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La santé mentale des enfants aymara au Chili

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Le site Indigenous News a analysé une étude [en] réalisée par BMC Psychiatry [en] sur 748 enfants de 9 et 15 ans, provenant de 9 établissements scolaires fréquentés par des élèves issus de classes socioéconomiques défavorisées de la ville d’Arica, au nord du Chili. 37 % des enfants ayant participé à cette étude était de familles aymaras.

Dans l’organisation traditionnelle des familles aymaras, les plus âgés conseillent les plus jeunes, la mère est généralement chargée des tâches domestiques et de l’éducation des enfants alors que le père prend les décisions et répond aux besoins financiers de la famille.

L’étude conclut :

Les enfants aymaras ont migré de l’altiplano andin à la ville mais ce déplacement n’a pas donné lieu à une augmentation de l’anxiété et de l'apparition des symptômes liés à la dépression. Un plus grand contact avec la culture aymara peut être un facteur de protection contre ces symptômes. Cela souligne un avantage supplémentaire de la conservation des traditions culturelles au sein de ces populations.


Porto-Rico : Julia de Burgos, une voix qui ouvre des chemins

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Le 17 février dernier, jour anniversaire de sa naissance, nous avons célébré la poètesse portoricaine Julia de Burgos (1914-1953) dans un forum destiné à promouvoir la liberté d'expression dans le monde.

Toute personne ayant lu sa poésie ou sa prose se rend compte que cette voix est née au-delà de toute convention. En voici un exemple : 

 

Yo misma fui mi ruta                                              

J'ai été mon propre chemin

Yo quise ser como los hombres quisieron que yo fuese: 

J'ai tenté d'être comme les hommes voulaient que je sois

un intento de vida;                                            

 Une expérience de vie 

un juego al escondite con mi ser.                  

 Un jeu de cache-cache avec moi      

Pero yo estaba hecha de présentes,                

J”étais là, forgée dans mon présent

y mis pies planos sobre la tierra promisoria

Et mes pieds bien à plat sur la terre promise

no resistían caminar hacia atrás,  

 Se refusant à marcher en arrière

y seguían adelante, adulante,                  

 Allaient, toujours, toujours plus en avant                                           

burlando las cenizas para alcanzar el beso

 Se moquant des cendres pour, enfin

de los senderos nuevos.  

 Embrasser des chemins nouveaux.

 

A cada paso adelantado en mi ruta hacia el frente , 

A chaque nouveau pas sur ma route 

rasgaba mis espaldas el aleteo desperado 

Les coups désespéré des vieux troncs 

de los troncos viejos.                                  

 Déchiraient mon dos.

 Pero la rama estaba desprendida para semper,

 Mais leur ramure s'en était allé pour toujours,

y a cada nuevo azote la mirada mía          

 Chaque peine nouvelle détachait mon regard

se separaba más y más y más de los lejanos       

Chaque fois toujours plus                     

horizontes aprendidos:                                       

Des horizons appris.

mi rostro iba tomando la expresión que le venía de adentro

Mon visage devint semblable à ce qu'il était en dedans, 

la expresión definida que asomaba un sentimiento

 image d'une libération intimement profonde

de liberación íntima;                                

 Fruit d'un nouvel équilibre

 entre ma vie

un sentimiento que surgía                                

Et la vérité du baiser des chemins nouveaux.

del equilibrio sostenido entre mi vida

y la verdad del beso de los senderos nuevos.

 Ya definido mi rumbo en el presente,        

 Une fois défini le cours de mon présent

me sentí brote de todos los suelos de la tierra,  

J'ai senti germer en moi tous les sols de la terre

de los suelos sin historia,                        

Les sols sans histoire, les sols sans avenir,

de los suelos sin porvenir,                      

Les sols, simplement sols, sans berges où accoster

del suelo siempre suelo sin oreilles 

 Ceux des hommes de toutes les époques.

de todos los hombres y de todas las épocas.

 Y fui toda en mí como fue en mí la vida…  

Et je fus toute en moi comme en moi fut la vie

 Si Julia de Burgos était encore en vie, son travail comme écrivain, journaliste, et militante sociale, réalisé depuis son espace sans frontières mieux connu sous le nom de diáspora boricua (originaires de Porto-Rico), aurait atteint des buts insoupçonnés. Julia a  bien connu l'expérience de la migration, elle a vécu brièvement à Cuba et ensuite elle s'est intégré dans l'activité culturelle et politique de la diaspora. Portoricaine et latino-américaine de New York. si elle vivait encore, son visage n'illuminerait pas le timbre postal de 26 cents [en] de la série Arts littéraire du service postal des États-Unis. Des milliers de lettres n'auraient pas réveillé la curiosité poétique de milliers de lectrices et lecteurs.

Libby Juliá Vázquez l'exprime bien dans  Being Latino Online Magazine [en anglais]:

La réputation et la gloire de Julia de Burgos sont arrivés à titre posthume, comme cela se produit habituellement pour les esprits les plus créateurs en ce monde…. 

Ainsi va la mort, elle arrive pour transformer certains en mythes immenses et impalpables. Et parce que Julia a été géniale, parce que sa poésie en est la confirmation, son histoire mythique est inépuisable.

Je termine avec  son “Poema para mi muerte” ( Poème sur ma mort), lu par sa nièce: Consuelo Sáez de Burgos. ¡Gracias Julia !

Que nadie me profane la muerte con sollozos

Que personne ne profane ma mort avec des sanglots

Ni me arropen por siempre con inocente tierra

Ni me  revêtisse pour toujours d'une terre innocente

Que en el libre momento me dejen libremente

Qu'au moment de liberté on me laisse librement

De disponer de la única libertad del planeta

Disposer de l'unique liberté de notre planète

Julia de Burgos

A partir de maintenant,  je partagerai les informations concernant l'imaginaire spécifique qui  se manifeste dans la diáspora de Porto-Rico, celle qui fertilise les arts visuels, l'écriture et tous les projets innovants qui aident à maintenir ‘l'équilibre intime du monde'.

Netizen Report : édition consacrée à la lutte contre la surveillance #TheDayWeFightBack

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Images from February 11, from top left: a mural by War Design art collective in Bogota, Colombia; a public protest in Manila, Philippines (photo by ; a public rally in San Francisco, US (photo by Ellery Biddle); an anti-surveillance cartoon by Egyptian cartoonist Doaa Eladl.

De gauche à droite, en haut: graffiti du collectif War Design art de Bogota, Colombie; manifestation à Manille, aux Philippines (photo @leannejazul) ; défilé à  San Francisco, US (photo Ellery Biddle); dessin anti-surveillance de l'artiste égyptien  Doaa Eladl.

Sonia Roubini, Bojan Perkov, Hae-in Lim, Ellery Roberts Biddle et Sarah Myers ont contribué à ce bulletin.

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Cette édition s’intéresse tout d’abord au mouvement de lutte contre la surveillance de masse organisé lundi 11 février sous le nom #thedaywefightback. Les citoyens sont descendus dans la rue et ont occupé le Web, au moyen de campagnes en ligne, en appelant leurs élus, en organisant des hackatons et des manifestations publiques. En outre, plus de 244 000 personnes ont signé les Treize principes concernant la surveillance des communications internationales, demandant aux gouvernements du monde entier de respecter les normes internationales relatives aux droits de l’homme concernant la confidentialité en ligne.

Le 11 février a également donné lieu à d’intéressantes discussions sur les différentes formes que prend la surveillance et sur les répercussions qu’elle a sur les citoyens aux quatre coins du monde. Sur Global Voices Advocacy, l’activiste et spécialiste yéménite Walid Al-Saqaf et la chercheuse irano-canadienne Mahsa Alimardani ont rédigé chacun un article pour différents pays du Moyen-Orient, où la surveillance est généralement habituelle, aussi bien en ligne que dans la vie quotidienne. À propos des groupes occidentaux de défense des libertés numériques qui concentrent désormais leurs efforts pour lutter contre la surveillance, Walid Al-Saqaf commente :

I cannot accept the idea that the fight has now moved to the area of surveillance and away from free speech. While this may be the case where censorship is limited or non-existent, it is certainly not applicable to many countries living under authoritarian rule.

Je ne peux pas me résoudre à accepter que la lutte se concentre désormais sur les questions de surveillance, laissant de côté la liberté d’expression. Si cela peut être compréhensible dans les régions où la censure est moindre ou inexistante, ce n’est pas possible dans de nombreux pays qui possèdent un régime autoritaire.

Liberté d‘expression : la Turquie utilise l’image d’une femme victime de violences dans une campagne contre les libertés numériques

La police antiémeute turque a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau il y a un peu plus d’une semaine pour disperser plus de 2 000 manifestants qui protestaient contre la nouvelle législation relative à Internet. Les propositions de loi, approuvées le 6 février, obligent les fournisseurs d’accès à rendre les données concernant les internautes disponibles aux autorités et permettent à l’organisme en charge des télécommunications de bloquer l’accès à des sites, le tout sans autorisation administrative préalable.

Comme si sa position n’était pas encore assez claire, le gouvernement turc a lancé récemment une campagne de publicité présentant une femme avec un visage tuméfié et une légende suggérant que les internautes disposant d’une trop grande liberté en ligne, pourraient en abuser.

Violence : un journaliste azéri établi en Turquie en exil suite à des tweets

Mahir Zeynalov, journaliste pour le Today's Zaman, a été interdit d’entrée en Turquie après avoir publié plusieurs tweets considérés comme critiques envers des personnalités d’État de premier rang. Il a choisi de retourner en Azerbaïdjan, son pays d’origine, lorsque les autorités ont menacé de l’expulser en application d’un article de la loi 5651 qui autorise la déportation des étrangers dont la résidence en Turquie est considérée préjudiciable à la sécurité publique et aux exigences politiques et administratives.

Au Venezuela, les autorités chargées des télécommunications menacent d’infliger des amendes aux médias locaux qui couvrent les manifestations étudiantes. Ce mouvement de protestation [es] contre divers problèmes, allant de l’état des résidences universitaires aux réformes politiques nationales, s’est intensifié au cours des dernières semaines suite à l’arrestation de plusieurs étudiants pour « association » à des activités criminelles. Depuis Caracas, Marianne Diaz, collaboratrice de Global Voices et avocate, explique :

As opposition leaders summon rallies around the country, people are expected to turn to social media to learn about the development of the demonstrations, which likely will not be reported on any public or mainstream news platforms.

Alors que les leaders de l’opposition appellent à des rassemblements à travers tout le pays, les citoyens vont probablement se tourner vers les réseaux sociaux pour s’informer sur l’évolution de la situation, qui ne sera probablement pas couverte par les médias traditionnels.

Trois blogueurs kazakhs ont été condamnés à dix jours de prison pour « délits mineurs d’hooliganisme » après avoir été exclus d’un déjeuner de blogueurs organisé par le maire d’Almaty, la capitale kazakhe. L’événement a divisé la communauté de blogueurs de la ville. Certains, dont les trois personnes condamnées, ont décrit les invités comme étant corrompus et soumis.

En Indonésie, Benny Handoko, bien connu sur Twitter, a été déclaré coupable de diffamation et condamné à une année de prison avec sursis après avoir traité un ancien membre du Parti de la justice et de la prospérité d’escroc dans une série de tweets.

Secteur Internet : Facebook contre groupes de l’opposition syrienne

La récente décision prise par Facebook de supprimer les pages appartenant à l’opposition syrienne a porté un coup aux activistes qui utilisaient le réseau social pour communiquer et rapporter les horreurs de la guerre. Certains soupçonnent les défenseurs du régime de tirer profit de la possibilité offerte aux utilisateurs du site de dénoncer les pages qui, selon eux, enfreignent les conditions d’utilisation du service. S’il est possible que certaines pages présentant des images choquantes soient contraires à ces conditions, certaines personnes considèrent que la politique de Facebook devrait s’adapter à ce type de situation exceptionnelle où le réseau sert de plateforme centrale d’information et de documentation.

Twitter a publié son quatrième rapport de transparence, concernant la seconde moitié de l’année 2013. Le document indique une augmentation de 22 % des demandes de données d’utilisateurs par rapport à l’édition précédente. La société a reçu 1410 demandes de 46 pays. La plupart proviennent des États-Unis (59 %) et du Japon (15 %), viennent ensuite la France et le Royaume-Uni. Twitter n’a pas révélé toutes les informations concernant les requêtes faites par le gouvernement étasunien dans le cadre des lois  relatives à la sécurité nationale, y compris la FISA (Foreign Intelligence Surveillance Act).

Activisme en ligne : faire vivre #Euromaidan malgré le froid

En Ukraine, les activistes ont déployé de nombreux efforts pour soutenir le mouvement Euromaidan, au moyen de projets en ligne, d’information sur les réseaux sociaux et de projets artistiques. Les informations sont disponibles sur la page consacrée aux relations publiques du mouvement et sur le site Kraplya.com [uk].

L’European Digital Rights, une association regroupant 35 organisations européennes de défense des libertés numériques, a lancé Wepromise.eu, un site qui appelle les candidats politiques à signer une « Charte des droits numériques » promettant de respecter une série de principes à ce sujet s’ils sont élus. En échange, les électeurs s’engagent à voter pour les candidats qui signent la charte.

Actualité positive

La campagne The Web We Want a lancé un concours de BD pour soutenir la journée #TheDayWeFightBack. Le gagnant est Francisco Jaiver « Frankiano » Cardozo Baudry, un Paraguayéen de 17 ans, et sa création Do Not Fear, I care about you, qui montre les conséquences de la surveillance sur différents aspects de la vie des jeunes internautes d’aujourd’hui.

Publications et études

 

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La médaille d'or olympique ‘volée’à Yu-Na Kim provoque un mème Photoshop

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[Tous les liens sont en anglais, sauf indication contraire]

Messages, réactions incrédules et malédictions de la part d'internautes (pas seulement sud-coréens): des mouvements de colère ont éclaté lorsque la patineuse russe Adelina Sotnikova a remporté l'or olympique face à la légende Yu-Na Kim, la patineuse coréenne, à l'issue du programme libre féminin.

Immédiatement après l'annonce des résultats, le couronnement de Sotnikova a été contesté, un officiel affirmant même que la compétition a été truquée. Ces nouvelles se sont répandues lorsque la constitution du panel de juges pour le programme libre – composé de quatre juges d'Europe de l'Est (Russie, Ukraine, Estonie et Slovaquie) – fut rendue publique. La juge russe est ainsi célèbre pour être l'épouse du directeur général et ancien président de la Fédération Russe de Patinage Artistique, tandis que le juge ukrainien a, par le passé, été suspendu un an pour avoir organisé un échange de votes.

Aux yeux de nombreux internautes, il s'agit clairement d'un vol fait au détriment de la reine sud-coréenne du patinage artistique. Approche proactive de la part de certains internautes: une pétition en ligne demande le réexamen des notes, requête qui a reçu 1,9 million de signatures en moins de deux jours. D'autres ont préféré l'humour, propageant des images parodiant la chute d'une patineuse russe [coréen] (en l'occurrence Julia Lipnitskaia) en la mettant en scène dans différents lieux. 

Je crois que je l'ai déjà vue dans une compétition de breakdance.

[Fausse demande de correction] J'ai entendu dire que cette femme est une danseuse d'Exo [groupe de k-pop], s'il vous plaît supprimez ce faux message.

Plusieurs plaisantins évoquent une possible vengeance lors des Jeux Olympiques de 2018, organisés par la ville sud-coréenne de Pyeongchang [français]:

Il y a tellement de tweets hilarants concernant ce résultat. L'un d'entre eux dit, “Attendez jusqu'à ce que nous organisions les Jeux Olympiques à Pyeongchang. Vous verrez Lee Sang-hwa [célèbre patineuse de vitesse de Corée du Sud (français)] remporter une médaille d'or en patinage artistique. Un autre tweete, “Truquage ? Nous avons plus d'un tour dans notre sac. Personne d'autre que notre service de renseignement et nos procureurs pourront juger les Jeux Olympiques de Pyeongchang” [en référence à l'ingérence de l'agence d'espionnage dans le scandale des élections présidentielles].

 

Avant-première des Jeux Olympiques de Pyeongchang. [L'image photoshopée montre un danseur traditionnel faisant du patinage artistique] lol.lol.

 

La véritable championne de la compétition féminine de patinage artistique est… lui.

Séances de photos de mariage « made in China »

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En Chine, pour la plupart des couples organisant leur mariage, la séance de photos occupe une place très importante.  Ces séances, qui supposent généralement plusieurs tenues et décors différents, peuvent coûter jusqu’à 15 000 USD.

ChinaFile présente le travail du photographe Guillaume Herbaut : des clichés de futurs mariés prenant la pause ou se reposant entre deux séances photo. Plus que la joie et le bonheur du mariage, Guillaume Herbaut voit dans cette tradition une aliénation et un sentiment de solitude

Venezuela : Internet s'éteint à Táchira

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Après seize jours de manifestations à travers le Vénézuela, Internet s'est éteint dans l'état du Táchira, pendant près de 36 heures. Les utilisateurs de Twitter et les sites d'informations ont rapporté que l'électricité semblait avoir été coupée également dans la région. Le 21 février, le journal vénézuélien El Universal a twitté : 

10:59 pm Les voisins de l'état du Táchira déclarent avoir passé les 24 dernières heures sans service Internet de CANTV.

Moises Maldonado, un ingénieur du Táchira, a twitté :

Dans le Táchira nous n'avions ni Internet, ni eau, ni lumière, ni nourriture, ni essence, ni transport [en commun], ni commerce. Mais on a des couilles, c'est ce dont le Vénézuela a besoin maintenant. 

C'est dans le Táchira que les manifestations ont commencé. Les répressions violentes des manifestants ont été particulièrement sévères dans l'état et beaucoup ont déclaré avoir vu des hélicoptères militaires voler au-dessus de leurs têtes. Noticiero24 a twitté : 

TÁCHIRA : zone militarisée sans internet http://t.co/81M2oHarsj les survols reprennent et les barricades sont maintenues. 

Les pannes d'Internet de cette ampleur sont sans précédent au Vénézuela. Mais ce n'est pas le cas du blocage du Net. Durant les six derniers mois, alors que l'inflation s'est envolée, dépassant les 50%, les sites d'évaluation en monnaies étrangères ont été beaucoup bloqués. Depuis que les manifestations se sont amplifiées la semaine dernière, des centaines de blogs et de site web couvrant les informations et les questions politiques ont été déclarés bloqués, à la fois sur Twitter et sur Herdict, une plate-forme de crowd-sourcing. Pendant plus d'une semaine, les utilisateurs du pays ont relevé des difficultés pour accéder à Twitter et une baisse brutale de la qualité de connexion à Internet. 

Au cours de cet incident plus récent, certains citoyens ont expliqué que le blocage ne concernait que le fournisseur CANTV gérés par le gouvernement mais qu'ils étaient capables de d'accéder à Internet via des connections mobiles. Mais d'autres  se disaient qu'ils étaient aussi incapables d'aller en ligne en utilisant d'autres fournisseurs. La journaliste Lorena Arráiz a twitté : 

Cela fait maintenant 24 heures que nous n'avons pas internet par ABA. 

Après deux jours de black out, le service est revenu. Le ministre des Sciences et des Technologies Manuel Fernández s'est excusé pour l'interruption, disant qu'il y avait eu des “problèmes dans le nord du Táchira et à San Cristóbal,” provoqués par de nombreux “incendies dans la ville”. 

Brésil : un documentaire en mémoire des expulsions du Pinheirinho

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Capture d'écran du site du documentaire somostodosofilme.com

Capture d'écran du site du documentaire SomosTodosOFilme.com. Entre les photos des habitants de la communauté Pinheirinho, on distingue les mots injustice, souffrance, douleur, violence, honte, révolte.

(Article d'origine publié le 23 janvier 2013 en portugais. Sauf mentions contraires, les liens mènent vers des contenus en portugais.)

Deux ans après la violente expulsion des habitants du “Pinheirinho”, communauté de la ville de São José dos Campos, dans l'état de São Paulo, le grand public peut désormais assister au court-métrage documentaire “Somos Todos“ ["Nous sommes tous Pinheirinho”], sorti officiellement. Le film est disponible en ligne, et recueille les témoignages de victimes de cet épisode (connu sous le nom du “Massacre du Pinheirinho” – en français) et de militants soutenant cette cause :

Eram seis horas da manhã, em janeiro de 2012, quando oito mil pessoas, assustadas, começaram a chorar. Pinheirinho dali em diante não seria mais o lar que construíram há cerca de oito anos. Somos Todos dá rosto aos Pinheirenses e voz a dor de quem até hoje espera solução para uma reintegração de posse repleta de contradições judiciais e humanas.

Un jour de janvier 2012, à six heures du matin, huit milles personnes, effrayées, se mettent à pleurer. A compter de ce jour, Pinheirinho ne sera plus jamais le foyer qu'elles ont construit il y a près de huit ans. [Le court-métrage] “Somos Todos” donne un visage aux habitants de la communauté de Pinheirinho et donne à entendre la douleur de ceux qui, jusqu'à aujourd'hui, attendent une solutions pour récupérer leurs biens, selon un processus chargé de contradictions judiciares et humaines.

“Somos Todos” est sorti à Recife un an après l'expulsion, soit en janvierr 2013, et a déjà reçu des prix dans plusieurs festivals, notamment lors de celui de Visões Periféricas [Visions périphériques] à Rio de Janeiro, dans la catégories des “frontières imaginaires”, et le prix decerné par le jury de Porta Curta [site dédié aux courts-métrages brésiliens]. On peut ainsi voir le documentaire en version complète sur Youtube ou sur le site du projet.

Voici une présentation synthétique du documentaire d'après la description fournie par ses réalisateurs et producteurs, Bruna Monteiro e Nathália Dielú :

Sobre nós, muito mudou depois do Pinheirinho. Crescemos tanto depois de ouvir os pinheirenses, depois de sentí-los. Hoje, olhamos para o lado com muito mais força, muito mais vontade de transformar. Olhamos também para as nossas lutas pessoais de um jeito diferente, mais maduro. As casas do Pinheirinho foram destruídas. Os sonhos dos Pinheirenses, não. E para que haveríamos de nos emudecer, se os sonhos, tão grandes, transformam a vida, o mundo? Nós, Bruna Monteiro e Nathália Dielú, escrevemos cada um dos textos que vocês acabaram de ler. Nós, fizemos as entrevistas nos abrigos, na associação. Nós seguimos nessa direção pelo simples e enorme desejo de fazê-lo nos acompanhar. Não só no Pinheirinho de São José dos Campos, mas nos tantos que estão muito perto dos nossos olhos. Nós só conseguimos porque pessoas especiais nos ajudaram nessa missão. Esse site é resultado de um sonho, o de inspirar pessoas, o de lembrar o Pinheirinho como um episódio triste, que não pode ser abandonado. Nem por você, nem por nós.

Beaucoup de choses ont changé pour nous depuis [notre documentaire sur] le Pinheirinho. Nous avons tant grandi après avoir entendu les habitants de la communauté et ressenti ce qu'ils éprouvent. Nous regardons aujourd'hui les choses autour de nous avec beaucoup plus de force et beaucoup plus de volonté de les transformer. Notre regard sur nos luttes personnelles est différent, plus mûr. Les maisons du Pinheirinho ont été démolies, mais pas les rêves de ses habitants. Pourquoi devrions-nous donc nous murer dans le silence si les rêves, aussi grands soient-ils, permettent de transformer la vie et le monde ? Nous, Bruna Monteiro et Nathália Dielú, ont écrit chacun des textes que vous venez de lire. Nous avons conduit tous deux les entretiens dans les abris et dans [le local] de l'association. Nous poursuivons dans cette direction en raison de notre simple et profond désir que continuent de nous accompagner non seulement ceux de Pinheirinho de São José dos Campos, mais tous les autres qui nous entourent. Nous ne sommes parvenus [à réaliser ce documentaire] que parce que des êtes d'exception nous ont aidé dans cette mission. Ce site est le résultat d'un rêve : celui d'inspirer d'autres personnes, celui de se souvenir du Pinheirinho comme d'un épisode malheureux, que ni vous, ni nous, ne devons laisser tomber.

Une activiste mozambicaine parle de l'influence des réseaux sociaux dans le pays

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[Cet entretien a été publié a l'origine sur la plate-forme Olho do Cidadão le 10 juin 2013 (portugais).]

Ludmila Maguni (@_mwaa_ no Twitter e Instagram)

Ludmila Maguni (@_mwaa_ sur Twitter et Instagram)

A l'heure ou de plus en plus de Mozambicains utilisent internet pour partager avec le monde la réalité de la vie locale, ainsi que pour raconter ce qui se passe dans le monde a leur entourage, nous nous sommes entretenu avec Ludmila Maguni, une activiste influente sur Twitter  qui nous a parlé de l'impact des réseaux sociaux sur la société Mozambicaine.

 

On estime que seulement 4,8% des 25 millions de Mozambicains ont accès a internet (données de 2012). Au Mozambique, internet et les réseaux sociaux constituent un espace de liberté d'expression privilégié. En terme de liberté de la presse, le pays se situe à la 73e position selon le rapport publié par l'organisation Reporters Sans Frontières en 2013 et en 79 éme position en 2014. 

Comme de nombreux Mozambicains qui ont un accès internet, Ludmila l'utilise pour s'informer, socialiser et se divertir. Sur Twitter, elle connue sous le pseudo de @_Mwaa_. Ludmila est native de Maputo, mais se définit comme cosmopolite, ou en d'autres termes citoyenne du monde comme décrit sur son profil; ” “1º Mozambicaine, 2º Africaine, et 3º citoyenne du monde”. Elle publie en anglais et portugais. 

Ludmila affirme que les réseaux sociaux ont du succès au Mozambique parce que les gens se sentent libres d'interagir les uns avec les autres et de partager des informations:

Quand nous parlons des réseaux sociaux, la première chose qui vient à l'esprit sont les réseaux sociaux que l'on utilise au quotidien sur internet, mais je pense que nous ne devons pas oublier que naturellement les êtres humains se sont toujours organisés en groupes, donc les réseaux sociaux ont toujours existé et existeront toujours. Je pense que c'est pour ça que les réseaux sociaux ont tant de succès aujourd'hui, car nous ressentons naturellement la volonté de communiquer et échanger des informations.

Et grâce aux réseaux sociaux, les citoyens ont trouvé le courage de débattre des affaires du pays d'une façon plus ouverte et directe :

Les Mozambicains utilisent cette plate-forme pour exprimer leurs sentiments (bons ou mauvais) sur notre pays, sur ce qu'il ce passe dans la vie politique du pays au quotidien. Nous avons tous, en tant que citoyens, quelque chose a dire sur ce qu'il se passe, je pense que grâce a la présence des réseaux sociaux beaucoup gagnent en courage et peuvent dire ce qu'ils pensent réellement.

Ludmila estime que les réseaux sociaux peuvent d'une certaine manière servir de pont entre les citoyens et les dirigeants :

 Je sais que dans certains pays les gouvernements utilisent Twitter, Facebook, et les blogs pour se rapprocher des citoyens, j'aimerais que ce soit le cas au Mozambique. 

Ludmila Maguni est à la tête du Département des systèmes d'information au ministère de la Science et de la Technologie du Mozambique. Au mois de décembre a elle a participé a l'organisation de la troisième édition de l'événement Hackathon qui s'est tenu à Maputo et qui avait pour objectif de promouvoir le développement des applications pour téléphones portables qui répondent aux besoins spécifiques du Mozambique.


L'Inde promet à ses agriculteurs un avenir d'énergie solaire

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Solar array pattern captured at Auroville, Pondicherry, India. Image from Flickr by Amaresh Sundaram Kuppuswamy. CC BY

Un rang des panneaux solaires à Auroville, Pondicherry, Inde. Image de Flickr par Amaresh Sundaram Kuppuswamy. CC BY-NC-SA

 

 Autour de 628 millions de personnes dans le monde n'ont pas d'accès à l'électricité et 290 millions d'elles sont de l'Inde rurale. Beaucoup de fermiers indiens doivent compter sur des réseaux énergétiques archaïques et des combustibles fossiles afin de faire marcher leur pompes à eau pour l'irrigation.

 Le but du gouvernement indien est de remplacer 26 millions de pompes à eau souterraine, actionnées par moteur-diesel, par des modèles plus efficaces pour l'irrigation, actionnés par l'énergie solaire.  Cela permettra d'économiser environ 6 milliards de dollars américains par an en subventions d'électricité et de combustible diesel pour le pays. Cela aidera aussi à freiner la hausse de la demande pour le charbon, deux tiers de l'électricité produite dans le pays dépendant du charbon. En outre, une distribution collaborative de la puissance solaire inutilisée aussi ajoutera beaucoup d'énergie au réseau national.

 L'Inde a presque doublé sa capacité solaire en 2013, ayant atteint un total de 2.18 GW de puissance. Le pays planifie d'installer des centrales solaires d'une puissance totale de 10 GW d'ici à 2017 et d'atteindre 20 GW en 2022, lors de la deuxième phase de la Mission Nationale Solaire Jawaharlal Nehru (MNSJN), un programme qui est à la tête du développement de l'énergie solaire en Inde. L'Inde envisage aussi à demander un prêt de 500 millions de dollars américains à la Banque Mondiale, pour construire  la plus grande centrale solaire au monde (4GW), à Sambhar, en Rajasthan.

Yadav K, dans le blog Secteur Public Indien, donne des précisions sur la centrale électrique de Sambhar :

 Le projet occupera 19.000 acres à Sambhar en Ràjasthàn et entrainera un investissement de 75 milliards de Roupies lors de sa première phase. [..] La centrale solaire PV (photovoltaïque) utilisera des modules PV basés sur la technologie de silicium en cristaux. Avec une durée de vie approximative de 25 ans, la centrale solaire peut fournir 6400 millions d'unités d'énergie par an. Ce projet qui respecte l'environnement aidera à réduire les émissions du dioxyde de carbon de plus de 4 millions de tonnes par an.

 Katie Fehrenbacher écrit dans le blog Gigaom, dédié à la technologie :

 Comme plus d'appareils deviennent reliés aux réseaux et à l'Internet – on voit arriver par ici l'Internet des objets – de plus en plus d'eux auront besoin de leur propre source d'énergie, et actuellement l'énergie solaire est une des formes les moins chères et la plus mobile de l'énergie distribuée disponible.  [.]

Si l'Inde réussit à atteindre le nombre des pompes à eau actionnées par l'énergie solaire, cela serait le plus grand déploiement de cette technologie dans un seul pays.  L'utilisation réduite de l'électricité des réseaux et du combustible diesel cher, non seulement réduira les émissions du dioxyde de carbone, mais elle pourrait également aider les opérateurs des réseaux d'énergie de mieux les faire marcher et réduire le coût d'électricité pour les fermiers.

Voici plus de réactions sur Twitter :

Un investissement de $1.6 milliards sur 5 ans alors que 200.000 premières pompes passent à l'énergie solaire pour sauver le réseau archaïque

L'Inde va construire la plus grande centrale solaire au monde – 4.000 MW, surface de 77 kilomètres carrés http://t.co/91LsPxZjIG Parfait… mais quand ? ? Nous sommes trop bons de l'annoncer !

Le coût de la production de l'énergie solaire en Inde a été réduit à moitié ces dernières années. Il est passé à 7.50 roupies par KWH. #1

Cependant, le développement rapide exige une production des centrales solaires à l'échelle industrielle, ce qui peut créer un nouveau risque pour l'environnement :

Des millions de tonnes de plomb sont déversées dans les rivières et les terres agricoles autour des centrales solaires à panneaux, en Chine et en Inde,

Blogueur et expert en énergie solaire, Ritesh Pothan pense que certains problèmes doivent être résolus, si en 2014 l'Inde veut faire un progrès quelconque vers ses ambitions solaires.
Plus d'information sur les développements de l'énergie solaire de l'Inde peut être trouvées sur les pages Facebook de L'Énergie Renouvelable de l'Inde  et L'Énergie Solaire de l'Inde

 

Un cas d'esclavage découvert au nord de la Mauritanie

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L'organisation SOS Esclaves en Mauritanie a annoncé la découverte d'un nouveau cas d'esclavage dans la région de Tzerkaf située à 40 km de la ville de Zouirate au nord de la Mauritanie. 

Cette découverte concorde avec la visite de Gulnara Shahinian, rapporteur spécial des Nations Unies sur l'esclavage, dans ce pays, en vue d'adopter une feuille de route préparée en collaboration avec le bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme aux Nations Unies. Le but en est évidemment de mettre fin à toute forme d'esclavage en Mauritanie.

L'activiste Mauritanien Yaslem Mahmoud a souhaité que la loi suive son cours dans ce cas : 

Mon ultime souhait est que la procédure judiciaire suive son cours normal, sans les ingérences qui pendant longtemps ont été la cause principale de l'abandon des droits des victimes et de la libération des criminels, Merci.

L'Iran scrute l'Ukraine avec envie et désarroi

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Ukraine protests

La contestation en Ukraine, selon l'Iranien Farda News

Les manifestations en Ukraine et le changement de pouvoir à Kiev ont été couverts avec enthousiasme dans les médias en Iran. Tandis que les dirigeants y voyaient un complot occidental ourdi par les Etats-Unis et l'Europe, les Iraniens qui avaient en leur temps monté des manifestations de masse contre leur propre régime ont été rappelés au souvenir d'une révolution qui leur a échappé.

Si  le ministre iranien de la Justice a déclaré que l'Ukraine ne pouvait se comparer à l'Iran, de nombreux Iraniens ont tracé des parallèles avec les manifestations du Mouvement Vert qui avaient suivi l’élection présidentielle de 2009.

Le blogueur iranien Abgosht écrit [farsi] que plusieurs raisons font que l'Ukraine (et la Tunisie) ont réussi là où les Iraniens ont échoué :

La réponse rapide et habituelle est que la ligne rouge des meneurs du mouvement [d'opposition] en Ukraine et Tunisie était la démocratie, tandis que ceux d'Iran auraient maintenu le cadre du régime… il n'y a pas de traîtres chez eux, leurs policiers et agents des forces de l'ordre sont de braves gens, les nôtres sont des voyous qui croient que les intérêts de la nation ont priorité sur ceux des individus.

Sur Twitter, Sarah moque le chef des armées iraniennes, Hassan Firoozabadi, qui a dit que “la révolution d'Ukraine était une fuite de l'indépendance vers la dépendance.”

Elle a tweeté [farsi], citant l'écrivain iranien Ebrahim Nabavi :

Je ne sais pas pourquoi les responsables iraniens, plus que les citoyens d'Ukraine, de Palestine, d'Irak et du Liban s'inquiètent autant de l'indépendance de ces pays.

Free Democratic Iran a tweeté, citant un titre du journal ultra-conservateur iranien Keyhan :

Ouah, Kayhan sort : “Les forces orange ont repris le pouvoir en Ukraine avec l'aide des USA et de l'UE ! [farsi]

@_Cafe a tweeté ironiquement :

Nous sommes plus avancés que l'Ukraine. C'est pour ça que j'ai besoin d'un logiciel anti-filtrage pour pouvoir écrire ces quelques mots sur l'internet.

Nima Akbarpour a tweeté [farsi] :

La situation en Ukraine me rappelle le film sur Zapataoù les révolutionnaires conquièrent le pouvoir puis suivent la même voie.

Affaire Xu Zhiyong : la longue route des militants chinois pour les droits de l'homme

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Supporters demonstrate for Xu Zhiyong's release. Photo via Wikimedia Commons, released to public domain.

Militants manifestant pour la libération de Xu Zhiyong. Photo via Wikimedia Commons, domaine public.

Le célèbre blogueur Xu Zhiyong, pionnier des campagnes en ligne pour les droits de l'homme en Chine, a été condamné à quatre ans de prison par le tribunal de Pékin le 26 janvier, peu avant le nouvel an chinois.

Pour certains militants, cette affaire est emblématique du sort réservé au mouvement citoyen né au cours de la décennie précédente : un défenseur des droits de l'homme qui a jadis cherché à oeuvrer pour des réformes en coopération avec les dirigeants du gouvernement, se retrouve maintenant pour quelques années derrière les barreaux en raison de ses efforts pour apporter le changement. 

Xu Zhiyong a été poursuivi pour son travail en tant que défenseur de l'éducation pour tous. Dix ans plus tôt, Xu a lancé sa première campagne en ligne pour sensibiliser le public sur les mystérieuses morts de deux Chinois : Huang Jing, une enseignante de 21 ans retrouvée droguée et violée dans sa résidence universitaire et Sun Zhigang, tout juste diplômé d'université, battu à mort à Guangzhou, dans un centre de détention pour les personnes n'ayant pas de permis de résidence.  A cette époque,  Xu Zhiyong, encore doctorant en droit, et ses camarades de fac, Yu Jiang and Teng Biao, avaient soumis une pétition pour plaider l'abrogation du système Détention et Rapatriement, sous lequel Sun avait été détenu. La direction du Parti communiste sous Hu Jintao, puis sous Wen Jiabao, avait accepté la proposition, générant ainsi des relations positives entre la société civile et le gouvernement. C'était un moment fort porteur d'espoir pour une réforme sociale. 

Xu avait milité pour les droits des enfants nés dans les zones rurales pour leur permettre le même accès à l'éducation que les enfants des villes. En Chine, en raison du Hukou (système d'état-civil et d'enregistrement des familles), les enfants partis vivre en ville avec leurs parents ne pouvaient pas s'inscrire dans les écoles locales et beaucoup d'entre eux étaient privés d'éducation. La campagne du Mouvement des nouveaux citoyens pour l'égalité d'accès à l'éducation a été lancée en 2009 avec une pétition en ligne et des manifestations ciblant les autorités chargées de l'éducation à Pékin. L'année suivante, les autorités permirent aux écoles de Pékin d'accueillir les enfants des migrants de l”interieur.

C'est à ce moment-là que les citoyens, et en particulier les jeunes, commencèrent à utiliser Internet comme lieu d'échange, de débat et d'organisation. Lors de l'épidémie de SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), Internet devint le seul moyen pour les étudiants de communiquer avec leurs amis et d'accéder à l'information, les campus étant fermés et les étudiants confinés dans leurs résidences. Frustrés d'être coincés dans leurs dortoirs, les étudiants se connectèrent sur le réseau de l'université pour discuter des causes de la propagation des épidémies que beaucoup d'entre eux ressentaient comme l'échec du gouvernement local pour avertir à temps la population de la prolifération du virus et pour promouvoir les règles de prévention. Les décès de Huang Jing et Sun Zhigang furent aussi parmi les sujets les plus brûlants sur les réseaux des universités. Teng Biao, avocat des droits de l'homme, souligna que toutes les campagnes des droits des citoyens durant cette période firent d'Internet leur plate-forme d'échange. Au cours des cinq années qui suivirent, la sphère publique en ligne se développa rapidement.

Beaucoup interprétèrent les différentes campagnes pour les droits des citoyens nées en 2003 comme l'instant T où les assemblées libres et une plus grande liberté de parole ont émergé. 

Lorsque la version chinoise de Twitter, Fanfou vu le jour en 2007, les cybercitoyens eurent soudain la possibilité d'envoyer des messages sur Internet à partir de leurs téléphones mobiles en à peine quelques secondes. Les manifestations qui précédemment avaient été limitées au niveau local, se propagèrent rapidement sur les réseaux nationaux. Le flux vidéo de certains incidents démontra la force du micro-blogging. 

Si les nouvelles technologies de communication ont généré un nouvel espace pour les groupes sociaux et les échanges en ligne durant ces dernières années, de nouvelles mesures de répression, de contrôles et de réglementations ont rapidement suivi, étouffant ces forces transformatrices. 

Peu après la fin des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, une campagne collective de signatures – le manifeste Charte 08 - appela à des réformes politiques fondées sur les normes internationales de respect des droits de l'homme. Le gouvernement chinois réagit par une attaque contre la sphère publique numérique sous le prétexte de “lutter contre la vulgarité”. Un grand nombre de sites Internet indépendants, de blogs et de réseaux sociaux ont été peu après soit fermés, soit suspendus.

Les régions des minorités ethniques ont aussi ressenticette intolérance croissante. Au milieu des émeutes de 2009, Internet a été temporairement coupé - il est resté suspendu pendant près d'un an –  à Urumqi, la ville la plus importante de la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine. Fanfou fut fermé deux jours plus tard après l'émeute et suspendu jusqu'en novembre 2010. Durant cette coupure, Sina Weibo, la plate-forme contrôlée par le Parti unique, remplaça Fanfou. Sina Weibo est devenue depuis la plus influente plate-forme de médias sociaux du pays.

Les soulèvements au Moyen-Orient et en Afrique du Nord entre 2010 et 2011 ont touché un point sensible du gouvernement chinois. Plus d'une centaine de militants, blogueurs et cybercitoyens ont été arrêtés suite à des appels en ligne pour que la Chine mette en marche sa “Révolution du Jasmin”.

Pourtat, le contrôle d'Internet se faisait essentiellement en filtrant les mots-clefs et par la censure, la manipulation de l'opinion sur le net et les arrestations ciblées. La majorité des cybercitoyens continuaient à utiliser Weibo pour webdiffuser les incidents sociaux et coordonner les campagnes électorales à la base. Les blagues et satires politiques étaient toujours présentes en ligne et certains cybercitoyens rapportèrent même des cas de corruption, ce qui permit de révéler au public leurs véritables identités. Le système d'enregistrement du vrai nom civil, mesure destinée à imposer l'auto-censure, avait donné naissance à un groupe d'influents leaders d'opinion en ligne.

L'actuel directeur adjoint du Bureau d'information du Conseil d'Etat, Ren Xianliang, a écrit en avril 2013 dans le journal du think tank Drapeau rouge du Parti communiste chinois que le gouvernement devrait faire enfermer les leaders d'opinion officiant sur Weibo pour empêcher toute manipulation de l'opinion publique. Quatre mois plus tard, le 10 août 2013, les représentants des leaders d'opinion sur Weibo ont été contraints de signer lors d'un programme de la chaine d'Etat CCTV une déclaration les engageant à suivre les “sept directives d'auto-censure“. Une semaine plus tard, les citoyens ont vu l'arrestation massive de centaines de leaders d'opinion, et les groupes professionnels de ghostwriters, les Internet Water Armies (Wangluo shuijun), furent accusés de propager les rumeurs et les propos diffamatoires.

Si la victoire a été proclamée dans l'éradication des commentaires critiques envers les autorités et d'un leadership idéologique sur Weibo, le champ de bataille a été élargi à la persécution des réformistes modérés. Cette persécution a été marquée par l'arrestation de l'intellectuel ouïghoure et fondateur du site “Ouïghoure en ligne”, Ilham Tohti, le 15 janvier et la condamnation à quatre ans de prison de Xu Zhiyong, le 26 janvier. Après sa première victoire, son mouvement a continué en défendant des étudiants qui avaient besoin de retourner dans leur ville natale pour passer les examens d'entrée à l'université. Xu a été accusé de porter atteinte à l'ordre public en organisant deux petites pétitions concernant les dispositifs d'examens.

Depuis sa condamnation, la propagande officielle sur le procès de Xu a inondé Sina Weibo, la sphère publique chinoise des mouvements et clone de Twitter, avec des titres tels que : “Xu Zhiyong juge mal le monde”, “la conspiration explicite de l'Occident dans le soutien aux dissidents chinois”. Le texte du jugement de Xu Zhiyong, dans laquelle il défend ses actions, est maintenant introuvable.

Le Mouvement des nouveaux citoyens de Xu Zhiyong a été mené par toute une génération de jeunes indépendants qui ont développé leur esprit critique dans une sphère publique en ligne relativement libre. Il s'est avéré que les réseaux virtuels peuvent conduire à une mobilisation dans la vie réelle, une fois qu'un consensus social est construit. La campagne pour les droits à un accès égal à l'éducation des enfants des zones rurales en est un exemple. 

La condamnation de Xu Zhiyong, une figure symbolique qui représente le “nouveau citoyen” dont la conscience a été cultivée par les échanges en ligne sur les affaires publiques et les flux vidéos de manifestations et d'actions citoyennes, n'est pas un cas particulier, mais le symbole du rejet systématique du gouvernement du désir de dignité et de liberté du peuple.

Les grands méchants cadors des médias russes

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The bullies of the Russian media. Dmitri Kiselyov, left, and Vladimir Solovyov, right. Images mixed by Kevin Rothrock.

Les cadors des médias russes : Dmitri Kisseliev (à gauche) et Vladimir Soloviev (à droite). Collage Kevin Rothrock.

Ce qui se passe actuellement dans les médias russes n'incite guère à l'optimisme. Il suffit de lire “l'Echo de RuNet” pour savoir que TV Dojd (pluie), la seule chaîne indépendante de Russie, fait l'objet d'attaques et que la radio la plus écoutée du pays, “l'Echo de Moscou”, est menacée de poursuites – comme le célèbre blogueur politique Alexeï Navalny. Tout cela pour un article ou une émission jugés politiquement incorrects et antipatriotiques par les médias conservateurs. TV Dojd a organisé un sondage [en anglais] demandant aux spectateurs s'il n'aurait pas mieux valu que Léningrad se rende aux nazis durant la Seconde Guerre mondiale pour éviter le blocus de la ville ; “l'Echo de Moscou” a diffusé une contribution de Viktor Chenderovitch comparant sous certains aspects les Jeux de Sotchi avec ceux de Berlin en 1936; quant à Navalny, il a fait une blague cryptée  [en anglais] après le meurtre d'un juge en Ukraine, insinuant que ça pourrait bien arriver à des juges russes.

Les Russes peuvent en effet débattre du côté politiquement correct ou non des choix de TV Dojd, Chenderovitch ou Navalny, mais la popularité de la chaîne et de ces deux politiques ne fait aucun doute. Comme dans la Russie actuelle l'idée d'une chasse aux sorcières contre les “traîtres” ne tient pas debout, le choix de ces cibles obéit forcément à une certaine logique.

La semaine dernière, cette logique s'est trouvée mise à mal quand la télé russe et le journaliste de radio Vladimir Soloviev ont consacré toute une émission à disséquer et dénoncer les tweets de soutien à Maïdan d'un groupe d'étudiants de l'Ecole supérieure de commerce de Moscou. (Vous pouvez lire ici le compte rendu détaillé de Soultan Souleïmanov). Soloviev a villipendé en priorité une certaine Ioulia Arkhipova, qu'il a accusée (par contumace) d'être une fervente supportrice des homosexuels.

Il semble que Soloviev ait eu connaissance de l'existence de Ioulia Arkhipova grâce à Vitali Milonov, conseiller municipal de Saint-Pétersbourg tristement célèbre depuis son décret de 2011 interdisant la “propagande homosexuelle”. Milonov “s'est occupé” du cas Arkhipova à la veille de l'émission de Soloviev, raillant sa sollicitude envers les blessés du Maïdan, une sollicitude “déplacée” qui montre bien, selon lui, où mène l'enseignement supérieur russe. Quand, plus tard, Arkhipova a tourné Soloviev en ridicule, dans un tweet disant qu'elle avait revêtu “tout exprès pour lui” l'habit traditionnel ukrainien et mis son passeport russe dans sa poche, celui-ci a répondu qu'”une âme vile le reste”, en costume traditionnel ou sans.

Pourquoi, pour quelques tweets sur l'Ukraine, Soloviev s'en prend-il à un groupe d'étudiants qu'il ne connaît pas ? Ioulia Arkhipova soupçonne un journaliste pro-Kremlin qui commence à se faire un nom – par ses attaques contre l'opposition russe qui choquent régulièrement la société libérale -, Dimitri Kisseliev, d'avoir mis la barre plus haut dans les médias russes en matière d'allégeance au pouvoir. Si Soloviev est connu de longue date comme polémiste pro-Poutine, ses sorties semblent bien pâles comparées à celles de Kisseliev ; et quant à Milonov, c'est carrément Harvey Milk à côté, surtout depuis(qu'il s'est emporté en 2012 à la télévision d'Etat au point de vouloir faire brûler le coeur de gays disparus dans un accident de voiture.

La surenchère de Soloviev s'attaquant à des jeunes twitteurs dissimulait sa cible réelle : cette grande école de commerce que Milonov décrit comme un “nid de libéraux”. En d'autres termes, les réactionnaires russes conservent tout de même une certaine logique.

Pendant ce temps, l'école, elle, tâchait de rester au-dessus de la mêlée. Le 21 février, dans ce post sur sa page Facebook elle décidait de traiter comme une “provocation” les attaques de Soloviev. Le post était illustré par une photo de Mark Twain, avec cette citation: “Ne discutez jamais avec les imbéciles. Ce serait descendre à leur niveau, où ils vous écraseraient de leur compétence.”

Tiré de la page Facebook de l'école de commerce.

Angola : combattre les pauvres au lieu de combattre la pauvreté

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Le gouvernement angolais vient d'annoncer une mesure controversée : à partir de maintenant, la vente ambulante est interdite à Luanda, capitale de l'Angola. Une décision qui vise principalement à améliorer l'image de la plus grande ville du pays. Les clients tout comme les vendeurs pourraient être sujets à des amendes.

Depuis la période coloniale [pt], les vendeurs ambulants font partie de la vie des rues de Luanda où ces hommes et ces femmes vendent tous types de marchandises. Plusieurs chansons d'artistes renommés célèbrent même cet aspect particulier de la culture locale.

L'Angola est actuellement l'une des économies les plus dynamique du continent Africain. Le pays profite de nouveaux revenus émanant de l'industrie pétrolière ; toutefois cette richesse n'est pas réinjectée dans l'économie et la grande majorité des Angolais n'a pas la chance d'en profiter. Le pays maintient un des pires taux d'inégalité au monde.

« Luanda, Angola. c8 Octobre 2010 - vendeuse de fruits dans une rue près de l'hotel Alvalade (prix moyen par chambre - 450$) . -- on ne trouve pas un hotel décent à Luanda pour moins de 400$/nuit. Un repas basique dans un restaurant correct (un plat et une bouteille d'eau) coute à peu près 75$. La population pauvre trouve qu'il est de plus en plus dur de survivre ici. » Photo de Ionut Sendroiu copyright Demotix

« Vendeuse de fruits dans une rue près de l'hotel Alvalade (prix moyen par chambre : 450 dollars). ‘On ne trouve pas un hôtel convenable à Luanda pour moins de 400 dollars la nuit. Un repas basique dans un restaurant correct (un plat et une bouteille d'eau) coûte à peu près 75 dollars. La population pauvre trouve qu'il est de plus en plus dur de survivre dans la ville. » Photo de Ionut Sendroiu copyright Demotix (8 Octobre 2010)

Dernièrement, « Le gouverneur de Luanda se bat contre les vendeurs ambulants » [pt] était le titre de l'un des billets gratifié du plus grand nombre de « j'aime » sur la page Facebook de Mana Mingota (Soeur Mingota), une des pages les plus populaires d'Angola. Mana Mingota est un personnage fictif et quasiment personne ne sait qui se cache derrière. Et pourtant, cette page qui publie des conseils, des traits d'humours et des commentaires sur les différents sujets qui parlent à la génération la plus jeune et la plus connectée du pays a presque 76 500 fans – plus que la plupart des groupes et des célébrités les plus populaires d'Angola. L'article proteste :

Tantos problemas para combater, água, luz, saneamento básico, emprego para os jovens, falta de casa, comida cara, prostituição legalizada, venda de bebidas a menores de idade, consumo exagerado de álcool pela população, acidentes de viação, falsificação de documentos, burocracia na emissão de documentos, propinas elevadas das universidades privadas, gasosas nos polícias, corrupção nas escolas, mau atendimento das repartições públicas, ene problemas, e a sua excelência senhor governador está com todas flechas apontadas para as zungueiras que com sacrifício tentam ganhar a vida para alimentar famílias e colocar os filhos na escola para não virarem delinquentes. Sinceramente muitos aqui pensam ao contrário!!!

Il y a tant de problèmes à résoudre – l'eau, l'électricité, des installations sanitaires de base, le travail des jeunes, le manque de logement, la nourriture hors de prix, la prostitution légale, la vente d'alcool aux mineurs, la consommation d'alcool exagérée de notre société, les accidents de la route, la falsification des documents, la bureaucratie bloquant l’émission de nouveaux documents, le coût élevé de l'éducation dans les universités privées, la corruption des forces de police, la corruption dans les écoles, la mauvaise qualité des services publics … Tant de problèmes et son Excellence le gouverneur pointe ses fusils sur les vendeurs ambulants qui font beaucoup de sacrifices et qui essayent juste de gagner de l'argent pour pouvoir nourrir leurs familles et mettre leurs gamins à l'école pour ne pas qu'ils deviennent des criminels. Sérieusement, beaucoup de gens de ce pays pensent à l'envers !!!

L'interdiction des marchants ambulants – ou zungueiras, comme on les appelle ici – semble faire partie d'une stratégie plus importante qui consiste à cacher les pauvres de Luanda et à les déverser dans la périphérie. Loin des yeux, loin du coeur, en gros. Hormis les zungueiras, les habitants des bidonvilles plutôt nombreux de Luanda sont aussi fréquemment réveillés par le bruit des bulldozers qui viennent raser leur maisons sans sommation avant d'être transportés en bus jusqu'à des terrains non-habitables.

"Pour la plupart des habitants, les grattes-ciels de Luanda ne sont rien d'autre qu'un arrière plan." Photo et légende par Ionut Sendroiu copyright Demotix (8 October 2010)

“Pour la plupart des habitants, les grattes-ciels de Luanda ne sont rien d'autre qu'un arrière plan.” Photo et légende par Ionut Sendroiu copyright Demotix (8 Octobre 2010)

Conséquence d'une variété de facteurs dont une guerre civile prolongée et un manque d'investissements notoire dans l'éducation, la majorité de la main d'oeuvre angolaise est non-qualifiée et le chômage touche plus d'un quart de la population. D'après un rapport sur la transition vers la démocratie et l'économie de marché de 129 pays, publié récemment (Bertelsmann Stiftung, BTI 2014 Angola Country Report) [en - pdf] :

[...] la population des villes [angolaises] dépend souvent du commerce informel pour joindre les deux bouts. C'est particulièrement le cas à Luanda, la capitale, où on estime qu'un tiers de la population est seule responsable de la production de 75% du PIB.

Zungueiras. Photo partagée sur le blog O Patifúndio sous licence Creative Commons (BY-NC-ND)

Zungueiras. Photo partagée sur le blog O Patifúndio sous licence Creative Commons (BY-NC-ND)

Le même rapport déclare que 70% de la main d'oeuvre informelle est constituée de femmes. Immanquablement, les dernières mesures du gouvernement auront un impact négatif sur ces femmes, qui sont les plus vulnérables dans ce genre de cas.  Il n'aura pas fallu longtemps pour mettre ces mesures en exécution : Le blog Maka Angola, qui lutte contre la corruption, a signalé récemment [en] qu'une cinquantaine d'hommes, femmes et enfants avaient été détenus dans la même cellule dans un commissariat de Luanda, certains durant 3 jours, pour ‘délit de vente ambulante'. Mais ça n'a rien de nouveau. Louise Redvers dénonce ce problème dans un article [en] paru sur le site internet de l'Open Society Initiative for South Africa (Initiative de l'Open Society pour l'Afrique australe).

[...] pire encore, ces femmes sont régulièrement maltraitées par les équipes d'inspecteurs du gouvernement et des officiers de police abusifs qui les battent, les rackettent, leur volent ou endommagent leurs marchandises. Vous pouvez en lire plus sur l'étendue de ces abus – et l'impunité apparente des officiers concernés – dans ce rapport accablant de l'ONG Human RIghts Watch [en] publié en septembre dernier.

Ces dernières mesures ont été reçues dans l'incrédulité générale et sont condamnées par l'opinion publique, mais il est important de noter que tout le monde ne pense pas de cette manière. Beaucoup ont applaudi la décision du gouvernement et jugent que la vente ambulante devient incontrôlable et qu'elle nuit à l'image de la ville. J'ai eu l'occasion de voir comment les zungueiras peuvent changer n'importe quel coin de rue ou de trottoir en un marché ouvert peu hygiénique, mais comme le chante le rappeur Angolais MCK :

em vez de combater a pobreza estão a combater os pobres.

Ils combattent les pauvres au lieu combattre la pauvreté.

La commerce de rue n'est pas le problème mais plutôt la conséquence d'un phénomène de plus grande envergure, à savoir l'incapacité du gouvernement à réduire le fossé énorme qui sépare les nantis des plus démunis. L'incapacité également de se consacrer à la pauvreté malgré les immenses richesses pétrolières dont profitent les Angolais les plus fortunés. Et cette idée fausse que le meilleur moyen de s'occuper des pauvres, c'est de les cacher.

"Commercial street in Luanda." Photo de Ionut Sendroiu copyright Demotix (31 October 2010)

“Rue commerçante à Luanda.” Photo de Ionut Sendroiu copyright Demotix (31 Octobre 2010)

Une citation de l'article de Louise Redvers mentionné plus haut est particulièrement révélatrice :

Je me rappelle très clairement des mots d'un homme d'affaires du pétrole angolais bien habillé et diplômé d'une université américaine coûteuse : « Nous ne pouvons plus avoir ces gens dans nos rues, pas dans le centre ville à côté de bâtiments comme Sonangol. Il nous faut améliorer notre image, nous sommes un pays moderne, ces gens ne peuvent pas être ici comme ça. »

L'Angola est un pays ou le registre national peut fermer pendant 4 jours pour cause de panne de système [en] (lire : intranet). Où un transfert Western Union ou Moneygram de routine peut demander plusieurs heures ou plusieurs déplacements. Où il n'y a pas de distribution fiable d'eau potable ou de l'électricité. Où le gouvernement est incapable de fournir même le plus basique des services à sa population. Où le gouvernement ne consacre qu'une faible part de son budget à la santé et à l'éducation [en], (parmi les chiffres les plus faibles du continent africain [en]). Où la corruption est un mode de vie et où le gouvernement a oublié ses promesses de l'indépendance qui proclamaient que le plus important est de résoudre les problèmes de la population. Les zungueiras et les plus pauvres du pays continueront à souffrir de cette rénovation si soucieuse de l'image du pays jusqu'à ce que soient prises des mesures de lutte contre la pauvreté plus sérieuses et que soient promulguées d'autres possibilités de subsistance.

Lisez aussi l'article de Clara Onofre sur Global Voices (2008): Angola : courageuses et dignes, les vendeuses ambulantes des rues de Luamba

Des traducteurs japonais collaborent pour promouvoir la technologie civique

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 Des initiatives dans le domaine de la technologie civique, dont l'objectif est de profiter de la technologie pour améliorer la vie des communautés, surgissent ces dernières années partout dans le monde monde. Au Japon, des innovateurs dans plusieurs villes ont organisé des hackatons qui ont utilisé des données publiques  et eu comme résultat un développement rapide des logiciels et des applications.

 Pour beaucoup de Japonais les mots “civique” et “technologie” sont encore étrangers. Il n'est pas facile pour eux d'imaginer comment les technologies de l'information et de la communication peuvent servir à la société civile afin de résoudre des problèmes communautaires.

 En décembre 2013, des traducteurs bénévoles se sont rassemblés dans l'arrondissement Shibuya de Tokyo pour discuter du meilleur moyen de présenter un exemple pratique de la technologie civique aux Japonais. Ils ont trouvé ” Au-delà de la transparence“, un livre composé par l'organisation américaine sans but lucratif Un Code pour l'Amérique et qui compile des rapports sur la façon dont une communauté s'initie aux données ouvertes et partageables (selon la Licence des Communes Créatives (CC-NC-SA -3.0)). Les traducteurs ont décidé de lancer un projet collaboratif pour traduire ce livre en Japonais. On comptait parmi eux des journalistes free lance, des professeurs d'université, et des informaticiens ; chacun était très partant pour traduire en commun un livre.  

 Hiroyasu Ichikawa, qui est le chef du projet, parle de l'avantage de la traduction collaborative sur son blog [ja]:

今回日本語化翻訳プロジェクトを始めて思ったことがあります。それは1人では出来ないことも、同じ想いや目的を持った方同志で心地よくコラボレーションが行われた際、「1+1>2」が可能になるかもしれない!ということでした。

 Il y a quelque chose dont je me suis rendu compte après le début du projet: même si une personne ne peut pas le réaliser, quand on collabore avec des gens qui partagent vos idées, qui ont les mêmes objectifs, le résultat est multiplié, ce qui prouve que “1+1 > 2″ !

 Ce projet utilise le portail Transifex, une plateforme qui permet à chacun de participer aux projets de traduction, ne serait ce que pour quelques minutes durant son temps libre. On parle aussi de la possibilité que ‘Un Code pour le Japon, qui fait la promotion de la technologie civique au Japon, offre sa supervision en tant qu'éditeur. À présent, 25% des articles sont déjà en ligne [japonais], disponibles en Japonais. 

 L'objectif des traducteurs est d'achever le projet vers le printemps. Une fois la traduction faite, cela devrait provoquer davantage d'initiatives pour la technologie civique au Japon qui, l'on espère, seront pris en exemple par le monde anglophone.

The thumbnail is a screenshot of the Beyond Transparency translation project's page.

Le palais de Ianoukotich : rien de nouveau pour les Russes

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Yanukovich's presidential palace, where dreams came true. (And then crashed back to Earth.) Images mixed by Kevin Rothrock.

Le palais présidentiel de Ianukovich, là ou les rêves se réalisent. Puis s'effondrent. Photo montage Kevin Rothrock.

Quand Viktor Ianoukovich a fui Kiev la semaine dernière, il a quitté sa résidence dans la précipitation. La foule d'Ukrainiens ordinaires et de journalistes qui se sont plus tard rendus dans le palais présidentiel déserté ont eux pris leur temps, bouche bée devant une opulence qui a stupéfié et choqué même les opposants les plus féroces de Ianoukotich. Quand les premiers visiteurs se sont présentés, ils n'ont rencontré que quelques gardes de sécurité, qui ont en fait servi de guides aux journalistes durant la visite. Les gardes les ont eux mêmes invités à prendre des photos [russe, ru] pour révéler au monde “comment le président de l'Ukraine vit.”

Un blogueur russe populaire, qui tient un blog de photos, Ilya Varlamov, a eu accès à la propriété et a  photographié différents aspects de ses 140 hectares.  Elle comprend un zoo privé, avec des animaux exotiques ou domestiques. Le garage contient une collection de voitures de luxe. Amaré à la rive d'un lac privé, un gallion faisait office de restaurant. Et, naturellement, un golf privé ne pouvait pas manquer. Les Ukrainiens se sont par la suite rués pour visiter ce manoir et voir à quoi avaient servi leurs impôts. Une invitation [ru] a circulé sur Twitter, les encourageant à venir voir le palais de leurs propres yeux. 

Le '19e trou flottant’ de Ianoukovich : un galion, qui est un restaurant

Curieusement, la réaction de la blogosphère russe a été généralement molle. Les Russes, il faut l'admettre, sont déjà habitués aux révélations sur la fortune et le mauvais goôt de leurs propres politiciens. Des photos de leurs résidences fuitent régulièrement sur Internet. Valdimir Yakunin, le président des chemins de fer russes, géré par l'Etat, a figuré dans le même genre de scandale l'an dernier, quand le blogueur Alexey Navalni, militant anti corruption, a publié des documents [ru] sur la propriété de 70 hectares de Yakunin, en périphérie de Moscou.  

Avec ce précédent à l'esprit, l'un des lecteurs de Varlamov a plaisanté : Yakounin est probablement jaloux de la propriété de Yanoukovich, plus vaste que la sienne :

Ни в коем случае не показывайте эти кадры Якунину.

Ne montrez pas ces photos à Yakounin.

Un autre blogueur russe, Oleg Kozyrev, s'est souvenu d'une remarque faite par Vladimir Poutine en  2008, quand il s'est comparé à un galérien.

Теперь понятно, что Путин имел в виду, когда говорил, что он раб на галерах. Вот галера Януковича

Maintenant, on voit bien ce que Poutine avait à l'esprit quand il se comparait à un galérien. Voici la galère de Yanoukovich.  

Le journaliste de Lenta.ru Andrey Kozenko a tweeté :

 D'une façon générale, après avoir vu les photos de la résidence (je dois dire que) tous les escrocs ont un gout épouvantable. 

De longues files d'attente pour visiter la résidence de Ianoukovitch 

 

Le journaliste Alexander Plushev a remarqué sur Twitter :

Je me demande combien des notres (les Moscovites) iraient à Novo-Ogarevo [La résidence de Poutine en périphérie de Moscou]. Disons juste, si les circonstances favorables se présentaient…

Vladimir Varfolomeev a répondu en plaisantant :

Attendez une minute : ils ont déjà ouvert les réservations pour les visites ? Mince. Une fois de plus, j'ai tout raté pendant mes vacances.

Andrey Davidov propose une solution innovante :

On pourrait créer un système électronique de gestion des files d'attente

#DZ2014, un Hashtag contre la fraude et la dictature en Algérie

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L'Algérie s'apprête à vivre une élection présidentielle capitale pour son avenir. Le scrutin présidentiel est prévu le 17 avril prochain. Après 15 années passées au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika a annoncé une nouvelle fois sa candidature à un 4 mandat à la tête du régime algérien. Mais ce 4e mandat passe mal et de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ce projet politique. Sur les réseaux sociaux et le web, la contestation s'organise.

Tout a commencé sur Facebook. Plusieurs jeunes algériens issus de divers horizons se sont rassemblés le matin, du samedi dernier, devant l’université d’Alger à Bouzaréah, une localité située sur les hauteurs de la capitale algérienne. Leurs slogans en disent long sur leur rage et leur colère. Leurs revendications sont symptomatiques d’un profond désir de changement. Mais dés qu’ils ont brandi leurs affiches hostiles au régime algérien et à un énième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat, des policiers sont venus les embarquer directement au commissariat. Voici la vidéo qui relate leur rassemblement. 

une militante, filmée dans cette vidéo, explique :

 L'Algérie n'est pas une monarchie. En 2008, Abdelaziz Bouteflika a changé la constitution sans consulter le peuple algérien. Cette fois-ci, on veut lui dire stop pour qu'il n'aille pas plus loin  

Ils s’appellent Amira, Idir, Leila et d’autres encore. Ils étaient au courant que les policiers algériens seraient beaucoup plus nombreux qu’eux dans ce rassemblement qu’ils ont voulu organiser. Mais inconsciemment, ou peut-être consciemment,  ils ont prouvé que les réseaux sociaux sont soigneusement surveillés par les appareils sécuritaires en Algérie. Ils ont prouvé aussi que toute mobilisation démocratique n’est désormais possible en Algérie qu’à travers les réseaux sociaux. Leur appel lancé sur Facebook  n’était pas pris au sérieux au début. Mais de jour en jour, des personnes commençaient à rejoindre cette petite communauté qui s’oppose à un 4e mandat d’Abdelaziz Bouteflika, âgé de 77 ans, le président algérien qui a déjà régné sur le pays depuis 1999, à savoir 15 longues années. Un Président qui veut encore détenir le Pouvoir alors qu'il avait promis de passer le flambeau à la jeunesse comme l'indique son discours prononcé en 2012 :

 Un mouvement de contestation a été donc mis en place et qui vise des rassemblements chaque semaine devant les universités algériennes pour stopper la réélection d’Abdelaziz Bouteflika pour 5 années supplémentaires.

Pour exprimer la colère des algériens, des cyber-militants ont lancé d’autres initiatives. Celles-ci sont de plus en plus nombreuses à voir le jour sur le web algérien. Mais pour fédérer toutes les bonnes volontés et pour mieux informer l’opinion publique, un Hashtag a été créé : #DZ2014. Un Hashtag qui permet de retrouver toutes les informations essentielles sur la prochaine élection présidentielle qui aura lieu le 17 avril prochain en Algérie. Grâce à ce Hashtag, l’internaute accède directement à plusieurs pages Facebook qui diffusent chaque heure des informations sur le déroulement de ces élections. Des informations qui retracent aussi les combines d’ores et déjà utilisées pour favoriser la fraude ou imposer la dictature aux Algériens. Ainsi, les pages Facebook 1, 2, 3 win rayah ya Si, DZ Wikileaks, Envoyés Spéciaux Algériens, Antichitadz  Algérie Discussion, Algérie Election Présidentielle, et d’autres encore, sont devenues de véritable médias sociaux qui scrutent le moindre événement politique et analysent ses dessous.

Mais sur Facebook et Twitter, on ne fait pas que commenter sérieusement l’actualité politique. Les activistes algériens tentent de mobiliser l’opinion publique en faisant dans le rire. Ainsi, des photomontages, des blagues, des vidéos moqueuses sont diffusées largement. La page Facebook Radio Trottoir est d’ailleurs un véritable média qui s’est construit sur ce modèle de l’information par l’ironie et la satire à l'exemple de ce photomontage partagé par de nombreux Facebookers algériens

4e mandat satire

 

YouTube aussi s’est enflammé par toute cette mobilisation politique en Algérie. Les Youtubeurs Algériens ne cessent de poster des vidéos pour s’adresser à leurs dirigeants en leur réclamant des comptes et des explications. D’autres s’adressent directement à Abdelaziz Bouteflika et lui demandent de «dégager» comme le clame haut et fort ce jeune algérien : “même les serviteurs du régime s'opposent à ce 4e mandat qui humilie l'Algérie. Nous aussi on doit dire non et refuser d'accorder 5 années supplémentaires à Bouteflika”, dit-il dans sa vidéo diffusée sur YouTube. 

Des collectifs citoyens filment leurs actions de protestation sur le terrain et sensibilisent l’opinion publique. Là aussi ces vidéos ont été massivement diffusées sur les réseaux sociaux. Un partage rendu possible grâce au Hashtag #DZ2014. Un Hashtag qui sera la principale arme des cyber-militants algériens dans leur lutte contre la fraude électorale et la dictature. 

Un blogueur libanais parle du droit des femmes avec la Première Dame

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[Sauf indication contraire les liens dirigent vers des pages en anglais]

Mario Macaron, blogueur et étudiant à l’Université Saint-Joseph [fr], a adressé une lettre ouverte à la Première Dame du Liban, Wafaa Sleiman, sur le problème du droit des femmes. Le problème du droit des femmes au Liban a récemment refait surface avec l'assassinat de Roula Yaacoub, Manal Assi et Christelle Abu Chakra par leurs propres maris et l’étonnante polémique qui entoure une séance photos ancienne de Jackie Chamoun. Malgré sa réputation de paradis libéral au milieu d'une région conservatrice, le Liban ne brille pas quand on parle du droit des femmes. Ces lacunes en ce qui concerne des droits fondamentaux se sont traduites de temps en temps localement par des mouvements populaires mais, dirons certains, cela n'a jamais atteint ce que l'on connaît aujourd'hui. Un manifestation massive organisée par l'ONG KAFA (assez)[arabe] est prévue pour le 8 mars [arabe] et fera l'objet d'un Dossier Spécial par Global Voices.

Voici la lettre de Mario Macaron:

Madame,
Je suis étudiant libanais à Paris, j’ai eu l’honneur de faire partie de la délégation que vous présidiez à Tunis en Novembre 2010 à la conférence des droits de la Femme Arabe, et comme plusieurs j’ai fiévreusement applaudi votre discours prônant et défendant les droits de la Femme dans ce coin du monde. Vous considérant comme l’emblème institutionnel de la Femme libanaise, c’est à vous que je m’adresse, même si votre mandat touche bientôt à sa fin, peut-être mes propos résonneront dans les coulisses féminines.

Madame, il est vrai qu’en vous écrivant je me retrouve d’ores et déjà dans une situation compromettante : un homme prêchant à la Première Croyante sur un sujet annexé dans les annales du quotidien. Pourtant Madame, chaque fois que l’humiliation et parfois même le sang des femmes de notre pays font l’entête des journaux et la une des médias, j’ai honte et me demande qu’est ce qu’il manque encore aux libanaises, connues pour leur fort tempérament, de prendre les choses en main. Faudra-t-il attendre qu’à l’image de Beyrouth mère, nos dames se retrouvent sans foi ni espoir, et que surgissent des extrémistes qui noieront vos revendications dans du politiquement incorrect ?

Ne pensez-vous pas qu’il est temps que vous dirigez les femmes du Liban vers une révolution tant attendue ? Ne croyez-vous pas qu’il est temps d’imposer vos droits qu’aucune loi ne prévoit encore ? N’est-il pas temps que deux libanaises jouissent de droits égaux même si elles sont de rites différents ?

Vous ne menez pas votre combat seul Madame, tout homme digne de l’éducation d’une mère libanaise demeure indigné et révolté face aux injustices commises à votre égard et en son nom. Ces hommes, même si écrasés par une minorité retentissante de par sa misogynie croient en une société où le sexe ne différencie que biologiquement.

Toutefois, ce ne sont pas les hommes qui lanceront les manifestations pour vous, ils le feront avec vous certes, mais admettons que, du côté de chez nous, les droits de la femme ne sont pas, hélas, une affaire d’hommes. Heureusement d’ailleurs, notre Parlement et même nos gouvernements à majorité masculine ne peuvent pas vanter leur efficacité.

Madame, si vous invitiez chaque grand-mère, mère, fille, sœur, copine, fiancée ou amie à cesser d’être Femme pour un jour, un seul, si vous décidiez toutes de faire la grève à notre société faussement machiste, je crois Madame que non seulement vous feriez voter vos droits, mais vous pourriez même diriger notre pauvre Liban à bon port.

Nous sommes tous fruits de Femmes, et « ce que Femme veut, Dieu le veut »

Veuillez croire, Madame, en mes sentiments les plus respectueux.

Mario Macaron

Une semaine plus tard, la Première Dame a répondu:

Monsieur Mario Macaron

J’ai lu avec intérêt la lettre ouverte que vous avez voulu me transmettre à travers les réseaux sociaux. Je voudrais vous remercier et saluer vos collègues de Béryte – l’écho des Cèdres, la revue des étudiants de la Faculté de Droit et de l’Institut de Sciences Politiques de l’USJ, qui l’a publiée sur sa page web.

Vous savez que la femme libanaise est confrontée à nombre de défis. Dès les premiers jours du mandat du Président de la République le général Michel Sleiman, j’ai pris comme engagement de défendre sa cause dans tous les domaines et ce, dans le cadre de la Commission Nationale de la Femme Libanaise (CNFL) que je préside, et en collaboration avec les associations et mouvements sociaux pour les droits des femmes, de notre société civile si active. Cette cause n’est donc pas négligée. D’autant plus qu’elle est amplement soutenue par le Président de la République lui-même.

Vous m’appelez à une révolution, et je salue votre proposition. Toutefois une révolution, moi je ne l’entends pas dans le sens de l’effervescence d’un jour qui finirait aussi vite qu’un lever de soleil, mais dans le sens d’une mobilisation de solidarité effective et durable à laquelle je ne cesse d’appeler. Une mobilisation de solidarité agissante de ceux et celles, comme vous et vos collègues, sont animés de bonne volonté à poursuivre la démarche d’amélioration de la situation de la femme libanaise, déjà entamée dans la législation, les milieux du travail, la société….

Grâce à une pareille mobilisation vigilante, nous parviendrons, ensemble, à mettre fin aux injustices et aux inégalités que vous prélevez.

En vous renouvelant mes remerciements, veuillez croire, Monsieur, en mes meilleurs sentiments.

Wafaa SLEIMAN

Première Dame du Liban

Les “Olympiens” d'Asie du sud-est accueillis en héros

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Yohan Goncalves Goutt representing East Timor in the Men's Slalom event.

Yohan Goncalves Goutt représentant le Timor Oriental lors du slalom masculin.

Ce ne sont pas deux pays réputés pour leurs chutes de neige, mais les Philippines et le Timor Oriental, situés en Asie du sud-est, étaient représentés lors des derniers Jeux Olympiques d'hiver de Sotchi. Yohan Goncalves Goutt, qualifié pour l'épreuve de slalom masculin, est ainsi devenu le premier athlète timorais à se présenter aux Jeux Olympiques d'hiver. Prouesse également réalisée par le Philippin Michael Martinez, premier patineur artistique d'Asie du sud-est qualifié pour les Jeux.

Pour réaliser son rêve, Yohan a crée la Fédération de Ski du Timor Oriental et a réuni 75 000 dollars pour accomplir son rêve olympique. Il a pris part aux Jeux, a fini la course, et a terminé 43ème sur 117 participants. 72 autres skieurs n'ont pas fini la course ou ont été disqualifiés durant la compétition.

Yohan a partagé ses sentiments après avoir terminé la course:

WOW quelle expérience pour moi !!!! Cette course restera gravée à jamais dans ma mémoire, et le Timor Oriental dans l'Histoire. Partir en dernière position lors de la course de ma vie fut difficile, mais je l'ai fait et terminé ! 43 sur 117 !!!

Vous êtes formidables, merci de m'avoir soutenu !!!!

Après ces Jeux Olympiques j'ai le sentiment d'avoir beaucoup appris et je sors de ces Jeux grandi !!!

Avant les Jeux, il a reçu une lettre de félicitations de la part du Premier Ministre du Timor Oriental. Les Timorais sont naturellement fiers des exploits de Yohan, et certains de ses fans ont posté quelques messages sur son compte Facebook:

Popo Lay: Si fier de toi Yohan!! Félicitations d'être devenu la première personne à représenter notre nation aux Jeux Olympiques d'hiver et à écrire l'histoire. Tu es un véritable héros timorais et un modèle pour les futures générations!

José Antonio G. Casimiro: Terminé dans le top 50 est un grand exploit. J'en ai vu tellement avant vous chuter et ne pas finir la course. J'ai prié pour que vous réalisiez une manche propre, et vous l'avez fait. Merci d'avoir mis notre petit pays sur le devant de la scène internationale.

Beaucoup d'internautes ont été émus de voir Yohan défiler lors de la cérémonie d'ouverture sous les couleurs du Timor:

Jacinta Barreto: Vous nous avez montré comment porter le tais traditionnel par ce temps d'hiver… cool et branché. Bonne chance Yohan..

Carla Araujo Machado: Félicitations! Quel moment émouvant lorsque tu portais le drapeau du Timor Oriental! Nous en sommes tous très fiers!

Le ministre de l'Etat Agio Pereira a affirmé son soutien à Yohan:

Nous félicitons Yohan pour son engagement et sa fierté pour le Timor Oriental. Ses efforts, ainsi que ceux des autres athlètes qui représentent le Timor Oriental sur la scène internationale, ont accru la visibilité de notre nation et augmenté l'intérêt pour ce pays.

Yohan Goncalves Goutt at the Sochi Games

Yohan Goncalves Goutt aux Jeux de Sotchi

Pendant ce temps, le patineur philippin Michael Martinez était le seul représentant de son pays aux Jeux de Sotchi. Qualifié pour la finale, il a pris la dix-neuvième place.

Le parcours atypique de Michael a ému de nombreux Philippins. Il a ainsi appris à patiner seul dans un centre commercial et est parvenu à devenir un Olympien malgré son asthme.

Mais alors que les Philippins ont acclamé sa participation triomphante aux Jeux d'hiver, d'autres ont reproché au gouvernement le peu d'aide apporté au jeune patineur. La famille de Michael aurait même hypothéqué leur maison en vue de la préparation olympique du jeune athlète. La demande de soutien financier envoyée par la mère de Michael n'a apparemment pas été reçue par le président, car traitée comme un spam.

Michael Martinez patine de nouveau ce soir, à 23 heures sur TV5Manila. RT pour exprimer votre soutien!

Michael Martinez n'était qu'un enfant avec un rêve. Désormais il est un héros olympique. J'espère qu'aucun politicien actuel ne tirera profit de sa popularité

Michael Martinez est le Prince de la glace dans un pays où il ne neige jamais

Peu importe que ce gosse ne ramène rien chez lui. Sa présence seule suffit à faire de lui un héros.

L'écrivain Jessica Zafra a salué la mère de Michael pour avoir guidé le talentueux adolescent sur la route de ses rêves:

Je ne connais pas la mère de Michael, mais je sais qu'elle a encouragé son fils à poursuivre son rêve, aussi étrange que cela puisse paraître. Etre parent est difficile, plus particulièrement lorsque votre enfant a un véritable talent. Vous vous devez d'être honnête quant aux aptitudes de votre enfant et ne pas le laisser se bercer d'illusions. Vous devez estimer ses chances de réussite et faire le sacrifice qui s'impose. Félicitations, Mme Martinez, vous êtes la mère la plus incroyable qui soit.

De retour aux Philippines, Michael a été accueilli en héros par ses compatriotes:

Michael Christian Martinez revient à Manille en héros! Plus d'informations quant à son retour sur @Spotdotph

10 choses que vous devez savoir sur les langues en danger

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Ce post est initialement paru sur le blog Living Tongues (Langues vivantes) et est republié avec l'autorisation.

A l'occasion de la Journée internationale de la langue maternelle promue par l'UNESCO (21 février), je voudrais attirer l'attention sur certaines questions clés liées à la perte d'une langue. Avec l'amplification du mouvement pour la préservation et la revitalisation des langues partout dans le monde, les médias accordent une attention de plus en plus positive aux langues en voie de disparition. Ce qui est un grand pas pour les militants pour les langues autochtones qui veulent que leurs langues soient objet de plus de respect et de reconnaissance. Cependant, il existe encore de nombreux défis auxquels les militants des langues sont confrontés. Je veux partager cette liste pour aider le grand public à prendre conscience des difficultés de la lutte pour la revitalisation des langues, peut-être dissiper certains des mythes autour des langues en danger, en aidant à comprendre ce qui est en jeu quand une langue est perdue. 

Sans plus tarder, voici le top 10 des choses qu'on doit savoir sur les langues en voie de disparition:

10. Depuis le début du 20e siècle, les langues minoritaires ont cédé face aux langues dominantes à un rythme accéléré et sans précédent.

Ça va vite, surtout dans les anciennes colonies de peuplement. L'abandon des langues indigènes en faveur des langues étrangères se passe rapidement, et le processus est le résultat de la colonisation, de l'assimilation culturelle, de l'urbanisation et de la mondialisation. Quand il y a une réduction de la diversité locale, elle conduit à l'érosion culturelle, la perte des langues minoritaires, et peut même conduire à la perte de l'identité culturelle au fil du temps.

9. Jusqu'à la moitié des 7105 langues du monde peut être à risque de disparition

Plusieurs milliers de langues connaissent actuellement un certain niveau de menace. Il est important de noter que non seulement beaucoup de langues individuelles sont en danger, mais des familles entières de langues sont également en voie d'extinction, ce qui est une perte incommensurable pour l'humanité.

En termes d'évaluation des dangers encourus par des langues individuellement considérées, on ne peut pas toujours déterminer si une langue est stable seulement sur la base du nombre de ses locuteurs. Parfois, il y a des langues qui ont toujours de très grandes populations d'utilisateurs, mais dont l'âge moyen est supérieur à 50 ans. C'est un indicateur que ces langues ne sont pas transmises aux enfants. Ces langues ne sont donc pas stables, et le nombre de personnes les parlant couramment va bientôt diminuer. Une langue peut être perdue en une génération ou deux. Dans d'autres cas, le nombre de locuteurs d'une langue peut être faible, mais avec suffisamment de locuteurs de tous les groupes d'âge qui l'utilisent. C'est une indication qu'elle est encore transmise aux plus jeunes membres de la communauté. Elle pourra encore survivre pendant de nombreuses générations à venir.

8. Beaucoup de langues en voie de disparition n'ont jamais été enregistrées ni écrites.

C'est vrai. Il y a beaucoup de langues à travers le monde qui n'ont pas d'enregistrements audio. Avoir des enregistrements audio de haute qualité de mots et de phrases dans une langue est un outil essentiel pour une communauté qui n'a plus de survivants qui la parlent, et souhaitent préserver sa prononciation correcte après la disparition des derniers locuteurs, si cela signifie la fin du processus de d'adoption d'une autre langue que la communauté connaît. Les prochaines décennies constituent une période cruciale pour l'enregistrement des derniers locuteurs des langues les plus gravement menacées, et pour soutenir les militants des langues en danger et des langues indigènes qui font un excellent travail pour relancer certaines qui sont relativement moins menacées dans leurs communautés. Des enregistrements de haute qualité sont également essentiels pour les linguistes qui souhaitent analyser les sons et la structure des langues, et aider les collectivités à élaborer des outils linguistiques appropriés pour la transmission des langues.

En outre, de nombreuses cultures ont transmis leur héritage à travers des traditions orales, sans l'utilisation de systèmes d'écriture pour la transmission des connaissances. Cependant, la nécessité d'une orthographe convenable se pose lorsque des locuteurs souhaitent que leurs langues soient enseignées dans les écoles, ai une présence dans les médias et soient reconnues par les autorités publiques. Dans certains cas, si le système d'écriture est créé trop vite, il pourrait ne pas saisir avec précision des sons complexes trouvés dans cette langue. Les meilleurs systèmes d'écriture sont créés lorsque ceux qui parlent couramment les langues travaillent avec des éducateurs les maitrisant et d'autres spécialistes. A condition qu'ils prennent tous le temps de créer un système d'écriture qui fonctionne bien pour les besoins de la communauté, et qui peuvent également être facilement utilisés sur les interfaces informatiques modernes. La création de bons systèmes d'écriture et la technologie d'accompagnement pour accueillir des caractères spéciaux, exige du temps, de la diligence, de la patience, de la coordination et de l'argent pour payer des gens pour travailler sur les projets.

7. La disparition de langues se constate dans presque tous les pays du monde.

Ça se passe près de chez vous. À l'exception des pays monolingues comme l'Uruguay (où de nombreuses langues autochtones ont été éradiquées), en Corée et dans une poignée d'autres pays, vous pouvez observer la perte des langues dans la plupart des pays dans le monde. Si vous habitez au Canada, aux États-Unis ou en Australie, vous pourriez être surpris de découvrir que la perte d'une langue n'est pas un phénomène exotique, mais il est aussi local. Beaucoup de langues autochtones dont vous avez entendu parler, celles des Premières nations, amérindiennes et les langues aborigènes sont en danger de disparition, à moins que leurs locuteurs ne mettent en place les ressources et l'infrastructure nécessaires pour garder leurs langues vivantes. Dans le cas de l'Europe, il y a aussi beaucoup de langues minoritaires locales dans diverses régions qui sont à risque d'être perdues.

Bien qu'il existe des langues menacées dans presque tous les pays, il est important de noter le changement de langues n'est pas uniformément distribué à travers le monde. On peut identifier des zones d'urgence, des Language Hotspots, qui sont les régions du monde ayant le plus haut degré de diversité linguistique, des niveaux les plus élevés de danger, et les langues les moins étudiées. Les régions à risque pour les langues sont les lieux dans lesquels l'enregistrement des langues est le plus plus urgent pour les générations actuelles.

 

6. Les langues minoritaires sont une partie importante du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. 

Dans notre monde diversifié et multilingue, les langues sont une source de richesse culturelle. Façonnée par les lieux dans lesquels elles sont implantées, les langues minoritaires du monde codifient des systèmes de connaissances précieuses relatives à l'adaptation culturelle des peuples aux paysages locaux. Intimement liées à la diversité écologique, ces diverses langues locales sont des réservoirs de taxonomies et des connaissances environnementales accumulées au fil des générations. L'extinction d'une langue peut aussi conduire à la disparition d'anciennes traditions spirituelles. Des pratiques autrefois exécutées dans cette langue pourraient ne plus se perpétuer de la même façon que précédemment, et donc le maintien de la langue est également nécessaire pour maintenir intactes des traditions spirituelles.

5. Les militants pour les langues autochtones et leurs alliés linguistiques professionnels peinent souvent dans l'obscurité, pour peu ou pas de salaire.

Les militants pour les langues autochtones sont des locuteurs qui peuvent aider dans la conservation de leurs langues. Ils peuvent être impliqués dans l'enseignement des enfants et des adultes à parler la langue, l'enregistrement des connaissances des aînés, en organisant des ateliers, des événements culturels, etc. Ils sont souvent sous-estimés par la communauté, et en fonction des circonstances, ils travaillent étant payés peu ou prou. Bien sûr, il y a aussi de nombreuses communautés où les militants et les éducateurs linguistiques sont bien rémunérés pour leurs efforts, cela dépend, donc, vraiment de la situation locale. Le militantisme pour les langues est un travail à temps plein. Si les militants se fatiguent sans salaire, ils méritent d'être indemnisés.

Les alliés des spécialistes des langues sont généralement des chercheurs, des linguistes et autres travailleurs des médias ou des ONG qui utilisent leurs compétences et expérience pour aider les militants dans la conservation de leurs langues. Dans de nombreux cas, ces personnes font également don de leur temps, et ce sans être payés pour le temps qu'ils mettent dans les projets linguistiques. Assurer le financement des projets de documentation linguistique est très difficile et peut être problématique, car il ne peut être garanti d'année en année.

4. La documentation sur les langues est un travail fastidieux, mais fascinant.

Une documentation scientifique appropriée d'une langue nécessite des années pour sa réalisation et les meilleurs projets de documentation impliquent une collaboration fructueuse avec ceux qui la parlent couramment et d'autres membres concernés de la communauté. Le processus se trouve toujours renforcé par la participation de plusieurs linguistes formés pouvant apporter chacun son expertise.

3. Les programmes de revitalisation des langue sont des projets à long terme.

Réaliser un projet de revitalisation d'une langue n'est pas qu'un projet pour des stages d'été. Une véritable revitalisation n'est possible qu'avec un engagement à long terme de ses locuteurs, des éducateurs et des militants de cette langue au sein de la communauté. Les linguistes ne sauvent pas ou ne maintiennent pas des langues autochtones, et il n'y a pas de chemin simple pour la revitalisation des communautés.

2. Internet n'est pas en train de tuer les langues minoritaires.

Il y a une fausse idée répandue qui présente Internet comme un monstre tentaculaire puissant de la mondialisation, contribuant à la disparition des langues minoritaires. Toutefois, c'est le contraire qui est vrai. Internet offre une opportunité sans précédent pour les voix minoritaires de se faire entendre, grâce aux médias citoyens. En outre, les outils d'apprentissage des langues en ligne non seulement, aident à créer une visibilité pour les langues minoritaires sur le Web, mais aussi ils aident les intervenants à partager leurs connaissances pour maintenir des réseaux sur de grandes distances.

1. La technologie numérique ne remplacera jamais une communauté vivante de locuteurs, mais elle peut aider à préserver et enseigner les langues, ainsi que les communications entre les locuteur.

Les innovations dans la technologie audio et d'enregistrement vidéo aident à préserver les enregistrements; elles peuvent servir comme une aide à l'apprentissage et pour connecter des personnes à d'autres locuteurs de leur langue sans qu'ils vivent nécessairement dans le même endroit. Des communautés de locuteurs de langues en voie de disparition peuvent maintenant créer des espaces virtuels où ils peuvent écouter leur langue, peu importe où ils sont dans le monde. Des applications, des réseaux sociaux, des blogs et des forums de langue sont un excellent outil pour faciliter et améliorer la communication, mais bien sûr, ils ne peuvent pas remplacer les locuteurs eux-mêmes.

Merci de nous avoir lu. N'hésitez pas à partager cet article!

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