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Le Parlement russe élabore de nouvelles lois “anti-terrorisme” pour l'Internet

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Graffiti in Moscow, 9 June 2013, photo by Victor Grigas, CC 3.0.

Tags à Moscou, juin 2013. Photo de Victor Grigas via Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0)

[Billet d'origine publié en anglais le 16 janvier 2014 - Liens en anglais et russe]

Une nouvelle répression d'Internet semble menacer en Russie, où la Douma examine trois nouveaux textes de législation “anti-terreur” susceptibles de faire peser de lourdes restrictions sur les activités des opérateurs de sites web et les responsables de mouvements de la société civile.

Deux des propositions de loi concernent les pouvoirs de surveillance administrative : l'une créerait de nouvelles exigences obligeant les opérateurs à rapporter la moindre action de leurs usagers, et l'autre fixe les peines pour les délits liés au terrorisme. La troisième instaurerait de nouvelles restrictions pour les individus et organisations acceptant des dons anonymes à travers des services en ligne comme PayPal, une disposition qui pourrait avoir des conséquences particulièrement lourdes sur les petites associations de la société civile.

Les trois propositions de loi

La première des trois propositions de loi (Initiative législative 428884-6 [russe]) crée de nouvelles exigences d'archivage et notifications obligatoires, accordant au gouvernement fédéral des compétences étendues. L'article le plus inquiétant de ce texte stipule que “les individus ou personnes juridiques” qui “[organisent] la dissémination d'information et (ou) l'échange d'information entre les usagers d'Internet ont obligation de conserver toute l'information sur l'entrée, la transmission, la distribution et le traitement des données vocales, écrits, images, sons, ou autres types d'action” qui se produisent pendant l'utilisation de leur site. A tout moment, les données archivées doivent inclure les six derniers mois d'activité.

Cette obligation paraît devoir s'appliquer aux propriétaires et opérateurs de sites internet et de services s'échelonnant de services multinationaux comme Facebook jusqu'aux petits blogs collectifs et plates-formes de discussion.

Les “organisateurs” de sites internet doivent aussi “notifier” (уведомить) les services russes de sécurité lors de chaque première utilisation et de chaque “échange d'information” par les utilisateurs. Prise à la lettre, cette exigence pourrait créer une mission quasi impossible pour les administrateurs de blogs, de sites de médias sociaux et autres forums de discussion ayant de grands nombres d'utilisateurs.

Cette législation comporte aussi un volet ambitieux de juridiction, revendiquant qu'elle s'appliquerait à tous les sites internet accessibles aux citoyens russes : “Dans le cas où l'organisateur du service de communication est situé hors des frontières de la Fédération de Russie, mais que l’utilisateur des services est situé à l'intérieur du territoire russe, l'emplacement des services rendus est le territoire de la Fédération de Russie.” Conflits de juridiction et normes internationales des droits humains rendraient une telle politique pratiquement impossible à mettre en oeuvre.

Enfin, la législation prévoit des amendes pour les propriétaires de sites internet qui ne se conforment pas à la loi, et fait encourir aux personnes morales (comme Facebook, Vkontakte, Twitter) des pénalités pouvant atteindre six mille dollars par infraction. On a du mal à imaginer là aussi comment un tel plan pourrait être exécuté au-delà des frontières internationales.

La seconde proposition de loi (Initiative législative 428889-6 [russe]) élargirait les pouvoirs de la police et augmenterait les peines pour terrorisme. Cette législation accorde au FSB, le service de sécurité fédérale (et successeur post-soviétique du KGB) des droits d'inspecter les voyageurs, jusqu'alors réservés à la seule police ordinaire. Il augmente également les peines de prison maximales pour plusieurs crimes en relation avec le terrorisme.

Enfin, le troisième texte (Initiative législative 428896-6 [russe]) fixerait de nouvelles limites aux transferts d'argent en ligne. Ce texte en rédaction augmenterait les limitations sur les transactions financières anonymes en ligne et interdirait toutes les transactions financières internationales en ligne, où l'opérateur monétaire électronique (tels PayPal, Yandex.Dengi, WebMoney) ne connaît pas l'identité juridique du client. La législation accroît aussi les coûts opérationnels des ONG, en les requérant de déclarer chaque mouvement de plus de trois mille dollars en dons étrangers. (Actuellement, c'est six mille dollars.)

Les restrictions proposées sur les transferts monétaires anonymes en ligne pourraient êtres significatives. Actuellement, en Russie, on peut déposer jusqu'à 1.200 dollars dans un unique porte-monnaie anonyme en ligne, et on peut dépenser presque 450 dollars de ce compte en une seule transaction. Sous la nouvelle législation, les Russes ne pourraient plus dépenser plus de 450 dollars par mois calendaire entier d'aucun compte monéaire anonyme en ligne, et les transactions d'une journée seraient limitées à 30 dollars (1000 roubles).

Geler le portefeuille électronique ?

Quel est le montant usuel d'un transfert de roubles en ligne des internautes russes ? Prenons l'exemple de la campagne d'Alexeï Navalny pour le poste de maire de Moscou en août 2013. Il l'a financée largement par des dons en ligne à travers Yandex.Dengi (un service analogue à PayPal). L’audit public [russe] de Navalny de ses dons en ligne est toujours accessible, et on voit au premier coup d'oeil qu'un nombre notable de virements dépassaient largement 1000 roubles.

Anticipant peut-être la réaction négative au nouveau tour de vis sur les transferts monétaires anonymes de RuNet, la Douma a de fait, fin décembre 2013, relevé le solde maximum autorisé [russe] des comptes monétaires identifiés (non-anonymes), le faisant passer de 100.000 roubles (3.000 dollars) à 600.000 roubles (environ 18.000 dollars).

Arkady Babchenko in an interview, 18 March 2012, YouTube screen capture.

Arkadi Babchenko lors d'un entretien, 18 mars 2012, capture d'écran YouTube.

Evidemment, les conséquences potentielles de cette législation sur les projets à financement participatif (tels la campagne électorale municipale de Navalny, ses organisations anti-corruption, et d'autres opérations de terrain) en ont alarmé beaucoup sur la blogosphère russe. L'écrivain et militant Arkadi Babchenko, qui dirige un mouvement civique du nom de “Journalistes sans Intermédiaires,” s'en est ému dans un billet de blog [russe] émouvant, où il déclare que la nouvelle législation détruirait toute action pour financer son projet, qu'il promeut inlassablement sur son média social en ligne (dirigeant toujours ses lecteurs vers le compte du mouvement sur Yandex.Dengi). “A présent je peux mettre la clé sous la porte avec la conscience tranquille,” annonce-t-il, fataliste.

Le gourou de RuNet Anton Nosik a blogué [russe] sur le même ton sur LiveJournal, affirmant que les Russes qui commandent des pizzas en ligne pour plus de 1000 roubles courent le risque d'être fichés comme “terroristes.” Encore plus emphatique, l'économiste et conseiller municipal Konstantin Yankauskas a proclamé dans un statut Facebook [russe] que “sous prétexte de lutte contre le terrorisme, la Douma Fédérale se préparer à fermer Yandex.Dengi.” Comme Babchenko, Yankauskas gère son propre mouvement civique à financement participatif : un journal local de Ziouzino, dans la banlieue de Moscou.

Curieusement, Babchenko, Nosik, et Yankauskas négligent tous trois le fait que les limitations proposées aux transferts monétaires sur Internet s'appliquent exclusivement aux comptes anonymes. On peut présumer que leur panique s'enracine dans la supposition que les Russes ne sont prêts à faire des dons aux mouvements civiques que si c'est possible dans l'anonymat, sans alerter les autorités sur des penchants ostensibles “d'opposition”.

Ces réformes prévues ont peut-être eu pour intention de faire sortir du bois les sympathisants de la société civile russe, en élaguant au passage leurs effectifs. Même maintenant, alors que la réglementation n'a pas encore force de loi, les mouvements civiques comme ceux de Babchenko et Yankauskas sont loin de mobiliser les foules. “Journalistes sans Intermédiaires” ne compte que 110 “likes” sur Facebook, et “J'habite Ziouzino” a moins de 300 abonnés sur Vkontakte. Alors que le propriétaire de celui-ci s'empresse d'annoncer l'arrêt des activités et que le directeur de celui-là conclut aussitôt que “Yandex.Dengi va être fermé,” on est tenté d'en déduire que certaines initiatives en ligne voudraient prétexter du dernier tour de vis sur RuNet pour s'épargner la honte ordinaire de l'insuccès.

Selon le jornal Vedomosti [russe], les projets de loi sont en chantier depuis quelque temps, avant qu'une récente série d'attentats dans la ville de Volgograd n'en accélère le processus. Quatre des commanditaires des lois sont d'ex-professionnels de l'appareil de sécurité de la Russie (un ancien procureur, deux anciens agents du FSB, et un ex-vice-président de la “Commission de politique de l'Information”) fédérale. La législation a été élaborée lors de réunions à huis clos avec des représentant de Rosfinmonitoring (un organisme anti-blanchiment), du Service de Sécurité Fédérale, et du Ministère de l'Intérieur.

Quels que soient les motivations futures des législateurs russes et les stratégies de levée de fonds des mouvements civiques, cette réforme pour mettre à nu la discrétion offerte par l'échange en ligne va immanquablement refroidir les ardeurs de l'auto-organisation des internautes russes. Un des auteurs des projets de loi, Oleg Denisenko, a même reconnu [russe] dans le journal Kommersant que la législation “sera inpopulaire.” Pendant que la Douma discutera et amendera les propositions de loi dans les semaines à venir, Denisenko saura si ses collègues trouvent que la lutte contre le terrorisme justifie de tels sacrifices. Les réactions initiales de RuNet indiquent en tous cas que les mesures proposées ne seront jamais du goût des blogueurs russes.


“No” : une campagne brillante et optimiste qui a propulsé une révolution

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"No" campaign logo. Released to public domain.

Logo de la campagne “No”. Domaine public. 

Augusto Pinochet, l'auteur du coup d'état de 1973 au Chili, a perdu le pouvoir par la force des urnes en 1988. Il est le seul dictateur de l'histoire à avoir organisé une élection pour décider de son avenir et fut destitué démocratiquement. Comme dans toute course politique, il y a eu des campagnes de soutien de chaque côté. Le “Oui” plaidait pour la réélection de Pinochet ; le “Non” voulait mettre un terme à la dictature militaire. Diffuser publiquement un message publicitaire contre un régime militaire qui contrôle les média est une tâche héroïque, encore aujourd'hui. Mais la campagne du “Non” utilisait un message optimiste, changeant complètement la direction dans l'art de représenter les crues et douloureuses questions des droits de l'homme et fut capable de propulser la révolution. 

Le film “No” de Pablo Larraín sorti en 2012, raconte – sans pour autant être un documentaire – l'histoire du référendum de Pinochet du 5 octobre 1988 en gardant un point de vue positif. Le personnage central, René Saavedra (Gael García Bernal) est un jeune et brillant créatif d'une agence de publicité et fils d'une figure respectée de l'opposition qui revient au Chili après avoir grandi en exil au Mexique. Son talent et son histoire familiale amènent José Tomás Urrutia (Luis Gnecco), le leader de la campagne du “Non” à lui demander de participer à la stratégie et la conception des “franja” (nom donné aux 15 minutes officielles de programme télévisé utilisé pour la propagande politique par tous les parties lors des élections). 

Au début du processus, les membres de la Concertación (regroupant les partis de l'opposition) voulaient montrer la réalité brutale de la dictature : les assassinats, les tortures et les disparitions, pour ouvrir les yeux des gens et faire pencher l'opinion publique vers leur cause. René a réussi à convaincre l'opposition de parier sur la présentation de la démocratie comme un produit attirant plus que sur la mise en exergue des sombres réalités du présent. “No” devenait ainsi une campagne qui parlait de la joie de vivre en liberté. Ainsi le “No” a battu Pinochet. 

Ce serait être naïf que de penser que la campagne publicitaire à elle seule fut capable de renverser un dictateur. En revanche il est intéressant de considérer l'idée proposée par cette campagne : repenser la façon dont on défend ses droits en déplaçant son regard des aspects négatifs et douloureux vers l'espoir et la joie, pourquoi pas même l'humour, que le futur pourrait nous apporter. Ces dernières années nous avons été les témoins de nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde mais également de nombreux cas de violences collectives et d'injustices. Beaucoup d'entre nous ont atteint le point de non retour en matière de surcharge de messages de lutte qui sont si souvent décourageants. 

De nombreux spécialistes des média comme Wendy Johnston et Graham Davey ont étudié comment l'abondance d'images et d'histoires d'atrocités sur internet peuvent mener à un sentiment d'apathie et même d'impuissance. Il pourrait être primordial de trouver de nouvelles façons de diffuser ce sentiment d'urgence pour atteindre la paix et la liberté – de nombreux activistes le font déjà et rencontrent beaucoup de succès. La vidéo humoristique “No Woman, No Drive” (une parodie de la chanson “No Woman, No Cry” de Bob Marley) créée par l'humoriste saoudien Hisham Fageeh pour soutenir la campagne Women2Drive en Arabie Saoudite est un superbe exemple de ce type d'ingéniosité. Syria Untold, une plateforme internet qui met l'accent sur des projets journalistiques et créatifs au sein du mouvement non-violent en est un autre. 

Le triste réalité des personnes qui font face à ces situations nécessite toujours d'être documentée et largement diffusée, mais nous pouvons compléter ces histoires avec de l'humour, de l'espoir et une approche optimiste afin de réaliser les changements que cette planète recherche. 

Dans un récent numéro de GV Face, le co-fondateur Ethan Zuckerman et les éditeurs de GV Solana Larsen, Sahar Habib Ghazi, et Ellery Roberts Biddle ont parlé des tenants et des aboutissants du “journalisme de solution.”

“La marche des crayons rouges” exige la liberté de la presse en Malaisie

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Journalists shouted 'Free The Media' and 'Free The Heat' during the 'Red Pencil' protest in Kuala Lumpur. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Journalistes criant  ”Libérez les média” et “Libérez The Heat’ pendant la marche des “crayons rouges” à Kuala Lumpur. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

[Liens en anglais] Des journalistes et activistes malaisiens se sont rassemblés et ont organisé une manifestation des “crayons rouges” début janvier en réaction à la décision du ministère de suspendre le magazine d'information hebdomadaire The Heat pour une période indéfinie. Les manifestants accusent les autorités de suspendre The Heat en représailles suite à la publication d'un article sur les habitudes de dépenses du Premier ministre et sa femme. 

Plus de 200 personnes se sont rassemblées pour manifester dans le centre de Kuala Lumpur, la capitale. Les participants appartiennent au Gerakan Media Marah (Geramm) ou au mouvement des médias en colère, une coalition libre de journalistes qui s'est constituée pour exiger une plus grande liberté de la presse dans le pays. 

Pendant la manifestation, des crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence commise contre les média. Fathi Aris Omar, porte-parole de Geramm et éditeur du site d'information Malaysiakini, a expliqué en détail le sens du crayon rouge : 

Le crayon rouge représente les journalistes qui étaient blessés (dans le passé, par les autorités) et la culture du contrôle par les pouvoirs. 

Ecoutez le son lorsqu'il casse. C'est la souffrance des journalistes et des média lorsqu'i est “brisé”. 

Geramm a huit revendications au gouvernement. Outre le retrait de l'ordre de suspension contre The Heat, le réseau veut aussi desserrer les liens qui réglementent les médias dans le pays. Certaines des autres revendications sont : 

Abolir le permis de publication qui est rendu obligatoire par la loi sur la presse écrite et les publications de 1984 (PPPA). 
Autoriser les professionnels des médias à couvrir les événements officiels et laisser l'accès aux bâtiments publics pour recueillir l'information. 
Des excuses auprès des professionnels des médias pour chacune des violations de la liberté de la presse. 

La controversée loi PPPA était invoquée par le gouvernement lorsqu'il a interdit The Heat. Les journalistes et activistes malaisiens exigent la révocation de la loi qu'ils affirment institutionnaliser la censure des médias dans le pays. 

L'appel à la révision de la loi était soutenu par Christopher Leong, président du barreau malaisien :

C'est une loi archaïque qui n'a plus aucune pertinence dans une démocratie moderne. On a usé et abusé de cette loi pour influencer, maltraiter, intimider, menacer et punir la presse. Un tel contrôle législatif et gouvernemental de la presse, y compris les régimes d'autorisation, devrait cesser.

Red pencils were broken in half to symbolize media violence in Malaysia. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Les crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence contre les médias en Malaisie. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

Le célèbre activiste et fondateur du mouvement Bersih [propre] Ambiga Sreenavasan a suivi les manifestations et commenté l'importance politique du rassemblement : 

C'est l'une des premières fois que je vois des journalistes se rassembler pour mener ce combat très important. Je sais que vous ne vous battez pas uniquement pour les média en ligne, vous vous battez pour tous les journalistes. Pour moi, il s'agit de votre intégrité et votre amour-propre en tant que journaliste.

Ambiga a fondé le Bersih il y a quelques années pour faire avancer les réformes électorales. 

Cependant, le journaliste Eric Loo a critiqué les médias à large diffusion pour leur tolérance face à la censure dans le pays. Il demande aux cyber-citoyens malaisiens et aux média alternatifs de persister dans la recherche de la vérité : 

Refusons d'avaler leur interprétation des réalités politiques, leur version de l'Histoire. Il est temps de raconter nos propres histoires et diffuser en ligne ce que nous savons être vrai, des récits qui reflètent les réalités politiques actuelles au lieu de celles encadrées par les médias classiques.

La chaîne de télévision alternative KiniTV présente des reportages supplémentaires sur la marche des “crayons rouges”

Des conteneurs pour loger les étudiants européens

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 "Containers" at DTU Campus Village in Kongens Lyngby, Denmark via wikipedia CC-BY-SA-3.0

Les conteneurs du campus de l’université DTU à Kongens Lyngby, au Danemark, photo tirée de Wikipedia, licence CC-BY-SA-3.0

Au Danemark, en Allemagne, en France et en Espagne, plusieurs universités ont choisi de transformer des conteneurs en chambres d'étudiants. Les conteneurs ont l'avantage d'être peu coûteux et faciles à adapter pour y installer les équipements nécessaires. Toutefois, des associations ont déjà soulevé quelques questions concernant notamment l’isolation thermique et la sécurité.

Vous avez de l'acné ? La Corée du Sud va taxer votre traitement

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Votre poussée de boutons est-elle imposable ? En Corée du Sud, le ministre des finances répond Oui.

Au début du mois de février, un nouveau système d'imposition sera instaur”, taxant de 10% [anglais] la chirurgie relative à l'apparence et à la beauté. La loi dite “de beauté “n'inclut pas seulement l'archiconnue chirurgie plastique, comme par exemple la rhinoplastie, la chirurgie bimaxilaire ou le gonflement des lèvres, elle s'intéresse aussi aux traitements de la peau comme le cas classique de l'acné.

Le nouvel impôt, proposé l'été passé, a pour objectif de freiner le nombre croissant d'opérations cosmétiques, mais dès sa publication, il a rprovoqué une levée de boucliers. Les plus critiques croient [coréen, comme les liens suivants] que la mesure est seulement une augmentation des impôts sous l'apparence d'une loi de santé publique. De nombreux internautes soulignent que la nouvelle loi ne va pas changer l'obsession des apparences dans la société sud-coréenne, et pour autant, n'affectera pas les personnes qui veulent à tout prix se soumettre à ces traitements.

Alors qu'approche l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, une taxe, de 10% sur les traitements contre l'acné, semble avoir ranimé l'animosité. Ci-dessous, on peut trouver quelques-uns des twitts où les usagers montrent leur mécontentement :

Comme si ce n'était déjà pas assez nul d'avoir de l'acné ou de perdre ses cheveux. On nous fait aussi payer pour ça maintenant.

Les hyènes tournent et cherchent quoi taxer. Ça y est elles ont trouvé, les boutons d'acné!

@mosfkorea [Compte officiel du Ministère Sud Coréen des finances]: Qui vous croyez-vous pour taxer mes boutons ?

La logique du ministre des finances est la suivante : étant donné que l'acné n'est pas un cas grave de maladie de la peau, n'importe quel traitement pour le soigner sera qualifié de “chirurgie esthétique” et en tant que tel, sera imposé. Comme si ce n'était pas déjà assez ridicule d'écouter leur proposition de loi, maintenant ça ! Peu importe les raisons données, vont-ils arrêter de créer des impôts ?

La communauté médicale est également mécontente de cette nouvelle. L'association médicale de Corée a fait circuler l'affiche ci-dessous où ils montrent leur agacement. La première phrase en gras, regrette que ce ne soit pas les professionnels de la médecine, mais le ministre des finances qui ait décidé du traitement à donner à l'acné, (ce n'est pas une maladie grave de la peau, mais les inconvénients peuvent altérer le physique). Les internautes ont partagé l'image sur Twitter et ont ironisé sur le slogan actuel du gouvernement en matière d'économie : “Economie créative”. Un usager a même cité le fameux surnom de la Présidente Park Geun-hye “poule”:

Taxer les boutons… c'est drôlement “créatif”.

Ajouter des taxes aux traitements de la peau, c'est un peu exagérer. Les personnes qui souffrent de l'acné payent déjà assez pour avoir un traitement adéquat. En plus, la majorité de ces personnes sont des adolescents en pleine puberté ou des jeunes d'un peu moins de 20 ans. Il semble que l'”économie créative” du gouvernement poule signifie en réalité “formes créatives de taxer n'importe quoi”.

Il n'y a pas de société, qui, comme la nôtre, soit aussi obsédée par les apparences. En outre, ceux qui ont aidé à promouvoir cette vision dans la société sont maintenant en train de taxer toutes les choses liées à l'esthétique. C'est ridicule.

Waou. où veulent-ils en arriver? La prochaine étape sera de taxer les manucures et des régimes ? Ce n'est pas un péché d'avoir des boutons.

Mauritanie: Serions nous devenus moins cléments que le prophète Mohamed ?

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Suite à l'inculpation pour apostasie de Mohamed Cheikh Ould Mohamed, forgeron âgé de 28 ans, par un tribunal de Nouadhibou (ville située à 465 kilomètres au Nord de Nouakchott), pour avoir critiqué sur Internet et mis en doute certaines des décisions du Prophète Mohamed (PSL) concernant le jihad (guerre sainte),  le Pr ELY Mustapha, auteur d'une vingtaine d'ouvrages dans de nombreuses disciplines (droit, économie, finances publiques, NTIC, littérature etc) et consultant international, a écrit sur kassataya.com :

Nul ne peut revêtir la condition du Prophète Mohamed, être unique, ni se substituer à lui. Mais si toute personne peut se faire passer pour un imam, jusqu’à preuve du contraire, personne ne veut revêtir la condition sociale de « forgeron ». Et quand le forgeron s’exprime pour dénoncer sa condition, c’est l’imam, être faillible, qui extrapole les paroles d’un opprimé au nom d’un Prophète, infaillible, libérateur des opprimés, pour le mettre aux fers.

Jusqu’où ira-t-on pour brandir l’Islam en toute occasion et détruire des vies. Sommes-nous devenus moins clément que le prophète Mohamed  lui-même ? Pourquoi cet acharnement contre un individu qui veut dénoncer sa vile condition sociale en justifiant ses propos par des écrits qui ne sont pas les siens ?

Une société qui entretient des castes et considère une partie de ses enfants comme des sous-hommes, des forgerons a-t-elle d’ailleurs le droit de s’en offusquer ? Et si cela était ne devrait-elle pas prendre exemple sur son Prophète pour pardonner et conseiller pour remettre celui qui faute dans le droit chemin.

Cameroun: La langue “Français-Camerounais”

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Dans un billet humouristique, Dania nous présente quelques expressions du langage né du mélange entre le français et des langues locales:

Ekiéé ! (Exclamation de surprise). Cela se dit même dans les conseils ministériels du pays qu’on appelle le Cameroun. Là-bas, le français a ses codes, un mélange de pidgin english, de langues vernaculaires et même de camfranglais, ce nouveau langage qui vous perd si vous n’êtes pas initié. Mais les camerounismes vont bien au-delà de simples néologismes.

Les blogueurs arabes : “Nous devons cesser de penser que la technologie va régler toutes nos difficultés”

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Cet article a été publié à l'origine sur El Diario, en espagnol. La version anglaise est d'Ellery Roberts Biddle.

Sièges vides pour ceux qui étaient absents de #AB14. Photo par Hisham Almiraat via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

Sièges vides pour ceux qui étaient absents de #AB14. Photo d'Hisham Almiraat via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)

[Les liens dirigent vers des pages en anglais] “Ceux qui vivent dans les sociétés occidentales ne comprennent pas l'importance de pouvoir critiquer les actions de leur gouvernement. C'est un droit que nous n'avons pas dans nos pays.”

C'est ainsi que Walid Al-Saqaf, fondateur du Portail Yemen, entama la discussion sur la censure et la surveillance numérique lors de la Rencontre des blogueurs Arabes #AB14 qui s'est tenue du 20 au 23 Janvier à Amman (Jordanie).

Bannière invitant à la libération d'Alaa Abd El Fattah et Bassel Safadi, anciens participants de la Rencontre des Blogueurs Arabes.

Bannière invitant à la libération d'Alaa Abd El Fattah et de Bassel Safadi, anciens participants à la Rencontre des Blogueurs Arabes .

Le contexte politique de cet événement a radicalement changé depuis la dernière rencontre de septembre 2011, lorsque des blogueurs et des activistes de tous les pays arabes se sont rassemblés en Tunisie, réunis autour d'une bannière sur laquelle était inscrit: “Bienvenue à la Tunisie Libre.” Depuis cette période, la censure et la répression se sont poursuivies. Le sentiment d'espoir intense et notable de la dernière rencontre, alimenté par les révoltes contre les dictatures de la région, a mené à des transitions difficiles dans certains cas et à des conflits armés dans d'autres, toutes luttes que nous observons parfaitement dans le monde internet.

“Nous devons cesser de penser que la technologie va résoudre tous nos problèmes,” défendit Al-Saqaf. “La censure est là pour rester, quelque soient les outils, nous devons donc cesser d'être obsédés par ceux-ci et commencer à regarder le long terme.”

La rencontre s'est focalisée sur la poursuite stratégique de la protection contre la censure et la surveillance, et la préservation de liens dans un milieu qui se sent de plus en plus fragmenté chaque jour. Un projet photographique réalisé sur place met en relief un message de chaque participant.

“Nous observons le gouvernement, pas autre chose,” message du blogueur Marocain Zineb Belmkaddem durant la rencontre des blogueurs Arabes à Amman. Photo autorisée d'Amer Sweidan.

“Nous surveillons le pouvoir, pas l'inverse,” message de la blogueuse marocaine Zineb Belmkaddem durant la rencontre des blogueurs arabes à Amman. Photo autorisée d'Amer Sweidan.

Cette année, l'absence de deux participants aux réunions précédentes a été particulièrement remarquée: le blogueur égyptien Alaa Abd El Fattah et le développeur syrien Bassel Safadi. La rencontre leur a été dédiée, en tant que journalistes et activistes emprisonnés dans la région. Une déclaration appelle à la libération de l'avocat syrien Razan Zaitouneh, enlevé en décembre à Damas. Il est co-fondateur du Centre Syrien d'Information sur les Violations, un groupe qui dénonce les violations des droits de l'homme.

En tant que collectif, nous avons le devoir de manifester notre solidarité aux activistes défendant la liberté et exposant les violations des droits humains au service de notre humanité commune. Nous au AB14 demandons à l'ONU et à tous les pays impliqués dans la Conférence de Paix Genève II sur la Syrie d'établir de réels mécanismes de protection et de garantir la libération des prisonniers d'opinion et des otages en Syrie.

Ce n'était pas les seuls absents. Un Syrien membre de Enab Baladi, un projet de presse locale indépendante créé au début du soulèvement de mars 2011, a été renvoyé en Turquie à l'issue d'un interrogatoire de plusieurs heures à l'aéroport d'Amman. Deux participants irakiens se sont vus tous les deux refuser des visas d'entrée. Des entraves permanentes aux voyages des citoyens entre les pays de la région demeurent (à la dernière rencontre, les participants palestiniens n'ont pas pu entrer en Tunisie) une réalité en contradiction avec la supposée unité régionale.

“Je n'ai pas de mots, si ce n'est la honte, pour décrire la façon dont les régimes arabes traitent les citoyens des autres pays arabes , tandis qu'une personne détenant un passeport européen peut se déplacer librement sans visa à travers pratiquement toute la région ,” écrit Abir Kopty. Elle ajouta: “Nous continuerons à nous battre tant que nous serons séparés par des frontières ou des régimes autoritaires.”


La gastronomie argentine à travers les migrations

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Les différents flux migratoires que connaît l'Argentine depuis les années 1880 jusqu'à aujourd'hui ont contribué à la richesse et la variété de la gastronomie traditionnelle du pays.

Les différentes Ferias de Colectividades (événements culturels) organisées par les communautés qui composent le pays sont un témoignage de cela. Ces événements ne rassemblent pas seulement les danses traditionnelles, les élections de reines de beauté et la vente de souvenirs, mais aussi les plats traditionnels de chaque pays. La Fiesta de Colectividades de Rosario [espagnol, comme les liens suivants], par exemple, présente chaque année un menu varié par des communautés latines, européennes et asiatiques. Dans la vidéo suivante, la communauté paraguayenne nous présente les plats traditionnels préparés et vendus lors de cette même fête. 

Sur Facebook, la page Encuentro Anual de Colectividades présente quelques-uns des plats vendus au cours de l'édition 2014 à Alta Gracia, une ville située dans la province de Córdoba connue où a vécu Che Guevara :

Imagen de la página de facebook Encuentro Anual de Colectividades

Image de la page Facebook Encuentro Anual de Colectividades

La province de Misiones célèbre également chaque année, en septembre, sa traditionnelle Fiesta Nacional del Inmigrante (Fête Nationale des Immigrants). Pour l'occasion, la communauté polonaise, parmi d'autres communautés, présente sa recette du Kursak Polski na Royezaj, le poulet à la Polonaise:

Ingrédients
1 poulet
1 gros oignon
2 poireaux
1 poivron rouge moyen
1 poivron vert moyen
200 grammes de crème
200 grammes de champignons
sel et poivre

Préparation de la sauce

Hacher finement l'oignon, faire revenir avec une cuillerée d'huile, ajouter les poivrons coupés en dés puis le poireau finement haché. Remuer, ajouter la crème et les champignons. 

Faire cuire pendant cinq minutes, puis saler et poivrer à volonté.

Ajouter éventuellement de la noix de muscade.

Ajouter du lait si la sauce est trop épaisse. Servir avec du poulet grillé ou cuit au four.

Mais des fêtes spécifiques, comme celle des Allemands de la Volga installés en grande majorité dans la province d'Entre Ríos, ont également été créées. Cette communauté est issue de la zone européenne méridionale de la Russie, à proximité de la Volga. Arrivés en Argentine en 1878, ils ont conservé leurs traditions et leur langue. La gastronomie n'a pas été oubliée, comme nous le montre l’Association Argentine des Descendants d'Allemands de la Volga dans cette vidéo présentant la recette du kreppel:

D'autre part, de nombreux restaurants proposent une cuisine étrangère. La communauté croate d'Argentine maintient ses traditions culinaires, comme le restaurant croate Dobar Tek. Voici une vidéo nous montrant “l'art” de réaliser un strudel aux pommes :

La communauté arménienne est également très active en Argentine. Romina Boyadjian propose les cinq meilleurs plats issus de la gastronomie arménienne, mais précise que la communauté étrangère a réinventé les plats traditionnels:

Curieusement, la nourriture arménienne mangée en Argentine est très différente de celle consommée en Arménie. Cette différence est due aux réinventions exercées par les diverses populations à partir des coutumes de leur terre natale et qui finissent par être appréciées par la nouvelle communauté. Certains aliments sont ainsi considérés comme traditionnels ici et pourtant inconnus là-bas. 

Moisés Ville [fr], une des villes symboles de l'immigration juive en Argentine, a été formée par les premiers immigrants arrivés dans le pays. Une vidéo de Señal Santa Fe permet de voir la ville et la façon dont les traditions ont été maintenues grâce à ses plats les plus populaires comme le strudel et les knishes, entre autres:

Mais quel est le plat le plus rapidement adopté par les immigrants à leur arrivée en Argentine ? L'asado (la grillade) bien sûr, la grande majorité des nouveaux venus étant des agriculteurs. En outre, la viande demeurait la nourriture la plus économique. Voici quelques images du Club Argentin des Asadores a la Estaca (grilleurs à la broche) qui vous mettront l'eau à la bouche.

Asado a la Estaca - Imagen. Laura Schneider

Asado a la estaca – Image de Laura Schneider

“Assurer que chaque citoyen sera reconnu comme centrafricain à part entière”

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Mme Beatrice Epaye via Centrafrique Press blog -Domaine public

Mme Beatrice Epaye via Centrafrique Press blog -Domaine public

Mme Béatrice Epaye est une ancienne députée et aujourd’hui membre du Conseil national de transition de la République Centrafricaine et qui aujourd'hui siège au Parlement de la CEMAC, à Malabo en Guinée Equatoriale, où elle représente le CNT centrafricain. Mme Epaye est aussi la Présidente de la Fondation “La Voix du Coeur”, qui est actuellement un lieu d'accueil et de soutien aux enfants des rues à Bangui, capitale de la Centrafrique. Mme Epaye a acceptée de répondre à nos questions sur la situation en Centrafrique à ce jour et les mesures à prendre pour éviter une catastrophe humaine dans son pays :

 Dans votre localité, quelle est la situation a ce jour ? 

BE: Je suis une habitante de Bangui la capitale de la RCA, une ville meurtrie par le conflit. Tous les jours, de chez moi, j'entends des coups de feux venus de certains quartiers de Bangui. Ma maison comme beaucoup d’autres accueillent des proches venus de quartiers plus fragiles. Les gens fuient et beaucoup se sont regroupés dans des lieux qu'ils estiment sécurisés : Aéroport, Mosquées, Églises, dans des familles, en brousse dans la périphérie de Bangui ou en République Démocratique du Congo de l'autre côté du fleuve Oubangui.
De même, le Centre « Voix du Cœur » que j’ai fondé est devenu un lieu de regroupement pour les enfants de la rue en détresse. Là chrétiens et musulmans se côtoient, s’entraident.

 Comment gérez vous les incertitudes et quels sont les besoins les plus pressants à ce jour ?

BE: Effectivement c'est une situation difficile et précaire pour tout le monde : à tout moment le pire peut se produire! Quand on sent le danger, on cherche un abri.
Le plus difficile pour les familles et sur les sites des déplacés, c'est de ne pas avoir à manger ni avoir la possibilité de se soigner. Les salaires ne sont pas payés depuis 4 mois, et l'aide humanitaire n'est pas suffisante, ou même parfois inexistante. Dans leurs fuites les populations ont laissé derrière elles le nécessaire pour le quotidien et manquent du minimum pour la survie. Ensuite les enfants ne vont pas à l'école… on en est à un tel point que je ne peux pas le décrire.

 Comment la violence entre chrétiens et musulmans est montée aussi vite dans un pays qui n'est pas connu pour des conflits religieux ?

BE: Effectivement, le pays n'a jamais connu de conflits religieux. Les deux communautés ont toujours vécu ensemble en cohésion. Les familles s'échangent les repas lors des fêtes de Pâques, de la Tabaski, du Ramadan, de Noël et lors des mariages religieux. Lors du coup d’État nous avons vu parmi les rebelles des étrangers, engagés comme mercenaires. Depuis le début de leur progression ils ont utilisé les communautés musulmanes avec un discours de libérateurs des musulmans face aux mécréants qui les maltraitent. Ils ont pu enrôler beaucoup de jeunes qui les ont aidé à s'attaquer aux biens de l’église et faire les exactions que nous avons tous connues. Jusqu’à maintenant, nous avons toujours recherché à vivre en harmonie entre Centrafricains, avec nos différences de confessions ; comme nation, nous avons aussi accueilli beaucoup de personnes et de familles venant des pays voisins. Cependant, il y a l'attitude de certains agents de l’État face à des concitoyens ou des résidents qu’ils supposent musulmans. Ceux-ci sont freinés dans leur démarche pour un papier administratif ou pour passer un barrage des forces de l'ordre. De même, les populations du nord-est de la RCA proches du Tchad et du Soudan (Darfour), vivant à plus de 1000 KM de la capitale, et majoritairement musulmanes, bénéficient peu du soutien de l’Etat parce que l’administration et les services publics sont quasi inexistants dans cette région, ce qui peut amener les habitants à se sentir laissés pour compte. Ces populations sont plus liées aux populations frontalières des autres pays voisins, ce qui est normal et parlent ensemble la même langue, ont une culture proche, mais ils sont alors perçus comme étrangers et eux-mêmes se sentent loin de la majorité chrétienne du pays. Au cœur du conflit que nous vivons, en ce moment, la grande majorité silencieuse des Centrafricains refusent la violence et beaucoup ont eu a agir pour protéger ou sauver la vie d’autres, souvent d’une autre communauté religieuse qu’eux.

 Vous dites qu'il est essentiel que les communautés se parlent et dialoguent pour résoudre les problèmes. Selon vous, quelles sont les conditions nécessaires pour que ce dialogue s'instaure. Comment la communauté internationale peut elle être d'une aide sur ce sujet ?

BE: J'estime que parallèlement à la sécurisation du pays il faut commencer la réconciliation entre les communautés.
Tout d'abord, rassurer la communauté musulmane qui est en train de quitter le pays, elle fait partie prenante de la RCA. Il s'agit de réfuter toute idée soit de les chasser, soit de scission du pays. Il faut éliminer dans les mentalités la confusion systématique entre Seleka et musulman.
Inviter à ouvrir un processus de dialogue politique entre toutes les parties prenantes aux conflits, mais aussi avec les acteurs non-armés afin de lancer un processus de réconciliation nationale à même d'apaiser aujourd'hui les populations désemparées et leur redonner confiance dans l'avenir.
Dès la rentrée scolaire, qu'on commence à mettre en place un programme sur le vivre ensemble pour les enfants, et aussi l'élargir dans les quartiers et villages.
Il faut renforcer la sensibilisation déjà initiée par la plate-forme inter-religieuse dans les Églises, les Mosquées et autres Temples, ainsi que d'autres initiatives locales qui concourent à la paix”. Il est vrai que l'idée d'organiser des élections fait partie des priorités de la Communauté internationale, mais cette idée fait certainement peur à la communauté musulmane centrafricaine. C'est pourquoi il serait souhaitable que parallèlement au processus électoral, soit amorcé un programme de réconciliation nationale, une démarche qui assure à chacun qu’il sera reconnu comme centrafricain à part entière.

Quelles sont les autres besoins pressants pour la Centrafrique maintenant ? Quelles solutions peut on proposer ?

BE: Le besoin le plus pressant pour la RCA c'est d'abord la sécurité pour son peuple. L'idéal serait que les familles rentrent chez elles avant les premières pluies du mois de février, que l'aide humanitaire arrive aux habitants partout où on peut les trouver (alimentation, eau potable, soins, couchages, produits d'hygiène, vêtements…). Ce serait aussi le paiement des salaires aux fonctionnaires.

Avez-vous ce qu'il faut pour être rédacteur en chef au Mexique ?

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Sur PBS.org vous pouvez participer à “The Reportero Challenge” [Le Challenge du journaliste], un jeu inspiré du documentaire Reportero qui présente différents scénarii auxquels les journalistes et rédacteurs en chef font face au Mexique : 

On vous propose le poste de rédacteur en chef du Centinela-Investigador. Depuis ses débuts, le journal résiste face aux cartels de la drogue et à un gouvernement corrompu, les décisions que vous prendrez affecteront la crédibilité du journal, sa distribution et la sécurité de son équipe. 

Avez-vous ce qu'il faut ? Relevez le défi ici.

Les cyber-activistes algériens dévoilent un crime raciste à Ghardaïa

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Ghardaïa encore et toujours. Face à la démission des autorités algériennes et leur complicité avec les fauteurs de troubles dans cette région, située à 600 km au sud de la capitale Alger, les cyber-activistes et citoyens journalistes algériens redoublent d’efforts pour couvrir les violences et affrontements communautaires qui déstabilisent toute la vallée du M’zab, le nom sous lequel est connue la région de Ghardaïa dans le monde entier.

Avec des vidéos YouTube, ces cyber-activistes organisés en collectifs citoyens poursuivent leur mobilisation pour relater la vérité sur ces affrontements. Leur objectif est clairement affiché : transmettre la vérité aux citoyens algériens lambda qui sont floutés par la propagande sur des autorités algériennes relayée par les médias classiques. De nombreux faits sont toujours occultés par ces médias comme la complicité des services de sécurité avec des bandes de voyous qui s’attaquent et saccagent des biens dans la ville de Ghardaïa afin de provoquer des conflits confessionnels entre la communauté ibadite et la population Malékite (sunnite). Ces photos prises et diffusées par des activistes mozabites expliquent la nature des agressions perpétrées à Ghardaïa au vu et au su des services de sécurité. 

Photo gardaia actistes

Après les premières vidéos sur les tortures policières qui ont défrayé la chronique et contraint les autorités algériennes à déclencher des enquêtes et à sanctionner des policiers impliqués dans ces pratiques qui violent les Droits de l’homme, les cyber-activistes membres de la cellule de coordination et de suivi, une cellule mise en place par des citoyens journalistes pour informer en continu et chaque jour l’opinion publique algérienne au sujet des dérives policières et dérapages sécuritaires, ont lancé des enquêtes sur la mort d’un jeune étudiant BABAOUSMAIL Azzedine, âgé d’à peine de 21 ans, et lynché publiquement après avoir été pris en otage dans un cimetière par une bande de criminels. Le jeune Azzedine est mort mercredi 5 février à l’hôpital de Ghardaïa après avoir reçu auparavant pas moins de 20 coups de couteau !

Ce crime qui a secoué toute la ville de Ghardaïa est resté impuni puisque les services de sécurité n’ont interpellé aucun des assassins d’Azzedine. Comme à leur habitude, les autorités algériennes ont cru qu’ils allaient réussir à étouffer cette affaire. Malheureusement pour elles, et heureusement pour la vérité et le droit, les cyber-activistes ont récupéré des images amateurs tournées par des témoins oculaires qui ont assisté à ce crime abject. En reconstituant tous ces témoignages vidéos, une vidéo explicative avec des messages didactiques et des indications spatio-temporelles  a été réalisée pour expliquer à l’opinion publique le fil des évènements qui ont conduit à cet assassinat barbare. La vidéo montre avec précision comment le jeune Azzedine a été lynché par des criminels à visage découvert et identifiables sans aucune difficulté. Diffusée sur YouTube et adressée à Envoyés Spéciaux Algériens, un collectif de journalistes citoyens et à Algérie-Focus, un site d’information indépendant, cette vidéo choc a été massivement relayée et n’a pas manqué de provoquer un tollé général au moment où le ministre de l’Intérieur Algérien et le patron de la Police algérienne effectuaient une visite dans la région pour calmer les esprits sans procéder à l’arrestation des véritables criminels qui sèment la zizanie dans toute la vallée du M’zab.

Mais après cette vidéo, cette impunité ne va pas durer longtemps puisque d’ores et déjà une enquête a été enclenchée et les investigations sont menées par la Gendarmerie nationale notamment pour débusquer les voyous haineux coupables de la mort du jeune Azzedine.

Sur les réseaux sociaux, la communauté Ghardaïa News poursuit sa mobilisation pour obliger les autorités algériennes à agir contre les hordes criminelles qui s’attaquent aux citoyens mozabites en lançant des slogans racistes. Ahdath Ghardaïa  est aussi une autre communauté de citoyens journalistes qui activent énormément en publiant des photos, témoignages et vidéos retraçant les violences dont est victime la population mozabite de la part des délinquants soutenus par des barons et narcotrafiquants mafieux et protégés indirectement par les services de sécurité puisque ces derniers osent rarement les inquiéter et les interpeller comme le montre cette vidéo :

 

Grâce au travail remarquable des ces cyber-activistes, les crimes commis à Ghardaïa ne sont pas passés sous silence et l’impunité des fauteurs de trouble a été révélée publiquement. Ce qui a mis les autorités algériennes dans une situation si délicate et compromettante qu’elles ont été obligées de consacrer le droit et la justice. Certes, les violences se poursuivent encore à Ghardaïa, mais on ne pourra plus étouffer la vérité et dire qu’on «ignore ce qui se passe». Et c’est déjà une première victoire. 

Visitez le Kosovo et oubliez les idées reçues

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Un tour au Kosovo aujourd'hui convaincra chacun que ce pays, loin de sa réputation parfois négative, a certainement beaucoup à offrir. D'après les chiffres de la Banque Mondiale [anglais], plus de 70 % de la population du Kosovo a moins de 35 ans, ce qui explique sans doute que sur le vol pour Pristina qu'a pris l'auteur du présent billet, la moitié des passagers avait moins de 10 ans. Un bon début pour des vacances pleines de surprises !

Le jeunesse du Kosovo, bien qu'aux prises avec un effrayant taux de chômage de 55,3 %, réussit à dynamiser le pays et repousser toujours plus loin les souvenirs brutaux de la guerre. La blogueuse américaine Adventurous Kate décrit le sentiment de ceux qui viennent pour la première fois :

C’est ma première visite au Kosovo, et je ne sais pas à quoi m'attendre. Le seul nom de “Kosovo” en Amérique fait venir à l'esprit des images de guerre, de mort, de nettoyage ethnique, de bombes. Même si ça s'est passé il y a plus d'une décennie. Je me demande quelles sortes de cicatrices le pays va porter.

Au lieu de cicatrices, ce qui frappe le visiteur fraîchement arrivé, ce sont les extraordinaires cafés de Pristina. Il ne faut pas manquer d'expérimenter l'arôme d'un macchiato parfait à une terrasse ensoleillée et bien aménagée, tout en observant le ballet frénétique des passants affairés. Ce n'est sûrement pas une légende que le café ici est parfois même meilleur qu'en Italie – que nos amis italiens nous pardonnent, mais cela devait être dit !

Enjoying a latte macchiato at the Shipja e Vjetër café in Prishtina

Déguster un latte macchiato au café Shipja e Vjetër à Pristina

The Dit' e Nat' café celebrating the Irish poet Yeats

Le café Dit’ e Nat’ célèbre le poète irlandais Yeats

S'il est vrai que l'architecture de Pristina, avec ses bâtiments généralement gris et anarchiques, n'est pas son principal attrait, la ville est dynamique dans son attitude et son style. Ses murs sont pleins de tags et autres formes d'art urbain ; l'âme de la ville y apparaît comme un livre ouvert pour le visiteur.

"I love colors" and "I love flowers" appear very frequently on the walls of the city.

“J'aime la couleur” et “j'aime les fleurs” se lisent très souvent sur les murs de la ville, surtout dans les parties les plus tristes.

The claims not to forget the leaders of the Kosovo independance are visible here and there.

Les inscriptions murales exhortant à ne pas oublier les chefs de l'indépendance du Kosovo sont visibles ça et là.

Creative details are available on every corner.

Les détails créatifs abondent à tous les coins de rue au Kosovo.

Les Kosovars paraissent plus tournés vers l'avenir que collés au passé dans le culte des héros de guerre ou des icônes de paix qui ont jalonné la bataille du Kosovo pour se rendre indépendant de la Serbie, tel Ibrahim Rugova. Le Kosovo, à présent le pays le plus nouveau en Europe, faisait historiquement partie de la Serbie et de l'ex-Yougoslavie. La guerre du Kosovo de 1998-99 a opposé les forces de la République fédérale de Yougoslavie, composée à l'époque de la Serbie et du Monténégro, et le mouvement rebelle kosovar du nom d'Armée de Libération du Kosovo (UCK en albanais), avec l'appui aérien de l'OTAN, après 10 ans de résistance non-violente de la société civile du Kosovo [anglais].

Si les portraits d'Ibrahim Rugova, le premier président du Kosovo indépendant, comme ceux des chefs de la résistance armée sont visibles deci delà, l'impression générale pour le nouveau venu est que les acteurs d'aujourd'hui du Kosovo se construisent leurs propres modèles. Témoin des élections au Kosovo depuis Pristina en novembre 2013, Darmon Richter [anglais] analyse :

Les articles de journaux sur la police anti-émeutes et les agressions dans les bureaux de vote ne donnent en rien l'image du Kosovo d'aujourd'hui, sauf pour les quelques poches du pays qui restent en proie à la rivalité ethnique. Dans la ville de Pristina les gens sont avides de reconnaissance pour leur indépendance… mais l'un dans l'autre, c'est une ville à peu près aussi normale que n'importe quelle autre dans les Balkans.

De fait, avec une participation électorale évaluée à 60 % pour tout le pays, la démocratie semble presque marcher mieux ici qu'au Royaume Uni.

In the center of Prishtina, Rugova is still there, but the colors are washed out.

Dans le centre de Pristina, une peinture murale représentant le premier Président du Kosovo Ibrahim Rugova est toujours là, mais les couleurs sont délavées.

Sous certains aspects, Pristina a des airs de “mini-Istanbul” en ce sens qu'elle a trouvé un équilibre entre les cultures post-ottomane et d'Europe occidentale. Kim's travel blog [anglais], un blog de voyage à point de vue américain et coréen, souligne la surprenante atmosphère cosmopolite de la “ville de l'amour” :

Après avoir visité Pristina, j'ai vraiment compris pourquoi on a dit que Kosovo que c'est un pays à développement rapide, et plein d'énergie. On voyait les nouveaux bâtiments sortir partout de terre, et les visiteurs étrangers (en majorité Européens) à travers la ville et il y avait beaucoup de super restaurants, pas seulement de cuisine balkanique (…). Même si je n'ai vu absolument aucun Asiatique, un de mes amis m'a informée qu'il avait vu quatre Japonais faire du tourisme dans la ville. J'aurais voulu voir les ASIATIQUES se promener à travers la ville, ç'aurait été trop drôle. On aurait probablement échangé des regards bizarres en pensant “mais qu'est-ce que vous faites donc ici …?” haha

Ce qui en résulte, tout comme dans la ville turque des merveilles, c'est un mélange fascinant d'échoppes d'orfèvrerie traditionnelle, de nouveaux cafés ultra-modernes, d'une multitude de boulangeries, de quelques mosquées en cours de restauration, et d'églises tombant en ruine. On trouve dans le centre des bâtiments incroyables comme la bibliothèque de l'Université de Pristina qui semble presque un ovni au milieu de l'architecture communiste qui peuple le reste du quartier. Kim's travel blog mentionne également ce bâtiment :

Il y avait beaucoup de bâtiments historiques à voir dans la ville, et les Kosovars en étaient visiblement très fiers. L'Université de Pristina, la meilleure du Kosovo, était agréablement structurée. Et à droite de l'université, il y a la Bibliothèque Nationale de Pristina, très impressionnante et à l'architecture bizarre. Mon ami qui travaille en ce moment à l'Université de Pristina m'avait expliqué sur quoi étaient basées la structure et la conception, mais … évidemment, tête de linotte que je suis, j'avais oublié. Je vais peut-être la googler et Wikipedier plus tard.

Le magazine Kosovo 2.0, qui existe en anglais, albanais et serbe, est la nouvelle marque de cette société éduquée, mondaine, multilingue et très ouverte. Couvrant politique, arts, modes, débats de société, femmes et genre, sujets sur le Kosovo et sur le monde, le magazine est disponible sur papier et en ligne. Kosovo 2.0 propose aussi une sélection des sons les plus récents de production locale, pour la plupart dans le genre électro, qu'on peut trouver en ligne : http://www.kosovotwopointzero.com/player. Bonne ballade musicale !

The flashy colors of a new way of life can not be ignored on the Pristhina walls.

Les couleurs voyantes d'un nouveau mode de vie ne passent pas inaperçues sur les murs de Pristina.

Pristina regorge de surprises pour les visiteurs de toute origine. Mais comme le Kosovo est jeune, il mûrit et change très rapidement. Alors ne perdez plus de temps et, si vous pouvez, sautez dans le prochain avion ou voiture et prenez un moment pour découvrir cette ville prometteuse et ses contradictions réjouissantes. Si vous êtes assez rapide, il restera peut-être un morceau de pâtisserie pour vous !

Tasty and creamy! Almost too much but not quite.

Goûteux et crémeux ! Presque trop, encore que…

Toutes les photos de ce billet sont de l'auteur Marie Bohner.

Que représente pour vous le changement climatique ? Un concours de documentaires

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Les jeunes réalisateurs de films du monde entier sont invités à produire et soumettre une vidéo documentaire de 1 à 12 minutes qui raconte une histoire sur le changement climatique. Ce que le défi vidéo #Action4Climate veut savoir est:

Comment le changement climatique impacte votre communauté ? Comment réagissez-vous ? Que faut-il faire pour résoudre le défi climatique ?

La date limite est le 1er avril 2014. Pour en savoir plus sur l'éligibilité, les prix et le jury, visitez la page internet du concours sur connect4climate.org et visionnez la courte vidéo ci-dessous : 

Les informations sont partagées sur Facebook et Twitter.

Malaisie : Le plus beau son du monde


Prévisions pour l'environnement en Chine en 2014

Made in Togo : Une imprimante 3D construite en déchets électroniques recyclés

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Afaté GNIKOU est un ingénieur informaticien au Togo qui s'est donné deux objectifs d'égale importance :

  1. fabriquer la première imprimante 3D du Togo, 
  2. réduire l'alarmante quantité de déchets d'équipements électroniques déversés dans son pays. 

Voici une présentation du projet d'imprimante 3D, appelé W.AFATE :

The W.Afate 3D Printer made in Togo via ulule.com

L'imprimante 3D W.Afate 3D fabriquée au Togo via ulule.com

A. Gnikou fait partie du Woe Lab, un espace collaboratif de fabricants installé à Lomé, la capitale du Togo. Sénamé Koffi Agbodjinou, le créateur du Woe Lab, explicite le cheminement de la réflexion d'Afate pour ce projet :

L’imprimante W.AFATE est inspirée de la Prusa Mendel [..] Afate ayant cerné le problème que posait la disponibilité d’un kit dans la concrétisation de ce projet, a initié la démarche de fabrication d’une machine autonomisante, facile à reproduire, 100% à base de recyclage et autres matériaux disponibles.

Les déchets d'équipements électroniques sont un problème grandissant pour le Togo et les pays voisins. Cette infographie illustre l’invasion de ces déchets dans la région :

E waste in africa -infography by Woe Lab with their permission

E waste in africa – Infography by Woe Lab with their permission

L'orchestre de jeunes Jafraa, une lumière dans la Syrie en guerre

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L'orchestre Jafraa. Source: page Facebook Jafraa. Licence CC BY 2.0

Shakespeare a écrit : “La musique est l'aliment de l'amour, continue à jouer.” Et si cet “aliment de l'amour” met en danger la vie de celui qui joue ? C'est le cas pour les jeunes musiciens qui forment l'orchestre Jafraa au camp de réfugiés palestiniens de Homs, en Syrie.

Dirigé par le professeur de musique et éducateur Amer Shanati, l'orchestre compte 45 à 55 enfants âgés de sept à 17 ans. La musique a beau être dite un langage universel, elle paie au prix fort sa survie dans la Syrie ravagée par la guerre. La plupart de leurs instruments “relativement chers” sont soit empruntés soit donnés, à cause de la pauvreté des habitants du camp. Leur musique est une diversion bienvenue du bruit des bombardements et combats qui se déroulent devant Homs assiégée.

Jafraa dépend totalement des médias sociaux pour diffuser ses concerts puisque la Syrie est privée de toute activité musicale depuis que le gouvernement a banni les productions musicales au niveaux provincial et national. Shanati utilise principalement Jafraa.Music sur YouTube et Jafraa.homs sur Facebook pour mettre en ligne le travail de l'orchestre et montrer au monde qu'au-delà de l'horreur en Syrie, il reste des gens talentueux qui méritent de ne pas être oubliés dans le chaos. 

Dans un échange de courriels avec Shanati, celui-ci a dit son enthousiasme et sa fierté pour Jafraa, qui joue de “l'art engagé”, une expression qui désigne en Syrie la musique des chanteurs et musiciens classiques qui enrichissent depuis des générations la culture musicale du monde arabe, comme Mohamed Abdel WahabFairuzOum Kalthoum, et Ouadia Al Safi, parmi beaucoup d'autres. Ces jeunes instrumentistes réalisent une superbe performance mettant en évidence leur talent quand ils jouent la chanson classique de 1969 d'Oum Kalthoum “Alf Leila wa Leila” (Mille et une Nuits) :

Shanati présente ainsi l'orchestre sur sa page Facebook [arabe] :

فرقة_جفرا_للفن_الملتزم فرقة موسيقية غير تابعة أو مموّلة من أي جهة حكومية أو مؤسسة من مؤسسات المجتمع المدني أو جمعية
أو مشروع على اختلاف انتماءاتهم..
فرقة جفرا أُسّستْ منذ عام 2007 بجهودٍ ذاتية متواضعة لتغني اللحن والفن الأصيل
تتألف من مجموعة كبيرة من الأطفال و الشباب يقوم الأستاذ “عـــــامر شناتي” بتدريبهم في غرفة صغيرة في مخيم العائدين/حمص/سوريا.

ولكل من هؤلاء الأطفال حلمه في الحياة العملية سيجتهد ويدرس لتحقيقه , ولكن ستبقى جفرا هي ركنهم الدافئ والخاص يحلقّون مـن خلاله في فضاء اللحن الأصيل والكلمة الملتزمة لينثروا عبرهما معاني الحب والسلام والجمال لكل من حولهم ..

وعليه تقبل فرقة جفرا للفن الملتزم فقط تبرعات و إحياء حفلات برعاية أشخاص أو مؤسسات لغايات إنسانية و ثقافية أخلاقية بحته
دون أي شــــــــروط تُفرض على الفرقة …

L'orchestre Jafraa d’ “art engagé” est une formation qui n'est affiliée ni financée par aucun parti, institution de la société civile, association ou aucune autre initiative.

L'orchestre Jafraa a été créé en 2007 avec les modestes intentions de jouer des mélodies ainsi que des compositions originales. Il consiste en un large groupe d'enfants et d'adolescents dirigés par Amer Shanati, un professeur de musique qui les fait travailler dans une petite salle du camp de réfugiés de Homs, en Syrie.

Chacun de ces enfants a un rêve pour son avenir ; mais Jafraa restera leur lieu chaleureux et personnel d'où ils s'envolent dans l'espace, avec la mélodie et l'art engagé pour diffuser le sens de l'amour, de la paix et de la beauté autour d'eux.

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L'orchestre Jafraa. Source : Page Facebook de Jafraa. Image utilisée sous licence CC BY 2.0

L'orchestre Jafraa accepte seulement les dons et les concerts sponsorisés par des individus ou institutions à fins humanitaires et culturelles, absolument sans aucune condition imposée à l'orchestre.

L'orchestre emprunte son nom à un poème célèbre sur une jolie jeune Palestinienne prénommée Jafraa (ou Jafra) qui a conquis le coeur d'un poète. Même si l'histoire n'est pas attestée, Jafraa est considérée depuis des générations comme un symbole de beauté et d'amour dans la culture palestinienne dont descendent Shanati et nombre de ses petits héros. 

Répondant à quelques questions sur le mode de fonctionnement de Jafraa, Shanati est modeste :

J'utilise les médias sociaux pour faciliter la diffusion de la voix des enfants vers le monde alors qu'il n'existe pas de couverture médiatique autour de nous. Les réactions de ceux qui nous suivent sont significatives, nous donnent espoir et cela nous rend heureux de savoir qu'ils attendent chaque nouvelle vidéo que nous téléchargeons.

Néanmoins l'aide financière est très minime, mais elle compte, même si je connais la raison du manque de moyens et de l'extrême pauvreté. Nous sommes toujours à la recherche de plus de fonds pour pouvoir posséder notre propre équipement musical et audio et devenir plus indépendants avec une salle spacieuse pour accueillir un plus grand nombre d'enfants. Nous pâtissons de la lenteur des connexions Internet et de coupures de courant qui compliquent nos communications et freinent nos projets futurs ; nous n'en visons pas moins à continuer malgré les difficultés.

Notre travail est un message montrant que nous tenons à vivre nos vies, même si cela paraît impossible, et malgré le potentiel restreint de croissance, nous devons montrer au monde nos talents pour nous aider à grandir au lieu d'êtres vaincus.

Mon rêve est de développer cet orchestre à un niveau supérieur de bons musiciens et de trouver plus de talent pour aider les enfants à surmonter la crise actuelle qui les a affectés psychologiquement.

Retour à la citation de Shakespeare : “Si la musique est l'aliment de l'amour, continue à jouer / Donne-m'en trop, pour que, par l'excès / L'appétit s'écoeure, et en meure.”

Ce n'est sûrement pas la mort physique qu'il évoquait. Je souhaite à tous les talents du monde plus de chance qu'à ceux des petits Syriens dans l'orchestre Jafraa, qui donnent espoir, une minuscule lumière au bout du sanglant tunnel syrien.

Le 29, on mange des gnocchi !

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Ñoquis. Foto de simenon en Flickr, bajo licencia Creative Commons (CC BY-SA 2.0)

Gnocchis. Photo de Simenon sur Flickr, licence Creative Commons (CC BY-SA 2.0)

[Les liens renvoient vers des pages en espagnol] En Argentine, au Paraguay et en Uruguay, il existe une tradition populaire qui consiste à manger des gnocchis à base de pommes de terre le 29 de chaque mois. L'origine de cette coutume est incertaine, mais de nombreux blogueurs ont consacré des articles à cette coutume et partagent leurs recettes.

Le blog Sección del por qué date son origine au VIIIe siècle :

La tradition de servir des gnocchis le 29 de chaque mois provient d'une légende qui remonte au VIIIe siècle. En Nicosie (Asie Mineure) vivait le jeune médecin Pantaléon qui, après s'être converti au christianisme, a fait un pèlerinage à travers le nord de l'Italie. Là, il a pratiqué des guérisons miraculeuses pour lesquelles il fut canonisé. Lorsqu'il demanda une fois du pain à des paysans, ceux-ci l'invitèrent à manger à leur modeste table. Reconnaissant, il leur promit un an de pêche et de récoltes excellentes. Cette prophétie se réalisa et de nombreux autres miracles suivirent. Saint Pantaléon a été nommé patron de Venise au même niveau que saint Marc. Cet épisode se déroula le 29e jour d'un mois, et donc, pour le commémorer, on mange des gnocchis qui constituent un repas simple le 29 de chaque mois. Le rituel qui accompagne ce repas et qui consiste à mettre de l'argent sous l'assiette symbolise le désir de nouveaux dons. 

Carambola a son histoire favorite : 

Pendant la “Guerre d'Europe”, l'Italie souffrait d'une pénurie alimentaire. Le gouvernement distribuait alors des bons échangeables contre de la nourriture dans les points de distribution. Les familles les plus nombreuses éprouvaient de sérieuses difficultés pour se nourrir jusqu'à la fin du mois. Naquit alors la solidarité entre personnes : les voisins invitaient ces familles à venir manger des gnocchis (qui ont toujours été considérés comme étant un repas pour les pauvres). Sous chaque assiette, ils plaçaient un bon. Ce cadeau pouvait à son tour être échangé contre de la nourriture et leur permettait de manger jusqu'à la fin du mois.

Alejandra Moglia, auteure du blog Chocolate y Frambuesa ajoute encore ceci concernant l'origine des gnocchi :

Une autre histoire raconte que vers l'an 1690, dans un village de la région du Piémont, on avait perdu toute la récolte de blé. Normalement, on utilisait la pomme de terre uniquement comme nourriture pour les animaux, mais la misère était si grande qu'ils la cuisinaient, la mélangeaient à de la farine et inventèrent ainsi les gnocchis.

Nuria Eme de Cuaderno de recetas a publié une recette de gnocchis et ajoute :

[...] on les mange le 29 de chaque mois et apparemment l'origine (dans cette version, car il y en a plusieurs) est que, comme c'est un des derniers jours du mois, les personnes ayant peu de ressources et recevant leur salaire le premier du mois suivant devaient s'arranger pour manger des repas à base d'ingrédients peu onéreusx. Et il est bien connu que la pomme de terre et la farine ne sont pas excessivement chères. Et même si la tradition est cependant vieille, je crois que malheureusement elle est transposable et qu'elle garde toute son actualité. Lorsqu'on voit comment nous vivons aujourd'hui.

Claudia Calizaya explique dans cette vidéo comment elle les prépare :

Mais la tradition ne s'arrête pas à la nourriture. En Argentine, on appelle “ñoquis” (le terme espagnol pour gnocchis) les employés publics qui ne travaillent pas et qui se rendent à leur lieu de travail uniquement le 29 de chaque moi pour recevoir leur salaire ainsi que tous les autres employés qui font de même.

Légende ou tradition, en Amérique latine elle perdure. Pour ceux ou celles qui ne savent toujours pas les faire, voici une recette de gnocchis maison [fr].

Ces Ukrainiens dévoués qui font vivre #Euromaïdan

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Les manifestations d'Euromaïdan sont protégées par des barricades à plusieurs étages construites en sacs emplis de neige. Photo de zyalt.livejournal.com, avec permission

Transformer ce qui aux yeux de centaines de milliers de citoyens est un régime corrompu et autoritaire en pays où une vie simple et confortable est à la portée de chacun, est une tâche qui intimide depuis de nombreuses années les Ukrainiens, mais plus encore sous la férule de l'actuel président Viktor Ianoukovitch. Ceux qui s'opposent au pouvoir encourent la persécution – tout est bon pour condamner à la prison. Un des premiers exemples et les plus connus est l'emprisonnement de sa rivale politique, l'ex-premier ministre Ioulia Timochenko [anglais]. 

Mais le nombre donne la force. Deux mois ont suffi pour que le mouvement Euromaïdan de protestation pour faire reculer Ianoukovitch et d'autres dirigeants corrompus évolue en une organisation à part entière et auto-financée – un gouvernement auto-géré à sa façon. Ilya Varlamov, un blogueur d'Ukraine, décrit comment le mouvement est géré, dans ce qu'il appelle une Visite virtuelle de Maïdan [anglais] :

Il a son armée, ses magasins avec armes (bouteilles en verre, bâtons, pierres) et nourriture, il a sa presse interne, ses commerces, et bien entendu, Maïdan protège très bien ses frontières. Tous les accès sont protégés de façon sûre d'un assaut par de hautes barricades.  

Alors que se dresser contre le régime de façon individuelle a rarement un effet, les Ukrainiens savent maintenant qu'en groupe, c'est possible. kraplya.com, un projet né du mouvement Euromaïdan, s'intéresse précisément à cet aspect-même de la contestation (kraplya signifie “goutte” en ukrainien). Le site web officiel du projet ne laisse pas le doute : “Seuls, nous ne sommes que des gouttes ; ensemble, nous sommes un océan.”

Les gens qui se rassemblent dans les rues pour manifester chaque jour sont les gouttes qui dans toute l'Ukraine ont rendu possible cet océan, maintenant visible au monde. Les uns vivent par choix depuis des mois dans les rues. Les autres viennent les rejoindre après leur travail ou leurs occupations quotidiennes. Le dessinateur Oleksandr Komyakhov en a portraituré quelques-uns.

Soeur de la miséricorde

La femme qui porte des sacs de médicaments à Maïdan. Dessin d'Oleksandr Komyakhov, avec permission.

Dans ses mains, des sacs pleins de médicaments. Cette femme représente les nombreuses personnes qui apportent au mouvement des fournitures médicales indispensables. Les Berkout, la police spéciale anti-émeutes souvent brise des côtes et d'autres os, et inflige des blessures diverses, tandis que les activistes vivent dans les rues gelées, certains depuis déjà des mois, et ont besoin par moments de soins.

La page Facebook Euromaidan SOS publie d'heure en heure des informations sur les besoins des manifestants d'Euromaïdan. Les médicaments apportés sont triés quotidiennement par des centaines de bénévoles. Les gens de Maïdan ont organisé leur propre hôpital [anglais] et l'ont suffisamment équipé pour qu'il fonctionne et serve à un niveau régional, acquérant par crowdfunding jusqu'aux défibrillateurs et autres équipements chirurgicaux. Ils ont un réel besoin d'équipements de ce genre car les activistes se font kidnapper des hôpitaux officiels [anglais] par les forces de police, les protestataires préfèrent donc ne pas s'y montrer.

Le riche terroriste

Il n'y a pas longtemps, le maintenant ex-Premier Ministre Mykola Azarov avait fait une déclaration qualifiant les protestataires d'Euromaïdan de “terroristes”.

Un homme apporte des pneus et de l'essence sur la ligne de front. Dessin d'Oleksandr Komyakhov, avec permission

Dans une histoire racontée par Andriy Priymachenko [anglais], cet homme est sarcastiquement surnommé le “riche terroriste”. Dans sa voiture de luxe, il apporte des pneus aux garçons du “front” entre les protestataires et les Berkout :

22 janvier, vers 23h.

Un tout-terrain blanc Lexus se gare au milieu de la place de l'Europe. Le conducteur, un homme dans la cinquantaine, va à l'arrière de la voiture et recherche parmi les passants des garçons qui vont au front.

- Les gars, un coup de main !

Un groupe de garçons masqués courent aussitôt vers lui. Tous portent un casque sur la tête. Le propriétaire de la Lexus enlève ses coûteux gants de cuir, ouvre le coffre, et décharge des pneus. Les garçons ne posent pas de questions inutiles, prennent les pneus, et commencent à les porter en direction de la ligne de front. Pour finir le conducteur sort du coffre un jerrican vert sombre avec de l'essence.

- C'est aussi pour ça. Vous comprendrez.

Les tireurs des Berkout ont déjà tué plusieurs manifestants [anglais]. Un rideau de fumée émanant de pneus enflammés, érigé par les manifestants d'Euromaïdan, semble y avoir mis fin. Des milliers de pneus, apportés par des milliers de voitures, conduites par des milliers de personnes.

Les autres objets dont Maïdan a constamment besoin arrivent par la même voie : vêtements, nourriture, bois de chauffage, ordinateurs, couvertures, sacs de couchage, casques, masques à gaz, équipements de protection, et même des livres pour la bibliothèque qui a maintenant été montée pour les besoin des manifestants.

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Des femmes apportent du bois de chauffage par le métro. Photo de Lesya Petrunyak, avec permission

La police a récemment coupé les accès aux gros camions qui apportaient du bois de chauffage à Maïdan, mais ces goutelettes que sont les protestataires ont pris le relais, par le métro.

Tante Valya

Une des participantes d'Euromaïdan, Tante Valya. Dessin d'Oleksandr Komyakhov, avec permission

A propos de ces “terroristes”, il y en a apparemment de tous âges – et les policiers ne semblent pas faire de distinction. Sur Twitter, bruce springnote a raconté comment cette manifestante d'un certain âge aurait été malmenée :

Un flic arrête un des terroristes d'Azarov à Dynamo. Cette personne est une vieille dame. Le type aura peut-être une prime

Quand Daryna Chevtchenko a vu le journal télévisé du soir, elle a écrit sur Facebook :

C'est ma voisine tante Valya. Hier soir elle a pris une balle de caoutchouc dans la jambe, mais elle est revenue. Et aujourd'hui, quand les berkouts “tuaient un grand-père de 86 ans”, filmant leur “amusement” et braiements, elle s'est mise à genoux et leur a demandé de cesser ou sinon de la tuer à la place [du vieil homme]. Ce qu'ils ont fait, grâce à Dieu, sans la tuer. Lui ont cogné les côtes avec leurs matraques et se sont remis à braire et très intéressés “Alors ça ne te suffit pas, salope !??” 

L'estropié

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Un des participants d'Euromaïdan, l'estropié. Dessin d'Oleksandr Komyakhov, avec permission

Les gouttes de Maïdan existent dans toutes tailles, variétés et aptitudes physiques.

Des manifestants handicapés ont abandonné leurs béquilles et empoigné des bâtons, et ceux en fauteuils roulants s'occupent à pelleter la neige. Des personnes ayant d'autres handicaps, comme les aveugles qui servent des sandwichs, se rendent aussi utiles au mouvement.

La fourmi

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Un des participants d'Euromaïdan, “La fourmi”. Dessin d'Oleksandr Komyakhov, avec permission

La neige est une matière première de valeur. Mise en sacs, portée par de nombreuses mains jusqu'aux barricades, où les sacs sont empilés comme d'émormes briques, puis arrosés d'eau, pour en faire un mur gelé quasi infranchissable.

Le responsable adjoint du bureau de Moscou du Wall Street Journal et correspondant à Maïdan James Marson a tweeté son observation :

Je viens de voir une dame en bottes à talons hauts et manteau de fourrure pelleter de la neige pour les défenses d'euromaïdan. De tout pour faire un monde ici

L'eau cimente les empilements et constitue un mur de quatre à cinq mètres de haut. Maïdan est ainsi entouré d'une muraille défensive, à l'instar d'une cité médiévale, et bien protégé. Le mur empêche les attaques des Berkout qui peuvent survenir à tout moment armés de canons à eau, gaz lacrymogènes, matraques et boucliers.

L'artiste Oleksandr Komyakhov enrichit régulièrement sa collection de portraits de ces gouttes qui forment Euromaïdan. Sa galerie complète de participants d'Euromaïdan peut se voir sur sa page Facebook.

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