Quantcast
Channel: Global Voices en Français
Viewing all 7147 articles
Browse latest View live

Mon expérience de « jeune pionnière » sur l’île de Bantayan, aux Philippines

$
0
0

Cette année scolaire, mon fiancé et moi résidons en Chine où j’ai accepté un emploi dans une université. Nous avons été, comme de nombreuses personnes, très touchés par le super typhon – Yolanda - qui a ravagé une partie des Philippines en novembre dernier. Nous pensions déjà à ce pays pour nos vacances d’hiver, le typhon n’a fait que confirmer notre envie d’y voyager, non pas pour jouer les touristes et profiter des plages magnifiques, mais pour aider les personnes qui ont tout perdu dans la catastrophe.

 

Carte de L'ile de Bantayan - Domain public

Carte de L'ile de Bantayan – Domain public

Nous avons donc trouvé une petite association – qui depuis peu a acquis le statut d’ONG aux Philippines – appelée Young Pioneer Disaster Response (YPDR), qui nous a acceptés en tant que bénévoles sur la petite île de Bantayan, dans la région centrale Visaya. YPDR a été fondée par Christopher P. White, Joseph Ferris III, Marshal Mayer et Katlyn Murray, qui sont arrivés à Bantayan à peine une semaine après la catastrophe naturelle.

 Leur idée de base

The collective action of dedicated individuals, each utilizing their own skills to their maximum potential, can affect great change in the world.

 L’action collective d’individus dévoués, qui utilisent leurs propres capacités poussées au maximum, peut provoquer un grand changement dans le monde.

 Ils s’installent donc sur à Bantayan dans le but d’aider la population locale à reconstruire leur vie et à se préparer pour mieux résister aux futurs typhons. Ils commencent par enlever tous les débris dans l’école principale de Santa Fe – l’éducation étant le pilier central pour un avenir meilleur – et réparer les bâtiments, puis ils se diversifient en créant des partenariats avec d’autres ONGs et associations : la distribution de maisons résistantes aux typhons aux familles les plus démunies avec pah (Polish Humanitarian Action), un programme eau et assainissement (WASH) en coopération avec Oxfam, un programme de thérapie par l’art avec l’association 24 Foundation destiné aux enfants et aux femmes, des missions médicales avec le SAMU andalou.

 Cette première expérience sur terrain dans l’humanitaire a été une totale réussite ! L’ONG fonctionne avec une équipe internationale de bénévoles et des travailleurs locaux. Chaque matin, il y a une première réunion où les bénévoles se voient assigner leurs tâches pour la journée : il y a plusieurs groupes par tâches principales – celles-ci évoluent selon les priorités et les partenariats, de plus l’organisation est très flexible, ils acceptent et soutiennent toute idée de projets ayant pour but d’améliorer le quotidien des habitants de Bantayan. C’est ainsi que Meg, une jeune actrice polonaise avec une formation de marionnettiste a commencé à créer des petits spectacles destinés aux enfants et recruter une troupe de volontaires (dont j’ai fait partie) pour jouer dans les écoles un peu partout dans l’île.

Meg Małgorzata Szumska et ses élèves  via sa page  Facebook

Meg Małgorzata Szumska et ses élèves via sa page Facebook

 

Cela fait un peu plus de trois mois que YPDR a débarqué sur l’île de Bantayan et grâce à leur volonté, leur dure labeur mais aussi leur bonne humeur qu’ils ont conquis le cœur de la population locale, ainsi que celui de tous les bénévoles qui ont fait partie de cette formidable aventure ! Comme vous pouvez le constater dans les commentaires suivants publiés sur la page Facebook de l’ONG :

 Marshall Mayer :

Doing incredible work! So proud to be on this team!

On fait un travail incroyable. Trop fier de faire partie de cette équipe !

 Kersten Johnson:

Best little non-Non-Government Organization ever! We do it all with love.

C’est la meilleure petite Organisation Non Gouvernemental (qui existe) ! Tout est fait avec amour.

 Cambria Berger :

This group is making things happen for people in disaster areas, without all the red tape and bureaucratic slow downs common to such efforts. People helping people, as it ought to be! Great job!

 Grâce à ce groupe, les choses se concrétisent pour les personnes vivant dans des zones sinistrées, sans le tapis rouge et la paperasse bureaucratique qui ralentit de tels efforts. Des personnes aidant d’autres personnes, comme cela devrait être ! Un travail remarquable !

 Vous pouvez avoir un petit aperçu de la portée de leur travail dans cette vidéo :

 

 Et le vidéo clip de la chanson « Happy » de Pharell Williams ayant remporté un énorme succès sur la toile, il est normal que YPDR s’en soit servi pour montrer leur quotidien au sein de la population de Bantayan. Et comme on le rappelle à la fin de la vidéo :

 People of the Philippines are happy. But they still need our help

Les habitants des Philippines sont heureux ; mais ils ont toujours besoin de notre aide.


Une initiative punchy pour dynamiser le vote aux élections européennes

$
0
0

Reprenant le tube ultra-planétaire de Pharrell Williams, “Happy”, et son clip non-moins connu (plus de 143 millions de vues sur youtube), la compagnie cinématographique Full Tunes Production, basée à Bruxelles et spécialisée plutôt dans l'industrie de la musique et de la fête, a décidé de lancer via facebook une initiative pleine d'enthousiasme pour relancer les votants aux élections européennes : Happy Voting (page en anglais). L'événement est aussi disponible via un site internet et un compte twitter @HappyVoting.

Entre la crise économique et financière qui mine le moral des ménages depuis 2007 en Europe et une Union Européenne qui peine à s'affirmer de façon politique à propos, entre autre, de la Syrie et de la Crimée, le pire est pressenti en matière d'abstention pour les élections européennes. En 2009 déjà, 59,5% des électeurs français s'étaient abstenus, comme le rappelle Raphaël Da Silva pour Rue89 Strasbourg. On ne peut que donc saluer l'initiative de Happy Voting, qui n'émane pas des institutions, se réclame non-partisane et se soucie de promouvoir le vote (celui des jeunes en particulier) d'une façon dynamique, légère et follement contagieuse. Plus de 12,9k de personnes ont déjà été invitées à participer via facebook.

L'idée est de fabriquer un remake du clip original, de façon collaborative, et de faire un maximum de bruit autour de sa sortie, qui est prévue en ligne pour le 28 mars 2014 à 12h. Alors, à vos souris, et face à la morosité ambiante, votez! Voici le teaser de la vidéo de Happy Voting : 

Une figure de la contre-culture russe prend parti pour le propagandiste du Kremlin

$
0
0

Artyom Loskoutov, fondateur d'un mouvement artistique de contre-culture bien connu en Russie, les flashmobs “Monstration” [voir l'article de Global Voices], a fait des vagues sur la blogosphère russe en signant une lettre de soutien à Dmitri Kisseliov, un journaliste que beaucoup considèrent comme le propagandiste en chef du Kremlin. Loskoutov fait partie des quelques dizaines de journalistes russes qui ont signé cette lettre [ru], qui pose des questions précises quant aux récentes sanctions prises par l'UE contre Kisseliov, et pour qui de telles sanctions constituent une atteinte à la liberté d'expression.

Loskoutov travaille pour TV Dojd, une chaîne télévisée d'opposition qui fait actuellement face à des difficultés financières causées par la censure, et semblait donc peu susceptible de prendre parti pour Kisseliov. Le célèbre photo-blogueur Roustem Adagamov a même tweeté [ru] son intention de résilier son abonnement à TV Dojd et de se faire rembourser, suite à la prise de position de Loskoutov. Loskoutov s'est défendu dans un post Facebook [ru], arguant qu'il n'avait pas signé pour soutenir Kisseliov mais bien le principe de la liberté d'expression et les droits des journalistes. Nombre de ses lecteurs ont rétorqué que la liberté d'expression ne devrait pas s'appliquer à des “propagandistes” comme Kisseliov et se sont lancés dans des attaques personnelles contre Loskoutov – s'inscrivant dans la longue tradition de l'intelligentsia libérale russe, habituée à rechercher des traîtres dans ses propres rangs.

Après les médias d'opposition, le Kremlin s'attaque aux universitaires contestataires

$
0
0
Andrei Zubov, left, confronts academic repression reminiscent of the USSR. Images mixed by author.

Andrei Zubov, à gauche, mis à l'écart du monde universitaire russe pour ses opinions : une mise au pas du monde universitaire qui rappelle l'URSS, selon lui. Photomontage de l'auteur.

Le contrôle de la presse en Russie est aussi ancienne que la présidence de Vladimir Putin. Au cours  des deux dernières années, depuis que Poutine est revenu au Kremlin pour un troisième mandat, le processus s'est accéléré. Des médias qui exprimaient le point de vue de l'opposition, comme Gazeta.ru, Lenta.ru et Kommersant, ont perdu les rédacteurs en chef qui pouvaient défendre l'indépendance de ces groupes. TV Dozhd (la Pluie), la seule chaîne de télévision de l'opposition en Russie, est très proche de la fermeture à cause d'une campagne planifiée qui a réussi à ruiner la chaîne.

L'annexion de la Crimée par la Russie et la menace d'une invasion russe de l'Est de l'Ukraine ont certainement aggravé les choses. La censure qui a frappé l'information est en train d'attaquer le monde universitaire.

Il y a trois jours, le 24 mars 2014, l'université MGIMO à Moscou a licencié le professeur Andrei Zoubov pour une prétendue ‘inconduite'. Son délit est la publication d'une lettre ouverte dans le journal Vedomosti, le 1 mars, où il a comparé les actions du Kremlin en Ukraine à la prise du territoire des Sudètes par Hitler. L'administration de l'université a jugé que l'activisme politique de Zoubov (il a parlé de l'Ukraine à plusieurs occasions ces dernières semaines) nuisait à la réputation de l'université, et qu'il serait donc licencié.

Dans ses interviews, Zoubov n'a pas hésité de comparer son licenciement à ceux qui avaient lieu dans le monde universitaire soviétique pour des raisons politiques. « Oui, vous pouvez le comparer avec l'Union Soviétique, puisque c'était la même chose, » a-t-il dit au journal The New Times ce mois-ci. Cependant, Zubov a ajouté que les Russes étaient devenus un “peuple différent” depuis l'époque communiste, comme en témoigne le soutien massif public et privé qu'il a reçu dès que des rumeurs au sujet de son licenciement de la MGIMO ont commencé à circuler.  En effet, c'est le 4 mars qu'un syndicat des professeurs a publié une lettre ouverte pour soutenir Zoubov, dans les heures qui ont suivi la nouvelle de son licenciement. Maintenant qu'il est officiellement licencié de  MGIMO,  Zubov dit qu'il a reçu plusieurs offres d'emplois d'universités à Moscou et à l'étranger.

L'ancienne enseignante de la MGIMO, Ela Kolesnikowa, ne cache pas see convictions politiques. Voici la photo de son profil sur Facebook, qui la montre sur fond d'un drapeau ukrainien. 

Les entretiens avec des journalistes et les invitations dans d'autres écoles suggèrent certainement que la Russie d'aujourd'hui a beaucoup changé depuis l'époque soviétique, il est plus difficile de juger si Zoubov dit vrai quand il dit que le peuple russe est maintenant très différent.

Considérons l'expérience d'une autre enseignante de MGIMO, la conférencière Ela Kolesnikowa, qui a quitté son emploi en signe de protestation contre le licenciement de Zoubov. Le 25 mars, Kolesnikowa a publié un long message sur son compte Facebook, décrivant sa dernière journée sur le campus. Kolesnikowa dit que les étudiants lui ont fait une ovation debout en signe d'adieu, mais ses collègues du département de linguistique ont refusé même de lui parler. « Je n'ai jamais pensé que je deviendrais un fantôme, » a-t-elle écrit.

Sur Facebook, où elle a raconté l'expérience de sa démission, Kolesnikowa n'est pas à court de partisans. Le post mentionné ci-dessus a reçu près de sept mille « J'aime » et il a été partagé près de six mille fois. Des journalistes libéraux éminents comme Ilya Klishin et Filipp Dzyadko ont exprimé leur sympathie, eux-aussi.

Dans ces deux cas, l'attitude du public est radicalement différente de celle des professionnels. Mais quelles sont les réactions plus importantes ? Les étudiants qui applaudissent ? Les utilisateurs de Facebook qui encouragent ? Ou les gens qui se détachent d'un collègue avec qui ils travaillaient depuis des années ? Pour Zoubov, dont l'éminence lui permet de considérer de nombreuses alternatives de carrière, la réaction du public suffit pour suggérer l'émergence d'une nouvelle nation qui a renoncé au pire de l'héritage soviétique. Cependant, l'avenir est beaucoup moins prometteur pour Kolesnikowa et c'est peut-être un meilleur test pour mesurer combien la vie en Russie a changé, ou non.  

Le Thrive Show : pour vivre mieux avec une maladie chronique

$
0
0

Alitée car affectée par une maladie chronique mal connue et très invalidante (myalgic encephalomyelitis), Jen Brea utilise les médias sociaux en virtuose et lance une série de vidéos interactives sur Google Hangout, appelée le Thrive Show, sur comment vivre avec une pathologie invisible et chronique. 

Le premier épisode est en ligne aujourd'hui 27 mars et comprend une conversation avec Eva Hagberg, auteur du livre It's All In Your Head (C'est dans ta tête).

Jen Brea est aussi la réalisatrice d'un documentaire en préparation, Canary in a Coal Mine (Le canari dans la mine de charbon), sur les maladies chroniques. Le film a levé plus de 200 000 dollars de financement participatif sur Kickstarter. Jen a été une éditrice de Global Voices  pour les pays francophones jusqu'en 2010.

Le Top 10 des Tweets en russe, semaine 13/2014

$
0
0
Top tweets in the Russian twittersphere. Images mixed by author.

Top tweets de la twittosphère russe. Montage d'images de l'auteur.

Nous inaugurons aujourd'hui une nouvelle série de notre projet RuNet Echo consacrée au top hebdomadaire des tweets en langue russe. Chaque vendredi, RuNet Echo va collecter le Top 10 des tweets en langue russe et les présenter pour les lecteurs de Global Voices. Nos sélections se fondent sur l'algorithme des “meilleurs tweets” de Tjournal.ru, consultable et mis à jour en temps réel ici.

#10 — Un vieil homme et sa vieille voiture.

Cet homme a 102 ans. Il n'a pas changé de voiture en 82 ans. Une Rolls-Royce 1028.

#9 — Une plaisanterie macabre.

Le taux d'approbation de Poutine atteint 80 %. Pour qu'il atteigne 100 %, il va falloir fusiller ou arrêter les 20 % restants.

#8 — Comparaison des crimes de guerre de Bush, Obama et Poutine. (Nombre de femmes, enfants et vieillards tués. Civils assassinés dans des guerres inutiles. Pays bombardés. Gouvernements renversés. Centres de torture. Pays menacés d'actions armées. Tentatives de déstabilisation de pays avec des “révolutions de couleur.”)

Subitement ! (L'original en allemand @Fatherland.)

#7 — Des supporters sportifs de Russie solidaires de l'Ukraine.

Oho. Les supporters de l'équipe de foot Zenit de Saint-Pétersbourg ont déployé une bannière en soutien à l'Ukraine.

#6 — Les conseillers municipaux de Moscou envisagent des peines de prison pour les blogueurs embêtants.

A la douma de Moscou on a proposé de coffrer pour quatre ans les blogueurs mécontents des décisions [du Kremlin] sur la Crimée.

#5 — La dernière télévision indépendante de Russie lance son téléthon-SOS.

Comment nous aider en ce moment-même ? 1) Partagez ce lien sur tous vos réseaux de médias sociaux 2) Retweetez ce tweet.

#4 — Le faux compte Twitter du Premier Ministre de fait de la Crimée diffuse une conversation téléphonique enregistrée dans laquelle Ioulia Timochenko dit des obscénités contre les Russes de souche.

Important ! Timochenko sur les Russes en Russe.

#3 — Propos musclés sur le faux compte Twitter de la Procureur Générale adorée de Crimée, Natalia Poklonskaya.

Si tous d'un coup ils [me] cherchent et ne [me] trouvent pas, transmettez aux imbéciles que je suis là [au travail] de 8h00 à 22h chaque jour, 21 rue de Sébastopol, tél. 51-84-26. :)

#2 — Le principal blogueur politique de Russie, Alexeï Navalny, applaudit au journalisme d'investigation qui met au jour la corruption dans le parti au pouvoir en Russie.

Retweetez ceci, si vous voulez que tous les journaux de Russie sortent avec de telles premières pages. [En titre : "Les palais des membres de Russie Unie."]

#1 —  Le propriétaire de TV Dojd, Alexandre Vinokourov, en appelle à la minorité de Russes opposés à la censure des média.

70 % des Russes pensent qu'il est acceptable de déformer l'information dans les médias si c'est dans l'intérêt de l'Etat. [Lien vers les résultats d'un sondage.] Retweetez, si vous n'êtes PAS d'accord.

Vous bloguez sur l'annexion de la Crimée ? Vous pourriez être un extrémiste !

$
0
0
Moscow city council member Inna Svyatenko warns against "extremist" blogging about Crimea. Images mixed by author.

Inna Svyatenko, membre du Conseil municipal de la ville de Moscou, met en garde contre le blogging “extrémiste” sur la Crimée. Photomontage de l'auteur.

Les législateurs russes caressent l'idée de taxer d'extrémisme les internautes bloguant sur la Crimée qui “incitent à des comportements xénophobes”. Inna Svyatenko, membre du Conseil municipal de Moscou, a proposé d'utiliser le tristement célèbre article 282 du code pénal, article punissant l’incitation à la haine, contre les internautes responsables de “provocations” antipatriotiques au sujet du nouveau territoire russe. Les citoyens convaincus de violation de cet article 282 risqueraient jusqu'à 14 000 dollars d'amende et quatre ans de prison.

“Les services du renseignement ne peuvent contrôler intégralement les internautes”, a reconnu la conseillère municipale, ajoutant que cette lacune de la police nécessitait de rendre plus visible le châtiment des “contrevenants”.

Le premier média à faire mention de la proposition de Svyatenko est le journal russe “Nezavisimaia Gazeta”, qui cite comme exemples de posts extrémistes concernant la Crimée ceux de deux blogueurs anonymes sur LiveJournal, valdt et leisurebocker. Même si pénaliser des individus écrivant sous un pseudo représente en soi un défi, on comprend mal au vu du contenu de leurs posts – loin d'être xénophobe ou violent -, comment ces blogueurs peuvent être soupçonnés d'un quelconque extrémisme. (L'article ne dit pas clairement si ces exemples ont été choisis par la “Nezavisimaia Gazeta” ou Mme Svyatenko.)

Le crime de Valdt, semble-t-il, est de suggérer que l'acquisition de la Crimée va grever le budget de la Russie, n'enrichissant qu'une poignée d'oligarques. Leisurebocker, quant à lui, déclare (sacrilège !) que le seul bénéfice de l'annexion pourrait bien être de voir la fuite des capitaux russes stoppée par les sanctions internationales qui s'ensuivent. (Comme souvent, leisurebocker ne fait en réalité que citer un post de blog paru sur le site Web de l'Echo de Moscou, signé par le journaliste Alexandre Minkine.)

Le projet de criminaliser ce type de blogging est tombé le jour où le ministère des Finances rendait public un plan d'au moins 7 milliards de dollars pour soutenir et développer la Crimée. Dans ces 7 milliards, les investissements privés gelés l'an dernier par le gouvernement dans le système russe des retraites se tailleraient la part du lion. (Voir ici le détail de cette réforme.)

Si les deux blogueurs cités par l'article de la “Nezavisimaia Gazeta” étaient reconnus coupables d'incitation à l'extrémisme, ce pourrait être la porte ouverte à des poursuites en justice visant les blogueurs russes les plus influents. Et en effet, le blogueur politique numéro un du pays, Alexeï Navalny, s'est empressé d'attirer l'attention ce 27 mars sur ce plan du ministère des Finances visant à redistribuer la manne des retraites russes à ses nouveaux ressortissants, et de dénoncer cette opération comme la dernière d'une série d'escroqueries orchestrées par les officiels du gouvernement.

Mme Svyatenko et le conseil municipal de Moscou disposent-ils de l'autorité légale ou des ressources policières pour inculper de violation de l'article du code pénal punissant l'incitation à la haine les internautes bloguant sur la Crimée ? Même au niveau fédéral, ainsi que Mme Svyatenko elle-même le reconnaît, la capacité du gouvernement à contrôler Internet est douteuse. Etant donné cette carence, la meilleure des tactiques à venir est de rendre les poursuites plus visibles. La Russie étant maintenant sur le pied de guerre, et même si ce n'est pas Mme Svyatenko qui en est responsable, il est plus que probable que l'on va assister à une explosion du nombre d'actions en justice contre les blogueurs auteurs de textes politiquement sensibles.

La Chine renforce la censure sur les émissions TV étrangères en ligne

$
0
0

L'Administration d'État de la presse, des publications, de la radio, le film et la télévision chinoise (SARFT) a commencé à sévir contre les émissions de TV en ligne en introduisant une politique “d'abord censurer, ensuite diffuser” pour les entreprises chinoises d'Internet.

Selon la nouvelle règle, les entreprises du secteur de la TV en ligne devront employer des censeurs approuvés par le gouvernement qui contrôleront le contenu avant que les vidéos soient diffusés en ligne.  Des investisseurs et des opérateurs des compagnies qui diffusent un contenu qui n'a pas été officiellement approuvé, recevront un avertissement. Ils peuvent aussi être punis d'une amende ou d'une interdiction de diffusion du contenu pour une période pouvant atteindre cinq ans.

Jusqu'à présent, des compagnies de la TV en ligne comme Youku et Tudou employaient des ‘censeurs’ internes.

Selon Hollywood Reporter, la SAPPRFT a déclaré :

Les entreprises qui diffusent des programmes radio et video sur Internet, tels que des fictions et des microfilms en ligne, devraient avoir un personnel qualifié pour en examiner le contenu. Ce personnel doit répondre aux exigences du contrôle et doit être formé par des associations nationales ou provinciales de l'industrie des programmes audio et vidéo en ligne. Les entreprises devraient avoir un système fiable qui permette de gérer l'édition et la censure du contenu des programmes. Il leur faut aussi obtenir une licence de diffusion des programmes vidéo et audio, délivrée par la SAPPRFT ; la licence doit être obtenue légalement. Elles devraient respecter strictement les limites de l'autorisation de développer leurs activités dans le champ d'activité concerné. Un contenu acheté sera traité de la même manière que le contenu autoproduit. 

Cette année, la loi a requis que toute personne qui télécharge des vidéos, y compris des microfilms et d'autres contenus générés par les utilisateurs, devait être enregistré sous sa véritable identité et que chaque microfilm devait être examinée par un censeur avant d'être mis en ligne.

American TV shows have gained great popularity in China over the past few years.

Des émissions de TV américaines ont gagné une grande popularité en Chine ces dernières années.  

Le nombre des internautes qui visionnent des vidéos sur Internet en Chine a atteint 450 millions cette année, et ce nombre continue à augmenter. La nouvelle règle vise principalement des émissions de TV et des microfilms américains. Des séries TV américaines, telles que “House of cards” et “Le mort qui marche” ont gagné une grande popularité cette année, mais selon la nouvelle règle, il est peu probable que ces émissions soient approuvées.

Pour contourner la censure, certaines entreprises américaines auraient trouvé une solution, pour ne pas perdre l'énorme marché chinois: créer deux versions d'une émission. Bien que plusieurs opérateurs de vidéos chinois n'aient pas encore été informés des détails spécifiques de ces mesures répressives, ils ont déjà diminué leurs achats d'émissions américaines dont le contenu peut être jugé sensible.

Une rumeur veut que des émissions sur le thème du surnaturel et des histoires d'horreur souffriraient le plus de la nouvelle politique, et que 80 pour cent des émissions américains seraient retirés. De nombreux sites de vidéo ont déjà réagi en mettant en avant des séries TV japonaises et sud-coréennes.

La nouvelle a déclenché la colère et des plaintes de nombreux internautes. Selon un sondage de Sina Weibo , plus de 120 000 internautes ont voté contre cette règle de censure, alors que seulement 6 000 ont été en sa faveur.

Un internaute, Ten One citizen, a plaisanté:

美剧首先中枪,估计接下来黑镜这种神剧也会被禁吧?然后就是日剧,情爱棒子剧,最后大家就坐在电视机看30几套电视台放杀鬼子的电视来弘扬民族精神

Les émissions américaines sont les premières à partir, et les émissions [britanniques] comme Black Mirror seront les prochaines à être censurées.  Ensuite les émissions japonaises, les histoires d'amour coréennes, et en fin de compte, tout le monde finira par regarder plus de 30 canaux qui diffusent des émissions patriotiques où les envahisseurs japonais se font tuer. 


Russie : mort de l'ennemi public n°1, énième annonce

$
0
0
Doku Umarov. YouTube Screenshot.

Dokou Oumarov. Capture d'écran Youtube.

Deux jours après le vote de la Crimée pour rejoindre la Fédération de Russie, la mort de l'ennemi public n°1 de cette même Russie, Dokou Oumarov, était annoncée par le commandement de l’Émirat du Caucase, organisation séparatiste armée du sud de la Russie. Cette annonce faisait suite à trois mois de spéculations entourant l'état de santé d'Oumarov et sa localisation.

Le dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov s'est vanté pas plus tard qu'en décembre dernier que ledit Oumarov avait été tué par les forces spéciales tchétchènes, mais sans donner de détails ni produire de preuves tangibles de ses dires. Plus tard, le site Kavkaz Center a démenti ce décès, et mis en ligne une vidéo [ru] sur YouTube pour le prouver. Cette vidéo, qui semble avoir été tournée en septembre 2013 au plus tard, pose plus de questions qu'elle n'apporte de réponses sur le décès d'Oumarov et l'avenir de son organisation paramilitaire.

Le double attentat de Volgograd [article de Global Voices en anglais] avait nourri les spéculations avant d'être revendiqué par Oumarov. Peu après, Kadyrov a lui aussi annoncé la mort d'Oumarov. Il a aussi déclaré avoir la preuve d'une scission au sommet de l’Émirat quant à la succession d'Oumarov. Un clip audio [ru] montrant deux hommes en train de débattre de cette succession a été divulgué sur YouTube après les déclarations de Kadyrov.

L'annonce du décès d'Oumarov par le Kavkaz Center va dans le sens des allégations antérieures de Kadyrov, et celui-ci ne s'est pas gêné pour s'en vanter sur son compte Instagram [ru]:

Мы ранее говорили, что Умаров не представляет никакой угрозы для Олимпиады Сочи2014, также мы заявляли, что уничтожим его до начала олимпийских игр. В ходе одной из спецопераций Умарова ликвидировали, о чем я и написал ранее. Теперь это подтверждено самими крысятами. Что еще нужно для спецслужб и СМИ, чтобы поверить в смерть террориста?

Nous avions dit qu'Oumarov ne représentait aucune menace pour les Jeux olympiques de 2014 à Sotchi, et nous avions annoncé aussi que nous l'aurions éliminé avant le début de ces Jeux. Oumarov a été liquidé au cours d'une opération spéciale – là aussi, je l'avais déjà dit. Et c'est maintenant confirmé par ces rats eux-mêmes. Qu'est-ce qu'il faut de plus aux services spéciaux [du FSB] et aux médias pour croire que ce terroriste est bien mort ?

La blogosphère russe s'est montrée relativement indifférente à cette nouvelle, sans doute parce que la mort d'Oumarov avait déjà été annoncée à de nombreuses reprises – sans doute aussi parce que l'annexion de la Crimée a fait passer toutes les autres informations au second plan.

Le quotidien Kommersant [ru] a ou contacter Akhmed Zakaïev, figure de la diaspora tchétchène, qui a déclaré que la mort d'Oumarov remontait sans doute même au mois d'août dernier. Le journal a également évoqué comme cause possible du décès une gangrène résultant de complications liées au diabète. Le Comité national antiterroriste russe a refusé de commenter [ru] ces allégations.

On sait peu de chose [ru] du nouveau chef de l'organisation, hormis que ce n'est pas un Tchétchène, mais un Avar du Daghestan. Quant à savoir ce que cela signifie pour l'insurrection dans le Nord-Caucase, le débat est ouvert.

Une campagne pour les droits numériques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord

$
0
0

IGMENA screen shot

Les gens sont un produit de ce qu'ils lisent, apprennent, comprennent et des expériences qu'ils vivent

Suite aux révélations d'Edward Snowden sur la NSA, la communauté internationale est devenue un terrain de débats effervescents sur de nouveaux modèles de gouvernance d'Internet. Mais est-ce que des citoyens arabes participent à cette discussion ? Une organisation influente dit qu'ils ne le font pas, parce qu'ils n'ont pas connaissance de leurs droits numériques.

IGMENA est un programme sur la gouvernance d'Internet au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, créé par l'organisation de développement international néerlandaise Hivos. Sa nouvelle campagne « Click Rights (Ndt : Clic droit, jeux de mots pour signifier cliquez  sur vos droits) » vise à rendre les citoyens plus conscients de leurs droits numériques, pour qu'ils puissent à leur tour faire pression sur les gouvernements et le secteur privé pour faire respecter ces droits. (Note : Global Voices est un bénéficiaire de financements de Hivos.)

Le site de l'organisation présente des sujets tels que l'universalité du Net, l'accessibilité, l'expression et la vie privée, d'une façon interactive et facile à retenir. ” Nous offrons un ensemble de dix droits d'Internet inclus dans la Charte des droits de l'Homme et des principes pour Internet [par le Forum sur la gouvernance d'Internet de l'ONU], qui ne sont pas encore reconnus par la communauté arabe “, explique Noha Fathi, la responsable pour la communication et la défense des intérêts chez IGMENA.

En faisant le tour des restrictions d'Internet partout dans cette région du monde, Fathi, qui est Égyptienne, plonge dans la situation dans son propre pays : “La liberté d'Internet continue à être étouffée en Egypte… Des blogueurs et des activistes d'Internet sont détenus, parfois à cause d'un tweet qui est perçu par les autorités comme une menace pour la sécurité nationale. Il y a des restrictions sur plusieurs niveaux : techniques, politiques et des droits de l'Homme “.

” Puisque les citoyens ne peuvent pas faire pression s'ils ne connaissent pas leurs droits, nous visons à offrir un ensemble des droits qui ne sont pas encore reconnus par la communauté arabe et à bâtir un consensus autour de ces droits.  Faire du lobbying auprès des gouvernements est un objectif à long terme, parce que sans la sensibilisation des internautes arabophones à leurs droits en premier lieu, il sera presque impossible de parvenir à un consensus sur n'importe quel principe “, dit Fathi.

Le site Web de la campagne de IGMENA “Cliquez sur les Droits”  est accessible en anglais et arabe.

En défense des langues malawites

$
0
0

Suite à la décision du gouvernement du Malawi de faire de l'anglais la langue de l'enseignement à partir du CP (grade one au Malawi), Steve Sharra défend les langues locales et plaide [en] en faveur du multilinguisme : 

Les professeurs et maîtres de conférence dans le secondaire et le supérieur observent une tendance qu'ont les élèves issus d'écoles privées à parler un anglais parfait, mais à avoir des capacités de raisonnement, d'écriture et de résolution de problèmes peu développées. Même lorsque l'Independent Schools Association of Malawi (Association des écoles indépendantes du Malawi ou ISAMA) signale que 80 % des étudiants sélectionnés pour entrer dans les universités malawites viennent d'écoles privées.

Des linguistes ont également trouvé que les enfants qui parlent plusieurs langues ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui n'en parlent qu'une, quelle que soit la langue. C'est pourquoi notre politique concernant la langue d'enseignement doit promouvoir le multilinguisme et non le monolinguisme. La plupart des Malawites de la génération précédente étaient polyglottes, ils parlaient en moyenne deux langues ou plus. La génération actuelle parle en moyenne deux langues, l'anglais et le chichewa. Si nous ne promulguons pas des lois pour encourager le développement des langues locales, les futures générations de Malawites seront réduits à parler une seule langue, l'anglais.

Le monolinguisme encourage l'insularité, un point de vue restreint sur le monde où les seules connaissances accessibles émanent d'une même source linguistique. Le danger de cette nouvelle mesure, sous sa forme actuelle, est qu'elle peut potentiellement nuire aux langues malawites. La nouvelle mesure signifiera qu'en tant que pays nous affecterons plus de ressources à l'anglais au dépend du soutien et du développement des langues locales.

Crimée : connaissez-vous Natalia Poklonskaïa, la nouvelle mascotte manga ?

$
0
0
Natalia Poklonskaya as an anime character. Image distributed online.

Natalia Poklonskaïa en héroïne de manga. Image diffusée en ligne.

Natalia Poklonskaïa, la toute nouvelle Procureure générale nommée par le gouvernement sécessionniste de Crimée, s'est emparée des cœurs et des esprits des internautes russes, mais aussi, plus surprenant, des internautes japonais. La vidéo du 11 mars où elle accepte sa nomination a été vue plus d'un million de fois sur YouTube, sans doute en raison d'une apparence incongrûment jeune (elle a en réalité 33 ans) par rapport au sérieux de sa mission.

Natalia Poklonskya talking to the press. YouTube screenshot.

Natalia Poklonskaïa s'adressant à la presse. Capture d'écran YouTube .

Le frais minois (quoique sévère) de Mlle Poklonskaya s'adressant à la presse entourée de micros est devenu source d'inspiration pour le fan-art russe et japonais. La plupart des dessins sont réalisés dans le style manga (bandes dessinées japonaises), outrant de façon grotesque le côté “mignon” ou ““kawai” en japonais” du physique de Mlle Paklonskaïa. Après une première apparition chez le dessinateur de manga japonais Pixiv [jp], ses portraits ont envahi les forums de et les sites d'images, comme Pikabu.ru [ru], donnant naissance à toute une série de mèmes.

Mlle Poklonskaïa a eu l'air d'apprécier ce fan-art, puisqu'elle a inauguré ainsi son compte Twitter, le 20 mars :

Merci de votre soutien, et de vos dessins. Ils sont tous magnifiques:)

Bien sûr, il y a de grandes chances que ce compte soit un faux : dans une interview datée du 19 mars [ru], N. Poklonskaïa a dit qu'elle n'avait pas de compte sur des réseaux sociaux comme Twitter. S'il s'agit d'un faux, elle se trouve en bonne compagnie, avec le présumé faux lui aussi compte Twitter (@sergyaksenov and @AksenovCrimea) du Premier ministre de Crimée Sergueï Axionov, qui a lui aussi déclaré[ru] qu'il n'allait pas sur les réseaux sociaux. La prolifération de faux comptes peut donner lieu à des sommets d'humour absurde – hier, le faux compte Twitter de Ramzan Kadyrov demandait[ru] si le compte de N. Poklonskaïa était un faux lui aussi (la personne qui tweete sur ce compte a répondu que non).

Peu importe si la vraie Poklonskaïa apprécie ou non ce fan-art ; regardons-le de plus près, sans perdre de vue que ces dessins peuvent être considérés comme incroyablement sexistes:

In the right image Poklonskaya is holding a sword with "LAW" written on it, piercing the head of a Right Sector-colored snake. The artist is likely Russian.

A droite, l'avatar de N. Poklonskaïa tient une épée portant l'inscription “LOI” et transperce la tête d'un serpent aux couleurs du “Secteur de droite” [formation ukrainienne d'extrême droite, plus à droite encore que "Svoboda"]. L'auteur est vraisemblablement russe.

This style of drawing is called chibi.

Dessin dans le style dit “chibi”.

The color of the uniform is off here, but who's keeping track!

La couleur de l'uniforme est terne sur ce dessins, mais qui va y faire attention !

Yet another selection.

Une autre sélection.

And of course, the requisite "cat-girl" treatment.

Et bien sûr, l'indispensable version “cat-girl”.

Here, Poklonskaya finds herself as a subject of a dating simulation.

Ici, N. Poklonskaïa sujet d'un QCM sursimulateur de rencontre.

And in the meta-meme, she is subject to Putin's affections.

Et dans ce méta-mème, objet de l'affection de Poutine.

Finally: "VICTORY WILL BE NYA-OURS"

Et pour finir : “LA VICTOIRE SERA NIAOU-TRE”

Laissons de côté pour le moment la question objective des qualités professionnelles de cette jeune femme à un poste sensible et dangereux ; cette Poklonskaïa-mania pourrait vouloir dire que la Crimée aurait bien besoin d'un leader charismatique. Toutefois, celui-ci risquant d'entrer en rivalité avec Poutine lui-même, ce n'est peut-être pas une bonne idée.

Une porte-parole de l'OTAN rouvre de vieilles plaies pour la Serbie et le Kosovo

$
0
0
Photo pour l'évaluation des dégâts après un bombardement des installations de stockage militaire à Sremska Mitrovica, Serbie, utilisée par le vice-directeur des plans stratégiques et de politique major-général Charles F. Wald, de l'US Air Force, au cours d'une conférence de presse sur l'opération de l'OTAN Al. Source: Gouvernement américain, domaine public.

Photo pour l'évaluation des dégâts après un bombardement des installations de stockage
militaire à Sremska Mitrovica, Serbie, utilisée par le vice-directeur des plans stratégiques et de politique, le  Major-général Charles F. Wald, de l'US Air Force, au cours d'une conférence de presse sur l'opération de l'OTAN Al. Source: Gouvernement américain, domaine public.

Le 24 mars 2014, quinzième anniversaire du début des bombardements de la Yougoslavie [fr], la porte-parole de l'OTAN et ancien correspondante de la BBC Mme Oana Lungescu a republié un tweet du ministre de l'Intégration européenne du Kosovo, Mme Vlora Citaku .

Le tweet en lui-même était controversé parce qu'il contenait une image floue, mais encore largement reconnaissable du logo de Nike et des photos déformées d'un modèle de la marque Nike, Nike Air, ainsi que le slogan “Just do it”. Le tweet original de Mme Citaku transmettait l'image. C'est ce que les utilisateurs de twitter, de  nationalité serbe et d'autres ont contesté:

Il y a 15 ans l'OTAN intervenait pour arrêter le génocide au Kosovo! Je ne l'oublierai jamais!

Cependant, ce qui a soulevé une vive colère, ainsi que la déception et les commentaires des utilisateurs de Twitter à travers le monde, y compris de nombreux Serbes, a été la republication du tweet original de Mme Lungescu sur le compte Twitter officiel de l'OTAN créé pour les relations avec la presse. La reprise du tweet du ministre avec l'image de la part d'une porte-parole de l'OTAN, beaucoup plus que le commentaire de Mme Lungescu qui l'accompagnait, a été accueillie avec indignation, jugée inappropriée et comme “un geste stupide” par beaucoup.

Le Ministre Citaku a également été critiqué par certains utilisateurs de Twitter, mais d'autres ont défendu sa position sur la question en tweetant plusieurs commentaires relatifs aux bombardements de l'OTAN de 1999, y compris ce tweet concernant un commentaire serbe:

Le bombardement a aidé la Serbie à se libérer de Milosevic! Auto-victimisation pas utile! Réfléchir sur le passé!

Minister Citaku aussi ajouté:

nous n'avons jamais nié les victimes serbes! Mais nous ne devons pas perdre le sens de histoire. Nous savons tous comment / quand / pourquoi ça a commencé et pourquoi l'OTAN a agi

Cela n'a pas apaisé les critiques contre le tweet du Ministre Citaku, qui est devenu viral sur plusieurs réseaux sociaux depuis sa reprise par la représentante de l'OTAN, Mme Oana Lungescu sur les canaux de communication officiels de l'OTAN. Alors que beaucoup d'utilisateurs ont soutenu le point de vue et le tweet de Mme Citaku, d'autres le trouvaient inapproprié.

La majorité des utilisateurs de Twitter qui ont formulé des critiques, ont répondu à la reprise du tweet de Mme Lungescu, pas au tweet original du ministre Mme Citaku. Andrej Fajgelj, un fonctionnaire et membre du parti politique Treca Srbija (Troisième Serbie), a été parmi ceux qui ont répondu au compte Twitter @NATOPress que dirige Mme Lungescu:

Est-ce votre idée d'une pierre tombale pour nos enfants que vous avez tués ? J'aurais souhaité que vous les respectiez plus

Lily Lynch, une journaliste américaine qui a vécu en Serbie plusieurs années, a également répondu, en critiquant l'inclusion de l'image dans le tweet:

OTAN, ça c'est une mauvaise stratégie de RP. Et je suis américaine! Utiliser le logo de Nike pour commémorer un attentat?

Nebojsa Krstic, qui travaille dans les relations publiques en Serbie, s'est aussi demandé comment un responsable des relations publiques de l'OTAN avait pu publier un tel commentaire et une image si discutable sur un compte Twitter officiel.

Dans l'un des nombreux et longs débats sur Twitter au sujet de cette affaire, un directeur de programme d'une ONG et membre du conseil d'administration du Parti libéral-démocrate de Serbie, Darko Runić a également attiré l'attention sur ce que la plupart des intervenants dans le débat ont appelé l'utilisation inappropriée d'une marque bien connue par un membre d'un gouvernement et un représentant de l'OTAN:

 pas besoin de m'enseigner la musique, mon opinion est que l'utilisation du logo de Nike par un fonctionnaire du gouv est absolument inappropriée

Après que les utilisateurs ait signalé cela à Nike sur Twitter, l'entreprise de vêtements de sport a répondu sur son compte officiel @ NikeSupport en publiant cette déclaration:

… Merci de nous contacter pour exprimer votre préoccupation. Ce n'est pas une annonce officielle de Nike et la compagnie n'a pas été impliquée dans la création ou la publication de cette image. Nous prenons au sérieux cette mauvaise utilisation de notre marque et de notre slogan.

La porte-parole de l'OTAN Mme Lungescu est revenue sur sa reprise du tweet et a fait une déclaration plus tard dans la journée pour défendre son action:

La porte-parole de l'OTAN, cependant, maintient que c'était approprié de retweeter l'image le même jour. Lundi soir, Mme Lungescu s'est défendue en disant que le retweet “n'avait en aucun cas pour but de manquer de respect aux victimes du conflit de 1999.”

C'était tout simplement, dit-il, “la reprise d'un tweet remerciant l'OTAN pour avoir sauvé des civils du nettoyage ethnique au Kosovo. L'OTAN a réagi rapidement pour protéger la population du Kosovo en 1999 et notre mission de paix KFOR continue de donner un environnement sûr à tous les habitants du Kosovo, sur la base de la Résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU.”

15 trucs gratuits (ou presque) à faire à Bogota en Colombie

$
0
0

Bogota et son cout de la vie ont tendance à avoir mauvaise réputation. C'est très pertinent si l'on considère que le salaire mensuel moyen dans la ville en 2013 était de tout juste 1 million de pesos (environ 50 dollars US au taux d'échange actuel) et c'est aussi la ville de Colombie qui a les plus grandes inégalités, entre l'Estrato 6 (le niveau économique le plus élevé) où la moyenne est de 4,8 millions de pesos par mois, soit presque 14 fois le revenu moyen des habitants de l'Estrato 1 (le plus pauvre) avec 350 000 pesos. 

Dans son blog A Year Without Peanut Butter (Une année sans beurre de cacahuète), Natalie dresse la liste de “15 de ses activités et lieux préférés gratuits (ou presque) à Bogota”, dont des concerts gratuits dans les parcs, des expositions publiques d'art, des musées gratuits, des performances de rues et la ciclovía (les dimanches et pendant certains jours fériés les rues sont fermées à la circulation et l'accès est réservé aux piétons et aux cyclistes) :

Vous ne connaîtrez pas vraiment la ville tant que vous n'aurez pas flâné dans l'une des rues principales lorsqu'elles sont bondées de cyclistes, de gens en rollers, de punks à skate, d'enfants sur les tricycles, de chiens qui se prélassent dans les paniers ou qui trottinent à côté de leur maître, les vendeurs de jus de fruits, les réparateurs de vélo sur le long de la route et tout le reste. Tout ce dont vous avez besoin pour profiter de la Ciclovía, c'est une paire de chaussure, de l'eau et un certain engouement pour l'observation des gens dans le centre de la Colombie. 

“Anonymous International” dévoile les instructions du Kremlin à la télévision russe

$
0
0
Pulling back the curtain on Putin's propaganda machine. Images mixed by author.

Exposer la machine de propagande de Poutine, photomontage de l'auteur 

Un groupe Internet russe appelé “Anonymous international” a divulgué ce qu'il prétend être un “tyomnik“- une liste de reportages confectionnés sur mesure par le Kremlin pour les journaux de la télévision centrale de la Russie. Le groupe ne dévoile pas la source du document, mais le dénonciateur dit que l'administration de M. Vladimir Poutine en est l'auteur.

Le tyomnik (voir ci-dessous une traduction des deux premières sections) demande aux journalistes de la  télévision de justifier la récente annexion par la Russie de la Crimée, en louant les efforts du Président Poutine pour développer la région, et même de faire de la publicité pour la saison touristique en Crimée, dont dépend désespérément l'économie locale. (Le journaliste russe Ilya Barabanov a plaisanté en ces termes sur les vacances en Crimée : “à proximité, sûre, parmi les notres”, étrangement similaires au slogan pour les Jeux olympiques de Sotchi: “ chaud, cool, à vous .”) Le document ordonne aux stations de télévision de faire une description apocalyptique des événements en Ukraine, où des criminels et des fascistes se seraient déchainés.

La télévision russe a longtemps été célèbre pour être le perroquet du Kremlin sur les questions politiques. Il est encore rare, cependant, que les Russes puissent entrevoir le fonctionnement interne de ce système de propagande. Si la fuite d' Anonymous International est avérée, les Russes auront pu découvrir ce qui se trame derrière l'écran, aujourd'hui.


La première page du “tyomnik” révélé par Anonymous international.

Тема – Крым

Главное:
1. Следует разъяснять, что за 23 года нахождения в составе независимой Украины Крым по вине киевских властей в основном деградировал. Цель российской власти сейчас – обеспечить становление новой жизни на полуострове, привести Крым к общероссийским стандартам в качестве жизни.
Разгрести “авгиевы конюшни”, оставленные украинской властью, в одночасье не получится; но работа в этом направлении ведется, и результаты крымчане будут ощущать ежедневно.
На прошлой неделе по поручению В.В.Путина Крым и Севастополь посетил ряд министров силового блока. На следующей неделе ожидается поездка ряда других членов кабинета.

2. Просьба активно включиться в работу по пропаганде летнего отдыха в Крыму: близко, безопасно, у своих.

Sujet – Crimée

Principaux points 
1. Il convient de préciser que 23 ans au sein de l'Ukraine indépendante ont largement dégradé la Crimée, et ce sont les autorités de Kiev qui sont à blâmer. L'objectif des autorités russes maintenant est de veiller à l'émergence d'un renouveau sur la péninsule, en amenant la Crimée aux normes nationales de qualité de vie de la Russie.

Le nettoyage des écuries d'Augias laissées par les autorités ukrainiennes ne peut être accompli du jour au lendemain, mais le travail est en cours, et la population de la Crimée va le constater tous les jours.

Par ordre de M. Vladimir Poutine, des ministres clés visiteront la Crimée et Sébastopol. La semaine prochaine, plusieurs autres membres du cabinet sont censés faire le voyage.

2. S'il vous plaît, faites un effort actif dans votre travail de promotion de la saison des vacances d'été en Crimée: ‘C'est à proximité, c'est sûr, parmi nos propres gens’ ["у своих"].

Тема – Украина

Основные линии информационной работы:
- атмосфера беззакония, нарастающий хаос: нацисты на ключевых государственных постах, МВД парализовано страхом (все грозные слова после гибели А.Музычко остались только словами), разгул криминала, дуреющего от собственной безнаказанности, рост преступности под видом “майдана”;
- экономика катится в пропасть: денег как не было, так и нет; объявлены уже в самом ближайшем будущем рост тарифов, снижение социальных выплат и секвестр бюджета;
- на этом фоне особенно цинично выглядит нарастающая грызня за власть.

Sujet – Ukraine

L'essentiel pour le travail d'information: 
- Une atmosphère d'anarchie et de chaos croissant en Ukraine : des nazis occupent des postes clés au gouvernement, le ministère de l'Intérieur est paralysé par la peur (tous les beaux discours après la mort d'Aleksandr Muzychko ne sont que des mots), la criminalité est endémique, stupéfaite elle-même de sa propre impunité, et augmente sous couvert d'activisme “Maidan”; 
- L'économie est hors de contrôle: les caisses étaient vides avant [Maidan] et le sont toujours.  Une hausse des impôts dans un avenir très proche a été annoncée, avec réduction des prestations de l'aide sociale et le budget du gouvernement est sous séquestre ; 
- Dans ce contexte, les luttes de pouvoir semblent particulièrement cyniques.


Brésil : Claudia Ferreira da Silva, victime de la police militaire, oubliée des médias

$
0
0
Imagem do Coletivo ñ, uso livre.

Dessin du Collectif ñ, libre de droits.

Le 16 mars 2014, Claudia Ferreira da Silva a été assassinée par la Police Militaire (PM) de deux balles qui l'ont touchées au cou et  dans le dos,  lors d'une intervention au Morro da Congonha, dans la banlieue nord de Rio de Janeiro. Sans connaissance, cette femme, mère de famille de 38 ans, connue sous le surnom de Cacau, a été jetée dans le coffre d'une voiture de police afin d'être soit-disant emmenée à l'hôpital. 

Avant qu'elle ne parte, des voisins et amis ont tout fait pour éviter que Claudia ne soit embarquée par la PM, qui a quitté les lieux en tirant en l'air pour éloigner la foule, et, le coffre encore grand ouvert, ont finalement réussi à l'emmener.  Un peu plus loin, sur la route Intendente Magalhães, son corps apparemment sans vie est tombé du coffre et, retenu par un pan de vêtement, a été trainée sur le goudron pendant 250 mètres au moins, sans que les policiers présents dans la voiture ne prêtent attention aux cris et aux avertissements des conducteurs et des piétons qui assistaient à la scène. 

Cette scène choquante, du corps de Claudia brinquebalant de gauche à droite sur la chaussée, a été filmée par “un activiste des médias qui a vaincu sa peur et risqué sa peau en apportant sa pierre à la construction de la démocratie”, affirme l'activiste Bruno Cava sur Facebook.

Atenção: este vídeo contém imagens extremamente fortes. Clique para abrir numa nova página.

Attention: cette vidéo, divulguée par le Journal Extra, comporte des images extrêmement dures. Cliquez pour lancer dans une nouvelle fenêtre.

Les Policiers militaires responsables des faits, les sous-lieutenants Adir Serrano Machado et Rodney Miguel Archanjo et le sergent Alex Sandro da Silva Alves, ont été arrêtés le jour suivant, mais relâchés le 20 mars, suite à la requête de la défense, menée par Paulo Roberto Cunha qui a déclaré: “Si elle [Claudia] présentait des signes de vie, il s'agit plutôt d'un délit de blessures corporelles. Mais, si elle était déjà morte [quand elle a été placée dans le coffre de la voiture], alors ils n'ont commis aucun crime”. Les policiers restent en attente de leur jugement en liberté provisoire. 

Ato em homenagem a Claudia e contra a violência policial no dia 17 de março em Madureira, zona norte do Rio de Janeiro. Foto da Organização Anarquista Terra e Liberdade OATL, uso livre

Manifestation en hommage à Claudia et contre la violence policière, le 17 mars à Madureira, banlieue nord de Rio de Janeiro. Photo de l'Organisation Anarchiste Terre et Liberté OATL, Libre de droits

La journaliste Monica Waldvogel a rappelé, sur son compte Twitter, que, rien qu'en ce qui concerne le sous-lieutenant Adir Serrano, il serait impliqué dans au moins 63 morts. Quant à l'autre sous-lieutenant, Rodney Archango, il est impliqué dans 6 morts.

Selon Thais Lima, fille de Claudia, les policiers rigolaient tandis qu'ils jetaient le corps dans la voiture.

Le professeur Eduardo Sterzi a mis en ligne sur sa page Facebook, le témoignage anonyme d'un voisin qui a assisté à l'exécution de Claudia ainsi qu'à celle d'un autre habitant qui vient lui aussi de décéder :

(…) foi executado após já ter sido alvejado e estar caído. Ele tinha uma mochila com drogas, mas três pistolas foram plantadas pra ser dito que houve confronto, além de outras três mochilas que também foram plantadas.

Eles chegaram atirando em tudo e todos, por isso a morte da mulher.

(…) Il a été exécuté après avoir été blessé et s'être écroulé par terre. Il avait un sac plein de drogue, mais trois revolvers y ont été mis pour pouvoir dire qu'il y avait eu échange de tirs, ainsi que trois autres sacs, pour lesquels on a fait de même.

Ils sont arrivés en tirant sur tout ce qui bougeait, d'où la mort de la jeune femme.

Selon le mari de Claudia, Alexandre da Silva, et de son frère, Julio Ferreira, Claudia aurait été abattue par la PM qui aurait ensuite maquillé la scène de crime en y rajoutant 4 armes alors que, selon eux, elle ne portait sur elle qu'un paquet de café et six Réaux pour acheter à manger à ses enfants.

L'activiste Camila Pavanelli en parle sur Facebook:

A mentira é o pressuposto do qual devemos partir ao ouvir qualquer declaração da PM. Mas nem sempre esse pressuposto se confirma. No caso de Claudia e suas quatro armas, não se estava tentando mentir para acobertar o crime (afinal, quem seria capaz de acreditar nesta versão?).

Afirmar que Claudia tinha quatro armas é nada menos que estender a tortura aos seus familiares.

Le mensonge est le postulat de départ dont nous devons être conscients avant toute déclaration de la PM. Mais ce présupposé ne se vérifie pas toujours. Dans le cas de Claudia et de ses quatre armes, ce n'était pas une tentative de dissimulation du crime (au bout du compte, qui aurait pu croire en cette version?)

Affirmer que Claudia avait quatre armes c'est comme étendre la torture aux membres de sa famille.

Foto postada pelo perfil Anonymous Rio, no Facebook. Uso livre.

Photo postée sur la page Anonymous Rio, de Facebook. “Chaque vie est importante”. Libre de droits.

 

Le cas de Claudia a été comparé à celui du petit João Hélio sur les réseaux sociaux, comme le rappelle le député fédéral du PSOL, Chico Alencar, sur son compte Facebook:

Fevereiro de 2007. Três jovens abordam um carro no bairro de Oswaldo Cruz, subúrbio do Rio. Na mão de um deles, uma arma de fogo. Do lado de dentro, o menino João Hélio, sua irmã de treze anos e sua mãe.

Foi um dos crimes mais terríveis e chocantes que o Brasil já testemunhou. O pequeno João Hélio ficou preso ao cinto de segurança, do lado de fora do carro, e foi ARRASTADO pelos assaltantes por cerca de sete quilômetros. Seu corpo ficou completamente desfigurado. Até hoje, para muitos, lembrar e escrever sobre isso é tarefa que arrepia e arranca lágrimas.

Février 2007. Trois jeunes abordent une voiture dans le quartier d'Oswaldo Cruz, banlieue de Rio. Dans la main de l'un d'entre eux, une arme à feu. Dans la voiture, le petit João Hélio, sa soeur de treize ans et sa mère.

Ce fut l'un des crimes les plus terribles et choquants que le Brésil ait jamais connu. Le petit João Hélio était resté coincé dans la ceinture de sécurité et a été TRAINÉ par les agresseurs sur presque sept kilomètres. Son corps en était devenu totalement méconnaissable. Aujourd'hui encore, pour beaucoup d'entre nous, se souvenir et écrire à ce sujet est une tâche qui donne la chair de poule et arrache des larmes.

Le cas a aussi été comparé à celui d'Amarildo, le maçon qui a d'abord été torturé jusqu'à la mort et dont le corps a été “escamoté” par la police militaire dans la favela de la Rocinha, toujours à Rio de Janeiro, en juillet 2013.

Le souvenir de l'affaire João Hélio a d'autant plus révolté les Brésiliens que la presse grand-public, au lieu de donne le nom de Claudia, s'y réfère comme à “la femme trainée“, ainsi que d'autres variations du même acabit.

L'activiste Niara Oliveira se demande sur Twitter “Pourquoi nous rappelons-nous aujourd'hui encore du nom du gamin trainé par une voiture volée par des malfaiteurs ? PARCE QUE LA PRESSE RÉPÉTAIT SON NOM À L'ENVI”, et commente:

Parce que quand une vie est importante elle a un nom, une identité, une histoire. RÉPÉTEZ LE À L'INFINI : Cláudia da Silva Ferreira, travailleuse, mère de 4 enfants.

Coleção de chamadas de notícias veiculadas pela mídia online sobre a morte de Claudia Ferreira coletadas pela ativista Ana Silva que escreveu: "POLÍCIA ASSASSINA, MÍDIA CÍNICA E PERVERSA. Mulher, mulher, mulher, moradora, moradora, moradora, morta, morta, arrastada, arrastada, arrastada, arrastada. Filha de arrastada, enterro de arrastada, viúvo de mulher, mulher arrastada. Assim mesmo: Sem nome, sem identidade, SEM HUMANIDADE. APENAS MAIS UM CADÁVER. APENAS MAIS ESTATÍSTICA."

Collection de titres parus dans la presse en-ligne sur la mort de Claudia Ferreira rassemblés par l'activiste Ana Silva qui écrit: “POLICE ASSASSINE, PRESSE CYNIQUE ET PERVERSE. Femme, femme, femme, Habitante, habitante, habitante, morte, morte, trainée, trainée, trainée, trainée. Fille de trainée, enterrement de trainée, veuf de sa femme, femme trainée. C'est ça: Sans nom, sans identité, SANS HUMANITÉ. JUSTE UN CADAVRE DE PLUS. JUSTE UNE STATISTIQUE.”

 

L'activiste Thiago Paiva conclut en une série de tweets:

Por qual razão a vítima quando é de classe média/alta tem nome e sobrenome? Pensando no que eu disse de manhã. Guri arrastado de carro. Estereótipo completo de ~classe média~ – nome, sobrenome, série de reportagens. Uma moça arrastada de carro, pobre, não tem “potencial” pra ser uma musa que gere uma causa… é só “mulher arrastada”

Pour quelle raison, lorsque la victime est issue de la classe moyenne/haute elle a un nom et un prénom ? En repensant à ce que je disais ce matin. Un gamin trainé par une voiture. Stéréotype total de la classe moyenne – nom, prénom, série de reportages. Une jeune femme trainée par une voiture, pauvre, sans “potentiel” pour devenir une muse qui engendre une cause… c'est juste une “femme trainée” 

L'ambiance était au désespoir parmi certains activistes et utilisateurs de Facebook et Twitter, comme par exemple Rodrigo Cardia, qui affirme que le cas “sera probablement très vite oublié, la victime étant pauvre et noire, comme tant d'autres personnes tuées quotidiennement par la PM à travers tout le Brésil.”

Le professeur Idelber Avelar se demande ce qu'il va advenir des “criminels en uniforme”:

Nada. Não vai acontecer nada. Não serão julgados e, na remotíssima possibilidade de que o sejam, serão absolvidos. E o sistema político brasileiro continua incapaz de apresentar soluções minimamente decentes para a existência de organizações criminosas desse tipo, aparatos de tortura e morte, fardados, que atuam com o beneplácito do Estado e ao arrepio da lei.

Rien. Il ne va rien se passer. Ils ne seront pas jugés et, dans l'improbable éventualité où ils le seraient, ils seront disculpés. Et le système politique brésilien persiste dans son incapacité à proposer des solutions présentant un minimum de décence quant à l'existence de ces organisations criminelles, arsenal de torture et de mort, en uniforme, qui agissent avec l'agrément de l'État et en totale infraction de la loi.

Le journaliste Bruno Torturra a tweeté:

L'impunité de la police a changé ses prérogatives. Elle a abandonné le monopole légal de la violence pour le monopole légal de l'illégalité

Le cas a ramené sur le devant de la scène le débat sur la fin de la Police Militaire et son désarmement, comme le demande le collectif Rio na Rua ou Rio dans la Rue:

A vítima de hoje foi uma mulher negra e pobre, moradora de uma favela situada em um bairro de classe média baixa do Rio de Janeiro. Cláudia, 38 anos, trabalhadora, mãe de quatro filhos, criava quatro sobrinhos. Mais uma vítima da ação bárbara da PMERJ. A voz das ruas diz que “a polícia mata pobre todo dia”. Quantos outros casos como o dela não ganharam voz na grande mídia? E qual voz o caso Cláudia ganhará? Sua morte é mais um exemplo de que a desmilitarização da polícia é uma questão urgente. Não queremos mais exemplos. Queremos o fim da Polícia Militar.

La victime du jour est une femme noire et pauvre, habitante d'une favela située dans un quartier de classe moyenne/basse de Rio de Janeiro. Cláudia, 38 ans, travailleuse, mère de quatre enfants, qui élevait quatre de ses neveux. Une victime de plus du comportement barbare de la PMERJ (Police Militaire de Rio de Janeiro). La voix de la rue dit que “la police tue des pauvres tous les jours”. Combien d'autres cas comme le sien n'ont pas eu cette répercussion dans les médias ? Et de quel écho le cas de Claudia va-t-il bénéficier ? Sa mort est un exemple de plus pour que le désarmement de la police soit traité d'urgence. Nous ne voulons plus de ces exemples. Nous voulons en finir avec la Police Militaire.

"Este ônibus foi queimado pelo povo após o assassinato de mais uma moradora de favela e negra na cidade do Rio. Isso não é vandalismo. Isso é revolta. Isso não é crime. É direito de indignar-se. Esta vida que foi tirada não apaga a dor desta família e de todas que são vítimas do genocídio promovido pelo Estado. PELO FIM DA PM!" Texto e foto do Organização Anarquista Terra e Liberdade OATL, uso livre

“Ce bus a été incendié par la population après l'assassinat d'encore une habitante noire d'une favela de Rio. Il ne s'agit pas de vandalisme. Ce n'est pas un crime. C'est un droit de s'indigner. Cette vie qui a été prise n'éteint pas la douleur de cette famille et de toutes celles qui sont victimes du génocide soutenu par l'État. POUR LA FIN DE LA PM!” Texte et photo de l'Organisation Anarchiste Terre et Liberté OATL. Libre de droits.

De bons posts ont été publiés sur l'assassinat de Claudia Ferreira, parmi ceux-ci on peut citer: “Claudia Silva Ferreira, 38 ans, agent d'entretien, tuée et trainée sur la route par une voiture de la PM” publié par Camila de Magalhães Gomes sur le blog “Blogueiras Feministas” ou Blogueuses Féministes:

Imagem postada pelo coletivo "Se não tiver direitos não vai ter copa" no Facebook. Uso livre.

Photo postée par le collectif “Sans droits pas de coupe du monde” sur Facebook. Libre de droits.

Quem vai gritar por Claudia? Quem vai saber seu nome além dos familiares e das pessoas de sua comunidade? Quem vai se insurgir contra os criminosos fardados, agentes do estado? Quem pedirá a responsabilização desses agentes? Por que o barulho diante dessa brutalidade perpetrada por agentes públicos é tão menor?

Qui va défendre Claudia ? Qui va savoir son nom à part les membres de sa famille et des personnes de sa communauté ? Qui va s'insurger contre les criminels en uniforme, agents de l'État ? Qui va demander que ces agents soient reconnus responsables ? Pourquoi le bruit autour de cette affaire perpétrée par des agents de l'État est-il si minime ?

Ou encore le texte “Claudia Silva Ferreira: blessée par balle, trainée derrière une voiture puis tuée par la PM. Jusqu'à quand ?” publié par Amanda Vieira sur le blog “FemMaterna”:

Para a grande maioria dos jornais, uma mulher faleceu. Para nós, faleceu Claudia Silva Ferreira, uma pessoa que tinha uma identidade, uma história, um nome digno de ser mencionado nas manchetes de jornais. Ela tinha uma vida digna de ser preservada, tanto quanto qualquer outra neste país que, pelo menos oficialmente, não aceita pena de morte.

Pour la grande majorité des journaux, une femme est décédée. Pour nous, Claudia Silva Ferreira est décédée, quelqu'un qui avait une identité, une histoire, un nom digne d'être mentionné dans les titres des journaux. Elle menait une vie digne d'être préservée, comme n'importe quelle autre personne de ce pays qui, au moins officiellement, a aboli la peine de mort.

Et dans le texte “La femme trainée, corps violentables et normalisation de la violence policière” de l'activiste Fabiano Camilo :

A violência policial, que na sociedade brasileira adquiriu a dimensão de um hábito, passando a ser naturalizada e tacitamente justificada, motivo pelo qual não nos surpreende e não nos indigna, dirige-se, antes de tudo, contra os corpos que nossa cultura significa como passíveis de ser violentados: corpos índios, corpos negros, corpos pobres ou miseráveis, corpos femininos cisgêneros, corpos transgêneros, corpos não-heterossexuais. Não obstante, não são esses os únicos corpos que podem ser violentados pela polícia militar.

La violence policière a acquis, dans la société brésilienne, la dimension d'un habitus, au point d'être normalisée et tacitement justifiée, raison pour laquelle elle ne nous surprend plus ni ne nous indigne, car elle est avant tout dirigé, contre des corps que notre culture a assimilé comme passibles d'être violentés: corps indiens, corps noirs, corps pauvres ou misérables, corps féminins bigenres, corps transgenres, corps non-hétérosexuels. Néanmoins, ce ne sont pas ces seuls corps qui peuvent être violentés par la police militaire.

L'agent de la police civile Lucas Ed résume, sur Facebook, le sentiments général:

A Cláudia não merecia, o marido dela não merecia, os filhos, os sobrinhos que ela criava. Os cariocas não mereciam ver aquilo, os brasileiros, os seres humanos.
Que coisa triste.

Cláudia ne méritait pas ça, son mari ne méritait pas ça ni ses enfants, ses neveux qu'elle élevait. Les cariocas ne méritaient pas de voir ça, ni les Brésiliens, ni même les êtres humains.
Quelle tristesse.

L'appétit de l'Asie orientale pour les anguilles menace l'espèce d'extinction

$
0
0

Au Japon, l'été est la saison de l'anguille.

Lors des journées étouffantes du milieu de l'été, entre la mi-juillet et le début du mois d'août, il est de coutume de manger une assiette d’unagi kabayaki dorée au grill, ou anguille grillée. Ce mets populaire est supposé aider les gens à rester en bonne santé pendant la saison chaude.

Mais la tradition est maintenant en danger. L'envolée de la demande de civelles, autrefois considérées comme un mets raffiné, pousse les pêcheurs à épuiser leur population provoquant une flambée des prix. Plusieurs pays d'Asie orientale, dont le Japon, ont proposé des idées sur la manière de préserver l'anguille sauvage, mais il n'y a eu jusqu'à présent, aucune mesure concrète pour inverser la tendance.

Ida Tetsuji, chroniqueur pour Nippon.com, un site japonais d'actualités, a décrit comment la production d'anguilles a été multipliée par quatre au cours des dernières décennies pour répondre à la hausse de la consommation d'anguilles :

La production d'anguilles au Japon s'est maintenue aux environs de 40 000 tonnes par an jusqu'au milieu des années 1980. Sont venues s'y ajouter les importations en provenance de Taïwan, qui oscillaient entre 25 000 et 40 000 tonnes. [...] En 2000, les importations de produits dérivés de l'anguille en provenance de Chine et de Taïwan ont atteint le chiffre record de 130 000 tonnes, et le volume des ventes nationales a augmenté de près de 160 000 tonnes, un autre record. Il s'agissait presque du double du volume des ventes 15 ans plus tôt.

Specially cooked eels in Japan. Photo from ysishikawa.

Plat typique d'anguilles au Japon. Photo de ysishikawa (CC: AT).

On pense à tort que les civelles puissent être élevées pour faire face à l'augmentation de la demande. Or, l'anguille est un poisson catadrome, ce qui signifie qu'elle passe une partie de son cycle de vie en eau douce et l'autre partie en milieu marin. Dans la mesure où il n'y a actuellement aucune méthode pour produire des larves d'anguille, les pêcheurs doivent capturer les civelles sauvages au moment où elles entrent dans la rivière pour remonter le courant, afin de les élever dans des bassins.

Dès lors, sans moyen de reconstituer les stocks d'anguilles pour faire face à cette demande, le nombre de civelles capturées par les pêcheurs ces dernières années, ne cesse de baisser. “Dogfamily”, journaliste indépendant pour le portail taïwanais d'actualités citoyennes, Newsmarket, a dénoncé [chinois, zh] cette réalité le 18 mars 2013 :

過去亞洲一年日本鰻苗捕獲量接近100噸,但近4年產量急遽下滑,2010-2012的產量遽降為41、35、26噸;以台灣為例,過去一年有20噸,但2010-2012僅剩4、4、2噸,今年(2013)約1.5噸。

Le nombre de civelles d'anguilles japonaises a considérablement diminué au cours des quatre dernières années, passant d'une moyenne annuelle de 100 tonnes à 41, 35, puis 26 tonnes sur la période de 2010-2012. Prenez Taïwan par exemple, les pêcheurs taïwanais avaient l'habitude de capturer 20 tonnes de civelles par an (soit 20 pour cent des civelles attrapées parmi les pays le long du courant de Kuroshio), mais le nombre total a respectivement chuté à 4, puis à nouveau à 4 et finalement à 2 tonnes entre 2010-2012. Cette année (2013), le nombre est d'environ 1,5 tonne.
Total eel production. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Production total d'anguilles. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Ce qui a eu pour conséquence, la montée en flèche du prix des civelles comme l'a souligné Dogfamily [zh] :

幾年前,鰻苗1尾10元[…]今(2012)年的平均價達到180元/尾。以每公斤6000尾來換算,一公斤的鰻苗要價108萬,接近黃金的市價。即使價格如此驚人,但因為捕撈量嚴重不足,苗戶的收入還是下降。

Il y a plusieurs années, le prix de vente d'une civelle était de 10 dollars taïwanais (0.34 dollar US). [...] Cette année (2012), une civelle est vendue en moyenne pour 108 dollars taïwanais (3,62 dollars US). Depuis, 6000 civelles, soit environ un kilogramme, sont vendues à 1 080 000 dollars taïwanais le kilo (36 249 dollars US). C'est proche du prix de l'or. Néanmoins, malgré ce prix exorbitant, le revenu des pêcheurs diminue car la quantité de civelles capturées est insignifiante.

La pénurie de l'offre a abouti à des activités de contrebande, a expliqué Dogfamily [zh] :

即使台灣經濟部已訂定3月31日前鰻苗禁止出口,但在日方出價高的誘惑力之下,苗商仍透過各種管道以走私的方式將苗輸出至日本。去年12月間,桃園機場就查獲以行李箱攜帶20,000萬尾鰻魚苗走私的案件。根據業者私下透露,1月15日前捕獲的鰻苗,幾乎是100%供應到日本。

Bien que le ministère des Affaires économiques de Taïwan ait mis en place des règlements pour interdire l'exportation de civelles avant le 31 mars, les marchands taïwanais trouvent toujours le moyen d'introduire clandestinement des civelles au Japon, car le prix défini par les négociants japonais est bien trop tentant. En décembre dernier, 20 000 civelles ont ainsi été découvertes dans des valises à l'aéroport international Taïwan Taoyuan. Selon des informations obtenues lors de conversations privées avec les marchands taïwanais, près de 100 pour cent des civelles attrapées avant le 15 janvier ont été vendues au Japon.

Les anguilles européennes ont déjà été inscrites sur la liste de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) en juin 2007. En début d'année, les États-Unis ont envisagé soumettre une proposition à CITES pour un régulation du commerce international sur les prises d'anguilles. Dans le même temps, en février dernier, le ministère japonais de l'Environnement inscrivait également l'anguille japonaise comme une espèce en danger d'extinction sur sa liste rouge des espèces de poissons d'eau douce et d'eau saumâtre en voie de disparition. Cependant, cette mesure n'est juridiquement pas contraignante.

En réaction à la pression pour la préservation de l'anguille, plusieurs pays d'Asie orientale, dont le Japon, la Chine, Taïwan et la Corée, ont organisé des conférences et différentes procédures de préservation ont été proposées, comprenant la réhabilitation de l'environnement naturel de l'anguille, des restrictions sur l'exportation, et un lâcher d'anguilles adultes dans les rivières.

Production of different species of eels. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Production des différentes espèces d'anguilles. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Toutefois, avec un marché offrant autant de débouchés, les marchands d'anguilles continueront à trouver de nouveaux moyens pour se remplir les poches. En effet, les marchands japonais se sont déjà tournés vers les anguilles africaines comme alternative,a révélé Dogfamily [zh] :

美國意圖將鰻魚列入貿易保護名單的舉動使得日本相當緊張,開始尋找替代的鰻魚來源,最近觸角伸向馬達加斯加的養殖業者,將購買非洲鰻來因應日本鰻價格節節升高以及美洲鰻前途未明的情況。

L'intention des Américains d'inscrire les anguilles sur la liste de CITES inquiète particulièrement les Japonais, et ils ont commencé à trouver une autre source possible d'approvisionnement. Ils ont récemment pris contact avec les éleveurs d'anguilles à Madagascar et comptent acheter des anguilles africaines afin d'éviter l'embellie des prix et se préparer à l'éventuelle interdiction de pêcher les anguilles américaines.

Au même moment, l'ONG internationale TRAFFIC, le réseau de surveillance du commerce de la faune et de la flore sauvages, s'est aperçue que les Philippines ont commencé à exporter une quantité importante d'anguilles japonaises et d'anguilles de Luzon, une espèce nouvellement découverte, hors de leurs frontières :

En juillet (2012), des enquêtes de TRAFFIC ont découvert près de 50 annonces commerciales aux Philippines offrant des alevins d'anguilles et des civelles en vente en ligne via la plateforme d'échanges B2B (commerce interentreprises), Alibaba.com. Plusieurs vendeurs affirmaient pouvoir fournir à l'exportation des centaines de kilos de civelles de différentes espèces chaque mois.

Amount of caught eels. Figure from the TRAFFIC report written by Vicki Crook.

Quantité d'anguilles capturées. Chiffres du rapport de TRAFFIC rédigé par Vicki Crook.

Pour rompre le cycle de l'offre et de la demande, certains Japonais ont commencé des campagnes d'information des consommateurs pour réduire la consommation d'anguilles. Ida Tetsuji a écrit sur Nippon.com :

Les consommateurs et les distributeurs d'anguilles portent également une part considérable de responsabilité dans cette situation. En raison de l'entrée non viable des quantités importantes des importations, les anguilles, autrefois considérées comme un aliment de luxe, sont devenues un produit bon marché vendu en vrac dans les magasins de proximité et les supermarchés […] « Nous devons saisir cette opportunité pour réformer le commerce d’anguilles en délaissant le modèle de « la quantité avant la qualité » d’une activité intensive à faible rentabilité pour privilégier l’approche de « la qualité sur la quantité. » Autrement, les stocks vont s'appauvrir encore plus sérieusement, et nous sommes susceptibles de sombrer dans une spirale descendante dans laquelle les consommateurs se lassent des anguilles de mauvaise qualité et arrêtent de les acheter, provoquant une nouvelle baisse des profits de l'industrie de l'anguille et fragilisant l'activité dans son ensemble.

Tirrano, un blogueur japonais de Decent Point, pensait[ja] que malgré la gravité du problème, la solution était plutôt simple :

どうしたらよいか、激減した原因の反対のことをすることなら簡単に始められそうです。つまり、不必要の多くのウナギを食べないこと、安いからといってウナギを食べないことです。日本の消費量がとてつもなく多すぎるのです。それを30年前ぐらいに激減させればいい。それには、スーパーなどの特売にある、それほどおいしくはない、ウナギを無理して食べないことです。

Ce que nous devrions faire pour éviter l'effondrement dramatique de la population d'anguilles japonaises est en réalité assez simple. En fait, nous devrions manger des anguilles que si c'est nécessaire, et nous ne devrions pas manger ces anguilles bon marché. La consommation d'anguilles au Japon est trop élevée. Si la quantité d'anguilles consommées peut être réduite à ce qu'elle était il y a 30 ans, les conditions seront meilleures. Autrement dit, nous ne devrions pas manger des anguilles juste parce qu'il y a une super promo au supermarché.

Un demi-million de Taïwanais se rassemblent pour soutenir #CongressOccupied

$
0
0
The rally from the air. Photo by Lu Tong-hi. CC: NC.

Le rassemblement vu d'en haut –  Photo par Lu Tong-hi. CC: NC.

Le dimanche 30 mars 2014, environ 500 000 Taïwanais de tout Taiwan ont rejoint un rassemblement sur Ketagalan Boulevard à Taipei pour soutenir  les manifestants qui occupent le Yuan Législatif [le Parlement] en signe de protestation contre la négociation secrète d'un accord commercial avec la Chine.

Devant le palais présidentiel, les protestataires de #CongressOccupied ont énuméré leurs demandes [chinois] :

1. 退回服貿協議;
2. 兩岸協議監督專法法制化,先立法、再審服貿協議,立法院完成前不得與中國洽談或簽定新協定或協議;
3. 召開公民憲政會議;
4. 要求朝野立委站出來,響應人民的訴求,支持民間版兩岸協定締結條例草案盡速完成立法。

1. Retrait de l'accord CSSTA ;

2. Création d'un mécanisme de surveillance des accords trans-détroit avant la révision du CSSTA. Jusque-là, Taïwan et la Chine ne devraient entamer aucune négociation, ni signer aucun accord ;

3. Tenue d'une “conférence constitutionnelle des citoyens” ;

4. Les législateurs des deux parties devraient s'engager à répondre aux demandes du peuple de créer un mécanisme de surveillance des accords trans-détroit aussitôt que possible.

Les manifestants ont aussi demandé à leurs sympathisants de venir chaque jour au Yuan Législatif pour soutenir l'occupation, et ils ont fait pression sur les législateurs pour qu'ils répondent à leurs demandes.

A kid in the rally. Photo by sheina0128. CC: NC.

Un enfant dans le rassemblement. Photo par sheina0128. CC: NC.

Les protestataires ont obtenu du soutien non seulement  de 45 villes et 16 comtés à Taïwan, mais aussi de l'étranger : de Hong Kong et d’ activistes de Chine continentale, tels que Hu Jia, qui a exprimé son soutien le 30 mars sur Twitter.

下午1:00,我在北京的家狱里一个人参加了。所以,台北太阳花学运的朋友们,北京有人在和你们同步。北京,没有缺席。

 Il est 13 heures. J'ai rejoint le rassemblement [sur Ketagalan Boulevard, Taipei] alors que je suis aux arrêts domiciliaires à Pékin. À mes amis à Taipei, du mouvement Sunflower (Tournesol) : il y a quelqu'un à Pékin qui vous soutient. Pékin n'est pas absente de ce rassemblement.

Poutine ressuscite l'éducation physique à la soviétique

$
0
0
Putin and an old GTO poster. It was a more innocent time. Images remixed by author.

Vladimir Poutine et une vieille affiche de propagande pour les standards GTO. C'étaient des temps plus innocents… Collage de l'auteur à partir d'un original.

Le président de la Russie, Vladimir Poutine, a récemment annoncé le retour d'une célèbre tradition soviétique. Au cours d'un événement consacré aux succès de la Russie lors des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi, V. Poutine a présenté la résurrection du programme d'éducation physique, censé préparer les Soviétiques de tous âges au travail et à la défense militaire (les normes GTO, abréviation de “Prêt au travail et à la défense”) comme «un hommage aux traditions de l'histoire nationale russe».

Une annonce qui n'était pas une surprise. Le blogueur Andreï Malguine a écrit il y a deux semaines un article consacré aux bruits qui couraient à ce sujet, faisant remarquer ceci:

То есть они будут не пробуждать у детей интерес к спорту, а собираются принуждать их заниматься спортом. Они сделают спорт постылой необходимостью. Зачем?

Donc au lieu d'encourager les enfants à s'intéresser au sport, ils ont l'intention de les forcer à en faire. Ils vont faire du sport une odieuse corvée. Pourquoi ?

Dans des notes regroupées sous le titre “Bonjour Sparte”, le blogueur alis_svs se demande ce qui va se passer pour les enfants qui ne pourront pas faire de gymnastique à cause de leur état de santé:

Каждый третий ребёнок в Москве к 3 годам уже имеет ХОБЛ, о количестве прочих заболеваний деликатно умолчу…

Dès 3 ans, un petit Moscovite sur trois souffre déjà de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), et je préfère ne rien dire des autres pathologies…

Suite à cette déclaration de Poutine, quelques blogueurs de la première génération se souviennent de leur expérience des normes GTO comme de l'une des horreurs de l'éducation soviétique. Une blogueuse écrit:

Я ненавидела физру в школе. Люто, бешено ненавидела. [...] Как вспомню – мороз по коже. Мерзкие сатиновые трусы на резинках, черный низ-белый верх, всем стать в строй, на первый-второй рассчитайсь…Господи, неужто непонятно?! Нельзя, нельзя, нельзя ЗАСТАВЛЯТЬ людей сдавать какие-то бредовые “нормы”. Нет никаких норм! Патология это!

Je haïssais la gym à l'école. Je la haïssais férocement, avec rage. [...] Rien que d'y penser, j'en ai la chair de poule. Cet atroce pantalon à élastiques en tissu satiné, noir en bas/blanc en haut, tout le monde en rangs par deux… Seigneur, ils ne comprennent donc pas ? Ne jamais, jamais, jamais FORCER les gens à obéir à une quelconque “norme” débile. On n'en veut pas de vos normes ! C'est un truc de malade !

Mais le projet présidentiel a aussi reçu des retours positifs. Tatiana Malkina écrit sur sa page Facebook:

это странно и непопулярно, я знаю…но у меня не было никаких, совсем никаких проблем с нормами гто. я даже единственная из девочек муляж гранаты бросала на требуемые 11 метров…. почему-то не вызывло у меня все это дело ни отторжения, ни протеста. проблемы были только с политинформацией, историей и иногда – литературой.

Ça fait bizarre et c'est mal vu, je sais… mais moi je n'avais aucun problème avec les normes GTO. J'étais même la seule fille à lancer la grenade en plâtre dans les 11 mètres requis… c'est pourquoi ces normes ne suscitaient chez moi ni rejet ni protestation. Ce qui me posait problème, c'était les leçons de politique, l'histoire et parfois la littérature.

Ce n'est pas la première fois que sous Poutine, le Kremlin tente de promouvoir un mode de vie sain. En 2011, le gouvernement avait décidé d'augmenter progressivement  les taxes [en anglais] sur l'alcool et les cigarettes de telle manière qu'en 2014 leur prix ait presque doublé. De plus, en juin dernier est entrée en vigueur la loi interdisant de fumer dans les lieux publics. Sans doute s'agit-il ici d'une façon pour le pouvoir d'instrumentaliser le sentiment patriotique qui a suivi l'invasion de la Crimée. Comme dit un blogueur: «Ils nous préparent à la guerre.»

Des photos de la résidence de week-end du roi d'Arabie Saoudite, grâce à Obama

$
0
0

Sans aborder la question des droits de l'homme, le Président Obama a rencontré aujourd'hui le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, lors de sa visite dans cette monarchie absolue. La visite donne aux Saoudiens un aperçu de la résidence du roi dans le désert, car une journaliste américaine a tweeté des photos de Rawdat Khuraim.

POTUS [abréviation pour "Président des Etats-Unis"] n'a pas abordé la question des droits de l'homme, mais il va rencontrer un fervent combattant de la violence domestique à l'hôtel demain

Sur Twitter, des reactions ont fusé pendant toute la durée de la rencontre.

Le satiriste Karl Sharro ironise :

Obama et moi c'est du pareil au même dans la mesure où nous devons tous deux nous rendre en Arabie Saoudite pour travailler.

L'activiste saoudienne Tamador Alyami pose la question [arabe] :

Question: pourquoi les journalistes américaines sont-elles admises à Rawdat Khuraim (la résidence de week-end du roi, située dans le désert) et les journalistes saoudiennes non?

Et un défi lancé à Obama :

bonjour @BarackObama, allez-vous choisir demain une femme comme chauffeur attitré en #Arabie Saoudite ?

La journaliste Kim Ghattas continue sur la même lancée et demande :

Quelle est la probabilité qu'une femme conduise une des voitures du cortège d’ Obama en Arabie Saoudite ? @amnesty le président devrait en parler

 Bayan fait remarquer :

Une journaliste de la Maison Blanche@cbudoffbrown obtient près de 10 000 followers en une journée, juste pour avoir couvert le voyage d'Obama en Arabie Saoudite

Carrie Budoff Brown a tweeté des images comme celle-ci inaccessibles aux Saoudiens :

Scène de réunion bilatérale

Le temps compte ici

décorations de table en chocolat et fleurs luxuriantes — disposés un peu partout dans le ranch royal du désert

Jolie vue

Et de s'étonner :

Pouvoir de Twitter au Moyent Orient : j'ai eu 7.000 nouveaux abonnés depuis que j'ai atterri à Riyad il y a 5 heures, tout cela à cause des photos de la résidence d'Abdallah

Et Otaibi explique pourquoi :

Au nom des Saoudiens, merci de nous donner à voir l'intérieur de la résidence de repos du Roi Abdallah. C'était un si grand secret..

Viewing all 7147 articles
Browse latest View live




Latest Images