa souveraineté et son indépendance. Peu importe le reste.”

Du fait de l'incapacité des responsables de Donetsk à contrôler les séparatistes, des Ukrainiens s'y tournent vers Dniepropetrovsk en quête de direction. Ironie de l'histoire, les militants pro-Ukraine répandent des tracts à Donetsk exhortant la population à réclamer un référendum pour rejoindre la Région de Dniepropetrovsk. 

Selon l’étude citée au début de cet article, plus de 80 % de la population de Dniepropetrovsk est opposée à la sécession d'avec l'Ukraine et à l'unification avec la Russie. Seulement 27.5 % de Donetsk et 30.3 % de Louhansk sont favorables à la sécession. Certains blogueurs ont toutefois relevé que dans l'étude les questions de la sécession d'avec l'Ukraine et de l'intégration à la Russie n'en faisaient qu'une. Et il n'y avait pas de question sur la fédéralisation de l'Ukraine. Elena Balabanova, qui travaille au Centre municipal pour la Jeunesse de Donetsk, voit la population du Donbass divisée en quatre catégories : pro-”Ukraine unifiée,” pro-”Ukraine fédéralisée,” pro-Russie, et pro-indépendance. ”A cause de la formulation incorrecte des questions”, dit-elle, “certaines catégories sont absentes de l'étude, comme les “fédéralistes”"

Les fédéralistes ukrainiens proposent une république fédérale, avec deux langues d'Etat, le russe et l'ukrainien, une question apparemment essentielle pour de nombreux séparatistes dans la Région du Donbass. Un de ces militants du fédéralisme, Da Dzi, insiste qu'une Ukraine unitaire, telle qu'elle existait ces vingt dernières années, n'est plus possible. Il y a un seul moyen d'éviter de verser le sang et de maintenir une certaine forme d'Ukraine : “La réforme constitutionnelle, la formation d'une Fédération ukrainienne, et la transformation du Sud-Est en république fédérative de Novorossia.”

Un site web biélorusse propose un questionnaire qui paraît réaliser une meilleure distinction entre groupes d'opinion. L'étude est conduite en ligne dans huit régions du Sud-Est ukrainiens. Ses auteurs affirment vérifier chaque adresse IP avant d'autoriser les participants à choisir entre une Ukraine unitaire, la Russie, une république indépendante, et une fédéralisation de l'Ukraine. Le questionnaire attire moins d'habitants de Dniepropetrovsk et des cinq autres régions de la Novorossiya (une dizaine de milliers de votes dans chacune), mais a beaucoup de succès à Donetsk (environ 70.000 votes) et Louhansk (environ 30.000). Il pourrait cependant y avoir un biais de sélection dans ce sondage : la pluralité des votants en ligne a choisi d'intégrer la Russie. La fédéralisation est troisième, loin derrière.

Le moteur de recherche chinois Baidu censure le site New Citizens Movement

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Le site New Citizens Movement [chinois] a disparu du moteur de recherche Baidu, après que l'un de ses fondateurs, Xu Zhiyong, également avocat et activiste chinois, a été condamné à quatre ans de prison. La Cour chinoise a déclaré Xu Zhiyong coupable d'avoir organisé un rassemblement troublant l'ordre public. Ce n'est pas la première fois que des informations concernant l'activiste chinois disparaissent du moteur de recherche Baidu et d'autres sites chinois [anglais].

 

Pourquoi le Rwanda accuse la France d'avoir soutenu le génocide, en cinq points

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A l'occasion des commémorations en mémoire des victimes du génocide rwandais, le Président Kagame a déclaré que la France devait “regarder la vérité en face” sur le rôle qu'elle a tenu pendant le génocide de 1994. La France n'a pas assisté aux commémorations en réponse aux accusations du Président rwandais. Et l'ancien ministre français des Affaires étrangères a demandé au Président Hollande de défendre l'honneur du pays et de ses forces armées.

Sur le site Rue89, Rémi Noyon énumère les raisons des accusations de soutien au génocide perpétrées contre la France :

 1) La France va « de facto » prendre le commandement de l’armée rwandaise face au rebelles du Front patriotique rwandais (FPR).

2) La France craint alors que l’offensive tutsi ne soit télécommandée via l’Ouganda par les Anglo-saxons, et ne vise à enfoncer un coin dans l’influence de la France sur la région

3) La France ne semble pas s’intéresser outre mesure aux négociations de paix.

4) Les soldats n’embarquent pas le personnel tutsi présent à l’ambassade de France (sauf une personne). Ils seront tous massacrés.

5) Quant à l’opération Turquoise, elle continue à diviser : elle a certainement permis de sauver des vies tutsi, mais l’armée est accusée d’être restée passive – et donc complice – face aux atrocités.

 

 

Tragédie et confusion à Odessa

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The besieged Odessa Union building. A Molotov cocktail explodes in the top right corner of the frame. Dozens died in the ensuing fire. YouTube screenshot.

La Maison des syndicats d'Odessa assiégée. Un cocktail Molotov vient d'exploser en haut à droite de la photo. L'incendie qui a suivi a fait plusieurs dizaines de morts. Capture d'écran sur YouTube.

Le séparatisme en Ukraine a pris une tournure plus menaçante qu'on ne s'y attendait, et cela à l'endroit le plus inattendu, quand une trentaine de manifestants pro-Russes sont morts le 2 mai dans un incendie à Odessa, l'insouciant port de la Mer Noire. Des vidéos sur YouTube il ressort que l'incendie a été allumé par des assaillants pro-Ukraine, dont de nombreux supporters de football, qui ont voulu déloger les quelques dizaines de séparatistes occupant une maison locale des syndicats. Les séparatistes auraient tiré sur les assaillants, en tuant deux [russe] et en blessant plusieurs autres. Les attaquants ont riposté avec des cocktails Molotov, qui ont allumé l'incendie meurtrier.

Les utilisateurs de RuNet sont pour la plupart scandalisés par cette tragédie, et leur indignation se nourrit de photographies explicites [AVERTISSEMENT, image insoutenable] de corps carbonisés, tandis que les blogueurs pro-Ukrainiens comme le prolifique @yyasyaa, dont de nombreux tweets ont été re-tweetés aujourd'hui des centaines de fois, affirment [russe] que les activistes ukrainiens qui avaient encerclé la Maison des syndicats avaient tenté d'aider les séparatistes à fuir le brasier.

Un blogueur a fourni un récit circonstancié et de première main de l'origine de l'affrontement. D'après Maxim Motin [russe], un conseiller municipal moscovite, le noyau dur des supporters des équipes de football d'Odessa et de Kharkov, dont le match était prévu le 2 mai, ont tenu un rassemblement conjoint de soutien à l'unité ukrainienne. (Les “Ultras,” ou supporters engagés, étaient un élément nombreux des manifestations de Maïdan cet hiver.) Le rassemblement a été attaqué par un petit nombre de séparatistes, qui ont été repoussés. Après l'échauffourée, le rassemblement s'est transformé en foule furieuse qui s'est dirigée vers le QG séparatiste et a “mis le feu aux tentes et rossé plusieurs personnes.” Motin a qualifié les événements de “provocation,” sans dire de qui selon lui.

Provocation ou pas, la violence a fait des morts, et Internet a rapidement appelé à la vengeance. Une série d'images en particulier a causé une fureur disproportionnée : celle de jeunes filles confectionnant des cocktails Molotov, puis marchant joyeusement, ces armes mortelles à la main :

Two alleged participants in May 2 violence. Faces have been redacted.

Deux participantes supposées aux violences du 2 mai portent des cocktails Molotov. Les visages ont été barrés.

Les photos ont fait le tour des réseaux sociaux russes et ukrainiens, republiées [russe] par les deux bords opposés — un blogueur pro-ukrainien a tweeté [russe], approbateur, qu'il était “impossible de ne pas en tomber amoureux”. Les jeunes femmes ont rapidement été identifiées, les liens de leurs comptes VKontakte et Facebook diffusés [russe] sur [russe] Twitter [russe]. Leurs comptes ont été supprimés ou fermés dans les heures qui ont suivi.

Au moment où les blogueurs pro-russes se mettaient en chasse des fabricantes de cocktails Molotov, les blogueurs ukrainiens diffusaient l’information sans preuve [russe] que 15 des morts dans l'incendie étaient des ressortissants russes, 10 autres venaient de Transnistrie, et qu'il “n'y avait pas le moindre individu d'Odessa.” Ceci a été réfuté [russe] plus tard par la polce d'Odessa, qui a indiqué avoir identifié déjà 8 corps, tous d'habitants de la ville.

Pendant ce temps, la classe politique ukrainienne commentait les événements sur Facebook. Le gouverneur de la région d'Odessa, Vladimir Nemirovski, a déclaré [russe] qu'il considère “légitime” les actions des Odessites qui ont voulu “neutraliser des terroristes armés.” La député ultra-nationaliste ukrainienne fêlée Irena Farion s'est montrée provocatrice à son habitude, écrivant [russe] ”Les diables doivent brûler en enfer. Les supporters de foot font les meilleurs rebelles. Bravo.”

Qu'on rende attribue aux supporters de foot ultras, aux agents provocateurs russes, à la faiblesse des autorités centrales de Kiev, ou à Poutine [russe] directement, la responsabilité des événements d'Odessa, une chose ne fait pas de doute : l'escalade est inéluctable. Comme l'a tweeté [russe Alexeï Venediktov d'Echo de Moscou : "le point de non-retour a probablement été atteint."

VIDEO : Januka, enceinte de 7 mois, travaillant aux champs

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Sauf indication du contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais.

Cette vidéo de Sonia Narang pour The World est parue sur PRI.org le 23 février 2014, elle est publiée sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus. 

Januka Rasaeli vit dans un village rural au Népal, où les femmes assurent de pénibles corvées toute la journée. Enceinte de 7 mois, elle s'inquiète du fait que son travail mette la santé du bébé en danger. 

Ces dernières années, le Népal a fait un grand pas vers l'amélioration de la santé des femmes enceintes et le nombre de femmes mortes en couches a diminué. Les femmes enceintes font encore souvent des tâches éreintantes qui peuvent nuire à leur santé et à celle de leur enfant à naître. Alors qu'elle travaille toute la journée, Januka Rasaeli, 28 ans, partage avec nous ses espoirs et ses peurs. 

Cet article fait partie de la série The Ninth Month de PRI.org, un voyage à travers la grossesse et l'enfance, les cultures et les continents. Rejoignez la communauté The Ninth Month sur Facebook pour partager vos histoires sur l'enfant là où vous vivez. Mot-clic #ninthmonth

 


VIDEO : Une “maison d'attente” accueille les femmes enceintes au Pérou

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Sauf indication du contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais.

Cette vidéo de Oscar Durand et Elie Gardner pour The World est paru sur PRI.org le 23 février 2014, il est publié sur Global Voices dans le cadre d'un accord de partage de contenus.

Dans les zones rurales du Pérou, les femmes sont encouragées à passer leurs dernières semaines de grossesse dans des maisons d'accueil spécialisées qui proposent un accueil, un environnement confortable et des soins. Cependant, l'attente reste difficile. Voir la vidéo :

Pour éviter que les femmes accouchent à domicile, où le risque de décès est plus élevé, le Pérou a mis en place un réseau de maisons d'attente maternelle. Ces résidences accueillent les femmes des zones rurales pendant les dernières semaines de la grossesse pour qu'elles puissent accoucher entourée de personnel qualifié. Ana María Bolege, âgée de 21 ans, est venue à la maison d'accueil dans la ville andine d'Ayacucho, à trois heures de route de sa maison. 

Cet article fait partie de la série The Ninth Month de PRI.org, un voyage à travers la grossesse et l'enfance, à travers les cultures et les continents. Rejoignez la communauté The Ninth Month community sur Facebook pour partager vos histoires sur l'enfance là où vous vivez. Mot-clic #ninthmonth

Brésil : Un tortionnaire de la dictature retrouvé sans vie chez lui

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Coronel Paulo Malhães em depoimento a comissão Nacional da Verdade, em março. Foto: Marcelo Oliveira / ASCOM – CNV

Le Colonel Paulo Malhães lors de sa déposition devant la Commission Nationale de la Vérité, en mars. Photo: Marcelo Oliveira / ASCOM – CNV

Tous les liens mènent à des liens en portugais

Dans les derniers jours de mars, le Colonel à la retraite Paulo Malhães est arrivé en fauteuil roulant, caché derrière des lunettes noires, pour faire l'une des plus impressionnantes dépositions jamais entendue devant la Commission Nationale de la Vérité, sur la période de la dictature militaire au Brésil. Le vendredi 25 avril, soit un mois après, le corps du tortionnaire et assassin avoué, a été retrouvé sans vie. Selon les informations de la police, Malhães, ainsi que son épouse et le gardien, ont été fait prisonniers par trois hommes, à l'intérieur de leur maison située dans les environs de Nova Iguaçu, état de Rio de Janeiro. 

La police travaille sur plusieurs hypothèses, d'abord celle de l'exécution d'un témoin gênant, celle de la vengeance ou encore celle du crime crapuleux puisque les auteurs ont emporté avec eux la collection d'armes du colonel. Le rapport du médecin légiste, présenté le lendemain, conclut pour sa part à un décès dû à des causes naturelles. La famille a confirmé que Malhães, âgé de 76 ans, avait des problèmes cardiaques. Malgré ça, la CNV [NdT: Commission Nationale de la Vérité] a demandé à la police fédérale d'accompagner l'enquête sur cette affaire. 

Selon des informations publiées par la revue Carta Capital, Malhães aurait affirmé en “témoignage privé” avoir peur pour sa vie. Le colonel s'est refusé a dévoiler les noms d'agents de la répression qui ont “officié” à ses côtés pendant la dictature militaire, affirmant “qu'il ne pouvait laisser échapper aucun nom sous peine de voir sa vie menacée”. 

Avouer sans regretter 

Dans sa déposition devant la Commission de la Vérité de l'état de São Paulo et à la Commission Nationale de la Vérité,  Malhães a admis et décrit des tortures, des assassinats et des pratiques de dissimulation de cadavres, ablation de prothèses dentaires et mutilations dans le but d'empêcher toute identification. En février, il avait reconnu sa responsabilité dans la disparition du corps du député Rubens Paiva, mais il s'était rétracté par la suite.  Alors qu'il était interrogé sur le nombre des victimes qu'il avait éliminé, froidement, le colonel a répondu : “Autant que cela était nécessaire”. Depuis le début des activités de la CNV, en 2012,  Malhães était le cinquième agent à déposer en audience publique, le second à admettre la pratique de la torture et le premier à avouer sa participations à des crimes. Il n'a manifesté aucun remord tout au long des trois heures pendant lesquelles il a été entendu. Au contraire, dès le début de la session, il a déclaré :

Como faço com tudo na vida, eu dei o melhor de mim naquela função. (…) Eu cumpri o meu dever. Não me arrependo. 

Comme je l'ai toujours fait au cours de ma vie, j'ai donné le meilleur de moi-même dans ce rôle-là. (…) J'ai rempli mon devoir. Je ne regrette rien. 

La mort de Malhães a fait prendre conscience au Brésil que la période militaire n'était peut-être pas tout à fait terminée. Elle a suscité un débat sur les criminels de l'histoire récente qui n'avaient jamais été puni. La Loi d'amnistie, encore en vigueur dans le pays, ne permet pas le jugement des tortionnaires [Ndt: encore en vie] devant les tribunaux. Le blogueur et activiste Belchior – plus connu sous le nom de Negro Belchior – en est venu à regretter la mort du tortionnaire, tout en rappelant le nombre de brésiliens qui ont préféré se faire justice eux-mêmes dans plusieurs villes du pays au début de l'année:

Foi acerto de contas por parte de grupos ligados a resistência à ditadura? Foi vingança por parte de família e amigos de algum torturado? Não acredito. É mais razoável imaginar que se trata de uma ação com a intenção de intimidar possíveis futuros delatores das atrocidades cometidas pelas forças oficiais do Estado durante os anos da repressão.

Mas, quero tratar aqui da mensagem que fica: A ideia da justiça feita pelas próprias mãos. Assassinatos, torturas, desaparecimentos e linchamentos cada vez mais frequentes e banalizados, a começar pela ação das polícias, cujos exemplos não faltam. E que agora se vê promovido por “populares”.

O discurso fascista se fortalece: “É a ausência da lei! Bandido faz o que quer e a população se sente desprotegida. A tendência é que façam justiça com as próprias mãos!”

Règlement de compte de groupes liés à la résistance pendant la dictature ? Vengeance de familles ou d'amis d'une victime de la torture ? Je n'y crois pas. Il est plus raisonnable de penser qu'il s'agit d'une opération organisée dans le but d'intimider d'éventuels futurs délateurs des atrocités commises par les forces officielles de l'État pendant les années de la répression.

Mais, je veux parler ici du message que l'on en retient : l'idée de la justice rendue de nos propres mains. Des assassinats, des tortures, des disparitions et des lynchages toujours plus fréquents et banalisés, en commençant par l'action de la police, et dont les exemples ne manquent pas. Et qui maintenant sont promues au rang de “populaires”.

Le discours fasciste en sort grandi : “C'est à cause de l'absence de loi ! Les bandits font ce qu'ils veulent et la population ne se sent plus protégée. La tendance est de se faire justice soi-même !”

4 façons de participer à la campagne pour les blogueurs éthiopiens #FreeZone9Bloggers

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Zone 9 Tumblr Collage.

Images du Tumblr Zone 9, zoneniner.tumblr.com.

Befeqadu Hailu, Abel Wabela, Atnaf Berahane, Mahlet Fantahun, Zelalem Kibret, et Natnael Feleke (tous membres du collectif de blogs éthiopiens Zone 9) et les journalistes Asmamaw Hailegeorgis, Tesfalem Waldyes et Edom Kassaye ont été arrêtés les 25 et 26 avril 2014 à Addis Abeba. Ils sont depuis retenus au centre de détention Maekelawi sans accès à un avocat. Ils n'ont pas été autorisés à voir leurs familles. 

Depuis 2012, le collectif de blogueur Zone 9 travaille pour encourager l'engagement civique et les commentaires critiques sur les questions sociales et politiques en Ethiopie, aux côtés des journalistes engagés dans la même démarche au sein de la rédaction de leur publication. Leur arrestation et détention constituent une violation de leur droit universel à la liberté d'expression et de leur droit à ne pas être retenu en détention arbitrairement, comme le stipule l'article 6 de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples. 

La communauté Global Voices et nos réseaux d'amis et d'alliés exigent la libération de ces neufs hommes et femmes. 

Voici quatre façon par laquelle vous, ou votre organisation, pouvez apporter votre soutien à la campagne :

1. Ecrivez à l'ambassade d'Ethiopie de votre pays. Si vous êtes en Afrique, écrivez au bureau de la Commission Africaine de votre pays. Envisagez de la remettre en main propre ! 

2. Ajoutez votre photo et votre message de soutien dans le Tumblr Free Zone 9

3. Signez le Communiqué de Global Voices exigeant la libération des blogueurs

4. Diffusez ! Parlez de la campagne à vos amis, votre famille, vos collègues. Partagez les articles et les liens, travaillez collectivement sur des lettres communes destinées aux décideurs ou planifiez un rassemblement. 

 

Articles sur la situation des blogueurs de Zone 9 sur Global Voices :

La Commission Africaine sollicitée pour envoyer des experts de l'ONU afin d'intervenir dans l'affaire des blogueurs de Zone 9 [anglais] 3 mai 2014

COMMUNIQUE : Global Voices appelle à la libération des neufs journalistes en Ethiopie,  2 mai 2014

Netizen Report : l'Ethiopie réprime la liberté d'expression [anglais], 30 avril 2014

Six Membres d'un collectif de blogueurs arrêtés en Ethiopie, 25 avril 2014

 

Nigeria : La campagne “pour récupérer nos filles” #Bringourgirlsback

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Poster de la campagne. 234 filles entre 16 et 18 ans ont été enlevées il y a presque 2 semaines au Nigeria: #bringourgirlsback.  Source: la page Facebook #‎bringourgirlsback‬ – Domaine public

234 filles kidnappées au Nigeria,
seules quelques unes se sont échappées ;
les autres n'ont pas encore été retrouvées.
Que fait le GF [Gouvernement Fédéral] pour les secourir ?
Exigez la libération de nos filles
#bringbackourgirls.

Mi-avril, plus de 200 écolières ont été enlevées d'un collège à Chibok par Boko Haram, un groupe terroriste basé dans le nord du pays. Bien que 57 d'entre elles aient réussi à s'échapper, beaucoup d'autres restent aux mains des kidnappeurs. Le 30 avril, des femmes nigeriannes ont organisé des manifestations à travers tout le pays pour réclamer l'intensification des efforts du gouvernement pour secourir les jeunes filles. Le site d'information Sahara Reporters a publié un photo-reportage de la manisfestation de Kaduna. Les blogueurs nigerians ont aussi créé une page Facebook avec le mot-clé #bringourgirlsback, demandant de didduser sur internet leur indignation contre cette action criminelle par des rebelles extrémistes.

Une immigrante sans papiers à Hong Kong : success story ou voleuse ?

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Betty Wong est jeune, mais sa vie est aussi dramatique qu'un scénario de film hollywoodien. En 2003, à l'âge de 8 ans, elle a quitté la Chine continentale pour entrer clandestinement à Hong Kong afin de rejoindre ses parents, tous deux résidents hongkongais. Selon le reportage d'un média local, ses parents avaient violé la politique de l'enfant unique sur le continent, n'obtenant pas alors le document juridique leur permettant de faire une demande de visa d'entrée pour leur fille.

En tant qu'immigrante sans papiers, l'autorité de l'immigration locale lui a seulement fourni un titre de séjour temporaire pour réfugiés. En l'absence de carte d'identité, elle a eu des difficultés à recevoir une éducation et des soins médicaux corrects.

Cependant, à force de travail, elle est devenue étudiante en médecine à l'Université de Hong Kong, le meilleur établissement de la ville, tandis que le Ministère de l'Immigration lui a finalement remis une carte d'identité, faisant d'elle une résidente hongkongaise.

Elle a récemment témoigné de son histoire sur Facebook. Son texte est accompagné d'une photo d'elle, prise à l'extérieur du Ministère de l'Immigration. Sur cette photo, elle porte un pull avec les mots “Merde alors!” imprimés dessus, des termes interprétés par de nombreux internautes comme un manque de respect.

Betty Wong wrote her life journey in her Facebook with a photo taken outside the Hong Kong Immigration Department. The post was deleted because of online attack but the photo has been circulated widely online. This one via the Housenews.

Sur Facebook, Betty Wong a témoigné de son parcours l'ayant mené de la Chine à Hong Kong, accompagné d'une photo prise à l'extérieur du bâtiment de l'immigration de Hong Kong. Cette photo a circulé abondamment sur le web, dont Housenews.

Mais Betty Wong a dû composer avec d'autres critiques. De nombreux internautes ont blâmé son passé d'immigrante sans papiers et l'ont accusée de “piller” les ressources de Hong Kong, ou bien encore de ne pas montrer assez de gratitude.

Ce sentiment est fortement lié au conflit politique et social qui oppose Hong Kong à la Chine. Le suffrage universel à Hong Kong demeure un rêve sans cesse repoussé. Actuellement, tous les législateurs et les dirigeants de la Région Administrative Spéciale de Hong Kong sont élus directement par le peuple, bien que les communistes de Pékin exercent une forte influence sur ce vote.

La ruée des capitaux et des touristes chinois continentaux sont perçus par les habitants hongkongais comme une érosion de leur ville, déjà peu étendue. Ce ressentiment augmente tellement que la possibilité d'une conspiration a germé dans l'esprit des résidents, qui pensent que la mère patrie chinoise enverrait des immigrants afin de prendre le contrôle de la ville.

Après le déferlement de critiques en ligne, le post de Betty Wong a été supprimé.

Le billet publié sur le blog de Dadazim a dévoilé les témoignages de colère des internautes:

香港人一向天真,給人賣了,還幫人數錢。 剝掉那些賣弄的奮鬥包裝,其實就是一個大 陸女子偷渡、違法,再奪去了一個香港人的 醫科學位;成功變成香港人之後,再上網大 義凜然炫耀一番。

Les Hongkongais sont vraiment naïfs. Ils ont été trahis [par le gouvernement chinois] et maintenant ils payent sa dette. Grattez un peu sous cette image de “femme luttant pour réussir” : il s'agit d'une femme du continent, qui a enfreint la loi, est entrée clandestinement à Hong Kong et a volé la place d'un étudiant en médecine qui aurait dû revenir à un Hongkongais. A la suite de cela, elle obtient la citoyenneté hongkongaise et met en ligne son histoire.

好慘?世上好慘的人,何止Betty?非洲很多 人吃不飽,四十歲之前就死,香港為甚麼不 幫?香港有責任為別人的不幸和不幸家庭狀 況埋單?Betty Wong似乎分不清老奉與酌處 理的分別。香港沒有欠她,給她身份證和醫 學院學位,不敢叫她感恩載德,但一個有羞恥心的人起碼不會佔了便宜還覺巧威威,四處宣揚,顧昐自豪的。

Misérable ? Tant de gens dans ce monde sont misérables. Pas seulement Betty. En Afrique, tellement de gens sont affamés, si bien qu'ils décèdent avant l'âge de 40 ans. Pourquoi Hong Kong ne les aide-t-elle pas ? Devons-nous payer la dette de quelqu'un d'autre ? Betty Wong ne distingue pas la différence entre obligation et discrétion. Hong Kong ne lui doit rien. Nous n'osons pas lui demander de faire preuve de gratitude envers Hong Kong pour avoir obtenu une carte d'identité ainsi qu'une place à l'université de médecine. Mais quiconque possède un peu de sentiment de honte ne devrait pas étaler sa fierté d'avoir profité de tout cela.

En réponse à ces commentaires, Lui Hin Ying a écrit sur le site d'actualités en ligne Housenews:

Betty的爸爸是香港人,而媽媽和姊姊都能從 合法途徑到香港定居,為什麼她不也從合法 途徑來港而要選擇偷渡呢?更有趣的是,我 公公婆婆那一代也是游水偷渡到香港 的,technically speaking,如果我公公婆婆 是賊,那我算不算是賊贓?

Le père de Betty est un citoyen hongkongais, tandis que sa mère et sa sœur sont arrivées à Hong Kong de façon tout à fait légale. Pourquoi a-t-elle choisi d'immigrer à Hong Kong clandestinement plutôt que d'utiliser une voie légale ? L'ironie de l'histoire est que mes grands-parents ont également immigré clandestinement à Hong Kong. Techniquement parlant, si ce sont des voleurs, ne suis-je pas un voleur également ?

更更有趣的是,香港貴為國際大都市,思維甚至行為上卻極度排外。本身明明是個移民之都,整座城市都是「賊」打造成的,卻捉 賊喊賊,將所有新移民妖魔化為搶資源,搶學位的蝗蟲。

Il est intéressant de constater que dans une ville cosmopolite comme Hong Kong, le comportement et les pensées des gens soient aussi communautaristes. Cette ville fut fondée par des immigrants, les “voleurs”, et ces mêmes voleurs accusent les autres d'en être également, diabolisant les nouveaux arrivants qui pilleraient leurs ressources et leurs diplômes universitaires.

Yeung Zi Wah déclare sur son blog qu'elle espère que les Hongkongais pourront résoudre leurs problèmes politiques plutôt que de stigmatiser des individus: 

我們應該透過「批鬥」Betty Wong這個人來 發洩近來中共對香港種種的入侵,還是應該 從這事件中思考本土主義如何脫離族群仇 恨,回歸正路,在公共政策上找出對抗中共 入侵的方法。我想大家心中有數。

Devons-nous nous en prendre à Betty Wong afin d'exprimer notre colère face à l'invasion du Parti Communiste Chinois à Hong Kong, ou devons-nous réfléchir à la meilleure façon de régler nos problèmes locaux, afin de nous libérer des ressentiments ethniques et travailler sur une meilleure politique contre cette invasion ? Nous connaissons déjà la réponse.

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