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Russie, affaire Vkontakte : des litiges juridiques comme moyen de censure ?

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Objection? Overruled! Images remixed by Andrey Tselikov.

Objection ? Rejetée ! Collage de Andreï Tselikov

Pavel Durov, fondateur et PDG de VKontakte, le plus grand réseau social le plus large de la Russie annonçait le 16 avril dernier que VKontakte n’aurait pas recours à la censure comme le voulaient des autorités russes et a publiquement refusé [voir article sur Global Voices] de fermer la communauté virtuelle anti corruption de l'opposant Alexey Navalny sur son service. Lors d’une interview [russe, ru] il a expliqué que son coup de théâtre [voir article sur Global Voices] du 1er avril autour de sa démission suivie de son retour avait été orchestré dans le but de mettre fin à la pression exercée sur lui depuis cet incident. 

Ce même jour, Durov a démenti les raisons qu’il avait données [ru] auparavant concernant la cession des 12% de ses parts dans la société  ( en plus des 40% des parts du Milliardaire ALisher Usmanov, qui avait confié ses droit de vote à Durov,  ce qui accordait à ce dernier un important moyen de contrôle). Il avait dit dans un premier temps vouloir se débarrasser de ses possessions matérielles. Il a ensuite déclaré que c’était plutôt un moyen d’empêcher les services secrets russes de faire pression en utilisant ses parts afin d’obtenir des informations [ru] sur l’opposition ukrainienne, les groupes Euromaidan qui se formaient sur VKontakte.   

Répondre à de telles requêtes aurait été une « trahison » envers des millions d’ukrainiens qui lui avaient fait confiance, a dit Durov. Il a également affirmé que les internautes ukrainiens de son site web ne sont pas sous la juridiction de la Russie. Lors d’une interview [ru] avec le New Times, le 17 avril, Durov a affirmé qu’il n’avait plus rien en sa possession qui pourrait servir de « levier » pour le mettre sous pression. Chose ironique venant d’un homme dont la fortune s’élevait à plus de 200 millions de dollars USD en 2012. Peut être voulait il simplement dire qu’il n’avait rien en sa possession dont les autorités russes ainsi que leurs intermédiaires pourraient s’emparer. Malheureusement, Durov pourrait bien avoir tort. 

Vkontakte, l’actionnaire minoritaire des fonds d’investissement United Capital Partner (UCP), a déposé une plainte [ru] contre Durov pour violation d’obligations judiciaires lors de l’élaboration de son nouveau projet Telegram messenger, messagerie instantanée sécurisée. UCP prétend que Durov s’est servis des fonds et des ressources de VKontakte pour financer le développement de son nouveau projet et qu’il y a consacré son temps, négligeant ainsi la société VKontakte. UCP affirme  que Telegram fait concurrence à VKontakte, ce qui a, encore une fois, porté préjudice à cette dernière. Enfin, UCP réclame un dédommagement de 500 millions de roubles russes et exige la restitution de Telegram ainsi que tous les protocoles IP correspondants et que ces derniers soient replacés sous le contrôle de VKontakte. 

Jusqu’à present, UCP a pris le contrôle de trois entreprises enregistrées aux États-Unis, plus ou moins affiliées à Telegram. Lors d’un entretien [ru] avec TJournal, Durov a expliqué que ces entreprises détiennent les droits sur la marque Telegram sur le marché américain. Néanmoins, l’infrastructure même de Telegram ainsi que les protocoles IP sont sous le contrôle de Durov et son frère à l’extérieur des États-Unis (il n’a cependant pas précisé où exactement.) Durov affirme que la plainte est futile et qu’il y a des « soupçons de fraude » sur UCP et sa manière de gérer l'affaire.  

UCP est l'ennemi juré de Durov. L’année dernière, UCP a acquis 48% des parts de VKontakte et est à présent le seul actionnaire minoritaire (le reste est sous le contrôle du groupe Mail.ru d’Alisher Usmanov). Durov maintient [ru] que les acquisitions d’UCP ont été faites de manière non transparente, et donc illégale. Une filiale du groupe Mail.ru a récemment déposé sa propre plainte [ru] devant une cour d’arbitrage contre UCP. Si le jugement est en sa faveur, Durov pourrait racheter une partie de ses parts, voire reprendre le contrôle de l’entreprise. 

Il serait aberrant qu’UCP se mette à faire pression sur les intérêts de Durov alors qu’il est en conflit avec les autorités au sujet de Navalny. Il s'agit peut-être d'une tentative d’utiliser « le droit de propriété comme un levier moral » étant donné que Durov ne possède plus d’actions dans VKontakte. Durov est-il vraiment sûr que Telegram ne constitue plus un terrain de jeu pour UCP ? Ou ne parle-il publiquement contre la censure que dans le but de jouir d’un soutien populaire pour défendre sa propriété intellectuelle ? Seul le temps nous le dira. 


Le prix de la censure de la presse en Chine

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Chang Ping a mis en ligne sur le site China Media Project [en anglais] un article dans lequel il développe les conséquences que pourrait avoir l'affaire Wei Yinin, ce responsable de la sécurité publique de la ville d'Haikou, sur l'île de Hainan, qui a abusé de son pouvoir pour contrôler la presse en ligne. Pour Chang Ping, ce scandale est susceptible d'activer une réflexion sérieuse sur la corruption dont souffre le système de propagande lui-même. Voici ce qu'il écrit :

C'est sans doute difficile pour la plupart des gens d'imaginer qu'un jeune responsable de la surveillance d'Internet puisse encaisser des millions en pots-de-vin. Combien, alors, un haut-gradé chargé de la propagande, aux pouvoirs quasi-illimités, peut-il empocher ? Mais le secret caractérisant la propagande est tel qu'aucun média n'oserait dénoncer ce genre de pratique concernant un des commissaires chargés de les maintenir dans le droit chemin.

Etude : qui sont les ‘migrants de l'intérieur’ chinois ?

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Les migrants chinois ‘de l'intérieur', appelés Mingong ou Nongmingong, constituent une classe sociale à part entière en Chine. Ils ont la particularité d'être originaires des campagnes et, malgré le fait qu'ils soient devenus ouvriers dans les villes, de conserver officiellement leur statut de paysans. Le site Internet ChinaFile a mis en ligne une intéressante série d’infographies [en anglais] aidant à comprendre leurs conditions de vie et les problèmes rencontrés au quotidien dans la société contemporaine chinoise.

Les Mikawa Medifes, rendez-vous annuel des médias citoyens au Japon

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第12回市民メディア全国交流集会 三河メディフェス2014のウェブサイトのスクリーンショット

Capture d'écran du site Internet dédié aux Mikawa Medifes 2014.

Le centre culturel de la ville de Kariya, située dans l'ancienne province de Mikawa appartenant aujourd'hui à la préfecture d'Aichi, au Japon, accueille ces 3, 4 et 5 mai la douzième édition des Mikawa Medifes [en japonais], rencontres annuelles rassemblant des journalistes citoyens venus de tout le pays. Des dizaines d'ateliers-rencontres et de débats sont au programme de ces trois jours s'articulant autour du thème “Les médias proches de vous”. Parmi les médias citoyens locaux représentés, notons la chaîne de télévision Channel Daichi [en japonais] et la radio communautaire fm838 [en japonais]. Les participants à la conférence sont invités à partager leurs expériences et démarches respectives dans des domaines variés : réalisation de film, animation de micro média local, diffusion audiovisuelle sur Internet, sélection et remix [en japonais] d'informations publiées dans les journaux ou encore travaux radiophoniques d'étudiants. Trois jours dédiés à l'échange d'idées et d'informations sur les liens existants, et leur futur, entre l'engagement citoyen et les médias participatifs.

 

Les militants dénoncent les justifications religieuses et traditionnelles des mutilations génitales féminines en Gambie

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Des militantes anti-MGF marchant en Gambie. Photo publiée sous licence Creative Commons par GAMCOTRAP

Des militantes anti-MGF marchant en Gambie. Photo publiée sous licence Creative Commons par GAMCOTRAP

Aja Babung Sidibeh a suivi la tradition culturelle et elle est devenue une mutilatrice génitale féminine (MGF) après la mort de ses parents, il y a des années, sur son ile natale de Janjangbureh, dans la région centrale du fleuve Gambie. Mais elle a depuis longtemps “abandonné son couteau” et participe à la lutte contre la pratique des mutilations génitales.

“Ce que je sais aujourd'hui, si je l'avais su avant, je n'aurais jamais excisé une seule femme,” a-t-elle expliqué dans un article du 23 avril paru dans le journal Standard. “Nous avons causé beaucoup de souffrances à nos femmes. C'est pourquoi je vous ai dit que ce que je sais aujourd'hui, si mes grands-parents le savaient, ils n'auraient excisé aucune femme. C'est l‘ignorance qui était le problème. “ 

Ses commentaires étaient en réponse à la déclaration de l'imam de la mosquée de la Présidence Alhaji Abdoulie Fatty publiée dans le même journal il y a quelques semaines, selon laquelle il n'y avait pas de mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie. “Ce que nous avons ici c'est l'excision. Si vous savez ce que signifie MGF, vous savez que nous ne la pratiquons pas ici. Nous ne mutilons pas nos enfants. Ce que nous avons ici est la circoncision et qui est notre religion. Nous n'avons pas mutilé notre peuple. Les MGF font partie de notre religion”.

Plus de 90 pour cent de la population de la Gambie est musulmane, mais les religieux islamiques sont divisés sur les MGF selon un rapport de l'Unicef​​. Alors que certains considèrent cet usage comme quelque chose de culturel, d'autres croient que c'est une pratique religieuse fondamentale (sunnah). Il n'existe pas de loi dans le pays qui l'interdise.

Les commentaires de l'imam ont incité le site What's On Gambia (Ce qui se passe en Gambie) à poser la question à ses followers sur Facebook ; ”Sommes-nous sur le point de voir la fin des mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie ?”.

Isatou Jobis a répondu, invitant les femmes à s'unir parce qu'elles sont celles qui connaissent la douleur de la pratique:

Nous, les femmes nous devons nous unir et expulser les MGF hors de notre pays. Rappelez-vous que toutes les personnes qui le font sont des femmes et que toutes les victimes sont aussi des femmes. Comment voulez-vous que ces hommes égoïstes comprennent la douleur que nous subissons.

1. Ils ne nous suivent pas lorsque nous accouchons de leurs enfants. Ils restent à la maison à boire de l'Attaye [du thé vert de Chine populaire dans les quartiers à faible revenu et lors des fonctions sociales] et parler de stupidités/ / /

2. Quand il s'agit de l'amour, ils sont nuls. Se soucient-ils même si nous aimons le sexe ou pas? / / /

3. Ils feraient tout pour nous supprimer. Non aux MGF

Mansur Sowe a démonté les arguments selon lesquels les MGF étaient une obligation religieuse et qu'elles étaient bénéfiques pour l'hygiène et font partie de la tradition:

ON PENSE QUE …. c'est une obligation religieuse MAIS le Coran ne mentionne pas les mutilations génitales féminines ni la circoncision.
2. c'est plus hygiénique MAIS les MGF peuvent causer des infections urinaires et gynécologiques, le tétanos, le SIDA, de graves anémies et même la mort.
3 ça fait partie des coutumes et des traditions, MAIS la tradition doit changer quand elle porte atteinte aux droits de l'homme et met en danger la vie et la santé des personnes
4. ça protège la virginité MAIS la virginité peut être protégée sans mutiler les filles
5. les filles seront en mesure d'avoir plus de bébés MAIS les MGF peuvent empêcher une femme d'avoir des enfants et peuvent entraîner des complications lors de l'accouchement et parfois même la mort du bébé et de la mère.

Si les MGF étaient importantes dans l'Islam, fait valoir Aisha E. Suso, il y aurait eu un verset à ce sujet dans le Coran:

Ne mélangez pas tradition / culture avec la religion. Ce sont les femmes qui devraient décider si elles veulent pratiquer les MGF ou pas. Vous, les hommes qui en débattez, vous ne savez pas ce que nous subissons au nom de la culture / tradition ou, comme certains de vous le disent… sunnah [paroles et pratiques du Prophète Muhammad]. Si les MGF étaient-aussi importantes pour notre honneur, il y aurait eu un verset clair dans le livre saint.

 Aja Babung Sidibeh, l’ex-exciseuse, n'est certainement pas la seule dans son combat contre les MGF. Le Comité gambien sur les pratiques traditionnelles (GAMCOTRAP) est l'une des principales organisations de lutte contre cette pratique dans tout le pays. L'organisation travaille à sensibiliser la population sur la préservation des pratiques bénéfiques de la traditions ainsi que sur l'élimination de toutes celles qui sont nuisibles, y compris les mutilations génitales féminines.

La vidéo YouTube ci-dessous publiée le 14 Février 2013 par le GAMCOTRAP montre un appel pour mettre fin à la violence contre les femmes en Gambie:

Mais il y a ceux qui soutiennent encore l'excision, comme Fabakary Jammeh qui a écrit sur la page Facebook What's On Gambia :

Les MGF sont saines et islamiques. Celles dont le clitoris n'a pas été coupé ont tendance à croitre ce qui peut alors provoquer des maladies pour les femmes. Il n'y a aucune base scientifique réelle pour son dénigrement. C'est juste l'Occident qui veut dépouiller les africains de leurs précieuses valeurs qui sont si fondamentales que toute dérogation pourrait induire en erreur et provoquer un écart de génération ainsi qu'une mentalité coloniale.

 Des arguments tels que ceux-ci sont rapidement démystifiés lorsque ce sont les victimes qui parlent de leurs propres expériences. Un message publié sur la page Facebook de l’organisation de la jeunesse Activista décrit en détail la réalité barbare de l'excision:

Je n'aurais jamais cru que les MGF avaient vraiment des répercussions sur la santé, si ce n'est pour la raison que j'ai été un témoin oculaire de l'histoire touchante d'une pauvre victime, non seulement de la pratique de MGF, mais aussi du processus dit de la fermeture. La jeune militante a eu le courage de partager son expérience personnelle avec toutes les personnes présentes dans la salle [Conseil municipal de Kanifing]. Quelques uns de ses mots ont été “j'ai été mutilée à l'âge très tendre de 3 ans et contrainte de me marier à 13 ans. Mes droits ont été violés car j'ai été mutilée et scellée, le tout au nom de ma protection contre les grossesses chez les adolescentes. Le mariage ne pouvait pas être consommé et la seule solution était de me faire subir la pratique du “ngansing baa” réouverture de mon orifice vaginal.

Pouvez-vous imaginer l'attente toute votre vie d'avoir des relations sexuelles avec la personne juste et réaliser que vous ressentez de la douleur sans sentiments pendant les rapports sexuels? Le pire, c'était lors de mon accouchement, je voulais sauver une vie, juste pour réaliser que je pouvais perdre la mienne. Méfiez-vous! la chose la plus nuisible qui pourrait arriver à une petite fille est la mutilation génitale féminine. # # UpwithJustice et DownWithFGM

L'Internet russe en route pour Pyongyang

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What it might look like when global social network and search giants have to haul their servers into Russia. Based on Ilya Repin's seminal "Volga Boatmen." Images remixed by Andrey Tselikov.

Le réseau social mondial et les géants du moteur de recherche pourraient avoir à hâler leurs serveurs physiquement en Russie. D'après le célèbre tableau d'Ilya Repine, “Les bateliers de la Volga.” Montage d'images d'Andrey Tselikov.

Le mois dernier, RuNet Echo racontait [Global Voices, en anglais] comment un conseiller municipal de Moscou voulait imposer à tous les grands réseaux sociaux de stocker les données des utilisateurs russes sur le sol russe. Il semble que son souhait ait été entendu, ou du moins que les législateurs russes partagent son idée. Selon un des amendements à un projet de loi récemment adopté par la Douma russe, à dater du 1er août 2014, tous les diffuseurs de contenu en ligne seront requis de conserver 6 mois de données d'utilisateurs en Russie.

La réglementation [russe] fait partie d'un ensemble de lois “anti-terroristes” qui alourdissent le contrôle gouvernemental sur l'Internet russe : le texte exigeant [Global Voices] que les blogueurs dépassant les 3.000 visiteurs uniques s'enregistrent comme mass média fait partie de cet ensemble. L'obligation des 6 mois de stockage obéit à un motif simple : contraindre les compagnies internet étrangères à obéir aux demandes d'information des autorités russes. Selon les nouvelles dispositions, tout site internet doit obtempérer aux requêtes des forces de l'ordre de produire les informations sur ses utilisateurs. Mais sauf localisation physique des données en Russie, des géants comme Facebook et Twitter sont peu susceptibles de répondre aux assignations russes sur les données.

Ne pas donner suite expose à des amendes administratives de 50.000 à 300.000 roubles pour la première infraction, pour les institutions et sociétés. Si cela peut paraître de la menue monnaie (environ 6.000 euros) à des entités comme Google, une récidive peut être punie de fermeture et filtrage des sites.

Le président Poutine approuve la loi. Le 24 avril, s'exprimant [russe] devant un forum public sur les média, il a déclaré sans ambages que les serveurs étrangers de données contenant des informations russes devaient être déménagés en Russie. La motivation est partiellement sécuritaire. Lors de la même conférence de presse, on a remarqué ses propos sur le développement du web par la CIA qui continuait à le contrôler (il voulait peut-être parler de l'implication du DARPA dans la création de l'Internet).

Cette nouvelle loi assombrit sérieusement les perspectives de RuNet, du moins selon certains blogueurs russes. Les exigences sont par nature impossibles à satisfaire au vu de la nature mondiale de l'Internet, écrit [russe] Egor Kotkine. D'où sa crainte que leur mise en oeuvre ne soit qu'une étape préparant la coupure de RuNet d'avec le reste du monde, un nouveau Rideau de Fer en quelque sorte. Le gourou russe d'Internet Anton Nosik est de cet avis. Dans un récent entretien sur Radio Dojd, il a évoqué la rigueur des nouvelles lois :

В России устанавливается северо-корейская модель. Это не китайская, эта другая модель. Мы сейчас едем на полном ходу в Пхеньян, мы в Пекин не заезжаем по дороге.

En Russie se met en place un modèle nord-coréen. Un modèle qui n'est pas chinois, il est différent. Nous fonçons maintenant vers Pyongyang, sans passer par Pékin. 

Cambodge : les temples d'Angkor disponibles sur Google Street View

Syrie : L'amour au temps de la tyrannie

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Ce post fait partie d'une série écrite par la blogueuse et activiste Marcell Shehwaro, qui décrit la vie quotidienne en Syrie durant le conflit entre l'armée loyale à l'actuel régime et les différents opposants. 

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Jeux du coeur. Image sur deviantART de ZedLord-Art (CC BY-SA 3.0)

Ils m'avaient prévenue dès le premier jour que son mari était en prison, que les chansons que j'ai l'habitude de chanter pouvaient la rendre triste. Je n'avais pas été particulièrement émue. Nous sommes habitués aux familles de prisonniers, comme si c'était normal, dans la Syrie d'Assad, d'être en prison, comme si ceux qui ne sont pas en prison (ou qui pensent ne pas l'être) sont l'exception. 

Pendant le diner, peut-être juste pour faire connaissance avec elle, je lui demande en privé :  ”Comment votre mari a-t-il été envoyé en prison ?”

“J'ai été arrêtée au check point de la Quatrième division blindée sur la route de Daarya à Damas. Quand je l'ai dit à mon mari, ce fou a foncé en voiture jusqu'au check point pour demander où j'étais et il a été arrêté également,” raconte-t-elle, ravalant son chagrin.

Elle soupire, puis reprend : “Ne croyez pas qu'il a fait ça seulement pour prouver qu'il est un homme. Mon mari m'aime beaucoup. Notre mariage est un mariage d'amour.” Ses yeux brillent d'une tristesse rêveuse. 

Et je me retrouve obligée à l'interroger sur la force d'un amour qui pousse un homme à conduire jusqu'à un check point de la Quatrième division blindée, dirigée par Maher Al Assad, le jeune frère du président, célèbre pour sa brutalité et sa cruauté. 

Je tente de cacher mon émotion en lui demandant s'ils ont pu se revoir. 

Elle répond par un sourire, elle comprend ma curiosité adolescente :  ”Je n'étais pas consciente qu'il avait aussi été arrêté, jusqu'à ce que je le voie un mois plus tard. Nous nous sommes retrouvés dans le même véhicule quand ils nous ont transféré, les détenus, dans un autre lieu. Il avait été torturé, c'était évident. Le garde lui a interdit de me parler, mais il l'a bravé et m'a demandé courageusement comment j'allais. J'ai à peine pu incliner la tête pour dire que ça allait avant que le garde recommence à lui hurler dessus. Depuis ce jour, il y a environ neuf mois, je ne l'ai plus vu ou eu de ses nouvelles. Je ne sais même pas où il est.”

Je pense avoir saisi la pleine mesure de leur amour, mais elle me surprend en disant :  ”Après les sept mois de prison et de tortures que j'ai endurés, durant lesquels je ne pensais qu'à lui et à mes enfants, quand j'ai été libérée, sans demander conseil à quiconque, je suis allée secrètement au quartier général de l'armée de l'air à Damas.”

Stupéfaite par son aveu, je ne peux pas m'empêcher de crier : “L'armé de l'air ? La branche Aqsa ? Pourquoi avez-vous fait ça ? Vous êtes folle ?”

Ses yeux s'embrument de larmes. Elle explique : “J'avais entendu dire que mon mari pouvait être là, alors je devais y aller et demander. J'ai exigé qu'on me le rende. J'ai demandé où il était. J'ai crié. Mais ils ont menacée de m'arrêter, alors, j'ai pensé aux enfants et je suis rentrée à la maison. Quand ma famille a su ce que j'avais fait, ils ont eu si peur pour moi qu'ils m'ont forcée à partir au Liban avec mes enfants.”

“Mais je n'ai pas pu vivre à Beyrouth. C'est si loin de Damas. Je vis près de la frontière et mes yeux attendent mon retour à la maison. Priez pour lui, Marcell. Priez pour qu'ils soit encore en vie et qu'il survive à tout ceci.”

Je lui demande sur le ton de la plaisanterie : “Vous m'inviterez à la fête ?”

Elle répond, la voix pleine d'espoir : “Bien sûr.”

Où que je regarde, dans la violence, le sang et la mort en Syrie, je tombe sur des histoires d'amour folles, aussi courageuses qu'une rose qui s'obstine à pousser malgré les mauvaises herbes et les épines qui tentent de la suffoquer. Il y a des histoires d'amour dans les petites rues qui défient les snipers, ceux qui gardent la ville coupées en deux. Il y a des histoires d'amour entre la ville et les camps de réfugiés, et les villes de la frontière turque. Et il y a des rebelles armés de l'Armée de libération de la Syrie qui aiment une fille qu'ils ne pourront pas voir avant que le régime ne tombe. 

Voilà ce que signifie vivre au bord du gouffre. Vous touchez la mort et vous vous en moquez en vous agrippant à la vie, et vous lui donnez un sens en cherchant les sourires de ceux que vous aimez. 

Mon amie, l'héroïne, remarque que je joue machinalement avec mon collier offert par l'homme que j'aime en songeant. Elle m'interrompt : “Quelle est son histoire ?”. Et je lui réponds honnêtement :  ”Je crois qu'il mérite quelqu'un de mieux que moi. Il mérite au moins une fille qu'il n'imagine pas kidnappée par la mort et poursuivie par l'angoisse. Il mérite une fille qui a l'optimisme et la stabilité de demain, sur laquelle fonder une famille.”

Elle rit de moi et de la bêtise de ma reflexion : “Croyez-vous que mon mari m'aurait aimée si j'avais été moins révolutionnaire ?” demande-t-elle. Je me trouve dans l'embarras pour répondre à une question pour laquelle je n'ai pas de réponse.  

L'amour seul nous colle à notre terre, notre futur et notre liberté. Autrement, nos vie seraient encore plus difficiles, emplies seulement de vengeance et de haine. 

Par notre amour pour la Syrie et notre optimisme pour demain, nous surmonterons la tyrannie de l'oppression. Nous allons gagner. 

Marcell Shehwaro blogue sur marcellita.com et tweete sur @Marcellita, principalement en arabe. Vous pouvez lire les autres posts de sa série ici, iciici, ici et ici.

 


Crowdsourcer la rébellion en Ukraine

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Ukraine's struggle to maintain Internet silence about troop movements in separatist-occupied areas. (American WWII propaganda post. Public domain.)

L'Ukraine s'efforce de maintenir Internet silencieux sur les mouvements de troupe dans les zones occupées par les séparatistes (“Bavardage”, affiche américaine de la 2e guerre mondiale, domaine public.)

Les blogueurs d'Ukraine utilisent Internet pour rendre publique la localisation des troupes dans les villes du Sud-Est, où l'armée est engagée dans une vaste opération de “contre-terrorisme” contre les rebelles qui ont pris le contrôle partiel des grandes villes. Un groupe appelé “Cartes militaires” sur le réseau social russe Vkontakte a créé une application permettant à tout utilisateur de marquer la position de soldats et d'équipements militaires sur des cartes d'Ukraine. Ce service semble l'oeuvre de sympathisants séparatistes désireux de fournir les combattants rebelles en renseignements tactiques.

“Les amis ! Nous n'oublierons pas !” [Texte de l'image : "Attention : le ministère de la défense d'Ukraine demande aux internautes de garder le silence sur les mouvements de l'armée ukrainienne"]

“Cartes militaires” indique les positions des troupes ukrainiennes autour de Slaviansk occupé.

L'exactitude en lieux et temps des “Cartes militaires” est sujette à caution, mais certains blogueurs ukrainiens prennent la menace au sérieux et diffusent un message d'avertissement du ministère de la défense contre la discussion en ligne des mouvements de l'armée. Dès la mi-mars de cette année, le gouvernement ukrainien a mis en garde les citoyens contre la révélation de ce type d'information sur l'Internet. Mi-avril, le compte Twitter hyper-populaire “euromaidan” avait rediffusé le même message (voir ci-dessus), amassant près de 900 et favoris. Maintenant qu'Odessa glisse dans une apparente anarchie et que les soldats de Kiev se fraient un chemin de combat dans les villes de tout sud-est, les blogueurs appellent à nouveau à ne rien publier sur les mouvements de troupes.

#BringBackOurGirls : Les Nigérians exigent la libération de 200 collégiennes kidnappées

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 Les manifestants sont descendus dans les rues à Abuja pour réclamer une action urgente du gouvernement pour retrouver les 200 écolières enlevées à Chibok. Malgré la pluie, ils ont fait une longue marche. Photo par Ayemoba Godswill. Droits d'auteur Demotix (30/04/2014)

Les manifestants sont descendus dans les rues à Abuja pour réclamer une action urgente du gouvernement pour retrouver les 200 écolières enlevées à Chibok. Malgré la pluie, ils ont fait une longue marche. Photo par Ayemoba Godswill. Droits d'auteur Demotix (30/04/2014)

Des Nigérians avaient défilé dans les rues le 30 avril 2014 exigeant une action accélérée du gouvernement pour la libération de plus de 200 jeunes filles enlevées par le groupe djihadiste Boko Haram. (Ndlr : depuis, la mobilisation se poursuit, dans le monde entier).

Il y a quelques semaines, des hommes armés ont enlevé les filles [fr] âgées entre 15 et 18 ans, de l'école secondaire publique féminine à Chibok, à environ 130 kilomètres à l'ouest de Maiduguri, au nord du Nigeria. Certaines auraient été forcées de se marier [fr] avec leurs ravisseurs.

L'angoisse autour de l'horrible enlèvement et le manque apparent de volonté  ferme pour obtenir leur libération a donné lieu à des actions citoyennes. Les utilisateurs de Twitter se sont mobilisés pour tweeter pour soutenir les manifestations qui ont lieu à travers tout le pays, en utilisant le hashtag # BringBackOurGirls.

Nos mamans

Oby Ezekwesili a parlé de l'agonie que vivent des mères:

Chaque vraie mère sait quelque chose sur cette agonie pour son enfant.

Soliat Tobi Bolaji a tweeté une photo des familles des victimes:

Le père d'une des filles enlevées, en pleurs.

HH Mustapha Abu Bakr a plaidé pour la compassion:

Ayez de la compassion. Ayez de l’empathie et laissez votre âme (si vous l'avez toujours) montrer son humanité

HBD Abiola Olatunji et d'autres ont exhorté les internautes à prêter attention:

Alors que vous vous préparez pour aujourd'hui # OurDaughters sont encore à retrouver, après deux semaines. Svp donnez un signal

Le moins qu'on puisse faire est de prier pour ces filles et leurs familles, elles sont sérieusement traumatisées.

Si ça ne réveille pas votre conscience, je ne sais pas ce qui pourra le faire.

Nkem Ifejika a tweeté une photo de manifestants:

Certaines des femmes qui s'étaient rassemblées (7h) plus tôt près de la Fontaine de l'unité pour la manifestation.

Onye Nkuzi accuse le gouvernement:

Ce gouv doit se blamer lui meme, sa communication (ou son absence de communication) en ces temps difficiles veut dire qu'il s'en fiche, tout simplement.

Certains ont montré de la solidarité:

Mes élèves ont décidé 2 montrer leur solidarité pour les filles enlevées à # Chibok à leur manière

Avant les manifestations, les blogueurs nigérians ont exprimé leur inquiétude en utilisant la fiction comme outil de protestation. Par exemple, dans Yougeecash For Chibok 1” ( Pour Chibok 1):

J'étais assise paisiblement en classe écoutant le professeur le jour où nous les avons entendus venir. Plusieurs armes à feu ont tiré en l'air et j'ai été vraiment effrayée. Des hommes sont entrés dans notre salle de classe et ont continué à tirer en l'air. Tout le monde criait et pleurait, y compris notre professeur. J'ai eu très peur. M. Mallam Haruna est un homme dur et a un look toujours effrayant. C'est à cause de son regard que je crains les mathématiques. Donc, si M. Mallam Haruna, mon professeur de mathématiques, qui à l'air d'un dur, a eu peur et pleurait, cela signifiait que les choses tournaient vraiment mal. Mon professeur d'anglais définirait une telle situation de “désastreuse”. J'ai toujours prié, de ne jamais vivre une telle expérience.

Les hommes ont ordonné à toutes les filles de se mettre en rang et de marcher hors de la classe. M. Mallam Haruna a essayé de les supplier de nous laisser tranquilles, mais l'un des hommes lui a tiré dessus. Je crois qu'il est mort immédiatement. Il y avait beaucoup de sang et j'ai été vraiment très effrayée.

Ils nous ont regroupées dans leurs camions. Nous étions nombreuses. Je pouvais voir Amira et Khadija, mes deux meilleures amies. Elles ont été mises dans un autre camion et elles avaient l'air effrayé aussi. J'ai tellement pleuré que j'ai mal aux yeux. Je me demandais où ils nous emmenaient.

C Chika Ezeanya présente un compte-rendu poignant dans ce court récit, ” Deep Inside Sambisa Forêt ” (Au fin fond de la forêt):

Plusieurs coups de feu retentissants venus de la proximité de la porte de l'école, suivis par des cris perçants de mes camarades de classe. Boko Haram. C'était le moment de dire nos dernières prières. J'ai lancé ce que je voulais être mon dernier regard vers le lit de ma meilleure amie et voisine. Ses yeux étaient rivés dans les miens et me rappelaient notre pacte, notre accord de moins d'une semaine plus tôt.

Nos camarades dans le dortoir criaient et couraient à la recherche d'un endroit pour se cacher de la mort ; sous les lits, derrière l'armoire, à l'intérieur du grand seau en plastique pour l'eau. J'ai vu la plus jeune parmi nous se cacher dans un grand carton de boites de Corn Flake et se couvrir avec des vêtements, des chaussures et des cahiers d'exercices. La boîte étaient légèrement déchirée sur le côté et j'ai pu voir ses cheveux.

Deux filles de JSII [Junior school 2] ont heurté la protection anti-effraction d'une fenêtre avec la chaise branlante que nous utilisons pour jouer aux [charades] lors des anniversaires. Nous nous étions toujours senties protégées par les barres anti-effraction, cette fois elle nous ont gardées prisonnières.

Environ sept élèves courageuses ont cogné contre la porte verrouillée avec un lit de fer. Notre surveillante habituellement fermait les portes et emportait les clés à 21:00. Un seul coup de feu aurait abattu cette porte. Ma meilleure amie et moi avons couru l'une vers l'autre, pour nous soutenir et attendre la balle ou le couteau, ou les deux.

L'armée nigériane est prise entre deux positions difficiles :  attaquer énergiquement et perdre les filles ou procéder à de longues négociations. Le journaliste, Alkasim Abdulkadir (@alkayy) a expliqué dans ce billet:

Les généraux et les experts de la guerre vous diront que la lutte contre un ennemi invisible est la bataille la plus difficile. Mais libérer les filles des griffes des insurgés est une entreprise qui doit être faite avec circonspection et habileté. C'est la vie des filles qui est en jeu ici et tous les moyens doivent être tentés pour les ramener. C'est le moment d'avoir des idées claires plutôt que de laisser parler l'irrationnel et une idéologie de la violence qui donneraient aux insurgés la conviction qu'ils sont engagés dans une guerre juste.

[...]

N'oublions pas qu'une opération militaire pure et simple exposerait les filles à des risques, car elles pourraient être utilisées comme boucliers humains, comme cela s'est passé avant à Baga lorsque des insurgés ont lancé des mortiers parmi des non-combattants.

Abdulkadir conclut ainsi sur ce conseil au gouvernement du Nigeria:

Le gouvernement fédéral du Nigeria doit explorer toutes les voies qui mènent à la libération des filles de Chibok. La nation nigériane s'est réveillée, avec la tragédie, du sommeil dans lequel elle se trouvait. Les parents et le monde entier exigent de ramener les filles en sécurité. C'est l'épreuve qui attend le Nigeria.

GV Face : Trop “asiatique” pour être évacués ? La tragédie du ferry et les stéréotypes sur la Corée du sud

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Des stéréotypes tenaces sur les Sud-coréens tenaces ont prévalu dans la plupart des reportages sur la catastrophe du ferry qui a chaviré, provoquant la mort de plus de 200 personnes, la plupart des adolescents en voyage scolaire. Ont-ils été trop “obéissants” pour précipiter l'évacuation ? Pour le ce GVFace, nous parlons avec l'éditeur de Global Voices en coréen Yoo Eun Lee des réactions en Corée sur les commentaires des médias étrangers, sur ce qui a été une tragédie pour les Coréens, et sur les erreurs réellement commises.

LIRE AUSSI: Les sud-coréens accusent le gouvernement

Ce débat a eu lieu en direct le vendredi 2 mai de 16:30 h à 17 h

Mexique : qu'est-ce qu'un “mirrey” ?

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Lobuki

La perfection d'une lobuki. Image issue de la page Facebook Yo soy un mirrey (Je suis une mirrey)

[Tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]

Depuis quelques mois, le terme “mirrey”, qui désigne un mode de vie particulier et facilement identifiable, est devenu le mot à la mode.

Le Mexique est un pays dont l'inégalité économique et sociale est criante, et dans lequel vit et prospère Carlos Slim [français], le célèbre magnat des télécommunications et l'un des hommes les plus riches de la planète. Pendant ce temps, près de la moitié de la population (45%) se trouve en situation de pauvreté. Officiellement, 11,5 millions de personnes vivent dans une extrême pauvreté.

Mais rien de tout cela ne semble entraver la multiplication des “mirreyes”. Leur style de vie ressemble à celui des célébrités de la culture pop occidentale. Un mode de vie basé sur le glamour, la surconsommation, l'excès et le despotisme, qui semble faire l'apologie de l'élitisme, un sentiment profondément enraciné dans le pays. La chercheuse Beatriz Urías y fait ainsi référence:

La discriminación racial en México rebasa la cuestión indígena. En la vida social ordinaria circulan y se articulan estereotipos que atañen un abanico de posibilidades fenotípicas asociadas a fenómenos de marginación, pobreza y carencia de oportunidades.

Muy diversos grupos son estigmatizados no sólo por ser mestizos más cercanos a lo indio que a lo español, sino también por encontrarse en los márgenes de la cultura dominante; es decir, además de los matices de la piel o la forma de las facciones, la exclusión pone en entredicho la manera de hablar, el nivel educativo y el manejo de códigos culturales. En México, el racismo y el clasismo se acompañan.

La discrimination raciale au Mexique dépasse la question des indigènes. La vie quotidienne est émaillée de stéréotypes, qui incluent les possibilités phénotypiques associées à la marginalisation, la pauvreté et le manque d'opportunités.

Des groupes de population très divers sont stigmatisés non seulement en raison de leur métissage qui les rapproche davantage des Indiens que des Espagnols, mais aussi de leur éloignement de la culture dominante. Ainsi, en plus de leurs différentes couleurs de peau ou de leurs caractéristiques physiques diverses, l'exclusion remet en question la façon de parler, l'éducation et l'emploi des codes culturels. Au Mexique, le racisme et l'élitisme se complètent.

Le style “mirrey” a été porté à l'écran en 2013 dans le film “Nosotros los nobles” [Nous sommes des nobles], devenu le plus grand succès cinématographique mexicain de tous les temps. Javier “Javi” Noble, le personnage central du film, incarne le “mirrey”.

D'innombrables blogs ou sites web de divertissement consacrent leurs pages au style “mirrey”. C'est ainsi le cas de El Deforma, qui fournit une liste de recommandations à suivre afin d'adopter le style “mirrey”:

Si te cuesta trabajo integrarte a la clase alta de México, sigue estos sencillos pasos:

1.- Siempre usa camisa, sin importar que estés en traje de baño o en pijama, y procura abrirte al menos 3 botones (el clima tampoco debe afectarte), es importante que tengas más escote que tu novia (mejor conocida como lobuki)

2.- Cuando hables de tus padres con otras personas, refiérete a ellos como “mi pa y mi ma”

3.- Menciona constantemente la cantidad de dinero que tienes y lo bien que se siente tener dinero (aunque no tengas)

4.- Refiérete a tus amigos con alguno de los siguientes nombres: Papaloy, Mirrey, Mirrey Midas, Milord, Papagallo, Papawh, etc.

5.- Utiliza un tono de voz muy fuerte en lugares donde se debe guardar silencia como el cine (para demostrar que tu puedes todo)

6.- Di que juegas golf aunque no tengas idea de como

7.- Dile a los meseros “capi” y a las meseras “reina”

8.- Agrega el sufijo ‘uki’ o ‘irri’ a todas las palabras que puedas (Ej. Playeruki, lobuki, peluki, fiestirri, besirri, onduki, fotirri etc.)

Si vous souhaitez intégrer les classes supérieures du Mexique, suivez ces quelques conseils:

1.- Toujours porter une chemise, que vous soyez en maillot de bain ou en pyjama, et assurez-vous qu'elle soit au moins ouverte de trois boutons (le climat vous importe peu) et que votre décolleté soit plus important que celui de votre amie (alias lobuki)

2.- Lorsque vous parlez de vos parents avec d'autres personnes, référez-vous à eux comme “mi pa y mi ma” (diminutif de “papa” et “maman”)

3.- N'oubliez pas de faire étalage de votre argent et de mentionner à quel point il est plaisant d'en avoir (même si vous n'en avez pas)

4.- Référez-vous à vos amis comme: Papaloy, Mirrey, Mirrey Midas, Milord, Papagallo, Papawh, etc.

5.- Haussez le ton dans des lieux où vous devriez garder le silence, comme au cinéma (afin de montrer que vous pouvez faire tout ce que vous voulez)

6.- Dites que vous jouez au golf, même si ce n'est pas le cas

7.- Appelez les serveurs “capi” (capitaine) et les serveuses “reina” (reine)

8.- Ajoutez le suffixe ‘uki’ ou ‘irri’ à toutes vos paroles (par exemple, Playeruki, lobuki, peluki, fiestirri, besirri, onduki, fotirri etc.)

Sopitas a récemment partagé une vidéo controversée montrant les excès du style “mirrey”, suivie de ses commentaires :

Entonces nos topamos con un video del Instituto Cumbres, anunciando la próxima y elegante graduación de su generación 2014. Lo vimos y todavía no sabemos cómo sentirnos al respecto. En las imágenes, vemos a varios mirreyes alumnos del Cumbres viviendo una vida de lujos y oropel, y poniéndose bien papalords para la pachanga con la que festejarán el final de sus estudios.

Ainsi nous nous heurtons à une vidéo de l'Institut Cumbres, qui annonce la prochaine remise de diplômes de sa promotion 2014. Nous les voyons et ne savons que ressentir. Sur ces images, nous voyons plusieurs enfants “mirrey” de Cumbres menant une vie luxueuse et clinquante, se préparant à devenir les grands “papalords” pour la fête de fin d'études

L'institut Cumbres est une institution religieuse pour garçons que fréquentent des enfants issus de classes sociales supérieures.

Les excès et l'élitisme de la vie “mirrey” ne sont pas seulement réservés à la jeunesse. Plusieurs incidents récents ont été abondamment relayés et commentés sur les réseaux sociaux. Vous pouvez les trouver sur Twitter grâce aux hashtags #LadyProfeco #LadySenadora et #Sacal  (ce dernier en référence à l'agression commise par Moisés Sacal).

Le politologue Ricardo Raphael parle ainsi des “mirreys” mexicains :

En el país donde nacieron el esfuerzo vale poco y el dinero lo es prácticamente todo. Los síntomas de la pobreza intelectual que predominan en la élite mexicana son inocultables.

Dans un pays où le travail ne vaut rien et l'argent vous apporte presque tout, l'élite mexicaine reste dominée par des symptômes de pauvreté intellectuelle qu'on ne peut cacher.

Toujours sur le même sujet, Ricardo Raphael s'interroge :

¿Por qué los hijos de la élite mexicana se permiten el exceso? ¿Por qué su arrogancia y su indolencia? ¿Por qué su distancia con el resto? ¿Por qué su mediocridad?

(…)

¿Por qué, de todas las desigualdades que imperan en México, resulta más ofensiva la que se expresa en el comportamiento de estos jóvenes? No es fácil responder a esta pregunta y sin embargo vale la pena intentarlo. Una primera hipótesis: porque al resto de los mexicanos nos apena -nos duele- la asimetría. En cambio entre la élite que vive en el Penthouse nacional no hay vergüenza. Ellos suponen que su riqueza la obtuvieron por derecho propio (un resabio de lo que en la era feudal se llamaba derecho divino).

Pourquoi les enfants de l'élite mexicaine se permettent-ils un tel excès ? Pourquoi tant d'arrogance et d'indolence ? Pourquoi mettent-ils une telle distance avec le reste de la population ? Pourquoi tant de médiocrité ?

(…)

Avec toutes les inégalités régnant au Mexique, pourquoi s'expriment-elles aussi bien à travers le comportement de ces jeunes ? Il n'est pas aisé de répondre à une telle question. Cela vaut pourtant la peine de s'y essayer. Première hypothèse : pour que le reste des Mexicains se désole d'une telle asymétrie. A l'inverse, l'élite vivant dans le penthouse national ne ressent aucune honte. Ils s'imaginent que leur richesse leur va de plein droit (une mauvaise habitude digne de l'époque féodale plus connue comme étant “de droit divin”).

Quelques utilisateurs de Twitter se vantent de leur style “mirrey”, comme Luis Fernando (@SoyFernie), qui affirme avoir appris à son chauffeur la “langue mirrey”:

Enseigner au chauffeur comment parler la langue Mirrey, hahaha

La mode actuelle des jeunes gentlemen; Chemise Noire= Hipster / Chemise Ouverte = Banal / Chemise Ouverte aux deux boutons = Mirrey

S'associer ou s'amuser de ce style de vie “mirrey” au Mexique (une nation pas vraiment réputée pour sa santé économique) mérite une analyse, génère diverses réactions et met en avant l'élitisme de la société mexicaine.

Vietnam : Saigon vu d'un drone

Netizen Report : L’Éthiopie restreint la liberté d’expression

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zonenine

Ellery Biddle, Lisa Ferguson, Alex Laverty, Hae-in Lim et Sarah Myers ont collaboré à l’élaboration de ce rapport.

[Les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.]

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

L’édition de la semaine dernière se tourne tout d’abord vers l’Éthiopie où, le 25 avril, six membres du collectif Zone Nine, connus pour critiquer les politiques et la répression, ont été arrêtés. Un journaliste, soupçonné d’être associé au groupe a aussi été placé en garde à vue. Le lendemain, deux autres journalistes ont été arrêtés pour des motifs similaires. Selon certaines informations, les blogueurs ont été inculpés pour « avoir travaillé avec des organisations étrangères prétendant militer pour les droits de l’homme et… obtenu des fonds pour inciter à la violence publique au moyen des réseaux sociaux ». Plusieurs membres du groupe collaborent avec Global Voices, en tant que rédacteur ou traducteur. En 2012, Zone Nine avait participé à la création de la version en amharique du site. Dans un article au sujet des arrestations, Endalk expliquait l’origine du nom du collectif dont il est membre :

« Dans la banlieue d’Addis-Abeba se dresse une grande prison, Kality, où de nombreux prisonniers politiques sont actuellement détenus, parmi eux les journalistes Eskinder Nega et Reeyot Alemu. Les journalistes nous ont donné beaucoup d’informations concernant l’établissement pénitentiaire et les consternantes conditions de vie auxquelles ils doivent faire face là-bas. Kality est divisé en huit zones, la dernière, la Zone Huit est réservée aux journalistes, aux militants luttant pour les droits de l’homme et aux dissidents. En nous réunissant, nous avons décidé de créer un blog pour la prison proverbiale où vivent tous les Éthiopiens. Voilà comment est né Zone Nine. »

Human Rights Watch, le Committee to Protect Journalists et l’Electronic Frontier Foundation ont déjà demandé leur libération.

Liberté d’expression : l’Arabie saoudite cherche à garantir « un contenu de qualité » sur YouTube

Les autorités saoudiennes ont récemment annoncé des programmes pour garantir un « contenu de qualité » pour ses citoyens sur les plateformes vidéo telles que YouTube. Elles proposent notamment que la Commission générale pour les médias audiovisuels délivre bientôt des licences pour les chaînes YouTube qui passent un contrôle de « qualité ». Les autorités ont été surprises par les dizaines de citoyens qui, au cours des dernières semaines, ont publié des vidéos sur YouTube critiquant la famille royale et/ou se plaignant des bas salaires et du chômage.

En Russie, une nouvelle loi adoptée par la Douma, la chambre basse du Parlement, oblige les blogueurs qui comptent plus de 3 000 visiteurs quotidiens à s’enregistrer auprès de l’organisme russe de réglementation des médias, Roskomnadzor. Ces blogueurs devront par conséquent endosser les mêmes responsabilités juridiques que les médias traditionnels, y compris les interdictions de communiquer à l’approche des élections, sans bénéficier pour autant des mêmes protections.

Pour répondre à ce changement de politique, LiveJournal Russia a revu les widgets affichant publiquement le nombre d’abonnés de manière que les blogs ayant plus de 2 500 abonnés affichent « 2500+ » et non le nombre total. Le principal moteur de recherche, Yandex, a choisi de son côté de mettre fin à son service de classement des blogs, une fonctionnalité auparavant très populaire.

Violences : la police étasunienne a fait une descente chez un utilisateur de Twitter pour un compte parodique

Les comptes parodiques sont officiellement sanctionnés par Twitter, pourtant les autorités ne semblent pas prêtes à rire de ses situations. Jim Ardis, maire de Peoria, une petite ville de l’État de l’Illinois, a récemment déposé une plainte officielle contre le compte parodique @peoriamayor, malgré les protections de la liberté d’expression réunies dans le premier amendement. La police a obtenu des mandats de perquisition, fait une descente au domicile du détenteur du compte et arrêté son colocataire pour possession de marijuana. Finalement, le procureur d’État a refusé d’engager des poursuites, car les lois de l’État punissant les personnes se faisant passer pour un agent public ne couvrent pas les médias électroniques. Dans des affaires antérieures, la défense avait soutenu que les comptes parodiques devaient être exemptés des accusations de diffamation s'il était évident que leur nature était fausse. Dans le cas d’un compte tel que @peoriamayor, dont les messages quotidiens faisaient référence aux drogues et à la prostitution (par exemple, « qui a volé ma pipe à crack ? »), il semble probable que cette norme s’appliquerait. Twitter a fermé le compte @peoriamayor.

Le blogueur chinois Qin Zhihui a écopé d’une peine de prison de trois ans décidée par un tribunal chinois pour « diffamation » et « encouragement aux disputes et provocation de troubles », selon CCTV. Il est la première personne condamnée parmi plusieurs centaines arrêtées dans le cadre de la campagne gouvernementale « anti-rumeurs ».

Droit à la vie privée : les experts considèrent la nouvelle loi canadienne comme une menace

Une nouvelle loi canadienne, le Digital Privacy Act (Bill S-4) vise à mettre en œuvre les exigences en matière de divulgation et de protection des données afin de défendre les Canadiens contre l’usurpation d’identité. Les opposants à la loi S-4, tels que Michael Geist, professeur de droit à l’Université d’Ottawa, considèrent que cela mènerait à de nombreuses limitations du droit à la vie privée, y compris une immunité juridique totale pour toute organisation fournissant des informations privées concernant les utilisateurs aux forces de l’ordre ou de toute autre organisation prétendant enquêter sur « une atteinte réelle ou éventuelle à la vie privée », sans devoir passer devant les tribunaux.

Gouvernance d’Internet : la Nouvelle-Zélande prête à adopter les libertés numériques ?

Le député néo-zélandais Garth Hughes a proposé au Parlement une loi relative aux droits et aux libertés numériques visant à protéger le droit à un accès Internet, la liberté d’expression et d’association, la neutralité du Net, le droit à l’anonymat, le droit à la vie privée et à lutter contre la surveillance. La proposition comprend une procédure de consultation qui permettrait aux Néo-Zélandais de débattre de la formulation de la loi.

Les gouvernements, la société civile, les entreprises et les communautés académiques et techniques étaient rassemblés à Sao Paulo la semaine dernière pour discuter du futur de la gouvernance d’Internet lors du NETmundial. Les participants ont vivement débattu la neutralité du Net, la surveillance de masse, l’innovation « sans permission » et terminé par rédiger le Multistakeholder Statement of Sao Paulo, un document non contraignant qui ne porte pas le coup aux questions de surveillance que tant de groupes de la société civile espéraient. Lors d’une vidéoconférence à l’Arena NETmundial, le site officiel où se déroulait l’événement, Julian Assange s’est exprimé sur la souveraineté numérique, appelant la société civile à « produire un système différent » avec de « nouveaux réseaux d’associations, de nouveaux principes et de nouvelles valeurs ». Vous pouvez regarder Ellery Biddle, Marianne Diaz et Ben Wagner, membres de Global Voices Advocacy, discuter du NETmundial lors du GV Face de la semaine passée.

Industrie : dernier souffle de la neutralité du Net aux États-Unis

La Commission fédérale des communications des États-Unis a annoncé qu’elle allait proposer de nouvelles règles pour que les producteurs de contenus, tels que Netflix et Disney, puissent payer les fournisseurs d’accès Internet pour bénéficier d’un service plus rapide, anéantissant une fois pour toutes la neutralité du Net. Dan Gillmor, chroniqueur pour le Guardian, indique qu’avec les règles proposées « Verizon et Comcast auront d’énormes pouvoirs pour décider quels bits d’information atteignent vos appareils et le mien, dans quel ordre et à quelle vitesse ».

Activisme et internautes : les habitants de Mexico manifestent contre une nouvelle loi sur les télécommunications

Des milliers de manifestants ont formé une chaîne humaine dimanche 27 avril, partant du siège de la télévision Televisa et s’étendant au travers de la ville, pour protester contre des amendements à la loi sur les télécommunications qui menacent la liberté d’expression en ligne. Les organisateurs prévoyaient que la chaîne humaine atteigne la résidence du président, Enrique Pena Nieto, à l’origine de la proposition de révision législative, mais les forces de police ont forcé les manifestants à modifier le parcours. Le vote sur cette question a été repoussé à juin.

Publications et études

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En Thaïlande, aggravation de la crise politique et élections prévues en juillet

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Anti-government protesters gather at a rally showing their loyalty to King Bhumibol Adulyadej. Protesters are demanding the resignation of the Prime Minister. Photo by Sanji Dee, Copyright @Demotix (5/5/2014)

Rassemblement de manifestants anti-gouvernementaux qui montrent leur fidélité au Roi Bhumibol Adulyadej. Les manifestants demandent la démission de la Première Ministre. Photo de Sanji Dee, Copyright @Demotix (5/5/2014)

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en thaïlandais]

Peu de temps après que le mouvement de protestation contre les élections, dirigé par le Comité de Réforme Démocratique du Peuple (PDRC), a eu gain de cause sur l'annulation des élections [fr] de février en Thaïlande, la date pour la tenue de nouvelles élections a été fixée au 20 juillet de cette année. La Première Ministre Yingluck Shinawatra semble satisfaite de pouvoir peut-être rester un peu plus longtemps au pouvoir, malgré les graves accusations [en] de corruption qui pèsent contre elle.

Le tribunal doit statuer sur ces accusations demain le 7 mai 2014 et Yingluck pourrait être contrainte à quitter le pouvoir si elle est jugée coupable.

Les Thaïs sont-ils contents d'être appelés aux urnes pour une seconde fois en moins de six mois?

Sondage après sondage les électeurs thaïlandais se montrent “préoccupés” et “méfiants” sur le scrutin à venir. La plupart pensent que l'élection a peu de chance de résoudre le conflit politique qui dure depuis près de dix ans et qui a donné à la Thaïlande 6 premiers ministres, 5 gouvernements, 3 élections et 1 coup d'Etat. Par ailleurs, l'organisation de cette élection va coûter 3,8 milliards de bahts (127 millions de dollars) qui seront supportés par les contribuables – dont certains soutiennent le PDRC et vont boycotter les élections. Ce serait une perte d'argent, de temps, de ressources et un véritable casse-tête pour tout le monde si une nouvelle annulation devait avoir lieu.

L'opposition a boycotté les élections de février sous prétexte que la procédure électorale ne pouvait être juste et équitable tant que la famille de la Première Ministre y participait. L'élection était organisée en réponse aux manifestations de rue massives organisées par l'opposition pendant plus de trois mois.

Les échanges sur internet en Thaïlande dénotent un état d'esprit plutôt morose chez les électeurs :

Chaichol MCFC écrit sur le tableau d'affichage électronique de Pantip :

Je ne crois pas qu'il va y avoir des élections. Pas à cause du gouvernement, mais à cause de Taug [Suthep] et ses associés. Depuis 6 mois il prétend qu'il va réformer le pays, mais il n'a rien fait si ce n'est demander de l'argent dans les rues et mettre la pagaille.

Un commentaire 1204962 pense qu'un coup d'Etat est peut-être nécessaire :

On a déjà eu une dissolution de l'assemblée et le pouvoir est revenu au peuple. Que pourrait-on faire d'autre [pour résoudre la crise]. Tout simplement un nouveau coup d'Etat militaire.

Les partisans du PDRC vont plus loin en demandant aux gens de saboter l'élection.

Sur la page Facebook de Suthep -secrétaire du PDRC- des milliers de commentaires affluent la plupart du temps pour soutenir la campagne “pas de réformes avant les élections”. Max Chakrit écrit :

La règle de la majorité ne marche pas en Thaïlande parce que ce sont les gens de peu d'éducation qui forment la majorité (mais dans les autres pays, la règle de la majorité s'applique). Pour cette raison les Thaïlandais sont facilement manipulés…

Porn Pramualsap commente aussi :

Peu importe qui dirige le pays, du moment qu'ils ne trompent pas les paysans.

Les prochaines semaines sont cruciales pour que les élections puissent se dérouler comme prévu. Deux obstacles majeurs doivent être surmontés. Le premier est de savoir si Yingluck va se sortir des deux accusations qui pèsent contre elle ; le deuxième est de savoir si le dépôt des candidatures, fixé au 25 mai, se passera calmement. Le fait que le dépôt des candidatures se passe bien devrait préjuger de la tenue des élections.


Bolivie : surfer sur Internet à l'allure d'un escargot

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Des activistes des droits numériques sont descendus dans les rues de Cochabamba, en Bolivie, le samedi 3 mai, déguisés en escargots [es] pour dénoncer la lenteur des connexions Internet dans le pays. Le mouvement populaire “Más y Mejor Internet Para Bolivia” [es] (Un internet meilleur et plus rapide pour la Bolivie) a demandé des prix plus bas, des connexions plus rapides et une meilleure couverture de la part des sociétés de télécommunications. Suivez la manifestation avec le mot-clic #OpBabosa [Operation Escargot] et sur le site Storify [es].

Il n'y a jamais eu de Palestine, vraiment ?

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Desinternautes de Palestine et du monde arabophone ont décidé de réfuter sur Twitter le discours habituel israélien qui prétend que la Palestine n'a jamais existé. L'ancienne Première Ministre Golda Meir avait un jour déclaré : « Il n’y a jamais rien eu de tel puisque les Palestiniens n’ont jamais existé »

En 2011, dans une vidéo postée sur Youtube, l'ancien Ministre adjoint israélien des Affaires Étrangères, Danny Ayalon, affirmait qu'”en 1967 il n'y avait pas de nation ou d'État arabe au nom de Palestine”, avant d'ajouter “est-ce qu'elle a vraiment existé ?”.

Le blogueur et essayiste Juan Cole commente ce discours :

L'une des affirmations les plus répandues dans la propagande sioniste est qu'”il n'y a jamais eu de Palestine”. Cette allégation étrange est tout simplement fausse. Depuis très longtemps, on utilise le nom “Palestine” pour faire référence à la zone géographique située au sud de Sidon (Saïda) et au nord du Sinaï. Il existe des pièces de monnaie médiévales musulmanes portant l'inscription “Filastin” (Palestine). Il y a des journaux datant du XIXème siècle de gens de la région qui avaient visité, par exemple, Damas, et qui ont écrit à quel point “Filastin”, c'est-à-dire Palestine, leur manquait.

Il ajoute :

Affirmer qu'il n'y avait pas de Nation-État nommé Palestine, au moins avant que la Société des Nations le crée, est tout à fait normal. Il n'y avait pas de Nations-États avant le XIXème siècle. Il n'y avait pas d'”Italie” avant 1860, Venise était autrichienne et Gênes française. Il n'y avait pas d'”Allemagne” avant 1870, mais beaucoup de petites principautés, dont certaines sous d'autres régimes ou influences.

La romancière égyptien Ahdaf Soueif a lancé le mot-clic there_was_no_Palestine (il n'y a jamais eu de Palestine) le 15 avril et a demandé aux internautes de partager des photographies illustrant la vie en Palestine avant 1948, moment où des centaines de milliers de Palestiniens ont été expulsés de leurs terres et de leurs villages :

Lancement du hastag #there_was_no_Palestine afin de récolter des photographies de la vie urbaine palestinienne avant 1948 @arwa_th@muiz@RanaGaza@benabyad@PalFe — Ahdaf Soueif (@asoueif) April 15, 2014

Lancement du mot-clic #there_was_no_Palestine afin de récolter des photographies de la vie urbaine palestinienne avant 1948 

Peu de temps après, les images déferlaient :

#Carte L'exemplaire de mon grand-père de l'Atlas britannique de 1939. #Beyrouth #Jaffa #Jérusalem #Damas

La carte d'identité d'une jeune juive allemande qui vivait à Haifa en 1940, avec le tampon “ETAT DE PALESTINE” 

Union des femmes arabes de Ramallah 1928 الإتحاد النسائي العربي في رام الله 

Checkpoint entre le Liban et la Palestine dans les années 30, donc #il n'y avait pas de Palestine ?

1927 Palestinian Coin

Une pièce de monnaie palestinienne datant de 1927

Laure Dakkash au siège de la radiodiffusion palestinienne, Yafa, 1943. 

Un vieux journal palestinien, comment vous pouvez donc dire #il n'y a pas de Palestine

dans la série il n'y a pas de Palestine : un mariage à #Ramallah, #Palestine 1900

L'internaute Ali Hussein El Helou a choisi de partager une vidéo présentant un match de football entre l'Australie et la Palestine en 1939.

Match de footbal Australie contre Palestine (1939)

Pour plus d'images, Haitham Sabbah, a compilé une liste de photos de la vie en Palestine qui remontent à 1900.

Inde : Exode de musulmans au lendemain du massacre de 32 migrants en Assam

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L'état d'Assam, dans le Nord-Est de l'inde, est sujet à de graves violence ethnique. Entre un groupe ethnique appelé les Bodos et les minorités musulmanes migrantes, des tensions couvent depuis longtemps au sujet du contrôle des terres et l'installation de colonies.  Image by Reporter#21795 Copyright Demotix (25/7/2012)

L'Assam, un État du Nord-Est de l'inde, est sujet à de graves violences ethniques : des tensions entre l'ethnie Bodo et une minorité de migrants musulmans couvent depuis longtemps au sujet du contrôle des terres et de l'installation des villages. Photo Reporter#21795. Copyright Demotix (25/7/2012)

Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais.

Une éruption de violence ethnique a provoqué la mort de 32 villageois musulmans et déclenché un exode des musulmans de la région.

Des séparatistes Bodo armés ont ouvert le feu aveuglémment sur des migrants musulmans au cours de trois différentes attaques les 1er et 2 mai 2014 dans les districts de Kokrajhar et Baska. On compte des enfants parmi les victimes. Lors d'une des attaques, des dizaines de maisons ont été incendiées avant que les tireurs n'ouvrent le feu.

Des informations non confirmées suggèrent que les villages auraient été pris pour cible en raison de leurs votes au cours des récentes élections générales. Les forces de police ont arrêté 22 personnes liées à ces attaques.

Des centaines de villageois musulmans ont été vus quitter les environs avec leurs possessions. Les autorités ont fait appel à l'armée et ont imposé un couvre -feu afin d'essayer de contrôler la situation.

La tribu Bodo [Fr], dont la langue principale est le Bodo, a longtemps accusé les musulmans d'entrer illégalement en Inde en traversant la frontière depuis le Bangladesh. Les rebelles appartiennent à une faction d'un groupe armé clandestin, le Democratic front of Bodoland (le Front démocratique du Bodoland), qui demande la souveraineté pour le Bodoland  et le peuple Bodo, qui représente 10 % de la population de l'État d'Assam [Fr].

Des migrants hindiphones d'autres Etats indiens ont également été pris pour cible. Des militants du Front démocratique du Bodoland sont suspectés d'avoir tué 7 civils en janvier 2014. Ils auraient intercepté 4 bus nocturnes en provenance de différentes régions du Nord du Bengale et en auraient extirpé des passagers pour les exécuter.

Des groupes de militants Bodo ont juré de ne pas laisser les migrants vivre dans les villages sous la juridiction du Bodoland Territorial Council (Comité territorial du Bodoland), un organisme autonome.

Le journaliste et blogueur Habib Siddiqui donne quelques informations sur le contexte de ce conflit :

Les musulmans qui vivent dans l'Assam ne sont pas des immigrants bangladeshi. Comme beaucoup d'autres habitants de la région, ils y habitent depuis des siècles, déjà avant la division du pays entre Inde et Pakistan. Simplement du fait de leur identité musulmane et de leurs racines bengalies, ils sont perçus comme des étrangers ou des nouveaux immigrants dans l'État haineux d'Assam, dont l'histoire sanglante a connu plusieurs pogroms anti-musulmans.

Omar Abdullah, le ministre en chef de Jammu et du Cachemire, a suggéré qu'il y avait un lien entre les critiques prononcées à l'encontre des immigrants Bangladeshi dans un discours du premier ministre candidat de l'alliance démocratique Narendra Modias menée par le parti Bharatya Janata et les attaques injustifiées de musulmans dans l'Assam.

Sur Twitter, l'ingénieur Tanvir Salim, qui vit aux Etats-Unis, explique les motivations politiques qui pourraient être derrière ces attaques : 

Dans l'Assam, des groupes de musulmans croient que leur communauté a subi ces attaques car les rebelles leur reprochent de ne pas soutenir les candidats Bodo. Une honte !

L'utilisateur Dipankar remet en question les tactiques des rebelles Bodo :

L'armée est partout dans l'Assam, et ce carnage horrible a pourtant lieu à Baksa. Pourquoi le mouvement Bodo se perd-il dans ces violences anti-musulmans ?

L'utilisateur Rohit Vats, suggère quant à lui que ces accès de violence n'ont rien à voir avec la religion : 

Les suspects habituels essayent de donner un air anti-minoritaire au conflit qui oppose les Bodo aux musulmans, mais la religion est hors sujet. Il s'agit d'un exemple de violence ethnique envers les étrangers. 

Se réapproprier les rues de Porto Rico…à vélo

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Ciclistas corriendo bicicleta en el Viejo San Juan, ciudad capital de Puerto Rico. Imagen tomada de video.

Des cyclistes roulent dans le Vieux San Juan, capitale de Porto Rico. Capture d'écran d'une vidéo.

[Tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]

Depuis des décennies, le principal mode de transport utilisé par les Porto-Ricains demeure la voiture. Un transport plébiscité par le gouvernement, procurant au pays l'un des taux les plus élevés de routes.

En réaction à ce phénomène, la bicyclette est devenue de plus en plus populaire sur l'île ces dernières années. La quartier de Santurce a ainsi vu le nombre de cyclistes circulant dans les rues augmenter de façon spectaculaire. La popularité du vélo est néanmoins quelque peu surprenante, les zones urbaines de l'île n'ayant pas été conçues pour accueillir des cyclistes. Comme le confirme la professeure María Moreno Viqueira dans un article paru dans la revue Cruce :

En Puerto Rico la bicicleta siempre ha ocupado un espacio marginal. A pesar de que existe la “Carta de los derechos del ciclista y obligaciones del conductor”, los centros urbanos de Puerto Rico nunca han sido amigables con la bicicleta al carecer de vías y senderos para los ciclistas y de un sistema de bicicletas públicas, entre otros elementos.

Si en algún momento la bicicleta tuvo cierto rol en la sociedad puertorriqueña, el mismo estuvo limitado a la práctica solitaria de ciclistas profesionales, a la repartición de mercancías de restaurantes o supermercados, o sobretodo, a la diversión de los niños. Aunque en Puerto Rico existieron colectivos ciclistas desde finales del siglo 19 la bicicleta nunca ha formado parte integral de la vida cotidiana de la sociedad puertorriqueña. En Puerto Rico, al igual que en otros países, la bicicleta siempre ha estado asociada a la niñez o al deporte.

A Porto Rico, la bicyclette a toujours occupé un espace marginal. Malgré l'existence d'une “Charte des droits du cycliste et des obligations du conducteur”, les centres urbains de Porto Rico n'ont jamais vu d'un bon œil les vélos, en raison du manque de pistes cyclables ou de systèmes de vélos en libre service, entre autres.
Si la bicyclette a eu autrefois un certain rôle au sein de la société portoricaine, elle s'est limitée à la pratique solitaire des cyclistes professionnels, à l'approvisionnement des restaurants ou des supermarchés, et surtout à l'amusement des enfants. Bien que des mouvements de cyclistes existent depuis la fin du XIXème siècle, le vélo n'a jamais fait partie intégrante de la vie quotidienne de la société portoricaine. A Porto Rico et à l'instar des autres pays, la bicyclette a toujours été associée à l'enfance ou au sport.

Soportes (o "racks") para bicicletas, como el que se muestra en la foto, se han instalado en distintos lugares de Santurce, reflejando el aumento en el uso de la bicicleta. Foto tomada por el autor.

Des porte-vélos, comme celui présent sur la photo, ont été installés à différents endroits de Santurce, reflétant la présence croissante des vélos dans la rue. Photo prise par l'auteur.

Mais le rôle de la bicyclette a peu à peu évolué au sein de la société portoricaine. Différents groupes cyclistes ont émergé, ainsi que quelques entreprises de livraison comme Ecomensajería et Biciresuelve, dont leurs prestations de services reposent sur l'utilisation du vélo. Le documentaire suivant, réalisé par Alfredo Richner, rédacteur à Global Voices, explore le mouvement cycliste à Porto Rico et les difficultés rencontrées pour transformer les zones urbaines du pays en zones convenant aux cyclistes :

La métamorphose de la ville en un lieu sécurisé pour les cyclistes est un sujet de plus en plus préoccupant, en raison de l'augmentation du nombre de cyclistes tués par des automobilistes. Dans un article pour 80 grados, Manuel Valdés Pizzini a exprimé une crainte également ressentie par de nombreux cyclistes lorsqu'ils quittent les rues de la ville :

Los ciclistas tenemos la horrible sensación de que existe una dejadez institucional con la vida de los ciclistas. Un artículo publicado por The New York Times y difundido por estos lares por la Coalición de Ciclistas de Puerto Rico subraya esa triste verdad. Hace dos meses que no salía a correr, por varias razones, pero… siempre lo pienso mucho, como si fuera la última vez que salgo con vida de mi casa.

[…]

Yo no le tengo miedo a la muerte, pero debo admitir que pienso en ella antes de salir. Sin embargo, cuando estoy corriendo se me olvida. Me protejo, voy con cautela, atento a todo, y trato de sobrevivir. Cuando voy llegando a mi casa sé que ha sido una jornada triunfal para la vida. ¡Esa es la que hay!

Nous autres cyclistes avons le sentiment horrible d'une négligence institutionnel envers la vie des cyclistes. Un article [anglais] publié par le New York Times et dont des extraits ont été repris par la Coalition des Cyclistes de Porto Rico souligne cette triste vérité. Cela fait deux mois que je ne suis pas allé courir, pour diverses raisons, mais… à l'instar de nombreuses personnes, j'ai l'impression de quitter pour une ultime fois ma maison en vie.
[...]
Je n'ai pas peur de la mort, mais je dois admettre que j'y pense avant de partir. Cependant, cette peur s'estompe lorsque je roule à vélo. Je me protège, je roule prudemment et tente de survivre. Lorsque je quitte ma maison, je sais que cette journée sera un triomphe de la vie. C'est ainsi !

Même ainsi, les gens continuent de rouler à vélo dans les rues de Porto Rico, le communauté cycliste s'intensifiant même de jour en jour. Certains voient dans ce phénomène une réappropriation transgressive des espaces publics. Voici ce qu’explique la professeure Moreno Viqueira concernant cette pratique :

Otra muestra quizás más evidente del uso de la bicicleta como instrumento de protesta y medio contestatario son las rutas tomadas por los ciclistas urbanos. Las corridas de los [ciclistas] por los centros urbanos de Puerto Rico (donde las ciclovías brillan por su ausencia), la apropiación del espacio urbano por ellos (tanto de las numerosas carreteras o autopistas, como de las escasas aceras) constituye en cierta forma una acción política, un acto de rebeldía. De igual forma que el acto de hablar es el proceso de apropiación del lenguaje, el acto de correr bicicleta se convierte en el proceso de apropiación del espacio.

L'exemple peut-être le plus évident de l'utilisation du vélo comme forme de protestation et de rébellion, ce sont les routes empruntées par les cyclistes. Les voies choisies par les cyclistes à travers les centres urbains de Porto Rico (où les pistes cyclables brillent par leur absence), l'appropriation de l'espace urbain (aussi bien sur les nombreuses routes et autoroutes que sur les quelques trottoirs) constituent une forme d'action politique, un acte de rébellion. De la même façon que parler permet de s'approprier une langue, le fait de rouler à vélo se transforme en une appropriation de l'espace.

La vidéo suivante, réalisée en 2011, offre un exemple de ce type d'appropriation transgressive, comme l'illustrent les cyclistes traversant le tunnel Minillas de San Juan, où sont seulement censés circuler les automobilistes :

A cette occasion, Mariángel González, dans la revue numérique El punto es…, a interviewé l'artiste D.e.M. (Giancarlo Carcavallo) sur sa passion pour la vie cycliste. Il commente également la traversée à vélo du tunnel Minillas et les actions similaires à celle-ci :

Mi interés por Bicijangueo resalta porque hace poco subieron un vídeo en el internet titulado “Splitting Lanes, Santurce” dirigido por Manuel Vélez, el cual presenta un estilo diferente de correr que no había visto en ninguna de las ciudades que he corrido en bici alrededor del mundo. Quedé impresionada por la temeridad de los chicos y fue entonces cuando le pedí a D.e.M. que me hablara más del mismo.

”Es una agenda un poco irresponsable, pero la adrenalina nos llama. Usualmente estas situaciones se presentan de 10pm a 1am. […] surge con necesidad de ir paralelo al conductor de carro y que hay otros tipos de alternativa de transportación. Uno está claro que pueden ocurrir repercusiones y uno está dispuesto a aceptarlas.” Las repercusiones a las que se refiere figuran entre un choque o que un policía les de una multa. Al final de cuentas, esto se resume en una decisión personal y las compara con un surfer corriendo una ola de 20 pies o un skater que brinca 30 escalones.

Ma passion pour Bicijangueo provient en partie d'une vidéo de Manuel Vélez, “Splitting Lanes, Santurce”, qui présente une autre façon de pratiquer le vélo que je n'ai vue dans aucune des villes où j'ai couru à vélo à travers le monde. J'ai été impressionnée par la témérité des enfants, j'ai donc demandé à D.e.M. de m'en dire plus à ce sujet.
“C'est un peu irresponsable de notre part, mais nous cédons à l'appel de l'adrénaline. Habituellement nous faisons ce genre de choses entre 22h et 1h. [...] tandis que quelqu'un roule à côté d'un automobiliste et d'autres types de transports. Bien sûr cela peut engendrer des répercussions que nous devrons accepter.” Les répercussions auxquelles il fait mention peuvent être une collision ou une amende. En fin de compte, il s'agit d'une décision personnelle, comme celle d'un surfeur choisissant de dompter une vague de 6m ou un skateur sautant 30 marches.

Mais ceux qui souhaitent contribuer à la sécurité des cyclistes dans les rues n'ont pas besoin d'arriver à une telle extrémité. Comme l'affirme ainsi le fondateur d'Ecomensajería Rafi Robles à la revue numérique N-punto:

En Puerto Rico ser ciclista urbano no es fácil y mientras más bicis estén en la calle cuando pase la fiebre, moda o como le queramos llamar, más gente permanecerá pedaleando, y ayuda a la causa.

Etre cycliste urbain à Porto Rico n'est pas facile. Bien que davantage de vélos soient répertoriés dans les rues, par effet de mode ou autre, de plus en plus de gens continuent de pédaler, et soutiennent notre cause.

Chine : un avocat détenu après sa participation à une réunion sur Tian'anmen

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Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais. 

Les autorités chinoises ont placé en détention l'avocat défenseur des droits de l'homme Pu Zhiqiang, l'accusant de « troubles à l'ordre public ». Une arrestation perçue comme une manœuvre des pouvoirs publics visant à dissuader les militants de commémorer l'imminent 25ème anniversaire de la répression des manifestations pro-démocratiques de la place Tian'anmen [Fr].

Selon le quotidien South China Morning Post, Pu Zhigiang aurait été détenu par la police de Pékin après avoir participé à une réunion organisée en mémoire de la répression du mouvement de 1989 et pour « explorer les conséquences de cette répression et exiger qu'une enquête soit menée dans le but d'exposer la vérité sur les événements du 4 juin 1989 ».

Au moins 15 personnes (intellectuels, militants et proches des victimes tuées lors du massacre de la place Tian'anmen) ont assisté à cette réunion tenue dans une résidence privée à Pékin ce 3 mai 2014. Au moins 5 autres personnes ont été mises en examen une fois la réunion terminée.

Photos of Xu protesting (photo from twitter)

Photos de Pu pendant les manifestation à Tiananmen en 1989. Photo diffusée sur Twitter.

Pu Zhiqiang est une personnalité renommée au sein du mouvement de Weiquan : il a défendu des auteurs et des journalistes dans plusieurs affaires très médiatisées, dont celle d‘Ai Weiwei [Fr].  Il a notamment été cité dans des magazines pour avoir fait campagne contre les camps de travail.

En raison de ses critiques ouvertes des politiques officielles, Pu Zhigiang est surveillé par la police, il a d'ailleurs été détenu et interrogé à plusieurs occasions. En 2013, il a été exclu et interdit de toutes les plateformes de microblog chinoises après les avoir utilisées pour critiquer publiquement Zhou Yongkang [fr], l'un des dirigeants du parti communiste.

Il a également participé au mouvement pro-démocratique de 1989 lorsqu'il était étudiant.

Les autorités chinoises censurent encore toute information liée au mouvement de Tian'anmen. En tapant le mot clé « Tian'anmen » sur le site populaire de microblog Sina Weibo, un message indique que les résultats ne peuvent s'afficher conformément à certaines lois et réglementations en vigueur.

Beaucoup d'avocats ont exprimé leur inquiétude à l'égard de la situation de Pu Zhigiang et ont fait appel à sa libération sur le site Weibo. Cependant la plupart des messages de soutien ont été supprimés.

Le message de l'avocat de Pékin Deng Shulin a vite disparu :

邓树林律师: 必须释放浦志强!抓律师是今后司法改革的方向吗?

Pu Shiqiang doit être libéré. Arrêter les avocats : s'agit-il de la nouvelle direction prise par les réformes judiciaires ?

Sur Weibo, l'actrice Zhang Ziyi conseille à ses abonnés de regarder un film qui expose comment un avocat peut être le garant de la justice :

《辩护人》一个追求民主、法制、公正为真理而斗争的律师让人肃然起敬。故事改编于韩国前总统卢武铉的真实事迹。在这儿无需再说电影拍得如何了,去看看人家拍的内容吧!

“Le conseiller”, l'histoire d'un avocat respectable qui se bat pour la démocratie, le respect du droit et la justice. Le film s'inspire de l'histoire de l'ancien président coréen Roh Moo-Hyun. Inutile de répéter ici à quoi ressemble le film, allez le voir par vous-même !

Maya Wang de Human Rights Watch commente sur Twitter :

La mise en détention de Pu et d'autres est la meilleure publicité pour le 25ème anniversaire et permet d'attirer exactement l'attention que les autorités cherchent à éviter.

Également sur twitter, la journaliste Sui-Lee Wee cite un article de Pu :

Le 4 juin est le bon moment pour lire l'article de Pu Zhiqiang. « Si tout le monde oublie, n'ouvrons-nous pas la porte à de futurs massacres ?»

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