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Tout ce qu'il faut savoir sur la répression d'Internet en Russie

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Montage photo de l'auteur.

En Russie, le nombre de restrictions imposées sur internet depuis le retour de Vladimir Poutine au Kremlin atteint des sommets. Qu'est-ce qui est proscrit ? Qu'est-ce qui ne l'est pas ? Pour aider les internautes à s'y retrouver dans le cyberespace russe, RuNet Echo a établi une liste chronologique des plus importantes lois de ces deux dernières années concernant l'internet russe. Les lecteurs trouveront des liens vers le texte intégral de chaque loi en russe et des articles de RuNet Echo en français ou anglais décrivant le détail et l'importance de chaque loi.

La loi par laquelle tout a commencé : création de la liste noire du RuNet. 

[Texte intégral en russe. Commentaires de RuNet Echo en français.]

Signée par Poutine le 28 juillet 2012. Cette loi a permis de lancer des mesures de répression contre la liberté de l'internet en Russie. Elle a autorisé la création d'un registre administratif regroupant les sites web au contenu jugé dangereux pour les enfants. Les contenus relatifs à la pornographie enfantine, aux accessoires de consommation de drogues et aux instructions d'automutilation sont considérés illicites. L'agence fédérale de communications de Russie peut ajouter au registre, sans l'aval de la justice, tout site web traitant d'un tel contenu. Les lois suivantes ont permis à la police d'ajouter sur la liste noire d'autres types de sites web en utilisant le système déjà en place.

La « SOPA russe »

[Texte intégral de la loi d'origine en russe. Ebauche de la législation mise à jour. Commentaires de RuNet Echo en français.]

Signée le 2 juillet 2013. Souvent considérée comme la « SOPA russe », cette loi anti-piratage autorise les tribunaux à bloquer les sites web accusés de violation de la propriété intellectuelle. La législation initiale prônait l'application de la loi à toutes sortes de contenus. C'est une version édulcorée qui a finalement atterri sur le bureau de Poutine en juillet 2013. (Le texte de loi final ne concerne que les films piratés.) Cependant, le Parlement russe est prêt à adopter, un peu plus tard dans l'année, un projet de loi qui agrandira son champ d'application à la musique, aux livres numériques et aux logiciels.

Ajouter les actualités à la liste noire

[Texte intégral en russe. Commentaires de RuNet Echo en anglais.]

Signée le 28 décembre 2013. Cette loi confère au Procureur général de Russie le pouvoir extrajudiciaire d'ajouter à la liste noire de RuNet les sites contenant « des appels à la grève, des activités extrémistes, des incitations à la haine raciale et (ou) religieuse, des activités terroristes ou la participation à des manifestations publiques en infraction aux procédures appropriées. » En mars 2014, la police a utilisé cette loi pour bloquer quatre sites majeurs de l'opposition, comprenant trois portails d'information et le blog du plus grand activiste anti-corruption de Russie. Depuis l'adoption de la loi l'année dernière, le Procureur général a mis sur liste noire 191 adresses Web différentes.

La loi qui s'en tire à bon compte : le contrôle des agrégateurs d'actualités

Lors d'un forum public en avril 2014, Poutine a divulgué l'enquête publique sur le statut légal des services d'agrégation d'actualités en ligne comme Yandex News. En mai, un député de la Douma a demandé au Procureur général de Russie de trancher sur le statut de Yandex News, afin de déterminer si l'Etat doit réglementer ce genre de site au même titre que les médias de masse. Début juin, le PDG de Yandex a rejoint Poutine à la tribune d'un forum sur l'entrepreunariat par internet. Les deux hommes ont amicalement échangé sur le potentiel économique du RuNet. Le 1er juillet, les journaux russes ont rapporté la décision du Procureur général de Russie de ne pas considérer les agrégateurs d'actualités comme des médias de masse, réduisant à néant les efforts de la Douma pour imposer de nouvelles régulations à Yandex News et autres sites web similaires.

L'arsenal antiterrorisme ou « la loi sur les blogueurs »

[Texte intégral en russe. Commentaires de RuNet Echo en français.]

Signée le 5 mai 2014. L'arsenal antiterrorisme comprend trois lois distinctes, passées en urgence à la Douma après les attaques terroristes sur la ville de Volgograd en décembre 2013. Deux des lois renforcent la régulation d'internet en mettant en place des restrictions sur les transferts électroniques de fonds (interdisant toute transaction financière avec l'étranger impliquant des acteurs anonymes) ainsi que des exigences considérables sur le contrôle de l'activité des « blogueurs populaires » et la conservation des données sur certains sites web et réseaux en ligne. La « loi sur les blogueurs » prendra effet au 1er août 2014 avec la création d'un nouveau registre visant surtout les médias citoyens avec plus de 3000 personnes d'audience quotidienne. Les blogueurs ajoutés à ce registre seront soumis à une série de nouvelles mesures (contre le language obscène, la diffamation, etc), augmentant leur vulnérabilité face aux sanctions pénales.

Une époque difficile pour les retweets

[Texte intégral en russe. Commentaires de RuNet Echo en anglais.]

Signée le 28 juin 2014. Cette loi autorise le gouvernement à infliger des peines de 5 ans de prison à toute personne rediffusant en ligne des informations extrêmistes. La « loi contre les retweets » codifie une pratique policière déjà existante. Officialiser la ligne d'action pourrait augmenter le nombre des poursuites judiciaires dans le futur.

Un goulag numérique

[Texte intégral en russe. Commentaires de RuNet Echo en anglais.]

Loi adoptée par la Douma le 4 juillet 2014. Cette législation est toujours en attente de l'approbation du Sénat et de la signature de Poutine. En cas d'adoption de la loi, tous les sites web conservant les données d'usagers de nationalité russe devront héberger ces données sur des serveurs situés en Russie. Selon la logique de la législation, les sites web ne seront plus autorisés à conserver les données personnelles des usagers russes en dehors de Russie (le texte de loi actuel reste pourtant vague sur ce point, peut-être à cause des limitations juridiques sur ce que la Russie peut exiger hors de ses frontières). La loi s'applique à toutes sortes de sites web, allant des services de réservation en ligne à Facebook, et concerne n'importe quel site ou service en ligne opérant selon le concept d’ « usagers ».


Cameroun: L'outil “SMS printer“ pour lutter contre le diagnostic tardif du VIH chez les nouveaux nés

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Le site Afrique IT news fait savoir que:

Armé d’un appareil nommé “SMS printer“, la Fondation Clinton et l’opérateur de télécommunication MTN ont établi un partenariat pour lutter contre le diagnostic tardif de l’infection au VIH chez les nouveaux nés. Comprenant une mini-imprinante, ce dispositif mobile sera installé par la Fondation Clinton dans 682 centres de prélèvements à travers le pays. Pour sa part la MTN devrait mettre son réseau, ainsi que ses équipements à disposition, pour un meilleur déploiement du service dans les régions trop éloignées qui semblent être les plus touchées. Les nouveau-nés pourront subir des tests pour le VIH dans divers hôpitaux avec l’impression immédiate des résultats en envoyant des tests via la technologie SMS à deux laboratoires spécialisés du pays.

Cameroun: Arthur Zang explique son Cardiopad, première tablette tactile africaine pour le suivi des cardiopathies

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Le Cardiopad est un appareil qui contient un électrocardiographe, un radioscope et un tensiomètre numérique. Il permet de se connecter, grâce à une puce téléphonique normale au réseau téléphonie mobile pour transmettre un électrocardiogramme de n'importe quel point du pays vers des centres spécialisés où les cardiologues pourront diagnostiquer les patients et donner leurs conseils pour le traitement du malade sans se déplacer. Dans une interview délivrée à  Beaugas-Orain Djoyum et reprise sur camerpost.com, Arthur Zang, inventeur de la tablette Cardiopad qui lui a valu d'être un des lauréats 2014 de la prestigieuse compétition  ”Rolex Award for enterprise“, explique sa vision industrielle et scientifique: 

Dans notre stratégie de déploiement, nous travaillons énormément et étroitement avec les médecins. C’est sur cette relation avec les professionnels de la santé que nous basons notre développement et le succès de nos appareils. Nous sommes proches d’eux. Nous comprenons leurs problèmes et c’est en fonction de leurs besoins que nous concevons des solutions aux problèmes de leurs patients. La vulgarisation du Cardiopad dépend surtout du degré avec lequel celui-ci pourra répondre aux attentes des médecins [..] Dans le projet Cardio-pad, il y a beaucoup de développement logiciel. Himore Medical est essentiellement constituée d’une équipe développement dans laquelle chaque membre participe au projet de l’entreprise tant sur le plan technique que sur le plan managérial. Notre entreprise compte de nombreuses personnes parmi lesquelles : Cédric Evina, Ingénieur polytechnicien chargé du développement des applications de stockage d’informations sur les systèmes embarqués et sur les serveurs ; Jean Pierre Anguissa, Développeur logiciel et Designer UI sur les tablettes Cardio-pad ; Serge Boyogueno, Manager et chargé du suivi et de l’élaboration des projets.

 

La musique que le Brésil ne veut pas que vous écoutiez

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Girls dance at a baile funk party in Rocinha,  the largest favela in Rio de Janeiro. Photo by Flickr user Balazs Gardi NC-CC-ND 2.0

Des filles dansent lors d'une fête de baile funk à Rocinha, la plus grande favela de Rio de Janeiro. Photo de l'utilisateur de Flickr Balazs Gardi NC-CC-ND 2.0

En marge de la Coupe du Monde au Brésil, des rappeurs de gangsta funk censurés continuent au rythme des bruits de coups de feu à parler de ce que le pouvoir tente de cacher : l’extrême violence qui règne dans les favelas, ainsi que la ségrégation sociale et le racisme qui l’accompagnent.

Si vous êtes au Brésil, vous n’entendrez probablement pas les versions les plus explicites et les plus emblématiques de ces chansons à la radio. Ce genre de musique est proibidão, interdite, dans tout le pays et tire son origine des favelas de Rio de Janeiro.

Les autorités disent que ces paroles interdites “glorifient ou font l’apologie de la violence liée aux drogues et des gangs” dans les favelas et que ces chansons aident à recruter de nouveaux membres de gangs. Un discours avec lequel sont en désaccord les musiciens de gangsta funk : leurs paroles évoqueraient leurs vies quotidiennes dans les favelas, et seraient une forme de protestation.

« Si vous êtes né dans une favela, et que vous êtes ici pour témoigner de ce qui se passe vraiment dans cette communauté, alors vous devez assumer fièrement ce que vous dites », a déclaré le rappeur MC Frank dans le documentaire « Funk is culture – Music Politics in Rio de Janeiro ». Frank a été arrêté avec 5 autres rappeurs en 2010.

La police s’est appuyée sur deux articles du code pénal sur “les troubles à l’ordre public” pour inculper et emprisonner les rappeurs. L’article 286 sur « l’apologie des crimes ou des criminels » et l’article 287 sur « l’incitation au crime » prévoient des amendes et entre 3 et 6 mois d’emprisonnement.

Outre les relations difficiles qu’entretiennent les rappeurs de gangsta funk avec la loi, les bailes, des fêtes de funk organisées dans les favelas, connaissent une longue histoire de criminalisation et de décriminalisation à Rio de Janeiro.

A la recherché du funk prohibé au Brésil

Les chansons les plus explicites censurées par les pouvoirs publics sont difficilement accessibles en-dehors des favelas. Ce qui ne signifie pas qu’elles ne sont pas disponibles. En plus d’être sur YouTube, quelques chansons ont été adaptées en « versions plus appropriées » pour le grand public.

Une version éditée d’une chanson interdite, Rap das Armas (Les Armes du Rap), a été incluse dans la bande-originale du film Troupe d’Elite. Les bruits des coups de feu ont cependant été supprimés dans la version cinématographique :

Voici la version censurée :

La grande répression de 2010

En novembre 2010, la police militaire de Rio a fait une descente dans le Complexe Alemão, le plus grand espace de rassemblement dans les favelas. MC Frank, MC Smith et trois autres rappeurs de gangsta funk ont été arrêtés, lors de l’une des plus grandes répressions de ces dernières années.

MC Smith in screen shot from film Grosso Calibre

MC Smith dans une capture d'écran du film Grosso Calibre

Cet épisode a donné lieu à deux documentaires et à un budget digne d’un film d’action. Le documentaire Grosso Calibre est la version écourtée du film Proibidão, dans lesquels le rappeur MC Smith est le personnage principal. Il a également participé en tant qu’acteur et consultant à Alemão, récemment sorti en salles. Ce film revient sur la descente de police dans le complexe du même nom, en 2010.

MC Smith l’affirme: « J’ai été arrêté pour mes idées ». Il a été emprisonné pendant 15 jours puis a été relaxé. Sur le blog Funk Nerotico il évoque ainsi cet épisode : 

“Tenho uma resposta para isso (para a situação que viveu). Não pagar o mal com o mal. Eu poderia ter me revoltado, virado criminoso, e não foi isso que aconteceu. Enquanto todos estavam me tachando como bandido, eu estava ali como revolucionário. Nelson Mandela precisou ficar 27 anos preso para ser reconhecido. Se um dia for para eu perder minha vida em prol do que eu faço, tudo bem. Eu não estou aqui para ser milionário e nem ser conhecido até os 90 anos. Eu estou aqui para ser história, para virar matéria de escola. Essa é a minha pegada. Eu quero deixar um legado”.

J’ai mon idée sur ce que j’ai vécu. On ne doit pas rendre le mal pour le mal. J’aurais pu me révolter, devenir un criminel, mais ce n’est pas ce qui est arrivé. Quand tout le monde disait que j’étais un hors-la-loi, je me transformais en révolutionnaire. Nelson Mandela a dû rester emprisonné 27 ans avant d’être reconnu. Si je perds la vie en faisant ce que je fais, très bien. Je n’ai pas prévu de devenir millionnaire ou célèbre avant mes 90 ans. Je suis ici pour écrire l’Histoire, pour devenir une leçon qui sera enseignée dans les écoles. C’est mon plan. Je veux laisser un héritage.

Le funk censuré et les factions criminelles

D’autre part, Paul Sneed, universitaire et militant, atteste que les chansons interdites ont été utilisées par le groupe criminel Comando Vermelho, afin de renforcer son hégémonie dans la favela. Selon lui, les membres de cette faction criminelle sponsorisent les bailes et les utilisent comme plateforme pour mettre en scène leur pouvoir. Ils font aussi la promotion de la production du rap clandestin comme « Bandido de Cristo » (Bandits du Christ), en enregistrant des concerts et des CD illégaux.

Plusieurs factions criminelles contrôlent des bailes car ils se déroulent dans les favelas. Ce qui ne veut pas dire que seul le funk censuré est joué durant ces bailes. Bien que les bailes soient financés par des dealers, de nombreux thèmes sont abordés dans les chansons funk, dont des œuvres interdites, mais pas seulement.

Les débuts du funk brésilien

Le funk américain est devenu populaire à Rio dans les années 1970. Il a progressivement trouvé un style typiquement brésilien, avec des paroles portugaises appelées funk carioca [anglais]. Les bailes qui proposent du funk carioca sont apparus dans les années 80. En 1992, des fans de funk ont été tenus pour responsables d’une rixe générale sur la plage d’Arpoador, à Rio. En conséquence, les autorités ont fermé les clubs de bailes. La musique a peu à peu migré vers les favelas, hors du contrôle de la police, devenant un funk proibidão, ou interdit.

Selon Palombini, chercheur spécialiste en musique qui témoigne sur le site proibidao.org, dans les années 80, un chanteur soul du nom de Gerson King Combo a enregistré une chanson, Melô do Mão Branca, interprétée par un officier de police au téléphone qui disait :

Ratatá! Papá! Zim! Catchipum! são sons que você tem que acostumar, essa é a música que toca a orquestra do Mão Branca, botando os bandidos pra dançar

Ratatá! pan pan zim Catchipum! [tandis que les coups de feu résonnent], ce sont des sons auxquels vous devrez vous habituer, c’est la musique de l’orchestre de Mão Branca qui fait danser tous les gangsters.  

Mais c’est seulement en 1995 que le funk prohibé est devenu un genre à part entière, lorsque MC Júnior et Leonardo, avec Cidinho et Doca, ont rendu le son des mitrailleuses, des pistolets, des carabines et des grenades populaires à travers leurs chansons. Tous ces rappeurs ont dû comparaître au tribunal à la même époque.

Ces tentatives pour criminaliser le funk ont débuté avec le funk carioca, en 1999, et se poursuivent avec sa version interdite.

Les lois contre les bailes de Rio

Rio de Janeiro connaît une longue histoire de lois interdisant et protégeant les bailes. En 1999, une Commission d’Etat d’Enquête Parlementaire a été créée dans le but d’enquêter sur le baile funk qui augmenterait la violence, les drogues et les comportements déviants des jeunes. De cette investigation est née, en 2000, la première loi qui oblige à désigner des responsables pour l’organisation de bailes. Quatre ans plus tard, une loi initiée par Alessandro Calazans, membre du congrès, annula la loi prohibant les activités liées au baile, faisant ainsi du baile funk une activité culturelle populaire.

En 2008, une nouvelle loi révoqua la précédente et créa des règles plus strictes à l’encontre des bailes, désormais appliquées aux raves. Parmi les huit nouvelles restrictions figure l’obligation d’engager une entreprise autorisée par la Police Fédérale, afin de prendre en charge la sécurité lors des bailes et des raves. En 2009, cette loi a aussi été révoquée et une autre, la loi 5543, élaborée par Paulo Melo et le membre du congrès Marcelo Freixo, a été adoptée. Elle définit le funk comme un mouvement musical et culturel populaire, et déclare que tous les problèmes associés à celui-ci doivent être traités par les organes de l’Etat liés à l’art. Elle interdit également la discrimination et les préjugés sociaux, raciaux et culturels à l’encontre du funk.

A l’heure actuelle, la plupart des bailes de Rio de Janeiro sont à l’abri de la loi, mais les rappeurs de funk censurés restent sur le fil du rasoir, en raison de la loi sur les troubles à l’ordre public.

Emilio Domingos et Sheila Holz ont participé à ce reportage.

Cet article a été commandé par Freemuse, le principal défenseur des musiciens du monde entier, et Global Voices pour Artsfreedom.org. L’article pourra être republié par des médias non commerciaux, s’ils font mention de l’auteur Debora Baldelli, de Freemuse et Global Voices.

L'indépendantiste portoricain Oscar López Rivera, prisonnier politique depuis 33 ans

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Le cartoonist Kike Estrada est l'un des artistes qui ont exprimé leur solidarité avec la lutte pour libérer Oscar. Image prise depuis sa page, Planeta Kike , utilisée avec permission. Il lit, "Nous le voudrions déjà à la maison!"

“Nous le voudrions déjà à la maison !” Le dessinateur Kike Estrada est l'un des artistes qui ont exprimé leur solidarité avec la lutte pour libérer Oscar. Image prise depuis sa page, Planeta Kike, utilisée avec permission.

La lutte pour libérer le militant indépendantiste portoricain Oscar López Rivera continue à prendre de l'ampleur.

M. López Rivera, âgé de 71 ans, a été emprisonné pendant 33 ans aux États-Unis, accusé de “conspiration séditieuse” et de “conspiration pour s'évader” motifs de sa peine de 70 ans. C'est un combattant pour l'indépendance de Porto Rico, une colonie des États-Unis. Des politiciens, des artistes, et de nombreux militants de différentes idéologies se sont unis pour demander au président américain Barack Obama de grâcier López Rivera, qui a été appelé le plus ancien prisonnier politique détenu dans l'hémisphère occidental.

Son cas a attiré l'attention au cours des dernières semaines dans divers médias et à l'Organisation des Nations Unies de la part de personnes qui soutiennent sa libération.

Dans une lettre au magazine numérique 80, le blogueur, poète et sociologue Guillermo Rebollo Gil a réagi à un éditorial publié en juin dans le journal le plus diffusé à Puerto Rico, El Nuevo Día (Le nouveau jour), critiquant la façon ce texte a essayé de dépolitiser l'emprisonnement de M. López Rivera. Le passage de l'éditorial que Rebollo Gil a trouvé répréhensible était le suivant :

Porque Oscar López Rivera, al margen de su ideología y de sus aspiraciones, es un ciudadano que dedicó dos años de su vida al servicio militar activo, en la guerra de Vietnam, y que se sacrificó duramente por el mismo Estados Unidos que ahora se empeña en mantenerlo aislado, tratando de acallar los reclamos para que lo excarcelen e intentando mantenerlo fuera del foco de la atención mundial.

Parce que Oscar López Rivero, quelles que soient son idéologie et aspirations, est un citoyen qui a consacré deux années de sa vie au service militaire actif lors de la guerre du Vietnam, et s'est durement sacrifié précisément pour les États-Unis qui insistent maintenant à le garder isolé, en essayant de réprimer les manifestations pour le libérer et de le garder hors de l'attention du monde entier.

Rebollo Gil a souligné l'importance du fait que le cas de López Rivera ne doit pas être seulement perçu comme une question humanitaire, et a exhorté l'opinion à se rappeler pourquoi il s'agit d'un prisonnier politique. El Nuevo Día, le journal conservateur appartenant à la famille Ferré Rangel, a publié [fr] une série de lettres de López Rivera depuis sa prison.

Que el Grupo Ferré Rangel, “al margen” de su ideología y sus intereses económicos, interese unirse al reclamo por la excarcelación de Oscar López Rivera, no le da la potestad para despolitizar la figura de Oscar. Su excarcelación no es un mero issue de interés humanitario. Oscar López Rivera es un prisionero político. Preso—es decir, marginado brutalmente—por “su ideología y sus aspiraciones.” Oscar es padre y abuelo y hermano, y escribe cartas preciosas. Es cierto. Son las cartas de un independentista puertorriqueño, injustamente encarcelado cuando era joven y bigotudo y pelú. Hoy es viejo y hermoso. Pero igualmente revolucionario. Sépase.

Même si le Groupe Ferré Rangel, “au-delà” de son idéologie et de ses intérêts économiques, était intéressé à se joindre à l'appel pour la libération d'Oscar López Rivera, cela ne lui donne pas le pouvoir de dépolitiser la personnalité d'Oscar. Sa libération n'est pas une simple question d'intérêt humanitaire. Oscar López Rivera est un prisonnier politique. Prisonnier – ce qui signifie brutalement marginalisé – “à cause de son idéologie et de ses aspirations”. Oscar est un père et grand-père et frère, et il a écrit de belles lettres. C'est vrai. Ce sont des lettres d'un Portoricain qui est pour l'indépendance, injustement emprisonné quand il était jeune, lorsqu'il avait une moustache et de longs cheveux. Maintenant, il est vieux et beau. Mais toujours le même révolutionnaire. Qu'on le sache.

Le poète Manuel Martínez Maldonado a analysé dans un article pour le magazine “Cruce” l'injustice d'avoir quelqu'un en prison aussi longtemps pour “conspiration séditieuse”, une accusation que le gouvernement américain a toujours utilisée pour infliger de mauvais traitements à quiconque est en désaccord avec leur discours :

Es difícil ver, cuando no hay una guerra que represente el famoso “clear and present danger”, cómo abogar por la autonomía o independencia de Puerto Rico puede representar un riesgo a la estabilidad de los Estados Unidos. En el caso particular de Oscar López Rivera, encarcelado en 1981, sin haber sido acusado o convicto de ningún delito de violencia, el cargo de conspiración sediciosa es particularmente difícil de entender. [...] ¿Cómo puede ser una amenaza contra el gobierno y sus armas un hombre anónimo y envejecido, no importa lo que diga o lo que piense?

C'est difficile de voir, alors qu'il n'y a pas de guerre, ce que veut dire le fameux “danger immédiat“, comment plaider pour l'autonomie ou l'indépendance de Porto Rico pourrait présenter un risque pour la stabilité des États-Unis. Dans le cas particulier d'Oscar López Rivera, emprisonné en 1981, sans avoir été accusé ou reconnu coupable d'un crime, la charge de conspiration séditieuse est particulièrement difficile à comprendre. [...] Comment un homme anonyme et âgé, peu importe ce qu'il dit ou pense, pourrait-il présenter une menace pour un gouvernement et son armée?

Devant le siège des Nations Unies, il y avait des manifestations pour la libération de López Rivera pendant que le Comité de la décolonisation tenait sa réunion annuelle. A l'intérieur, Eduardo Villanueva Muñoz, porte-parole du Comité des droits humains de Porto Rico, a consacré son exposé à López Rivera dans un discours devant le Comité, qui examine le cas de Porto Rico chaque année depuis 1972 :

Oscar López ha cumplido ejemplarmente su rol de ser símbolo de resistencia y lucha para su pueblo. Por eso sus ideales se mantienen vigentes y en mi país hay lucha comunitaria, lucha ambiental, lucha contra el racismo y la discriminación, lucha por mejores empleos y salarios justos, lucha en defensa del idioma vernáculo (el español) y la cultura que nos distingue como nación. Mil años de encierro no pueden servir para destruir esos ideales que son consustanciales a la naturaleza de las naciones, que aunque no tengan soberanía, culturalmente son naciones claramente diferenciables en el concierto de naciones del mundo. Mantener a Oscar López preso no sirve para disuadir a los que creen en sus ideales, al contrario son un estímulo para continuar la lucha y mantener sus ideales vigentes.

Oscar López a rempli son rôle de symbole de la résistance et de la lutte pour son peuple d'une manière exemplaire. Ses idéaux sont toujours valables et dans mon pays ce sont des luttes communautaires, les luttes environnementales, la lutte contre le racisme et la discrimination, la lutte pour de meilleurs emplois et salaires, la lutte pour la défense de la langue vernaculaire (espagnol) et de la culture qui nous distinguent en tant que nation. Même un millier d'années de détention ne pourront pas détruire les idéaux qui sont inhérents à la nature des nations, qui sont, même sans la souveraineté, clairement des pays culturellement différents dans le concert des nations du monde. Garder Oscar López prisonnier n'a pas d'effet dissuasif sur ceux qui croient en ses idéaux, mais au contraire les encourage à continuer la lutte et maintenir vivants ses idéaux

On peut s'attendre à une augmentation de l'activité en faveur de la libération de López Rivera après les élections au Congrès américain en novembre, puisque le président Barack Obama, maintenant à la fin de son dernier mandat, sera en mesure de prendre plus de décisions sans avoir à tenir compte de leur possible coût politique. Pendant ce temps, des gens, à travers le monde, continuent à veiller à ce que le cas de López Rivera ne tombe pas dans l'oubli.

Pakistan : La jeune femme qui mène la lutte des étudiants pour l'indépendance du Baloutchistan

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Banuk Karima Baloch, chairperson of the Baloch Student Organization-Azad (BSO-Azad) at a rally in Karachi. Screenshot from YouTube.

Banok Karima Baloch, présidente de l'Organisation étudiante Baloutche-Azad (BSO-Azad) à une manifestation à Karachi en juin. Capture d'écran d'une vidéo YouTube postée par DeraBugtichannel.

[Liens en anglais] Cela étonnera peut-être ceux qui suivent l'actualité du Pakistan dans les médias traditionnels : l'une des organisations étudiantes les plus contestataires du pays est menée par une femme.

Banok Karima Baloch est la présidente de la Baloch Student Organization (BSO-Azad, Organisation étudiante Baloutche), la plus grande représentation des étudiants baloutches au Pakistan, interdite en 2013 pour activité “terroriste”.

L'organisation dirigée par Karima joue un rôle essentiel dans la mobilisation des jeunes dissidents et séparatistes au Baloutchistan, la province du sud-ouest gangrenée par la pauvreté, la violence religieuse et une insurrection contre l'Etat pakistanais. 

La BSO-Azad a été fondée en 2002 par Allah Nazar Baloch, un célèbre combattant séparatiste, aujourd'hui à la tête du hors-la-loi Front de Libération Baloutche (BLF), le groupe rebelle le plus actif dans la résistance armée contre l'Etat pakistanais. 

A côté de ces réalités de terrain très prégnantes, les femmes sont confrontées au Baloutchistan à des difficultés supplémentaires : elles vivent dans la province la moins développée du Pakistan, où les hommes dominent la vie publique ; la mortalité maternelle y est parmi les plus élevées d'Asie et le taux d'alphabétisation féminine de la province est le plus bas du pays. 

Pourtant, depuis quelques années, les femmes baloutches sont en pointe pour tenter d'attirer l'attention sur les “disparus” du Baloutchistan, un des aspects les plus cruels et les moins connus de l'insurrection. Rien qu'en 2013, 116 corps ont été retrouvés à travers la province, dont 87 identifiés par les familles, qui accusent les services de sécurité pakistanais d'avoir enlevé leurs proches. D'après la Commission indépendante des Droits de l'Homme du Pakistan, depuis 2010, les corps de centaines de disparus du Baloutchistan ont été retrouvés, portant des marques de torture. 

En mai, Karima a parlé des femmes baloutches, de leur rôle dans la lutte actuelle pour la liberté et de ses aspirations pour le Baloutchistan, dans un entretien mené en ourdou. L'auteur du présent article a traduit en anglais l'entretien d'origine pour son blog Collateral Damage. En voici un extrait. 

Pour la première fois une femme préside une organisation étudiante au Baloutchistan. Comment vivez-vous d'avoir été appelée à la tête de la BSO-Azad ?

Banok Karima Baloch (BKB) : Il n'y a pas de discrimination par le genre dans notre organisation, hommes et femmes participent donc à la lutte nationale côte à côte. Pendant mon mandat à la tête de l'organisation, je ne me suis jamais sentie différente ou inférieure du fait d'être une femme. Mais je suis heureuse que la participation de mes soeurs baloutches à la lutte pour la liberté ait changé la conception qu'a des femmes la société baloutche. La résurrection du mouvement national a fait disparaître beaucoup de traditions conservatristes. Par rapport au passé, les femmes baloutches sont beaucoup plus libres et actives.

Dans la situation actuelle, où la marge se rétrécit de plus en plus pour les activités politiques légales au Baloutchistan, quelle stratégie prévoyez-vous d'adopter ?

BKB : Pour nous, la lutte pacifique a été transformée en poison mortel. Dans les trois dernières années, beaucoup de nos adhérents ont été assassinés et des milliers, enlevés. Il y a deux mois, le président de mon organisation a été enlevé sous mes yeux. Avant cela, en 2009, le vice-président de notre organisation Zakir Majeed a été enlevé par les services secrets pendant qu'il était dans la foule d'une procession. On ne l'a pas revu. Aux côtés de la BSO-Azad, la famille de Majeed s'est démenée sans relâche pour sa libération mais en vain.

Ce que je veux dire, c'est que la corde se resserre autour de notre cou. Cela ne nous arrêtera pas. Même si l'Etat continue à agir envers nous comme s'il n'avait aucune conscience, nous ne céderons rien de notre lutte juste et pacifique. La lutte pacifique est notre droit selon la loi internationale. Plus l'Etat sera brutal, plus nous continuerons à résister, persévérer et nous lever.

Le rôle des femmes du Baloutchistan est important dans la campagne pour les disparus. Quel effet aura ce phénomène sur le mouvement nationaliste baloutche ? Comment la société baloutche réagit-elle à la participation des femmes aux activités politiques ?

BKB : Comme je l'ai dit, les attitudes envers les femmes dans la société baloutche ont changé de façon évidente. Aujourd'hui, les gens sont fiers que les femmes participent au mouvement national. Banuk Farzana, Banuk Sami Baloch et toutes les autres soeurs, par leurs actes de courage, sont considérées comme les symboles du mouvement national. Pensez, notre population est petite et géographiquement dispersée ; les femmes, moitié de notre population, ont donc joué un rôle essentiel dans la consolidation de notre mouvement.

Je veux aussi souligner que l'Etat et ses services sont déroutés devant cette tendance. Ils essaient de trouver de nouveaux moyens de harceler et menacer les femmes baloutches pour entraver leur progrès et les empêcher de participer au mouvement national. L'an dernier, le Lashkar-e-Jhangvi, dans la région baloutche de Quetta, a exécuté un attentat à la bombe à l'intérieur d'un lycée de jeunes filles. La création d'un nouveau mouvement islamiste au Panjgur récemment et les menaces de fermer l'enseignement féminin sont d'autres exemples de la politique étatique. L'an dernier à Turbat, les services secrets et la police du Pakistan ont fait des descentes dans des établissements d'enseignement, détruit tout le matériel éducatif, puis vendu ces institutions. Ces établissements où l'éducation et le progrès des femmes étaient encouragés et privilégiés.

Que pensez-vous de la situation économique et sociale actuelle de la femme au Baloutchistan ? Quels sont les principaux défis et comment les surmonter ?

BKB : Bien que richement doté en ressources naturelles, le Baloutchistan est l'une des régions les moins développées au monde. Les femmes ne sont pas les seules affectées par le régime colonial que nous impose le Pakistan ; chacun des Baloutches est contraint à une vie de citoyen de seconde classe. Selon les statistiques de l'administration elle-même, 52,2 % de la population du Baloutchistan souffre de malnutrition. Mais en réalité, un nombre bien plus grand est sous-alimenté. En outre, le Fonds des Nations Unies pour la Population a relevé que le taux de mortalité infantile atteint des niveaux extrêmement dangereux. Toutes les 20 minutes, une femme meurt en accouchant.

Ce que j'essaie de faire comprendre, c'est que si les gens subissent tant de souffrances, c'est à cause du système d'oppression que le Pakistan nous impose et de l'ignorance qu'en ont les gens. Si le Baloutchistan ne se libère pas de la domination pakistanaise, il continuera à subir la pauvreté, le dénuement et la décomposition sociale et culturelle.

Y a-t-il un personnage féminin en particulier dans l'histoire du Baloutchistan qui est votre modèle ?

BKB : Dans l'histoire baloutche, j'honore Hatun Bibi et ses sacrifices dans la lutte contre les occupant du Baloutchistan en Iran. Elle a combattu avec courage avec sa famille, notamment Dad Shah, contre l'ennemi.

Avez-vous en vue des actions pour contacter les organisations étudiantes d'autres provinces, notamment au Sindh, en vue d'élargir votre base de solidarité ?

BKB : Diverses organisations étudiantes nous ont aidés dans notre campage réclamant la remise en liberté du président de la BSO-Azad Zahid Baloch. A Karachi et ailleurs, ils ont tenu des manifestations et rassemblements pour nous soutenir. En beaucoup d'endroits, les mouvements de droits humains nous ont montré une profonde solidarité ainsi qu'avec Lateef Johar, en grève de la faim jusqu'à la mort. Nous nous efforçons d'accroître notre collaboration avec ces mouvements ; au moins sur le terrain de la solidarité, nous devons rester associés et poursuivre nos relations.

Quel message voudriez-vous transmettre, en particulier aux femmes du Pakistan ?

BKB : Je voudrais que les Baloutches, et surtout les femmes, se focalisent sur l'éducation et deviennent partie prenante au combat contre la tyrannie et l'esclavage, de sorte que le Baloutchistan puisse être libéré et transformé en nation exemplaire où il n'y aura pas de discrimination basée sur l'ethnie, la caste, le genre, la classe, etc.

Pendant que Gaza est écrasée sous les bombes, Facebook laisse continuer les discours de haine contre les Palestiniens

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Banner of Lehaselmehabel Facebook page.

Photo de couverture de la page Facebook de Lehaselmehabel.

Cet article a été écrit par Dalia Othman, avec la contribution d'Ellery Roberts Biddle, Jillian C. York et Ivan Sigal, et publié en anglais le 7 juillet.

[Liens en anglais] Lorsque les trois adolescents israéliens, par la suite retrouvés assassinés, avaient d'abord été portés disparus, une page intitulée “Jusqu'à ce qu'on nous rende nos garçons – nous tuerons un terroriste toute les heures” apparut sur Facebook. La page, active depuis plus de trois semaines, publie de multiples entrées en hébreu appelant à la violence contre les Palestiniens et Arabes. En dépit de nombreuses dénonciations en bonne et due forme de contenu abusif par des utilisateurs de Facebook, la page n'a pas été retirée. Global Voices a questionné Facebook qui a indiqué qu'elle était en cours d'examen.

L'enlèvement de juin a entraîné une agression de représailles contre le Palestinien de 16 ans Mohammed Abu Khdeir, brûlé vif, et déclenché une massive opération militaire israélienne en Cisjordanie et à Gaza, aboutissant à des centaines d'arrestations et des dizaines de morts chez les Palestiniens. L'escalade s'est poursuivie ces derniers jours avec la vaste “Opération Bordure Protection” lancée contre Gaza, qui a déjà tué plus de 150 [au 14/7] Palestiniens, dont beaucoup de femmes et enfants. Depuis Gaza, le Hamas, le mouvement qui gouverne le territoire depuis 2007, a tiré des centaines de missiles sur Israël. Au 9 juillet, les responsables israéliens informaient qu'aucune mort d'Israéliens ne leur était imputable.

Les échanges sur les médias sociaux ont reflété la montée rapide des tensions sur le terrain. La section A propos de la page Facebook “Jusqu'à ce qu'on nous rende nos garçons – nous tuerons un terroriste toute les heures” dit :

Nous devons utiliser une main ferme pour combattre la terreur violente et qui menace la vie. La faiblesse montrée par le gouvernement israélien, qui a relâché des milliers d'assassins n'a fait qu'augmenter leur détermination et a mené à l'enlèvement des adolescents. Le seul moyen de ramener ceux-ci est d'inspirer la peur à nos ennemis et de leur faire comprendre qu'ils vont souffrir. Nous soutenons l'exécution d'un terroriste toutes les heures jusqu'à ce que les jeunes soient relâchés.

Chez certains Israéliens, le mot “terroriste” est un synomyme usuel de “Palestinien”. Quiconque est familier de la terminologie locale ne peut y voir autre chose qu'un appel à mettre à mort tous les Palestiniens. Une entrée sur la page invite les lecteurs à “les tuer pendant qu'ils sont encore dans [le ventre de] leurs mères”. Les violences verbales prédominent sur la page et les messages visent sans ambiguïté les Arabes, et particulièrement les Palestiniens. Pour ceux qui ne lisent pas l'hébreu, même une traduction automatique suffit à révéler la nature explosive du contenu de la page.

blurred.Comment about death to arabs

Commentaire dénoncé à Facebook, mais qui n'avait pas disparu le 9 juillet.

[Traduction mot à mot de la traduction machine] Mort aux Arabes, Arabe Arabe mort. Brûler Gaza et les villes arabes y compris les villages Umm Al Fahm et Saknin tayibe Castle dans le Negev et Galilée, avec le Coran que Muhammad a brûlé train (Traduit par Bing)

blurred.Comment calling for price tag

Commentaire dénoncé à Facebook, mais qui n'avait pas disparu le 9 juillet.

[Traduction mot à mot de la traduction machine] Seul prix qui veut dire éliminer douzaines d'Arabes, dissuadera les terroristes ! Couper l'électricité ! Déplacer ! Juifs commencez à vous réveiller ! Des jeunes ont été enlevés et nous restons tranquillement assis ! (Traduit par Bing) 

Le commentaire ci-dessus a été dénoncé à Facebook et a été déclaré ne pas être en infraction avec les règles d'utilisation. Ce commentaire appelle à la fois à des actions punitives [“price tag”] (définies comme des actes de terrorisme par le Département d'Etat américain en 2013) et le transfert des Palestiniens, une attaque évidente contre un peuple et un appel à la violence.

La page viole-t-elle les Standards de la Communauté Facebook ?

Le premier paragraphe des Standards de la communauté Facebook déclare :

La sécurité est en tête des priorités de Facebook. Nous retirons des contenus et, lorsque nécessaire, communiquons avec les autorités, lorsque nous percevons un risque de blessures ou une menace directe pour la sécurité du public. Vous ne devez pas menacer autrui ou organiser des actes de violence.

Un autre paragraphe, relatif au discours incirtant à la haine, s'applique aussi à la page :

Facebook n’accepte pas les discours incitant à la haine….nous ne permettons pas l’attaque d’individus ou de groupes sur la base de leur race, ethnicité, origine nationale, religion, sexe, orientation sexuelle, handicap ou état de santé.

Depuis la première apparition de la page, des citoyens inquiets (parmi lesquels de multiples sources dignes de foi et amis de Global Voices) ont utilisé la procédure Facebook de dénonciation des infractions pour attirer l'attention de la société sur cette page et en demander le retrait. Certains l'ont fait sur Twitter, en invitant à faire de même. Mais plus de trois semaines après ses débuts, la page reste active sur le site.

Cette page n'est pas une exception. Lorsqu'on a appris que les trois adolescents israéliens enlevés avaient été tués, des pages similaires ont germé avec un langage violemment raciste, qui ont également attiré l’attention des médias traditionnels. A nouveau les utilisateurs de Facebook ont voulu dénoncer les pages réclamant vengeance contre la population palestinienne. Mais Facebook a réagi avec les mêmes affirmations (capture d'écran ci-dessous) que la page n'enfreint pas ses standards de communauté.

Facebook response to abuse report , sent July 3 2014.

Réponse de Facebook à la dénonciation de contenu abusif, envoyée le 3 juillet 2014.

Décision : La page n'a pas été retirée. Détails : Merci d'avoir pris le temps de signaler quelque chose qui selon vous peut enfreindre nos standards de communauté. Les signalements comme le vôtre sont nécessaires pour faire de Facebook un environnement sûr et accueillant. Nous avons vérifié la page que vous avez signalée pour un contenu de discours ou symboles incitant à la haine, et trouvé qu'elle n'enfreint pas nos standards de communauté. Nota : si vous avez un problème avec un élément de la page, assurez-vous de signaler le contenu (par ex. une photo) et non la page entière. Ainsi, votre signalement sera vérifié avec plus de précision.

La page Troisième Intifada
En 2011, il y a eu une situation similaire, quand un groupe de jeunes Palestiniens a lancé une page Facebook appelant à une troisième intifada (soulèvement) à édifier sur les deux intifadas historiques [fr] qui ont eu lieu contre l'occupation israélienne des territoires palestiniens.

Malgré le parti-pris des administrateurs du groupe de promouvoir l'action civique non-violente en faveur d'une Palestine libre et indépendante, des membres de la page se sont mis à publier des messages prônant la violence et la haine contre Israël et les Israéliens. CNN a rapporté par la suite que la page avait été retirée du site après que Facebook eut reçu une requête en ce sens du gouvernement israélien.

Les juristes spécialistes d'internet ont ensuite laissé entendre que Facebook aurait pu suspendre les comptes ou pages des commentateurs promouvant la violence, plutot que de retirer totalement la page. Dans l'écosystème des médias sociaux, ce sont des détails qui comptent : la libre expression est mieux préservée lorsque les discours dommageables peuvent être ciblés au niveau individuel, plutôt qu'une page ou une page ou plate-forme entières. Mais le retrait de la page par Facebook a été interprété comme une volonté d'anéantir le discours de violence et de haine, ainsi que ses conséquences potentielles dans la vie réelle. Il est troublant de voir à présent que Facebook ne suit pas les mêmes critères concernant les pages récentes.

La réaction de Facebook
Dans un entretien, Global Voices a demandé à Monika Bickert, Directrice de la politique globale de gestion, d'expliquer en quoi cette page n'est pas une violation des standards de communauté. Sa réponse : “Nous listons clairement les caractéristiques de ce que nous considérons comme un discours incitant à la haine, et si cela ne tombe pas sous une de ces catégories, nous ne le considérons pas comme un discours incitant à la haine selon nos pratiques.”

Mme Bickert est restée dans les généralités :

Facebook fixe des dispositions qui peuvent être mises en oeuvre par un personnel international présent 24 heures sur 24 de réviseurs de contenus. Ils cherchent à prendre des décisions rapides et cohérentes […] Un des domaines les plus ardus pour Facebook est celui du discours incitant à la haine. Ici, Facebook est en quête de caractéristiques qui ciblent particulièrement soit un individu soit un groupe défini [..] Comme les pages évoluent, à la différence des entrées, elles peuvent être vérifiées à plusieurs reprises. Les décisions sur des éléments individuels de contenu tendent à être définitives, même si elles peuvent être revues suite à erreur.

Facebook ne doit pas servir de plate-forme à la promotion de la violence contre qui que ce soit
Nous défendons la liberté d'expression et ne voulons pas que Facebook devienne une plate-forme plus contrôlée et plus lourdement censurée. Mais nous ne pouvons pas regarder passivement cette page et d'autres gagner des centaines d'abonnés chaque jour. Ce n'est pas que de la haine et de la discrimination contre les Palestiniens et les Arabes, c'est une menace ouverte et sans équivoque contre des êtres humains. En pleine reconnaissance du contexte politique complexe et sensible de la situation actuelle, nous demandons à Facebook de reconsidérer l'affaire et d'engager avec nous un débat sur leur processus décisionnel pour cette page et d'autres similaires.

Cet article a été mis à jour le 11 juillet à 17:10 GMT pour préciser que Mohamed Abu Khdeir a été tué dans une agression de représailles.

Escarmouches frontalières répétées entre Kirghizistan et Tadjikistan

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Les frontières sont problématiques en Asie Centrale. Barbelés – photo Wikipédia.

Nouvelle semaine et nouvelles violences à la frontière entre Kirghizistan et Tadjikistan. Comme d'habitude, l'interprétation des gouvernements, médias et internautes respectifs diffèrent largement.

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A la frontière entre Kirghizistan et Tadjikistan. Photo knews.kg. Utilisée avec permission.

Selon les responsables kirghizes, la situation à la frontière kirghizo-tadjik, où un ressortissant tadjik a été tué et sept autres blessés dans une fusillade le 10 juillet, est de nouveau stable. Jeudi dernier, un affrontement armé entre gardes-frontières des deux pays a éclaté sur un territoire disputé de l’oblast de Batken près du poste-frontière de Tamdyk. Les représentants du service des frontières du Kirghizistan ont déclaré que les gardes-frontières kirghizes ont agi dans le cadre de leur mandat légal quand des citoyens tadjiks ont enfreint la réglementation frontalière :

Перестрелка была спровоцирована “неправомерными действиями граждан Таджикистана” – около 30 человек предприняли попытку проложить трубопровод с территории Кыргызстана (река Каравшин) в село Бедак таджикского анклава Ворух. Кыргызстанский пограничный наряд, прибыв на место, потребовал прекратить все работы в связи с тем, что участок является неописанным. В ответ, как сообщается, граждане Таджикистана забросали пограничников камнями, и те были вынуждены произвести предупредительные выстрелы в воздух. После этого пограничный наряд Таджикистана, находившийся неподалеку от места инцидента, открыл огонь по кыргызским пограничникам. В результате завязалась короткая перестрелка.

La fusillade a été provoquée par les “activités illégales de citoyens du Tadjikistan”. Une trentaine d'individus ont entrepris la construction d'une conduite [d'eau reliant le territoire] du Kirghizistan (le fleuve Karavchine) au village de Bedak dans l'enclave tadjik de Voroukh. Les gardes-frontières kirghizes qui se trouvaient là ont exigé l'interruption de tous travaux [sur la conduite] car le terrain n'est pas délimité. Selon les informations, les citoyens du Tadjikistan ont riposté en lançant des pierres sur les gardes-frontières, et ceux-ci ont été contraints à des tirs de sommation. A la suite de quoi des gardes tadjiks se trouvant non loin du lieu de l'incident ont ouvert le feu sur les gardes-frontières kirghizes. S'est alors engagée une brève fusillade.

Le ministère tadjik des affaires étrangères ne l'a pas entendu de cette oreille, et a envoyé cette note au gouvernement kirghize :

10 июля в 11.30 местного времени на территории земель, отведенных Кооперативному хозяйству «Ворух» Исфаринского района Республики Таджикистан, гражданами Таджикистана проводились работы по прокладке трубопровода. Подошедшие к ним кыргызские пограничники, несущие службу на посту «Тамдык», расположенном на несогласованном участке границы, стали вести себя вызывающе по отношению к мирным жителям, всячески оскорбляя их и выдвигая незаконное требование прекратить работы и покинуть местность. Находившиеся неподалеку таджикские пограничники, подошедшие для выяснения обстоятельств, попытались пресечь действия  своих кыргызских коллег. В ответ последние внезапно открыли прицельный огонь из автоматического оружия. В результате этого, 7 мирных граждан и один пограничник Республики Таджикистан получили огнестрельные ранения. Один гражданин Республики Таджикистан от полученных ран скончался на месте происшествия. Следует отметить, что таджикские пограничники не произвели ни одного выстрела.

[...] Les gardes-frontiières kirghizes ont agi agressivement envers les citoyens du Tadjikistan et leur ont ordonné illégalement de stopper les travaux dans la zone. Quand les garde-frontières tadjiks sont arrivés et ont demandé à leurs confrères kirghizes de cesser leurs actes illégaux, les gardes kirghizes ont ouvert le feu sur les citoyens tadjiks. La fusillade a blessé 7 citoyens du Tadjikistan. IIl faut noter que les gardes-frontières tadjiks n'ont pas tiré un seul coup de feu.

Le service national des frontières kirghize n'est pas de cet avis et maintient que les gardes-frontières tadjiks ont ouvert le feu sur leurs homologues kirghizes au poste frontière de Tamdyk.

Mais à qui appartient la zone ?

Au coeur du problème, il y a la non-délimitation des frontières floues datant de l'époque soviétique. Dans ce qui a été interprété comme une ruse stalinienne, l'Union Soviétique a créé des poches de territoire kirghize, tadjik et ouzbek hors du territoire principal de ces républiques. D'où l'existence de ces “exclaves” dont les habitants veulent relier les villages à leurs “patries” tandis que les habitants de la “métropole” veulent construire des infrastructures de contournement pour s'épargner les tracasseries d'un passage de frontière.

Dans son blog d'Eurasianet Inside the Cocoon, le journaliste David Trilling a expliqué le rapport entre l'incident du 10 juillet et un autre échange de tirs au même endroit quelques mois auparavant.

Les tensions ont monté dans les zones disputées autour de Voroukh et du village kirghize de Ak-Sai (voir carte) ces dernières années, avec l'accroissement démographque et la volonté des deux gouvernements d'avoir des frontières nationales nettes dans une région où il n'y en avait jamais eu. En janvier, les disputes sur la construction d'une route kirghize ont mené à une fusillade d'une heure entre gardes-frontières, qui a laissé au moins sept blessés sur le carreau. Les Kirghizes disent que les Tadjiks ont tiré des obus et ont essayé de détruire un petit barrage.

Si, sans surprise, les habitants de ces zones frontalières n'ont pas accès à Internet, les citadins tadjiks et kirghizes ont des discussions animées sur la détérioration de la situation sur leur frontière commune. Citoyenne kirghize, Kanykei Toichubekova a commenté sur la page Facebook du journal Vecherni Bishkek :

Мы что кыргызы, теперь и на своей территории, не можем строить дороги. Чушь, полная, мне интересно как это таджики могут указывать, нам что делать? Пусть у себя на территории делают, что хотят.

Nous sommes Kirghizes, et nous ne pouvons pas construire une route sur notre territoire ? C'est complètement débile, je voudrais savoir comment ces Tadjiks peuvent nous dire quoi faire ? Qu'ils fassent ce qu'ils veulent sur leur propre territoire.

Le 11 juillet, Tajikistan a exigé du Kirghizistan qu'il ôte son poste-frontière dans la zone, ce qui a renouvelé l'ire de patriotes kirghizes comme Rafael Aidekov, qui accusent leurs voisins tadjiks de s'approprier de plus en plus de territoire kirghize :

 Они скоро свое белье в Белом доме будут вешать

Bientôt ils étendront leur lessive dans notre palais pésidentiel.

Les Tadjiks ont réagi avec la même colère sur Asia Plus, un site d'information indépendant au Tadjikistan :

Сколько можно терпеть беспредельный с киргизкой стороны ? Почему наши власти не принимают каких либо адекватных мер Прошу редакцию Азии Плюс расследовать эти инциденты Когда наша страна встанет с колен перед всеми

Jusqu'où pourrons-nous tolérer l'absence de limites du côté kirghize ? Pourquoi nos autorités ne prennent-elles aucune mesure adéquate ? Je prie la rédaction d'Asia d'enquêter sur ces incidents où notre pays s'agenouille devant tous

Un autre lecteur du site a pourtant invité les commenteurs à éviter la provocation et appelé à l'unité des musulmans pendant le saint mois du ramadan :

Кто-нибудь из вас когда-нибудь был на этом месте? в наше время пока не увидите своими глазами не верьте что пишут. вашу необоснованную ненависть могут третьи силы использовать в своих интересах. Рамадан мубарак!

Qui de vous a déjà été là-bas ? A notre époque, tant que vous n'avez pas vu de vos propres yeux ne croyez pas ce qui s'écrit. Votre haine sans fondement peut servir les intérêts de forces tierces. Heureux Ramadan !

Les procureurs généraux du Tadjikistan et du Kirghizistan ont annoncé l'ouverture d'enquêtes respectives sur l'affrontement du 10 juillet à la frontière des deux pays.La commission paritaire tadjike-kirghize constituée en janvier pour prévenir de nouveaux conflits frontaliers n'a  encore obtenu que de modestes  résultats. 600 km seulement des 900 que compte la frontière kirghizo-tadjike ont délimités à ce jour.


Votre maillot de la Coupe du Monde a probablement été fabriqué au Bangladesh

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About 4 million Bangladeshis are working in the Ready-Made Garments (RMG) sector, which is the principal source of foreign exchange earnings. 80% of the workforce in this sector are women. Image by Shafiqul Alam. Copyright Demotix (22/6/2014)

Près de 4 millions de Bangladais travaillent dans le secteur de l'habillement, principale source de revenus à l'exportation. 80 % de la main d'oeuvre dans ce secteur est constituée par des femmes. Image de Shafiqul Alam. Copyright Demotix (22/6/2014)

L'équipe de football du Bangladesh est classée parmi les plus faibles au monde. Elle n'avait pas réussi à se qualifier pour participer à la Coupe du Monde de la FIFA cette année, mais ce pays très peuplé a tout de même été un participant important au Brésil — la plupart des maillots portés par les fans et quelques-uns des maillots portant le noms de joueurs montrent la mention ”Made in Bangladesh” (fabriqué au Bangladesh).

Les fabricants de vêtements, qui représentent la part la plus importante des actifs travaillant pour l'exportation, ont perçu au moins 500 millions de dollars US par les commandes internationales de maillots des fans de la plupart des joueurs des 16 équipes participantes, dont l'Argentine, le Brésil, l'Italie, l'Iran, la France, l'Angleterre, la Suisse, la Belgique, le Chili et l'Allemagne. Les ventes pourraient stimuler la croissance du pays.

Le Bangladesh a aussi fabriqué les maillots de l'équipe nationale du Brésil. La Confédération brésilienne du football (CBF) a décidé que la mention “Made in Bangladesh” serait écrite sur la partie inférieure du maillot en hommage aux victimes de l'effondrement du Rana Plaza en 2013, qui avait causé la mort de 1100 personnes, et de l'incendie de l'atelier de vêtements Tazreen qui en avait tué plus de 100, selon les articles de presse.

Karima Haque félicite le Bangladesh pour son travail sur le site internet de football Side Tackle :

We [...] commend and salute the thousands of pairs of hands that has made this praiseworthy feat possible. They have, and they will, make Bangladesh proud in the foreseeable future.

Nous [...] louons et saluons les milliers de paires de mains qui ont permis de rendre possible cette prouesse digne de louanges. Elles font, et feront, la fierté du Bangladesh dans le futur proche.

Tanvir Ahmed, un fan du Club de Football de Liverpool à Dacca, capitale du Bangladesh, a tweeté:

Je suis vraiment fier quand je réalise que tous les maillots du Brésil sont fabriqués au #Bangladesh cette année. Vraiment fier !!!

Les maillots pour la Coupe du Monde ne sont pas seulement populaires dans les pays participant au tournoi, mais aussi au Bangladesh, un pays de 160 millions d'habitants. Le football est l'un des sports préférés dans ce pays. Les maillots officiels des équipes, de Nike, Adidas et Puma, sont disponibles, mais très onéreux. De nombreux fans préfèrent donc acheter des maillots non officiels sur des stands de rues ou dans des petites boutiques. 

A group of football fans in Dhaka seen wearing their favorite team jerseys ahead of the upcoming 2014 FIFA World Cup in Brazil.

Un groupe de fans de football a Dacca portant les maillots de leur équipe préférée. Images de Reaz Sumon. Copyright Demotix (05/06/2014)

Football fans take out a procession on Dhaka University campus ahead of the opening ceremony eve of 20th FIFA World Cup 2014 that will take place in Brazil.

Fans de football sur le campus de l'université de Dacca. Image de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (12/06/2014)]

Bangladeshi Football fans are already busy buying flags and jerseys of the countries they support. Image by Firoz Ahmed. Copyright Demotix (

Des fans bangladais de football achetant des drapeaux et des maillots du pays qu'ils soutiennent. Image de Firoz Ahmed. Copyright Demotix (10/06/2014).

Football fans buy Jerseys of their favourite teams from Bangladesh's Dhaka ahead of the FIFA World Cup. Image by Md. Asaduzzaman Pramanik. Copyright Demotix (19/5/2014)

Des fans de football achetant le maillot de leur équipe préférée à Dacca, au Bangladesh, pour la Coupe du Monde de la FIFA. Image de Md. Asaduzzaman Pramanik. Copyright Demotix (19/5/2014)

Tout cet équipement se révèle être une bénédiction pour le commerce. Un propriétaire d'ateliers de vêtements et acteur populaire M. A. Jalil Ananta a expliqué lors d'un entretien à un journal local la machine économique des exportations : 

পোলো ব্র্যান্ডের জার্সিগুলোর দাম আমরা প্রতি পিসের জন্য সর্বনিম্ন নয় ডলার করি নিচ্ছি। অন্য সময় আমরা সাধারণত একই ব্র্যান্ডের এই পোলো শার্টের দাম প্রতি পিস সাড়ে ছয় ডলার থেকে সাত ডলার রাখি। এতে করে এখানে যেসব গার্মেন্টস এই কাজ করছে, তারা প্রতি পিসে বাড়তি দুই ডলার করে পাচ্ছে। ফলে আমরা রেমিট্যান্সও বেশি করে আনতে পারলাম। আমরা দুদিক থেকেই লাভবান। এক. বিশ্বকাপে একধরনের অংশগ্রহণ, দুই. ব্যবসায়িকভাবে লাভবান। এ ছাড়া বাংলাদেশের পরিচিতিও বাড়বে।

Nous exportons des maillots de football de la marque Polo à 9 dollars US la pièce. Habituellement, le prix de ce produit est de 6.30-7.00 dollars US. Mais en raison de la forte demande des maillots, les fabricants ont demandé 2 dollars de plus. Ainsi nos revenus provenant de l'étranger ont augmenté. Nous profitons des deux côtés : 1) nous pouvons être impliqués dans la Coupe du Monde et 2) bénéficier de marges de profit plus importantes. Cela permet aussi de contribuer à la réputation du Bangladesh.

Liban : Une Ivoirienne jetée du 6e étage pour avoir exigé son salaire

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Koaci.com, un blog de la Basse-Côte-d'Ivoire a appris qu'une jeune Ivoirienne a été retrouvée morte après avoir été poussée du 6ème étage d'un appartement suite à une querelle avec son commanditaire présumé concernant le paiement de son salaire.

Carolle Feby rapporte sur Koaci.com :

Une jeune Ivoirienne est morte après avoir été poussée du 6ème étage d’un immeuble par son patron pour lui avoir réclamé son salaire à Beyrouth au Liban.

Les faits ont été rapportés à koaci.com par un jeune camerounais,après les révélations de sa sœur voisine de la victime.

Une jeune fille d’une vingtaine d’années de nationalité ivoirienne a été retrouvée morte en bas de son immeuble. 

Selon la voisine de la jeune infortunée dont le nom n’a pas été révélé, la fille aurait été poussée du 6ème étage d’un immeuble à Asharfir, un quartier de la ville de Beyrouth au Liban, le mardi 1er Juillet par son patron.

Elle lui réclamait son salaire et l’homme qui a été manifestement contrarié par cette requête, l’aurait poussée sous l’effet de la colère. 

Cette jeune expatriée aurait quitté la Côte d’Ivoire depuis des années pour aller travailler en tant que servante au Liban, comme beaucoup de jeunes Ivoiriennes. 

Les histoires plus ou moins dramatiques d'Ivoiriennes travaillant au Liban sont malheureusement légions.

Il y a quelques mois, après une révélation de koaci.com un groupe d'africaines avait été rapatrié du Liban après avoir réussi à échapper à leurs patrons qui leurs faisaient subir des sévices corporels et moraux.

C'est, malheureusement, un phénomène courant au Liban et dans d'autres pays arabes qui appliquent la Kafala, un système de “parrainage”. Comme l'a expliqué Human Rights Watch dans son rapport 2014 sur le Liban :

Les employées domestiques migrantes sont exclues du droit du travail et soumises à une réglementation restrictive de l'immigration basée sur le parrainage par l'employeur – système du kafala – qui les expose à des risques d'exploitation et d'abus. Si le ministre du Travail démissionnaire Charbel Nahhas avait annoncé en janvier 2012 envisager d'abolir le système dukafala, son successeur Salim Jreissati ne l'a pas fait en 2013, et n'a pas encore proposé de législation qui protégerait les 200 000 employées domestiques migrantes du pays, d'après les estimations. En juillet, un tribunal pénal a condamné une patronne à deux mois de prison, lui a infligé une amende, et lui a imposé de payer des dommages et intérêts à une employée domestique migrante dont elle n'avait pas payé le salaire depuis des années. Les employées domestiques migrantes qui poursuivent leurs patrons pour abus continuent cependant à affronter des obstacles juridiques, et sont menacés d'emprisonnement et d'expulsion en raison des restrictions du système de visas.

Pour plus d'informations sur la pratique de la Kafala, voir aussi : Qatar : les travailleurs migrants entre sueur et sang dans le pays le plus riche du monde

L'ex-avocat des Pussy Riot va défendre la pilote de chasse ukrainienne emprisonnée en Russie

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Pussy Riot's former lawyer will defend the Ukrainian pilot who now sits in a Russian jail. Images mixed by Kevin Rothrock.

L'ex-avocat des Pussy Riot va défendre la pilote ukrainienne capturée et emprisonnée en Russie. Images montées par Kevin Rothrock.

Mark Feygin, l'avocat propulsé au premier plan par la défense des opposants russes, semble s'être trouvé une nouvelle cause, dont les effets politiques pourraient éclipser même les retombées du procès des Pussy Riot. Le 11 juillet, il s'est proclamé le nouvel avocat défenseur de Nadejda Savtchenko, la pilote de l'armée de l'air ukrainienne capturée par les séparatistes ukrainiens et actuellement détenue en Russie.

Je défends donc Nadejda Savtchenko. A partir d'aujourd'hui.

Je promets à tous les Ukrainians que je ferai tout ce qui sera possible pour la sauver.

Me Feygin, doté d'un passé politique de maire adjoint de Samara et de député à la Douma russe, est surtout célèbre pour son rôle en 2012 d'avocat de la défense du groupe punk Pussy Riot, quand son équipe de juristes a tenté de contrer les accusations de hooliganisme à l'encontre des jeunes femmes. L'équipe de Feygin a commencé par perdre un élément du trio de célébrités, quand Iekatérina Samoutsévitch révoqua ses défenseurs pour divergence d'opinion. Elle a ensuite accusé Feygin et ses collègues d'utiliser le procès pour leur publicité personnelle. Samoutsévitch fut la seule du trio à être remise en liberté avec sursis, puis Feygin se retira totalement de l'affaire Pussy Riot, déclarant que son équipe estimait meilleures les chances des deux membres restantes du groupe de gagner en appel avec de nouveaux défenseurs. Parmi les autres clients célèbres de Feygin, il y a le militant et opposant russe Leonid Razvozjaïev, qui a accusé les autorités russes de l'avoir enlevé à Kiev, en Ukraine, pour le poursuivre pour terrorisme.

La nouvelle affaire choisie par Feygin, le procès de Nadejda Savtchenko, reste trouble, car on ne sait pas encore au juste comment elle est passée de sa capture par des insurgés pro-russes en Ukraine orientale fin juin (il existe une vidéo de son interrogatoire le 23 juin) à son enfermement dans un établissement de détention provisoire dans la ville russe de Voronèj début juillet. Les autorités russes affirment qu'elle a franchi la frontière pour demander l'asile, une prétention taxée de manifestement grotesque du côté ukrainien. Mme Savtchenko, à présent sur le territoire russe, est accusée du meurtre de deux journalistes de la télévision russe, morts au combat en Ukraine orientale en juin. Nadejda Savtchenko, 33 ans, qui avait servi auparavant en Irak, a rapidement captivé les twittos, d'où une campagne #SaveOurGirl sur Twitter (symétrique de la campagne antérieure #SaveOurGuys de RuNet à la rescousse des journalistes deLifeNews détenus en Ukraine). Ioulia Latynina d'Echo Moscou a déjà surnommé l'aviatrice ukrainienne la “Jeanne D’Arc” de notre époque. Tandis qu'un tabloïd russe aurait décrit Savtchenko comme la “fille de Satan.” 

Des qualificatifs concrètement peu utiles, mais qui contribuent sans doute à faire connaître sa mésaventure.

Nadia Savtchenko, la pilote ukrainienne capturée par les rebelles du Donbass et mystérieusement transférée en Russie. Inforesist.org.

Alors que le ton monte de part et d'autre, sur fond de tensions exacerbées entre Ukraine et Russie, Feygin s'est plongé dans l'affaire. Il a dit douter de la validité juridique des charges imputées à Nadejda Savchenko et considère son transfert d'Ukraine  par delà de la frontière russe comme “un enlèvement de fait,” qui rendra difficile son inculpation légitime. Deux autres avocats, Nikolaï Polozov (qui a aussi travaillé sur l'affaire Pussy Riot) et Ilya Novikov, rejoindront Feygin dans l'équipe de défense.

Dans l'affaire Savtchenko, les avocats Nikolaï Polozov et Ilya Novikov collaboreront avec moi. De grands procéduriers et sur qui on peut généralement compter.

Si des internautes ukrainiens et russes ont réagi avec espoir à l'onformation que Feygin se chargeait de l'affaire Savtchenko, la plupart doutaient de sa capacité à gagner. Pessimisme mis à part, l'Ukrainien Roman Kulyk pense que le caractère public de l'affaire a ses avantages :

Avec une orchestration et un travail [appropriés] avec les média, le procès Savtchenko peut devenir la nouvelle “affaire Dreyfus”et un argument dans les négociations […]

L'entrée en scène de Feygin inspire moins d'optimisme au journaliste russe Alexeï Narychkine :

L'aviatrice ukrainienne Savtchenko sera défendue par les avocats Mark Feygin et Nikolaï Polozov… “Quelle chance”

Tout aussi dédaigneuse a été la réaction de l'homme politique de Russie Unie et producteur de média internet Konstantin Rykov :

L'aviatrice Savtchenko sera défendue par l'avocat des Pussy Riot […] pauvre petite exécutrice..

D'autres sur RuNet ont fait écho à ce sentiment, avec au moins un utilisateur de Twitter pour prédire à Savtchenko un emprisonnement en Russie :

[…] L'avocat Feygin a défendu les Pussy Riot, et leur a aussi promis la liberté, mais chacune de ses clientes a reçu un temps en camp. Savtchenko sera aussi condamnée.

Si Nadya Tolokonnikova et Macha Alekhina des Pussy Riot ont l'une et l'autre brillé par leur silence sur l'entrée en jeu de Feygin, Iekatérina Samoutsévitch a saisi l'occasion pour évoquer la performance précédente de ce dernier :

Ai vu la nouvelle que Feygin veut devenir l'avocat de Savtchenko. Je ne souhaiterai à personne de devenir “client” d'un tel avocat. Il m'a fait beaucoup de mal.

Le Twitteur Александр_VRN estime que la décision de Feygin le met au nombre de la très vilipendée “cinquième colonne” de Russie :

Les nazis d'Ukraine ont maintenant un défenseur en Russie – l'avocat Feygin. La voilà la cinquième colonne.

Feygin lui-même a partagé une capture d'écran de la boîte de réception de son e-mail, avec des messages au vitriol du même tonneau :

Des messages récents
[texte sur la capture d'écran]
Nom : yegor
E-mail: rn4acb@mail.ru
Question : félicitations, ordure
votre destruction sera un cas d'école !
vous êtes contre la RUSSIE et ceux qui veulent vous arracher les couilles sont légion !

Bien que les succès de Mark Feygin dans la défense des dissidents ne soient pas faramineux, il est indéniable qu'il apporte à l'affaire Savtchenko une publicité très nécessaire. Et c'est peut-être précisément ce dont le procès aura besoin pour être gagné ou abandonné, tout en enflammant les passions et le débat en ligne.

*Pour plus de détails sur l'affaire Dreyfus, voir ici.

Les musiciens tibétains bravent les dangers et la censure chinoise pour chanter leur amour du Tibet

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Popular Tibetan singer Gepe was arrested after singing in a music concert. Screen capture from YouTube.

Le célèbre chanteur tibétain Gepe a été arrêté après avoir chanté à un concert. Capture d'écran d'une vidéo YouTube.

Gebey, un chanteur tibétain arrêté fin mai après un concert dans la préfecture de  Ngaba, dans le Tibet oriental vient d’être relâché. Gebey  (orthographié parfois Gaybay ou Gebey) a fait choix d’une profession dangereuse au Tibet : il a été arrêté et ré arrêté plusieurs fois au cours des dernières années à cause de sa musique.

Le Tibet qui se trouve sous contrôle chinois depuis plus de soixante ans a connu des insurrections à grande échelle contre la Chine et ce jusqu'en 2008. Ces faits, allant de pair avec des immolations qui continuent dans tout le Tibet en manière de protestations politiques depuis 2009, ont eu pour conséquence de sévères confinements militaires et répressions militaires et des coupures répétées des télécommunications.

Le Tibet couvre une surface de l’ordre de celle de l’Europe occidentale, sans aucun journaliste étranger en poste, ni représentation diplomatique, l'accès aux aux touristes est restreint, pas de liberté de presse et l’internet est sévèrement contrôlé. Si la Chine appelle officiellement la zone centrale du Tibet « Région Autonome du Tibet » cela n’empêche pas que de vastes régions tibétaines soient intégrées dans les provinces chinoises du Sichuan, du Gansu, du Qinghai et du Yunnan et sont souvent l’épicentre de mouvements de résistance à la domination chinoise. La censure et l’arrestation de personnalités culturelles se pratiquent dans le Tibet entier.

C'est dans ce cadre que doivent travailler les chanteurs, artistes et écrivains tibétains de nos jours. Malgré toutes ces restrictions l’expression culturelle tibétaine est florissante aujourd’hui. Gebey n’est qu’un exemple de l’impressionnante production de chansons, de vidéos musicales et de spectacles vivants.

Selon la radio Free Asia, à la suite de la parution de son album en octobre 2012 Gebey a été contraint de prendre la fuite pour éviter le contact avec la police, « les autorités chinoises [...ayant] censuré et confisqué un enregistrement réputé contenir des thèmes nationalistest ». Voici la traduction de quelques paroles de la chanson Victoire au Tibet :

Victoire aux Dieux !
Victoire au Tibet !
Ce jour, Victoire à un jour propice !
Aujourd’hui jour de réalisation des souhaits, victoire au Tibet !
Pour la réunification du Tibet, chez nous et à l’étranger, Victoire à nous !

Activités séparatistes, sentiments ethniques et thèmes nationalistes

Lorsqu’il s’agit de condamner des chanteurs à l’emprisonnement, l’accusation de séparatisme entraîne la peine la plus sévère. Par exemple, accusé d’activités séparatistes le chanteur Tashi Dhondup ‘a été envoyé pour un an et trois mois’ aux travaux forcés du 3 décembre 2009 au 2 mars 2011, ceci conformément aux clauses 4 et 13 de la politique de l’éducation par le travail du Conseil d’état Chinois.

Au Tibet les artistes doivent suivre une voie particulièrement étroite dans leur créativité et leur expression artistique. Les thèmes qui inspirent les grands artistes sont aussi ceux les plus chargés de signification politique. C'est le cas pour de nombreux artistes y compris le jeune chanteur Lolo condamné à 6 ans de prison en février 2013 après la parution de son album « Hissez le drapeau Tibétain enfants du pays des neiges ». Cet album contient des chants à caractère politique faisant allusion au drapeau tibétain interdit, aux auto-immolations et à l’indépendance du Tibet.

En mars 2012 la radio Free Asia a publié un article sur la détention d'Ugyen Tenzin, un jeune chanteur du Tibet oriental auteur d’un album intitulé : « L’écoulement continu du sang de mon Cœur ». Duldak Nyima, un Tibétain qui vit en exil mais reste en contact avec des personnes au Tibet a déclaré qu’ « avant la parution de l’album d’autres Tibétains inquiets des conséquences de l'album avaient conseillé au chanteur de renoncer à sa publication ». Si les chanteurs tibétains donnent rarement un commentaire direct et laissent l’œuvre parler pour eux, le DVD de l’album montre Ugyen Tenzin s’exprimant ouvertement au sujet de cette parution. « [Tensin] dit aussi qu'il fait cela pour la cause religieuse et politique du Tibet, il …évoquait la question et l'identité tibétaines », a dit Nyima. Sachant les conséquences Ugyen Tenzin a sorti l'album. On ignore actuellement où il se trouve.

La censure de la musique au Tibet et en Chine a atteint des sommets d’absurdité. En avril 2001 l’Office de l'Information de l’Etat Chinois a diffusé une directive à l’intention des sites internet visant à détruire Shapaley, une vidéo amusante de rap par Gamahe Danzeng, un jeune Tibétain vivant en Suisse, au sujet d'un aliment tibétain de ced nom. La directive The Song Meat Pancake [La chanson Crêpe à la viande] proclamait : « Tous les sites web et particulièrement ceux comportant des canaux video et audio, doivent rechercher et détruire la chanson « Meat Pancake » (Rou bing) de Gamahe Danzenh.  Bien que n’étant pas de caractère politique la chanson affirmait l’identité tibétaine et induisait une fierté d’être Tibétain, sentiments qui ne peuvent être tolérés.

Les dangers de la distribution

Comme il n’existe pas de listes oficielles de chansons, sonneries de téléphones ou vidéos musicales faisant l'objet d'interdiction, leur distribution est libre jusqu’au moment d’un coup d’arrêt des autorités. Dans un article intitulé «  Quels sont les chants réactionnaires ? » datant de 2009, l’écrivaine et blogueuse tibétaine Tsering Woeser raconte comment le chef adjoint de la police de Lhassa avait annoncé dans une conférence de presse qu’ils venaient de mettre en détention 59 fauteurs de troubles qui avaient incité à des « sentiments ethniques ». Leur manière de répandre ces rumeurs ? « Téléchargement illégal de chants réactionnaires depuis internet, en CD, MP3, MP4 et autres formats électroniques vendus au public ».

Ces détentions montrent que des chansons comportent des risques à tous les niveaux depuis ceux qui les produisent jusqu’à ceux qui les achètent ou les partagent. En outre ces détentions ne nécessitent pas de jugement ni d’intervention d’une agence gouvernementale, comme dans ce lorsque le chef de la police locale perçoit une oeuvre comme « sensible », son auteur est susceptible de punition.

Musique populaire, langage codé

Depuis la fin de l’année 2012 le projet de traduction en ligne High Peaks Pure Earth traduit chaque semaine des vidéos de musique du Tibet. [Note de l’éditeur : L’auteur de cet article est le fondateur de High Peaks Pure Earth]. Ce projet traduit des vidéos de musique de styles et genres variés – certains sont très sensibles sur le plan politique, d’autres sont disponibles dans le Tibet entier, mais ce sont toutes des vidéos populaires disponibles en ligne à un moment ou un autre.

Musique en vente à Lhassa. Photo du blog de Woeser. Utilisée avec permission.

Des thèmes courants de ces vidéos sont l'appel au retour de sa sainteté le Dalai Lama, à l’unité entre les Tibétains, l'espoir la réunion des Tibétains du dedans et du dehors et récemment évoquent et célèbrent les origines et l'histoire du Tibet et leur histoire. Souvent les chanteurs usent de métaphores pour éviter la censure, ainsi le soleil s’agissant du Dalai Lama, la lune pour le Panchen Lama et les étoiles pour le Karmapa  (le chef de l’école Kagyu du bouddhisme tibétain actuellement en exil en Inde). Voici quelques paroles traduites de « The Auspicious Triple Gathering  » [La triple rencontre auspicieuse] de Thachi Thaye.

Le jour propice
Le Soleil, la lune et les étoiles se rassemblent
Un jour prometteur
Qui réalise les souhaits
Lorsque le Soleil, la Lune et les étoiles se rassemblent
La loyauté tibétaine ne sera pas oubliée

Le savant tibétain Lama Jabb a écrit « La musique populaire indique la tentative de formation d’un embryon d’espace public dans lequel les Tibétains expriment leur préoccupations communes et leur identité collective en des circonstances politiques difficiles. Les chansons populaires offrent un canal pour exprimer leur désaccord politique tout en renforçant l’identité nationale par l'évocation d’une histoire, d’une culture et d’un territoire partagés, déplorant l’actuelle situation des Tibétains et en exprimant leur aspiration vers une destinée collective  ».

Ces vidéos musicales sont un important message vers le monde extérieur et la réassertion et réédification d’une identité tibétaine collective. Dans l’introduction d’un article récent publié par Voix du Tibet et le Centre tibétain pour les droits humains et la démocratie intitulé « Expression interdite : Créativité et mécontentement étouffés auTibet », l’influent poète tibétain Yidam Tsering est cité pour avoir un jour appelé artistes et intellectuels « à aimer leur peuple  en rendant compte de leurs joies et de leurs chagrins, espoirs et déceptions, douleurs et plaisirs ».

Il est donc très émouvant de voir les chanteurs tibétains assumer ce rôle de porte-parole officieux de la société. Leur travail ne procède pas d’un état de colère ni d’aigreur mais d’une fierté incommensurable de l’héritage tibétain et de leur confiance en leurs convictions et en l'identité tibétaine.

Comment pouvez vous aider ? Signez la pétition de l'organisation basée au Royaume-Uni Tibet Libre. et suivez la page Facebook “Expression Interdite” de Voice of Tibet, High Peaks Pure Earth et du Centre tibétain pour les droits humains et la démocratie.

Cet article est une commande de Freemuse, premier défenseur des musiciens à travers le monde et Global Voices pour Artsfreedom.org. L”article peut être reproduit par les médias non-commerciaux, en créditant l”auteur Dechen Pemba, Freemuse et Global Voices, et en fournissant le lien vers l'original.

Israël lance l'opération terrestre sur Gaza

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Israel begins ground operations on Gaza. iFalasteen shares this photograph from Gaza on Twitter

Israël commence l'opération terrestre sur Gaza. Photo à Gaza de iFalasteen sur Twitter

Les forces israéliennes ont pénétré à Gaza, après 10 jours de tirs d'artillerie qui ont tué plus de 200 Palestiniens. Un seul Israélien a été tué suite aux roquettes lancées depuis l'enclave palestinienne. L'escalade suit le rejet par le Hamas, au pouvoir à Gaza, d'une trêve négociée par l'Egypte.

Tovah Lazaroff, une journaliste de Boston précipitée au coeur de la guerre israélo-palestinienne, tweete :

C'est officiel du service du Premier Ministre, les Forces de défense israélienne ont comencé à entrer dans Gaza.

Elle ajoute :

Service du Premier Ministre : Le cabinet a approuvé l'opération au sol après qu'Israël a accepté un cessez-le-feu négocié par l'Egypte et que le Hamas l'a rejeté. 

Sur le terrain à  Gaza, iFalasteen rapporte :

Bombes partout à Gaza pas d'électricité est tout est éclairé par les incendies et les bombes… #GazaAttaquée

Bombardement nonstop nulle part où se mettre à l'abri… Allah seul te protégera Gaza… #GazaAttaquée

Premières réactions russes à l'avion abattu en Ukraine orientale

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The skyline over eastern Ukraine, where a plane carrying 395 people was shot down. Image distributed anonymously online.

Le ciel d'Ukraine orientale, où un avion transportant 295 personnes a été abattu. Image diffusée anonymement en ligne.

Un avion de ligne avec 295 personnes à bord s'est écrasé en Ukraine de l'Est. Le gouvernement ukrainien met en cause les séparatistes armés de missiles sol-air russes. Les rebelles ukrainiens nient toute responsabilité. Réduits à quelques vidéos YouTube à faible définition et une accumulation rapide d'accusations, les Twittos russes sont nagent en pleine hystérie.

Maintenant c'est la merde pour tout le monde.

C'est la merde absolue.

Août a toujours été un mois pourri dans l'histoire russe. Parmi les victimes passées de la “malédiction d'août” [anglais] on compte plusieurs accidents d'avion, guerres, attentats, catastrophes naturelles, et ainsi de suite. Certains Russes sont las de cette notion.

Pitié, pas de “août commence de bonne heure cette année.”

De nombreux internautes ont conclu naturellement que les rebelles ont abattu l'avion de ligne, probablement sans l'avoir fait exprès, avec de l'armement fourni par Moscou.

Le Conseil de sécurité national d'Ukraine annonce posséder de l'information sur le matériel militaire à disposition des combattants [dans l'Est], et qui peut abattre des avions à haute altitude.

Bien entendu, tout le monde n'est pas prêt à tenir responsables les rebelles. La personnalité pro-Kremlin Konstantin Rykov est aux trousses de Dzyadko qu'il accuse de jugement hâtif.

Dzyadko a déjà mené l'enquête et a trouvé les coupables. [Tweet de Dzyadko : "Et voilà, les 'miliciens' l'ont fait avec leurs armes de Russie."]

D'autres ont trouvé déjà bizarre qu'un vol civil survole l'espace aérien rebelle de l'Ukraine.

La zone anti-terroriste est fermée aux vols civils, qu'y faisait le Boeing ?

Bien sûr, dans le doute, il reste toujours le recours éprouvé à la responsabilité des Etats-Unis. Et de nombreux Russes se souviennent d'un autre incident arrivé il y a plus de 30 ans : le vol 007 de Korean Air Lines, abattu par la chasse soviétique à l'ouest de l'île de Sakhaline en 1983, qui a relancé la guerre froide entre les USA et l'URSS.

Les Américains ne sont pas des soldats, mais ils sont des maîtres de la provocation. La guerre à l'Est est perdue, alors il leur a fallu abattre l'avion malaisien.

Terrible tragédie avec le Boeing malaisien. Et je ne sais pourquoi, tout ça me rappelle la provocation américaine avec l'avion sud-coréen dans les années 80.

Les détails sur le tir et le décompte des corps arrivent rapidement, mais rien à voir avec la rapidité d'élaboration des théories du complot sur Twitter. Dans un environnement aussi polarisé et furieux que la discussion en ligne sur les rebelles ukrainiens, les faits n'avaient sans doute aucune chance de toute façon.

“Pluie de feu à Gaza” : Israël a lancé l'offensive terrestre

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Les Palestiniens disent qu'une pluie de feu s'est abattue sur Gaza, après le début de l’opération terrestre israélienne hier soir dans l'enclave assiégée. Gaza, décrite comme une prison à ciel ouvert, abrite deux millions de Palestiniens, qui n'ont nulle part où aller. Israël borde Gaza d'un côté, et l'Egypte verrouille de l'autre.

Sur Twitter, Jehan Alfarra, 8.000 abonnés, écrit :

MAINTENANT : Il pleut du FEU sur GAZA avec une invasion terrestre israélienne en rououte ! #PriezPourGaza

Gaza Writes Back [Gaza répond], qui a 36.400 abonnés sur Twitter, dit que le démarrage de l'invasion terrestre et le bombardement massif ont transformé “la totalité de Gaza en une boule de feu” :

israël lance une invasion terrestre et fait de toute la Bande de Gaza une boule de feu… #GazaAttaquée

iFalasteen, aussi de Gaza, tweete à ses 26.800 abonnés :

Les bombes pleuvent à présent sur la Bande de Gaza depuis la mer, la terre et l'air… Israël bombarde tout…  #GazaAttaquée

Aussi de Gaza, Palestine !, partage cette photo du bombardement de hier soir à Gaza pour ses 10.000 abonnés sur Twitter :

C'est le plus gros assaut en ce moment !!  #PriezPourGaza #GazaAttaquée

Avec une autre photo, il commente :

Même la lune est rouge à Gaza ce soir…  #GazaAttaquée

Le photographe Jehad Saftawi partage une image de la frontière de Gaza, qui montre le début de l'opération :

L'invasion terrestre israélienne a commencé sur la Bande de Gaza, ici aux frontières  #GazaAttaquée

Tandis que Lara Abu Ramadan, une journaliste palestinienne, traductrice et photographe indépendante basée à Gaza, explique :

Une horreur J'aperçois un énorme feu [venant] des tanks israéliens bande de Gaza ouest.  #GazaAttaquée

Le blogueur palestinien Haitham Sabbah partage ce lien d'une transmission en ligne en direct de Gaza :

Pendant que le journaliste Richard Hall, installé à Paris, rappelle à ses 6.800 abonnés :

La dernière fois qu'Israël a envahi Gaza 1.387 Palestiniens ont été tués. 773 étaient des civils, dont 320 enfants et 109 femmes. ‘Source : B'Tselem)

Hier était le onzième jour de l'opération “Bordure Protectrice”, qui a fait plus de 230 morts palestiniens, femmes et enfants compris, et plus de 1.500 blessés.

Depuis Gaza, le Hamas, qui gouverne la bande depuis 2007, tire des missiles sur Israël. La plupart des roquettes qui pénètrent en Israël ne causent pas de dégâts importants, grâce en partie au système de défense aérienne Dôme de Fer, financé par les Etats-Unis, qui a déjà intercepté au moins 70 projectiles, selon le Guardian.

Les opérations à large échelle ne pourront que multiplier le nombre des victimes.


Les 5 réactions les plus insensibles au crash du vol MH17 en Ukraine

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So much for "knowing that feel," when it comes to polemics surrounding the downed Malaysian airliner. Images mixed by Kevin Rothrock.

Assez de “on sait ce que c'est” au sujet des controverses sur l'avion malaisien abattu. Montage d'images par Kevin Rothrock.

En Russie, hauts-fonctionnaires, hommes politiques et personnalités des médias ont réagi sans attendre au crash du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui s'est écrasé sur l'Ukraine orientale jeudi 17 juillet. Les autorité de Kiev, Moscou et Donetsk se sont accusées mutuellement d'avoir abattu l'avion civil, provoquant la mort des 298 personnes à bord. Au milieu du paroxysme d'émotion, une poignée de déclarations d'une indifférence crasse de la part de personnalités de Moscou et Donetsk ont été relevées par les internautes russes. 

1. Cette fois, c'était pas nous.

Le premier ministre autoproclamé de la République populaire de Donetsk, Alexandre Borodaï, étrangement, ne savait pas trop si les rebelles étaient impliqués dans l'affaire :

Malheureusement, la citation du jour. [Sur l'image :  "Si c'était vraiment un avion de ligne, alors ce n'était pas nous", Alexandre Borodaï.]

 

2. Qui l'a fait, quelle importance ?

Le vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma Leonid Kalachnikov a déclaré à TV-Dojd que peu importe qui est coupable d'avoir abattu l'avion :

“Вам что, легче станет, если узнаете, кто сбил самолет?”

“Eh bien quoi, vous vous sentirez mieux si vous savez qui a descendu l'avion ?”

 

3. La sinistre cinquième colonne.

Soucieux de ce que les libéraux russes et les “propagandistes” ukrainiens relaient beaucoup d'opinions similaires (la critique de la politique ukrainienne de la Russie), Konstantin Rykov du parti au pouvoir a cru bon d'affirmer :

Dans de tels moments on voit parfaitement qui espère quoi et ce qu'ils veulent vraiment.. nos libéraux et les propagandistes ukrainiens, même mouvement..

 

4. Très simple : la faute à personne.

La rédactrice en chef de Russia Today Margarita Simonyan a imputé la tragédie à la bonne vieille étourderie soviétique :

Je travaille depuis si longtamps au coeur même des nouvelles retentissantes que je ne crois absolument pas aux théories du complot. Mais ce que je crois, c'est au simple bordel soviétique. 

 

5. Rebelles ? Quels rebelles ?

La palme revient à la réaction de Vladimir Poutine en personne, qui a déclaré à ITAR-TASS que Kiev est responsable du ciel au-dessus de l'Est ukrainien sous contrôle des rebelles.

“Безусловно, государство, над территорией которого это произошло, несет ответственность за эту страшную трагедию. [...] Этой трагедии не произошло бы, если бы на этой земле был мир, не были бы возобновлены боевые действия на юго-востоке Украины”

“A l'évidence, l'Etat au-dessus du territoire duquel c'est arrivé porte la responsabilité de cette terrible tragédie. [...] Cette tragédie ne serait pas arrivée s'il y avait la paix sur cette terre, si les combats n'avaient pas repris dans le Sud-Est de l'Ukraine.”

Discussions autour des ordinateurs portables boliviens Quipus

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Quipus

Photo d’un quipus, partagée par Phil Dokas sur Flickr (licence CC BY-NC-SA 2.0).

Le gouvernement bolivien a annoncé récemment la mise en place d’un nouveau programme dans le cadre duquel les élèves de dernière année d’enseignement secondaire auront accès à un nouvel ordinateur portable. Cette machine, baptisée Quipus, est assemblée à El Alto, une ville située dans la banlieue de La Paz. Ce mot quechua désigne un système d’écriture des nombres sous forme de séries de cordelettes sur lesquelles les Incas faisaient des nœuds.

Fernando Balderrama, blogueur et développeur, salue l’initiative et souligne les avantages d’offrir un accès à la technologie à un plus grand nombre de secteurs de la société. Sur son blog, il compare le coût des ordinateurs assemblés à El Alto et de ceux vendus dans les magasins spécialisés. Toutefois, il s’étonne du fait que des logiciels propriétaires soient préinstallés sur ces ordinateurs [ES] :

Supuestamente el Gobierno promueve el uso de software libre, y buscan que Bolivia tenga soberanía tecnológica en base al software libre. Pero parece que esto es solamente en palabras, ya que los hechos dicen otra cosa. Las laptops quipus ensambladas en Bolivia vienen con Windows, el cual además de ser software privativo, encarece el costo final por el pago de licencias que deben hacer a Microsoft.

Le gouvernement est censé promouvoir l’utilisation de logiciels libres et viser la souveraineté technologique par l’utilisation de ceux-ci. Cependant, il semblerait que ce ne soit que des paroles en l’air. Les faits transmettent un message tout à fait différent. Les ordinateurs Quipus assemblés en Bolivie sont fournis avec Windows. Outre le simple fait qu’il s’agisse d’un logiciel propriétaire, cela augmente le coût final car les licences d’utilisation de Windows sont payantes.

Dans la section consacrée aux commentaires, Sergio Bowles, directeur général de Quipus, clarifie la situation et explique qu’il sera possible d’installer plusieurs systèmes d’exploitation (Windows et Linux) sur les ordinateurs portables. D’autres personnes ne semblent pas convaincues et rejettent l’argument selon lequel les étudiants doivent apprendre à manier Windows car une grande partie du monde des affaires et académique utilise toujours ce système d’exploitation.

Les Malaisiens et le crash du vol MH17 : “Quelle que soit la nationalité, nous sommes unis dans la douleur”

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Family members rushed to Kuala Lumpur International Airport when informed about the flight MH17 crash. Photo by Danny Chan, Copyright @Demotix. (7/18/2014)

Les familles des passagers se sont précipitées à l'aéroport international de Kuala Lumpur en apprenant le crash du vol MH17. Photo Danny Chan, Copyright @Demotix. (7/18/2014)

Le vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines, effectuant le trajet Amsterdam-Kuala Lumpur, s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine, faisant 298 victimes, la totalité des passagers et membres d'équipage.

La plupart des informations attribuent l'accident à un tir de missile, à approximativement 50 km de la frontière Ukraine-Russie. Le gouvernement ukrainien accuse les insurgés pro-Russes d'avoir tiré un missile sol-air BUK pour abattre l'avion, mais les leaders des rebelles ont démenti.

Cette infographie présente le plan de vol et le lieu du crash du vol MH17 :

Infographie: lieu du crash, et plan de vol du vol MH17 - pic.twitter.com/JkPwUJAv8u

 Le premier ministre malaisien, Najib Razak, a assuré à ses électeurs que ceux qui ont tiré sur l'avion seraient traduits en justice.

C'est un jour tragique, dans une année qui a déjà été tragique, pour la Malaisie.

S'il est avéré que l'avion a en effet été touché par un missile, nous insistons pour que les responsables soient traduits rapidement en justice. 

Les passagers et les membres d'équipage venaient de nombreux pays différents.

 Mais aujourd'hui, quelle que soit leur nationalité, nous sommes tous unis dans la douleur.

 

 Il a également précisé que l'itinéraire de l'avion, même s'il passait directement au-dessus d'une zone de confit, avait été déclaré sûr par l'Organisation internationale de l'aviation civile. 

Flight MH17 crashed in eastern Ukraine. Photo by  Danny Chan, Copyright @Demotix (7/18/2014)

Le vol MH17 s'est écrasé à l'est de l'Ukraine. Photo Danny Chan, Copyright @Demotix (7/18/2014)

Le crash du vol MH17 est le second drame que connait la compagnie Malaysan Airlines, un autre Boeing 777-200 a disparu cette année. Le 8 mars, le vol MH370 de la Malaysian Airlines transportant 237 personnes a disparu juste une heure après son décollage de Kuala Lumpur, en route vers Pékin. Le vol MH370 et ses passagers sont toujours portés disparus.

La fille d'un membre de l'équipage du vol MH370 a tweeté un message de soutien aux familles et amis des passagers du vol MH17 :

En tant que membre de la famille d'un membre de l'équipage du vol MH370, et en leurs noms à tous, nous prions pour MH17. Soyez fortes, chères familles.

Josie Fernandez, de Transparency International Malaysia, réclame une enquête complète sur l'accident :

Ce qui est arrivé est sans précédent : la Malaisie est le seul pays où la même compagnie, le même type d'avion, sont impliqués dans des tragédies entrainant la perte de nombreuses vies, en quelques mois. Le vol MH370 n'a pas été retrouvé.

La Malaisie doit exiger une action internationale pour cette tragédie sans précédent. Il s'agit d'un avion de passagers. Nous ne sommes en guerre contre aucune nation. 

Ecrivant pour The Ant Daily, Alyaa Alhadjri compare le tir sur le vol MH17 à un ‘meurtre de masse’:

Pourquoi les vols commerciaux volent-ils toujours au-dessus d'une zone de conflit, où des avions ont été pris pour cibles, et où il leur est demandé de se tenir au large de cet espace aérien.

Quelles que soient les causes du crash d'un nouveau Boeing 777 de la compagnie MAS, le second en 133 jours, perdre 537 personnes dans deux catastrophes aériennes n'aide pas à relever la confiance des passagers dans la compagnie nationale. 

La Malaisie est à nouveau en deuil après un nouveau drame aérien, et il semble inévitable que les citoyens presseront à nouveau leur gouvernement d'expliquer la disparition mystérieuse du vol MH370.

La junte thaïlandaise resserre l'étau sur la liberté d'expression en ligne

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The National Council for Peace and Order (NCPO) is the official name of the junta government in Thailand. Photo from NCPO Facebook page

Conseil national pour la paix et le maintien de l'ordre (CNPO) : le nom officiel du gouvernement de la junte militaire en Thaïlande. Photo tirée de la page Facebook du CNPO.

Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais.

Depuis le coup d'État du mois de mai, les méthodes de contrôle de la liberté d'expression en ligne utilisées par la junte thaïlandaise sont de plus en plus sophistiquées.

Une nouvelle étude effectuée par Citizen Lab a mesuré l'accessibilité à différentes pages web en Thaïlande entre le 22 mai et le 26 juin 2014 et ainsi confirmé que 56 URL avaient été bloquées dans le pays. Plusieurs sites d'information en ligne (locaux et internationaux) ayant critiqué le coup d'État ont été censurés. Par ailleurs, des outils de contournement et des comptes d'utilisateurs ayant partagé des messages soi-disant « anti-coup » sur des réseaux sociaux ont été bloqués.

Bien que le filtrage d'Internet ait pu être source d'inquiétude sous différents gouvernements thaïlandais, élus ou non, jusqu'à récemment, les pratiques des autorités étaient assez inconsistantes. La plupart des filtrages ciblaient des sujets comme la sécurité, le terrorisme, ou étaient à but social, comme le blocage des jeux d'argent ou de la pornographie en ligne. Mais l'adoption en 2007 de la loi sur les ‘crimes informatiques’ conjuguée à celle destinée à réprimer les crimes de lèse majesté (une loi sur les insultes contre la monarchie) ont eu pour conséquence une nette augmentation des répressions pour motifs politiques. Alors que le conflit politique s'intensifiait dans le pays, des groupes et des membres de l'opposition ont été de plus en plus ciblés sur internet. Il a été constaté que des fournisseurs d'accès internet publics comme le TOT ont filtré davantage de contenus que des fournisseurs d'accès privés comme True Corporation.  

Quand l'armée royale thaïlandaise a lancé le coup d'État le 22 mai 2014, les responsables militaires ont promis qu'ils seraient plus stricts que le précédent gouvernement, lui aussi issu d'un coup d'État. Le général Prayuth Chan-ocha, responsable du coup d'État et actuel premier ministre, a déclaré que la Thaïlande avait besoin d'un médicament « extra-fort » pour guérir du malaise politique dont le pays est atteint depuis 10 ans.

Le dernier régime issu d'un coup d'État ne donnait pas l'impression de prendre Internet au sérieux, contrairement au régime actuel, qui a fait preuve de plus d'initiative en imposant un contrôle de l'information plus strict et plus large.

Les résultats des tests du réseau Citizen Lab montrent qu'au cours des jours qui suivirent le coup d'État, les blocages ont été « très dynamiques ». 

… après les blocages des premiers sites web, des résultats de tests montrèrent que de nouveaux sites étaient bloqués chaque jour. Les techniques utilisées étaient également dynamiques puisque les pages affichées lors des blocages et leurs services d'hébergement changeaient aussi régulièrement.

Des chercheurs ont trouvé que différents fournisseurs d'accès bloquaient des contenus différents : « Combinés entre eux, ces changements reflètent un contexte instable au sein duquel l'utilisation du filtrage d'Internet a évolué rapidement au fur et à mesure de la progression du coup d'État. »

En vue d'uniformiser les pratiques de filtrage, l'armée a convoqué les directeurs de fournisseurs d'accès à internet Thaïlandais à une réunion où il leur a été demandé de faire preuve de « coopération » dans la surveillance. Dans un premier temps, il a été exigé que les fournisseurs d'accès remettent une liste des URL à bloquer sous une heure au ministère des technologies de l'information et de la communication, à la police chargée de la cyber-criminalité, ou à la commission nationale de l'audiovisuel et des télécommunications.

Le filtrage d'Internet a également proliféré, parallèlement à d'autres mesures de restriction de l'information. Les média traditionnels comme la télévision, les stations de radio, le câble ou les journaux ont été placés sous étroite surveillance et ont été sujet à la censure de la junte sur des sujets d'information politique.  

Le nouveau gouvernement a également essayé, sans succès, d'obtenir la coopération de géants comme Facebook, Twitter, Google ou l'application de chat sur mobile LINE. Incapable de s'assurer le soutien de ces réseaux sociaux clés, l'armée semble s'être tournée vers des méthodes éthiquement discutables pour récolter des adresses email d'utilisateurs, selon le réseau Thaï Netizen.

S'agissant de durcir sa position sur le contrôle de l'information en ligne, la junte thaïlandaise a jusqu'ici tenu promesse. Le coup d'État pourrait avoir involontairement mené les autorités à uniformiser les mesures de censure et à mettre de nouveaux outils de régulation et de surveillance d'Internet à la disposition de l'État.

La télévision d'Etat russe rectifie Wikipédia pour accuser l'Ukraine du crash de l'avion malaisien

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The war in Ukraine moves to Wikipedia. Images mixed by author.

La guerre en Ukraine se déplace sur Wikipédia. Montage d'images de l'auteur.

Au lendemain de l'horrible catastrophe aérienne en Ukraine orientale, qui a coûté la vie à près de 300 personnes, les hypothèses vont bon train sur le tireur qui a abattu l'avion. Les responsables ukrainiens et russes, sans oublier les séparatistes de Donetsk, se renvoient mutuellement la responsabilité. A Kiev, le président Porochenko a accusé les rebelles de l'Est et  critiqué la Russie qui déstabiliserait la frontière. A Moscou, Vladimir Poutine a affirmé que tout ce qui se passe en Ukraine est du ressort de Kiev. Le chef putatif de Donetsk nie tout rôle dans le tir sur le vol malaisien MH17, pour lui forcément dû à l'Armée de l'air ukrainienne.

Cela n'étonnera guère que le jeu des accusations se soit maintenant déplacé sur Wikipédia, où les correcteurs peinent à suivre les polémiques reflétant le mieux les différentes versions de l'histoire. Ce matin, l’entrée de Wikipédia en russe sur les accidents de l'aviation civile a été le siège d'un de ces accrochages, lorsqu'un internautes ayant une adresse IP localisée à Kiev a modifié la mention du MH17 pour indiquer que l'avion avait été abattu “par des terroristes de la République populaire autoproclamée de Donetsk avec des missiles Buk, reçus de la Fédération de Russie par les terroristes.” Dans l'heure, quelqu'un avec une adresse IP de Moscou remplaçait ce texte par la phrase “L'avion a été abattu par des militaires ukrainiens.”

Grâce à un bot Twitter qui retrace les corrections anonymes faites sur Wikipédia depuis des adresses IP utilisées par l'administration russe, nous savons que la seconde modification à l'article sur le vol MH17 émane d'un ordinateur à VGTRK, la Compagnie d'Etat pan-russe de télévision et de radiodiffusion.

Un article sur Wikipédia de listes de catastrophes aériennes a été modifié par VGTRK.

VGTRK est le royaume de Dmitri Kisselev, l'officieux propagandiste en chef du Kremlin. Kisselev s'est fait connaître par ses critiques violentes des gouvernements de Kiev et Washington. Pendant la crise de Crimée, il a fanfaronné un jour à la télévision que la Russie reste “le seul pays au monde capable de transformer les USA en poussière radioactive”. En juin, deux journalistes de VGTRK ont été tués près de Louhansk après s'être trouvés sous des tirs de mortiers alors qu'ils accompagnaient des rebelles locaux. Nadia Savtchenko, la pilote d'hélicoptère capturée en Ukraine par les séparatistes et transférée il y a quelques jours à Voronèj, séjourne en ce moment dans un centre de détention russe, accusée de participation à l'attaque qui a tué les reporters de VGTRK.

Le compte Twitter qui a révélé l'activité Internet de VGTRK, @RuGovEdits, en reproduit un autre, @CongressEdits, qui piste les corrections Wikipédia depuis des adresses IP au Congrès des Etats-Unis. Le code pour CongressEdits, oeuvre du programmeur Ed Summers, est un logiciel ouvert et peut être aisément configuré pour guetter les corrections anonymes d'IP de toute provenance.

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