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La Russie offre 4 millions de roubles pour craquer le réseau Tor

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Tor logo used with permission. Image remixed by Kevin Rothrock.

Le logo Tor est utilisé avec permission. Image retouchée par Kevin Rothrock.

Le gouvernement russe offre près de 4 millions de roubles (environ 85 000 euros) à quiconque capable de mettre au point une méthode fiable de décryptage des données envoyées par l'intermédiaire du réseau d'anonymat en ligne Tor [anglais]. La campagne menée par le Kremlin contre l'Internet libre et les révélations aux USA sur l'espionnage gouvernemental ont rendu Tor de plus en plus intéressant aux yeux des internautes russes cherchant à contourner la censure.

Projet élaboré par le laboratoire de recherche de la marine des USA il y a plus de 10 ans, l'accès à internet via Tor permet l'anonymat du trafic des données en passant par une configuration unique de nœuds appelée système de routeur oignon. Désormais géré par une organisation à but non-lucratif, le projet continue de recevoir des fonds du gouvernement fédéral et compte environ 4 millions d'utilisateurs dans le monde [anglais]. Parmi ces utilisateurs on trouve de nombreux militants à l'aise en informatique travaillant dans des pays où la censure et la surveillance sont très répandues. Même le département d'Etat américain soutient des programmes de formation à l'utilisation de Tor pour les militants qui souhaitent se protéger des regard inquisiteurs des gouvernements autoritaires.

Tor a déjà eu des problèmes en Russie. En effet l'année dernière le FSB, le principa service de sécurité du pays, faisait pression sur la Douma [Ru] pour interdire Tor. Des députés ont alors exprimé leur soutien à cette initiative, mais celle-ci n'a jamais dépassé le stade de l'examen en commission.

Le dirigeant du parti pirate russe Stanislav Sharikov dit que l'intérêt renouvelé du gouvernement russe pour le décryptage de Tor pourrait davantage être motivé par un véritable intérêt judiciaire que par la répression politique. Selon M. Sharikov, ce contrat de 85 000 €  [russe] (une somme relativement peu élevée selon les tarifs pratiqués dans ce secteur) est offert non pas par le FSB, mais par le ministère de l'intérieur, une administration moins intéressée par les dissidents anti-Poutine que par la lutte contre la pedo-pornographie.

Bien sûr, Tor est une technologie à « double-usage ». En fournissant à ses utilisateurs des moyens pour échapper à la censure et à l'espionnage, le réseau est aussi utilisé par des individus impliqués dans le crime organisé, le trafic de drogue, et l'échange et la vente de pédo-pornographie. Des documents divulgués par Edward Snowden prouvent que la NSA a consacré des ressources considérables au décryptage de Tor [anglais], dans le but d'obtenir des informations personnelles sur les utilisateurs du réseau.

Le gouvernement américain cite précisément ce genre d'utilisations inquiétantes pour justifier ses propres efforts de décryptage des informations du réseau. Mais à l'échelle internationale, la nature anonyme du réseau complique l'identification précise de ses utilisateurs et de l'usage qu'il en font.

Même s'il est improbable, le succès de ce projet de décryptage russe pourrait mettre en danger des millions d'internautes dont l'intérêt pour l'anonymat en ligne est loin d'être motivé par de mauvaises intentions.


Quatre photos de Street Art du ‘Banksy Iranien’ sur la vie quotidienne en Iran

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[Tous les liens sont en anglais, sauf mention contraire. Billet d'origine publié en anglais le 19 juillet]

Des images de graffitis audacieux ornant les murs et les immeubles de Téhéran ont fait le tour des réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter.

L’art urbain, ou “street art”, qui propose des commentaires en temps réel sur les événements à Gaza et la vie en Iran, est le travail d’artistes anonymes ou de groupes d’artistes comme La Main Noire, surnommé le « Bansky iranien » par quelques médias. Les graffitis sont interdits en Iran, bien que les autorités autorisent le street art soutenant la République Islamique. 

Le travail de La Main Noire défie l’interdiction pour les femmes d’assister à des manifestations sportives. Il fait également référence à la fraude électorale en 2009, qui a vu des millions d’Iraniens défiler dans les rues pour protester contre « la victoire écrasante » de Mahmoud Ahmadinejad.

1. Gaza à feu et à sang

L'artiste graffeur La Main Noire a de nouveau frappé, cette fois pour Gaza.

Ce graffiti de La Main Noire a récemment envahi les réseaux sociaux. Ainsi, depuis 2012, les Iraniens ont posté des représentations murales de l’artiste illustrant du sang coulant sur le mot « Gaza ». L’artiste a par la suite remercié ses fans sur Facebook [persan] pour avoir mis un coup de projecteur sur son travail sur le regain de violence entre Israël et Gaza, qui a tué plus de 200 Palestiniens jusqu’à présent. Dans son message, La Main Noire se félicitait de ce que des Iraniens de tout bord politique partageaient le même sentiment face aux bombardements israéliens sur l’enclave côtière. 

2. Les femmes et le sport

Le liquide vaisselle d’Iran comme protestation. La Main Noire est parfois considéré comme le « Bansky d’Iran » !

Cette image d’une femme portant le maillot de l’équipe iranienne de football tout en brandissant un flacon de liquide vaisselle imite le geste des joueurs soulevant le trophée de la Coupe du Monde. Cette image est apparue alors que l’équipe participait à l’épreuve mondiale au Brésil. La Main Noire a publié une image [persan] de son travail sur Facebook.

Des femmes, dont des journalistes, ne peuvent assister à des matchs de football et de volley-ball. Le graffiti, dessiné sur la rue principale de Téhéran, a été rapidement recouvert de peinture rouge.  

On ne sait si cette profanation est l’œuvre des autorités ou s’il s’agit d’une métaphore de l’artiste pour dénoncer l’absence de femmes dans le sport.

3. ‘Moins de violence, plus de diplomatie’

L’artiste de rue iranien Main Noire vous conseille le compte Twitter #IranTalksVienna : Moins de violence, plus de diplomatie (Juillet 2013)

Cette représentation de gants de boxes apparemment raccrochés pour de bon est accompagnée de la légende « Moins de combats, plus de diplomatie ». Une image d’art qui s’est propagée parmi les internautes iraniens sur les réseaux sociaux, à l’occasion des négociations sur le nucléaire, à Vienne.

Le graffiti est apparu en juillet 2013, alors que les Iraniens traversaient une période politique délicate, sous la présidence d’Ahmadinejad. A cette époque, des tensions ont resurgi quant au programme nucléaire de l’Iran, les sanctions économiques prises alors paralysant l’économie iranienne. En juin 2013, les Iraniens ont élu à la présidence le modéré Hassan Rouhani, qui basa sa campagne sur la diplomatie et la fin du conflit, qui mettra fin à la crise économique.

4. Les élections de 2009 

L’un des meilleurs graffitis que j’ai vus de ma vie. Le travail d’un artiste iranien inconnu.

Ce mois de juin a occupé les médias sociaux, du simple graffiti au lien vers une vidéo ayant filtré sur Youtube. Elle montre un commandant des Gardiens de la Révolution iraniens déclarant que le retour au pouvoir des réformistes en 2009 était une « ligne rouge » pour eux. Cette vidéo fut considérée comme le premier aveu des autorités quant à leur participation à la fraude électorale.

Si le président Ahmadinejad fut réélu, des millions d’Iraniens ont affirmé que l’élection était truquée. La colère suscitée par les résultats a donné naissance au Mouvement Vert, illustré par des démonstrations de masse dans les mois suivants le suffrage, avant qu’un rassemblement, en février 2010, ne soit brutalement réprimé.

Le récit de mort et de dévastation d'un jeune homme de Gaza, survivant de l'attaque de Khuza'a

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Evacuation warning from Israeli army.

Avis d'évacuation de l'armée israélienne.

L'armée israélienne a attaqué et occupé le village de Khuza'a, à l'est de Khan Younis dans le sud de la bande de Gaza, à partir de la semaine du 21 juillet. Le nombre de Palestiniens tués ou blessés n'est toujours pas connu, car pendant plusieurs jours les ambulances ont été empêchées de pénétrer dans le village et les corps étaient abandonnés dans la rue ou sous les décombres des maisons.

Un étudiant, Mahmoud Ismail, a survécu à l'assaut, et a tweeté ce qu'il a vu. Il vient de publier un récit plus complet sur Facebook.

Le 20 juillet, l'armée israélienne a téléphoné à la plupart des habitants de Khuza'a et envoyé des textos, leur ordonnant de quitter le village. Ils ont aussi interrompu les programmes de la télévision Al Aqsa pour passer un avertissement d'évacuation.

1.100 personnes ont été tuées à Gaza et des milliers blessées depuis qu'Israël y a lancé son opération militaire il y a près de trois semaines. Alors que le bilan des victimes civiles s'alourdit, l'armée israélienne se targue d'avertir les Gazaouis vivant dans les zones visées de partir, mais les Palestiniens n'ont nulle part où aller. L'étroite bande côtière de 40 kilomètres de long est entourée de barrières et de murs de béton au long de ses frontières, nord et est avec Israël et sud avec l'Egypte.

Des 10.000 habitants de Khuza'a, environ 7.000 sont partis. Ismail explique pourquoi certains sont restés :

كنّا ثلاثة آلاف شخص قرّر كل واحد فينا، وبشكل فردي، تجاهل كل التهديدات وأوامر الإخلاء والبقاء في بيوتنا. ليس في ذلك أي بطولة. كل ما في الأمر أن فينا من كان يمكن أن يصاب بانهيار عصبيّ لو نام في غير سريره، وآخر كان أكثر كسلاً ممّا تتطلبه عملية الإخلاء. وآخرين، مثلي، لم يرون في اسوأ خيالاتهم السيناريو الذي كان يترصّدهم بعد ساعات قليلة.

Nous étions 3.000 à avoir, séparément, décidé d'ignorer toutes les menaces et ordres d'évacuer, et de rester dans nos maisons. Ce n'était pas par héroïsme ; certains d'entre nous auraient fait une dépression nerveuse s'il leur avait fallu partir, certains n'avaient simplement pas l'énergie nécessaire pour sortir. D'autres, comme moi, ne pouvaient imaginer même dans leurs pires cauchemars le scénario qui allait se dérouler quelques heures plus tard.

Khuza’a jouxte la frontière israélienne. La localité avait été lourdement attaquée par les forces israéliennes pendant l'opération Plomb Fondu en 2009, et le rapport Goldstone avait ensuite documenté que les snipers israéliens avaient abattu des civils et que les ambulances étaient empêchées d'emporter les blessés. Pendant la toute dernière attaque, l'armée israélienne a de nouveau empêché les ambulances d'entrer dans le village et visé les civils, selon l'ONG de Gaza Centre for Human Rights. Le site juif progressiste Mondoweiss a rapporté que les survivants ont vu l'armée utiliser les Palestinians comme boucliers humains.

Ismail décrit le début de l'attaque :

الغارة الأولى قطعت الطريق التي توصل خزاعة بخانيونس. الثانية ضربت محولات الكهرباء. الثالثة أبراج شركة المحمول. الرابعة خطوط الهاتف الأرضي. نحن وحدنا وليل خزاعة حالك والقصف لا يتوقف. الطيران يعضّ كل شيء. زجاج الشبابيك يتساقط. الشظايا تغزّ بيتك وكل ما هو حولك. تحتمي في مكان تعتقد أنه أقل خطورة وتأخذ وضعيّة تعتقد أنها ستحميك. تحصي الغارات والاحتمالات: هل هذا الصوت لصاروخ في طريقه لنا؟ هل هذه القذيفة في البيت؟ لماذا لم تنفجر؟ هل استهدفت بيت فلان؟ المسجد الفلاني؟ هذه غارة إف 16، هذا قصف مدفعي. ليلة كاملة تحاول أن تحافظ فيها على عقلك وتمالك ما تبقى من أعصابك.

في الصباح قالوا اخرجوا. الصليب الأحمر على مدخل البلدة سيؤمن خروجكم، اخرجوا، الجيش لا يريد إلحاق الأذية بكم، العملية تستهدف بيوتكم وشوارعكم وأراضيكم وكل نواحي حياتكم، لكن حياتكم ليست هدفًا. خرجنا مع الثلاثة آلاف. مشينا في حشدٍ مهيب كما مشى سكان الشجاعيّة قبل أيام وكما مشى أجدادنا قبل 66 عامًا. نمشي، وعيوننا تفحص داهشة حجم الدمار الذي يمكن لقصف ليلة واحدة أن يتسبب به، نمشي كأننا نودّع كل ما تبقى. لكن هذا كلّه لا يهمّ، تجمّد مشاعرك وتركّز على قدميك. تصل إلى حيث قالوا. تجد رصًا من الدبابات ولا شيء آخر. لا تكاد تشعر بالفخ قبل أن يدوّي الرصاص في كل مكان.

ثم ماذا؟ ثم ضربٌ وصراخ ولغوٌ وجدل.

Le premier raid était sur la route vers Khan Younis, isolant Khuza’a. Le second a touché les transformateurs électriques. Le troisième, les tours de téléphonie mobile. Le quatrième, les lignes terrestres. Nous étions seuls, il faisait nuit noire à Khuza’a, et le bombardement ne cessait pas. Les avions pilonnaient tout. Le verre tombait des fenêtres, les éclats d'obus volaient dans les maisons et tout autour de nous. Nous nous sommes abrités dans un endroit que nous avons cru moins dangereux, en prenant une position dont nous avons cru qu'elle nous protégerait. Nous comptions les attaques et calculions les probabilités : est-ce le son d'un missile qui arrive sur nous ? Cet obus est-il dans la maison ? Pourquoi il n'a pas explosé ? La maison d'untel est-elle visée ? Telle-ou-telle mosquée ? Ceci est une attaque de F16, et ça, un bombardement d'artillerie. Toute la nuit a passé à essayer de garder notre raison et ce qui restait de nos nerfs.

Au matin ils nous on dit de sortir, que la Croix Rouge à l'entrée du village garantirait notre retraite. Sortez, l'armée ne veut pas vous faire de mal ; l'opération vise vos maisons, vos rues, votre terre et chaque aspect de votre vie, mais vos vies elles-mêmes ne sont pas la cible. Trois mille d'entre nous sont sortis. Nous marchions en une foule aussi massive que celle de Shuja’iya quelques jours auparavant, comme celle de nos aïeux il y a 66 ans. En marchant, nous avons vu avec stupeur l'ampleur des destruction d'une seule nuit. Nous marchions comme si nous faisions nos adieux à ce qui restait. Mais ce n'était pas l'important ; il fallait geler ses sentiments et se concentrer sur ses pieds.

Nous avons atteint le point où ils nous avaient dit d'aller, et avons trouvé une ligne de chars, et rien d'autre. Nous venions de comprendre que c'était un piège quand ça a commencé à tirer de tous les côtés.

Et ensuite ? Les gens fauchés, les cris, le chaos total.

Ismail, sa mère et son frère se sont réfugiés dans une maison proche :

كنّا ثلاثة آلاف، صرنا خمسون شخصًا. تجمّعنا في بيتٍ واحد. نصفنا ليس من أهل البيت لكن هذا أيضًا لا يهمّ. توزعنا بين ثلاث غرف كي لا نموت معًا إن حانت اللحظة. (نعم، يراوغ الانسان عقله في لحظات كهذه ويقنعه أن حائطًا قديمًا يفصل بين غرفتين يمكن أن يحدّ من الخسائر التي سيتسبب بها صاروخ أطول من أطولنا وأثقل منّا مجتمعين).

في الغرفة معي كان عجوزان يهيّجان أزمتي النفسية: أحدهما بمفاضلته بين الحروب التي عاصرها في حياته والآخر بإلحاحه المستمر على شربة ماء قبل آذان الصيام متناسيًا للمرة الألف أن قطرة ماء واحدة لم تتبقى في البيت بعد استهداف الجيش لخزّانات المياه. الأطفال يمارسون دورهم الطبيعي في الحياة: البكاء خوفًا، البكاء مللاً، البكاء عطشًا. المهم أن يبكوا. الآخرين، وأنا منهم، نستمع إلى نثار حديث العجوزين بصمت وملل ونطالع الشبّاك والساعة في انتظار الصباح. (ثمّة، على ما يبدو، خرافة لا أدري مصدرها تقول أن احتمالات الموت تتضاءل وأن القصف تقل وتيرته مع أول خيط للضوء. لكنها، كما كل الخرافات، غير ملزمة بتوقعاتك منها وباسقاطاتك عليها).

Nous étions 3.000 ; à présent nous étions 50. Nous nous sommes rassemblés dans une seule maison. La moitié d'entre nous n'étions pas de la famille de la maison, mais ça ne faisait rien. Nous avons été répartis sur trois chambres, pour que nous ne mourions pas ensemble si le moment venait. (Oui, les gens perdent leur bon sens dans des moments pareils et se persuadent que le vieux mur entre deux chambres pourrait limiter les pertes dues à un missile plus grand que chacun d'eux et plus lourd qu'eux tous ensemble.)

Dans notre chambre il y avait deux hommes âgés qui m'ont rendu encore plus angoissé, l'un qui comparait la situation avec les autres guerres qu'il avait connues, et l'autre à vouloir absolument boire de l'eau avant l'appel à la prière, oubliant qu'il ne restait pratiquement plus d'eau dans la maison après que l'armée avait visé les citernes. Les enfants faisaient ce qu'ils font d'habitude : pleurer de peur, pleurer d'ennui, pleurer de soif. L'important est qu'ils pleuraient. Les autres, moi y compris, écoutaient en silence et ennui les bribes de bavardage des vieillards, regardaient par la fenêtre et l'heure, dans l'attente du matin. (On dirait qu'il y a un mythe, dont j'ignore l'origine, qui dit que la probabilité de mourir baisse et que le bombardement décroît aux premières lueurs. Mais comme avec tous les mythes, vos attentes seront déçues.)

Ismail raconte avoir dû regarder agoniser pendant des heures un homme de 20 ans, que personne ne pouvait aller secourir. Deux des cousins d'Ismail sont morts, l'un avait essayé de secourir l'autre.

طلع الضوء وسقط الصاروخ الأول على درج البيت. اسوأ من صوت الإنفجار؟ صمت ما بعد الانفجار. أو ما تخونك أذنيك به فتظنه صمتًا. تشظّى كل شيء. اللون الرمادي هو كل ما تراه. لحظات ليعود لك سمعك وينقشع الغبار. الخوف يتحوّل إلى جثث واللون الأحمر يفضّ الرمادي. أمّك وأخوك؟ لا زالوا أحياء. تعود لقدميك، بعد ستة عشر ساعة خمول، وظيفتهما الأولى: الركض. تبتعد عن المكان، يسقط الصاروخ الثاني. تصفّر شظاياه في أذنيك، تتأكد أنك بخير. تهرب إلى بيتك، دقائق ويقصف بيتك. تهرب مجددًا. الكثير من الناس تتحرّك في الكثير من الاتجاهات. ترسم المروحيّة في السماء لك بطلقاتها طريق المنفذ الوحيد. تركض إليه. تركض كأن حياتك تعتمد على ذلك، لأن حياتك بالفعل تعتمد على ذلك. تركض فوق الذين سقطوا، تركض بجانب الجثث، عينٌ على الدمار والطريق المفخّخة بالحفر وعين على عائلتك التي تذوب في السيل الجاري.

La lumière est apparue et le premier missile a atterri sur les marches de la maison. Qu'est-ce qui est pire que le bruit d'une explosion ? Le silence d'une explosion. Ou ce qui trompe vos oreilles en vous faisant croire que c'est le silence. Tout se désintègre. Vous ne voyez que du gris. Il faut du temps pour que vous entendiez à nouveau et que la poussière retombe. La peur se transforme en cadavres, et du rouge rompt le gris. Votre mère et votre frère ? Encore vivants. Vous vous remettez sur vos pieds, restés inactifs depuis seize heures, et leur première tâche est de courir. Vous fuyez l'endroit juste avant que le deuxième missile tombe. Les éclats vous sifflent aux oreilles, et vous vérifiez que vous êtes entier. Vous fuyez vers votre maison, et quelques minutes après votre maison est touchée. Vous fuyez à nouveau. Il y a beaucoup de gens qui courent dans beaucoup de directions. Par ses tirs, l'hélicoptère dans le ciel trace la seule voie pour fuir. Vous courez vers elle. Vous courez comme si votre vie en dépendait, parce que votre vie en dépend en effet. Vous courez par-dessus ceux qui sont tombés, vous courez en longeant les cadavres, avec un oeil sur la destruction et la rue bombardée pleine de trous, et un oeil sur votre famille qui se dissout dans le mouvement de population.

Ismail n'a pas su précisément ce qui est advenu des autres gens de la maison où il s'était abrité — seulement que ses chaussures étaient imbibées de leur sang. Après avoir fui cette maison, lui et sa famille ont réussi à atteindre leur domicile, frappé par trois missiles quelques minutes après. Il a été légèrement blessé.

Sa mère, son frère et lui ont ensuite tenté de quitter le village. Des hélicoptères tiraient sur les gens, et en chemin il a vu les corps de son oncle et son cousin à côté de leur maison. Les tireurs d'élite israéliens visaient aux jambes pour empêcher les gens de partir.

خرجت وعائلتي والكثير من العائلات من خزاعة. كيف؟ حالفنا الحظ. لماذا؟ لا أملك أدنى فكرة. الأهم أن ثمة من بقيوا هناك، وأن الجثث لا زالت حتى هذه اللحظة في الشوارع وتحت الأنقاض. كم عددهم؟ قد يكون 20، 50، 100.. لا أحد يعرف بشكل أكيد، وهذا هو الأمر الوحيد الأكيد. الصور الوحيدة التي خرجت من خزاعة حتى اللحظة كانت مقتضبة ومصدرها الجيش الإسرائيلي وتظهر مشاهد دمار تحشي الصدر بالحقد وتدمي القلب وتنبئ بأن الأيام الهادئة لهذه القرية الوادعة ولأهلها الطيّبين لن تعود عمّا قريب.. وربما للأبد.

Ma famille et moi, et d'autres familles, avons réussi à sortir de Khuza’a. Comment ? Nous avons eu de la chance. Pourquoi ? Je n'en ai pas la moindre idée. Plus important, les corps de ceux qui sont restés sont toujours dans les rues et sous les décombres. Combien y en avait-il ? 20, 50, 100 peut-être ? Nul ne le sait. Les quelques images sorties de Khuza'a jusqu'à présent proviennent de l’armée israélienne, et montrent des scènes déchirantes de destruction qui vous remplissent la poitrine de haine, et laissent penser que la tranquillité de ce village et de ses habitants ne reviendra pas avant longtemps – ou peut-être jamais.

Le projet de loi tunisien sur la cyber-criminalité qui sonnerait le bond en arrière des droits de l'Internet

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Connu par une fuite, un projet de loi tunisien sur la cyber-criminalité [pdf, arabe] donne des indices que les accomplissements importants du pays dans le domaine des libertés de l'Internet pourraient bientôt appartenir au passé.

On ignore si le texte, révélé le 23 juillet, est une rédaction définitive. Et tout autant, si l'Assemblée nationale constituante aura le temps d'examiner ou adopter la loi, puisque de nouvelles élections législatives sont fixées au 26 octobre. Le projet n'a pas encore été soumis à l'Assemblée, mais il fait tiquer les internautes tunisiens.

L'avocat Kaïs Berrjab a tweeté :

Les dispositions larges et vagues rendraient possible la violation des droits à la protection de la vie privée et de la liberté d'expression.

L'article 24 prévoit six mois d'emprisonnement et une amende de 5.000 dinars tunisiens (environ 2.500 euros) pour quiconque utilise “les systèmes d'information et de communications pour difuser des contenus montrant des actes obscènes et contraires aux bonnes moeurs.” L'emprisonnement atteint trois ans si le contenu en question “incite à la débauche”.

L'article 25 punit de cinq ans d'emprisonnement et 50.000 dinars d'amende quiconque “utilise délibérément un système d'information pour traiter les données personnelles d'autrui, pour les relier à un contenu contraire aux bonnes moeurs ou les présenter d'une manière qui pourrait nuire à la réputation ou porter tort à l'honneur.” On imagine aisément l'usage qui pourrait être fait d'une telle loi contre les blogueurs ou journalistes écrivant sur les activités des hommes politiques.

Le chapitre quatre sur “les mesures de sécurité publique et de défense nationale” donne aux Ministres de la Défense et de l'Intérieur des pouvoirs étendus et incontrôlés d'accès, de collecte et d'interception des données de communications sans contrôle judiciaire. L'article 30 stipule :

Les autorités publiques en charge du maintien de l'ordre public et de la défense nationale peuvent à titre exceptionnel, et en conformité avec les dispositions du chapitre quatre de la présente loi, accéder aux données stockées dans les bases de données publiques ou privées, collecter le trafic des communications ou intercepter, copier et stocker le contenu des communications pour prévenir le crime organisé et le terrorisme [...]

Aux termes de l'article 31, les Ministres de l'Intérieur et de la Défense peuvent autoriser par écrit l'accès aux données d'identification des usagers et de recueil des données de trafic.

Le projet de loi prévoit encore de lourdes peines pour les activités en lien avec le hacking malveillant. Six ans de prison et une amende de 50.000 dinars sanctionnent quiconque reconnu coupable de “délibérément empêcher le fonctionnement d'un système d'information par l'introduction, l'envoi, la détérioration, la modification, l'effacement, l'annulation ou la destruction de données informatiques.”

Les raisons d'être de ce projet de loi

Le projet de loi sur la Criminalité dans les Communications et l'Information a été élaboré par le précédent gouvernement provisoire d'Ali Laarayedh. De fait, l'ex-ministre des Technologies de l'information et de la communication Mongi Marzouk avait affirmé à plusieurs occasions que ses services travaillaient à un tel texte.

Le but est de consolider le cadre juridique dans lequel opère l’Agence Technique des Télécommunications [en anglais] (mieux connue sous ses acronymes ATT ou A2T).

L'ATT a été créée par décret (n° 2013-4506) en novembre dernier avec la mission d'apporter un appui technique aux enquêtes judiciaires sur la “cybercriminalité”. A ce jour, il n'existe pas en Tunisie de texte juridique définissant cette notion de “criminalité de l'information et de la communication.” Un vide juridique que ce texte voudrait probablement combler.

En juin, Jamel Zenkri, le directeur général d'ATT a déclaré au magazine tunisien Webdo :

Pratiquement, tout l’arsenal juridique nécessaire est déjà en vigueur. Il reste cependant une loi relative à la cybercriminalité qui sera bientôt élaborée.Cette loi définira exactement les différents crimes de l’Internet, et en fixera les peines. Elle apportera, aussi, plus de précisions quant aux obligations de l’ATT, lesquelles ne sont pas bien fixées. Par exemple, le décret ne détermine pas la période durant laquelle l’ATT doit conserver les données à caractère personnel avant de le détruire.

Le “Patriot Act” de la Tunisie ?

La création de l'Agence Technique des Télécommunications et la rédaction d'une loi sur la cybercriminalité interviennent à un moment critique, alors que l'armée et la police tunisiennes affrontent la menace sécuritaire croissante de groupes islamistes armés affiliés à Al-Qaida au Maghreb Islamique. La semaine dernière encore, ces groupes ont mené une attaque meurtrière contre l'armée tunisienne dans la zone montagneuse de Chaambi à la frontière algérienne, tuant quinze militaires.

Après l'attaque, une cellule de crise gouvernementale a donné instruction au Ministre de l'Enseignement supérieur et des TIC de “prendre les dispositions nécessaires pour confronter les pages de médias sociaux incitant à la violence et au terrorisme,” et les officiels ont réitéré leurs appels à filter et surveiller l'Internet.

cartoon by Willis from Tunis: a cyber police officer tells an Internet user “This is to protect you from evil terrorists”.

Dessin de Willis from Tunis, utilisé avec permission.

Lors d'une conférence de presse le 17 juillet, le ministre de l'Intérieur, Lotfi Ben Jeddou, a déclaré que l'Internet “reste en-dehors du contrôle de l'Etat.” “Nous travaillons actuellement à activer l'Agence Technique des Télécommunications pour détecter ces cellules qui cherchent à recruter et former des jeunes par Internet, et Skype en particulier.”

“Cette agence sera aussi chargée de contrôler et censurer le cyberespace,” a ajouté le ministre.

Il faut préciser qu'aux termes du décret 4506, l'ATT n'est chargée que de la surveillance des communications. Le décret ne dispose nulIement que cet organisme doit pratiquer le filtrage de contenu quel qu'il soit.

Le président de l'ATT Jamek Zenkri a dit que son agence ne cherche pas à pratiquer le filtrage d'Internet. “La censure de l'Internet n'est pas une prérogative de l'ATT,” précisait-il. De fait, la loi tunisienne ne crée aucune entité responsable du filtrage d'Internet. L'Agence tunisienne de l'Internet (ATI) y était obligée sous le règne de Zine el-Abidine Ben Ali en dépit du vide juridique, mais l'appareillage technique de cette activités a été reconfiguré depuis.

Progrès menacé

Au long des trois années qui ont suivi le renversement du dictateur Zine el Abidine Ben Ali, la Tunisie a avancé à grands pas dans les libertés de l'Internet. Les gouvernements provisoires ont montré un ferme engagement à faire cesser la censure d'Internet, malgré les tentatives de filtrer la pornographie en ligne et les appels à censurer les contenus incitant à la violence et au terrorisme. En juin 2012, la Tunisie avait accueilli la conférence de la Liberté en ligne après avoir rejoint la même année la coalition des Etats “engagés à faire progresser la liberté d'Internet”.

L’adoption en janvier de la nouvelle constitution qui interdit “la censure prélable” et intègre les droits à l'accès aux réseaux de communication, à la protection des données personnelles et à la liberté d'expression a aussi représenté une avancée significative, qui a placé la Tunisie en pointe de la région Moyen-Orient sur ces questions.

Mais le manque de volonté politique pour mettre au rancart les lois répressives de l'ère Ben Ali, s'ajoutant à la mise en place hâtive de lois concernant les usagers sans consultation publique, mettent tous ces progrès en danger.

Raed, un membre du Parti Pirate de Tunisie, a tweeté [arabe] :

Si cette loi est adoptée, ce sera la fin de l'Internet tel que nous l'avons connu et aimé en Tunisie.

A la découverte des huacas, patrimoine historique de la capitale péruvienne

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huaca pucllana

Huaca Pucllana, Lima. Image de Robert Nunn sur Flickr, utilisée sous la licenc Creative Commons Attribution Non Commerciale 2.0 Generic (CC BY-NC 2.0).

[Tous les liens sont en espagnol, sauf mention contraire]

Vous n’avez jamais associé l’archéologie à l’activisme ? Peut-être devriez-vous y songer. Au Pérou, terre de cultures millénaires, des groupes de citoyens mettent en place différentes initiatives afin que l’immense patrimoine archéologique du pays ne soit pas perdu et demeure l’orgueil des Péruviens.

Salvemos las Huacas (Sauvons les Huacas) est un projet remontant à 2001. Avec ses élèves d’un collège de Lima, le professeur Koke Contreras essayait de créer des réseaux de citoyens pour la préservation et la défense du patrimoine archéologique :

El proyecto aprovecha las nuevas tecnologías de la información y comunicación (TIC) como instrumento para la organización y movilización social orientada a la preservación del patrimonio cultural. SLH busca convertirse en un instrumento para diversas comunidades locales interesadas en desarrollar sistemas de vigilancia ciudadana y participación local en la defensa y preservación del patrimonio arqueológico

Le projet s'appuie sur les nouvelles technologiques de l’information et de la communication (TIC) pour organiser et mobiliser la population autour de la préservation du patrimoine culturel. SHL cherche à se transformer en un instrument pour les différentes communautés locales intéressées par le développement des systèmes d’alerte citoyenne et la participation locale dans la défense et la protection du patrimoine archéologique.

Mais qu’est-ce qu’une huaca ? L’historien Juan Luis Orrego Penagos nous éclaire :

Por definición, huaca es el término quechua que hace referencia a un lugar u objeto sagrado. Por lo tanto, huaca puede ser una construcción religiosa, un cerro, una laguna, un riachuelo, un árbol, una cueva o cualquier lugar u objeto (una piedra, un ídolo o una momia) que los antiguos peruanos consideraban sagrado. Con el tiempo, el término ha cambiado de connotación y hoy llamamos huaca a todo el patrimonio monumental y arquitectónico prehispánico como templos, centros administrativos, fortalezas, cementerios, etc. Es decir, los peruanos actuales asociamos el término con cualquier construcción física levantada por nuestros antepasados.

Par définition, la huaca est un terme quechua faisant référence à un lieu ou un objet sacré. La huaca peut ainsi être une construction religieuse, une colline, une lagune, un ruisseau, un arbre, une grotte ou n’importe quel lieu ou objet (une pierre, une idole ou une momie) anciennement considéré comme sacré. Au fil du temps, le terme a changé de connotation et se réfère aujourd’hui au patrimoine monumental et architectural préhispanique, comme les temples, les centres administratifs, les forteresses, les cimetières etc. Dorénavant, les Péruviens associent une huacal avec n’importe quelle construction physique érigée par nos ancêtres.

 

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Affiche de la page “Salvemos las Huacas”. Utilisée avec autorisation.

Salvamos las Huacas  poursuit deux objectifs : concevoir les cartographies des restes archéologiques de Lima grâce à sa plateforme web, et provoquer une sensibilisation collective sur l’importance de ces restes dans la construction de l’identité nationale et locale. Pour cela, ils organisent des activités comme des randonnées archéologiques, « avec l’intention d’identifier l’état dans lequel se trouve notre patrimoine archéologique, de chercher, enregistrer et informer sur son état actuel, pour ensuite concevoir des cartographies des nouveaux sites sur notre site Internet ». Des initiatives qui serviront également à augmenter l’intérêt des citoyens sur cette question.

Quelques randonnées se font en compagnie d’archéologues, qui relatent aux visiteurs l’histoire des huacas et ce qu’il a fallu faire pour les récupérer, comme vous pouvez le voir dans ces vidéos :

Dans un billet publié sur le blog Salvemos las Huacas, Koke Contreras réfléchit à ce que voyaient les participants de l’une de ces randonnées sur le Paraiso, un site archéologique niché non loin de Lima :

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Photo Enrique Mori. Utilisée avec autorisation.

Avanzamos a buscar las demás murallas hasta que ante nuestros ojos apareció una invitación a vivir en esta tranquila zona de Lima. En efecto el boom inmobiliario se hizo presente, no podía faltar. Una muralla de barro prehispánica a punto de colapsar nos daba la bienvenida. Un cartel nos invita a vivir en esta bucólica parte del valle. Aproveche la ocasión, separe con tiempo, marque su lote, coloque su piedra, su cerco e imagine la casa soñada ¿Podrá soportar esa muralla defensiva que repelió los ataques e invasiones de otras comarcas antes de la llegada de los Incas la invasión inmobiliaria?

Nous nous avançons en quête d’autres murailles lorsque nos yeux rencontrent une invitation à vivre dans ce recoin tranquille de Lima. En effet, le boom immobilier est présent, et inévitable. Une muraille d’argile préhispanique sur le point de s’effondrer nous souhaite la bienvenue. Une affiche nous invite elle à vivre dans cette partie bucolique de la vallée. Profitez de cet instant hors du temps pour apposer votre empreinte, votre pierre, tracez votre cercle et imaginez la maison de vos rêves. Cette muraille défensive, qui repoussait les attaques et les invasions des autres régions avant l’arrivée des Incas, puis de l’invasion immobilière, tiendra-t-elle ?

Dans le même esprit, le Collectif Colli organise des activités qui préservent l’identité locale grâce à la connaissance et la valorisation de l’histoire, en particulier dans le quartier de Comas [français], à Lima, ainsi que dans le nord de la capitale péruvienne et ses alentours. 
El Colectivo Colli es una organización conformada por niños, niñas, púberes,

adolescentes, jóvenes y personas interesadas en la protección del patrimonio arqueológico, cuyo principal objetivo es la sensibilización para la defensa y conservación de los diferentes monumentos, construcciones, caminos, murallas y expresiones materiales de los antiguos pobladores prehipanicos de la zona de Lima Norte.

Le Collectif Colli est une organisation pour les enfants, les adolescents, les jeunes et les personnes intéressées par la protection du patrimoine archéologique, dont l’objectif principal est la sensibilisation à la défense et la conservation des différents monuments, constructions, chemins, murailles et expressions matérielles des anciens habitants préhispaniques du nord de Lima.

L’une des activités du Collectif est le nettoyage des huacas, effectué avec le soutien technique et la collaboration des écoles de la zone :

WShakespeare

Des élèves du collège William Shakespeare nettoyant la Huaca El Retablo.

En la Huaca El Retablo se estuvo coordinando a lo largo de la semana con entusiastas vecinos cercanos al sitio arqueológico, ellos vienen haciendo los esfuerzos por rescatar del estado en abandono en que se encuentra este espacio, que en horas de la noche es frecuentado por personas de mal vivir. A ellos se sumaron entusiastas estudiantes de secundaria del Colegio William Shakespeare quienes guiados por sus maestros realizaron la limpieza de la huaca y sus alrededores.

A la Huaca El Retablo, des voisins enthousiastes du site archéologique se sont relayés toute la semaine  pour remettre en état cet espace abandonné, fréquenté la nuit par des sans abris. On compte également des élèves du collège William Shakespeare, guidés par leurs professeurs, dans le nettoyage de la huaca et ses environs.

En outre, le Circuit Cycliste Protecteur des Huacas contribue aussi à la revalorisation du patrimoine matériel et immatériel, et fait la promotion du vélo comme moyen de transport, grâce à des sorties cyclistes archéologiques :

La actividad se compone de una visita guiada al mes por las diferentes Huacas de los distritos de Lima, donde se explica el papel que cumplían en su contexto histórico, se evalúa su estado de conservación y finalmente pedalean en círculos a su alrededor para reconectarse con ella y revitalizar su energía protectora.

L’activité se compose d’une visite guidée à travers les différentes huacas de Lima. On explique le rôle de ces huacas dans leur contexte historique, on évalue leur état de conservation et on roule en circuits dans les environs, afin de recréer un lien avec elles et de revitaliser son énergie protectrice.

Les projets mentionnés ci-dessus, ajoutés à ceux comme Cuida tu Huaca PLO (Prend Soin de ta Huaca PLO), Institut de la Culture, de l’Histoire et de l’Environnement – ICHMA, HistoriActual, Forteresse de Campoy et d’autres encore, qui forment un réseau de spécialistes, d’activistes et de personnes de tous âges pour valoriser et provoquer une prise de conscience sur la nécessité de protéger le patrimoine archéologique du pays.

Dans un contexte où ce patrimoine est menacé [français], et où règne une grande méconnaissance parmi la population, la participation des institutions, des gouvernements locaux et de l’Etat, ainsi que celle des citoyens, est plus que jamais nécessaire.

Le 31 juillet, un ‘Tweetathon’ pour les blogueurs du collectif Zone9, détenus en Ethiopie

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Free Zone9 Tumblr collage. Images used with permission.

Campagne Free Zone9, collage de photos sur Tumblr. Images utilisées avec permission.

Rejoignez les membres de la communauté Global Voices pour un ‘tweetathon’ multilingue, afin de soutenir les dix blogueurs et journalistes qui font face à des accusations de terrorisme en Ethiopie.  

Notre communauté et notre réseau demandent justice pour ces hommes et femmes : tous ont travaillé pour élargir l'espace de débat politique et social en Ethiopie, à travers leurs blogs ou le journalisme. Nous considérons que leur arrestation est un viol de leur droit universel à l'expression et que les accusations portées contre eux sont infondées. Vous pouvez vous informer sur leur affaire et la campagne pour leur libération sur le blog de Zone9, Trial Tracker blog.

Le procès de ces blogueurs doit débuter le 4 aout 2014. Jusqu'à cette date, et au-delà, ils ont besoin de tous les soutiens possibles. Ce jeudi, en tant que communauté mondiale de blogueurs, d'activistes, et d'experts des médias sociaux, nous partagerons cet appel dans le monde entier, dans la langue maternelle de chacun, pour alerter les  governments, les corps diplomatiques, les médias généralistes, afin d'attirer l'attention sur leur cas. 

Six of the detained bloggers in Addis Ababa. Photo used with permission.

Six des blogueurs détenus, à Addis Ababa, avant leur arrestation. Photo utilisée avec permission.

#FreeZone9Bloggers: Un Tweetathon pour demander la libération des blogueurs éthiopiens détenus

Date: jeudi 31 juillet 2014

Heure : 10 heures du matin à 2 heures de l'après-midi, où que vous soyez sur terre !

Hashtag: #FreeZone9Bloggers

Animateurs : Nwachukwu Egbunike (@feathersproject), Ndesanjo Macha (@ndesanjo), Ellery Roberts Biddle (@ellerybiddle)

Souhaitez-vous nous rejoindre ce jeudi ? Ou contribuer à diffuser l'information ? Ajoutez votre nom et votre compte Twitter à la liste que notre communauté a créée.

 Tweets suggérés :

  • @Zone9ers ont droit à un procès équitable, conforme aux directives internationales #FreeZone9Bloggers http://bit.ly/1g65ijg 
  • Libérez les @Zone9ers… parce que bloguer n'est pas un crime ! #FreeZone9Bloggers http://bit.ly/1g65ijg
  • “Nous blogons, parce que c'est important” #FreeZone9Bloggers http://bit.ly/1g65ijg 
  • Les blogueurs ont été arrêtés en #Ethiopie en violation de la Charte africaine sur les droits humains des personnes #FreeZone9Bloggers http://bit.ly/QlzRuG
  • L'arrestation des blogueurs en  #Ethiopia viole l'Accord international sur les droits civiques et politiques  #FreeZone9Bloggers http://bit.ly/1g1MUNM

Merci de participer à la campagne pour les blogueurs et journalistes du collectif Zone9 !

PHOTO : La foule devant un magasin d'alcools, au Caire

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Une photo, où l'on peut voir une foule devant un magasin d'alcool bien connu du Caire, a été très partagée en Egypte. Tom Gara l'a envoyée à ses 27 900 followers :

La photo qui a fait le tour de FB, sur la scène qui se déroule, maintenant que Ramadan est fini, devant Drinkies, un magasin connu du Caire où l'on vend de l'alcool.

L'Egypte a une politique libérale envers l'alcool, comparée à celles d'autres pays musulmans, mais elle interdit la vente d'alcool à des clients égyptiens durant le mois du Ramadan, qui a pris fin lundi.

Bangladesh : mauvaise année pour la vente de mangues, contaminées par la formaline

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Dhaka Metropolitan Police jointly conducted a drive at Hatirpul Bazar against the health hazardous chemical, formalin.

La police de la ville de Dacca menant une descente contre la formaline à Hatirpul Bazar. Image de Reaz Sumon. Copyright Demotix (3/6/2014)

Sauf mention contraire, les pages renvoient à des pages en anglais.

La saison de la mousson est une période délicieuse au Bangladesh, avec des marchés où abondent les fruits saisonniers. Les litchis  rouges, les pommes de jacque vertes et les melons jaunes font un étal coloré, empilé dans des grands paniers ou sur des stands. 

La mangue est particulièrement recherchée avec sa chair sucrée. Mais cette année, la mangue est plus difficile à trouver en raison des descentes de police contrôlant le mauvais usage de la formaline, une solution concentrée de formaldéhyde [fr], utilisée pour préserver les fruits (habituellement utilisée pour conserver les corps de personnes décédées). Le mois dernier, la police a mis en place des unités mobiles de détection de la formaline, saisissant et détruisant des chargements entiers de fruits importés et produits localement.

Les fruits contiennent naturellement 0.03 à 0.15 partie par million (ppm) de formaline mais lors des descentes de police contre la formaline qui ciblent de prime abord les fruits saisonniers, les fruits vendus dans les marchés à Dacca, la capitale du pays, le taux de formaline oscille entre 3.5 ppm à 46 ppm. La police a alors installé des points de contrôle aux entrées de la ville pour mettre la main sur les fruits contaminés. 

La formaldéhyde est très toxique. L'ingestion de seulement 30 mL d'une solution contenant 37% de formaldéhyde peut tuer un homme. Durant ces dernières années, la formaline a été utilisée sans réglementation au Bangladesh sur les légumes, les fruits, la viande et d'autres produits périssables, pour la conservation des aliments. Le 30 juin 2014, le Conseil des Ministres a approuvé un projet de loi pouvant conduire l'abus de formaline ou son commerce illégal à une peine d'emprisonnement maximale et à une amende importante. 

Le journaliste et blogueur Anis Raihan [bengali, bn] décrit sur son blog Istishon comment sont traitées les mangues à la formaline :

আম যখন গাছ থেকে পাড়া হয় তখনই একদফা ফরমালিন দেয়া হয়। এরপর এগুলো প্যাকেট হয়ে শহরে আসে। শহরে এসে পৌঁছাতে দেরি হলেও যাতে পচন না ধরে তাই প্রথম দফায় ওই ফরমালিন দেয়া হয়। পাইকাররা আমের ঝুড়ির মুখ খুলে কিংবা যদি দেখেন আম নরম তাহলে সব বের করে আরেক দফা ফরমালিন স্প্রে করেন। যাতে খুচরা দোকানগুলোতে পৌঁছানো পর্যন্ত আমের কোনো ক্ষতি না হয়। খুচরা দোকানিরা ওই অবস্থায় আম বিক্রি শুরু করেন। আম নরম হলে খুচরা দোকানেও ফরমালিন স্প্রে করা হয় আরও কিছুদিন আম রক্ষা করার জন্য।

Dès que les mangues tombent des arbres, elles reçoivent déjà une grande quantité de formaline. Ces mangues sont ensuite emballées et arrivent en ville. Le premier traitement de ces mangues à la formaline évite donc leur pourrissement lors de leur transport jusqu'à la ville. Par la suite, les grossistes ouvrent l'emballage des mangues. S'ils voient que les mangues sont molles, alors ils leur font subir un second traitement de vaporisation à la formaline, pour qu'elles se conservent jusqu'à l'arrivée aux points de vente. Les commerçants commencent donc à vendre des mangues dans cet état lorsqu'elles arrivent à leurs boutiques. Si les mangues sont molles, les vendeurs peuvent aussi de nouveau vaporiser de la formaline sur les mangues, pour les conserver quelques jours de plus. 

Les vendeurs de fruits sont mécontents de leurs pertes de marchandises. Dans le port de Chittagong, l'association des commerçants de fruits ont conduit une grève de plusieurs heures, soutenant que la police les harcelaient en contrôlant les fruits avec des dispositifs inappropriés.

La présence d'aliments contaminés est un réel problème au Bangladesh. En 2012, la mort de 14 enfants à Dinajpur après avoir consommé des litchis contaminés par des pesticides avait causé la colère dans tout le pays.

Une étude récente menée par le gouvernement du Bangladesh et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) a montré qu'au Bangladesh, plus de 40% des aliments contiennent des pesticides interdits. Les échantillons d'aliments contenaient une teneur 3 à 20 fois plus élevée de substances toxiques que les limites établies par l'Union Européenne. Dans le même rapport, 50% des légumes et 35% des fruits sont déclarés dangereux pour la santé. Les échantillons de mangues et de crevettes crues contenaient les plus hauts taux de formaline. 

Police destroying the formalin affected fruits. Image by Reaz Sumon. Copyright Demotix (3/6/2014)

La police détruisant des fruits contaminés par la formaline. Image de Reaz Sumon. Copyright Demotix (3/6/2014)

Un groupe d'activistes avait organisé un mouvement nommé “Arrêtez de nous empoisonner” [bn] (“Stop poisoning us”) en mai dernier en demandant au gouvernement de prendre les mesures appropriées de manière urgente. Le médecin Dr. Shafiq a reconnu sur Facebook [bn] qu'il devrait exister des lois plus sévères pour l'utilisation de la formaline. 

Le blogueur Kobid [bn] a partagé des statistiques choquantes relatives à la nourriture contaminée au Bangladesh : 

ভেজাল খাদ্যগ্রহণে ডায়রিয়ায় আক্রান্তদের মধ্যে প্রতি বছর প্রায় ৫৭ লাখ মানুষ কোনো না কোনোভাবে শারীরিকভাবে অযোগ্য হয়ে পড়ছে। সরকারি সংস্থা বাংলাদেশ পরিসংখ্যান ব্যুরোর (বিবিএস) এর সর্বশেষ তথ্য অনুসারে প্রত্যক্ষ বা পরোক্ষভাবে ভেজাল খাদ্যগ্রহণ জনিত কারণে ২০১০ সালে মৃত্যুহার ছিল প্রায় ৪০ শতাংশে।

Chaque année, près de 5.7 millions de personnes ont des problèmes de santé en raison d'aliments contaminés. D'après le Bureau Bangladais de la Statistique (BBS), près de 40% des décès en 2010 font suite à des maladies causées directement ou indirectement par des aliments contaminés.

Shahadat [bn], un blogueur, ne mâche pas ses mots pour décrire les personnes qui vendent de la nourriture contaminée par des produits chimiques toxiques :

শুধু মানুষের খাদ্যে নয়, যে কোন প্রানীর খাদ্যে ভেজাল দেয়া মানুষের কাজ হতে পারে না, যারা সামান্যতমও খাদ্যে ভেজাল সমর্থন করবে, তারাও মানুষ হতে পারে না! মানুষরূপী পশুই!

Pas seulement pour le genre humain, mais pour n'importe quel être vivant, il n'est pas humain de donner de la nourriture contaminée. Ceux qui rajoutent même qu'une petite quantité de substances toxiques ne peuvent pas être considérés comme humains! Mais comme des animaux qui se disent humains! 

La réalité est un peu plus compliquée. En tant qu'écrivain et chroniqueur, Tahmina Anam a rappelé dans le New York Times que ces ces fruits, avant d'être vendus dans les régions urbaines, sont d'abord produits par de pauvres agriculteurs ruraux. Le transport est cher pour les petits producteurs et risqué dans leurs camions non climatisés, retardé par les embouteillages, les grèves ou l'état de la route. La formaline leur garantit de ne pas perdre leur production. Mais cela a un coût pour la santé publique.

Une réglementation plus stricte pour l'utilisation des substances chimiques pourrait résoudre ces problèmes de contamination alimentaire, mais elle ne résoudra pas les difficultés liées au transport – et la volonté des producteurs de trouver une solution pour les contourner, qu'elle soit chimique ou non.


Le “méchant d'Odessa” monte au front dans la guerre de l'information en Ukraine

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Cet article fait partie d'un panorama complet par RuNet Echo de la blogosphère russophone en Ukraine Orientale. L'entretien intégral se trouve sur la page d”Eastern Ukraine Unfiltered [L'Ukraine de l'Est sans filtre, en anglais].

Les troubles qui ont suivi le renversement de Viktor Ianoukovitch se sont surtout centrés sur la Crimée, Donetsk et Louhansk, mais d'autres parties de l'Ukraine ne sont pas restées indemnes. Le 2 mai 2014, la ville d'Odessa a connu des violences parmi les pires en Ukraine depuis le début de la crise séparatiste, lorsque près de 60 personnes sont mortes dans des affrontements entre manifestants pro-russes et pro-Maïdan, pour la plupart dans l'incendie de la Maison des Syndicats pendant la bataille. Si Odessa a depuis été heureusement exempte de violences de rue, certains de ses habitants restent très engagés dans ce que les deux parties appellent la “guerre de l'information”.

Zloy_Odessit's LiveJournal avatar.

L'avatar de Zloy_Odessit sur LiveJournal.

Zloy_Odessit, un blogueur anonyme dont le pseudo en ligne se traduit à peu près par “l'Odessite en colère”, est un de ces habitants. Il publie sur son blog de nombreuses fois par jour des informations et opinions sur les événements en Ukraine, avec une prédilection pour la campagne militaire à l'est. Comme beaucoup de russophones, Zloy_Odessit privilégie LiveJournal comme son média social prioritaire, en ce qui le concerne à cause de son “interface hautement personnalisable” et son “excellent potentiel de recherche.”

Zloy_Odessit a démarré son blog en mars, tout en affirmant qu'il n'est “pas un novice de la blogosphère.” Il entendait réagir à ce qu'il voit comme “l'occupation russe de la Crimée,” et dit écrire pour combattre la désinformation et exprimer son point de vue. “Le principal but de mon blog est de faire parvenir à l'internaute russe mon opinion sur les événements en Ukraine,” a-t-il dit à RuNet Echo. “En ce moment, sur LiveJournal, il y a exclusivement des blogueurs pro-Kremlin, artificiellement maintenus en haut du classement par l'utilisation massive de bots.”

Bloguer ses opinions a valu beaucoup d'ennemis à Zloy_Odessit, y compris du côté du pouvoir russe, qui a mis sa page LiveJournal sur liste noire en mai dernier. Une décision qui, selon Zloy, n'a fait qu'accroître le nombre de ses visiteurs de Russie.

В Украине привыкли выслушивать все точки зрения, в России же в крови слушать единую, верную и неоспоримую точку зрения, а все остальное от Лукавого, Госдепа, Анунаков и рептилоидов… не важно от чего, но запретное! Табу!

En Ukraine, nous sommes habitués à entendre tous les points de vue, en Russie ils ont ça dans le sang de suivre un point de vue unique, vrai et indiscuté, et tout le reste vient du Malin, du Département d'Etat [américain], des extra-terrestres ou des dinosauroïdes… Peu importe d'où ça vient, c'est interdit ! Tabou !

Zloy_Odessit pense que les internautes peuvent défier le monopole de l'information en Russie.

Пользователь может становится противовесом той или иной точке зрения, высказывать свою индивидуальную и свободную от ограничений и табу. В конце концов, блоггер способен вокруг себя объединять людей – единомышленников, не готовых пока высказываться открыто.

Les internautes peuvent devenir des contrepoids à tel ou tel point de vue, exprimer leur individualité et liberté des limitations et tabous. Au final, le blogueur est en mesure d'unir les gens autour de lui, ceux qui pensent de la même façon, mais ne sont pas prêts à donner leur avis ouvertement.

Quand on le questionne sur les perspectives de réconciliation entre séparatistes et loyalistes ukrainiens, Zloy_Odessit est circonspect : il la croit possible avec les citoyens ordinaires du Donbass, mais pas avec les insurgés.

Я сам был неоднократным свидетелем того как люди ратующие за союз с Россией и поддерживавшие аннексию Крыма меняли со временем свою точку зрения. Диалог возможен, безусловно.но диалог с простыми людьми

J'ai été témoin à plusieurs reprises de la façon dont ceux qui prônent l'union avec la Russie et qui ont soutenu l'annexion de la Crimée ont changé leur opinion avec le temps. Le dialogue est possible, bien entendu, mais le dialogue avec les gens ordinaires.

Quant aux combattants, Zloy considère les rebelles comme un gang criminel qui a pris le pouvoir avec l'aide de citoyens russes. Il accuse aussi les oligarques ukrainiens Rinat Akhmetov et Oleksandr Iefremov de financer les milices.

Zloy_Odessit a du pain sur la planche. Même ouvertes au dialogue, ses critiques des séparatistes sont le quasi-miroir des critiques de blogueurs séparatistes comme Strajj et Colonol_Cassad contre Kiev. Les adversaires s'accusent mutuellement de suivre un gouvernement illégitime qui a pris le pouvoir par la force et repose sur une propagande fallacieuse. Chaque côté continue à dire sa version de la vérité, sans qu'on voie encore qui est prêt à faire des concessions.

Israël/Palestine : une schizophrénie française ?

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1er volet d'une tribune de Charlotte Loris-Rodionoff, doctorante en anthropologie à l'University College of London, spécialisée sur le Moyen-Orient. Le deuxième volet sera publié dans l'édition de demain.  

En ce mois de juillet, les attaques contre Gaza ont été suivies à la fois d’un soutien ouvert à Israël et à ses dirigeants par l’État français, mais aussi à la criminalisation de ceux qui manifestent en soutien à Gaza. Après l’interdiction de deux manifestations parisiennes en soutien à Gaza on a assisté à l’arrestation et à la condamnation avec sursis de nombreux manifestants, qui ont bravé cette interdiction, alors que ces derniers n’avaient pas de casier judiciaire jusqu’à présent. On note ainsi qu’à l’amalgame entre ‘pro-Palestiniens’ et antisémites voire négationnistes, qui n’est pas une nouveauté en France où un tabou énorme pèse sur quiconque ose soutenir les Palestiniens et critique la politique d’Israël, s’ajoute désormais la criminalisation de ceux qui soutiennent ouvertement les Palestiniens. Ce double standard qui hante la politique française à l’égard de ce que les politiciens nomment « le conflit israélo-palestinien » semble lié en France à un passé qui ne passe pas : à la collaboration de l’État français avec l’Allemagne nazie et à sa responsabilité dans la Shoah. Cependant, je voudrais défendre ici l’idée que c’est au contraire au nom de la Shoah et de l’injonction lancée à l’humanité « plus jamais ça ! » que la France se doit de dénoncer les crimes d’Israël.

Soutenir les Palestiniens c’est être pro-humanité, pro-droits de l’Homme, pro-dignité humaine, pro-liberté

Boy and soldier in front of Israeli wall - West Bank via Wikipédia CC-BY-2.0

Garçon et soldat en Palestiine (West Bank) via Wikipédia CC-BY-2.0

Ceux que l’on nomme ‘pro-Palestiniens’ ont souvent été assimilés en France à des extrémistes en tout genre : qu’ils soient qualifiés de gauchistes, d’antisémites, voire de fachos. Mais, aujourd’hui encore plus qu’hier, il n’y a pas besoin d’être ‘pro-Palestinien’ pour soutenir les demandes des Palestiniens et pour demander la fin de la violence et de l’oppression d’Israël en Palestine. Aujourd’hui encore plus qu’hier, il suffit d’être pro-humanité, pro-droits de l’Homme, pro-dignité humaine, pro-liberté pour condamner la politique d’Israël en Palestine car aujourd’hui plus personne ne peut ignorer que cette politique est sanctionnée par l’ONU, et nous sommes tous témoins, via divers médias, des crimes commis aujourd’hui à Gaza. Pour demander la fin de l’occupation illégale, sanctionnée à plusieurs reprises par l’ONU, il suffit de reconnaître le droit international, ce qui n’est pas extravagant quand on y pense, et ce qui est d’ailleurs censé être le cas de tous les pays membres de l’ONU, qui plus est lorsqu’il en vient aux Etats-Unis et à l’Europe qui figurent parmi ses pères fondateurs et ses principaux leaders. Demander la fin de la colonisation de la Palestine c’est être anticolonial et après la vague de décolonisation massive des années 60 et la condamnation unanime de la colonisation, il semble curieux qu’une telle demande ne soit pas plus évidente. Et même plus, reconnaître les crimes de guerre commis contre les Palestiniens demande simplement de reconnaître droits et conventions internationaux – et rappelons ici que ces derniers sont une ‘invention’ européo-américaine, et qu’il est donc difficile de comprendre comment les dirigeants de ces pays peuvent justifier leur violation systématique. Mais plus important encore, il devrait être suffisant de reconnaître les droits de l’homme (et ici on pourrait même dire qu’il suffit d’être humain, i.e. d’avoir de l’humanité) pour s’opposer aux crimes contre l’humanité qu’Israël commet en Palestine et d’être contre le meurtre systématique des habitants de Gaza.

Affiche prônant la réconciliation: drapeaux israélien et palestinien et le mot paix en arabe et en hébreu.  via wikipédia CC-BY-2.0

Affiche prônant la réconciliation: drapeaux israélien et palestinien et le mot paix en arabe et en hébreu. via wikipédia CC-BY-2.0

Quand on pense à ce dernier point – qu’il n’y a pas besoin d’être un fervent gauchiste ou un ‘pro-Palestinien’, ou même au final d’être antisioniste pour demander que les crimes contre l’humanité commis par Israël à Gaza, et dans le reste de la Palestine, cessent et soient fermement punis – on a du mal à imaginer qu’une telle condamnation, faisant appel au droit et non à la force, faisant appel à des valeurs universelles et humanistes, ne soit pas plus consensuelle et soit même criminalisée. Il est d’autant plus surprenant que le « pays des droits de l’homme », la France, ne condamne pas les crimes d’Israël et criminalise les « pro-Palestiniens » ou, devrait-on dire, ceux qui manifestent contre le massacre d’un peuple amassé dans un ghetto surpeuplé, formé par les plus grands camps de réfugiés au monde, et attaqué par une des armées les plus puissantes et les mieux armées au monde…

Mettre les Palestiniens « au régime »

Il faut ajouter à cela que Gaza a été transformé en un véritable « camp-prison » par Israël, selon les mots de D. Cameron, premier ministre britannique, et même en un véritable « ghetto », selon les termes de l’historien israélien Ilan Pappe . En effet, cette bande de terre qui longe la Méditerranée est encerclée et ses habitants n’ont pas de moyen d’en sortir – frontières internationales fermées, accès à la mer limité, aéroport international détruit – et les personnes et les biens qui y entrent sont fortement contrôlés. Un interview donné par Weissglass, l’éminence grise d’Ariel Sharon, à Haaretz révèle que les dirigeants israéliens ont minutieusement calculé le nombre de calories nécessaires pour que les Palestiniens ne meurent pas de faim, mais qu’ils soient « mis au régime » . Et c’est ce nombre de calories qui détermine les produits qui sont autorisés à entrer à Gaza. Mais les dirigeants israéliens ont aussi décidé d’interdire des biens qui ne répondent pas à des besoins vitaux premiers tels que du papier A4, du shampoing, des chaussures, du chocolat et des crayons de couleur ou du coriandre. C’est d’abord sur ces listes de biens bannis à Gaza que l’on peut lire la déshumanisation systématique des Palestiniens par Israël. Mais à cette politique de ghettoïsation de Gaza se juxtapose une politique d’apartheid et de nettoyage ethnique dans le reste de la Palestine. Fort d’avoir confisqué la plupart des terres palestiniennes depuis 1948, Israël poursuit une politique de colonisation et de dépossession des terres et des propriétés palestiniennes sans relâche. D’autre part, outre le fait que les Palestiniens ne peuvent accéder à certaines zones de leur territoire et ne peuvent conduire sur des routes réservées aux Israéliens, les Palestiniens sont victimes d’arrestation et de détention illégales indéfinies et sans procès dans les prisons israéliennes, et ces dernières touchent aussi bien adultes qu’enfants. Les Palestiniens sont ainsi quotidiennement humiliés, déshumanisés, et finalement victimes de ce que Pappe nomme un « génocide graduel » .

Cependant, depuis deux semaines les représentants européens et nord-américains se pressent d’annoncer leur soutien à Israël dans sa tentative de destruction des tunnels que les Palestiniens ont osé construire à Gaza pour tenter de relâcher la pression de telles restrictions pesant sur une population de plus de 1.8 millions d’âmes. Comment les Palestiniens de Gaza osent-ils se défendre, armés de roquettes artisanales, contre un État-nation raciste, criminel et militariste qui n’essaie même plus de cacher ses appétits génocidaires et auquel la communauté internationale apporte un soutien sans faille? On voit tristement appliquer ici les fameux mots de La Fontaine, qui pourtant écrivait une critique de cette a-raison : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». En outre, les critiques lancées contre la « violence » des mouvements de résistance palestiniens repose la question si bien amenée par Stokely Carmichael: comment peut-on demander à ceux qui sont victimes de violences systématiques de répondre à ces violences de façon non violente? Ne faut-il pas demander à l’oppresseur de cesser sa violence avant de demander à l’oppressé d’être non-violent ?

Il est plus qu’étonnant, dans ce contexte, d’entendre les arguments de certains hommes politiques français en réaction aux manifestations de soutien aux Palestiniens. Un certain nombre de phrases sont particulièrement choquantes. Le Président de la République française ne s’est pas contenté de conforter son homologue israélien dans ses crimes, mais il refuse, en outre, « l’importation du conflit israélo-palestinien en France ». Or, le bombardement systématique et programmé d’une des zones les plus densément peuplées au monde n’est pas un conflit, mais c’est un « meurtre » comme le dit Noam Chomsky. En effet, le meurtre de civils sans défense, si ce n’est celle de quelques roquettes artisanales de groupes de résistance, ne peut être qualifié de conflit : c’est davantage un crime de guerre – attaque de civils qui n’ont pas de lieu sûr dans lequel se réfugier –, voire un crime contre l’humanité – une « violation délibérée et ignominieuse des droits fondamentaux d'un individu ou d'un groupe d'individus inspirée par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux ». Dans ce contexte il est presque cynique d’entendre le Président français dire de ce « conflit » qu’il serait importé en France… M. Hollande fait ici un raccourci rapide de l’histoire de la région et semble oublier  que ce qu’il nomme le « conflit israélo-palestinien » est la solution que les Européens ont trouvé à un problème … européen… comme le dit si bien James Baldwin : « l’État d’Israël a été créé pour sauvegarder les intérêts occidentaux. » Quant aux violences auxquelles on a assisté à la fin de certaines des manifestations en soutien au peuple palestinien, ces violences ne résultent-elles pas plutôt de problèmes bien spécifiques à la société française et à son refus de les reconnaître et d’y trouver une solution ? N’oublions pas que nous habitons une société de plus en plus inégalitaire et clivée, qui plus est habitée par un racisme structurel et une islamophobie grandissante. Et il ne s’agit pas ici de justifier ces violences, mais de demander qu’on en retrace l’origine plutôt que d’y trouver une excuse toute faite, « le conflit israélo-palestinien », pour ne pas s’en préoccuper.

Ces selfies de militaires narcissiques qui trahissent l'agression de la Russie contre l'Ukraine

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Images mixed by author.

Montage d'images par l'auteur.

“On a tiré sur l'Ukraine toute la nuit.” Tels sont les mots écrits la semaine dernière par un jeune soldat russe sur sa page de réseau social, sur laquelle il a publié une photo de matériel militaire en rase campagne. Quand sa publication est devenue virale, le soldat a retiré le mot “Ukraine” de la légende. Puis son compte a totalement disparu. A présent il prétend avoir été piraté et nie avoir jamais publié les photos.

La page Vkontakte originelle de Vadim Grigoriev sur laquelle le post était initialement paru n'est plus accessible, car supprimée peu après que son compte a commencé à attirer l'attention des internautes. Le post reste toutefois visible dans sa splendeur d'origine, grâce à un autre usager de VK, Vladislav Laptev, qui l'a re-posté sur son propre mur :

Screenshot of Vadim's original post reposted by Vladislav Laptev, with Vadim's original caption of the photo reading "We've been shooting at Ukraine all night long." Vladimir comments above the repost: "Don't forget to switch off geotagging when you post photos, soldiers:) This isn't the first time you fail:) UPD: The photos are being taken down, but they're preserved here:)"

Capture d'écran de la publication originelle de Vadim reprise par Vladislav Laptev, avec la légende d'origine de la photo, “On a tiré sur l'Ukraine toute la nuit.” Commentaire de Vladislav au-dessus de la re-publication : “N'oubliez pas de désactiver la géolocalisation quand vous mettez en ligne des photos, soldats :) Ce n'est pas votre premier loupé :) mise au point : Les photos sont retirées, mais sont conservées ici :)”

Grigoriev a réagi vite, mais pas assez. Utilisant le service Peeep.us, les Twittos ont effectué une copie complète de son copte VK aussitôt que Grigoriev a commencé à rectifier ses posts.

Une copie sauvegardée de la page de Vadik, déjà sans le mot “Ukraine”.

La copie sauvegardée comporte davantage d'images de Grigoriev et de ses camarades combattants datant de fin juillet. Les légendes des photos précisent à l'occasion qu'elles ont été prises à la frontière russo-ukrainienne.

Screenshot of an earlier post on Vadim Grigoryev's VK wall (from saved copy of page), caption above photo reads: "We've been in the fields for two weeks now, unwashed, on the border with Ukraine."

Capture d'écran d'un message antérieur sur le mur VK de Vadim Grigoriev (à partir d'une copie sauvegardée), texte au-dessus de la photo : “Nous sommes dans les champs depuis déjà deux semaines, non lavés, à la frontière avec l'Ukraine.”

Le site web russe TJournal.ru a produit une excellente collection des preuves photographiques croissantes de la présence militaire russe à la frontière ukrainienne, toutes éliminées des comptes Vkontakte appartenant à Grigoriev et ses semblables. Les reporters de TJournal ont trouvé d'autres posts mentionnant l'Ukraine, et découvert que l'un des amis de Grigoriev sur VK avait même publié une carte de leur trajet, commencé dans la localité d'Ordjonikidzevskaïa en Ingouchie (une région russe du Nord-Caucase) et abouti au village de Pokrovske, dans l'oblast de Rostov, à la frontière avec l'Ukraine.

Ivan Zherebtsov posted this image of a route from Ingushetia to the Russian border with Ukraine - his account has now also been removed, but this screenshot remains. (Image courtesy of tjournal.ru.)

Ivan Jerebtsov a publié cette photo d'un itinéraire entre l'Ingouchie et la frontière russe avec l'Ukraine – son compte a lui aussi été fermé, mais cette capture d'écran demeure. (Image aimablement autorisée par tjournal.ru.)

La plupart de ces preuves sont évidemment indirectes, rien ne désigne explicitement les forces russes engageant le combat avec les Ukrainiens par-dessus la frontière—à part le post supprimé de Grigoriev.

Le lendemain de son accession à la célébrité en ligne suivie de sa disparition de VK, Grigoriev a surgi au journal télévisé du soir, sur la chaîne d'Etat Rossia 24, pour clamer qu'il n'avait pas posté les photos incriminées. Il a affirmé qu'il n'avait pas écrit sur sa page depuis plus d'un mois, et qu'il ne s'était pas rendu compte que quelqu'un y ajoutait des photos.

Vadim Grigoryev appears on the evening news of Rossia-24 channel on July 24, 2014. Screencap courtesy of tjournal.ru.

Vadim Grigoriev apparaît dans le journal télévisé du soir de la chaîne Rossia-24 channel le 24 juillet 2014. Copie d'écran aimablement autorisée par tjournal.ru.

Слышу вообще первый раз. Не могу знать… В “Контакте” я был, может, уже месяц назад. Заходил очень давно. Сейчас, на данный момент, ничего не знаю.

C'est la première fois que j'entends ça. Je ne peux pas savoir… Je suis allé sur Vkontakte il y a peut-être un mois. Ça fait très longtemps. Aujourd'hui, en ce moment précis, je ne sais rien.

Quand Grigoriev a appris que la photo devenait virale, son premier soupçon, dit-il, était que son compte avait été piraté, et il a demandé à sa famille de suspendre le compte.

Возможно, взломали. Я слышал, что бывает, что взламывают “Контакты”. Часто говорят. Возможно, взломали… Позвонил родителям, сестре — сказал, чтобы заблокировали страницу. Ну и всё удалили.

Peut-être il a été piraté. J'ai entendu qu'il arrive que Vkontakte soit piraté. Souvent, dit-on. Peut-être il a été piraté… J'ai appeIé mes parents, ma soeur, et leur ai dit de bloquer la page. Et ils ont tout enlevé.

Grigoriev a dit que les photos prétendûment prises la semaine dernière remontaient à plusieurs mois au moins. (Les photos de la frontière ukrainienne ont probablement été prises par un iPhone, que Grigoriev dit ne pas avoir eu sur lui fin juillet). 

Si la page de Grigoriev a été effacée des serveurs de VK, des posts similaires continuent à apparaître de-ci de-là en ligne, où ils sont aussitôt immortalisés en captures d'écran par des usagers diligents de médias sociaux. Cette semaine même, des utilisateurs de Twitter ont réalisé des captures d'écran d'un autre soldat russe racontant en ligne avoir envoyé des missiles Grad en Ukraine.

La journaliste de BBC Ukraine Myroslava Petsa a publié cette capture d'écran de la page VK de Mikhaïl Tchougounov (le post originel, à présent supprimé, date du 11 juillet) :

Un nouveau jour, un nouveau soldat de Russie se vante d'attaquer l'Ukraine (Texte sur la capture d'écran : “Avec les Grads vers l'Ukraine…”)

Fiodor Morkvo a enregistré les commentaires sous un précédent post de Tchougounov :

Plus la force de réagir à cette merde
(Texte sur la capture d'écran :
“- Départ…
- Vers où ?
- Vers où ?
- Vladimir, l'Ukraine!
- Mikhaïl, à quoi bon ?
- Vitali, il faut croire que c'est dur pour les nôtres sans nos Grads:)
- Mikhaïl, pas de mauvais tour aux nôtres, tire avec précision !”)

La rédactrice en chef de Hromadske TV Olga Tokariuk a également publié plusieurs captures d'écran de divers utilisateurs de VK avec le même genre de preuve :

Encore des soldats russes qui se vantent sur les réseaux sociaux qu'ils sont en route pour l'Ukraine (Texte sur la capture d'écran : “l'Ukraine nous attend, artilleurs !”)

D'autres jeunes soldats russes, impatients de faire étalage de leurs aventures à la frontière ukrainienne, seront probablement découverts, feront le buzz, avant de comprendre la nécessité de supprimer leurs comptes. Certains pourraient bien être bidonnés, mais s'il n'y en a qu'un seul d'authentique, RuNet aura déterré la preuve concrète de l'agression russe contre le territoire de l'Ukraine. Chaque nouveau militaire assez imprudent pour avoir publié “bombardé l'ennemi” va-t-il se défendre avec “mon compte a été piraté” ? Les autres vont-ils résister à l'envie de prendre ce selfie traîtreusement géolocalisé ?

MISE A JOUR : Les autorités russes prennent déjà, semble-t-il, des dispositions pour éradiquer les selfies militaires narcissiques. Le 29 juillet, les médias russes ont rapporté que Vadim Soloviov, député communiste à la Douma, travaille à des modifications de la loi fédérale sur le service militaire qui interdiraient en substance aux appelés de poster sur les réseaux sociaux toutes photos représentant du matériel militaire ou des armes. Les informations hautement sensibles relayées par de telles images, estime le parlementaire, sapent la sécurité de l'Etat et “pourraient être utilisées par les médias occidentaux pour des provocations.” Soloviov précise que les soldats resteront autorisés à utiliser l'Internet pour la correspondance personnelle. De toutes façons, défendent les spécialistes russes, les U.S.A. ont bien déjà des règles similaires pour leur armée.

Madagascar: Guide humoristique du net pour les cybernautes malgaches

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 publie sur son blog Lay Corbeille – Mondoblog un guide humoristique qui conseille aux internautes malgaches comment formuler leur phrases pour éviter de se retrouver en prison pour un mot ou une tournure de phrase inappropriée, suite à l'adoption d'une loi jugée liberticide:

Tous les Malgaches, en particulier les cybernautes, se sentent menacés par cette nouvelle loi dite : Article 20 de la loi 2014-006 du 25 mai 2014 sur la cybercriminalité à Madagascar. L’homme est toujours effrayé par l’inconnu. Et la majorité des Malgaches redoute la prison. Madagascar n’a pas de centre pénitencier à étoiles, au contraire….

Et depuis, on devient tous paranos. Chaque article, chaque publication, chaque tweet est lu et relu avant envoi. Et les questions dans les groupes et les forums sont pléthore.

Donc, ce guide s’adresse au cybernaute gasy lambda qui n’a jamais eu de mauvaises intentions, mais qui a l’habitude de naviguer en toute liberté et sans souci. Il peut intéresser aussi le monde entier car le web est mondial. Désormais, pour éviter la prison ou l’amende de 20 à 1 000 fois votre petit SMIC à cause d’un clic malheureux, adoptez les nouvelles attitudes suivantes

Israël / Palestine : une schizophrénie française ? (2ème partie)

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2ème volet d'une tribune de Charlotte Loris-Rodionoff, doctorante en anthropologie à l'University College of London, spécialisée sur le Moyen-Orient. Le 1er volet se trouve ici.

Les lieux saints : Esplanade des mosquées et Mur des lamentations, l'un des enjeux du conflit via wikipedia - CC BY-SA 3.0

Les lieux saints : Esplanade des mosquées et Mur des lamentations, l'un des enjeux du conflit via wikipedia – CC BY-SA 3.0

 

La mémoire de la Shoah ne devrait pas servir d’excuse à la France pour soutenir Israël, au contraire elle devrait être sa raison de le condamner

Ce qui paraît encore plus étonnant dans un tel contexte est le discours de commémoration de la rafle du Vel’ d’Hiv’ du premier ministre français qui parle d’ « une jeunesse (…) sans conscience de l’histoire » pour décrire ceux qui se sont rendus à la manifestation du 19 juillet en soutien à Gaza. On est en droit de se demander aux vues de la situation en Palestine si ce n’est pas M. Valls et la classe politique française qui sont « sans conscience de l’histoire »… Car l’injonction lancée à l’humanité après la Shoah est : « plus jamais ça ! ». Et « plus jamais ça ! » n’est pas une injonction exclusive, c'est un cri universel et humaniste qui signifie : plus jamais de déshumanisation systématique de l’Autre, plus jamais de camps et de ghettos, plus jamais de meurtre programmé et calculé d’une population enfermée sur critères religieux et/ou ethniques dans des camps et ghettos. Dire « plus jamais ça ! » c’est dire plus jamais de politique raciste, plus jamais d’apartheid, plus jamais de politique militariste aux velléités impérialistes et de camps fermés dans lesquels on peut tuer en toute impunité. C’est donc en la mémoire de la Shoah, mémoire que la classe politique française se tient à honorer, au nom de l’injonction « plus jamais ça !», que la France et la classe politique française devraient s’opposer à ce qui se passe aujourd’hui en Palestine. C’est en ce nom même que l’on devrait s’élever contre le ghetto-Gaza, contre l’arrestation, la torture et le meurtre en masse des Palestiniens, ainsi que contre leur déshumanisation systématique par l’État israélien – contre les velléités génocidaires qui sont de plus en plus clairement exprimées depuis que les bombardements de Gaza ont commencé. « Plus jamais ça ! », c’est avant tout un cri pour la dignité humaine, et pour que les droits de l’homme soient respectés partout dans le monde, et tous devraient être capables de se rallier à ces mots d’ordre. C’est pour ces mêmes raisons que soutenir les Palestiniens devraient être l’affaire de tous, au-delà de toute appartenance politique, nationale et religieuse .

Mur israélo-palestinien côté Palestine, entre Yérushalaim et Beitlehem. via JDesplats CC BY-SA 3.0

Mur israélo-palestinien côté Palestine, entre Yérushalaim et Beitlehem. via JDesplats CC BY-SA 3.0

Il est temps que la culpabilité des politiques français et la responsabilité de l’État français dans la Shoah ne servent plus d’excuse pour ignorer les violences génocidaires commises contre les Palestiniens et pour criminaliser les pro-Palestiniens et assimiler l’antisionisme à l’antisémitisme voire au négationnisme. Car c’est d’une lutte commune que l’on parle ici, une lutte que tous devraient embrasser : une lutte pour la dignité humaine. C’est au nom de ce principe et de l’injonction « plus jamais ça !» que la France aurait du s’opposer depuis longtemps au non-respect des nombreuses sanctions imposées par l’ONU à Israël, c’est pour cela qu’elle devrait s’opposer aux crimes contre l’humanité commis en toute impunité par Israël, et c’est pour cela qu’elle doit aujourd’hui condamner le meurtre de la population de Gaza et demander la fin de l’occupation et de l’apartheid en Palestine. C’est en ce même nom que le Président français ne devrait pas féliciter et encourager un premier ministre raciste et criminel qui plus est délibérément d’extrême droite. Et si ce n’est ni au nom du droit international, ni au nom des droits de l’homme, dont la France se dit le pays, c’est au nom de la mémoire de la Shoah que les hommes politiques français viennent de définir comme centrale à notre pays que l’on devrait s’opposer au meurtre massif et planifié de la population du ghetto-Gaza. Finalement, c’est pour cette même raison que les organisations juives de France devraient être les premières à dénoncer les crimes d’Israël.

Il est peut-être encore temps – pour ne pas être à nouveau coupable de collaboration dans la perpétration de crimes contre l’humanité – de sortir de cette schizophrénie franco-française et de réformer cette société rongée par un racisme structurel et une islamophobie galopante. Il est temps que ce ne soit plus seulement la société civile qui appelle au respect de la loi internationale et à la condamnation des crimes contre l’humanité mais que la classe politique française le fasse aussi. Il est temps de voir, comme aux Etats-Unis, les organisations juives de France s’opposer massivement aux attaques criminelles et aux appétits génocidaires d’Israël. Et il est sans doute temps de donner un peu plus de crédibilité à ceux qui manifestent pour le droit des Palestiniens et de reconnaître qu’être « pro-Palestinien » ou « antisioniste » n’est pas être antisémite et négationniste.

#GazaNames : Des célébrités et des militants honorent les morts de Gaza par une campagne de photos

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[Liens en anglais] L'organisation Jewish Voice for Peace [Voix Juive pour la Paix] basée aux USA a lancé une campagne condamnant l'agression militaire israélienne contre Gaza, qui a déjà fait plus de 1.400 morts chez les Palestiniens (au moment de l'écriture de cet article), dont une vaste majorité de civils avec plus de 300 enfants.

La campagne #GazaNames [les morts de Gaza ont des noms] fait apparaître des dizaines de célébrités et personnes engagées tenant des feuilles avec le nom de victimes de l’ “Opération Bordure Protectrice” qualifié de “massacre” par les détracteurs de la politique israélienne dans les territoires occupés.

Voici la déclaration publiée par Jewish Voice for Peace sur son site Freedom4Palestine [Liberté pour la Palestine] :

Un groupe diversifié de célébrités, artistes et militants, qui rassemble des Juifs et des Palestiniens américains, défendent les droits humains des Palestiniens dans une vidéo publiée en ligne aujourd'hui. Cette vidéo est une première par son expression bienveillante de soutien à la liberté, l'égalité et la justice palestiniennes, avec la participation de célébrités comme  Chuck D, Jonathan Demme, Gloria Steinem, Wallace Shawn, Tony Kushner, Mira Nair, Roger Waters, Brian Eno, et d'autres, qui tiennent des feuilles avec les noms et âges de civils palestiniens venant d'être tués par l'armée israélienne à Gaza.

“Les dirigeants israéliens paraissent sincères quand ils se disent convaincus que leurs actes sont appropriés. Apparemment, un de ‘nous’ vaut de multiples ‘eux’”, a dit le comédien et dramaturge Wallace Shawn, qui assure le commentaire en voix-off de la vidéo. “Les dirigeants américains savent qu'ils mentent quand ils défendent le meurtre d'enfants dans leurs lits. Et nous, l'opinion, nous payons les bombes, payons les avions, et faisons semblant de ne pas savoir”.

Alors qu'Israël poursuit son assaut contre la Bande de Gaza occupée, assiégée et sous blocus, qui a tué plus de 1.400 Palestiniens depuis le 8 juillet, pour la plupart des civils, un nombre croissant de citoyens du monde conscients se sentent obligés de dénoncer l'attaque disproportionnée d'Israël contre le peuple palestinien. Outre celles apparaissant dans la vidéo, des célébrités en nombre croissant dénoncent sur les médias sociaux les horreurs dont nous sommes témoins à Gaza, comme l'ont rapporté récemment BuzzFeed et The Hollywood Reporter.

“Nous avons voulu fournir une plate-forme à la liste qui s'allonge de personnalités indignées par la violence brutale d'Israël contre la population civile de Gaza”, a dit Rebecca Vilkomerson, directrice exécutive de Jewish Voice for Peace (JVP), une organisation qui a co-produit la vidéo. “Notre message est qu'assurer la liberté et la justice aux Palestiniens est le seul chemin d'une paix durable.”

“Ma famille a été forcée de fuir notre Jérusalem bien-aimée en 1948 et chaque jour depuis, nous avons désiré ardemment la liberté”, a dit Nina Saah, une survivante de 83 ans de la Nakba montrée dans la vidéo. “Ce qui se passe à Gaza me brise à nouveau complètement le coeur. Et pourtant je suis tellement émue par tous ceux qui se sont rencontrés dans cette vidéo et l'afflux de solidarité que je vois pour les Palestiniens. Cela me donne l'espoir que ce sont les gens à travers le monde qui changeront notre situation et que la liberté et la justice viendront.”

“C'est un cri sur papier. C'est un mur”, a dit l'auteur dramatique Eve Ensler, une des artistes apparaissant dans la vidéo. “Il n'y a plus de mots. Que cet instant où nous nous dressons contre l'occupation illégale et mortifère de la Palestine, contre le meurtre de masse d'êtres sans défense, contre le silence complice de la communauté internationale, contre la puissance et l'arrogance militaires des gouvernements israélien et américain qui préfèrent l'annihilation à la justice et à l'amour”.

La liste complète des participants est visible ici.

La guerre actuelle contre Gaza se distingue des précédentes par sa couverture détaillée sur les médias sociaux. Comme l'écrit la militante israélienne Mira Bar-Hiller dans sa tribune pour The Independent, “Israël a découvert que tuer ne reste plus si facilement impuni à l'ère des médias sociaux”.

La page ‘En savoir plus‘ explique les motivations de la campagne :

Avec la création de l'Etat d'Israël en 1948, 750.000 Palestiniens qui ont fui les combats —ou ont été expulsés—n'ont pas été autorisés à rentrer chez eux et sont devenus des réfugiés. Depuis 1967, Israël occupe la Cisjordanie et Gaza, contrôlant les vies de millions de Palestiniens. Trois quarts des Palestiniens de Gaza sont les descendants des réfugiés qui vivaient dans ce qui est devenu Israël en 1948.

Depuis sept ans, les gens de Gaza vivent illégalement assiégés par Israël, avec des restrictions destructrices sur les déplacements des personnes et l'approvisionnement en nourriture, carburant et autres produits de base. Depuis 2008, Israël a lancé 3 attaques militaires à grande échelle contre Gaza, avec des avions de chasse F-16, des hélicoptères Apache, et, en 2008-2009, du phosphore blanc. Le Hamas a riposté avec de l'armement inférieur, en lançant des roquettes sur Israël.

Plus de 2.592 Palestiniens et 61 Israéliens sont morts (au 28 juillet 2014) dans ces attaques largement disproportionnés, où plusieurs milliers ont été blessés ou sont devenus invalides. L'immense majorité des victimes sont des civils palestiniens, notamment des femmes et des enfants.

Les Palestiniens subissent l'absence d'Etat, l'occupation, la dépossession et l'absence de droits de base, en même temps qu'Israël ne cesse de s'approprier leurs terres et de leur refuser la liberté.

Tout le monde peut prendre part à la campagne en envoyant une photographie ”de votre manière de résister, ou du nom d'une personne que vous voulez commémorer”.

Voici quelques-unes qui ont été aussi partagées sur Twitter sous le mot-dièse #GazaNames [Noms de Gaza].

Ils ont des noms. Les victimes des massacres israéliens à Gaza.

Vidéo : Célébrités, artistes et personnes engagées appellent à la liberté de la Palestine dans le projet #GazaNames 

J'ai posté cette photo sur le projet #gazanames. Regardez cette vidéo et merci de faire de même. [texte : "Chaque mort d'home ou de femme me diminue"]

Ma photo n'est pas sur la vidéo, mais voici un nom de plus #gazanames

Voyager : prenons le ‘train de la mer', au Kirghizistan

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Issyk-Kul during the tourist season. Screenshot from video uploaded onto YouTube by Alexey Nikitin.

Le lac Issyk-Koul en haute saison touristique, capture d'écran d'une video téléchargée sur YouTube par Alexey Nikitin.

Autrefois, le lac Issyk-Koul était un lieu de repos pour les nomades d'Asie centrale. Il s'agit probablement de ce qui ressemble le plus à la mer en Asie centrale. Aujourd'hui, c'est une destination touristique prisée des touristes de l'ex Union Soviétique et au-delà. Mais avant d'admirer la beauté des eaux couleur saphir et des monts environnants constellés de neige, les visiteurs de “l'oeil de Tian Shan” doivent décider comment s'y rendre. 

Les cinq longues heures de trajet en train, de la capitale Bichkek à Balyktchy sur la rive ouest du lac, ont rendu le train moins fréquenté depuis la fin de l'Union soviétique. Beaucoup de personnes possèdent une voiture maintenant  - le trajet est plus court par la route  - et certaines craignent les risques éventuels d'un voyage en train, celui présenté par les passagers qui le prennent (des personnes qui ne possèdent pas de voiture) ou les vendeurs ambulants qui parcourent les couloirs du train pour vendre des snacks, des babioles et autres objets variés.

Mais le train a toujours des amateurs. Ils voient ce voyage comme une occasion de jouer aux cartes, de lire, d'apprécier un peu plus longtemps la vue des gorges de Boom, situées à mi-chemin entre le lac et la capitale, un moment de splendeur naturelle qui vient interrompre un paysage continu de steppes. 

The Boom Gorgeas seen from the Bishkek-Balykchy train. Photo by Zukhra Iakupbaeva.

Les gorges de  Boom vues du train  Bichkek-Balykchy. Photo Zukhra Iakupbaeva.

 Le train pour Balykchy part chaque jour à 6h40 du matin. Le voyage n'est pas aussi dangereux que certains le dépeignent, et il offre aussi une occasion rare d'observer un échantillon de la société kirghize, fuyant le stress de la ville pour les plaisirs du lac, des  familles avec chien et enfants jusqu'aux personnes âgées qui investissent une partie de leur modeste retraite dans ce pèlerinage estival.

A bord, le confort est minimal : un siège-couchette dur et une table partagée avec trois autres passagers. La chef de bord n'est pas seulement le point d'informations du train, mais s'improvise aussi médecin et peut distribuer des médicaments tirés d'un sac spécial en cas de besoin. Le train n'ayant pas de wagon restaurant, les passagers apportent leur propre pitance à bord, qui est souvent le classique menu post soviétique, graines de tournesol et bière. 

Quand on demande aux voyageurs pourquoi ils ont choisi ce moyen de transport pour se rendre au lac, la plupart mettent en avant le prix (un peu plus d'un dollar, comparé aux dix dollars US que coute un siège dans un taxi collectif) et le confort de l'espace que l'on a dans un train. 

The train to Issyk-Kul is a social experience.

Le “train lent” pour Issyk-Koul est une expérience de vie en société. Photo Zukhra Iakupbaeva.

Sur Facebook, Mara Bugatti Ekin Uulu, loue la ‘démocratie naturelle’ que l'on trouve à bord du train   Bichkek-Balykchy : 

Klassno) ya v 2011 godu s'ezdil s druzyami. Eto tema. Zahotel lejish, zahotel sobral rebyat I igru mojno zamutit). Da, vot 5 chasov dolgo ((( no nado otmetit v hotel kak raz i zaselites)))) obychno s obeda) vsem horoshego otdyha) hot’ odin raz poprobuite)

C'est formidable. Je l'ai pris avec des amis en 2011. Vraiment cool. Vous pouvez vous allonger sur l'un des lits si vous voulez ou jouer à des jeux avec les passagers. Bien sûr, 5 heures, ça peut paraitre long, mais nous sommes arrivés pile à temps pour nous installer dans notre hôtel à l'heure du déjeuner)))) Je vous souhaite à tous un bon repos à Issyk-Koul. Vous devriez essayer le train au moins une fois) 

Un autre usager du train, Sapar Ibraev, commente les paysages qu'il offre :

Нууу, да ты самое интересное пропустила))) Путь назад намного красивее – закат, ночные огни города, и потом приезжаешь в прохладный вечерний Бишкек)) И в поезде после 8 вечера такая тишина всегда, все спят…

Le trajet retour, Balykchy-Bichkek, est beaucoup plus beau : coucher de soleil, lumières des villes, et ensuite vous arrivez dans la nuit fraiche de  Bichkek)) Tout est calme après 20 heures dans le train, tout le monde dort…

Le train effectue plusieurs arrêts. Cette jeune famille est montée à bord dans un village juste avant les gorges et prenait le train pour la première fois.  Yulia (à gauche ) a dit :  ”C'est assez pittoresque de voir la route à travers les gorges que nous prenons presque chaque jour de haut, depuis les montagnes.”

Train 1

Yulia et sa famille vivent dans un village entre Bichkek et Issyk-Koul. Photo  Zukhra Iakupbaeva.

La chef de bord, Zeine, 56 ans, travaille pour la compagnie nationale kirghize des chemins de fer depuis 33 ans. Quand on lui demande des anecdotes sur ses années passées dans les trains, elle se souvient de l'histoire d'une dame enceinte, qui s'était rendue en Russie dans l'unique but de toucher une allocation d'état de 286 621 roubles (5,512 dollars) réservée aux femmes qui donnaient naissance à leur troisième enfant. La femme a réussi à accoucher dans les toilettes d'un train, une fois en sécurité sur le territoire russe, avant de changer de train pour se rendre dans un hôpital local. Ce qu'elle ignorait, c'est que l'allocation russe pour le troisième enfant ne pouvait être touchée par des ressortissantes d'un pays étranger.

Monkeys, dans un post intitulé “Comment aller à Issyk-Kul à petit prix, et en colère” publié sur la plateforme de blogs Namba.kg, a calculé que sa journée de détente à Issyk-Koul lui avait couté moins de 300 soms (6 dollars US), somme comprenant le voyage aller-retour en train, une plongée dans l'un des  magasins de fripe suspects de la ville, une dégustation de Ashlan-Fu à déjeuner et l'accès à l'une des plages les plus agréables de la ville. 

Balykchy elle-même, ville post industrielle, est loin d'être une destination à la mode ou d'attirer par son aspect esthétique (voir le reportage de Ben Rich, qui fait autorité, Balykchy: Town on the Edge) dans le numéro 19 du magazine touristique de Bishkek, Le spectateur, pour quelques vues sinistres). Les touristes du lac qui arrivent par le train peuvent préférer prendre un bus ou un taxi vers un lieu plus agréable. La ville offre cependant de l'excellent poisson fumé.

Le train Bichkek-Balykchy repart de Balykchy tous les jours à 17 heures. 

Balykchy

Le train Bichkek-Balykchy repart vers Bichkek tous les jours à 17 heures. Zeine,la femme en uniforme bleu marine,  travaille pour les chemins de fer kirghizes depuis plus de trois décennies. Photo Zukhra Iukupbaeva.


République du Congo : Le crépuscule d'un vieux dictateur

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 Rigobert Ossebi décrit la situation qui prévaut dans le cercle rapproché du Président congolais Sassou Guessou sur la-lettre-du-congo-mfoa.over-blog.com au moment de son départ pour participer au premier Sommet Afrique-États-Unis, qui se tiendra à Washington les 5 et 6 août 2014 : 

Même dans la très nombreuse famille, le malaise est grandissant. Très rares sont, parmi les rejetons, ceux qui comprennent la stratégie de leur vieux père et grand-père. Au-delà du petit cercle d’éternels courtisans, ils perçoivent tous le rejet catégorique donc ils font l’objet. Pour avoir depuis trop longtemps baigné dans une belle et facile vie, “dolce Vita”, aucun d’entre eux ne s’imagine un avenir d’enfant de Kadhafi ; l’exil en Algérie, ou au Qatar, la lutte armée auprès de groupes rebelles ou pire auprès de groupes terroristes. Leur désarroi est grand actuellement car ils ne peuvent plus compter sur la modération de leur vieille Antoinette acquise complètement au jusqu’au-boutisme de son mari. Conflit de générations ? Pas seulement ! Chacun des époux a été marqué par une grave maladie. Aucun d’eux après une si longue vie de luxe, de faste et de débauche ne se voit en changer. Leur credo serait plutôt : “quitte à mourir autant que cela soit au pouvoir !”….

A 71ans, ses proches le voient tel qu’il est réellement usé, fatigué, malade. Pour l’apparat et la représentation, comme un comédien le fait, il se maquille et revêt ses costumes sur mesure, indispensables déguisements, qui dissimulent sa prise de poids et son grand âge.

 

VIDÉO : Interruption flamenco au parlement d'Andalousie pour protester contre la crise

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Screenshot from FLO6x8's protest in Andalusia's parliament.

Capture d'écran de l'action de FLO6x8 au parlement d'Andalousie.

L'Andalousie, dans le sud de l'Espagne, est la patrie du flamenco, un genre artistique sur base de folklore, caractérisé par sa musique riche d'émotion, son chant puissant et sa danse sensuelle. Les paroles évoquent souvent l'amour et la séparation, mais aussi la douleur, la pauvreté et le chagrin — des sujets qui ne sont que trop familiers ces dernières années pour les Andalous.   

L'Espagne a taillé sans pitié dans les dépenses depuis que le pays est aux prises, ces dernières années, avec une crise économique destructrice. Le nombre de pauvres et de chômeurs a explosé dans toute l'Espagne, mais l'Andalousie souffre particulièrement.

Si les manifestations n'ont rien de rare, un collectif donne aux siennes un cachet purement andalou. Fin juin, trois membres de FLO6x8 ont interrompu successivement une séance du parlement d'Andalousie en chantant des chansons dans le style flamenco, qui dénonçaient le chômage, la corruption et la crise.  

A chaque fois, les protestataires ont été évacués de la galerie du public à peine avaient-ils commencé à chanter. A l'époque, les médias n'en ont que peu parlé, mais une vidéo de l'action avec un nouveau montage publiée sur Facebook est devenue virale depuis, avec plus de 48.000 partages. La performance est ici sous-titrée en anglais : 


La première chanteuse a fustigé le manque d'emplois en Espagne, qui a forcé beaucoup de jeunes Espagnols à s'expatrier à la recherche de travail

Pordioseando
quieres tú verme
o que emigre
Pordioseando
por un trabjao de mierda
mientras engordáis con EREs
y sois manijeros de la troika 

Mendier
voilà comment tu veux me voir
ou que j'émigre.
Mendier
pour un travail de merde
pendant que vous vous engraissez avec les licenciements
et vous êtes des valets de la troïka.

Les deux tiers des Andalous sont au chômage, selon les derniers chiffres de l'agence de statistiques de l'Union Européenne Eurostat [anglais]. La pauvreté dans la région, dont l'agriculture et le tourisme sont les principales activités, a augmenté de 11 % entre 2007 et 2012 atteignant 24,1 %, une des plus élevées d'Espagne. 

L'Andalousie a demandé un sauvetage financier [anglais] de Madrid en septembre 2012, la quatrième région à y recourir. L'Espagne a elle-même obtenu un renflouement [anglais] de126 milliards de dollars de la “troïka” — composée du Fonds Monétaire International, de la Commission Européenne et de la Banque Centrale Européenne — quelques mois auparavant pour recapitaliser son secteur bancaire malade. 

FLO6x8 a mis en scène de semblables actions de protestation dans des agences bancaires, avec chant, danse et guitare. Ainsi :

Le collectif demande l'élaboration d'une nouvelle constitution avec la participation de tous les Espagnols. En attendant, ils promettent aux politiciens qu'ils “s'exprimeront dans tous les espaces publics où vous montrerez vos vénérables figures.”

Le Cameroun réévalue la guerre contre Boko Haram après l'attaque qui a tué ou enlevé 31 membres de l'élite

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Cameroonian Special Forces during training. Can they defeat Boko Haram? Image released in the Public Domain by U.S. Africa Command.

Les forces spéciales camerounaises à l'entraînement. Peuvent-elles vaincre Boko Haram ? Image publiée dans le domaine public par l'Africa Command des Etats-Unis.

Le président camerounais Paul Biya promet “une guerre totale” [anglais] contre Boko Haram, la secte islamiste qui sème la terreur au Nigeria et menace maintenant le Cameroun. M. Biya a fait cette annonce devant les dirigeants d'Afrique de l'Ouest lors d'un sommet sur la sécurité à Paris en mai dernier. A l'issue de la conférence, le Cameroun a déployé [anglais] un millier de soldats dans le nord du pays, dont des unités du Bataillon d'Intervention Rapide (B.I.R.).

Le Cameroun a d'abord paru gagner la guerre contre Boko Haram, dont il tuait les miliciens et détruisait les bases. Mais ces dernières semaines, la situation s'est retournée. Le nombre des raids trans-frontaliers de Boko Haram au Cameroun augmente à nouveau, de même que celui des morts. Rien qu'en juillet, le mouvement a lancé des attaques d'ampleur sur des villes du Nord comme Fokotol, Amchide, Niakari, Zina, Bonderi, Bargaram et Limani.

Les craintes montantes devant ces incursions ont été portées à leur comble dimanche 27 juillet 2014, quand Boko Haram a lancé son attaque la plus adacieuse jusqu'à présent sur le sol camerounais. Une centaine d'assaillants lourdement armés ont attaqué la ville frontalière de Kolofata. Visant la maison du puissant vice-premier ministre camerounais Ahmadou Ali, ils ont tué des membres de sa famille et enlevé son épouse. Le Sultan de Kolofata a également été enlevé, avec son épouse et leurs enfants. Si Ali lui-même a échappé à la mort ou à l'enlèvement, c'est parce qu'il avait été retardé en route pour Kolofata, où il projetait de fêter la fin du ramadan en famille. Selon un article en français du quotidien gouvernemental bilingue Cameroon Tribune, les assaillants ont tué 14 personnes, emmené 17 otages, et se sont emparés de nombreux véhicules durant l'attaque.

La capacité de Boko Haram à frapper au coeur de l'élite dirigeante camerounaise — une prouesse que le mouvement n'a pas encore atteinte au Nigeria — a laissé les Camerounais sous le choc, et jeté une doute sur les affirmations récentes du pouvoir que la guerre était gagnée. L'incident soulève aussi des questions sur l'efficacité de l'appareil camerounais de sécurité et de renseignement.

Dans un entretien avec la Voix de l'Amérique, le ministre de l'Information Issa Tchiroma a répondu à ces préoccupations :

Le problème est que nous nous nous battons dans un combat asymétrique. Personne ne sait qui est Boko Haram, ils ont beaucoup infiltré ici et là [et] il est impossible de savoir quand ils vont attaquer. Le gouvernement va prendre toutes les dispositions pour examiner notre stratégie et trouver la bonne et juste réponse pour prendre en mains et maîtriser cette situation.

Malgré les tentatives des autorités de rassurer la population, les réactions sur les médias sociaux, où l'attaque a été littéralement diffusée en temps réel, ont surtout été le désespoir et l'indignation devant ce qui est perçu comme l'impuissance croissante de l'Etat à traduire son discours triomphaliste en actes concrets.

Florian Ngimbis, un des principaux blogueurs francophones du Cameroun, a déploré sur Twitter :

et ajoutait par la suite :

D'autres se sont interrogés sur l'apparent manque de précautions d'Ali avant de pénétrer dans une zone de guerre. Ahmadou Ali, connu comme le “M. Sécurité” du président Biya, est un ancien secrétaire d'Etat, actuellement à la tête de la Gendarmerie nationale. Il a aussi été Ministre d'Etat chargé de la Défense. Comment a-t-il pu se rendre dans une zone non sécurisée sans protection adéquate ? Comme l’a écrit un commentateur outré sur le site web francophone Cameroon-info.net :

D’où vient-il que connaissant la situation qui prévaut une personnalité de la trempe de Amadou Ali décide d’aller passer les fêtes du Ramadan dans une région dont la situation sécuritaire est au ROUGE comme Kolofata. Ou il est totalement inconscient ou c’est une histoire prémédité et monté de toute pièce dont lui seul connait les retombées. Avec ses hommes politiques tout est possible.

Interrogations

Les thèses d'une “trahison” ont gagné en crédibilité, découlant de l'apparente bonne information des assaillants sur les mouvements du Vice-Premier Ministre. Comme le soulignait Jean-Francis AHANDA sur Twitter :

Les interrogations portent aussi sur la véritable identité des assaillants. Du coup, certains doutent qu'il se soit même agi de Boko Haram. Ainsi, le twitteur  francophone Jean Luc demande :

@IGC_Cameroon partage son scepticisme :

Ainsi BokoHaram enlèverait des gens sur la propriété d'Amadou Ali par surprise et sans résistance. Pour qui connaît Kolofata ça n'est pas plausible

Renforçant les doutes sur l'implication du groupe nigérian, Rebecca Enonchong souligne que le raid de Kolofata ne porte pas les signes distinctifs des attaques habituelles de Boko Haram :

BokoHaram n'a pas revendiqué l'attaque de Kolofata. Il n'y a pas eu de bombes, et attaque et enlèvements étaient ciblés.

Le site web francophone Cameroon Voice va encore plus loin et affirme que l'attaque a pu être une affaire de rançon qui a mal tourné. Pour le site, l'attaque aurait été commise par ceux qui ont enlevé la famille Moulin-Fournier, pour venger une rançon non payée.

Le journal de bonne réputation L'Oeil du Sahel raconte pour sa part une autre histoire. Selon cette publication, Boko Haram a visé Ali parce que celui-ci a trop bien réussi à parer les actions de recrutement de la secte à l'intérieur de son ethnie, le peuple Kanouri. Le journal explique que Boko Haram répliquait également aux dizaines de récentes arrestations de ses militants, capturés grâce au réseau d'informateurs d'Ali.

Le renseignement en échec

Quelles que soient les motivations de l'attaque et/ou l'identité de ses auteurs, la conviction est générale que l'échelle et le succès de l'attaque de Kolofata traduisent un échec massif du renseignement. Comme Edouard Tamba, qui a été reporter au journal Le Messager, l'a souligné sur Twitter :

Une analyse partagée par le gouvernement : deux jours à peine après l'attaque de Kolofata, le Président Biya a limogé deux hauts responsables militaires chargés de la sécurité dans la région. Les troupes à la frontière nigériane ont également été triplées.

Chasse aux sorcières électronique à Bahreïn, en Israël et dans l'E.I.I.L.

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A photograph from www.B4BH.com calling  people who have any information about the child in the picture to share it in a campaign to reveal "traitors" in Bahrain.  The website, part of the electronic witch hunt which followed the Bahrain protests in 2011,  is called "Pictures of traitors of Bahrain" http://b4bh.com/album/categories.php?cat_id=441

Une image de www.B4BH.com appelle ceux qui auraient toute information sur l'enfant de la photo de la communiquer dans le cadre de la campagner pour révéler les “traîtres” à Bahreïn. Ce site web, participant de la chasse aux sorcières électronique qui a suivi les manifestations de Bahreïn en 2011, s'appelle “Photos des traîtres de Bahreïn”

Le Dictionnaire Larousse de la langue française définit ainsi la chasse aux sorcières :

poursuite et élimination systématique, par les autorités, de tous ceux qui sont soupçonnés d'opinions jugées subversives.

Dans l'histoire, chasse aux sorcières renvoie aux procès pour des crimes supposés en rapport avec la sorcellerie ou l'intervention du diable. Dans son livre “Extraordinary Popular Delusions and the Madness of Crowds” ['Illusions populaires extraordinaires et folie des foules', 1843, en anglais, non traduit], le journaliste écossais Charles Mackay écrivait que des “milliers et milliers” [de personnes] ont été mises à mort dans des procès en sorcellerie qui avaient des exigences de preuve extrêmement sommaires et étaient souvent engagés pour régler des querelles de voisinage ou entre associés.

L'expression est entrée dans le langage courant pendant l'époque du macarthysme ou deuxième peur rouge, quand le Sénateur Joseph MacCarthy a lancé aux Etats-Unis sa campagne de lutter contre les sympathisants supposés du communisme.

La guerre contre Gaza a suscité beaucoup de condamnations sur les médias sociaux. Sans surprise, un groupe a démarré un mouvement rappelant la chasse aux sorcières ou le maccarthysme pour identifier les “traîtres” – comprendre : les Israéliens qui sont opposés à la guerre. L'auteur israélienne pour Global Voices Elizabeth Tsurkov a tweeté :

La milice de droite “Les Lions de l'ombre” demande aux Israéliens de lui envoyer les photos des traîtres [Les opposants à la guerre]

On ne s'étonnera pas non plus que le mouvement djihadiste Etat Islamique en Irak et au Levant, qui a occupé le mois dernier un pan entier de l'Irak autour de Mossoul, ait débuté une campagne internet pour identifier les “apostats.” Sur un compte Twitter qui prétend parler pour l'E.I.I.L., une image a été tweetée d'individus à mettre à mort parce qu'ils sont des apostats :

Vengeance, vengeance ! La trahison dans la région de Shaitat du département d'Alkhair [nom donné par l'E.I. à Dair Alzur en Syrie] photo de certains des recherchés (1)

Un autre compte qui arbore le même logo de l'E.I.I.L. et tweete en sa faveur a publié une liste de 2000 “apostats,” qu'il appelle à tuer :

Un lien vers les noms de 2.000 individus qui seront rétribués par la volonté de Dieu #Etat_Islamique_en_Irak_Levant

Ces derniers jours ont vu passer un essaim de vidéos sinistres en provenance d'Irak montrant des décapitations de gens des minorités considérés comme des “apostats” par E.I.I.L.

Cette chasse aux sorcières moderne qui se déroule dans l'espace virtuel n'est pas neuve sur les médias sociaux : elle a conduit à l'arrestation et torture de plusieurs vingtaines de personnes à Bahrain. En 2011, le petit royaume insulaire gorgé de pétrole avait connu un soulèvement populaire [lien en anglais] suivi d'une sanglante répression, au cours de laquelle il était demandé aux gens de nommer les “traîtres” et donner leurs photos. Pendant cette chasse aux sorcières, l'ex-député Mohammed Khalid a tweeté à ses abonnés :

J'appelle les nobles personnes d'Alfatih [la mosquée qui symbolise les partisans du régime à Bahreïn] à publier les photos des traîtres qui prenaient l'apparence de colombes dans le dialogue alors qu'ils étaient des loups hurleurs qui ravagent le pays.. ils ne nous tromperont pas

De nombreuses pages se sont mises à poster des photos de contestataires appelant à les identifier. De multiples arrestations ont suivi. Même la télévision d'Etat a pris part à l'opération.

Le médecin bahreïni Jalal Almosawi a expliqué dans ce twet :

(Unis pour dévoiler les traîtres)[Une page facebook retirée après que beaucoup de personnes ont été identifiées et arrêtées par son entremise] Quiconque a une photo de son oeuvre qu'il l'envoie.. où est votre sens de l'honneur ? C'est une enchère pour la décadence morale

Les pages web de “photos de traîtres” existent toujours pour permettre de les identifier. Rien n'a été entrepris contre ceux qui ont lancé, promu ou contribué à ces campagnes de délation. La chasse aux sorcières a évolué depuis 2011, des logiciels espions sont désormais utilisés pour identifier les utilisateurs de Twitter et Instagram et les arrêter [anglais].

La responsabilité des scientifiques

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La nouvelle série Cosmos fait s'interroger Víctor R. Ruíz [espagnol] sur la quête de la connaissance scientifique, qui devient une question de responsabilité sociale, et sur le rôle des scientifiques dans la sphère publique :

Both before and then, private companies and governments have agendas that don't always coincide with general interest. Oil companies continue having scientists on their payroll who are willing to sow doubts. Countries continue financing the development of high-tech arms. And sometimes, the boundaries between private and public interests are not even clear. As explained in my Naukas Bilbao talk last year, the National Security Agency (NSA) hires a third of all mathematicians in the world. The documents revealed by Edward Snowden indicate that they have implemented and even subverted Internet technologies for spying on a global scale, not so much for the anti-terrorism fight as for commercial espionage.

Depuis longtemps, nous savons que les intérêts des compagnies privées et des gouvernements ne correspondent pas forcément à l'intérêt général. Les compagnies pétrolières recrutent toujours des scientifiques prêts à semer le doute. Les gouvernements continuent de financer le développement d'armes de pointe. Et parfois, les limites entre les intérêts privés et publics ne sont pas clairement définies. Dans mon intervention à Naukas Bilbao l'année dernière, j'explique que l'Agence Nationale de la Sécurité (NSA) embauche un tiers des mathématiciens du monde. Les documents fournis par Edward Snowden révèlent qu'ils ont développé et même bouleversé les technologies de l'internet afin de pratiquer l'espionnage à grande échelle, pas seulement pour la lutte anti-terroriste mais aussi pour l'espionnage commercial. 

 Víctor conclut en exprimant son point de vue d'écrivain scientifique :

The mad scientist cliche may seem like a myth, but the bombs that fell on Hiroshima and Nagasaki were not created by evil militaries. We cannot turn the other cheek pretending that it is not scientists and engineers who develop technologies that are later used to spy on billions of citizens or kill civilians by remote control. Today, like yesterday, it's our duty to both speak about the passion for knowledge and to criticize the collaboration of scientists on projects that threaten our society.

Le cliché du savant fou est peut être un mythe, mais les bombes qui sont tombées sur Hiroshima et Nagasaki n'ont pas été mises au point par des militaires diaboliques. On ne peut pas tendre l'autre joue et prétendre que les technologies mises au point par les scientifiques et les ingénieurs ne sont pas utilisées pour espionner des milliards de citoyens ou tuer des civils à distance. Aujourd'hui comme hier, notre devoir est aussi bien de parler de notre passion pour la connaissance que de critiquer la collaboration des scientifiques à des projets qui menacent notre société.

Ce post fait partie du premier #LunesDeBlogsGV [Les blogs du lundi de GV] du 5 mai 2014.
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