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Tour de vis loyaliste pour l'agence de presse publique russe

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Vladimir Putin upgrades his media support with a reshuffling that favors Kremlin loyalists. Image mixed by Kevin Rothrock.

Vladimir Poutine actualise son bras médiatique par un remaniement en faveur des loyalistes du Kremlin. Photo-montage de Kevin Rothrock.

Ria Novosti, une des agences d'information internationale les plus importantes et célèbres de Russie, ne passera pas l'hiver. Lundi 9 décembre, le personnel de cette institution publique a eu la surprise de découvrir un oukase présidentiel tout frais de “dissolution”. Encore plus surprenant, la nouvelle n'a pas seulement cueilli à froid les journalistes et l'encadrement, mais aussi la directrice de l'agence, Svetlana Mironiouk. On a vu des images [en russe] en ligne de Mme Mironiouk délivrant la nouvelle inattendue à ses collaborateurs. Visiblement secouée, elle semble ravaler ses larmes en remerciant ses effectifs de leur travail pendant ces longues années. 

Le pouvoir entend réorganiser RIA Novosti en “Rossiya Segodnya.” Si cette dénomination se traduit par “Russie Aujourd'hui (Russia Today, RT selon l'acronyme en anglais),” l'institution n'aura rien à voir avec RT, la télévision en langue anglaise de la Russie, titulaire originelle du nom. Le chef de l'administration de Poutine, Sergueï Ivanov, a expliqué [anglais] que “la Russie poursuit une politique indépendante et défend fermement ses intérêts nationaux. Il n'est pas facile d'expliquer cela au monde, mais nous pouvons et devons le faire.” 

La nouvelle de la “réorganisation” d'une entreprise étatique de médias a suffi pour que les libéraux crient à un rapt du Kremlin. L'annonce que Rossiya Segodnya serait dirigée par Dmitri Kisseliov, un présentateur thuriféraire du Kremlin et adepte des théories anti-occidentales du complot, n'a pu que confirmer leurs pires craintes. Kisseliov vient tout juste de faire les grands titres [anglais] à l'ouest en affirmant que le libéralisme suédois a conduit à une banalisation des rapports sexuels parmi les enfants de neuf ans de ce pays nordique. Kisseliov s'est aussi attiré le courroux du mouvement actuel de contestation “Euromaidan” en Ukraine pour son parti-pris ressenti en faveur du gouvernement ukrainien. Un journaliste de sa chaîne de télévision “Rossiya 1″ a été récemment couronné d'un “Oscar” en direct à la télévision russe [russe]. Motif : “Pour votre chaîne et pour Dmitri Kisseliov. Pour ses mensonges et ses inepties.”

Partisans comme opposants de la liquidation de RIA Novosti semblent voir dans la fin de l'agence une manière de juguler ses critiques croissantes à l'égard du pouvoir. Comme le nationaliste russe Mikhail Golovanov [russe] l’expliquait [russe] prosaïquement à son ami, le lobbyiste de premier plan [anglais] Evgueny Minchenko, sur Facebook :

…такие вот непростительные вещи: “Скандал идеологическими «закладками», размещаемыми редакторами РИА в англоязычных текстах, ориентированных на западную аудиторию. Так фраза «The case is widely viewed as a political vendetta by Russia's powerful Prime Minister Vladimir Putin» («…широко рассматривается как политическая вендетта Владимира Путина»), была интегрирована во все статьи с упоминанием дела Ходорковского. В русскоязычных версиях текстов фраза отсутствовала”.

…L'impardonnable : le scandale des “signets” idéologiques, placés par les rédacteurs de RIA dans les textes en anglais destinés au lectorat occidental. La phrase “The case is widely viewed as a political vendetta by Russia's powerful Prime Minister Vladimir Putin [Le procès est largement interprété comme une vendetta politique du puissant Premier Ministre Vladimir Poutine"… a été intégrée dans tous les articles mentionnant l'affaire Khodorkovski. Dans les versions russes, la phrase était absente.

D'autres se sont davantage alarmés de ce développement. Dans un billet de blog [russe] pour le site libéral Ekho Moskvy, Mikhaïl Solomatine voit dans la liquidation de RIA Novosti le signe d'une nouvelle relation entre les média et l'Etat.

Закрытие РИА “Новости” и передача нового агентства в руки телеведущего Дмитрия Киселева – показательное событие для нового государственного курса, согласно которому государственные СМИ должны обслуживать исключительно интересы правящей элиты без какой-либо оглядки на объективизм. Если прежде для государственных СМИ, во всяком случае для информагентств, достаточно было сохранять лояльность государству, то теперь у них вовсе отнимают функцию информирования, а велят заниматься пропагандой и только ей.

La fermeture de RIA Novosti et la remise de la nouvelle agence entre les mains du présentateur de télévision Dmitri Kisseliov est un événement exemplaire du nouveau cours de l'Etat, conformément auquel les média publics doivent servir exclusivement les intérêts de l'élite dirigeante sans le moindre égard pour l'objectivité. Si auparavant il suffisait aux médias publics, en tous cas ceux d'information, de garder leur loyauté à l'Etat, maintenant on leur a complètement ôté la fonction d'information et on leur a ordonné de s'occuper de propagande et rien d'autre.

Dire adieu à RIA Novosti n'attriste pas tout le monde. Evguenia Albats, une journaliste libérale éminente et présentatrice radio à Ekho Moskvy, a eu une appréciation plus drôle [russe] sur sa page Facebook.

РИА – все-таки это поразительная история. Директор Агенства, в котором работают тысячи человек и на которое гос-во за 10 лет потратило 1 млрд рублей , из СМИ узнает, что компания ликвидирована. Это зачем так?

RIA est pourtant une histoire singulière. Le directeur d'une agence où travaillent des milliers de personnes et dans laquelle l'Etat a dépensé en 10 ans un milliard de roubles, découvre dans les médias que sa société est liquidée. Et pour quelle raison ?

Un commentaire a souligné une légère erreur de Mme Albats. Ce n'est pas en roubles, mais en dollars que se compte le milliard qu'a coûté RIA Novosti à l'Etat. La critique d'Albats envers Mironiouk pâlit à côté de celle de l'ex-députée à la Douma et militante de gauche Daria Mitina, consternée que Kisseliov ait été nommé à la tête de Rossiya Segodnya mais qui concède [russe] certaines failles dans le travail de RIA :

РИА в последние годы было огромным, неповоротливым, растерявшим последние остатки профессионализма, крайне неэффективным баблососущим механизмом со странным руководством во главе.

RIA était dans les dernières années une machine énorme, lourde, dépourvue des derniers restes de professionnalisme, inefficace au dernier degré et suceuse de fric, avec une administration bizarre à sa tête.

On ignore quelle forme exacte prendra la nouvelle “Rossiya Segodnya”. Les perspectives économiques de la Russie ne sont plus aussi brillantes qu'il y a quelques années, lorsque le jugement général était que le pays était plus ou moins sorti indemne de la crise financière mondiale. Le lendemain même de l'annonce par le Kremlin de la liquidation, le FMI baissait les prévisions de croissance de la Russie [anglais] pour 2014. Le Kremlin ne se réjouissait probablement pas de financer une agence d'information d'Etat critique à l'époque où il nageait dans les recettes des hydrocarbures. L'argent devenu plus rare et les désaccords toujours plus suspects, même un aussi fidèle que Kisseliov pourrait se retrouver diriger un organisme beaucoup plus réduit que celui de Mironiouk.


#52ThingsAboutTanzania pour célébrer 52 ans d'indépendance

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La Tanzanie a fêté ses 52 ans d'indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne le 9 décembre 2013. Anciennement connu sous le nom de Tanganyika, le pays s'est uni à l'île de Zanzibar le 26 avril 1964 pour former la Tanzanie.

Pour célébrer 52 ans d'indépendance, des utilisateurs de Twitter ont lancé le mot-dièse #52ThingsAboutTanzania pour parler des faits et personnages intéressants de ce pays :

Julius Nyerere, le “Père de la Tanzanie”, a traduit “Le Marchand de Venise & Jules César” de Shakespeare en swahili.

Mount Kilimanjaro,  the highest mountain in Africa, and the highest free-standing mountain in the world, in Moshi, Tanzania. Photo released by Muhammad Mahdi Karim (www.micro2macro.net) under GNU Free Documentation License.

Le Kilimanjaro, la montagne la plus élevée d'Afrique, et la plus haute montagne isolée au monde, à Moshi, Tanzanie. Photo publiée par Muhammad Mahdi Karim (www.micro2macro.net) sous GNU Licence de Documentation Libre.

La plus haute montagne isolée au monde est le Mont Kilimanjaro 

Le succès mondial de Disney “Le Roi Lion” a été inspiré par le parc national tanzanien du Serengeti.

La tanzanite [une pierre précieuse rare trouvée en Tanzanie] tient son nom de l'État de l'Afrique de l'Est, la Tanzanie, dont elle est originaire. Le nom fut créé par Tiffany's.

Coconut crab,  the largest land-living terrestrial crab in the world, Photo released under Creative Commons by Flickr user Drew Avery.

Crabe de cocotier, le plus grand crabe terrestre au monde,
Photo publiée sous Creative Commons par le membre Flickr Drew Avery.

Zanzibar, Tanzanie abrite le crabe de cocotier. Le plus grand crabe au monde (& apparemment 1 des plus délicieux)

Le KiSwahili est originaire de la Tanzanie & est désormais parlé dans 10 pays différents dont les Îles Comores.

Ngorongoro Crater,  a UNESCO World Heritage Site and one of the seven natural wonders of Africa, located in Arusha, Tanzania. Photo released by Thomas Huston under  GNU Free Documentation License,.

Le cratère Ngorongoro, un site du Patrimoine Mondial de l'UNESCO et l'un des sept merveilles naturelles d'Afrique, situé à Arusha, Tanzanie. Photo publiée par Thomas Huston sous GNU Licence de Documentation Libre.

Le cratère éteint du Ngorongoro, en Tanzanie, est le plus grand cratère entier au monde.

La Tanzanie possède la deuxième plus grande montagne au monde (Kilimanjaro)

La monnaie de la Tanzaniae est le shilling tanzanien 

Le Parc National du Lac Manyara, en Tanzanie, héberge les seuls lions grimpeurs d'arbres au monde.

Tree climbing lion in Tanzania. Photo released under Creative Commons by Flickr user Tracey Spencer.

Lion grimpeur d'arbre en Tanzanie. Photo publiée sous Creative Commons par le membre Flickr Tracey Spencer.

@AbelavsAK : Le plus vieux crâne humain JAMAIS trouvé sur terre fut découvert dans la Gorge Olduvai en Tanzanie. 

La Réserve naturelle Amani (Est de la TZ) est le seul endroit sur toute la planète où des Violettes Africaines poussent à l'état sauvage.

L'un des personnages africains les plus respectés, Julius Nyerere (1922 — 1999), était un homme politique de principe et d'intelligence.

Les arbres Mpingo alias Grenadilles d'Afrique, communs en Tanzanie, donnent le bois dur le plus cher au monde.

Facebook en Guarani : Que cherche Facebook au Paraguay ?

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Imagen de Shutterstock. Copyright: 1000 Words.

Image de Shutterstock. Copyright: 1000 Words.

Le 3 décembre, dans le train d'Asunción (NdT : un train à vapeur, le Carlos Antonio López, unique moyen de transport ferroviaire de la république du Paraguay, il fonctionne régulièrement depuis 1861 en ayant conservé ses vieilles gares et les ateliers d'entretien à Sapucai), le réseau social d'un milliard 200 millions d'utilisateurs lançait une interface en langue guaranie. La traduction a été réalisée en collaboration avec le secrétariat des politiques linguistiques du Paraguay. Le guarani, une langue native parlée jusqu'à aujourd'hui dans le pays, est ici la seconde langue officielle avec l'espagnol.

Dans la même temps, avec l'objectif de toucher tout le pays, une campagne d'accès gratuit aux réseaux sociaux depuis n'importe quel mobile a été lancée pour un temps limité.

C'est la première action officielle de cette gigantesque start-up dans ce pays, et ceci doit attirer notre attention: que cherche Facebook dans un marché qui compte seulement 6,9 millions d'habitants ?

Profitant de la présence de Laura Gonzalez Estéfani, Directrice du développement pour l'Amérique latine, nous avons pris quelques minutes pour bavarder avec elle et lui demander :

GV: C'est votre premier voyage au Paraguay ?

Laura Gonzalez Estéfani (LGE) : Oh non, c'est la cinquième fois que je viens pour préparer ce projet. Je le trouve très excitant !

GV: Où en est la croissance de Facebook en Amérique latine ces dernières années ?

(LGE) : Cette croissance a été vertigineuse, mais c'est normal car les Latino-américains sont par nature sociables. Je crois qu'ils ont trouvé en Facebook un outil pour s'exprimer au-delà des frontières. Si l'on ajoute à cela le fait qu'un Latino-américain est mobile par nature, avec une pénétration tellement élevé d'Internet au travers des téléphones portables, vous comprendrez que ce taux de croissance est parfaitement logique !

GV: Pourquoi le Paraguay ?

(LGE) : Nous croyons à la connectivité et à l'accès à Internet comme droit fondamental pour se procurer des informations mais également pour maintenir des relations humaines. Nous serions enchantés de connecter tout le monde et c'est pour cela que ce projet nous tient tellement à cœur. Le Paraguay est le premier pays dans lequel nous testons cette méthode.

GV: Y a-t-il actuellement des campagnes ou des projet similaires dans d'autres pays?

(LGE) : Je ne peux pas l'affirmer, mais aussi grand que celui-ci il n'en existe qu'au Paraguay pour le moment.

GV: D'où est venue cette idée de lancer une interface en guarani ?

(LGE) : Quand nous avons commencé à discuter sur ce projet est apparue immédiatement la prémisse : ” si nous devons connecter tous les Paraguayens, nous devons le faire dans leur langue”: ainsi est venu cette idée.

GV: Combien d'utilisateurs de plus pensez-vous obtenir avec cette campagne ?

(LGE) : Tous! Nous voulons que tous les Paraguayens de plus de 13 ans aient accès à Internet et deviennent utilisateurs de Facebook !

GV: Comment ferez-vous pour que ceux qui n'ont pas de téléphone puissent accéder à Facebook?

L'idée c'est que n'importe quel téléphone basique (plus ou moins Smartphone) puisse profiter de cette campagne pour avoir Facebook gratuit dans tout le pays. De toute façon des campagnes spéciales sont actuellement organisées dans le pays pour que ces téléphones soit plus accessibles financièrement.

À la fin de l'entretien, Laura Gonzalez a tenu à exprimer l'intérêt  et la volonté de Facebook de continuer à soutenir l'accès à Internet et par là à la culture au travers de ces nouveaux outils dans notre pays.

Cet article a été publié à l'origine sur le blog Hallucina.

Un artiste japonais illustre la “Peur et folie” de l'arme nucléaire

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L'artiste japonais : Isao Hashimoto (橋本公) [lien en anglais] a réalisé une carte montrant les sites des 2.053 explosions nucléaires déclenchées dans le monde  entre 1945 et 1998

Selon le site de la CTBTO (le Traité d'Interdiction Complète des Essais Nucléaires) qui héberge cette vidéo, l'artiste a créé cette œuvre dans le but de montrer “la peur et la folie de l'arme nucléaire”.

Hashimoto a aussi réalisé une vidéo dans laquelle il énumère (sur la musique du fameux canon de Johann Pachelbel) les noms donnés à ces bombes atomiques que l'on a fait exploser pendant le XXe siècle.

 

Six personnalités qui ont fait ou font Madagascar

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Dans l'actuel climat politique clivé de Madagascar (après les élections du mois dernier, le deuxième tour de la présidentielle est fixé au 20 décembre 2013), il y a très peu de figures unanimement révérées par les Malgaches. Découvrez ici six personnages contemporains de Madagascar qui ont transformé la Grande Ile.

Albert Rakoto Ratsimamanga, le pionnier de la science 

Albert Rakoto Ratsimamanga via arom asso

Albert Rakoto Ratsimamanga via arom asso CC-BY-2.0

Albert Rakoto Ratsimamanga est de loin le savant le plus renommé de Madagascar. Il s'est rendu célèbre par son vaste travail consacré à une meilleure compréhension des propiétés médicinales de la flore endémique unique de Madagascar. Il est crédité de près de 350 publications scientifiques allant de la fonction de la glande surrénale aux remèdes naturels du diabète.

Voici ce qu'il a dit de l'interaction entre la nature et la population malgache :

Nous devons avancer à notre rythme, nous devons avant tout avoir confiance en nous-mêmes et dans les vertus thérapeutiques de la nature. Car la nature et l'homme ne font qu'un.

Dans la vidéo ci-dessous [en français], Ratsimamanga décrit le corps de son oeuvre et sa passion de la recherche :
http://www.youtube.com/watch?v=7RSgQnz7yqw

L'entretien relève que

(Rastimamanga) a mis au service de son pays le fruit de ses connaisances modernes conciliées au savoir empirique des guérisseurs malgaches 

Mais son oeuvre scientifique n'est qu'une moitié de sa vie. Il a aussi été un élément majeur du mouvement pour l'indépendance malgache d'avec la France en tant que co-fondateur de l'Association des Etudiants Malgaches (AEOM), une des organisation à l'avant-garde de la lutte contre le colonialisme.

Cover of Gisele Rabesahala biography via ocean editions CC-BY

Couverture des Mémoires de Gisèle Rabesahala via ocean editions CC-BY

Gisèle Rabesahala, la patriote 

Gisèle Rabesahala a été l'une des figures de proue de la lutte pour l'indépendance de Madagascar. Journaliste et militante politique, elle a créé le journal Imongo Vaovao. Elle a aussi été la première femme malgache élue, en 1958 au conseil municipal d'Antananarivo, la capitale de Madagascar. Elle est morte en 2011, et Internet a débordé d'hommages à sa mémoire.   

Le blog Gradiloafo a relevé ses activités caritatives multiples et son militantisme politique : 

Dans le social, Gisèle Rabesahala a été la fondatrice de l'ONG Comité de solidarité de Madagascar ou « Fifanampiana malagasy » qui œuvre, en l'occurrence, dans l'aide aux démunis [..] Militante engagée dès son jeune âge dans la lutte pour la souveraineté du pays, elle était de tous les mouvements de jeunesse solidaires de la libération des pays sous la tutelle coloniale 

Jean-Luc Raharimanana, le gardien de la mémoire 

Raharimanana on flickr by Gangeous CC-BY-2.0

Jean-Luc Raharimanana. Photo sur Flickr de Gangeous CC-BY-2.0

Jean-Luc Raharimanana est un écrivain malgache. A 20 ans, il avait déjà obtenu le Prix de poésie Jean-Joseph Rabearivelo pour ses premiers poèmes. Ses écrits sont appréciés pour leur description des beautés de la nature dans sa patrie, mais aussi de la pauvreté sordide qui y règne, notamment dans les bidonvilles. Dans son oeuvre, légendes et superstitions anciennes se juxtaposent à l'histoire politique contemporaine.

Catherine Bédarida, une critique littéraire de France, a écrit sur Raharimanana et son livre “Nour, 1947″ :

 ”Nour, 1947″ son premier roman, est à la fois livre d'histoire, oratorio, récit poétique, pages battues par les vents, l'océan, le sel, le sang.  1947, c'est l'heure de l'insurrection malgache. La colonie française voit le retour de ses tirailleurs, enrôlés dans la deuxième guerre mondiale, qui rêvent de se libérer à leur tour de l'occupant. La répression fait des milliers de morts. [..] ” Les mots s'en sont allés et nous ont laissés sans mémoire “ : reconstituer la mémoire de Madagascar, telle est l'obsession du narrateur. 

Erick Manana, l'icône de la culture

Erick Manana est un chanteur-compositeur qui a été appelé le “Bob Dylan de Madagascar”. Sa carrière de musicien professionnel a débuté en 1982 dans le groupe Lolo sy ny Tariny. Manana a été récompensé de plusieurs prix, et il a fêté ses 35 ans de carrière en 2013 à l'Olympia, la salle parisienne historique.

Uli Niebergall écrit de Manana :

Le répertoire de Manana fait alterner harmonieusement ballades lyriques (comme “Tany niaviako”) et des mélodies pop aux irrésistibles rythmes libres et complexes (comme “Izahay tsy maintsy mihira”), et un public appréciatif réagit avec enthousiasme à chaque note et syllable. Les paroles des chansons de Manana parlent souvent de la vie quotidienne des Malgaches. [..] Manana ne se limite pas pour autant aux influences de sa mère-patrie : il déploie un éclectisme particulier dans son choix de chansons d'autres artistes, tant géographiquement que stylistiquement. Par exemple, en hommage à Air Madagascar qui couvre la distance entre Paris et Antananarivo, il a remodelé “Amazing Grace” en une chanson appelée “Vorombe tsara dia” (L'avion qui vole bien). Il chante une version malgache de la “Suzanne” de Leonard Cohen, qui sonne d'une fraîcheur étonnante.

Voici une vidéo d'une de ses plus célèbres chansons, “Izaha tsy maintsy mihira”:

Jacques Rabemananjara, le précurseur politique  

Jacques Rabemananjara était un homme politique, dramaturge et poète malgache. Il est né en 1913 dans une petite ville de la baie d'Antongil, sur la côte orientale de Madagascar. Rabemananjara est considéré comme un des auteurs les plus prolifiques de la Négritude, le mouvement littéraire et idéologique développé par les intellectuels francophones noirs qui rejetaient le racisme colonial français. Léopold Sédar Senghor, le célèbre écrivain sénégalais devenu président de son pays, est le fondateur de ce mouvement. Rabemananjara fut suspecté d'avoir aidé à fomenter l’insurrection malgache manquée de 1947 contre le régime colonial, malgré le fait qu'il avait appelé les insurgés au calme. Il fut arrêté et condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Le blog Green Integer a retracé sa vie

Après avoir quitté l'école, Rabemananjara devint un organisateur du premier syndicat de fonctionnaires malgaches, et co-fonda La Revue des Jeunes de Madagascar, un périodique qui se faisait l'écho de sentiments nationalistes contraires aux maîtres français, qui obligèrent le magazine à cesser sa publication au bout de 10 numéros. Pendant la guerre en France il rencontra les membres du mouvement de la négritude, dont Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop, qui contribuaient à la revue africaine Présence Africaine. [..] Mais en 1947, les révolutionnaires malgaches attaquèrent une installation militaire française. Les autorités répliquèrent en tuant ou blessant quatre vingt-mille Malgaches. Et, sans aucune preuve que son Mouvement démocratique de Rénovation Malgache fût impliqué, Rabemananjara fut menacé de mort, soupçonné d'avoir organisé l'insurrection. Jugé, déclaré coupable, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Son Antsa (Chant), publié en France en 1956, a fait de lui un héros national, et l'a associé encore plus étroitement à Senghor et Césaire.

Rado, le poète  

Georges Andriamanantena [malgache], plus connu sous le nom de Rado, est un poète malgache renommé, mort il y a cinq ans. Mais son oeuvre a passé l'épreuve du temps dans la culture malgache, y compris dans la blogosphère.

Georges Andriamanantena via his facebook tribute page with permission

Georges Andriamanantena, via une page Facebook d'hommage. Avec permission

Rado descend des chefs du village d’Amboanana dans la région d'Itasy, connu comme le berceau des combattants de la liberté les plus acharnés contre la colonisation française. Tebokaefatra, un blogueur malgache d'Antananarivo, a expliqué [malgache] en quoi les origines de Rado ont conditionné son indéfectible patriotisme :

“…ilay vohitra kely ao atsimon'Arivonimamo, izay nisehoan'ireo Menalamba sahy nanohitra voalohany indrindra ny Fanjanahantany teto Madagasikara. Araka izany koa dia mba nandova ny ran'ireo tia tanindrazana tsy nanaiky hozogain'ny vahiny.”

…le petit village au sud d'Arivonimamo, d'où sont originaires les Menalamba, les premiers et plus acharnés adversaires de la colonisation à Madagascar. Rado a hérité du patriotisme de ses ancêtres qui ont toujours refusé toute domination étrangère.

Il tenait à son indépendance : il a démissionné d'un emploi bien payé pour l'époque et a préféré fonder son propre journal, appelé Hehy, avec son frère Célestin. Il a publié sept recueils de poèmes, parmi lesquels Dinitra (1973), ny Voninkazo adaladala (2003) et ny fiteny roa (2008). Un grand nombre de ses poèmes ont été mis en musique par quelques-uns des artistes malgaches les plus célèbres. Maintikely, un blogueur malgache du Cap, en Afrique du Sud,  a publié [malgache] un de ses poèmes, dont voici un extrait : 

Ho any ianao,kanefa….
Aza ataonao fantany izao fahoriako izao
Fa aoka hiafina aminy
Ny ketoky ny jaly
Nanempaka ny aiko,tanatin'ny longoa
Izay namandrihany ahy…
Ny dinitry ny foko manorika ahy mangina,
Fa sempo-tsasak'alina
Misaina ity anjarako,
Aza ataonao fantany!
[..]
Eny e ! Ampy izay.Tongava soa aman-tsara !
Dia akatony mora
Io varavarako io
Fa hitomany aho…
Rado, janoary 1966

Tu vas la voir, mais…
Ne lui parle pas de ma souffrance,
Laisse-la ignorer la morsure de la douleur
qui déchire mon être,
dans les rets où elle m'a attrapé,
Mon coeur transpirant qui m'étouffe en silence
au milieu de la nuit
quand je pèse ma destinée,
Ne la laisse pas savoir !
[..]
Tel est mon message. N'oublie pas.
Et Adieu !
Mais avant d'aller,
cette main qui est la tienne, qu'elle ne touche rien,
avant de s'unir à la sienne…
Oui, c'est tout. Fais bon voyage.
Et je t'en prie, ferme cette porte
Sur mes larmes.
Rado, janvier 1996.

Mialy Andriamananjara a contribué à ce billet.

Le dessinateur syrien Akram Raslan aurait été tué par le régime

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[liens en anglais] L’incertitude demeure sur le sort du dessinateur syrien Akram Raslan, lauréat du Prix du Courage de la caricature politique 2013 du CRNI, le Réseau international pour les droits des dessinateurs politiques, arrêté en octobre 2012 par le régime Assad. Certains disent qu'il a été tué par le régime Assad après une parodie de procès, d'autres affirment qu'il est toujours en vie.

Le caricaturiste a été arrêté par le renseignement militaire syrien, alors qu'il se trouvait dans les locaux du journal gouvernemental Al-Fedaa à Hama, le 2 octobre 2012. Akram, aurait selon certaines informations, été jugé secrètement.

Nous avons appris que le 26 juillet 2013, Akram Raslan et d'autres prisonniers de conscience, journalistes, artistes, chanteurs et autres intellectuels sont passés en jugement secrètement, sans témoins, sans avocats, sans avocats de la défense, sans appel, et sans espoir de justice. D'informations non confirmées et parcellaires nous avons aussi appris qu'ils ont tous été condamnés à la prison à vie.

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Assemblée et manifestation de dessinateurs du monde entier en soutien à Akram Raslan
05.10.2013, à St Just Le Martel (France). Source : Cartooning for Peace

D'autres blogs de caricatures, comme Comic box resources blog, Cartoon for Peace, The CAGLE Post et The Daily Cartoonist ont aussi repris l'es informations du CRNI et dit leur inquiétude sur le sort d'Akram. Un des commentaires :

Akram, toi et ta famille êtes dans nos prières… Assad, toi et ton engeance êtes… !@#$%^&*

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Source : page Facebook [arabe] Prisonniers et disparus ne sont pas que des chiffres dans les infos. Licence CC BY 2.0

Le 18 octobre 2013, Redac_MM écrivait : Un dessinateur courageux assassiné par le régime syrien

Je suis affligé d'écrire que le Réseau des Droits des Dessinateurs rapporte que le caricaturiste syrien Akram Raslan a été exécuté par le régime syrien après une parodie de procès.

Tandis que Syrian Observer citait un message plus fort : Here There Be Dragons : en Syrie Akram Raslan a été tué :

Les tyrans peuvent bien repousser la critique, ou une insurrection ou même une tentative d'assassinat avec des matraques, des balles et la  terreur. Mais où vont-ils tourner leurs fusils pour empêcher les gens de se moquer d'eux ?  Peut-il y avoir un moyen plus efficace, plus puissant et plus économique de donner du pouvoir à un peuple que de dissiper ses peurs avec un dessin courageux qui fera rire à travers la peur ? 

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Un des dessins d'Akram qui a provoqué le courroux du régime Assad. Source : Blog Cartoon Movement. Licencer CC BY 2.0

Sur Twitter, Rime Allaf écrit :

Ne posez jamais vos crayons, c'est eux qu'Assad craint le plus. Repose en paix Akram Raslan, dessinateur assassiné par le régime syrien.

Sur Facebook, Alisar Iram dit sa solidarité :

Akram Raslan, mort ou vivant, nous nous souvenons de toi et nous t'aimons.

Tandis que Syrian Observer conclut, avec regret et espoir mêlés :

Je regrette de n'avoir pas pu descendre dans la fosse et t'en extraire Akram. Pardonne-moi. Ton sacrifice nous fera peut-être nous regarder de nouveau dans la glace, et nous redemander où franchir la ligne entre la peur et le courage et nous remettre au défi de prendre un nouveau départ.

A Gaza, un hiver froid et sous les eaux pour 1,8 million de Palestiniens

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Une famille palestinienne de Gaza évacuée par barque de son habitation inondée. Plus d'infos : blogthejerusalemfund

[liens en anglais] Quelque 10.000 Palestiniens du Nord de Gaza ont été chassés de leurs logements par quatre jours de pluies torrentielles. Leurs dificultés sont multipliées par la fermeture depuis 50 jours de l'unique centrale électrique du territoire, du fait d'une pénurie de combustible dans l'enclave assiégée.

La bande de Gaza est habitée par 1,8 million de Palestiniens, qui ont dû subir ces sept dernières semaines jusqu'à 14 heures par jour de privation d'électricité. A la suite des inondations provoquées par la tempête Alexa qui vient de frapper la région, l'ONU a déclaré le Nord de Gaza “zone de catastrophe” et le Qatar est intervenu pour payer du fuel destiné à la centrale thermique.

Omar Ghraieb, de Gaza, relève :

La crise de l'électricité se relâche un peu après 50 jours de courant minimal ! Les coupures ont atteint et parfois dépassé 21 heures par jour !

Il ajoute :

Le Nouveau fonctionnement de l'électricité à Gaza : 8 heures de courant suivies par 8 heures de coupure par jour tous les jours !

La Palestinienne Nour Odeh s'exclame :

En 2007 le Nord de Gaza était noyé dans les eaux usées, aujourd'hui tout Gaza se noie sous la pluie et le monde continue à débattre si c'est un siège !

Les images partagées en ligne montrent une situation humanitaire épouvantable.

Cette vidéo, de Jehad Saftawi, mise en ligne par l'Institute for Middle East Understanding (IMEU, Institut pour la Compréhension du Moyen-Orient) s'ouvre sur l'image d'un enfant palestinien courant pied-nus dans le froid glacial (Vidéos utilisées sous licence CC BY) :

Le commentaire fourni avec la vidéo, qui montre des familles dans des abris non chauffés, indique :

Les habitants du quartier An Nafaq de Gaza-Ville s'abritent où ils peuvent, entre autres dans l'école Abdel Rahman bin Auwf montrée dans ces images d'aujourd'hui. Certaines scènes, comme l'enfant grelottant dans une salle de classe en béton non chauffée, sont d'autant plus choquantes qu'elles ne sont pas l'exception mais la règle dans Gaza aujourd'hui. Comme une grande partie de la bande de 37 km, An Nafaq est ravagé par une inondation aggravée par l'étranglement du siège israélien. Le porte-parole de l'ONU Chris Gunness n'a pas mâché ses mots en réclamant aujourd'hui la cessation de ce siège : “Une collectivité normale lutterait pour se rétablir de cette catastrophe,” a-t-il dit. “Mais une collectivité qui est soumise à l'un des plus longs blocus de l'histoire de l'humanité, dont le système de santé publique a été détruit et où le risque d'épidémies est déjà répandu, doit être libérée de ces contraintes artificielles….”

Cette deuxième vidéo, également filmée par Saftawi pour l'IMEU, montre les zones submergées dans l'enclave palestinienne, et donne un aperçu sur les nouvelles épreuves des habitants de Gaza face à l'aggravation de leur situation humanitaire :

Le sénégalais Ousmane Sow premier noir africain à l’Académie des Beaux-Arts de Paris

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A l'occasion de l'installation de l'artiste sénégalais Ousmane Sow à l’Académie des beaux arts de Paris, africa-top-talents.com rapporte:

Mercredi 11 décembre [2013], le sculpteur sénégalais Ousmane Sow a été installé à l’Académie des beaux arts de Paris. Une belle consécration pour ce sculpteur sénégalais connu pour ses séries de sculptures monumentales consacrées aux ethnies africaines (noubas, peuls, masaï, Zoulou). « Mon élection du 12 avril 2011 a d’autant plus de valeur à mes yeux que vous avez toujours eu la sagesse de ne pas instaurer de quota racial, ethnique ou religieux pour être admis parmi vous (…)  Comme mon confrère et compatriote sénégalais Léopold Sédar Senghor, élu à l’Académie française il y a trente ans, je suis africaniste. Dans cet esprit, je dédie cette cérémonie à l’Afrique toute entière, à sa diaspora, et aussi au grand homme qui vient de nous quitter, Nelson Mandela. »


Guinée: Un élève fabrique son téléphone avec €2,50

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Alhaidy Sow, depuis Labé, une ville à 400 Km, au nord-est de la Guinée, a écrit sur guineenews.org:

Interrogé de quoi s’est-il servi pour faire ce téléphone, il a déclaré : « J’ai utilisé beaucoup de matériaux dont entre autres une plaque de téléphone et des contreplaqués pour le cadre. J’ai réussi à fabriquer un contact pour allumer et fermer le téléphone.  J’ai inséré des hauts parleurs de radio pour booster le son pour ce qui est de la musique, j’ai réussi également à fabriquer un espace pour la puce ; ensuite, je me suis servi d’une plaque de lecteur DVD pour y installer les touches. Quand tu allumes le téléphone, le clavier des touches se glisse comme à l’ouverture du lecteur d’un CD ou d’un DVD ; il y a également  comment faire mettre un appel en attente pour échanger avec un correspondant…»

Le lieu favori des utilisateurs d’Instagram en 2013 se trouve à Bangkok

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Siam Paragon, populaire centre commercial de Bangkok (Thaïlande) est l’endroit le plus photographié et partagé sur Instagram en 2013. L’aéroport international Suvarnabhumi de Bangkok arrive en neuvième position sur la liste. Il n’est donc pas étonnant que cette ville soit la deuxième en termes de présence dans cette application cette année. [liens en anglais]

 

7 surprenantes photos en couleurs du Japon du XIXe siècle

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La revue en ligne Public Domain Review (PDR) a publié cette semaine une série de photographies japonaises datant du 19ème siècle, imprimées sur papier albuminé et peintes à la main. L'impression à l'albumine est un procédé photographique à base de blanc d'oeuf, utilisé comme un liant retenant les produits chimiques du négatif sur le papier d'impression. 

Mis en ligne par le Dutch National Archief, ces tirages remontant à plus de 150 ans nous offrent un aperçu de la vie du Japon de cette époque. En voici quelques-uns : 

Samouraïs munis d'un bouclier, flèches, casque, lances ['yari' en japonais], sabres ['katana' en japonais] et d'une armure en cotte de mailles. Domaine Public

Samouraïs munis d'un bouclier, flèches, casque, lances ['yari' en japonais], sabres ['katana' en japonais] et d'une armure en cotte de mailles. Domaine Public

Trois Japonaises ajustant leur coiffure, datant c. 1880. Domaine Public

Trois Japonaises ajustant leur coiffure, datant c. 1880. Domaine Public

Pêcheurs sur un bateau. Japon, c. 1870-1890. Domaine Public.

Pêcheurs sur un bateau. Japon, c. 1870-1890. Domaine Public.

Deux femmes dormant sous une couverture matelassée, dans une chambre avec des parois et rouleaux peints et un lampion. Une petite boite en bois fait office de coussin. Domaine Public.

Deux femmes dormant sous une couverture matelassée, dans une chambre avec des parois et rouleaux peints et un lampion. Une petite boite en bois fait office de coussin. Domaine Public.

Messager ou facteur livrant du courrier maintenu serré au bout d'un morceau de bambou. Japon, c. 1868-1895. Domaine Public.

Messager ou facteur livrant du courrier maintenu serré au bout d'un morceau de bambou. Japon, c. 1868-1895. Domaine Public.

Vue du jardin depuis la terrasse d'un salon de thé japonais. Domaine Public.

Vue du jardin depuis la terrasse d'un salon de thé japonais. Domaine Public.

Mendiant avec son bâton, son bol pour recevoir l'aumone et son chapeau pointu. Domaine Public.

Mendiant avec son bâton, son bol pour recevoir l'aumone et son chapeau pointu. Domaine Public.

D'autres images issues de cette série de 42 tirages à l'albumine peints à la main, par [les photographes] Felice Beato, Kusakabe Kimbei ou Raimund baron von Stillfried, peuvent être consultées sur le compte [Flickr] de [l'organisme hollandais d'archives photographiques] Spaarnestad Photo.

Marche contre la réouverture d'une centrale nucléaire sur l'île japonaise de Kyushu

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C'est le plus grand rassemblement tenu à Satsuma Sendai City. Les habitants de cette ville ne veulent pas parler d'énergie nucléaire. Les régions possédant des centrales nucléaires ont reçu un soutient financier du gouvernement. Prise le 15 Decembre 2013 par rieko uekama. Copyright (c) Demotix

Des jeunes mamans défilent, brandissant un drapeau avec l'inscription en allemand “Energie nucléaire, non merci” à Satsumasendai le 15 décembre 2013. L'idée de la transition de l'énergie nucléaire aux énergies alternatives est souvent mise en avant lors des manifestations anti-nucléaires. Photo par rieko uekama. Copyright Demotix

Environ 1.800 personnes ont marché le 15 décembre 2013 pour protester contre la réouverture de la centrale nucléaire de Sendai, selon les organisateurs de la manifestation. Après deux années de suspension de ses activités, l'entreprise Kyushu Electric Power a demandé en juillet une révision à l'Autorité de Régulation Nucléaire, avec l'intention de remettre en marche la centrale nucléaire, provoquant un sentiment d'insécurité chez les citoyens qui sont contre l'énergie nucléaire.

Le nombre peut sembler minime, pour une petite ville inconnue de Satsumasendai à la pointe sud-ouest de l'île de Kyushu, une communauté qui depuis longtemps, dépend de l'énergie nucléaire pour son économie, pourtant il se dit que c'est le plus grand rassemblement de protestation de ces 40 dernières années de silence, contre la centrale nucléaire trentenaire. 

Greenpeace Japon a envoyé une lettre le 29 Novembre, demandant au Gouverneur de la Préfecture de Kagoshima de ne pas autoriser le redémarrage de la centrale. Le média citoyen Miyazaki a couvert la manifestation sur YouTube [liens en japonais].

Jordanie : Un site web littéraire de nouvelles

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Project Pen est une initiative de promotion de l'écriture de nouvelles par les Arabes, “encourageant ainsi une nouvelle génération d'écrivains à créer de nouveaux types de récits, pour de nouvelles pratiques de lecture”. Par le partage de récits à travers les réseaux sociaux, et la mise en relation des auteurs entre eux, Project Pen a l'intention de contourner l'édition traditionnelle et ramener la narration “à un futur où les récits seraient gravés à l'extérieur des cavernes, et lus à haute voix autour du feu de camp”. Vous pouvez en savoir plus sur le projet sur le site (en arabe et anglais), et sur Facebook et Twitter.

La “révolution silencieuse” du système éducatif brésilien

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Spectacle de cirque du Projet Âncora

Spectacle de commémoration de la Journée du Cirque (Projet Âncora)

[Les liens pointent vers des contenus en portugais]

Il y a 18 ans, une révolution s'est amorcée dans le système éducatif brésilien avec la naissance du Projet Âncora dans la ville de Cotia, dans l'Etat de São Paulo. Il s'agit d'un espace d'apprentissage, de pratique et de multiplication d'exercices de la citoyenneté visant à développer et à transformer la réalité de la communauté locale. Depuis 1995, ce projet sans but lucratif a déjà répondu aux besoins de plus de six mille enfants, adolescents et à leurs familles au moyen d'activités extrascolaires, telles que les cours de musique, de cirque, de théâtre, d'artisanat ou de cours professionnalisants.

Un vieux rêve s'est réalisé en 2012 avec l'inauguration de l'école Projet Âncora de Educação Infantil e Ensino Fundamental [équivalent de l'éducation primaire et de l'enseignement fondamental]. Inspirée des méthodes audacieuses de l’école da Ponte au Portugal, remettant en cause le concept traditionnel d'éducation et le modèle scolaire traditionnel prédominant dans le monde, l'Ecole du Projet Âncora poursuit “la philosophie éducative selon laquelle la connaissance de soi et les expériences sont les outils fondamentaux de l'apprentissage, lequel se construit à partir de l'élève, ses particularités et son passage de l'hétéronomie à l'autonomie”.

Près de 300 enfants et adolescents fréquentent l'école, organisée selon trois parcours parallèles : individuel, social et communautaire. Ce modèle innovant s'inspire d'une éducation démocratique et a été mis en place au Brésil avec l'aide du professeur portugais José Pacheco, connu dans le monde entier pour avoir pensé et rendu concrète l'Ecole da Ponte au Portugal, utilisant une méthodologie révolutionnaire. Marusia Meneguin, auteur du blog Mãe Perfeita [La Mère Parfaite] s'est enthousiasmée face à l'originalité de cette démarche :

Imaginez une école sans classe, ni horaires, ni examen. Un parcours scolaire décidé de façon consensuelle par les enfants et comprenant des matières comme le cirque ou la méditation. Il n'y a là ni liste d'appel ni notes, et les élèves comme les professeurs sont pourtant présents. Si l'on ajoute à cela que ces élèves sont issus de quartiers violents, et qu'ils ont été exclus de plusieurs écoles, tout ceci pourrait sembler bien utopique, jusqu'au jour où l'on rencontre la démarche de l'Ecole da Ponte.

Dans un entretien [sur le site du journal brésilien Globo] G1, Pacheco affirme que l'éducation au Brésil – dont le modèle ignore la contribution de Paulo Freire et d'autres grands pédagogues du pays – gaspille ses ressources et produit 30 millions d'analphabètes. En revanche, les résultats du modèle d'éducation alternatif sont visibles dans la communauté elle-même :

Les anciens élèves de [l'école] da Ponte [au Portugal], dont certains ont aujourd'hui plus de 50 ans, sont la preuve vivante de la bonne qualité de ce projet. Ce sont des êtres humains pleinement épanouis, avec un niveau élevé de conscience civique ; ils sont éthiques, entreprenants et solidaires. J'ajouterai que l'école da Ponte reçoit des élèves que d'autres écoles ont renvoyés, et elle les récupère. Un élève qui n'apprend pas dans une autre école, ou qui met K.O. son professeur dans une autre école, celui-ci a toute sa place à Ponte.

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora

Campagne d'appel aux dons pour le projet Projeto Âcora. Légende : “Laissez à votre lion un visage d'enfant”.

Si l'école da Ponte [au Portugal] existe depuis plus de 40 ans, l'Ecole Projet Âncora au Brésil a moins d'un an, il faudra donc attendre encore un peu avant que les résultats ne soient visibles. Malgré tout, le projet a déjà attiré l'attention, insipant d'autres écoles et recevant la visite d'éducateurs venus de tout le pays. A la suite d'une de ces visites, Talita Morais souligne ce qui constitue la différence de ce modèle éducatif utopique

La grande différence du Projeto Âncora, comme dans l'Ecole da Ponte au Portugal, réside dans le fait que les enfants prennent conscience de travailler d'une façon collective, dans le respect et l'amour du prochain, et de l'autonomie de leurs parcours d'études. Ainsi, passant par ces niveaux – l'école n'est pas divisée en salles de classe ou en sections – les élèves deviennent de plus en plus autonomes dans leur apprentissage, choisissant la matière, la façon et le moment auxquels ils doivent apprendre tel contenu défini, avec l'aide et le suivi de professeurs et de tuteurs, employés par l'école ou volontaires au sein de la communauté. En plus de cette autonomie dans le choix de l'étude, ils prennent part activement aux décisions et à l'organisation de l'école, avec des assemblées hebdomadaires, redéfinissant les règles de l'institution.

Racontant une autre visite, le professeur Fernanda Rodrigues compare le projet Ponte avec les écoles traditionnelles :

Nous avons été reçu par une fillette de 11 ans, très maligne et communicative ! Elle a nous raconté qu'elle y étudiait depuis sa naissance et il était très net qu'elle ressentait une véritable fierté d'appartenir à Âncora dans son quotidien. Ses yeux brillaient et le profond sentiment d'appartenance que l'élève entretient avec toute l'activité de l'école s'en ressent nettement.

Nous y avons vraiment pris plaisir, car il est impossible de ne pas s'enthousiasmer pour cet espace qui, en plus d'être vaste, inspire l'Education dans sa grandeur. Nous avons pu assister à plusieurs scènes, peu fréquentes dans les écoles traditionnelles, comme ces garçons prenant soin de l'espace, ces cartables accrochés à l'entrée de l'école, ces murs avec les comptes-rendus des assemblées et plusieurs personnes discutant sans ce brouhaha typique et commun aux environnements scolaires.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat  de São Paulo.

Commnautés d'apprentissage du Projet Âcora à Cotia, dans l'Etat de São Paulo.

La prochaine étape du projet consiste à étendre cette expérience au-delà des murs de cette entité et de la diffuser dans toute la ville, grâce à l'intégration des élèves aux “communautés d'apprentissage“. Une fois par semaine, les élèves doivent rendre visite aux espaces communautaires, tels que les centres de soin ou les églises, afin de traiter des questions locales et de discuter directement avec ceux qui résident dans ces communautés. Selon la formule de Pacheco, appelée “MC²”, – initiales de ‘mudança’ [changement] mis en oeuvre par contagion et en contexte – les enfants doivent s'approprier la réalité du lieu dans lequel ils vivent et chercher des réponses aux questions soulevées :

Les communautés d'apprentissage sont des mises en pratique communautaires reposant sur un modèle éducatif générateur de développement durable. Il s'agit d'étendre la pratique éducative du Projet Âncora au-delà de ses murs, impliquant activement la communauté dans la consolidation d'une société participative.

En octobre 2013, à l'occasion du dix-huitième anniversaire du Projet Âncora, João Carlos a déclaré que ce rêve devenu réalité “a atteint, depuis longtemps déjà, sa maturité”.

Il s'agit de la naissance d'un Brésil nouveau. Hourra !

Cher Pacheco, merci pour la révolution silencieuse qui est en cours au Brésil.

Du reste, les enfants ne sont pas les seuls à profiter de ce modèle révolutionnaire d'éducation. Rappelant la commémoration de l'anniversaire, l'éducatrice volontaire Johana Barreneche-Corrales réfléchit à l'importance des liens à la fois ludiques et affectifs entretenus parmi les professeurs, à une époque où les éducateurs manquent de temps pour partager leurs expériences entre collègues :

En somme, nous pouvons considérer que pour qu'un projet collectif réussise, il faut qu'un groupe se construise, et ce qui fait un groupe n'est pas tant le nombre de personnes qui le constitue que la force des liens entre elles.

L'équipe du documentaire Quando Sinto Que já Sei ["Ce moment où je sens que je le sais déjà"], film financé par le biais [du site de production participative] Catarse et dont le lancement est prévu au premier semestre 2014 a rendu visite à plusieurs écoles de l'éducation alternative en cours au Brésil, dont celle du Projet Âncora. L'objectif [de ce documentaire] est de soulever une discussion concernant l'éducation d'aujourd'hui au Brésil, explorant de nouvelles manières d'apprendre qui affleurent et se consolident, fondées sur la participation et l'autonomie des enfants.

Ce moment où je sens que je le sais

Affiche du documentaire “Quando Sinto que Já Sei” [Ce moment où je sens que je le sais"] sur le site participatif Catarse.

La cartographie des “biens urbains”à Rio de Janeiro, Istanbul et Athènes

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Street protest of teachers in Rio de Janeiro (Oct 7, 2013). Photo shared on the Facebook page Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro

Manifestation de professeurs à Rio de Janeiro (Oct 7, 2013). Photo partagée sur le page Facebook Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro (Mapping the commons à Rio de Janeiro, en portugais)

[Liens en portugais sauf indication contraire] Un groupe d'activistes, artistes, sociologues et étudiants d'horizons divers travaillent actuellement à cartographier les biens urbains [anglais] d'Athènes, d'Istanbul et de Rio de Janeiro. Les biens urbains sont des ressources institutionnelles ou publiques partagées par tous, générant une participation collective. Les “biens” comprennent des ressources naturelles, des espaces publics urbains, les travaux créatifs et même les cultures traditionnelles et connaissances exclues des droits d'auteurs.

Le projet Mapping the Commons [anglais] est issu d'une enquête menée par Pablo de Soto (@pablodesoto), un doctorant en communication de l'Université Fédérale de Rio de Janeiro. Selon de Soto [anglais], il serait possible de cartographier les biens à travers la création collective afin de provoquer une forme de débat sur le contrôle gouvernemental des biens de la société :

Quelle communauté forme la métropole contemporaine et comment peut-elle être localisée ? Comment les biens sont-ils protégés de l'emprise du néolibéralisme totalitaire des entreprises publiques et privées ? Quelles sont les nouvelles pratiques communautaires qui ont émergé durant le cycle de luttes, débuté en 2010-2011 ? Quels sont les avantages et les inconvénients d'une telle cartographie, en ces temps de crise et de rébellions ? 

Cette méthode de recherche, proposée par le projet, est basée sur des ateliers de travail nomades et temporaires, où les biens urbains sont examinés, paramétrés, cartographiés et représentés dans de courtes vidéos.

Cartographier les biens de Rio

En octobre dernier, le chercheur a importé [espagnol] son projet à Rio de Janeiro, puis a commencé à cartographier les “utilisations faites des biens communs” au Brésil, comme il l'explique sur la page portugaise du projet de Rio :

O Brasil, como América Latina toda, é um país especial nas práticas dos commons. O comum bebe de tradições ibéricas (faixanais, rossios, propriedades comunais), da cultura afro (quilombos, criação cultural coletiva, propriedades conjuntas) e indígenas (propriedade coletiva, malokas). Do mutirão ao conceito de ‘comunidade’ que substitui a palavra ‘favela’, o Brasil é uma celeiro de práticas do comum. Porém, o mercado e o capitalismo estão castigando o comum sem piedade.

Le Brésil, comme le reste de l'Amérique Latine, est un pays particulier au regard des utilisations des biens communs. Le “bien” dérive des traditions ibériques (faixanais, rossios, propriétés communautaires), de la culture africaine (quilombos, la création culturelle collective, les biens communs) et des cultures indigènes (la propriété collective, malokas). Du mutirão (crowdsourcing) au concept de “communauté” qui remplace le mot “favela” (bidonville), le Brésil est une mine de pratiques communautaires. Cependant, le marché et le capitalisme condamnent sans pitié les biens communs.

Se basant sur le concept des “villes rebelles”, inventé par le théoricien social David Harvey, de Soto ajoute que les récentes manifestations à Rio de Janeiro – “les marches, les assemblées populaires, les interventions urbaines” – sont une nouvelle demande pour le droit à la ville, “un nouvel espace commun et participatif de coexistence”. Il explique également, sur la version anglophone du site : 

Rio de Janeiro, une ville présentée comme “la cité merveilleuse” est probablement l'un des sites les plus luxuriants pour les biens culturels et naturels dans le monde. Ces biens sont réclamés dans une métropole aux inégalités criantes et historiquement en état d'exception.

A l'heure où la ville s'apprête à accueillir des méga-événements comme la Coupe du Monde de football et les Jeux Olympiques, les conflits concernant les expropriations – qui fleurissent un peu partout -, les manifestations, qui ont débuté en juin et désignent la mobilité comme un bien commun et le droit à la ville, ouvrent la brèche vers une discussion politique sur les biens urbains.

Between 21 and 23 November 2013, there took place the mapping out workshops

#MapeandoOComum (#MappingTheCommons). Un atelier de cartographie sur “La lutte pour le partage des biens communs” a eu lieu à Rio de Janeiro, du 21 au 23 novembre.

Les activités [anglais] de Mapping the Commons, qui se sont déroulées à Rio en octobre dernier, incluent les séminaires Metrópoles globais e Cidadania Insurgente (Métropole mondiale et Citoyenneté émergente) et O que pode a cidade? (Que peut faire la ville ?). Les groupes de travail ont été créés afin de prendre en charge la paramétrisation et la cartographie des biens à Rio. Le processus a été disséminé via Facebook sur la page Mapeando o bem comum do Rio de Janeiro (Cartographier les biens communs à Rio de Janeiro). La présentation finale des résultats du projet a eu lieu le 14 décembre.

Athènes, Istanbul et les biens communs

Avant d'être implanté au Brésil, le projet de recherche Mapping the Commons a déjà été examiné dans les ateliers de travail à Athènes (2010) et Istanbul (2012). Les vidéos résultant de ces ateliers de travail ont également été présentées à Rio.

Le sauvetage du Parc Gezi, par exemple, et l'agitation populaire qui a eu lieu dans le district de Beyoglu, à Istanbul (la population a campé sur le site afin de manifester contre la démolition [anglais] du parc pour le convertir en un nouveau projet urbain), ont été des sujets de recherche.

La vidéo ci-dessous montre comment le sauvetage des biens d'Istanbul s'est transformé en affrontement politique après que la réaction brutale de la police contre les manifestants:

La vidéo tournée à Athènes se concentre sur les questions linguistiques, s'appuyant sur les écrits d'Antonio Negri et Michael Hardt dans leur livre Commonwealth [anglais] :

La langue, comme les émotions et les gestes, est ce qu'il y a de plus commun, et d'ailleurs si la langue avait été privatisée ou non - à savoir, si de larges parcelles de nos mots, expressions, ou parties de notre discours étaient entrées dans le domaine privé – eh bien ! la langue perdrait son pouvoir d'expression, de créativité, et de communication.  

Une élucidation philosophique sur les biens communs, comme elle a été suggérée par de Soto sur la page Facebook de son projet, peut être consultée sur le blog de Iohannes Maurus [espagnol], en lien avec l'idéologie marxiste. 


Le web caucasien : le russe, langue commune sur les blogs

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9 June 2013, photo by Sergey Ponomarev.

9 juin 2013, photo de Sergey Ponomarev.

Cet article fait partie d'une enquête de RuNet Echo sur la blogosphère du nord caucasien. Consultez les analyses et les récits personnels sur la page The Caucasus Network.

Le russe est la langue véhiculaire qui rapproche les Républiques du Caucase du nord. Aucune des nombreuses langues autochtones non russes n'est prédominante parmi les plateformes de blogs dans le Caucase du nord, même les forums traitant exclusivement de problématiques nationales s'expriment en russe.

A en juger par les médias qu'ils partagent sur les réseaux sociaux, les internautes du Nord-Caucase ont tendance à lire des informations en ligne en russe —en effet, c'est la langue utilisée par la plupart des sources d'information dans la région. Il n'y a qu'au Daghestan qu'un effort a été consenti pour diffuser des informations non basées sur le russe. Deux des principaux médias sont la radio locale Radio Liberty branch et Ria-News division, travaillant toutes deux en langue avar. De plus, un nouveau portail vidéo en ligne, AVAR TV, lancé récemment, offre aux internautes des chaînes de libre expression afin de produire du contenu original en avar.

Lorsque j'ai interrogé de manière informelle plusieurs blogueurs actifs du Caucase du nord, beaucoup expliquaient leur choix de bloguer en russe comme étant le moyen le plus efficace d'atteindre un public plus large —en particulier comme un moyen de parler à d'autres blogueurs dans les Républiques avoisinnantes.

Timur Agirov, connu sur LiveJournal sous le pseudo Timag82, a réalisé un travail impressionnant pour quantifier la présence de blogs d'expression non russe dans le nord caucasien, constituant une archive personnelle de statistiques pour cartographier les diverses enclaves linguistiques. Les cent premiers blogueurs de la liste d'Agirov écrivent tous en russe.

Les barrières de la langue, qui nécessitent l'usage du russe comme langue véhiculaire à travers le Nord-Caucase, sont aussi présentes au sein de chaque République. Au Daghestan, par exemple, il y a plus de trente langues spécifiques parlées par différents groupes de la population.

La blogosphère en Tchétchénie est similaire à celle du Daghestan, bien qu'il y ait quelques exceptions qui fondent la non-écriture en russe, comme le travail bilingue de Gilani Lamaro, l'utilisateur de LiveJournal sous pseudo svd-1986, et Mukhammed Yusupov.

En Ingouchie, les blogueurs emploient la langue autochtone encore moins couramment. Un rare exemple de langue mixte de blog avec le compte LiveJournal d'Abu-Umar Sakhabi. Les blogueurs en Adyguée privilégient aussi le russe, bien que l'on trouve des exceptions, là encore, comme le blog en adyguéen de Astemir Shibzukho et Avraham Shmulevich.

La popularité du russe doit beaucoup à la place dédiée au Caucase du nord dans la Fédération russe (et son histoire la plus longue dans l'Union soviétique et l'Empire tsariste). Curieusement, cependant, les blogueurs du Caucase du nord ont tendance à défendre leur emploi du russe comme un moyen de se rapprocher les uns les autres au sein du Caucase, plutôt qu'une façon de s'assujettir à l'Internet russe plus largement.

C'est aussi dû au fait que le russe, en tant que langue d'une société plus vaste, plus développée, apporte certains avantages dans divers domaines scientifiques et techniques. Shmulevich, par exemple, critiquait le fait que les langues locales faisaient face à une bataille ardue :

[...] лексика на некоторые специальные темы на местных языках мало разработана. Писать по вопросам экономики или теории искусств или квантовой физики на табасаранском или даже аварском все же трудно.

[...] le vocabulaire et la terminologie de certaines spécialités est pauvrement développée dans les langues locales. Ecrire sur des sujets concernant l'économie ou la théorie de l'art, ou la physique quantique, est très difficile en tabassaran ou même en avar.

Le blogueur Ramazan Radzhabov n'est pas d'accord, suggérant que les explications se trouvent ailleurs. Il avance que les langues peuvent développer de nouveaux vocabulaires pour communiquer sur des sujets complexes. Un autre blogueur, Mukhamed Avarski, ajoute :

Популяризация и продвижение родных языков очень не модная тема. Ресурсы по этой теме так же трудно продвигать в сети, за отсутствием посетителей большинство из них быстро затухают. Всевозможные форумы и годеканы начинали свою деятельность по данной тематике но быстренько превращались в обычные флудодромы. Ни кому не интересно напрягать извилины и думать о том что станет с народами потерявшими свой язык. А общекавказских ресурсов занимающихся данной проблематикой я вообще не встречал в сети. 

La vulgarisation et la promotion des langues autochtones est un sujet démodé [dans le Caucase du nord]. Il est si difficile de fournir les ressources [nécessaires] en ligne sur ce sujet que la plupart [des sites] disparaissent rapidement faute de visiteurs. Toutes sortes de forums et godekans [places publiques au Caucase] [en ligne] ont commencé leurs activités sur ce sujet mais se sont rapidement tournés vers les fludodroms [un mot-valise composé du mot anglais “flood” (inondation) et le mot russe “aerodrom” pour “aérodrome,” employé pour décrire un site web inondé de spam] conventionnels. Personne ne s'intéresse à exercer son esprit et de penser à ce qu'il adviendra des gens qui ont perdu leur langue [d'origine], et je n'ai jusqu'à présent jamais vu de ressources pan-caucasiennes consacrées à ce problème.

Il est difficile d'expliquer pourquoi les langues autochtones nord caucasiennes n'ont pas réussi à prendre pied en ligne. En fait, d'après la base de données d'Agirov, il semble que les blogueurs de la région se tournent sans cesse vers l'anglais comme nouvelle langue véhiculaire, éloignant le russe et créant de nouveaux obstacles à l'expansion de blogs en langue locale.

Niger : Trois actions pour améliorer la vie

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Power grid in Niger via the Mapping for Niger Project

Equipement de réseau électrique au Niger via the Mapping for Niger Project

On entend peu parler en bien du Niger en ce moment. La crise économique combinée à la menace du terrorisme peint de sombres perspectives pour une grande partie du pays. Pourtant, si on y regarde de plus près, on trouve des actions qui vont à contre-courant. Présentation de trois projets qui travaillent à une vie meilleure au Niger.   

Le programme Cuisiner avec une énergie sans danger

Chidimma C. Okeke de Niamey explique que le gouvernement du Niger a lancé le Programme Cuisiner avec une énergie sans danger [lien en anglais] pour en étendre le bénéfice à un demi-million de ménages : 

Le programme nouvellement lancé remplacerait l'usage traditionnel du feu de bois dans le reste des institutions publiques par des technologies efficaces de combustion du bois. Il construirait une usine de production de fourneaux dans le pays et créerait plus de 1.500 nouveaux emplois. Ce programme valorisera les femmes en les formant à la production et la vente de fourneaux. Il réduira aussi la déforestation.

Les nouveaux fourneaux sont étudiés pour réduire la mortalité attribuable à la fumée intérieure des combustibles solides, qu'on appelle aussi pollution intérieure de l'air au feu domestique. L'ONG internationale Sentinelles indique qu'on ne parle pas assez des feux domestiques à Zinder, au Niger :

Les enfants gravement brûlés sont malheureusement nombreux. Les «cuisines» des familles se composent généralement d’un simple feu de bois, où est posé le chaudron qui va servir de récipient pour préparer le repas familial. Souvent les enfants jouent autour du feu sans surveillance. Un coup de vent, un enfant trop près du feu, le pagne qui s'enflamme

Voici une vidéo du Service des grands brûlés à l'hôpital de Zinder au Niger, réalisée par Christian Lajoumard. C'est l'histoire de Rachida, 12 ans, et Hindatou, 5 ans, toutes deux victimes de brûlures :  

Rachida, 12 ans, est hospitalisée depuis 10 mois, les fesses et les deux jambes gravement brûlées. Pour tous soins médicaux, de la bétadine pour badigeonner ses plaies qui ne cicatrisent pas. Rachida, qui ne peut plus s’asseoir ni se coucher sur le dos, passe ses longues journées à plat ventre sur son lit d’hôpital sans pouvoir se mouvoir, sans jeux ni télévision pour se distraire. 

L'opération enregistrement des naissances

Dans toutes les régions du Niger, un programme d'enregistrement des naissances mené par l'administration nigérienne avec l'assistance logistique de l'UNICEF, promet un avenir plus sécurisé aux citoyens les plus jeunes du pays. Etre enregistré permet aux jeunes de s'inscrire aux examens, fréquenter l'université, obtenir une carte d'identité ou le permis de conduire. Cette vidéo montre le fonctionnement l'opération pour atteindre toutes les collectivités du Niger :

A Akoubounou, une commune de 47.000 habitants sur une superficie de 5.300 kilomètres carrés dans le Nord-Est du Niger, 600 enfants ont récemment reçu leur certificat de naissance distribué dans les écoles primaires. Sur le blog de l'UNICEF, Khamed Attayoub, le maire d'Akoubounou, rapporte [anglais] :

Dans le processus de décentralisation en cours, les communes ont une compétence forte pour l'état civil. Nous avons un rôle majeur à jouer, notamment dans la sensibilisation au niveau du village. Il est aussi important de s'impliquer dans le suivi, pour s'assurer de n'exclure personne.

Les tribunaux itinérants ont donné des audiences gratuites pour les jeunes non enregistrés. Entre 2009 et 2011, plus de 600.000 jugements ont été délivrés à des jeunes de moins de 18 ans.

Cartographier le territoire  

Affronter les défis liés à un territoire étendu est l'objectif du projet Cartographions pour le Niger, soutenu par un financement de Rising Voices [anglais]. L'opération est un partenariat entre le Département de Géographie de l’université Abdou Moumouni et des étudiants du Club de Géographie du campus qui ont formé ensemble une Communauté technique bénévole pour découvrir les besoins et les histoires de leurs communautés environnantes.

Par ailleurs, l'équipe utilise les outils de OpenStreetMap, pour cartographier des lieux importants comme écoles, rues et hôpitaux en ville et à la campagne, tout en écoutant, chemin faisant, les récits des gens. Un besoin récurrent des collectivités, l'accès à l'électricité, est détaillé dans le billet de blog d'Adama Salou :  

A l’instar des autres villages du canton de Gorouol, le village de Kolmane, un village ou je passais mes vacances, souffre d’une précarité électrique notoire. Le réseau électrique est quasis absent en dehors de quelques panneaux solaires et de générateurs des batteries. Quant à l’électrification des routes, le constat est amer et inquiétant. Cela occasionne souvent des attaques des bandits armés notamment sur l’axe Kolmane – Ayorou, long de 30 km.

Deuxième tour de l'élection présidentielle à Madagascar

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Ballot Collecting in one polling station via Andrimaso with permission

Ouverture de l'urne dans un bureau de vote via Andrimaso avec permission

Les électeurs de Madagascar sont retournés aux urnes hier pour choisir leur prochain président. A l'issue du premier tour, deux candidats se sont retrouvés au coude à coude pour le compte de l'ex-président en exil Marc Ravalomanana et d'Andry Rajoelina, le tombeur de Ravalomanana dans un coup d'Etat appuyé par l'armée. Brian Klaas propose un bon raccourci de la situation sur le blog DemocracyinAfrica [anglais] :

Ce vendredi, Madagascar se rend aux urnes pour élire un nouveau président et un nouveau parlement. Le scrutin est le premier pas important vers la sortie de l'interminable ‘transition’ qui a débuté en 2009 lorsqu'Andry Rajoelina, un DJ de radio devenu maire, a renversé Marc Ravalomanana, un magnat de l'industrie laitière devenu président, dans un coup d'Etat militaire.

Ces deux personnages dominent la politique malgache, mais aucun des deux ne brigue la présidence—au moins pas directement. Au lieu de quoi, ils se sont substitué des candidats par procuration dans le cadre d'un accord marchandé à l'international pour mettre fin à l'impasse. Le Dr. Jean-Louis Robinson, un ancien ministre de Ravalomanana et fonctionnaire de l'OMS, concourt à la place de son ancien patron. Hery Rajaonarimampianina, ministre du Budget et des Finances dans le gouvernement d'après-putsch, le fait en lieu et place du Président de la Transition, A. Rajoelina.

Les électeurs malgaches ont suivi les deux candidats dans une suite de trois débats télévisés. Le premier n'a pas enthousiasmé, comme le raconte un article de Madagascar Tribune, car les deux candidats n'ont pas pris de risque et ont démontré leur absence d'idées originales :

Nous devons nous demander si les candidats ont vraiment la conviction que leurs idées seraient la solution à nos problèmes ou s’ils se contentent de répéter des solutions génériques que la communauté internationale et autres bailleurs de fond aiment entendre. (Pour être juste, les débats présidentiels peuvent aussi être utilisés pour envoyer des signaux forts pour attirer des partenaires potentiels, ou même des sponsors.) À certains moments, les candidats avaient l’air de répéter les mêmes programmes arrachés de placards à idées – il n’est pas juste de resservir le même vieux « tambavy » repackagé dans de nouvelles bouteilles et puis de clamer que « cette fois-ci c’est différent ». Pour les vingt millions et quelque de citoyens malagasy, cette fois-ci, ça devrait vraiment être différent. Lançons un défi aux candidats de sortir des sentiers battus et de montrer aux électeurs qu’ils sont aussi différents.

Le second débat, mené en français, s'est centré sur les dossiers internationaux. C'est lors du troisième débat que les candidats ont montré les dents. Mais les idées sont restées singulièrement absentes, la plupart des attaques étaient personnelles, de même que pendant toute la campagne, dont le ton était plus au carnaval qu'à la bataille d'idées. Récit, à nouveau, de Brian Klaas :

La campagne n'est guère allée plus loin que les duels mis en scène. La politique malgache ne repose pas sur des programmes, et peu pourraient prétendre voter à partir d'autre chose que le clientélisme et la personnalité. Les emblèmes actuels de la stratégie politique : ballons, danse et musique assourdissante, sont drôles, mais hélas la comédie peut devenir tragédie si Madagascar ne réussit pas à s'extraire de la misère par la construction de la démocratie et le développement.

Le spectacle continue, à voir comment les alliances se sont conclues entre les politiciens – d'anciens ennemis se sont promptement ralliés à l'un ou l'autre candidat- et comment Andry Rajoelina, supposé neutre, a apporté un soutien flagrant à son ex-ministre des Finances, Hery Rajaonarimampianina :

Pendant le scrutin, des irrégularités ont été rapportées sur Twitter.

Le camp du candidat à la présidence Jean Louis Robinson accuse l'équipe de son principal adversaire d'avoir acheté des votes dans le bureau de vote. Sur notre chemin.

Espérons que 2014 apporte paix et changement à Madagascar, dont les citoyens devront attendre janvier pour connaître les résultats du deuxième tour.

Elections de Madagascar : 7,6 millions d'électeurs ; 20.115 bureaux de vote ; résultats publiés en janvier

Pas de liberté religieuse aux Maldives

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Les Maldives occupent un rang élevé dans la liste des gouvernements qui restreignent la liberté religieuse. Les citoyens des Maldives doivent être musulmans et ne peuvent pratiquer une autre religion que l'islam. Les étrangers non musulmans ne peuvent voter, pratiquer ouvertement un culte, obtenir la citoyenneté, ou occuper des emplois publics. Le journaliste Hilath Rasheed note que les Maldives ne seront peut-être pas capables d'appliquer la liberté de religion dans les 50 prochaines années tant que la mentalité au sein des nouvelles générations de Maldives n'évoluera pas.

Le “Bon Tsar” Poutine grâcie Khodorkovski

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Journalists jockey for Putin's attention during a 4 hour press conference. Photo Kremlin.ru.

Des journalistes cherchent à attirer l'attention de Poutine pendant une conférence de presse de quatre heures. Kremlin.ru.

Au cours des années, les conférences de presse du Président Poutine ont acquis auprès des drogués russes de la politique une réputation détestable d'extrême longueur. Sa dernière en date, celle de fin d'année du 19 décembre 2013 a totalisé la durée respectable de quatre heures et cinq minutes. Poutine a répondu à des questions sur Edward Snowden (qu'il a appelé un “homme étrange”), les relations internationales (il a qualifié l'Iran de “partenaire prioritaire”) et le rapport que devraient avoir les Russes avec leur passé (Staline, a-t-il expliqué, n'était pas pire comme “dictateur sanguinaire” qu'Oliver Cromwell, qui a beaucoup de statues au Royaume Uni). Comme il est aussi d'usage à ce genre de rencontre, Poutine a prêté l'oreille à une litanie interminable de requêtes et de plaintes de  journalistes de la presse régionale sur l'infrastructure, la corruption et le chômage, qu'il a selon l'usage promis d'améliorer. 

A un moment, Poutine a été interrogé par Diana Khatchatrian de Novaïa Gazeta [russe] sur la réalité d'une rumeur de “troisième procès Ioukos.” Une nouvelle affaire judiciaire impliquant les dirigeants de la défunte compagnie pétrolière était dite dans les tuyaux, moyen de maintenir derrière les barreaux l'ancien patron Mikhaïl Khodorkovski, naguère homme le plus riche de Russie et rival politique de Vladimir Poutine. Khodorkovski, dont la condamnation a déjà été prolongée une fois, est en prison depuis 2003 et sa libération est prévue en 2014. Poutine s'est montré évasif, remarquant [russe] que si personnellement il ne croyait pas à un tel procès, la décision relevait en fin de compte du bureau du procureur.

Mikhail Khodorkovsky - Russia's most famous prisoner. Photo CC2.0 Wikicommons

Mikhaîl Khodorkovski, le prisonnier le plus célèbre de Russie. Photo CC2.0 Wikimedia Commons.

Bizarrement, Poutine n'a pas saisi cette occasion d'annoncer ce qui serait le plus gros scoop de la journée : son affirmation que Khodorkovski lui avait écrit personnellement pour demander sa grâce et que Poutine allait la signer. Au lieu de quoi, Poutine a attendu la fin de la conférence de presse et en a parlé incidemment à un groupe de journalistes. La nouvelle que Khodorkovski aurait admis sa culpabilité (il a toujours soutenu qu'il était innocent et que sa détention était à motivation politique) et serait aussitôt relâché a plongé l'internet russe dans des abîmes de spéculations.

Poutine explique aux journalistes que Khodorkovski a signé une lettre de demande de grâce et qu'il se dipose à la lui accorder.

Plus étrange encore peut-être que le style cavalier de l'annonce, les avocats de Khodorkovski eux-mêmes ont été pris de court. La journaliste russo-américaine Julia Ioffe a tweeté qu'elle était assise à côté de l'avocat de Khodorkovski Vadim Kliouvgant, au moment de l'annonce :

J'étais à côté de Kliouvgant quand il a reçu cette nouvelle sur son client. Sa surprise était aussi grande que la mienne.

Mais après les déclarations publiques des avocats indiquant qu'ils n'avaient eu connaissance d'aucune demande de grâce, le communiqué suivant [russe] est apparu sur la page Fzcebook officielle de Khodorkovski :

До встречи Михаила Ходорковского с его адвокатами все ранее данные ими комментарии, касающиеся прошения о помиловании, недействительны.

Jusqu'à la rencontre de Mikhaïl Khodorkovski avec ses avocats, toutes leurs déclarations antérieures concernant son recours en grâce sont nulles et non avenues.

L'oligarque russe et ex-candidat à la présidentielle Mikhaïl Prokhorov, qui a fait du lobbying pendant quelque temps pour la remise en liberté de Khodorkovski, s'est naturellement réjoui [russe] :

La principale nouvelle, c'est la grâce de Khodorkovski. Est arrivé ce qui aurait dû arriver depuis des années. Je me réjouis pour Mikhaïl et sa famille.

Sergueï Jelezniak [russe], un député à la Douma du parti au pouvoir Russie Unie, a aussitôt vanté la clémence de Poutine, en annonçant dans un billet d'autosatisfact(ion sur Facebook [russe] :

Готовность Президента удовлетворить прошение о помиловании, также, как и широкая амнистия к 20-летию Конституции России, [...] подтверждение того, что Россия все больше становится цивилизованным, правовым и социальным государством.

La disposition du Président à satisfaire le recours en grâce, de même que la large amnistie pour le 20ème anniversaire de la Constitution, [...] est la confirmation que la Russie devient de plus en plus un Etat civilisé, respectant le droit et social.

Pour sa part, Vadim Soukhodolski [russe], membre du parti d'opposition PARNAS, a vu [russe] dans la mesure, comme dans beaucoup d'autres amnisties, un pur geste de communication :

La grâce de Khodorkovski, comme les amnisties pour les militants de Greenpeace et quelques prisonniers de Bolotnaïa n'est rien d'autre qu'une simulation de Poutine pour l'Occident avant les Jeux Olympiques de Sotchi.

L'écrivain et philosophe Sergueï Korolev [russe], qui vit à Moscou, partage ce cynisme [russe] sur les motivations de Poutine :

La grâce de Khodorkovski est peut-être liée à la compréhension que sa mère pourrait décéder pendant que son fils est en prison. Ce qui serait désastreux pour l'image de Poutine.

D'autres se sont plus intéressés aux motifs de Khodorkovski pour demander sa grâce qu'à ceux de Poutine pour l'accorder. Le journaliste et musicien de Touva Valeri Otstavnikh a tweeté [russe] :

Question complètement stupide. Si MBKh [Khodorkovski] a vraiment demandé la grâce de VVP [Poutine], pourquoi a-t-il attendu 10 ans ?

La libération de Khodorkovski n'a pas fait plaisir à tout le monde. Même si le soutien de l'opinion à sa remise en liberté a augmenté [russe] pendant sa longue incarcération, certains voient toujours en lui un membre de la classe honnie des oligarches qui a plongé le pays dans le chaos pendant les années 1990. Un utilisateur, qui tweete sous le nom de Human Zoo [russe], n'a à l'évidence pas été emballé [russe] par la nouvelle de sa libération imminente :

Je pense que Khodorkovski et ses semblables devraient pourrir dans les mines d'uranium en compagnie de Poutine.

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