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Espaces : La communauté Escuelab à Lima

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Tous les liens de ce post renvoient vers des pages en espagnol, sauf indication contraire.

Des espaces physiques dédiés à l'enseignement et à l'apprentissage, au coworking [français], à l'incubation de projets, et à l'implémentation de projets communautaires n'étaient pas très courants en Amérique Latine il y a quelques années. Ce type d'initiatives se développent maintenant sur tout le continent. 

Un des pionniers en Amérique Latine a été Escuelab à Lima, au Pérou, un projet issu d'un projet plus ancien, Haute Technologie Andine ou ATA pour ses initiales en espagnol.  Cette organisation est plus étroitement liée aux projets d'art et de culture et à leur relation avec la technologie. Sur cette base, Escuelab cherche à offrir quelque chose de différent. D'après leur site Internet:

Situé dans le centre ville d'une capitale d'Amérique Latine, Escuelab cherche à encourager les créateurs, les théoriciens, et les jeunes activistes afin de développer leurs idées comme un moyen de concevoir et construire des futurs possibles au sein desquels leur imagination peut combler le fossé entre la technologie et la société.

Escuelab offre un concept d'apprentissage dynamique et modulaire, basé sur des projets entrepreneuriaux qui intègrent des disciplines souvent développées de façon isolée. Cette démarche facilite la connaissance interdisciplinaire dans le domaine de l'art, de la science, de la technologie et des nouveaux média en dehors des classifications habituelles et des séparations conventionnelles. 

L'équipe a commencé en 2009 avec un atelier de travail appelé Interactif “Magie et Technologie”, un projet mené conjointement avec Medialab Prado de Madrid. Depuis, Escuelab a été actif. Un des projets les plus connus a été son programme de Résidence, qui a été de 2009 à 2011 un incubateur de projets.

Dans de nombreux cas, le programme de  la Résidence a permis des projets conjoints comme le Sugar Camp Puno ou XO TV. Il y a eu également des projets créés individuellement par des résidents, comme le concours “Yo Soy el Robot ” (Je Suis Le Robot) de Luis Cermeño, Campuslibre.cc de Iván Terceros, et le “Musée d'Art Virtuel pour la Mémoire” de Karen Bernedo. Des projets collectifs comme Pixelhack Medellín ont été lancés par Vladmir Castro de Bolivie et Mónica Vallejo de Colombie. Dans cette video en espagnol, Ivan Terceros parle de son expérience durant sa résidence et de son rôle actuel en tant qu'associé.

SugarCamp Lima 2011. Viernes 18 de noviembre. Escuelab, Lima.

SugarCamp Lima 2011. Photo de Escuelab, Lima.

En 2011, avec l'arrivée des développeurs Mariano Crowe et Juan Camilo Lema, Escuelab a commencé à organiser des Hackathons. Le premier a été le Hackathon de l'Eau en 2011, suivi par Sugar Camp et Développer l'Amérique Latine 2011.

Outre les activités mentionnées précédemment et leur hébergement, Escuelab a diversifié ses activités en offrant des espaces de coworking, des ateliers de travail, des abonnements, ainsi que des services de conseil. Dans cette vidéo en espagnol, Enrique ”Kiko” Mayorga parle de certains des services additionnels offerts par Escuelab.

 Escuelab n'est pas seulement un espace physique, c'est une communtauté de personnes avec des intérêts et des spécialités diversifiée qui a été créée autour de l'espace Escuelab et de sa philosophie. Activistes, hackers, développeurs, artistes, et specialistes dans d'autres domaines de connaissance, non seulement de Lima ou du Pérou, mais de toute l'Amérique Latine, viennent à Escuelab car cela leur semble être l'endroit opportun pour développer leurs activités.

Des projets intéressants de sensibilisation par les média citoyens sont nés dans la communauté Escuelab. Le projet de Aymar Ccopacatty intitulé Qamasa a vu le jour durant le programme de Résidence. Des jeunes étudiants Aymara de la zone de Puno ont appris comment sauvegarder et valoriser leur culture, langue et traditions en utilisant des outils audio-visuels, en utilisant des logiciels libres. Ces vidéos ont été ensuite mise en ligne sur Internet dans leur langue maternelle, comme celle ci dessous, où un jeune étudiant interroge un plus ancien sur le four à pommes de terre traditionnel. 

http://youtu.be/qfztlb6CdF

De plus, le projet Rising Voices Llaqtaypa Rimaynin coordonné par Irma Alvarez Ccoscco a également eu un lien proche avec Escuelab. Irma a utilisé les équipements au cours d'un atelier d'enregistrement audio pour des participants parlant le Quechua de la communauté Haquire et qui avaient migré à Lima.

Une autre activité d'Escuelab en 2012 a été PixelHack Arequipa, un espace pour encourager le circuit culturel d'Arequipa au travers d'une journée marathon de développement collaboratif de solutions technologiques qui ont rassemblé des artistes, des technologistes, des communicants, des responsables culturels, des citoyens et autres enthousiastes intéressés dans le développement de technologies pour Arequipa, Pérou et la région.

La video suivante est une visite des locaux de Escuelab guidé par Mayorga.

Vous pouvez suivre Escuelab sur Twitter et Facebook.

All links in Spanish

“La vie est un rêve et nous pouvons vivre dans l'illusion”

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Sur le site elbikramyoga, Carlos Mora réfléchit [es] à différents sujets, comme le yoga, la philosophie, les élections et la vie en général :

Ayer había Elecciones Europeas y yo voté con ilusión por primera vez en muchos años. Soy rebelde y utópico por naturaleza, no puedo evitar tener sueños y querer cambiar las cosas que no me gustan. No me gusta acomodarme a la vida fácil ni pensar que hay que aguantarse con lo que hay. Estoy seguro de que podemos cambiar las cosas si nos lo proponemos, tengo el sueño y la ilusión de conseguirlo.

Hier, il y a eu les élections européennes et j'ai voté pour l'illusion pour la première fois depuis de nombreuses années. Je suis par nature quelqu'un de rebelle et d'utopiste, je ne peux pas m'empêcher d'avoir des rêves et de vouloir changer les choses qui me déplaisent. Je n'ai pas envie de m’adapter à une vie facile ou de penser que nous devrions faire face avec ce que nous avons. Je suis certain que nous pouvons changer les choses si nous le voulons. J'ai le rêve et l'illusion pour y parvenir.

Cette brève du 26 mai 2014 fait partie du quatrième #LunesDeBlogsGV [le Lundi des blogs sur GV].

Des vacances d’été studieuses avec les MOOCs

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Tous les liens renvoient vers des pages en anglais. Les MOOCs sont également en anglais.

Les vacances d’été approchent à grands pas. Rassurez-vous cependant, vous pouvez continuer à vous instruire en vous inscrivant à des MOOCs [cours en ligne ouverts et massifs], qu’ils aient déjà commencé ou non. En voici quelques uns triés sur le volet, et ils valent le détour :

L’ascension fulgurante des technologies dont nous faisons désormais usage dans la vie de tous les jours (que ce soit à des fins lucratives, par soif de pouvoir ou par volonté d’améliorer sa propre existence) peut, à l’occasion, engendrer un stress culturel ainsi que des problèmes d’éthique. Ce cours a pour but d’explorer la façon dont ces conséquences aux multiples facettes peuvent être comprises, contrôlées et atténuées. Ce MOOC a commencé le 19 mai mais il est encore possible de s’y inscrire.

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Parmi les personnes qui s’en remettent à Google pour trouver réponse à chacune de leurs questions, rares sont celles qui connaissent vraiment les produits et services de l’entreprise ainsi que leurs enjeux. Après avoir suivi ce cours, vous ferez partie de ceux qui savent. Ce MOOC a commencé le 26 mai mais il est encore possible de s’y inscrire.

Ce cours est ouvert à toute personne désireuse de mettre en application ses compétences techniques en vue d’élaborer du contenu créatif (jeux vidéos, installations artistiques, musique interactive) ainsi qu’aux artistes ayant recours à la programmation pour leur pratique artistique. Début des enseignements en juin.

Qu’est-ce qu’Internet ? Comment a-t-il été créé ? Comment fonctionne-t-il ? Comment sécuriser les communications sur l’Internet ? Début des enseignements le 2 juin.

Vous serez amené à vous faire une idée des données, questions et outils avec lesquels travaillent les analystes et les scientifiques en science des données. Ce cours est le premier de la série sur la science des données de l’université Johns-Hopkins. Début des enseignements le 2 juin.

Ce cours est une introduction à la programmation informatique en tant que discipline créative destinée à générer des sons, des images, des animations et plus encore. Début des enseignements le 2 juin.

En suivant ces cours interactifs comportant des exercices pratiques, vous apprendrez à vous servir du puissant Creative Cloud d’Adobe®. Chaque jour de la semaine sera entièrement dédié à l’une des principales applications d’Adobe : Photoshop, InDesign, Illustrator, Premiere, Dreamweaver, and After Effects.

Et pour l’automne prochain :

Découvrez comment le web a changé notre monde au cours des 25 dernières années et les nouveautés qui pourraient débarquer prochainement. Début des enseignements le 6 octobre.

Ce cours utilisera l’analyse des réseaux sociaux, en abordant à la fois sa théorie et ses outils informatiques, pour expliquer comment les réseaux sociaux et d’informations ont été alimentés et rendus accessibles par internet. Début des enseignements le 9 octobre. 

Image de One Laptop Per Child via Flickr, (CC-BY-2.0)

Pakistan : La Haute Cour demande que YouTube soit débloqué

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Le 13 mai, en réponse à un recours déposé par l'ONG pakistanaise Bytes for All (Des octets pour tous), la Haute Cour de Lahore annonçait que YouTube devait être débloqué au Pakistan. Cette décision intervient 20 mois après que le site ait été bloqué sur décision des pouvoirs publics. En réaction à la mise en ligne de la bande annonce du film « l'Innocence des musulmans », il est impossible d'accéder au site depuis septembre 2012. Le gouvernement pakistanais avait déjà temporairement bloqué YouTube plus tôt en 2012 et 2011.

« Le verdict d'aujourd'hui est une étape importante pour le mouvement mondial pour les libertés numériques, » a déclaré Shahzad Ahmad, le directeur national de Bytes for all. « Le filtrage, la surveillance, et la censure sur internet visent uniquement à contrôler les libertés d'expression et de réunion. » Le verdict de la Cour montre que les ONG doivent continuer à coopérer pour un internet libre.

Capture d'écran du clip de #KholoBC music video dénonçant le blocage de YouTube.

Capture d'écran du clip de #KholoBC music video dénonçant le blocage de YouTube.

Cette décision de la Haute Cour ne signifie pas pour autant que YouTube redeviendra accessible immédiatement. C'est une ordonnance de la Cour suprême de 2012 qui a imposé l'interdiction de l'hébergeur de vidéos, en déclarant que la bande annonce de « l'Innocence des musulmans » devait en être retirée et ne plus jamais être disponible au public. Un groupe d'experts, composé de représentants du ministère de l'informatique et de Bytes for All, consultés par la Haute Cour sur des questions techniques liées au déblocage potentiel de YouTube, ont indiqué qu'un message d'avertissement pouvait s'afficher à l'ouverture de la page au lieu d'en bloquer l'accès intégralement. La Haute Cour a également conclu qu'un avertissement serait suffisant, mais l'institution ne peut agir tant que la Cour suprême n'aura pas clarifié son ordonnance antérieure, ce que Bytes for All prévoit de demander. Une fois la situation éclaircie, l'affaire pourra revenir à la Haute cour qui se chargera du déblocage officiel de YouTube. La Cour suprême peut également elle même ordonner la levée de l'interdiction.

La Haute Cour a rendu sa décision dans le cadre d'un recours en inconstitutionnalité déposé par Bytes for All en janvier 2013 s'attaquant au penchant prononcé pour l'interdiction arbitraire de sites internet développé par les autorités pakistanaises. Outre YouTube, des sites tels que le Toronto Sun, Rolling Stone, BuzzFeed.com, différentes pages de Wikipedia, et beaucoup d'autres ont été mis sur liste noire et rendus inaccessibles. Alors que ce contrôle est soi-disant imposé pour des raisons de préservation des mœurs, des recherches sur le filtrage au Pakistan indiquent qu'il y a de fortes chances pour que ces restrictions cachent des motifs politiques.

Ces restrictions à l'accès à des sources alternatives d'information, en particulier sur des questions politiques, représentent une violation des obligations du Pakistan de garantir la libre circulation de l'information en vertu du droit public international et de la Constitution pakistanaise. Des sites comme Youtube, Twitter et Facebook ont un rôle important à jouer en tant que source d'information : pour un large public, ils servent de canaux de distribution de l'actualité généralement inaccessible par les médias traditionnels.

Ce verdict de la Haute Cour est une première étape importante dans la lutte pour un internet libre au Pakistan. D'autres restent à franchir, avance Yasser Latif Hamdani, qui représente Bytes for All à l'occasion de cette action. Il rajoute, « cette décision de la Haute Cour implique qu'une demande d’éclaircissement de l'ordonnance provisoire doit maintenant être déposée auprès de la Cour suprême. Nous comptons présenter cette demande afin d'obtenir cette clarification et que soit levée l'interdiction de YouTube. »

A MLDI, nous comptons continuer de coopérer avec Bytes for All et son équipe juridique afin de régler ce problème et faire en sorte que YouTube soit de nouveau accessible au Pakistan.

En mémoire d'Isadora Duncan

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Laura Chertkoff évoque [espagnol] la danseuse Isadora Duncan sur Un blog sobre pasos y saltos [Un blog de pas et sauts] à l'occasion du 127ème anniversaire de sa naissance, et sa visite tendue à Buenos Aires.

En los 50 años que anduvo pisando el planeta tierra, sus pies la trajeron a Buenos Aires en 1916. Nosotros llevábamos apenas 100 años como país independiente. No todos entendieron tanta independencia en un cuerpo de mujer.

Dans les cinquante années qu'elle a habité la planète terre, ses pieds l'ont portée à Buenos Aires en 1916. Nous étions un pays indépendant depuis à peine cent ans. Tous n'ont pas compris autant d'indépendance dans un corps de femme.

Ce billet participait au quatrième #LunesDeBlogsGV [Lundi des blogs sur GV] le 26 mai 2014.

D'Alep, ville libérée

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Ce billet, publié originellement le 12 mai en anglais, fait partie d'une série spéciale d'articles rédigés par la blogueuse et activiste Marcell Shehwaro, elle y décrit la réalité de la vie en Syrie durant le conflit armé en cours opposant les forces fidèles au régime actuel à celles qui cherchent à le renverser.

Taking flight in Aleppo. Photo by Zaid Muhamed. Used with position.

Envol à Alep. Photo Zaid Muhamed. Utilisée avec permission.

Je suis en train d'écrire cet article en appuyant sans cesse sur la touche F5 de mon clavier pour recharger la page de Facebook avec les nouvelles d'Alep, pour voir où en sont les combats sur la ligne de front.

Il semble que ma ville soit en train de vivre une nouvelle situation, en avançant vers la libération de certains de ses quartiers. Nous ne connaissons toujours pas la taille ou l'extension de ces nouvelles zones, et nous ne pouvons pas vérifier ce que nous sommes en train d'entendre. Mais nous tous — ceux qui attendent ardemment la libération aussi bien que ceux qui s'y opposent—suivent avec anxiété les nouvelles.

Les révolutionnaires espèrent réunifier les parties de la ville, qui ont été divisées depuis deux ans environ. Avec certaines zones sous le contrôle du gouvernement et d'autres entre les mains des rebelles, nous, résidents d'Alep, sommes nous-mêmes devenus un peuple divisé, séparés de nous-mêmes. Certains d'entre nous vivent dans les souvenirs que nous avons laissés derrière nous dans les quartiers de la ville où on ne peut plus se rendre pour des raisons de sécurité, tandis que d'autres essayent de s'intégrer aux nouveaux espaces de la ville, et nous obligent à aimer ces lieux.

La libération d'Alep a commencé en juillet 2012. Ce jour-là, nous avions des rêves de paix qu'aujourd'hui, nous réévaluons, réalisant combien nous étions naïfs de croire qu'un mouvement pacifique d'une telle ampleur puisse renverser un régime, d'une part, soutenu par les puissances internationales, et d'autre part, dont les crimes — parmi lesquels l'usage d'armes chimiques—ont été accueillis par un silence international. Entre nos rêves d'apporter le changement de manière pacifique dans un territoire épuisé par des mois de bombardements depuis le cœur même de la ville, la libération de pans entiers a commencé. Les forces armées révolutionnaires de la résistance ont pris le contrôle de 70 pour cent d'Alep.

La libération s'accompagne normalement de destruction, là où sont utilisées les armes à feu. Le chaos et le vandalisme empirent avec la créativité du régime et de ses forces aériennes, lesquelles laissent derrière elles lors de leurs raids, l'odeur insoutenable de la mort. Aussitôt, tous les habitants des zones libérées disparaissent, ils se dirigent soit vers les zones contrôlées par le régime, soit dans les zones occupées, à l'abri des bombardements et des combats, ou vers les camps de réfugiés à la frontière turque.

Les quatre millions d'habitants d'Alep ont sans aucun doute été affectés par l'arrivée de la guerre à leur porte. Ceux qui ont cru à l'importance du changement aussi bien que ceux qui lui ont résisté, ont ressenti l'impact de la libération, elle a changé le cours du temps et de la vie : l'ouverture et la fermeture des magasins, l'utilisation de l'essence, les coupures incessantes de l'approvisionnement en électricité, en eau et des services de communication.

Du côté de la guerre, les seigneurs de guerre auront connu une ascension. Des profiteurs qui ne veulent pas que la bataille prenne fin, qui veulent voler tout ce qu'il y a de bon en nous pour le vendre à d'autres.

Les écoles situées dans les zones contrôlées par le régime se sont transformées en centres pour réfugiés, accueillant ceux qui ont quitté les zones libérées pour leur apporter une aide humanitaire : un geste merveilleux de camaraderie. Nous pensions que cette situation ne serait que temporaire, et certains d'entre nous ont pris la décision de changer de vie en emménageant dans les zones libérées, prenant les places laissées par les journalistes, les médecins et les travailleurs humanitaires qui se sont enfuis. Nous étions dans l'illusion que la libération de toute la ville ne tarderait pas à venir, et que nous serions bientôt tous réunis à nos familles, que nous retournerions à nos anciennes vies. Nombre de ceux qui sont partis avec pour seul bagage, une petite valise, n'ont pas réalisé qu'ils ne pourraient revenir chez eux depuis presque maintenant deux ans.

A l'époque, j'habitais dans la partie occupée d'Alep. Presque chaque semaine, j'étais soumise à un interrogatoire, jamais le même — une expérience que j'écrirai un jour. Cet interrogatoire suffisait à paralyser toutes mes activités liées à la révolution, mais il n'était pas assez menaçant pour m’inciter à emménager dans la partie libérée d'Alep ou à quitter la Syrie.

Les zones dont nous avions entendu qu'elles avaient été libérées, étaient aussi étranges pour nous que la jungle en Afrique, et ne semblaient pas appartenir à la ville où j'ai vécu toute ma vie. Il s'agissait des quartiers pauvres dont nous ne connaissions rien en raison du manque de travail social sur le terrain en Syrie. Il s'agissait des quartiers dans lesquels notre classe sociale, et sans doute nos orientations confessionnelles, ne nous permettaient pas d'aller.

On dit que la révolution syrienne a mis le feu aux poudres au sectarisme ; d'autres prétendent qu'avant la révolution nous vivions tous ensemble en harmonie. Mais l'amère vérité est que nous vivions côte à côte, dans des espaces cloisonnés qui nous séparaient complètement les uns des autres. En réalité, la révolution a rassemblé tous les Syriens sans distinction de classe, de culture et de religion. Il a fallu attendre la révolution pour que j'entende les noms de certains des quartiers dans Alep libérée, bien qu'ils ne soient qu'à 10 minutes en voiture de mon propre quartier. Je n'ai jamais eu d'amis habitant ces parties de la ville, et il aura fallu la révolution pour que je considère cette éventualité.

Salahuddin? Le premier quartier révolutionnaire à Alep, et où j'ai passé toute une année à manifester presque chaque jour ? Jusqu'en 2012, je ne savais même pas qu'il existait sur la carte de ma ville.

Alep a été libérée. Alep a été détruite. Et nous, séquestrés dans nos espaces cloisonnés, nous avons été soumis aux choix et aux incertitudes, qui reflétaient ce que la ville vivait elle-même. Nous avons dû choisir entre rester captifs dans un centre pour réfugiés auto-imposé, dans une atmosphère de peur et de résistance au changement ; et nous libérer nous-mêmes de ces lieux où nous nous étions emmurés, nous et nos affaires, en allant vers les autres, en les rejoignant dans la révolution avec toutes ses souffrances et en partageant avec eux l'angoisse et la peur des bombes tombant du ciel.

Nous nous plaignions constamment de tous ces amis laissés derrière nous, et que nous ne pouvons plus voir. A chaque bataille, un nouvel extrémiste ou un homme à l'esprit revanchard voulait nous diriger avec son arme. Nous devions supporter les sentiments d'indigence, de tristesse et le poids de nos souvenirs. Alep était en train de changer et nous, nous changions avec elle. 

Alep a été libérée. Ses nouvelles frontières sont restées stables pendant presque deux ans, séparées par un passage ensanglanté par les snipers du régime, prêts à voler dix vies par jour parmi ceux qui résistaient à cette séparation et traversaient la ville d'un bout à l'autre. La route alternative entre les deux sections prenait en voiture 10 heures au lieu d'une heure comme autrefois. Un jour, j'écrirai sur l'impact de cette division, et comment le régime a réussi à nous mettre des bâtons dans les roues.

L'Alep qui n'était pas encore libérée, a été soumise aux caprices d'un dictateur. Lorsqu'il ordonnait à ses avions de rester au sol, ses résidents menaient une vie presque normale ; et quand il décidait qu'aucune vie ne devait exister ici, ils n'en avaient plus du tout. Cette Alep est à l'aube d'une question : les zones libérées sont-elles vraiment libérées s'il existe des gens qui obligent la ville à ne ressembler qu'à eux ? Nous avons été contraints de perdre en permanence des parts de nous-mêmes, avec chaque ami que nous avons laissé de l'autre côté.

Alep est en train de redessiner ses frontières une fois encore avec du sang : du sang a été versé, pour que nous puissions aller vers la libération, du sang a été versé pour maintenir le statu quo, du sang a été versé pour nous faire payer le prix de nous être opposés à l'oppresseur.

Aujourd'hui, nous attendons tous avec impatience un miracle qui nous permettra de vivre tous ensemble dans une seule et même ville. Ainsi, nous pouvons trouver le courage de rêver au retour d'un État où nous sommes tous unis dans la liberté.

Nous avons le droit de rêver d'unité.

Et j'ai le droit de rêver de vivre en tant qu'individu, entier.

Marcell Shehwaro blogue sur marcellita.com et tweete sur @Marcellita, les deux sont principalement en langue arabe. Vous pouvez lire les autres billets de cette série ici, ici, ici, ici, ici, et ici.

Shiva, le dieu vénéré de la jeunesse branchée indienne

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A man dressed as Hindu God Lord Shiva performs during Maha Shivratri Celebration in New Delhi. Image by Rohit Gautam. Copyright Demotix (10/3/2013)

Un homme déguisé en Shiva, le dieu hindou, défile pendant le festival Maha Shivratri, à New Delhi. Image de Rohit Gautam. Copyright Demotix (10/3/2013)

[Tous les liens sont en anglais, sauf mention contraire]

Shiva [français] est-il le dieu à la mode chez les plus jeunes ? La divinité hindoue multiplie les apparitions à la télévision, dans les livres, les films et même sur les tatouages.

La célèbre star de cricket Ravindra Jadeja, suivi par plus de 112 000 followers sur Twitter, a ainsi tweeté :

Shiva doit être le plus cool de tous les Dieux. Il fume de l'herbe, danse et se fiche des vêtements qu'il porte. Sympa, comme Dieu.

Même les plus grands magazines publient des articles à son sujet et à la nouvelle obsession des jeunes pour Shiva. L'hebdomadaire India Today a décrit ce phénomène en avril 2013 ; dans son éditorial, Aroon Purie, rédacteur en chef du magazine, écrit :

For generations of Indians over millennia, Shiva was a God to be feared. People worshipped him because he alone, among the holy trinity of Hinduism, possessed the power to destroy. Like in several other spheres, young, urban India is rewriting the conventional wisdom. For them, Shiva is cool, an ancient icon given a contemporary twist, fit for consumption in the 21st century.

Pour des millénaires de générations indiennes, Shiva était un Dieu qu'il fallait craindre. On le vénérait car il était le seul, parmi la sainte trinité hindouiste, à posséder le pouvoir de destruction. Comme dans plusieurs autres domaines, l'Inde jeune et urbaine actuelle réécrit la sagesse conventionnelle. Pour eux, Shiva est cool, une ancienne icône devenue contemporaine, adaptée à la consommation du 21ème siècle.

Le phénomène “Shiva” semble monter en puissance. L'émission Devon ke Dev Mahadev, qui couvre différents sujets concernant cette divinité, est toujours aussi populaire après deux années et demi d'existence. La trilogie de livres de l'écrivain Amish Tripathi sera quant à elle adaptée au cinéma, sous la direction du réalisateur Karan Johar. Le film pourrait être adapté à Hollywood, un producteur américain cherchant actuellement à acquérir les droits de l'oeuvre. 

Dans un entretien avec le Wall Street Journal, Tripathi évoque ce qui se cache derrière la popularité de Shiva :

I’m certainly not surprised by the passion of the youth for our myths. Mythology is almost a part of an Indian’s DNA. I really didn’t think it would die down so easily.

Je ne suis pas surpris du tout par la passion de la jeunesse indienne pour nos mythes. La mythologie fait presque partie de l'ADN indien. Je n'ai jamais cru qu'elle disparaîtrait si facilement.

Devdutt Pattanaik, auteur de plusieurs livres sur Shiva et consultant pour Devon ke Dev Mahadev, propose une vision plus radicale de la notoriété de ce dieu. Pattanaik pense que sa renommée va de pair avec le machisme qui l'entoure, une idée répandue par l'afflux de bandes dessinées des éditeurs américains DC Comics et Marvel:

At its heart is a new form of misogyny that rejects everything remotely feminine, where even feminism becomes all about embracing the masculine as in the film Gulaab Gang. It celebrates the violence of the alpha predator who sits on top of the pecking order and dominates the pack. Not surprisingly, women are increasingly feeling increasingly unsafe in Indian cities.

Il s'agit d'une nouvelle forme de misogynie qui rejette tout ce qui est féminin, où même le féminisme épouse le masculinisme, comme le montre le film Gulaab Gang. Il célèbre la violence du mâle alpha, au sommet de la hiérarchie et qui domine la meute. Il n'est pas étonnant que les femmes se sentent de moins en moins en sécurité dans les villes indiennes.

Sadhguru, un yogi indien fondateur d'Isha Yoga, offre une autre perspective. Considérant Shiva comme le premier yogi ayant introduit l'humanité à la spiritualité, il écrit sur Facebook :

Breaking the laws of physical nature is spiritual process. In this sense, we are outlaws, and Shiva is the ultimate outlaw. You cannot worship Shiva, but you may join the gang.

Briser les lois de la nature physique est un processus spirituel. Dans ce sens, nous sommes des hors-la-loi, et Shiva est le hors-la-loi suprême. Vous pouvez ne pas vénérer Shiva, mais vous pouvez vous joindre à la bande.

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Un aghori ascétique, adepte de Shiva, fume du cannabis. Image d'Alewis2388 via Wikimedia Commons. CC BY

Cette image de “bandit” semble parler aux jeunes Indiens. Les acteurs de Bollywood Ajay Devgan et Sanjay Dutt, connus pour leurs films d'action, possèdent ainsi des tatouages de Shiva.

Mais ces seuls facteurs ne suffisent pas à expliquer la fascination des jeunes pour cette figure énigmatique. Sur le site indien Boloji, un blogueur souligne pourquoi Shiva semble si cool :

What appeals to me about Shiva is the fact that he embodies so many contrasts. A married man who can also be a celibate ascetic; a wild dancer who can sit absolutely still in meditation; his grief knows no bounds when Sati dies, yet he casually lops of ganesha's head. He embodies every aspect of human nature. If you can make your peace with this bewildering multidimensional individual, you've made your peace with the existence and everything in it.

Ce qui me plaît chez lui, c'est qu'il incarne de nombreux contrastes. Un homme marié qui peut être également un célibataire ascétique ; un danseur déchaîné plongé dans une méditation totale ; sa douleur ne connaît aucune limite lorsque Sati meurt, pourtant il coupe sans sourciller la tête de Ganesha. Il embrasse tous les aspects de la nature humaine. Si vous pouvez faire la paix avec cet individu multidimensionnel déroutant, alors vous pouvez être en paix avec la vie et tout ce qu'elle contient.

Que ce soit son machisme, sa violence ou son caractère, l'intérêt pour Shiva ne se dément pas. Un coup d’œil sur Google Trends permet de constater un regain d'intérêt pour ce dieu lors des cinq dernières années, après une baisse entre 2006 et 2009. Quelle qu'en soit la raison, les livres, les films, les émissions de télévision et les tatouages ne semblent pas être sur le point de disparaître

Documentaire : Ai Weiwei, le faux procès


En mer pour soutenir le prisonnier politique Oscar López Rivera

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Desde el Muelle 8 en San Juan hasta la Puerta de San Juan, se hizo la travesía para acompañar a Oscar representado en el cabezudo.

Une traversée pour accompagner Oscar, représenté par un énorme masque à son effigie, s'est effectuée depuis le quai n°8 de San Juan jusqu'à la Porte de San Juan.

Des centaines de Potoricaines et Portoricains se sont donné rendez-vous le dimanche 25 mai 2014, dans la baie de San Juan, capitale de Porto Rico, pour réaliser un parcours en kayak depuis la promenade de Bahía Urbana, jusqu'à la Porte de San Juan, lieu par lequel arrivaient par bateau les passagers dans le pays. L'objectif était d'accueillir symboliquement chez lui le prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera.

Le 29 mai a marqué la 33ème année d'emprisonnement [anglais] pour Oscar, la peine la plus longue jamais purgée par un prisonnier politique portoricain.  Il n'a jamais pu être prouvé qu'il était lié à un acte criminel ; malgré cela, il a été condamné pour “conspiration sédicieuse” à cause de ses liens avec les Forces Armées de Libération Nationale (FALN), qui préconisaient l'usage de la force pour mettre fin à la colonisation de Porto Rico par les États-Unis.

Certaines figures de proue de la communauté internationale, telles que l'archevêque anglican Desmond Tutu ou l'activiste pour la paix nord-irlandaise Mairead Corrigan Maguire, se sont unies à des millions de personnes autour du monde pour dénoncer la peine exagérément longue que purge Oscar.

Oscar a déclaré que ce qui lui manquait le plus était de voir la mer. C'est pour cela qu'il a été décidé d'organiser en cette occasion une activité sur l'eau, comme un témoignage de réalisation de ce désir. L'activité a été organisée par 32 x Oscar, un groupe activiste qui milite avec vivacité pour que le Président des États-Unis, Barack Obama, le gracie. Cette vidéo de Noticel propose quelques images de cette journée.

Le photojournaliste Ricardo Alcaraz Díaz a gentiment partagé avec Global Voices quelques-unes des photos de l'évènement.*

A la llegada a la Puerta de San Juan, fue recibido por su familia. En la foto, Clarisa, la hija de Oscar, lo recibe.

A l'arrivée à la Porte de San Juan, il a été reçu par sa famille. Sur cette photo, Clarisa, la fille d'Oscar, l'accueille.

 

Acompañado por integrantes del grupo teatral Y no había luz,y el público presente, hace el recorrido hacia El Morro.

Accompagné des membres de la troupe de théâtre Y no había luz, et du public présent, il se rend vers le Morro.

En El Morro se hizo una hermosa presentación teatral basado en textos de las cartas que Oscar ha escrito a su nieta Karina.

Au Morro s'est tenu une belle présentation théâtrale autour des lettres qu'Oscar a écrites à sa petite-fille Karina.

Se lanzó al aire una enorme chiringa con la imagen de Oscar.

Un énorme cerf-volant avec une image d'Oscar a été lâché dans les airs.

Clarisa y Karina, hija y nieta respectivamente de Oscar, se dirigen al público.

Clarisa et Karina, respectivement fille et petite-fille d'Oscar, s'adressent au public.

*Toutes les images ont été prises par Ricardo Alcaraz Díaz et sont utilisées avec son autorisation. Les sous-titres des images sont également de lui.

Des soldats de la MISCA impliqués dans la disparition de 11 rebelles à Bangui

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Peter Bouckaert, directeur des urgences pour Human Rights Watch, écrit que des soldats de la mission MISCA de l'Union Africaine sont impliqués dans l'arrestation puis la disparition d'au moins 11 rebelles anti-balaka, le 24 mars dernier. Les rebelles arrêtés n'ont pas été revus et n'ont pas donné de nouvelles depuis :

Depuis le 24 mars, nous n'avons aucune nouvelle des personnes arrêtées. Les familles se sont rendues à la principale base MISCA à Bangui, le Camp M’poko, et dans tous les commissariats de Bangui, mais ils n'ont pas trouvé leurs proches. Ils craignent que les soldats de la MISCA les aient exécutés, ou encore qu'ils soient retenus dans un lieu secret. Trois témoins ont séparément dit que les soldats de la MISCA ont arrêté au moins sept autres personnes le long de la route principale, probablement parce qu'ils portaient des gris-gris associés à la milice anti-balaka. Leurs noms ne sont pas connus, car ils n'étaient pas de Boali.

 

Pourquoi s'opposent-ils au projet de loi sur les médias du Timor oriental ?

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Divers groupes de la société civile, des journalistes et des universitaires, ont signé une lettre contre la proposition de loi sur les médias au Timor oriental, approuvée récemment par le Parlement. L'un des problèmes qu'ils citent sont les larges pouvoirs accordés au Conseil de la presse :

…nous sommes inquiets que le Conseil de la presse, doté d'une personnalité juridique et financé par des responsables politiques et des médias privés, qui nomment ses membres, puisse avoir le pouvoir (au titre des articles 43 et 44) d'empêcher quiconque d'exercer sa liberté d'expression.

Ils ajoutent que cette “mauvaise loi” n'est pas la solution aux problèmes dont souffre le secteur des médias :

Nous croyons qu'il n'y a aucune urgence au Timor-Leste à adopter une loi sur la presse, notamment si elle est mauvaise comme celle-ci, elle va faire reculer les progrès de notre société dans l'utilisation des différents médias, sociaux et autres, permettant d'échanger des idées sans aucune restriction. Nous sommes conscients que les compétences des journalistes, la désinformation et le manque d'expérience puissent parfois agacer certains lors de la publication des articles, mais la régulation par l’État n'est en aucun cas la solution.

Inde : Safe Cities, un outil de cartographie du harcèlement de rue

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Trouver une Indienne ayant réussi à éviter d'être harcelée dans la rue est un défi. Elsa Marie D’Silva est l'un de membres fondateurs de Safecity, un outil de cartographie participative pour “épingler les sales types”. Quand on lui demande si elle a déjà été victime de harcèlement de rue, elle répond : “Je n'ai jamais rencontré une femme indienne qui n'a jamais été victime de harcèlement de rue”. La plupart des femmes sont conditionnées pour s'enfuir discrètement sans faire de scène. 

Safecity strongly believes all women We strongly believes that 'all women have the right to live safely"

Safecity croit fermement que “toutes les femmes ont le droit de vivre en sécurité”

Le harcèlement de rue est généralisé en Inde et dans le monde, incitant de nombreuses organisations à mettre en place des actions pour lutter contre ce problème. En Inde, on trouve parmi ces organisations Freeze the Tease, et Hollaback India. Safecity utilise une approche différente, l'idée n'est pas de simplement de demander aux personnes de répondre à leurs agresseurs mais “d'épingler” le lieu de l'incident sur une carte. 

Part of a Safecity Bystander Campaign, courtesy of Safecity's Facebook page

Extrait de la campagne de Safecity Bystander Campaign, pour voir si  ”les témoins interviendraient pour aider une victime”. Photo reproduite avec l'accord de la page Facebook de Safecity

Safecity (disponible aussi sur Twitter et Facebook), s'est inspiré d'un projet similaire en Egypte appelé Harassmap, et a été lancé suite aux énormes manifestations qui ont eu lieu après le viol collectif odieux de Delhi en décembre 2012. Ses créateurs ont souhaité mettre en place une plate-forme et un forum pour traiter le problème sur le long terme. Safecity est une plateforme d'informations pour aider à identifier des lieux sensibles dans la ville ou des agressions ont été signalées. Pour créer un espace sûr pour toute la population, Safecity demande aux utilisateurs “D'épingler les sales types !” en partageant les faits, les photos et/ou des vidéos, et le plus important, en signalant le lieu de l'agression. 

Jusqu'à maintenant,  plus de 2700 incidents ont été signalés.  L'accent est mis sur les tendances générales du harcèlement, plus que sur des affaires précises, Safecity travaille avec la police dans deux états de l'Inde pour voir si ces informations peuvent être partagées utilement avec les forces de police. 

 

A poster for schools available on the Safecity website

Un poster pour les écoles, disponible sur le site internet Safecity

Safecity pourrait aussi être un outil de prévention. Dans une affaire, appelée “l'affaire Shakti Mills” les accusés ont reconnu avoir violé quatre femmes au même endroit. D'après les créateurs de l'outil, cela signifie que d'autres tentatives peuvent avoir eu lieu, et comme le souligne les fondateurs D’Silva et Saloni, “si des personnes avaient déclaré cet endroit comme une zone potentiellement dangereuse, des actions de prévention auraient pu être mises en place. ”

Les fondateurs de Safecity constituent un petit groupe de citoyens qui croient tous au droit de vivre en sécurité dans la société. “Nous croyons également qu'une femme devrait être capable de se déplacer sans avoir peur ou se sentir en danger, sans avoir à calculer par quelle rue passer pour être en sécurité, sans avoir à se soucier des vêtements qu'elle porte, ni des gens avec qui elle est.”

Comme D’Silva et la co-fondatrice Saloni Malhotra l'ont écrit dans un email, “Les agresseurs font ça dans leur propre zone de confort. Le silence des victimes et des témoins les rend encore plus confiant et le harcèlement ne fait qu'augmenter.” Au lieu de se désespérer et se résigner, elles se demandent : “Que peut-on faire en tant que citoyen ordinaire pour faire évoluer la situtation ? N'est-ce pas la société elle-même qui a créé ce problème au départ ? Que peut-on faire pour apporter un réel changement ? ”

Screenshot of the Safecity map

Copie d'écran de la carte Safecity

En gardant ceci à l'esprit, Safecity travaille sur une série de vidéos sur l'importance pour les femmes de savoir comment être en sécurité. Parmi les suggestions que Safecity a rassemblées, on trouve : éviter de voyager seule, ne jamais accepter de nourriture ou de boisson d'une personne inconnue, toujours garder son verre lors d'une soirée. Le dernier conseil sur la liste actuelle est :  ”investir dans une bombe lacrymogène”. Espérons que que ces listes ne soient bientôt plus nécessaires.

Linda Jaivin : sexe, sinologie et traduction

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Linda Jaivin

Linda Jaivin – Photographie : Jade Muratore

Linda Jaivin aurait pu être une femme de la Renaissance, et se définit comme une ‘humaniste séculière'. Elle est née à New London, dans le Connecticut (États-Unis), et est citoyenne australienne depuis plus de vingt ans, après avoir étudié et travaillé de nombreuses années à Taïwan et en Chine.

L'activité de Linda est extraordinaire. La liste des casquettes qu'elle endosse inclut : traductrice, interprète, éditrice d'anthologies, poète, romancière et dramaturge. Ses œuvres écrites englobent des nouvelles, des essais, des romans parmi lesquels le comico-érotique “Eat Me”, de la fiction historique, comme son “A Most Immoral Woman” ; et des oeuvres biographiques comme “Confessions of an S & M Virgin” qui a fait scandale.

Les adjectifs qui décrivent Linda : intéressante, stimulante, excentrique, provocatrice, originale, salace, “graphomaniaque”. Ses écrits et conversations nous entraînent sur des terrains complètement inhabituels et inattendus. Même si à un moment donné elle a pu choquer une grande partie de son lectorat, Linda a contribué à développer une plus grande franchise dans le débat public. Comme le montre l'interview filmée du Wheeler Centre [en], elle peut se montrer indiscrète, mais de la manière la plus amicale qui soit.

Il y a bien plus que du sexe, de la drogue et du rock ‘n’ roll dans la boîte à malice de Linda. Qu'elle soit en train d'explorer la place Tiananmen ou d'examiner le traitement réservé aux réfugiés, sa façon d'allier la sphère personnelle à celle de la politique ne laisse pas de place au politiquement correct. Elle apparaît régulièrement dans des débats et des interviews, en tant qu'écrivain mais aussi en tant qu'éditorialiste dans des émissions nationales sur les affaires publiques australiennes comme Q&A [en] sur ABC.

En tant que traductrice, Linda aime particulièrement travailler sur des films. Parmi ses travaux de sous-titrage en anglais de films chinois bien connus, on pourra citer “Adieu ma Concubine” et “The Grandmaster”.

“Le défi consiste à rendre la traduction aussi concise, directe et simple que possible tout en retranscrivant à la fois le sens et l'émotion. Il faut aussi tenir compte des informations que les téléspectateurs retiendront de la bande-son et des images. C'est comme un puzzle. C'est très plaisant de voir son nom apparaître à la fin de la liste des crédits du film de quelqu'un comme Wong Kar Wai ou Chen Kaige, même si personne à part votre mère ne reste jamais assis jusqu'au bout pour le voir.”

Elle ne s'est pour l'instant jamais retrouvée sous les feux des projecteurs. “Les écrivains, même ceux qui comme moi ont tendance à ‘faire le show', ne seront jamais aussi ‘people’ que le sont les rock stars. Nous sommes rarement abordés lorsqu'on va faire les boutiques, et les paparazzi n'essayent même pas de prendre des photos de nous mal vêtus (des écrivains mal habillés,ce n'est pas vraiment un scoop; beaucoup d'entre nous travaillent en pyjama). Parfois au restaurant, les gens m'offrent des verres pour me dire qu'ils apprécient mes romans, et certains s'approchent pour venir me parler dans le bus. En somme, rien de bien embêtant.”

Elle n'a pas de genre préféré. “Lorsque j'écris un roman érotique, je suis passionnée par le genre érotique. Ensuite je me mets à écrire un essai et je m'épanouis dans cet art là. Et ainsi de suite. J'adore tous les styles d'écriture. Chacun présente subtilement différents types d'enjeux et offre des plaisirs distincts. J'ai la sensation que mon dernier roman, The Empress Lover (paru en avril 2014 chez Fourth Estate HarperCollins), bien qu'il soit une fiction, réunit un certain nombre de mes amours littéraires que sont la traduction, l'histoire, et l'essai.”

Son côté comique et satirique est un de ses points forts. “J'imagine que je suis une espèce d'optimiste infernale. Mais je crois que c'est parce qu'écrire des choses qui font rire les gens, ça me fait rire au moment où je les écris. J'aime me divertir.”

Ses opinions en matière de politique et de sujets de société la placent clairement dans le camps des progressistes. “Je me considère comme une humaniste séculière. Je crois qu'en tant qu'individus, nous devons à nos semblables respect, considération, et compassion et qu'en tant que société nous nous devons de protéger les plus faibles et vulnérables d'entre nous. Lorsque les gouvernements affichent un manque de respect et de compassion envers les faibles et les vulnérables, ça me bouleverse (d'ailleurs les visites à des demandeurs d'asile en détention ont été pour moi une expérience profondément révélatrice et bouleversante). Je veux me servir de l'influence dont je jouis en tant qu'écrivain et individu pour essayer de pousser d'autres personnes à réfléchir sur ces problématiques et peut être même à agir.”

Lorsqu'on lui demande comment va se dérouler sa vie de traductrice dorénavant, elle répond : “De la même façon que je l'ai menée jusqu'à maintenant; un mélange de projets à long terme, d'idées et d'opportunités aléatoires. Je suis en train d'écrire tout cela depuis Pékin, où un rockeur chinois vient juste de me demander de traduire les paroles de toutes ses chansons avec l'idée que certaines pourraient être chantées en anglais. Ce n'est pas quelque chose que j'aurais envisagé de faire, je suis déjà bien occupée et il s'agit d'une tâche complexe. Alors j'ai dit oui.”

Son conseil aux jeunes d'aujourd'hui, blâmés parce qu'ils ne se battent pas pour arranger le désordre environnemental et social dans lequel ils sont nés, est clair et précis. “Sachez que certains d'entre nous ont voulu essayer d'arranger le désordre tout au long de leur vie. Mais il s'agit d'un désordre assez conséquent. Choisissez vos combats. Faites de votre mieux. Bonne chance.”

Si vous ne connaissiez pas Linda avant, vous pouvez visiter son site internet [en] et choisir parmi l'une de ses nombreuses propositions. Sa page Goodreads [en] propose également de nombreuses informations et liens précieux.

Ses dernières publications incluent l'essai Found in Translation: In Praise of a Plural World [en] écrit pour le site Quarterly Essay, et un roman historique sur la Chine intitulé The Empress Lover [en].

Found in Translation

Des expressions typiques du Venezuela illustrées et traduites en anglais

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Tous les liens renvoient vers des pages en anglais, sauf mention contraire.

Sur son blog Venezuelan Sayings, l’illustratrice Daisy Patton met en images des expressions vénézuéliennes typiques, qu’elle traduit aussi en anglais. Ses illustrations, pleines de couleurs et d’humour, laissent transparaître une interprétation personnelle des expressions locales, une vision candide d’une culture qui cherche à en comprendre une autre à travers l’usage du langage familier.

Dans la description de son blog, on peut lire :

My Venezuelan husband often uses colloquialisms from his culture to describe situations we find ourselves in. These are my illustrations of them. Consider them “más criollo que una arepa” ["more local than an arepa"]

Mon mari est vénézuélien et utilise souvent des expressions familières tirées de sa culture pour décrire les situations dans lesquelles nous nous trouvons. Ces expressions, je les ai illustrées et publiées sur ce blog. Figurez-vous qu’elles sont encore « plus typiques et représentatives du pays que l’arepa [en français] ».

Nous avons pu échanger quelques mails avec Daisy. Dans l'extrait suivant, elle nous en dit un peu plus sur la création du blog ainsi que sur les difficultés et le plaisir de traduire non seulement la langue mais aussi le contexte :

I've been with my husband for almost 8 años [years], and he would frequently translate dichos [sayings] into English, leaving me very confused. Because the Venezuelan sayings are so distinctive, I started writing them down to share with our friends, since they seem so different but wonderfully imaginative. The project has grown from just being the refranes he's said to suggestions from Venezuelans all over the world now. I see it now as a collaborative project that is collecting this cultural ephemera, with the understanding that I'm of course an outsider looking in.

Cela fait maintenant 8 ans que je suis avec mon mari. Il a pour habitude de traduire des expressions vénézuéliennes en anglais, ce qui me laisse à chaque fois perplexe. C’est parce les expressions vénézuéliennes sont si particulières que j’ai commencé à les mettre par écrit pour pouvoir ensuite en faire part à nos amis ; elles ont quelque chose de différent mais sont de vraies merveilles d’originalité. Alors que le projet ne consistait au départ qu’en un recueil d’expressions de mon mari, il est désormais alimenté par les suggestions de Vénézuéliens du monde entier. C’est pour moi un projet collaboratif ayant pour but d’immortaliser des fragments de mémoire culturelle.  Je me positionne, bien sûr, comme un observateur extérieur.

venezuelansayings046.psd

Image utilisée avec l’accord de Daisy Patton.

Pour ce qui est du travail de traduction, Daisy explique :

It's hard to explain puns, slang, or things that reference something historically or locally known, like games, locations, or historical figures, regardless of language. Much of the time, when my husband Enrique has said a dicho [phrase], I have no idea what he means at all without some explanation (such as me dieron gato por liebre/I was given cat instead of hare), while others make sense once you hear them (like la última coca-cola del desierto/last Coke in the desert).

Ce n’est pas toujours évident d’expliquer, quelle que soit la langue, les jeux de mots et l’argot, ou encore les références historico-culturelles comme les jeux, les lieux et les personnages historiques. La plupart du temps, quand mon mari Enrique utilise une expression, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’elle signifie jusqu’à ce qu’il me l’explique (comme me dieron gato por liebre/on m’a donné un chat au lieu d’un lièvre). D’autres expressions sont plus transparentes (comme la última coca-cola del desierto/le dernier Coca du désert).

Daisy nous parle de la multiplicité et des différences des expressions :

I've learned a great deal about how variable and interesting Venezuelan culture is just from [the variety of sayings]. Anything from exact meaning, to wording, can be slightly or completely different, depending on generation and location. I've had many people contact me to either tell me that I was wrong, or that they've never heard of one, or that they're common in other Latin American countries (which makes sense). In some posts, I've literally had someone state that the saying was incorrect or didn't exist and another five people sharing it and stating how they use it all the time and thought it was hilarious!

Rien qu’à partir de la multiplicité d’expressions, j’ai appris tout un tas de choses sur la culture vénézuélienne et ai mesuré à quel point celle-ci pouvait être diversifiée et intéressante. Leur signification précise, leur formulation peuvent s’avérer légèrement ou parfois même complètement différentes selon la génération ou la région. De nombreuses personnes m’ont contactée pour me dire soit que ma traduction était fausse, soit qu’elles n’avaient jamais entendu l’expression en question, soit que cette dernière était aussi utilisée dans d’autres pays d’Amérique latine (ce que je veux bien admettre). Il est déjà même arrivé qu’une personne commente une publication en disant que l’expression est incorrecte ou qu’elle n’existe pas, et à laquelle cinq autres personnes ont répondu qu’elles l’utilisaient sans arrêt tant elles la trouvaient drôle !

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Image utilisée avec l’accord de Daisy Patton.

L’illustratrice reçoit régulièrement des suggestions et continue à illustrer des expressions ainsi qu’à les traduire. Le blog est mis à jour fréquemment et prend peu à peu la forme d’un catalogue d’images typiques, utilisées et disséminées par le langage dans les différentes régions du pays.

Le Yémen est aussi “Happy” !

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Malgré des conditions de vie difficiles, de longues et fréquentes coupures de courant, l'insécurité et la vie politique instable et une réputation médiatique négative, un groupe de Yéménites a réussi à montrer au monde qu'ils sont la preuve vivante du nom du pays dans l'Antiquité : “Arabia Felix” ou Arabie heureuse. Le Yémen était appelé Arabie Felix, Arabie heureuse, Arabie fertile – un nom donné par le géographe grec Ptolémée. Ce nom fait référence à ses hautes montagnes qui attiraient la pluie et faisaient de ses terres les plus fertiles de la péninsule d'Arabie. 

Le reprise du tube Happy de Pharrell William a été créée avec une touche yéménite, mettant en évidence la créativité et le talent, l'esprit positif et le sens de l'humour de la jeunesse du pays. 

La vidéo a été produite en coopération avec Support Yemen et Gabreez et a été co-réalisée par Abdurahman Hussein et Ameen Alghabri, deux réalisateurs nomminés aux Oscars.

Fazli Corman, ambassadeur turc au Yémen, a tweeté : 

Quel pays sur Terre peut se prévaloir d'avoir Happy dans son nom antique… Le Yemen, bien sûr ou Arabia Felix

— Fazli Corman (@FazliCorman) May 24, 2014

Mareike Transfeld, chercheuse au centre d'étude Yemen Polling, a tweeté au chanteur Pharell :

Pharrell, regarde ça ! La vidéo officielle #Happy du Yemen par des nominés aux Oscar @AfroHussain & @AmeenAlghaberi, soutenons le Yemen

— Mareike Transfeld (@projectyemen) May 23, 2014

Awssan Kamal, membre de SupportYemen, tweete :

La vidéo Happy du Yemen met aujourd'hui la lumière sur la jeunesse yéménite. Soutenez le Yemen sur Youtube
— awssan kamal (@awssan) May 24, 2014

Mohammed Jamjoum de CNN ajoute :

Encore une nouvelle preuve que le peuple du Yemen est  incroyable, leur version de “#Happy”, magnifiquement montée avec la technique des ‘pauses durant les coupures de courant'.
— Mohammed Jamjoom (@JamjoomCNN) May 24, 2014

La blogueuse yéménite Afrah Nasser, vivant en Suède, voit les choses différemment. Elle tweete :

Nouvel article sur le blog : Le Yémen est plus résilient qu'heureux.
— Afrah Nasser (@Afrahnasser) May 24, 2014

Rooj, un cofondateur de Support Yemen, qui connaît les difficultés de la vie au Yémen et apparaît également dans la vidéo, commente avec enthousiasme : 

Alors que les médias nous décrivent comme déprimés et devant être secourus, voilà notre réponse. #HappyYemen https://t.co/LPrk3B40na
— Rooj (@Rooj129) May 23, 2014

“Malgré nos difficultés notre bonheur ne s'arrêtera pas” est un message clair témoignant de la détermination des Yéménites. 


Sahar Habib Ghazi succède à Solana Larsen en tant que directrice éditoriale de Global Voices

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Outgoing Managing Editor, Solana Larsen (L) will be succeeded by Sahar Habib Ghazi (R)

 Solana Larsen (à gauche) directrice éditoriale de Global Voices sera remplacée par  Sahar Habib Ghazi 

En cette fin de mois de mai, nous saluons le départ de notre directrice éditoriale, Solana Larsen, et accueillons la même Solana Larsen comme nouvelle auteure de Global Voices. 

Solana quitte les fonctions de directrice éditoriale de Global Voices qu'elle occupe depuis sept ans. On cite souvent des “raisons personnelles” pour expliquer un départ, mais dans le cas de Solana, il s'agit vraiment d'une volonté de pouvoir consacrer plus de temps à sa vie de famille, et en particulier à sa petite fille de deux ans.  ”C'est mieux à la fois pour moi et pour Global Voices” a-t-elle écrit dans un email adressé à la communauté des auteurs et traducteurs de Global Voices “de me retirer maintenant et de permettre ansi à des choses nouvelles de naitre.”

Solana a conduit d'une main sûre la rédaction de Global Voices durant une période de rapide mutation des nouveaux médias, durant laquel le blogging a été éclipsé par les réseaux sociaux comme principale plateforme d'expression des internautes. Nous sommes heureux qu'elle reste parmi nous en tant qu'auteure mais également pour travailler sur des projets annexes et qu'elle nous représente lors d'interventions dans des conférences. 

Solana confie la direction éditoriale de Global Voices aux mains excellentes de Sahar Habib Ghazi, qui nous a rejoint en tant que rédactrice-en-chef adjointe en juin 2012.

Sahar est journaliste et blogueuse, elle vit entre les Etats-Unis et le Pakistan. Elle a contribué à la création de Dawnnews TV et a écrit pour le New York Times. Durant ses études à Stanford en tant que boursière de la fondation John S. Knight pour le journalisme, elle a créé Hosh Media, une plateforme en ligne de journalisme pour les jeunes.  

Sahar a beaucoup fait pour la création de la nouvelle charte éditoriale de Global Voices, pour rationaliser nos multiples processus internes d'édition, et a créé une équipe d'éditeurs adjoints. Elle est avant tout très compétente et très attachée à la communauté Global Voices. Nous lui faisons entièrement confiance pour accompagner notre rédaction vers de nouveaux horizons.

Les succès de l'extrême-droite européenne confortent les Russes

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French politician Marine Le Pen has filled many Russians with the hope that they aren't alone in skepticism about the EU. Images mixed by Kevin Rothrock.

La politicienne française Marine Le Pen renforce de nombreux Russes dans leur euroscepticisme. Photomontage de Kevin Rothrock.

Alors que les relations entre Moscou et l'Europe n'ont jamais été aussi détestables depuis vingt ans, les Russes suivent avec intérêt les récents succès électoraux des partis d'extrême droite au Parlement européen. Si cette évolution inquiète à l'intérieur de l'Europe, beaucoup de Russes saluent dans cette vague d'euro-scepticisme la justification de la posture anti-Union Européenne de Moscou.

Le lendemain des scrutins en Europe et Ukraine, le blogueur et éditorialiste pro-Kremlin Maxim Kononenko écrivait sur Facebook :

Общечеловеческие ценности это, конечно, прекрасно, но в первую очередь у людей существуют свои собственные ценности, которыми они не хотят поступаться неизвестно ради чего. И процент, получаемый партиями евроскептиков от года к году неизменно растет. То есть, Украина голосует за интеграцию с Европой, а Европа в тот же день голосует за собственную дезинтеграцию. И не знаю, как вам, а лично мне кажется, что это движения в несколько разных направлениях.

Les valeurs humaines universelles, c'est très bien, évidemment, mais les gens ont en premier lieu leurs valeurs personnelles, auxquelles ils ne veulent pas renoncer pour de l'inconnu. Et le pourcentage obtenu par les partis eurosceptiques augmente d'année en année. C'est-à-dire que l'Ukraine vote pour l'intégration à l'Europe, alors que l'Europe, le même jour, vote pour sa propre désintégration. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela me semble personnellement être des mouvements dans des directions opposées.

La femme politique française Marine Le Pen s'était gagné une large attention sur l'Internet russe en mars 2014, quand elle avait reconnu les résultats du référendum sécessionniste de Crimée. En l'espace de quelques heures après sa déclaration, le microblogueur populaire russe Konstantin Rykov avait lancé une campagne Twitter “Merci Marine !” invitant ses abonnés à lui adresser des mots de remerciement. Selon un portail d'information basé à Kharkov, des milliers de Russes ont apporté un soutien actif à l'initiative de Rykov en envoyant une avalanche de “merci” sur la timeline Twitter de Mme Le Pen. Depuis, la popularité de la présidente du Front National ne se dément pas chez les blogueurs russes. Et Rykov a même créé un compte Twitter spécial, où il cite les propos favorables à la Russie de Mme Le Pen. D'autres utilisateurs russes de Twitter se plaisent à traduire ses déclarations sur le droit du “grand peuple russe” à viser sa “réunification.” Une traduction de ce genre (voir ci-dessous) le 26 mai 2014 a ainsi attiré près de 300 retweets.

Marine Le Pen : Les Français ont voté voté pour le rejet de l'Union Européenne. [Sur l'image : "Nous devons tous reconnaître le droit à la réunification du grand peuple russe vivant tant en Russie que sur la rive gauche du Dniepr."]

Dans l'enthousiasme général, peu de Russes font preuve d'une compréhension totale des programmes réels des politiciens d'extrême-droite européens. Les médias russes minimisent soigneusement l'islamophobie, l'antisémitisme, et autres aspects déplaisants. Apparemment, de nombreux experts commentateurs, plutôt que d'explorer les nuances complexes des “euro-conservateurs pro-Russie,” préfèrent dépeindre simplement cette droite européenne comme des patriotes défenseurs de la souveraineté nationale. Des articles d'opinion paraissent sous des titres comme “Fête de l'indépendance britannique” ou “La libération d'une ‘Europe des Nations'’”.

Avec pareille présentation, les Russes voient communément la droite populiste européenne sur le chemin d'une coalition unique, qui entreprendrait des réformes majeures dans l'UE. Que pareille conjecture soit réaliste ou pas, la société civile russe est déjà prête à applaudir ce tournant.

Il est sans doute vrai aussi que cette année a été la première dans l'histoire où les Russes ont suivi les élections au Parlement Européen avec un intérêt notable. Petit exemple, Tutuskania, une Russe qui blogue sur LiveJournal depuis Paris, est devenue momentanément populaire le jour des élections, quand elle a publié un photo-reportage satirique avec images de militantes des Femen prêtes à “vacciner” contre le “fascisme” de Marine Le Pen.”

До ее прихода, около школы, где был избирательный участок, полуобнаженные представители Фемен со шприцами уговоривали избирателей сделать прививку против расизма. Когда Марин пришла голосовать, их уже не было. Журналисты забросали ее вопросами, видела ли она Фемен. “Вам повезло, а мне нет”, отшутилась Марин.

Avant son arrivée [de Mme Le Pen], près d'une école servant de bureau de vote, des représentantes à demi-nues des Femen avec des seringues persuadaient les électeurs de se faire vacciner contre le racisme. Quand Marine est venue voter, elles n'étaient plus là. Les journalistes l'ont étourdie [Marine Le Pen] de questions pour savoir si elle avait vu les Femen. “Vous avez eu de la chance, et pas moi,” a esquivé Marine d'un bon mot.

Tutuskania conclut son billet sur LiveJournal en proposant :

Если интересно, могу поподробнее рассказать, как Францию и Европу колотит от этой победы ; отмечайтесь в каментах.

Si ça vous intéresse, je peux vous raconter en détail comment l'Europe et la France sont secouées par cette victoire [de Marine Le Pen]. ; mettez-le dans les commentaires.

Des dizaines de lecteurs de Tutuskania ont répondu, affirmant qu'ils souhaitaient effectivement en savoir plus sur les conséquences des succès de l'extrême-droite dans l'UE. Même si ces discussions de RuNet sur la droite populiste en Europe restent au ras des pâquerettes, l'intérêt tout neuf des Russes pour la politique européenne est indéniable. Dans cette nouvelle ère de tensions plus fortes entre la Russie et l'Union Européenne, on peut raisonnablement s'attendre à ce que l'intérêt des Russes pour ce sujet ne soit pas près de retomber.

Chine : la chronologie de la répression de Tiananmen révélée par Wikileaks

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Des étudiants en classe de data journalisme à l'Université Normale du Nord-Est [à Changchun en Chine] ont recherché dans les télégrammes diplomatiques révélés par Wikileaks des références aux manifestations de 1989 sur la place Tian'anmen. ils les ont ensuite organisées sous forme d'une chronologie des manifestations à partir du 19 avril 1989 jusqu'au 26 mars 1990.

“Laissons l'Espagne décider”

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IsabelOn relate [es] sur son blog De sonrisas y espadas [Des sourires et des épées] l'abdication du roi d'Espagne, Juan Carlos :

ahora que se abre un debate de “Monarquía vs República”, “Felipe sí, Felipe no”, “Referéndum sí o no”, todos pongamos de nuestra parte y apliquemos una de las máximas que tuvieron Juan Carlos y Adolfo Suárez: todos entran, incluso los que piensan diferente a nosotros, dejemos que España sea la que luego decida.

[...] maintenant que le débat sur la “Monarchie ou la République” est ouvert : “Felipe oui, Felipe non”, “un référendum ou pas de référendum”, nous devons nous impliquer à 100% et appliquer l'un des préceptes de Juan Carlos et d'Adolfo Suárez [ancien président espagnol décédé le 23 mars 2014] : tout le monde vient, même ceux qui pensent différemment, laissons l'Espagne être celle qui décide.

Cette brève du 2 juin 2014 fait partie du cinquième post #LunesDeBlogsGV [le Lundi des blogs sur GV].

La République obtiendra t-elle un “oui”à un référendum en Espagne ?

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Sur Lo que me pasa por la cabeza [Ce qui me passe par la tête], Elena Padrones analyse [es] l'abdication du roi Juan Carlos d'Espagne, et tout ce qui doit être entrepris pour la rendre réelle dans les prochains jours. Voici ce qu'elle en conclut :

hay muchísimas personas que no están dispuestas a aceptar este hecho, por entenderlo como una imposición, cuando vivimos en una democracia, en la que teóricamente habría que consultar a los ciudadanos. Así, rápidamente se han convocado [...] numerosas concentraciones para exigir, de forma pacífica, la realización de un referéndum a través del que los ciudadanos puedan manifestar si quieren vivir en una monarquía o en una república. Hay que reconocer que la consulta es lo más democrático que podría hacerse ahora mismo, pero antes de votar hay que informarse, no vale reclamar la III República únicamente por aborrecer la monarquía, como hacen muchos, sin tener idea siquiera de las diferencias entre ambos modelos de Estado. De tener lugar el referéndum, creo que a pesar de las críticas a la monarquía, los republicanos podrían sorprenderse con el resultado.

[...] énormément de gens ne sont pas prêts à l'accepter, car ils la comprennent comme un acte qui leur a été imposé, alors que nous vivons en démocratie, où théoriquement, les citoyens devraient être consultés à ce sujet. Ainsi, [...] un appel à de nombreux rassemblements a été lancé pour exiger, de manière pacifique, un référendum afin que les citoyens puissent exprimer leur choix de vivre sous une monarchie ou sous une république, Nous devons reconnaître que la consultation est ce qu'il y a de plus démocratique à faire maintenant, mais avant de voter, nous devons bien nous informer, ça ne vaut pas la peine d'appeler à la IIIe République, juste parce que nous abhorrons la monarchie, comme beaucoup de gens le font, sans avoir la moindre petite idée de la différence entre ces deux modèles d’État. Si un référendum est tenu, je pense que malgré les critiques envers la monarchie, les républicains pourraient être surpris du résultat.

Cette brève du 2 juin 2014 fait partie du cinquième #LunesDeBlogsGV [le Lundi des blogs sur GV].
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