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Après tout, la Chine aussi est fan de “The Big Bang Theory”

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The Big Bang Theory online poster from the drama's Google Plus public account.

“The Big Bang Theory.” Image issue du compte public Google Plus de la série.

Comme les autres jeunes gens dans le monde, les Chinois sont aussi fans des séries télévisées américaines, et la comédie ”The Big Bang Theory” est l'une des plus populaires. 

Mais le public des sitcoms américaines en Chine a rencontré un problème le 26 avril 2014, lorsque les trois principales plates-formes de partage de vidéos en ligne, Sohu, Youku et Tencent, ont reçu un avertissement de l'Administration d'Etat de la presse, de l'édition, de la radio, du film et de la télévision (instance de régulation de l'audiovisuel et du cinéma chinois pour sa diffusion en Chine, acronyme anglais SARFT) d'arrêter la diffusion de ”The Big Bang Theory” ainsi que de “The Good Wife“, “NCIS” et “The Practice”. Beaucoup pensent que cette interdiction est liée à la campagne “Cleaning the Web 2014″ (Nettoyage du Web en 2014) qui a pour but de censurer tout contenu indécent tel que la pornographie. 

Chuck Lorre, producteur de “The Big Bang Theory” a réagi ironiquement à la nouvelle sur le site officiel de la production :

Le gouvernement chinois a décidé que ”The Big Bang Theory” n'était pas approprié pour être diffusé. J'imagine qu'il y a une sorte de processus officiel impliqué dans cette décision. Selon toute vraisemblance, un groupe de communistes s'est assis dans une pièce sombre et a regardé quelques épisodes. J'aime penser qu'ils ont pris des notes utilisées par la suite pour rédiger un document officiel qui détaillait les effets corrosifs sur la culture causés par les magouilles de Sheldon, Leonard, Penny, Wolowitz, Koothrappali, Amy et Bernadette. J'aime à penser que pendant ces projections, l'un d'eux a éclaté de rire et a rapidement été envoyé en camp de rééducation dans la banlieue d'Urumqi. J'aime à penser que l'un deux a été rassuré de voir à quel point les personnages de l'émission mangent des plats chinois à emporter. J'aime à penser qu'il y a un mot pour magouille en chinois. Quoi qu'il en soit, toute cette affaire me rend heureux. Les chefs suprêmes d'1,3 milliard de personnes ont peur de notre série. Exactement ce qu'on voulait !

L'humour américain de Lorre tient plus de la critique amère des autorités chinoises, quand on le compare au sarcasme chinois. Les cyber-citoyens ont utilisé l'idéologie du parti communiste chinois pour justifier la nécessité de diffuser des émissions télévisées populaires américaines. Voilà un argument pour “The Big Bang Theory” via le compte “Prétendument à New York” (@假裝在紐約) sur Sina Weibo :

《生活大爆炸》讲述了四位科学青年由于错误地投身资本主义科研事业,最终导致大龄未婚,买不起房长期蜗居在不足150平的房内以垃圾食品为生,尚有一名印度裔口舌残疾患者长期蹲坐在地上进食的惨象。深刻揭示了西方社会种族歧视、社会不公、女性生活腐朽的现实,对我国大批盲目寻求移民的青年有極強的警示作用。

“The Big Bang Theory” parle de quatre jeunes scientifiques empruntant une mauvaise orientation professionnelle vers la recherche scientifique capitaliste. Finalement, ils sont trop vieux pour se marier et ne peuvent se permettre d'acheter un appartement. Ils sont obligés de vivre dans une maison de 150 mètres carrés et survivre en mangeant des cochonneries. C'est parfaitement représenté par la scène pathétique de l'Indo-Américain bégayant mangeant par terre. [Les épisodes] mettent en avant la discrimination raciale, l'injustice sociale et le style de vie décadent des femmes dans les sociétés occidentales et servent d'avertissement pour de nombreux jeunes qui cherchent aveuglément à quitter le pays. 

Peu après l'interdiction, on déclarait aux informations que la chaîne nationale chinoise (CCTV) importerait “The Big Bang Theory”, mais ferait un doublage à l'aide de traductions “épurées” des dialogues d'origine. 

Le blogueur Bill Bishop pensait que la CCTV utilisait ses liens avec le parti pour obtenir de meilleurs taux d'audience, en détruisant les autres émissions en ligne :

La “répression” des vidéos étrangères en ligne pourrait être plus liée à l'audimat et à l'argent des publicités qu'à l'idéologie. Partageant l'information de NetEase : “Des sources disent que CCTV diffusera “the Big Bang Theory”. 

Cependant, Vanessa Hung de Weibo craint que la version “épurée” ne soit utilisée pour manipuler les échanges culturels : 

如果真的不想老百姓受西方文化影响,就干脆现在开始不要学英语了,彻底断了文化交流。这难道就是走向全世界?

S'ils ne souhaitent pas que les gens normaux soient influencés par la culture occidentale, ils devraient aussi interdire l'enseignement de l'anglais et interrompre tout échange culturel. C'est comme ça qu'ils entrent dans le monde ?

L'utilisateur de Weibo, Jilian mountain foot, a imaginé une allégorie pour décrire la version ”épurée” : 

让我想到了一对科学家夫妇生了一个孩子,怕孩子感染细菌,只给他喝蒸馏水,结果不久孩子夭折了。有感于央视删减绿色版《生活大爆炸》

Un couple de chercheurs a donné naissance à un enfant, ils s'inquiétaient que l'enfant ne meure infecté par une bactérie. Ils ne donnèrent que de l'eau distillée à boire au bébé. Leur bébé mourra peu après. Une histoire pour exprimer mes sentiments à l'égard de la version épurée par CCTV de ”The Big Bang Theory”.

Ge Jia, directeur d'un site internet d'actualité a écrit que l'interdiction était liée à une nouvelle réglementation annoncée par l'instance de régulation :

事情的起因并非由于“清网行动“,这几部剧也并非由于内容不健康遭遇处理,而是由于上个月广电总局发布的新管理规定,为了强化网络视听节目的审核,今后所有美剧及英剧将实行”先审后播“的规定。被下架的几步剧,虽然几家视频网站各自拥有从正规渠道获取的版权,但均未经过广电总局的审核,此次下架有可能是要履行必要的程序。

La raison de cette interdiction n'est pas lié au “Nettoyage du net”. Le contenu des séries censurées n'est pas malsain. L'interdiction est liée à la nouvelle réglementation annoncée par la SARFT le mois dernier. Pour renforcer son contrôle des contenus audiovisuels en ligne, toutes les émissions américaines et britanniques doivent être approuvées avant leur diffusion. Bien que les plate-formes de partage de vidéos aient obtenu officiellement les droits de diffusion des séries interdites, elles n'ont pas obtenu l'approbation de l'instance de régulation de l'audiovisuel. Le retrait est une affaire de procédure. 

Le porte-parole du parti communiste a réagi dans le journal Global Times et a également répondu que les changements étaient dus à la réglementation de la SARFT et a expliqué que la politique était de protéger la production télévisuelle locale. 

Si la réglementation est appliquée à la lettre, le cauchemar de @xiaodonghhu est que les sites de partage en ligne ne montrent que des versions “épurées” comme la SARFT les approuvera : 

前几天的事情,伤心不能平息,特此发泄。。。。生活大爆炸的遭遇不仅意味着美剧、英剧、韩剧甚至日本动画片在国内网站同步播出的历史可能终结,假如相关规定被严格执行,网络正版影视甚至可能重归“译制片”一统天下的时代。

Bien que l'interdiction ait eu lieu il y a quelques jours, je suis toujours découragé. Je dois écrire pour exprimer mes sentiments… Ce qui arrive avec “The Big Bang Theory” ne signifie pas uniquement que les séries américaines, britanniques, et coréennes ou les dessins animés japonais ne peuvent être diffusés en ligne immédiatement [peu après leur diffusion sur les chaînes de télévision d'origine]. Si cette réglementation est appliquée à la lettre, toutes les plates-formes de partage de vidéos en ligne retourneront à l'ère des séries doublées et uniformes. 


Outils et ressources en ligne pour apprendre le bengali

Essor et déclin de l'empire textile du Bengale

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Le Bengale était autrefois l'une des provinces les plus riches du sous-continent indien, notamment en raison de ses produits agricoles et textiles variés et renommés, dont la fameuse mousseline connue dans le monde entier comme une toile légère, vaporeuse et finement tissée. M. Ahmedullah a posté sur Alochonaa.com une série en deux parties (Part 1, Part 2) évoquant l'histoire de l'empire textile du Bengale.

Inde : les Pissing Tanker en mission pour l'arrêt de la miction sur la voie publique

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Lack of public toilets in urban areas is a major cause of public urination in India. Image by author

Le manque de toilettes publiques dans les régions urbaines est une des causes majeures de la miction sur la voie publique en Inde. Image par l'auteur du post, Rezwan.

Les liens associés renvoient à des pages en anglais.

La miction sur la voie publique est un problème dans beaucoup de pays d'Asie du Sud, notamment en Inde. Il n'est pas rare de voir des hommes uriner en public sur des murs, dans des allées ou dans un recoin. Le manque de toilettes publiques est un problème, mais une faible compréhension de l'hygiène et de la décence publique contribuent aussi au phénomène. Le blogueur Udaas Priest présente un point de vue hilarant pour expliquer pourquoi les hommes indiens urinent sur les murs publics.

De nombreuses actions pour régler ce problème ont déjà été tentées par des activistes ou différentes organisations, dont des campagnes publiques à Delhi, le lavage et la peinture sur les murs abîmés et leur entretien, l'humiliation des contrevenants en jouant du tambour ou en les sifflant. Mais ces efforts n'ont pas abouti à un résultat visible.

La question persiste : “Comment l'Inde peut-elle faire arrêter la miction sur la voie publique ?

“The Clean Indian” (l'Indien propre), un groupe d'activistes anonymes contre la miction sur la voie publique, a peut-être trouvé une solution pour arrêter cette habitude à Mumbai.

Dans la vidéo Youtube ci-dessus mise en ligne par The Clean Indian, vous pouvez voir leur Pissing Tanker en action. Le groupe, dont les membres portent des masques pour cacher leur identité, patrouille dans la ville de Mumbai avec leur grand camion-citerne jaune contenant de l'eau et arrose d'eau les personnes urinant en public.

Leur activité a reçu des réactions mitigées de la part des internautes indiens. Certains soutiennent leur action :

Bonne idée… Mais que font-ils aussi pour fournir des toilettes publiques ? Le Pissing Tanker

Wow, si c'est vrai, c'est une bonne idée. Mais l'Inde a aussi besoin d'urinoirs publics. Le Pissing Tanker

Le Pissing Tanker “You Stop, We Stop” (Tu arrêtes, on arrête). Honnêtement, j'avais envie de voir ça depuis mes 7 ans. Des avis ?

Mais tout le monde n'est pas d'accord :

Le Pissing Tanker – You Stop, We Stop (Tu arrêtes, On arrête) ? Amusant, mais clairement dépassant les bornes, plutôt une milice assurant la justice.

Des idiots ne cherchant qu'à attirer l'attention. Comme si le gâchis colossal d'une camion-citerne d'eau pouvait empêcher toute l'Inde d'uriner en public. Allons donc…

Le blogueur Manish Agarwal soutient que le camion-citerne n'est pas la bonne solution pour faire cesser la miction sur la voie publique. Il a listé tous les inconvénients de cette initiative :

  • Quelle est la garantie qu'une personne ne le refera plus?
  • Comment “des activistes anti-miction publique” justifient leur utilisation à cet effet d'un camion-citerne qui roule au diesel ? 
  • Le dernier et non le moindre, qu'en est-il de L'EAU ? Tout le monde parmi nous sait que l'eau est très précieuse et qu'une grande part de la population mondiale n'a pas accès à l'eau (oubliez le fait qu'elle soit potable ou non).

Des débats intéressants ont eu lieu à ce sujet, à savoir si le problème était plutôt une question culturelle que d'hygiène, s'il s'agissait réellement d'un problème et si la population devait s'en préoccuper. Comparer les habitudes indiennes aux habitudes d'autres pays n'aidera pas beaucoup à trouver une solution. Cependant, maintenir les murs propres maintient aussi la sensibilité publique aux questions d'hygiène, et les questions de santé et de sécurité ne peuvent certainement pas nous nuire. 

L'Egypte, la Palestine, la Chine, l'Inde, le Bangladesh et l'Ukraine à l'honneur aux Bobs 2014

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Les vainqueurs des Bobs 2014 de la Deutsche Welle ont été désignés ! Des projets en ligne d'Egypte, Palestine, Chine, Inde, Bangladesh et Ukraine ont été sélectionnés comme les grands gagnants par un jury international.

Les projets, en 14 langues différentes, étaient en compétition pour le prix du Meilleur Blog, Meilleur Activisme Social, Meilleure Créativité et Originalité et Meilleure Innovation, en plus du Choix du Public et de deux prix particuliers que sont le Prix du Forum des Média Globaux et du Prix Reporters sans Frontières.

Les Bobs fêtent leurs 10 ans cette année. Global Voices avait reçu le prix du Meilleur Weblog dans la catégorie Anglais en 2005.

Lancement imminent du projet “Amazônia” de Rising Voices

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Grâce au soutien généreux d’Avina Americas, de la Fondation Avina et de la Fondation Skoll, Rising Voices [NdT: un projet de Global Voices qui vise à favoriser la diffusion de médias citoyens dans des régions où l'accès au web est jugé difficile] va pouvoir commencer à travailler directement avec les communautés de la région amazonienne qui souhaitent raconter leur histoire et entamer une présence active sur internet grâce aux outils informatiques. Via la compétition des micro-bourses et du programme de formation, nous allons financer et soutenir jusqu'à six projets dans toute la région, en aidant les lauréats à s'engager avec leur communauté dans le monde des médias informatiques citoyens, une manière de partager ce qui leur parait important en les mettent en relation avec les réseaux locaux, régionaux et mondiaux.

Amazonia, Brasil. Photo by Andre Deak and used under a CC BY 2.0 license.

L'Amazonie, Brésil. Photo: Andre Deak (sous licence CC BY 2.0).

Déforestation, chantiers d'infrastructure engagés avec peu ou sans  consultation préalable, menaces sur des formes de vies endémiques ne sont que quelques exemples des défis auxquels sont confrontées les communautés amazoniennes en Amérique du sud. Le bassin amazonien, région qui s'étend sur neuf pays sud-américains, est un thème récurent chez les universitaires, les chercheurs et les journalistes traditionnels, mais ces questions importantes sont aussi abordées dans les milieux citoyens en-ligne et sur les réseaux sociaux. Malgré tout, il reste encore beaucoup d'histoires qui méritent d'être contées, par les voix des communautés concernées, celles qui sont confrontées à ces réalités. 

Comme nous avons déjà pu le constater au cours de notre travail avec Rising Voices, les outils alternatifs d'internet donnent l'opportunité aux communautés locales de partager leurs récits grâce aux programmes d'aide à l'écriture. Des outils disponibles gratuitement et faciles d'utilisation sont accessibles partout sur internet et permettent aux citoyens lambda de se connecter au niveau local, régional et mondial.

S'il est vrai que beaucoup de communautés amazoniennes ne possèdent pas encore l'infrastructure minimum de télécommunication nécessaire pour entamer leur participation en-ligne, de plus en plus d'entre elles trouvent le moyen de communiquer sur internet. Des ONGs locales, des bibliothèques communautaires et des cybercafés donnent aux habitants de la région l'opportunité d'accéder au réseau grâce à une grandes variété d'appareils portables. Malgré l'augmentation du volume numérique produit dans cette région si diverse, un grand nombre de ces communautés souhaitent encore prendre part à la conversation en-ligne. 

Restez donc attentif à l'annonce officielle du top-départ de la compétition des micro-bourses, pendant le mois de mai, lorsque nous préciserons le processus d'éligibilité, de formation et d'inscription. Nous communiquerons ces informations sur notre liste d'e-mails, sur blog de Rising Voices et sur nos comptes Twitter (@risingvoices) et Facebook. Pendant ce temps, si vous travaillez déjà sur ou dans la région amazonienne et que participer à ce projet vous intéresse, ou même si vous connaissez des communautés susceptibles d'être intéressées, veuillez prendre la peine de remplir ce court formulaire d'information. Nous vous contacterons dès que l'appel à candidature sera lancé. 

Guatemala : ¡PODER!, l’histoire de deux adolescentes

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Tout récit porte en lui un grand pouvoir. Il définit ce que nous sommes et ce à quoi nous tenons. Quand ce qu’il dit de nous est positif, nous en sortons valorisés. Quand le ton est affligeant, l’histoire véhiculée entame notre confiance en soi et nous pousse à l’introspection. 

¡PODER! (de l'espagnol : « pouvoir »), est un docufiction réalisé, écrit et produit par Lisa Russel, réalisatrice déjà primée aux Emmy Awards. Le film raconte l’histoire vraie [anglais] d’Elba Velasquez et de Emelin Cabrera, deux jeunes filles indiennes du Guatemala qui militent auprès du maire de leur petite ville de Concepción Chiquirichapa pour que soit mise en place une politique publique favorable aux jeunes filles et adolescentes. Il s’agit pour elles que soient assurés les besoins spécifiques de celles-ci en matière de santé et d’éducation, de prévention du VIH  et de manière adaptée aux particularités culturelles, de prévention des violences familiales. D’après l’ONG « Let Girls Lead », seulement 10 % des filles mayas terminent l’école primaire et presque la moitié devient mère avant 18 ans.

Le 12 mars dernier, à New York, ¡PODER! a été diffusé en avant-première lors de la 58e séance de la Commission des Nations Unies pour la Condition de la Femme.

Enseigner aux enfants l’alphabet Ourdou

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Le blog Chowrangi rapporte l’existence d’une application pour smartphone gratuite et interactive qui initie les enfants à l’alphabet et aux mots ourdous. L’application nommée « Urdu Ustad » était au départ destinée à la diaspora des familles parlant l'ourdou, mais récemment la majorité des demandes de téléchargement s’est trouvé émaner du Pakistan. Preuve de son utilité. 


8 plats d'Afrique que nous vous mettons au défi d'essayer

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Mopane worm. Photo released to be used freely by  Arne Larsen.

Un ver mopane vivant. Photo publiée sous licence libre de Arne Larsen.

Pour terminer notre dossier Gastronomie sur Global Voices, nous vous proposons huit plats d'Afrique qui pourraient bien vous sortir de votre zone culinaire de confort. Seriez-vous prêt à les essayer ?

1. Madora (vers mopane) :

Delicious Mopane worms ready to serve. Photo used with permission from www.zimbokitchen.com

De délicieux vers mopane prêts à être dégustés. Photo utilisée avec permission de www.zimbokitchen.com

Madora (Gonimbrasia belina) est une espèce de papillon de nuit très présente en Afrique australe, dont la grosse chenille comestible, la mopani ou ver mopane, représente une source importante de protéines pour des millions d'habitants dans le sud de l'Afrique.

Si les vers mopane vous tentent, suivez les conseils de Zimbo Kitchen ici :

Avant que vous ne preniez la fuite, sachez que les madora ont une teneur élevée en protéines ce que recommandent justement les médecins. Voici tout l'intérêt des protéines d'après le WebMD : “les protéines sont un composant important pour chacune des cellules de notre corps. Les cheveux et les ongles en sont principalement constitués. Notre corps utilise les protéines pour construire et réparer les tissus musculaires. Nous en avons aussi besoin pour produire les enzymes, les hormones, et d'autres organismes chimiques naturels. Les protéines sont une composante essentielle des os, des muscles, de la peau et du sang”. Il n'y a donc rien de surprenant que les habitants des régions rurales du Zimbabwe ne connaissent pas les nombreuses maladies dont nous, les urbains, pouvons souffrir.

Au Zimbabwe, ce mets de choix est le plus souvent préparé de la plus simple des façons : en grillade. C'est ainsi que j'ai l'intention de cuisiner aujourd'hui les madora, mais avec une légère variation de ma part en ajoutant du poivre noir. Vous pouvez également les agrémenter avec ces différentes garnitures : sadza, légumes verts, tomate mbuya ou soupe à l'oignon pour accompagner ce plat ; mais il est vous également possible de les déguster nature pour une croustillante collation ou avec d'autres accompagnements. Assez parlé et commençons les grillades !

2. Nsenene (sauterelles) :

A male grasshopper. Photo released under Creative Commons License by Wikipedia user Bruce Marlin.

Une sauterelle mâle vivante. Photo publiée sous licence Creative Commons par l'utilisateur Wikipedia, Bruce Marlin.

Nsenene” est le nom donné en luganda pour la sauterelle à antennes longues (plus communément appelée en anglais bush cricket ou katydid). Considérée comme un mets de choix dans le centre de l'Ouganda, elle est aussi une importante source de revenus. On savoure également cet insecte au Kenya, au Rwanda et en Tanzanie.

Pour préparer votre plat de sauterelles, suivez ces sept étapes.

3. Grenouille taureau africaine :

African bullfrog. Photo released under Creative Commons License by Wikipedia user Stevenj

Une grenouille taureau africaine. Photo publiée sous licence Creative Commons License par l'utilisateur Wikipedia, Stevenj

Le blog Science en Afrique explique comme on mange cette grenouille en Namibie :

Dans la cuisine namibienne traditionnelle, on mange entièrement la grenouille à l'exception du tube digestif, qui peut servir à nourrir les chiens ou les volailles.

Il continue :

En général, il est conseillé d'attendre que les grenouilles taureaux géantes aient commencé à croasser ou jusqu'à la “troisième pluie” pour pouvoir les manger. Malgré cette recommandation, dans certaines régions, les gens choisissent de les consommer avant. Toutefois, ils doivent pour ce faire prendre des mesures préventives très spécifiques contre le poison.

Les habitants de la région de Oshakati/Ongwediva [dans le nord de la Namibie] évitent l’empoisonnement en revêtant l'intérieur de leurs matériels de cuisson avec des morceaux de bois séchés provenant d'un arbre connu localement sous le nom de Omuhongo (à ne pas confondre avec le mot Omuoongo, l'arbre Marula). Il semblerait que ce bois neutralise le poison de la grenouille et empêche aussi la peau de l'animal d'adhérer au fond du récipient. “Personne ne tombe malade si cette méthode de cuisine est suivie. Dans les régions de Okambebe/Oshikango, où les propriétés de l'arbre Omuhongo sont inconnues, les habitants utilisent à la place les arbres Omuva et Oshipeke.” Il suffit de deux petits morceaux de Omuva ou d’Oshipeke, placés au fond du récipient lors de la cuisson des grenouilles, pour prévenir l'empoisonnement.

4. Mazondo (pieds de bœuf) :

Mazondo (beef trotters) ready to be eaten. Photo used with permission from www.zimbokitchen.com.

Mazondo (pieds de bœuf) prêts à être dégustés. Photo utilisée avec la permission du site www.zimbokitchen.com.

Le Mazondo (pieds de bœuf) fait parti des plats les plus appréciés de la plupart des hommes du Zimbabwe, mais également de certaines femmes. Il est préférable de les cuire à feu doux à la poêle si vous ne les faites pas pamoto (au feu de bois). La manière de les préparer est assez simple et très similaire à celle des pieds de porcs, du maguru (tripes) ou même d'un ragoût de bœuf que l'on cuisine plus ou moins de la même façon ici au Zimbabwe.

5. Termites:

Termits (white ants) in Sudan. Public domain photo from the Agricultural Research Service, the research agency of the United States Department of Agriculture.

Des termites (fourmis blanches) au Soudan.Photo du domaine public du Service de recherche agricole (ARS), l'agence de recherche du département de l’Agriculture des États-Unis.

Les termites également connues sous le nom de “fourmis blanches”, même si elles n'ont aucun lien de parenté avec les fourmis, représentent un mets de choix dans de nombreuses cultures africaines.

Ici, vous pourrez apprendre à faire frire des termites volantes en suivant la recette illustrée par des photos.

6. Du sang et du lait :

Le blog de Thomson Safaris note :

[...] mais ce qu'il y a encore de plus fascinant [à propos du régime alimentaire des Maasaï] (et sans doute un peu rebutant pour le palais des Occidentaux) est la tradition de boire du sang frais, du sang cuit et des mélanges à base de sang et de lait.

Voici la méthode traditionnelle pour récupérer le sang d'une vache :

Ils [Maasaï] boivent le lait et le sang ; ce dernier est recueilli par une ponction à l'aide d'une flèche dans la partie tendre de la chair du cou de la vache. La plaie est refermée une fois qu'ils ont obtenu une gourde remplie de sang. Cette opération peut être répétée tous les mois ou plus sans aucun danger pour l'animal. Pour les Maasaï, il est de coutume de boire le sang mélangé à du lait.

Assez courageux pour essayer ? Pour préparer une concoction à base de sang et de lait, suivez ces indications :

Le sang de vache peut être utilisé frais ou avec du lait caillé comme suit : passez le sang frais dans une passoire pour le séparer des caillots. Mélangez trois mesures de sang pour une mesure de lait (ou des parts égales de sang et de lait caillé). Faites cuire à feu doux, en remuant souvent,  entre vingt et trente minutes. Le mélange devrait s'épaissir comme pour des œufs brouillés. Si vous le souhaitez, vous pouvez ajouter du beurre, des oignons émincés frits ou du sel durant la cuisson. Servez avec de l'ougali, du foufou, des plantains [bananes] bouillis ou du riz.

7. Mbewa (souris) :

Les souris sont un mets de choix bien connu dans le nord du Malawi, où on les appelle “mbewa”, tout comme dans l'est de la Zambie.

La vidéo Youtube de Peter Larson (ci-dessous) montre des souris rôties pour la vente :

A propos des “mbewa”, Peter Larson commente :

Les Malawiens sont très divisés sur la question des mérites culinaires des Mbewa. Bon nombre d'entre eux les apprécient et les considèrent comme un savoureux en-cas. D'autres les considèrent comme impropres à la consommation. Les mbewa sont attrapées et grillées sur un feu, mais manifestement pas assez longtemps pour brûler la masse de poils. Les Malawiens les garnissent ensuite de sel et de piment de Cayenne, et les mangent jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien, les os comme le reste. 

Si vous voulez en savoir plus sur les dynamiques culturelles et sociales pour consommer des souris et, le plus important, comment les attraper pour le dîner, lisez le billet de ce blog.

8. Les larves de palmier :

Next time you are hungry, try this one! Photo released under Creative Commons by Luigi Barraco.

La prochaine fois que vous aurez une faim de loup, attrapez une de ces larves ! Photo publiée sous licence Creative Commons par Luigi Barraco.

La larve de palmier est une délicieuse douceur des tropiques et une grande source de protéines.

Suivez les conseils culinaires [fr] de Cuisine Au Kamer pour concocter votre succulente assiette de larves de palmier :

Nettoyer les larves : les laver soigneusement à grande eau, les ouvrir avec les doigts et enlever le liquide marron qui se trouve à l'intérieur des larves.

Disposer directement chaque larve nettoyée dans la marmite qui sera utilisée pour les cuire. L'enlèvement du liquide marron à l'intérieur des larves colore les doigts en marron, mais cette couleur s'enlève au lavage.

Préparer les condiments nécessaires : ail, basilic africain, oignon, pèbè [épice local du Cameroun] , feuilles de gingembre (odzom). Mélanger avec les larves et mettre au feu doux. Ne pas ajouter d'eau. laisser cuire 25 à 30 minutes à feu doux, le temps que les larves commencent à fondre, puis servir.

Taïwan : Une exposition en hommage aux Tibétains auto-immolés

Campagne pour la libération de tous les détenus politiques au Maroc: #FreeKoulchi

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Le 6 Avril 2014 avait lieu une “marche nationale de protestation et de défensedu pouvoir d'achat, de la dignité, de la liberté et de la justice sociale” à Casablanca, à l'appel des principales centrales syndicales (CDT, UMT, FDT) et à laquelle participèrent plus d'une dizaine de milliers de personnes. Ce jour là, 11 participants fûrent ciblés et battus de l'intérieur de la manifestation, avant d'être emprisonnés par les policiers. Ayoub Boudad, Hakkim Serroukh, Hamza Haddi, Mostafa Aarass, Mohamed Alharaq, Youssef Bouhlal, Amine Lekbabi et Fouad Elbaz, sont tous membres du mouvement du 20 février, de l'UECSE ou de l'UNEM. Ils rejoignent les centaines de détenus politiques et d'opinion marocains depuis le 20 Février 2011. Ils sont poursuivis pour “violence envers un agent de la force publique dans l'exercice de ses fonctions” et “participation et organisation d’une manifestation non déclarée”. Alors que neufs sont en état d'arrestation, deux sont en liberté provisoire. 5 policiers ont déclarés avoir été blessés par les manifestants et ont présenter des certificats médicaux à la justice. La manifestation, elle, était bien autorisée. Les centrales syndicales ont d'ailleurs réagis à l'arrestation des jeunes militants, allant jusqu'à menacer le gouvernement d'interrompre le dialogue social et ont transmis une lettre de protestation au juge en charge de l’affaire.

La mobilisation pour la libération de ces jeunes détenus politiques a connu une importante dynamique. Le mouvement du 20 février a organiser de nombreux sit ins dont 3 devant le parlement à Rabat. L'UECSE à organiser 3 flashmobs à Rabat, Casablanca et Mohammedia. Les hashtags utilisés sont #FreeKoulchi (libérez les tous) et #FreeSimpson, surnom d’un des détenus politiques concernés, Ayoub Boudad, devenu un réel symbole de la détention politique au Maroc et dont les soutiens déferlent lors des manifestations organisés munis de masques et de symboles liés à Bart Simpson.


Vidéo Youtube du flashmob #FreeKoulchi à Casablanca

 

 

La cause des détenus politiques à été relayée avec vigueur par les réseaux sociaux.
Les audiences, ont été des moments forts de mobilisation. Elles ont eut lieu le 15, 22, 29 Avril ainsi que le 6 Mai.  La prochaine est prévue pour le 13 Mai au tribunal de Ain Sbaâ. La détention arbitraire, les chefs d'inculpation pré-fabriqués, la brutalité policière lors de l'arrestation puis les conditions de détention et le refus de leur accorder la liberté provisoire ont poussés les détenus politiques à entrer dans une grève de la faim.

Les soutiens des détenus politiques, dont l'AMDH, affirme que la vraie raison de l'arrestation de ces militants est leur appartenance au mouvement du 20 février, et le fait qu'ils aient scander des slogans contre le régime. Ce procès n'est en réalité qu'une pièce d'une série de procès et détention politiques orchestrés par le régime en place pour mettre à genoux le mouvement du 20 février, le mouvement étudiant ainsi que tout individu ou organisation menaçant les intérêts du pouvoir en place.

Regardez la vidéo réalisée par l'UECSE et rencontrez la famille et les amis de Ayoub Boudad, Alias Simpson, un des détenus politiques de la manifestation du 6 Avril:

Vous pouvez signer ici la pétition pour la libération des détenus politiques au Maroc.  

 

 

Trois mois après la marée noire, des centaines de poissons continuent à mourir à Trinidad

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La Brea, Trinité: "En marchant aux côtés des membres de l'Association de pêche de La Brea, il était clair que beaucoup de poissons ont échoué ce jour-là, en témoignent leur peau luisante et les yeux encore mousseux." Photo par Merisa Thompson. Utilisé avec permission.

Vue étonnante, en se promenant le long des plages de La Brea, à Trinidad, trois mois après le nettoyage d'un déversement de pétrole qui a envoyé 7.000 barils de pétrole flotter vers le rivage, les centaines de poissons morts éparpillés à perte de vue.

La Brea est une petite ville située sur la péninsule sud-ouest de Trinidad, au cœur des riches gisements de pétrole et de gaz de cette île des Caraïbes. L'histoire de La Brea, la plus grande réserve naturelle du monde d'asphalte, (son nom signifie “goudron” en espagnol) a longtemps été liée à l'extraction des ressources naturelles. Son littoral donne sur le golfe de Paria, une mer intérieure à l'abri des eaux saumâtres qui séparent les côtes de mangroves de Trinidad et du Venezuela.

Ce qui s'est produit depuis le déversement de pétrole de décembre 2013 est connu. Les communautés locales et les pêcheurs se sentent abandonnés par le gouvernement, l'Environmental Management Authority (Autorité nationale de gestion environnementale (EMA), la Compagnie pétrolière appartenant à l'Etat, Petrotrin. Toute personne familière avec la marée noire de la plateforme Deepwater Horizon [fr] de BP dans le golfe du Mexique en 2010, va retrouver une histoire pleine de suspicion, une abdication de la responsabilité, une absence de transparence, la destruction de l'environnement et la perte de moyens de subsistance des communautés locales.

Tout comme aux États-Unis, ici, à Trinidad, il y a eu des accusations de désinformation ainsi que de dissimulation, et la controverse sur l'utilisation du dispersant d'hydrocarbures Corexit 9500 [fr], un agent chimique qui a été lié à une toxicité accrue dans l'eau aussi bien qu'à d'autres effets négatifs sur la santé humaine et maritime, au point qu'ils ont été interdits au Royaume-Uni depuis 1988. Par conséquent, les questions abondent sur l'impact à long terme sur les communautés locales, l'environnement et les moyens de subsistance ainsi que les risques élevés dérivant des industries extractives.

En mars 2014, après le nettoyage, la communauté locale et les médias ont commencé à signaler des poissons morts sur les plages de La Brea et des zones avoisinantes. Les dénégations officielles initiales ont vite cédé la place à des accusations selon lesquelles c'était les pêcheurs qui pratiquaient des déversements de poissons morts. Ensuite, on a fait valoir que seules certaines populations de poissons, comme les mulets, ont été touchées et que la cause n'était pas, en fait, le déversement de pétrole. Les pêcheurs locaux, cependant, sont convaincus que l'utilisation du Corexit 9500 est la cause.

Malgré de vives controverses dans les médias suite à l’ “hécatombe de poissons”, je n'étais toujours pas préparée à la vision d'horreur des centaines de poissons morts échoués sur la plage trois mois après le déversement.

En marchant aux côtés des membres de l'Association de pêche de La Brea, on constate clairement que beaucoup de ces poissons avaient échoué ce jour-là, par leur peau luisante et leurs yeux encore brillants. Bien qu'il y eût beaucoup de mulets, en seulement quelques heures, nous avons compté pas moins de neuf espèces différentes, y compris des mojarra, des poissons-chats, des poissons crapaud, des papillons de mer, des bouchets, des crabes et même une anguille. Il y a quelques semaines, un dauphin de plus de 500 kilos gisait sur le rivage.

A voir les monceaux de poissons morts en décomposition, les traces d'huile sur les arbres ou formant de petites taches luisantes sur le sable ainsi qu'un ruisseau où coulait du pétrole lors de la marée haute, il est évident que les effets de la marée noire et du nettoyage sont encore en cours. Les résidents craignent que la zone à l'arrière de la plage, où le pétrole avait été jeté lors du nettoyage, finisse par refaire surface à mesure que la mer érodera le sable. Pour ces villages, les effets de ces catastrophes pourront se faire sentir pendant des années.

Conséquences de la marée noire: des traces d'huile sur les arbres de la mangrove bordant la plage de La Brea, Trinidad. Photo par Merisa Thompson. Utilisée avec permission.

Malgré une couverture médiatique nationale, l'impression est que tous les aspects de l'affaire n'ont pas été dits. Les déclarations officielles semblent prendre le pas sur les voix des personnes marginalisées, loin de l'opinion publique de la capitale, Port of Spain. Les communautés à l'intérieur et aux environs de La Brea se sentent abandonnées et négligées. Elles nourrissent un sentiment d'injustice inexorable. Pour elles, il est impératif d'obtenir des réponses sur les raisons de cette hécatombe de poissons et d'étudier les conséquences pour leur santé, la sécurité et leurs moyens de subsistance, sans parler des implications plus larges pour le système alimentaire dans un pays où le secteur du pétrole et du gaz joue un rôle dominant.

L'impact de la marée noire sur la vie à La Brea ne peut pas être surestimé. La compagnie pétrolière interdit aux résidents de la zone de Coffee Beach de fcuisiner à feu ouvert, et a donc dû leur fournir petit déjeuner, déjeuner et dîner. L'eau n'est pas considérée sûre au point de permettre la baignade ; en l'absence de signes d'alerte officiels, les gens ont simplement installé les leurs. Les pêcheurs indiquent qu'une compensation a été versée aux propriétaires de bateaux locaux, mais pas aux pêcheurs sans bateaux, pour couvrir les équipements perdus, ou à des vendeurs qui ont assisté à l'effondrement de leur chaîne d'approvisionnement. Les pêcheurs dépendent de l'Environmental Management Authority (l'organe de gestion de l'environnement) : jusqu'à ce qu'elle annonce publiquement que les poissons de la région sont propres à la consommation, les bateaux de La Brea resteront à terre.

La perception locale est que l'entreprise Petrotrin appartenant à l'Etat, elle est inextricablement liée aux activités de l'EMA et du pouvoir. Il existe donc un certain degré de conflit entre les besoins de la communauté locale, d'une part, et ceux de l'Etat et la société pétrolière nationale de l'autre.

La communauté de pêcheurs de La Brea est relativement faible par rapport à d'autres sur l'île, avec environ 28 bateaux répartis sur les trois plages, et environ 50 à 60 membres actifs. Assez unique pour Trinidad, ils pratiquent des méthodes de pêche incontestablement durables comme la plongée et le harponnage, ayant appris ce savoir-faire depuis l'enfance sur l'embarcadère de Coffee Beach. Certains pêcheurs ont une relation complexe avec le secteur pétrolier : ceux qui sont des plongeurs diplômés sont souvent engagés pour réparer les oléoducs et autres équipements sous-marins.

Trois mois après le déversement du pétrole, la plage de La Brea, Trinité est encore jonchée de poissons morts. Photo par Merisa Thompson. Utilisé avec permission.

Ce n'est pas la première fois qu'un incident de ce genre a lieu. À la fin de 2009, des milliers de poissons morts, principalement des sardines, avaient échoué le long de ces mêmes plages. L'utilisation continue des relevés sismiques et la pratique de dynamitage pour le gaz naturel dans les fonds marins sont également soupçonnés d'avoir un impact négatif sur la vie marine.

Même si cette pollution ne concerne que ce qui semble être un microcosme, cette nouvelle catastrophe soulève des questions beaucoup plus larges d'importance mondiale autour de la responsabilité, ou plutôt l'irresponsabilité, des compagnies pétrolières et gazières concernant l'environnement.

Elle nous oblige aussi à nous poser des questions sur la transparence et les responsabilités du secteur pétrolier dans les eaux territoriales de Trinidad-et-Tobago. Dans le cas de la tragédie de Deepwater Horizon, BP a admis devant la justice avoir sciemment induit en erreur le public et le Congrès des États-Unis sur le nombre de barils de pétrole qui se sont déversés dans la mer. La société a également plaidé coupable concernant quatorze autres accusations criminelles liées à l'explosion qui a mené à la fuite du pétrole, menant à la plus grosse amende de l'histoire exigée d'une entreprise.

Dans un petit pays comme Trinidad, dont le développement a été fondé sur une industrialisation avancée et une économie rurale de subsistance, et dont les communautés ont un intérêt évident dans le secteur du pétrole et du gaz, qu'il soit positif ou négatif, un moyen de concilier ces tensions contradictoires ne doit pas seulement être plus facile, mais est désespérément nécessaire.

Journée mondiale de la liberté de la presse au Mexique : La liberté d'expression, un droit qui conditionne tous les autres

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Asamblea General

L'assemblée générale des Nations Unies. Photo sur Flickr de dnotivol. CC BY-NC-SA 2.0.

Lorsqu'en 1993 et sur recommandation de l'UNESCO, les Nations Unies ont proclamé le 3 mai Journée mondiale de la liberté de la presse, il s'est agi de reconnaître qu'une presse libre, pluraliste et indépendante était un composante essentielle de toute société démocratique.

Que cela signifie-t-il au juste ?

Simplement, comme Ban Ki-moon [anglais], le secrétaire général des Nations Unies, le fait remarquer, que le journalisme est à la base de débats d'intérêt général d'où découlent des décisions qui influencent la vie de chaque citoyen. Quand une opinion est réprimée ou censurée, la société dans son ensemble perd une version des faits, ainsi qu'une perspective, pourtant nécessaires pour la résolution des problèmes auxquels elle est confrontée. Ceci explique que la limite à la libre expression dirigée contre une personne se répercute sur le droit à l'information de l'ensemble de la population. De plus, Ban Ki-moon indique qu'il ne peut y avoir qu'un bon gouvernement là les journalistes sont libres d'examiner minutieusement et de critiquer. La liberté de la presse n'est pas un privilège, c'est un droit fondamental issu de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme, dont chacun d'entre nous est le destinataire.

Le problème avec le fait d'attaquer la presse, c'est que cela nous laisse sans information.

A cela s'ajoute qu'en s'exprimant, chacun d'entre nous peut montrer au monde son indignation ou alerter l'opinion d'un fait inacceptable. Nous sommes donc en face d'un droit qui rend l'exercice de tous les autres possibles [espagnol]. A ce titre, la défense des droits de l'homme passe de manière indispensable par une presse libre.

Reste qu'aujourd'hui cette liberté subit un environnement trouble de violences, de censure et d'attaques frontales de la liberté d'expression, à l'encontre de tous les citoyens en général et du milieu journalistique en particulier. Dans beaucoup de pays, des journaux sont toujours censurés ou réprimés, la parution peut y être suspendue, quand il n'y pas carrément fermeture de l'entreprise éditrice. Journalistes, hommes comme femmes, rédacteurs en chef et employés de presse sont aussi harcelés, attaqués, arrêtés voire tués.

Pour conserver notre droit à l'information. Respecter la vie des journalistes [ne tirez pas sur le presse]

Début mai 2014, le Mexique était répertorié comme “Pays peu sûr pour les journalistes” [espagnol] par la Freedom House. Des organisations telles que l'Association Inter-américaine de la Presse, Reporters Sans Frontières, Article 19 ainsi que beaucoup d'autres membres de la société civile ont attribué à l'année 2013 le titre d'année la plus dangereuse pour les journalistes. Rapportant 330 cas d'attaques contre la presse et le décès de 76 journalistes, ainsi que 16 disparitions entre 2000 et 2013, l'année 2013 est en effet celle comptant le plus d'agressions contre les journalistes-reporters, les photographes et les médias. Cela doit s'ajouter à l'actuelle menace d'une censure d'internet, que l'on peut rattacher à une attaque contre la liberté de la presse en train d'être démantelée par le texte de droit dérivé sur les télécommunications, qui devrait bientôt entrer en vigueur dans le courant de l'année.

Le directeur général de #PeriódicoNoroeste [Journal du Nord Ouest] est tué par balles.

La nuit dernière, des journalistes de “Noroeste” (journal) ont subi des menaces à Mazatlán.

Goyo, un journaliste, a été kidnappé il y a quelques heures. Il pourrait être encore en vie [#jusqu'à l'apparition de Goyo].

Veracruz aux actualités une fois de plus, de nouvelles attaques à la liberté d'expression contre des stations de radios communautaires.

Bien que le Mexique dispose de différents systèmes et mécanismes pour protéger le droit des journalistes tels que la Loi pour la protection des Journalistes, le Dispositif de Protection des journalistes et la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH), les violences continuent et ont suscité la réactions et les critiques de la communauté internationale. Un an après sa mise en place, les ONG s'accordent pour juger le Dispositif Fédéral pour la protection des journalistes comme peu digne de confiance. Elles dressent le même constat du Procureur Général pour les actes commis à l'encontre de la liberté de la presse (FEADLE).

Des appels à la réforme du Dispositif de protection des journalistes.

Elles mettent au jour les 17 recommandations sur la liberté de la presse adressées au Mexique en octobre 2013 lors du second tour de l'Examen périodique universel que l'ONU encadre.

Voici les 17 recommandations sur la liberté d'expression adressées au Mexique et acceptées par lui, durant l'Examen périodique universel.

Sans le moindre doute, la censure et de l'autocensure qu'imposent les attaques à l'encontre de la liberté d'expression conduisent à un déficit d'information. Mettons à profit ce jour pour remercier ceux qui courageusement nous permettent de pouvoir continuer à nous tenir informés des différents aspects d'un réel qui nous concerne tous, et pour réfléchir sur les apports de la liberté d'expression et le sens qu'elle a pour nous. Jusqu'où sommes nous libres ? Qu'arriverait-il si personne n'était là pour nous alerter des dangers pour la santé que comportent certains produits, du risque environnemental de certaines technologies et des risques socioéconomiques d'adopter telle ou telle politique ? Le journalisme est certes une profession, mais la communication, elle, est notre bien à tous. Dans quelle mesure, en tant que blogueurs, utilisateurs de Twitter et des réseaux sociaux, sommes-nous aussi des journalistes ? Comment faire usage de ma liberté d'expression et comment permettre aux autres de faire de même ?

La liberté d'expression n'est pas la chose de la presse, elle concerne tout le monde. Nous devrions tous en faire usage sans peur. J'essaie chaque jour, et vous ?

Ceux d'entre nous qui sommes journalistes n'attendent pas qu'on les félicite, simplement qu'on les respecte à chaque instant.

Arabie saoudite : Un blogueur condamné à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet

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Le 7 mai, un tribunal pénal de Djeddah a condamné le blogueur Raif Badawi à dix ans de prison et mille coups de fouet pour “insulte à l'islam”. Badawi était poursuivi pour la création de “Saudi Arabian Liberals”, (Libéraux saoudiens), un forum en ligne, qu'il a lancé en 2008 pour débattre du rôle de la religion dans le royaume conservateur.

Le blogueur de 32 ans a également été condamné à payer une amende d'un million de rials (environ 266 600 dollars US).

Le verdict est susceptible d'appel. Mais l'avocat de Badawi, Waleed Abu al Khair, a également été emprisonné pour la mise en place d'un groupe de surveillance des droits de l'homme, selon Human Rights Watch.

Raif

Arrêté en juin 2012 et jugé en juillet 2013, Badawi a d'abord été condamné à six ans de prison et 600 coups de fouet. En décembre 2013, une cour d'appel a annulé le verdict initial et a renvoyé l'affaire à la Cour pénale de Djeddah.

Triste journée pour les droits humains

L’Arabie saoudite, alliée et premier client de la Grande-Bretagne pour l'armement, a condamné le blogueur @ raif_badawi à 10 ans de prison et 1000 coups de fouet

Sur son site, Badawi et d'autres contributeurs avaient publié des articles critiques envers les autorités religieuses saoudiennes et déclaré le 7 mai, journée pour les libéraux saoudiens.

De la prison pour un forum ouvert à tous pour débattre et présenter ses arguments à la discussion. Depuis quand la prison peut-elle faire changer les idées ?

Raif a critiqué une société à deux vitesses et a fait un appel pour de l'humanité et du respect pour l'opinion d'autrui. Si c'est un crime, alors je me déclare un criminel.

 Les procureurs avaient déjà accusé Badawi d'apostasie, une accusation qui peut mener à la peine capitale dans le royaume saoudien.

Il n'est pas facile d'être noir à Cuba


iDecolonize: Une revue des applications d'apprentissage des langues indigènes

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Vous avez envie de discuter avec les Inuits dans leur langue maternelle ou de saluer un Māori en respectant les usages ? Il existe une application pour cela.

Les locuteurs de langues traditionnelles font le pari des technologies numériques mobiles dans l'espoir de préserver la diversité linguistique et d'encourager l'apprentissage de la langue au sein de leur communauté et dans le reste du monde.

On compte près de 6500 langues en danger pratiquées dans le monde, d'après le Hans Rausing Endangered Languages Project, dont la moitié au moins est menacée d'extinction dans les prochaines 50 à 100 années. Les langues indigènes restent sous-représentées dans les espaces numériques, qu'il s'agisse d'Internet ou des logiciels téléchargeables et des médias sociaux tels que Facebook.

Toutefois, opter pour les nouvelles technologies n'est pas forcément synonyme de l'abandon de sa culture traditionnelle. De nombreuses communautés traditionnelles se sont regroupées avec des développeurs afin de concevoir des applications mobiles susceptibles d'inciter les utilisateurs à consolider leurs compétences dans leurs langues maternelles. Ces applications mobiles ne pourront pas, à elles seules, “sauver” les langues en péril, comme on peut parfois le lire dans les grands titres ; les efforts de préservation culturelle dépendent de bien plus que de simples lignes de code. En revanche, les applications peuvent jouer un rôle d'outil dans un éventail d'efforts en faveur de la préservation des langues.

La liste ci-après, même si elle n'a pas de prétension à l'exhaustivité, souligne les caractéristiques de différentes applications mobiles portant sur les langues indigènes. Elles peuvent aider les communautés à conceptualiser les options qui leur sont offertes afin de développer leurs propres appications mobiles. Vous pouvez télécharger ces applications en cliquant sur les noms ci-après.

 

Applications phares

Capture d'écran 2013-06-24 at 07.38.58

Nom de l'application : Tusaalanga

Type d'application : Cours de langue

Langue : Inuktitut

Localisation de la langue : Est du Canada

Points forts : cinq dialectes en option, tableau des syllabes, index grammatical complet, dialogues riches

Description : Cette application remarquable répondra aux attentes des utilisateurs s'intéressant sérieusement à apprendre cette langue. Ils peuvent tout d'abord choisir un dialecte parmi les cinq différents dialectes Inuktitut, ce qui évitera de dire qujannamiik en Iqaluit ou nakurmiik en Igloolik. L'application offre par ailleurs des leçons reposant sur un dialogue enregistré et sur sa transcription. Ils peuvent réviser une liste de vocabulaire thématique et un index grammatical relatifs à chaque leçon. Le glossaire personnel leur permet d'enregistrer et de stocker des mots qu'ils jugent importants. Les tableaux des syllabes et des sons les aident à décomposer la prononciation et à maîtriser les syllabes. Même si les débutants peuvent se sentir perdus en présence des manuels de grammaire de type manuel d'enseignement, cette application est l'une des plus complètes qui soient, en dépit du fait qu'elle est assez peu interactive. Les éléments de style présentent des éléments empruntés à la culture Inuit.

Points faibles : Les fichiers, très volumineux, peuvent ralentir le lancement initial ; par ailleurs, les textes, denses, ne sont pas l'idéal dans l'optique d'un apprentissage interactif visuel.

 

Sharing The Dreaming App Screen

Nom de l'application : Sharing The Dreaming

Type d'application : Guide numérique sur la culture

Langue : Nyoongar

Localisation de la langue : Région Ouest de l'Australie

Points forts : Récits d'histoire sur le temps du rêve (Dreamtime), explication de la symbolique des motifs aborigènes, explication des saisons

Description : Cette application offre bien plus qu'une application d'apprentissage des langues au sens strict. Elle débute, à la manière d'une visite rendue à une communauté aborigène, par une reconnaissance du pays, en demandant aux utilisateurs de reconnaître le peuple traditionnel Nyoongar. Bien que la partie de l'application consacrée à la langue ne comporte qu'un inventaire modeste assorti d'enregistrements audio de mots nyoongar, le plus intéressant concerne sans doute les sections dans lesquelles les utilisateurs sont guidés dans le Nyoongar Dreaming, les symboles artistiques et les saisons. La section Dreaming comporte neuf histoires racontées en anglais, complétées par des transcriptions et de magnifiques représentations d'art figuratif. Cette application holistique guide les utilisateurs à travers des aspects centraux de la culture et des traditions locales aborigènes en utilisant une interface claire autorisant une navigation aisée.

Points faibles : Dictionnaire de langue limité

 

Capture d'écran Iwaidja 2

Nom de l'application : Ma!iwaidja

Type d'application : Dictionnaire interactif et recueil d'expressions

Langue : Iwaidja

Localisation de la langue : Île Croker, Australie

Points forts : Recueil d'expressions complet enrichi par la phonétique et l'audio, fonction de création de phrases

Description : Cette application compacte astucieuse était très attendue, s'agissant d'une langue qui n'est pratiquée que par 200 locuteurs. Le dictionnaire interrogeable comporte une fonction d'autocomplétion à mesure que vous saisissez les lettres, et permet d'effectuer des recherches soit en anglais soit en iwaidja. La section relative aux expressions (“Phrases”) propose des conversations pratiques disponibles en anglais, en iwaidja et en mode translitéré destiné à aider à prononcer correctement. Les expressions sont à la fois complètes et utiles. (“Kanayanjing ba warrkbi rurlukba ijalkud burruli! — Regarde l'homme. C'est un grand danseur !”) L'outil de création de phrases se présentant sous la forme d'une machine à sous permet aux utilisateurs de combiner différents éléments de langue (pronom possessif, nom, quantité) de manière à obtenir les structures syntaxiques (quel affixe s'accorde avec tel sujet et comment exprime-t-on le pluriel au lieu du singulier ?). On apprend sur le site Web des créateurs de l'application qu'une nouvelle version devrait sortir prochainement.

Points faibles : Les fonctions limitées de l'utilitaire de création d'expressions pourraient être plus utiles en incluant des verbes. Certains échantillons audio ne sont pas exploitables.

 

Capture d'écran My Cree 2

Nom de l'application : My Cree

Type d'application : Flash cards interactives

Langue : Cree

Localisation de la langue : Canada

Points forts : Fonction de mots associés, vidéos de musique cree

Description : La première impression que donne cette application est d'être plutôt impressionnante visuellement. Elle fournit toutefois une foule d'informations une fois que l'on s'est familiarisé avec la présentation. La section Basics considère séparément les consonnes et les voyelles utilisées en cri. La fonction Words comporte des flashcards accessibles en anglais, en cri et audio. L'utilisateur peut tester ses connaissances avec un quiz dans chaque catégorie. Les expressions sont donc accompagnées du son et détaillent les mots-clés et le vocabulaire associé, ce qui s'avère utile de manière à éviter que les apprenants ne confondent des termes et des expressions similaires. Les quatre vidéos de musique cri constituent une grande surprise et l'une des particularités les plus remarquables de cette application. Elles amuseront tous les utilisateurs !

Points faibles : Fichier très volumineux, risquant de paraître surchargé sur un petit écran.

 

Capture d'écran Anindilyakwa

Nom de l'application : NT Languages – Anindilyakwa

Type d'application : Flashcards interactives avec signes de la main

Langue : Anindilyakwa

Localisation de la langue : Groote Eylandt, Australie

Points forts : Vidéos embarquées de signes de la main aborigènes

Description : Cette application est conçue comme un outil bilingue présentant un vocabulaire quotidien en Anindilyakwa et en anglais, présenté simplement et efficace sous forme de flashcards. Elle présente une fonction unique, avec l'inclusion de vidéos et de signes de la main traditionnels utilisés par les Aborigènes. Même si les utilisateurs ne vont sans doute pas améliorer leur maîtrise de la langue avec cette application, ils auront la possibilité d'apprendre des expressions type qui pourront leur être utiles lorsqu'ils séjourneront à Groote. Les signes de la main, une alternative à la langue parlée, basée sur un code manuel, ont tendance à se perdre au sein des communautés aborigènes. Dans ces conditions, l'application contribue à préserver une partie de ce mode de communication en recul.

Points faibles : Glossaire plutôt restreint, application ne convenant pas pour un apprentissage systématique de la langue.

 

Capture d'écran Kura 1

Nom de l'application : Kura

Type d'application : Jeux interactifs

Langue : Māori

Localisation de la langue : Nouvelle-Zélande

Points forts : Jeux interactifs destinés aux locuteurs intermédiaires; option permettant d'affronter d'autres joueurs.

Description : Cette application vise un niveau critique de locuteurs qui sont généralement négligés : les locuteurs qui sont déjà avancés en Māori. Il arrive souvent que les jeunes locuteurs indigènes manquent de confiance dans leurs compétences ou combinent des éléments de leur langue maternelle avec des éléments de leur langue dominante. L'équipe responsable de Kura Māori souhaite encourager ces locuteurs à apprécier et à consolider leurs compétences en la matière. L'application comporte de nombreux jeux interactifs originaux, organisés en suivant une progression afin de permettre aux utilisateurs de progresser dans la maîtrise de la langue. Ils peuvent personnaliser un avatar numérique et se mesurer à des amis ou à d'autres utilisateurs.

Point faible : Le fichier de l'application est extrêmement volumineux et une connexion Internet est nécessaire pour réaliser la première installation. Cette application n'est pas adaptée aux débutants en maori.

 

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Nom de l'application : Hika lite

Type d'application : Interactive Créateur d'expressions

Langue : Māori

Localisation de la langue : Nouvelle-Zélande

Points forts : Créateur d'expressions combinées avec des options de voix d'homme et de femme

Description : Cette application est très ludique. Elle comporte douze catégories de vocabulaire comme “les jours de la semaine” ou bien le “protocole spirituel”. L'utilisateur peut cliquer sur un bouton pour en savoir plus sur ces catégories dans le contexte de la culture māori. Après avoir sélectionné une catégorie, les utilisateurs accèdent à un écran comportant quatre sections (parties du discours), dans lesquelles les utilisateurs passent le doigt pour changer d'expressions et créer des phrases. Les utilisateurs peuvent cliquer pour écouter individuellement la partie audio de chaque section ou pour exécuter la phrase en entier. L'application permet aux utilisateurs de partager par SMS ou par email les expressions qu'ils viennent de formuler.

Points faibles : L'application ne convient pas pour un apprentissage systématique de la grammaire.

 

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Nom de l'application : Inuvialuktun One

Type d'application : Cours de langue interactif

Langue : Inuvialuktun (Territoires du Nord-Ouest, Canada)

Développeur : Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et Inuvialuit Cultural Resource Centre (avec le soutien de Thornton Media Inc.)

Points forts : quiz de lecture, d'écriture et d'écoute, photos de membres actuels de la communauté intégrées au design.

Description : Les quiz de lecture, d'écriture et d'écoute de l'application d'Inuvialuktun, les jeux, une base de données interrogeable, et une fonction d'enregistrement de votre voix. Cette application comporte des catégories pratiques telles que les salutations, les commandes et les couleurs. Elle propose par ailleurs des jeux et des quiz destinés à aider les apprenants à maîtriser de nouveaux mots. Thorton Media encourage les clients à devenir eux-mêmes des développeurs. Thorton ne conserve pas les droits sur la propriété culturelle. Vous pouvez en savoir plus sur le processus en 4 étapes de création d'application de Thorton Media en suivant ce lien.

 

Capture d'écran 2013-06-24 à 09.45.00Nom de l'application : FirstVoices Chat

Type d'application : Application de texte multilingue

Langue : Multiple

Description : FirstVoices, une société canadienne, joue un rôle pionnier dans le rapprochement des locuteurs de langues indigènes avec des médias populaires écrits (Facebook, Gmail) dans leur langue maternelle. On apprend ainsi que FirstVoices Chat est un application de texte “multilingue utilisable au clavier et donnant accès à plus d'une centaine de langues indigènes. Cette application a été développée en réponse aux jeunes des Premières nations, souhaitant communiquer dans leurs langues respectives à l'aide des médias sociaux.” L'application prend en compte les langues pratiquées au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis. FirstVoices a aidé au développement d'une application de dictionnaire bilingue pour douze langues indigènes parmi lesquelles le Haida, le Tsilhqot'in, le Sliammon (Comox), le Halq'eméylem et d'autres. Ces applications de base comportent des listes de mots, des sons ainsi que des photos.

 

Capture d'écran 2013-06-24 à 09.46.58Nom de l'application : SimiDic Aymara Quechua Guaraní

Type d'application : Dictionnaire trois en un

Langues : Aymara, Quechua et Guaraní

Localisation de la langue : Amérique du Sud

Description : La plupart des développements d'applications mobiles indigènes ont été conçues à ce jour pour des langues indigènes situées aux États-Unis, au Canada ainsi qu'en Australie/Nouvelle-Zélande. SimiDic, pour sa part, projette de numériser les langues indigènes de la région des Andes et de l'Amazone en Amérique du Sud, qui sont des langues négligées par le secteur des technologie de l'information et de la communication (TIC). Vous pouvez télécharger des dictionnaires interrogeables pour les trois langues précitées, qui seront utiles pour les travailleurs communautaires, les chercheurs voire les touristes. Les promoteurs de ce projet réalisent par ailleurs un excellent travail en traduisant FireFox et d'autres logiciels dans ces langues indigènes.

Points faibles : Absence de fonctions interactives ou de son.

 

 

Applications supplémentaires

 

Nom de l'application : Yugambeh

Type d'application : Dictionnaire interactif et recueil d'expressions

Langue : Yugambeh (Queensland, Australie)

 

Nom de l'application : Ojibway

Type d'application : Liste thématique de mots

Langue : Anishinaabe (Canada et États-Unis)

Note : Ogoki Learning Systems a publié l'intégralité de son code source de manière à permettre à d'autres communautés indigènes de créer leurs propres applications à l'aide du modèle Ojibway. Il s'agit d'une option extrêment appréciable pour les communautés qui ne disposent pas du support technique pour développer leur propre application à partir de zéro. L'application Blackfeet Language (ci-après) a utilisé le script Ogoki.

 

Nom de l'application : Blackfeet Language

Type d'application : Liste thématique de mots

Langue : Nitsipowahsin (Montana, États-Unis)

 

Nom de l'application : Konkow Toddler

Type d'application : Jeu pour enfant

Langue : Konkow (Californie, États-Unis)

 

Nom de l'application : Navajo Toddler

Type d'application : Jeu pour enfant

Langue : Navajo/Diné (Sud-Ouest des États-Unis)

 

Nom de l'application : Dakota free (free) / Dakota One ($9.99)

Type d'application : Cours de langue interactif

Langue : Dakota (principalement Nord et Sud Dakota, États-Unis)

 

Nom de l'application : Ho Chunk (Hoocąk) Langue américaine native

Type d'application : Cours de langue interactif

Langue : Hoocąk (principalement Wisconsin et Minnesota, États-Unis)

 

Nom de l'application : Writing Cherokee

Type d'application : Outil d'apprentissage des syllabes du cherokee à l'écrit

Langue : Cherokee script (Oklahoma)

 

Nom de l'application : Cherokee Lite (free) / Cherokee Native American Language Basic ($9.99)

Type d'application : Liste thématique d'expressions et de mots

Langue : Cherokee (Oklahoma)

 

Nom de l'application : iCherokee

Type d'application : Flashcards interactives

Langue : Cherokee (Oklahoma)

 

Nom de l'application : Yati

Type d'application : Dictionnaire audio

Langue : Tlicho Dene (Territoires du Nord-Ouest – Canada)

 

Nom de l'application : Iñupiat Wordfinder

Type d'application : Dictionnaire

Langue : Iñupiaq du versant Nord du Yukon

 

Voici une liste (pdf) énumérant différentes applications de langues indigènes couvrant la région des Territoires du Nord-Ouest.

 

Comme nous l'avons vu ci-dessus, la conception d'applications de langues indigènes peut être réalisée de différentes manières. Lorsqu'ils créent une application, les développeurs et les communautés doivent garder à l'esprit les utilisateurs visés : l'objectif est-il de former des personnes non-indigènes à une langue indigène, les utilisateurs ont-ils accès à un vocabulaire pertinent et adapté culturellement ? Si l'objectif est de faire renaître une langue au sein des communautés, les personnes sur place ont-elles accès aux technologies mobiles requises et à Internet ? Ont-elles été informées à propos de l'application, sa finalité et ses fonctions ? Le plus important – ont-elles contribué à sa conception ?

Ces questions contribuent à modérer les attentes concernant la capacité de la technologie à faire revivre une langue, par ses propres moyens. Les applications présentées plus haut n'en constituent pas moins un effort modeste visant à assurer la représentation des voix indigènes sur les technologies mobiles dans le monde entier.

Une version de ce billet a été publiée initialement sur le blog de Rachael Petersen, Global Native Networks.

Vidéo : Les dessins d’un jeune prodige serbe impressionnent le monde artistique

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Dušan Krtolica, 11 ans, de Belgrade, a surpris le monde artistique local et régional avec ses impressionnants dessins au crayon et au stylo qui représentent de manière très détaillée des dinosaures, divers animaux, des chevaliers, etc.

D’abord en Serbie, puis dans d’autres pays, les médias ont découvert le prodige en février 2014, mais le jeune artiste dessine depuis plusieurs années et a déjà réalisé trois expositions. Des artistes plus expérimentés et des personnes habituées à débusquer des talents ont fait état de leur admiration devant l’étendue de la connaissance de l’anatomie des animaux que l’enfant dessine et ses compétences hors du commun. Beaucoup d’experts lui prédisent une longue et prestigieuse carrière, certains présagent même qu’il apportera un nouveau souffle au monde artistique. Toutefois, Dušan Krtolica hésite encore entre une carrière artistique ou des études en zoologie.

Le jeune artiste publie parfois sur YouTube des vidéos le montrant à l’œuvre.

Le Yémen a un incroyable talent !

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[Liens en anglais] Si vous effectuez une recherche Google sur le mot “Yémen”, vous obtiendrez probablement des gros titres sur des frappes de drones, des attaques d'Al Qaïda, des enlèvements ou des assassinats. Mais le Yémen est bien davantage que toute cette violence que vous pouvez lire dans les média. Le Yémen est une terre d'histoire, de patrimoine et d'humanité, bien que l'intérêt qu'on lui porte se soit éloigné de tout cela ces derniers temps.

Comme la chercheuse Atiaf Alwazir le fait remarquer:

Nous ne sommes pas que des titres dans les média. Nous sommes un pays, plein de diversité, de beauté et d'amour. Visitez-le !

Voici quelques uns des nombreux membres de la talentueuse jeunesse yéménite dont vous n'avez probablement pas entendu parler. Il y a des metteurs en scène qui marquent le cinéma de leur empreinte, un vidéaste qui a l'oeil pour capturer la beauté, une photographe défiant les normes sociales et les stérétotypes, un artiste talentueux avec un message et un musicien qui joue de façon impressionnante des airs occidentaux modernes sur un vieil instrument oriental.

Sarah Ishaq

Ameen Alghabri, Sara Ishaq and AbduRahman Hussain at the Oscars

Ameen Alghabri, Sara Ishaq et AbduRahman Hussain aux Oscars

Sarah est une réalisatrice yéméno-écossaise de 29 ans dont le film a documenté le jour le plus sanglant de la révolution yéménite: le 18 mars 2011, connu sous le nom de Vendredi de la Karamah ou Vendredi de la Dignité. Ce film l'a menée aux Oscars, ainsi que deux autres cinéastes yéménites qui ont travaillé dessus, Ameen Al Gaberi et Abdul Rahman Hussain. Elle a été la toute première Yéménite et l'une des rares Arabes à parvenir à ce résultat. Son film, Karamah has no walls [La dignité n'a pas de murs], fut nominé à la Cérémonie des Oscars de 2014 dans la catégorie des courts métrages documentaires.

Sarah a réalisé un autre film: “The Mulberry House” [La maison des mûres] est un film personnel, un récit de sa famille et de la révolution au sein de son foyer, faisant écho à l'agitation au-delà de ses murs pendant le Printemps arabe. Son second documentaire fut projeté dans de nombreux festivals, dont le Festival international du film documentaire et le Festival du film de Human Rights Watch. Elle est en train de travailler à son troisième documentaire.

Un autre film, du réalisateur yéménite Mohammed Al-Asbahi, est arrivé finaliste à TropFest Arabia 2013. “Adults Only” [Pour adultes uniquement] est une histoire tragique sur les épouses-enfants au Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par TROPFEST Arabia)

Cependant, c'est en 2005 qu'est sorti le tout premier long métrage du Yémen, également le tout premier film yéménite à être projeté au Festival de Cannes: réalisé par le cinéaste anglo-yéménite Bader Ben Hirsi, il s'intitule “A New Day in Old Sana'a” [Un nouveau jour dans l'ancienne Sanaa]. Pendant 90 minutes, ce film romantique explore un conflit réel entre les valeurs modernes et les vieilles traditions dans la société musulmane conservatrice du Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par abdullah4140)

Abdurahman M. Hussain
Ce talentueux cinéaste, que ses amis surnomment l'Afro, est la colonne vertébrale de la campagne médiatique SupportYemen qui souligne les problèmes sociaux et politiques du Yémen. Abdulrahman a co-réalisé et co-écrit “The Gift Maker” [Le faiseur de cadeaux], co-réalisé “Karamah Has No Wall” [La dignité n'a pas de murs] et a aussi réalisé et édité toutes les vidéos de SupportYemen, qui peuvent être vues ici.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par Zoomcompetition)

Ameen Alghabri
C'est un cinéaste et directeur de la photographie yéménite aux multiples talents qui a contribué à de nombreux films et documentaires yéménites, dont “Karamah Has No Wall” [La dignité n'a pas de murs]. Il est également l'un des meilleurs photographes du Yémen et capture la beauté de ses paysages sans pareils. Son site web offre un aperçu de son travail photographique remarquable et largement diffusé.

Ziryab Alghabri

Ziryab Alghabri est un vidéaste de talent qui a co-réalisé et produit des films tels que “The Gift Maker” [Le faiseur de cadeaux], vainqueur du concours Zoom du British Council. Il a récemment produit cette bande-annonce incroyable de “Socotra Island” [L'île de Socotra] qui fait partie d'un projet de promotion de cette superbe île du Yémen.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par gabreez studioz)

Abdulrahman Jaber
Addulrahman Jaber est un artiste graphique, créateur et photographe doué d'un esprit créatif et d'une passion pour créer des marques d'envergure mondiale. Son site web nous éclaire sur ses multiples talents et sur les travaux auxquels il a contribué.

Boushra Almutawakel
Boushra Almutawakel est une photographe indépendante et mère de quatre enfants. En 1999, elle a été déclarée première femme photographe du Yémen et est célèbre pour ses audacieuses séries de portraits en hidjab. Ses travaux défient aussi bien les normes sociales dans lesquelles elle a été élevée que la vision occidentale stéréotypée des femmes du Moyen-Orient.

The Hijab Series: Mother, Daughter, Doll by Boushra Almutawakel

La série Hijab: Mère, Fille, Poupée par Boushra Almutawakel

Murad Subay

Murad Subay at work

Murad Subay au travail

À vingt-six ans, Murad Subay est un graffeur de talent surnommé le Banksy du Yémen et qui utilise son art pour lancer pacifiquement des appels à l'action en mettant en évidence des messages politiques et sociaux sur les murs de la ville. En mars 2012, le jeune artiste a entamé sa première campagne “Mettez de la couleur dans vos rues”, la première du genre au Yémen. En septembre 2012, dans une deuxième campagne appelée “Les murs se souviennent de leurs visages”, il a peint les visages des victimes de disparitions forcées à Sanaa, Ibb, Taiz et Hodeida. Le 4 juillet 2012, le jeune artiste a commencé une campagne appelée “12 Hours” [12 Heures] consistant à peindre les murs de la capitale Sanaa avec un thème différent pendant 12 heures et au cours de 12 mois consécutifs. Ses campagnes vont des enlèvements organisés par l'Etat au contrôle des armes à feu en passant par le sectarisme et une campagne anti-drones.

A graffiti by Murad Subay demanding a weapon-free peaceful life.

Un graffiti par Murad Subay réclamant une vie pacifique et sans arme.

Décrivant son art, Murad dit: “l'art de rue a une incroyable capacité à mettre un problème en avant en un instant. Sur des sujets comme le fanatisme, je n'ai pas besoin d'un discours d'une heure, avec l'art de rue je n'ai besoin que d'une fraction de seconde.”

Noon Al-Arabiya a interviewé Subay en 2012 dans cette vidéo qui montre ses peintures murales.

En 2014, Subay a reçu le prix “Art pour la paix”, décerné chaque année par la fondation italienne Veronesi à des artistes du monde entier engagés dans la diffusion de la culture de la paix à travers leur art. Il recevra sa récompense le 14 novembre à Milan, lors de la 6e Conférence internationale pour la paix.

L'activiste yéménite Rooj Al-Wazir a diffusé une partie de l'oeuvre de Subay sur son compte Instagram avec ce commentaire :

Des artistes et activistes yéménites amènent souvent leur talent et leurs opinions dans la rue, là même où se trouve la résistance. Ces murs de ciment ont été des plus utiles à la création d'images pour la justice sociale. #art #graffiti #socialjustice #creativeresistance #sanaa #yemen

Ahmed AlShaiba

Le Yéménite Ahmed Alshaiba est un musicien talentueux qui fait, encore une fois, une démonstration de son habileté avec une version des Pirates des Caraïbes jouée sur un instrument à cordes du Moyen-Orient, l'oud.

(Vidéo téléchargée sur YouTube par Ahmed AlShaiba)
Son sensationnel premier tube “Smooth Criminal” a été largement diffusé sur les média sociaux.

Ceci n'est qu'une courte liste des nombreux jeunes aux multiples talents dont le Yémen est riche et fier de posséder. Comme vous pouvez le constater, le Yémen a un incroyable talent !

Pourquoi les blogueurs sont une menace pour le gouvernement éthiopien

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freezone9bloggres

Par Beza Tesfaye. Ce billet est d'abord paru sur le site Africa is a Country.
Écrire ces lignes a cet effet de me rappeler assez sinistrement qu'en Éthiopie, exprimer son opinion peut vous valoir un aller simple pour la case prison.

Du 25 au 26 avril 2004, neuf blogueurs et journalistes éthiopiens ont été arrêté. Alors que nous célébrions la Journée Mondiale pour la Liberté de la Presse, ces derniers étaient retenus dans le fameux bureau central des enquêtes d'Abbis Abeba. Bien que non inculpé, le groupe est accusé de “collaboration avec défenseurs des droits de l'homme étrangers” et d'”d'usage des réseaux sociaux orienté vers la déstabilisation du pays”. Si jamais des poursuites sont diligentées en application de la controversée loi anti-terrorisme éthiopienne, ces derniers s'exposeraient à la peine capitale.
Ces arrestations s'inscrivent dans une tendance inquiétante en Éthiopie, pays fréquemment classé comme l'un des plus liberticide en matière de liberté de la presse ces dernières années. D'après le Comité de Protection des journalistes, l’Éthiopie est le pays où le plus de journalistes fuient leur territoire [liens en anglais]. Pour ceux qui restent, l'éventualité d'être poursuivi pour fait de terrorisme alors qu'ils critiquent le gouvernement est un risque tout sauf hypothétique. En 2009, lorsque une Déclaration contre le terrorisme, à la fois vaste et ambiguë, était en discussion, Human Rights Watch alertait en ces termes :

“Si le projet est adopté en l'état, il pourrait donner une base légale au gouvernement éthiopien pour se doter d'un instrument apte à saper tout comportement dissident, y compris des manifestations pacifiques ou des critiques publiques de mesures gouvernementales jugées constitutives d'un soutien aux activités armées d'opposition”

Depuis l'adoption de la loi, les répercussions immédiates ont été en parfaite adéquation avec les prédictions des mouvements de défense des droits. En moins de quatre ans, plus de 200 personnes ont été arrêtées au titre de la loi anti-terrorisme. Plus de 35 journalistes et leaders d'opposition ont été reconnus coupables de terrorisme.
Les dernières victimes de cette politique répressive semblent être six jeunes militants, membres d'un groupe de blogueurs dénommé Zone 9, ainsi que trois journalistes. La date des arrestations a ironiquement coïncidé avec la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui exprimait des inquiétudes au sujet du groupe dans une conférence de presse. Des manifestations d'indignation se répandent aussi rapidement sur les réseaux sociaux ; que cela soit sur Facebook, Twitter voire sur un site tumblr. Sur le blog Zone 9, on peut toujours lire la devise de ses auteurs : “Nous bloguons car nous nous sentons concernés”. (“We blog because we care”)
Parmi les journalistes arrêtés la semaine dernière se trouve Tesfalem Waldeys, un reporter chevronné, un temps rédacteur en chef du très populaire journal Addis Neger. Le journal avait été l'un des premiers à fermer après l'entrée en vigueur de la loi Anti-Terrorisme. Alors que plusieurs de ses confrères de Addis Neger ont fui le pays, Tesfalem est resté et s'est forgé une réputation en tant que journaliste indépendant expérimenté et respecté.
En 2012 Tesfalem a écrit un article titré :”Quand l'acte de reportage est un acte de terrorisme”. Il y décrit l'effet paralysant de la loi Anti-terrorisme sur le journalisme en Éthiopie :

“La peur et l'autocensure est répandue chez les journalistes éthiopiens. Nombreux sont mes confrères frustrés. Ils ne voient rien d'autre qu'un horizon bouché pour la profession. Certains s'interrogent sur l'éventualité d'un exil. Le peu d'entre eux avec qui j'ai parlé s'attend à être arrêté à brève échéance. Personne ne sait qui sera le prochain sur la liste”.

Peut être Tesfalem portait-il une attention trop méticuleuse à ses reportages et se dédiait-il avec trop de ferveur à son métier pour ne pas envisager le fait qu'il serait un jour le prochain sur la liste. Si collaborer avec le système pour le changer de l'intérieur est une approche prudente pour faire progresser les choses, en Éthiopie – là où les lois sont faites par opportunisme politique – il n'y aucune raison de croire qu'un comportement intègre permet de se prémunir d'une arrestation arbitraire. A long terme, de telles mesures vont radicaliser même les pacifistes et modérés les plus convaincus. Cette loi anti-terrorisme, en réalité, renforce l'opposition.
Il est pour moi déconcertant qu'un gouvernement qui se targue du programme de sécurité le plus complet et sophistiqué de l'Afrique subsaharienne considère un groupe de blogueurs et de journalistes comme une réelle menace. Si encore l'utilisation des réseaux sociaux était aussi répandue que dans les pays du Printemps Arabe, ou si l'accès à une presse indépendance était aisé dans les zones non urbanisées, il y aurait là matière à préoccupation. Mais dans un pays où seulement 1,5% de la population fait usage d'internet et où 61% de la population adulte est illettrée, il est en réalité difficile de concevoir une manière pour ces auteurs de déstabiliser le pays.
Finalement, la récente réponse répressive démontre que les gouvernements craignent toujours les idées neuves, parce qu'elles remettent en cause le statu quo et qu'elles disposent d'un pouvoir de contagion que la solution carcérale ne peut endiguer.
Au cours des dernières années, le récit de l’Éthiopie était celui de la croissance et du développement. Bien que nous devions nous montrer reconnaissant quand il le faut, pourquoi serait-il inacceptable de demander davantage ? En quoi demander un État de droit est-il une mauvaise chose ? Quid des droits de l'homme ? D'élections libres et régulières ? Lorsque vous vous exprimez sur le besoin de démocratie en Éthiopie – ou dans d'autres pays en développement -les gens vous regardent tout de suite de travers en vous recommandant de ne vous préoccuper de démocratie qu'après avoir réglé les problèmes de pauvreté, de famine et de VIH/SIDA. Il leur faudra peu de temps pour vous coller l'étiquette d'idéaliste ou vous faire remarquer qu'on vous a lavé le cerveau à coup d”idéaux occidentaux”. Reste qu'il y a une approche paternaliste qui confine au racisme dans l'idée même de voir dans les personnes démunies des pays en développement, des êtres en seule quête de nourriture et de services de base.
La menace qu'incarnent les blogueurs éthiopiens, journalistes et autres esprits libres tient au fait qu'ils portent une idée radicalement nouvelle, celle d'un pays plus libre et plus démocratique. Ils représentent une génération de jeunes Africains qui a l'audace de demander davantage aux gouvernements dont la source de légitimité est fondée sur la pauvreté malheureuse de la population de leur pays. Cette idée, que les arrestations des blogueurs et journalistes ont rendues encore plus contagieuses, continue de prospérer en leur absence.

D'une terrasse de café à la prison : l'incroyable mésaventure de deux militants en Algérie

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Ils s'appellent Mohand Kadi et Moez Benncir. Le premier est Algérien et le deuxième est tunisien.  Ils sont jeunes. Ils croient en la démocratie. Ils militent pour le changement. Et ils se retrouvent en prison à Alger depuis le 16 avril dernier. Leur tort ? Avoir pris un café sur une terrasse à Alger au moment où une manifestation pacifique du mouvement contestataire «Barakat !» avait lieu au centre de la capitale Algérienne.

Campagne pour la libération de Mohand et Moez - Domaine public

Campagne en ligne pour la libération de Mohand Moez et Moez Benncir – Domaine public

Privés de liberté depuis le 16 avril dernier, date de leur arrestation, à la veille de l’élection présidentielle algérienne, ces deux jeunes ont été présentés aux juges du parquet du tribunal de Sidi M’hamed d’Alger le 11 mai. Ce parquet a requis, au moins une année de prison ferme à l’encontre de Mohamed Kadi et Moêz Bennacir, Accusés «d’attroupement non armé qui peut troubler la tranquillité publique», ils passeront encore plusieurs jours dans la cellule de la célèbre prison algéroise Serkadji en attendant leur verdict le 18 mai prochain.

Dans cette vidéo, des dizaines de manifestants ont organisé, le 30 avril dernier, une marché à Azazga, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, en Kabylie, située à plus de 100 Km de la capitale Alger, pour manifester leur solidarité avec Mohand Kadi et Moêz Benncir :

Privé de liberté, oui, mais pas de solidarité. A Alger, un collectif d’avocats a vu le jour pour les défendre contre cet abus de pouvoir. «Ces deux jeunes n’ont même pas participé à une manifestation ou un quelconque rassemblement. Ils ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient sur une terrasse de café Algérois. Ils ont été interpellés pour la simple raison qu’ils activent dans une organisation appelée Rassemblement Action Jeunesse (RAJ). Leur procès est un procès politique», souligne pour sa part,  avocat et défenseur des droits de l’homme, Abdelghani Badi qui travaille durement pour porter secours aux deux jeunes emprisonnés depuis bientôt plus de 25 jours.

Pour cet avocat, ce procès est une première dans les annales. «Ils ont fait la prison avant même qu’on ne les juge. Aucun article de loi n’exige la détention préventive pour des personnes qui ont participé à un attroupement. Aucune procédure judiciaire n’a été respectée dans cette affaire», s’indigne encore notre interlocuteur.

Selon Abdelghani Badi, l’un des membres du collectif d’avocats constitué spécialement à l’occasion de cette affaire de violation des droits civiques qui défraie la chronique en Algérie, le régime politique algérien cherche à effrayer les autres militants Algériens en traitant sévèrement Mohand Kadi et Moez Benncir. «Les autorités algériennes tentent d’insuffler la peur pour empêcher les jeunes Algériens de réclamer leurs droits et manifester pacifiquement dans leur pays. Au cours du procès, la juge a longuement interrogé Mohand et Moez sur leurs relations avec le mouvement «Barakat !» et RAJ comme si faire partie d’une organisation de la société civile ou d’un collectif citoyen constituait une infraction à la loi», dénonce encore cet avocat.

En attendant le verdict prévu le 18 mai prochain, sur les réseaux sociaux et sur le terrain, une large mobilisation a été enclenchée pour soutenir Mohand Kadi et Moez Benncir et réclamer leur libération immédiate. Un collectif Libération Mohand Moez a été créé sur Facebook afin de sensibiliser l’opinion publique algérienne au sort de ces deux  jeunes militants membres du réseau RAJ qui active pour la défense des libertés publiques et la promotion des droits des jeunes en Algérie. Plusieurs témoignages de solidarité ont été diffusés sur les réseaux sociaux comme l’appel lancé par l’écrivain engagé et journaliste algérien Mustapha Benfodil qui a dénoncé un procès Kafkaïen. «Nous sommes le seul pays au monde à qualifier de “manifestation illégale” le “rassemblement” de deux jeunes dans un café», s’est-il indigné.   

Mohand Kadi et Moez Benncir ont bénéficié enfin d’un mouvement de solidarité internationale puisque de nombreux ONG internationales comme Amnesty International et Human Right Watch ont exprimé publiquement leur indignation et réclamé leur libération ainsi que la fin de leur harcèlement judiciaire. Reste à savoir si le 18 mai prochain, le régime algérien va plier devant ces pressions intérieures et extérieures. En attendant, Mohand Kadi et Moez Benncir passent encore leurs nuits en prison.  

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